Zekiel
- | Aux abords de Sion |
Une table de fortune composée de caisses et de grossières planches, le tout fermement encré à même la terre qui se veut être légèrement humide de par cette matinée nouvelle pourtant déjà bien avancée. Un cul posé sur un tabouret bancal récupéré tantôt, une jambe quelque peu tremblante signe dune anxiété certaine omniprésente et la main qui sactive contre le vélin usé au moyen dune plume abîmée à la pointe recouverte dune encre de piètre qualité. Hm hm, ça vend du rêve hein.
Et tout autant quil couche les mots, ses lèvres sactivent pour mimer ces derniers, comme pour être certain de ne rien oublier.
- Passeur : 80 écus
- Chambrées : 36 écus
- Vin : 47 écus
- Vivres : 112 écus
- ̶E̶x̶t̶r̶a̶s̶ Catins : 148 écus
_ Cent quarante huit foutus écus et je nme souviens plus du nom dune seule dentre elles.
La main se perd à son ceinturon pour y soupeser une bourse de cuir qui semble se vouloir être maigrelette, presque malade même.
_ Triste sort.
Le regard qui se perd au loin sur les étendues dune forêt plus quépaisse, lon pourrait sy méprendre avec la chevelure dune montagne qui sachève en contrebas de courbes certainement plus que généreuses. Zekiel lui, avait cru bon que de rejoindre les terres Helvètes dans le but de sy remplir les fouilles mais tout à linverse, le voici désormais sans un sou. Pas sans un sou pour tout avouer, il lui en restait suffisamment pour rejoindre celui qui lui permettrait de rebondir comme il se doit. Celui et ceux en réalité, il sagissait là des siens, de sa seule et unique famille. De nouveau, le regard se perd en la direction dun Nord approximatif, comme pour y chercher, lArtois. Et comme si cela ne suffisait pas à arracher à votre joue une larme salée à souhait, son fidèle compagnon du nom de Flitz, jusqualors couché à même le sol, vint pousser la chansonnette de ses plus vides entrailles, les yeux emplis dune compassion certaine à légard de son maître.
_ Hm, tu as raison Flitz, nous avons assez joué avec le destin, il est temps de rentrer.
Les effets tous réunis en sa besace usée par les voyages, une tape au cul du Flitz et les voici tous deux, de nouveau lancés sur les sentiers sinueux et autres routes beaucoup plus fréquentables.
| Une dizaine de jours plus tard | Arras, Comté dArtois |
Les joues encrées de poussière et les poils dun clebs aussi secs que la paille, tous deux avaient réussi limpensable en une poignée de jours seulement et vous savez quoi ? Sans dépenser un seul denier entre les cuisses dune catin ! D'ailleurs des deniers Il lui en restait suffisamment pour Quelques choppes, et de quoi manger à peine.
_ Viens Flitz, allons rejoindre les nôtres.
Et cest ainsi, que les deux compères finirent tous deux Dans une maison des plaisirs discrète de la ville dArras, après un bon bain pour notre Zekiel, Flitz lui, sétait vu offert un dépoussiérage en règle ainsi quun peu de charcuterie. Une somme dargent quil devait et quil navait bien entendu pas en poche Surtout que la note grossissait à vue dil, après deux catins passées en sa chambrée du moment la plus spacieuse et la plus onéreuse du bâtiment à savoir que lune des deux, était vierge.
Fort heureusement pour lui, Jean, dict Iohanes et plus précisément son neveu, avait été convié au moyen dune missive délivrée à la volée Ce dernier ne devrait plus tarder à arriver. Cest tout ce quil pouvait espérer désormais.
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