Tigist
Déambulant dans les rues de Bazas après avoir quitté Bordeaux, l'éthiopienne jette un oeil sur ses enfants glapissant de plaisir à la vue d'un étal plus chargé qu'un autre, quant à elle ? Elle réfléchit aux lettres auxquelles elle devra répondre ce soir quand les enfants seront couchés.
De ces priorités de femme. D'abord eux, après elle.
Toujours qu'importe le destinataire du courrier, même quand on l'aime.
Et pour cause, elle aime les deux hommes qui lui ont écrit, de façon différente, l'un plus que l'autre, l'un de plus en plus et l'autre de moins en moins car le coeur a ses raisons que l'épistole ignore.
Dans sa besace, il y a des courriers qu'elle a reçu et auxquels, elle a déjà répondu et puis, il y a les nouveaux arrivés, ceux qui lui enflamment le coeur et lui brûlent les doigts, à moins que ce ne soit l'inverse. Et il y a celui qu'elle a eu l'envie d'écrire ce matin même quand les cloches ont sonné les mâtines et que cela l'a réveillé.
Barbu a écrit:
Mon Amie,
Que serais-je si je ne te surprenais jamais ?
Je suis vivant et, je dois ladmettre, heureux. Je découvre la vie de famille et linsouciance. Je ne me demande pas sans cesse si Neijin et mes fils sont en sécurité et je ne ressens pas le besoin de ne dormir que sur une oreille. Même si, tu ten doutes bien, je ne peux men empêcher. Les bons réflexes ont la vie dure.
Là, je timagine dans un appartement confortable, les mômes qui soccupent dans leur coin, et toi qui bûche sur des lettres incompréhensibles et des concepts foireux, peut-être jamais vérifiés. Et ça me fait sourire. Je tai trop vue courir, et je ne me souviens que trop bien de ce pli soucieux entre tes sourcils. Tu mérites le repos. Mais je vois bien que ce repos nen est pas vraiment un. Jadmire ton choix de vie. Très sincèrement, cest là un sacrifice, à mes yeux. Abandonner tout ce que tu connais pour découvrir un monde où tu te sais malvenue. Je ne doute pas que tu sauras te faire ta place, à coup de griffes, ou de mots. Un jour, on verra que Tigist de Nerra, reine noire, a le cul posé sur un trône en France, et peut-être, alors, que tu pousseras le monde à changer.
Jai hâte de revoir Moïra et Menelik et de voir comme ils ont changé. Cest la beauté de ta fille et son entêtement tout féminin que tu me vantes là, et je suis ravi dapprendre quelle grandit comme il le faut et comme son sang lexige.
Si tu ferais une bonne évêque ? Que faut-il pour être bonne évêque, au juste ? Faut-il savoir conseiller ? Aimer ? Détourner des fonds ? Tu sais faire les trois, alors je pense que tu pourrais faire une très bonne évêque. Quant à ton sort, je doute que Deos pardonne plus volontiers ceux qui se consacrent à lui. Je crois quil voit en chacun de nous un potentiel, mais que nous ne sommes pas aptes à comprendre. Si jétais Dieu, je te pardonnerai et même plus encore, car ton seul crime est davoir souhaité protéger ceux que tu aimes. Quimportent les accusations de trahison. Dieu est au dessus de tout ça.
Mon espionnage, en fin de compte, ne porte pas réellement ses fruits. Il savère que lon ne voyagera finalement pas à leurs côtés. Tant pis, tant mieux, je nen sais rien. Je te tiens au fait, pour le mariage, naturellement.
Noublie pas de prendre soin de toi,
J
Que serais-je si je ne te surprenais jamais ?
Je suis vivant et, je dois ladmettre, heureux. Je découvre la vie de famille et linsouciance. Je ne me demande pas sans cesse si Neijin et mes fils sont en sécurité et je ne ressens pas le besoin de ne dormir que sur une oreille. Même si, tu ten doutes bien, je ne peux men empêcher. Les bons réflexes ont la vie dure.
Là, je timagine dans un appartement confortable, les mômes qui soccupent dans leur coin, et toi qui bûche sur des lettres incompréhensibles et des concepts foireux, peut-être jamais vérifiés. Et ça me fait sourire. Je tai trop vue courir, et je ne me souviens que trop bien de ce pli soucieux entre tes sourcils. Tu mérites le repos. Mais je vois bien que ce repos nen est pas vraiment un. Jadmire ton choix de vie. Très sincèrement, cest là un sacrifice, à mes yeux. Abandonner tout ce que tu connais pour découvrir un monde où tu te sais malvenue. Je ne doute pas que tu sauras te faire ta place, à coup de griffes, ou de mots. Un jour, on verra que Tigist de Nerra, reine noire, a le cul posé sur un trône en France, et peut-être, alors, que tu pousseras le monde à changer.
Jai hâte de revoir Moïra et Menelik et de voir comme ils ont changé. Cest la beauté de ta fille et son entêtement tout féminin que tu me vantes là, et je suis ravi dapprendre quelle grandit comme il le faut et comme son sang lexige.
Si tu ferais une bonne évêque ? Que faut-il pour être bonne évêque, au juste ? Faut-il savoir conseiller ? Aimer ? Détourner des fonds ? Tu sais faire les trois, alors je pense que tu pourrais faire une très bonne évêque. Quant à ton sort, je doute que Deos pardonne plus volontiers ceux qui se consacrent à lui. Je crois quil voit en chacun de nous un potentiel, mais que nous ne sommes pas aptes à comprendre. Si jétais Dieu, je te pardonnerai et même plus encore, car ton seul crime est davoir souhaité protéger ceux que tu aimes. Quimportent les accusations de trahison. Dieu est au dessus de tout ça.
Mon espionnage, en fin de compte, ne porte pas réellement ses fruits. Il savère que lon ne voyagera finalement pas à leurs côtés. Tant pis, tant mieux, je nen sais rien. Je te tiens au fait, pour le mariage, naturellement.
Noublie pas de prendre soin de toi,
J
Berhan a écrit:
Regina mia,
Je sais, je devrais vous écrire beaucoup plus souvent. Tu connais mon assiduité dans les courriers épistolaires, ça n'a jamais été mon fort. Comme tu sais également que ce n'est pas parce que je n'écris pas que je ne pense pas à vous. Chaque jour, mes pensées vont vers les enfants et toi. Je vous imagine à Bordeaux, marquant les esprits de chaque manant que vous pourriez croiser. Je vois les progrès de Menelik sur son cheval bien trop grand pour lui. J'entends les babillages de notre Moïra qui s'apparentent de plus en plus à des mots. Je regrette de ne pas voir tout cela avec vous, mais tu sais combien la vie de sédentaire ne me réussit pas.
Nous nous serions complètement anéantis si j'étais resté avec vous. Et pour cause, depuis la mort de Makeda, nous peinons tellement à nous comprendre. Nous nous aimons, mais nous ne savons plus nous le montrer. Je préfère t'aimer de loin, que de vous perdre tout à fait. J'ai eu des actes qui sans doute te feraient souffrir encore plus, je le conçois, et je ne vais pas te les conter pour ne pas alourdir ta peine, tu sais de quel bois je suis fait. Tu sais combien la fidélité m'est une affaire délicate, et combien cela n'a pas d'impact sur mes sentiments envers toi.
Dis à nos enfants combien je les aime, je garde chacun de leurs présents, même les cadavres, dans une boîte toujours dans mes affaires. Et chacune de tes lettres aussi. Félicite notre Prince pour ses progrès, je n'ai jamais douté de tous les talents en lui.
Offre-lui le poignard que j'ai mis dans ce paquet, il est pour lui, afin qu'il puisse défendre notre famille. Quant au bracelet, offre-le à notre fille. Il rappelera ses illustres origines, et combien son père pense à elle.
Le collier, Regina mia, est pour toi. J'ai promis de te couvrir d'or, et je n'ai pas oublié cette promesse. Ainsi, vois le butin que ton imbécile d'époux est capable de t'offrir.
Je suis certain que tu es l'étudiante la plus brillante de l'Université. De nous deux, tu as toujours été la plus intelligente. Si je trouve un dragon au cours de mes péripéties, dis à Menelik que je lui rapporterais.
Les relations avec Romeo sont compliquées. Il me demande de passer du temps avec lui, mais il me repousse lorsque je tente de communiquer. C'est pas simple, à cet âge-là, vraiment pas simple. Et je pense qu'il m'en veut d'avoir été absent de sa vie tout ce temps-là, et de ne pas le laisser faire tout ce qu'il veut.
En tout cas`, j'ai une bonne histoire à vous écrire.
Après les événements avec l'armée, nous nous sommes dirigés vers le tournoi dans les Flandres. En binôme. Je me suis mis en équipe avec Daeneryss, et nous avons fait des ravages. Elle depuis les arbres, et moi dans les fourrés pour me battre au corps à corps.
Nous avons affronté 2 adversaires la première nuit. J'étais évidemment moins invisible que toi, mais toujours assez pour surprendre mes ennemis d'un soir. Deux victoires. Une nuit qui nous a mis en confiance pour la suite. Le soir suivant, nous avons affronté 4 adversaires. Une nuit agitée. Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir. A trois reprises, nous sommes parvenus à mettre nos adversaires à genoux. Au dernier moment cependant, nous avons été battus. Et le comble : par un binôme que nous avions vaincu la nuit précédente. Je pense qu'ils ont compris notre stratégie,
Cette défaite ne nous a pas empêché de terminer deuxième de ce tournoi. Nous avons aussi recruté deux personnes supplémentaires. Maintenant, nous allons tenter de nous refaire un peu plus d'argent encore. J'espère que mes pas m'amèneront rapidement à venir vous serrer à nouveau dans mes bras. Ne doute pas de mes sentiments pour nos enfants ou pour toi. Je n'écris pas beaucoup, mais vous portez mon bras à chaque combat.
Je vous aime, pour bien plus de mille et unes nuits.
Gabriele.
Je sais, je devrais vous écrire beaucoup plus souvent. Tu connais mon assiduité dans les courriers épistolaires, ça n'a jamais été mon fort. Comme tu sais également que ce n'est pas parce que je n'écris pas que je ne pense pas à vous. Chaque jour, mes pensées vont vers les enfants et toi. Je vous imagine à Bordeaux, marquant les esprits de chaque manant que vous pourriez croiser. Je vois les progrès de Menelik sur son cheval bien trop grand pour lui. J'entends les babillages de notre Moïra qui s'apparentent de plus en plus à des mots. Je regrette de ne pas voir tout cela avec vous, mais tu sais combien la vie de sédentaire ne me réussit pas.
Nous nous serions complètement anéantis si j'étais resté avec vous. Et pour cause, depuis la mort de Makeda, nous peinons tellement à nous comprendre. Nous nous aimons, mais nous ne savons plus nous le montrer. Je préfère t'aimer de loin, que de vous perdre tout à fait. J'ai eu des actes qui sans doute te feraient souffrir encore plus, je le conçois, et je ne vais pas te les conter pour ne pas alourdir ta peine, tu sais de quel bois je suis fait. Tu sais combien la fidélité m'est une affaire délicate, et combien cela n'a pas d'impact sur mes sentiments envers toi.
Dis à nos enfants combien je les aime, je garde chacun de leurs présents, même les cadavres, dans une boîte toujours dans mes affaires. Et chacune de tes lettres aussi. Félicite notre Prince pour ses progrès, je n'ai jamais douté de tous les talents en lui.
Offre-lui le poignard que j'ai mis dans ce paquet, il est pour lui, afin qu'il puisse défendre notre famille. Quant au bracelet, offre-le à notre fille. Il rappelera ses illustres origines, et combien son père pense à elle.
Le collier, Regina mia, est pour toi. J'ai promis de te couvrir d'or, et je n'ai pas oublié cette promesse. Ainsi, vois le butin que ton imbécile d'époux est capable de t'offrir.
Je suis certain que tu es l'étudiante la plus brillante de l'Université. De nous deux, tu as toujours été la plus intelligente. Si je trouve un dragon au cours de mes péripéties, dis à Menelik que je lui rapporterais.
Les relations avec Romeo sont compliquées. Il me demande de passer du temps avec lui, mais il me repousse lorsque je tente de communiquer. C'est pas simple, à cet âge-là, vraiment pas simple. Et je pense qu'il m'en veut d'avoir été absent de sa vie tout ce temps-là, et de ne pas le laisser faire tout ce qu'il veut.
En tout cas`, j'ai une bonne histoire à vous écrire.
Après les événements avec l'armée, nous nous sommes dirigés vers le tournoi dans les Flandres. En binôme. Je me suis mis en équipe avec Daeneryss, et nous avons fait des ravages. Elle depuis les arbres, et moi dans les fourrés pour me battre au corps à corps.
Nous avons affronté 2 adversaires la première nuit. J'étais évidemment moins invisible que toi, mais toujours assez pour surprendre mes ennemis d'un soir. Deux victoires. Une nuit qui nous a mis en confiance pour la suite. Le soir suivant, nous avons affronté 4 adversaires. Une nuit agitée. Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir. A trois reprises, nous sommes parvenus à mettre nos adversaires à genoux. Au dernier moment cependant, nous avons été battus. Et le comble : par un binôme que nous avions vaincu la nuit précédente. Je pense qu'ils ont compris notre stratégie,
Cette défaite ne nous a pas empêché de terminer deuxième de ce tournoi. Nous avons aussi recruté deux personnes supplémentaires. Maintenant, nous allons tenter de nous refaire un peu plus d'argent encore. J'espère que mes pas m'amèneront rapidement à venir vous serrer à nouveau dans mes bras. Ne doute pas de mes sentiments pour nos enfants ou pour toi. Je n'écris pas beaucoup, mais vous portez mon bras à chaque combat.
Je vous aime, pour bien plus de mille et unes nuits.
Gabriele.
Il sera temps d'y songer plus tard quand Moïra ne sera plus en train de se lancer dans un de ses sempiternels charabia incompréhensibles mis à part pour son frère, tandis que celui-ci tente un numéro de charme sur une boulangère pour obtenir une oublie trop cuite à moindres frais.
Cela pourrait la lasser, car sa vie n'avait été jusqu'alors que splendeur orientale ou rapine occidentale, mais la bourgeoisie lui sied, quand bien même elle foule aux pieds cette envie qu'elle a certaines fois de reprendre la route avec les petits et Lili.
Plus tard, elle répondra à son courrier. Plus tard.
Citation:
Barbu, mon Barbu,
Les mots se bousculent pour répondre à cette lettre et il faut bien les ranger pour qu'ils ne t'étouffent pas, d'autant que le vin du Bordelais n'aide pas en la matière.
Tu écris que tes fils vivent avec toi, est-ce à dire que Lars est avec vous ? Loin de moi l'idée de ne pas déceler le bonheur paternel derrière cette situation, mais tout de même, je ne m'y attendais pas. Cela ne change rien au fait que ton bonheur est mon bonheur et qu'à vous savoir heureux réunis et sereins, une partie de moi aimerait être à vos côtés pour profiter de cette paix retrouvée. Comme je vous vois tous les deux, marchant main dans la main en bord de plage, guettant du regard une voile qui passerait à l'horizon pendant que les petits jouent à entasser des coquillages.
Tu vois, nous avons troqué nos rêves de grandeurs pour des joies plus simples, des joies qui se comptent sur des dizaines de petits doigts douillets. Je crois que nous avons vieilli et qu'il était temps de raccrocher même pour un temps l'arbalète ou le sabre.
Cela peut peser certains jours quand on voit un voyageur de passage qui s'apprête à reprendre la route ou qu'une bourse trop grassouillette pend après la ceinture d'un nobliau vaniteux et il y a ceux où l'on se réveille avec un petit être à ses côtés qui ne demande qu'à profiter de cette journée, alors qu'on voudrait pouvoir dormir encore. Et si je te disais que je suis désormais capable de me lever aux environs de tierce grâce à leur détermination à croquer le monde.. Si on m'avait dit.
Quant à Dieu, je ne sais pas s'il me pardonnera mais figure-toi que j'ai rencontré un évêque qui a aussi la singulière particularité d'être le nouveau Duc de Guyenne. Et il a accepté de considérer ma demande de confession autant que celle d'avoir une terre vénale. Je crois bien que cet homme est fou mais je n'irai pas lui jeter la pierre d'autant plus qu'elle serait la première à former l'édifice de notre ascension sociale. Aujourd'hui une seigneurie, demain un duché, et samedi avec un peu de bonne volonté le Royaume de France à t'en croire.
As-tu des nouvelles des autres ? Lénù ? Tafar ? Corbeau ? Comment va donc ce bon capitaine ? Où vivez-vous ? Comment va Neige et comment occupez-vous vos journées ? Dis m'en plus. On s'ennuie beaucoup en Guyenne d'autant que j'y suis seule et que Gabriele a préféré la compagnie de Daeneryss à la mienne et celle de ses enfants. Nous ne risquons pas de le voir avant un temps certain et je ne sais plus quoi dire à nos enfants, c'est bien ce qui me pèse le plus dans cette affaire.. Dois-je leur mentir quant au fait que leur père préfère vivre avec leur frère ou bien leur expliquer la vérité ? Ils sont si jeunes, et je suis un peu lasse.
J'ai parlé à Menelik de votre mariage futur et même s'il n'a pas tout compris, je crois qu'il a retenu qu'il reverrait Hlodovic. A croire que votre fils compte plus à ses yeux que son parrain, il faudra lui faire payer cet affront m'est avis. Et dis à ta fiancée que si elle ne m'invite pas expressément, je m'arrangerai pour foutre le feu à sa robe.
J'ai noirci bien trop de lignes pour ne pas m'arrêter. Je prie pour vous chaque jour et vous aime de toute mon âme. Gardez-vous bien.
T.
Citation:
Berhan,
Ta lettre a fait plaisir à nos enfants et j'ai du leur relire à de nombreuses reprises cette histoire de tournoi jusqu'à ce que Menelik veuille bien cesser de la froisser pour faire mine de la lire de lui-même. Quand sa carrière de chevalier sera terminée, peut-être deviendra-t-il un notable lettré ou un illustre savant, je crois qu'il n'a pas encore décidé et il a bien le temps à vrai dire, nous avons tout notre temps, eux surtout.
Le temps de t'attendre et de te réclamer, le temps des mensonges et des jolies histoires, le temps de regarder vers la sortie de la ville ou sur les bords du port un père qui ne revient jamais, tu te doutes bien que je leur ai tu ce que tu m'as écris avant l'histoire, et que j'ai tu aussi le passage sur ce père qu'ils ne voient pas mais qui s'attache à combler un vide dans le cur d'un fils délaissé. A passer d'une femme à l'autre, on délaisse souvent quelqu'un.
Je ne dis pas cela avec animosité, je n'en ai plus et n'en ai jamais réellement eu. Ce n'était pas moi, ce n'était pas nous. Je n'ai ni à commander ton attachement ni ton désir, ne l'ai jamais fait et ne le ferait jamais. Mais le fait est que ces enfants pâtissent tous de tes indécisions et je ne sais plus quels mensonges leur servir pour les faire attendre.
Quant à moi, je n'en veux plus, n'en ai pas besoin et ne me leurre pas Gabriele, ce n'est pas mon nom que tu soupires la nuit et je ne t'en veux pas pour cela. Mais ne reviens pas vers moi en pensant que je t'attendrai ou t'espérerai. Je t'aime, cela ne cessera pas si facilement mais pour autant, il faudra bien que tu choisisses pour cesser de les faire souffrir autant Romeo que Menelik et Moïra, et dans ma couche, il n'y a plus aucune joie qui t'attend.
Dis-moi juste quoi leur dire, trouve une nouvelle histoire, un nouveau mensonge ou une vérité plus acceptable, mais ne m'oblige plus à leur cacher que leur père les a désertés.
Salue Daenerys pour moi, offre-lui ce collier car cette pierre lui ira mieux au teint qu'à moi, embrasse Romeo s'il l'accepte, cet enfant a déjà tellement souffert.
Je prie pour toi, pour que tu restes en vie et que tes relations avec ton fils s'améliorent.
T.
Quant au dernier courrier, il était temps de l'écrire un jour.
Citation:
Edele,
J'ai passé ces derniers jours à Bordeaux sans avoir rien d'autre à faire que de lire des manuscrits épais et indigestes sur les vertus et le dogme aristotélicien et m'est apparu que je ne pourrai jamais montrer à mes enfants quelle voie emprunter pour suivre le bon chemin si je n'en étais pas capable non plus.
Où que tu sois, je prie pour ton âme, pour que la paix t'ait enfin été offerte.
Quoi que tu fasses, je gage que tu le feras avec plus de tolérance envers toi-même que celle que je t'ai connu.
Mais plus que cela, Martin de Castel-Vilar, je te pardonne d'avoir été le plus grand con que cette terre ait porté. Dieu jugera lui-même de tes faits et paroles, quant à moi, je n'ai plus l'envie et la force de nourrir une rancoeur qui aurait du mourir avec Judicael.
Dieu te garde.
T.
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