Cixi_apollonia
Citation:
- Lénù,
je suis rentrée à Bruges.
Si d'aventure tu es dans les parages, puisse ta route croiser la mienne.
J'espère que tu te portes bien.
Apollonia
Citation:
- Appolonia,
Pardonne tes lettres sans réponses. Jusqu'ici je ne les ouvrait pas pour ne pas en savoir le contenu ni où tu te trouvais. Ton père est un homme influent qui sait faire parler et je refusais de te trahir une nouvelle fois quand j'ai su que te récupérer était tombé à l'eau à cette époque.
Bruges dis-tu. Moi qui vient d'en partir à la fin de la Marave. Le destin se joue de nous alors que suis à Limoges, chez moi et que je vais bientôt partir pour Montpellier.
Qui dit Bruges, dit ton père. T'a t'il trouvée ou es-tu revenue le voir ?
Quoi qu'il en soit, ne change pas, ne devient pas une jeune fille poudrée et enchaînée. Ne devient pas moi, non plus. Qui éprise de trop de liberté et ayant donné mon respect à ton père, ai refusé l'amour de ton frère, le seul homme qui m'ait réellement aimée.
Je vais. Au gré des jours et du vent.
Lénù.
Les yeux bleus caractéristiques des Leffe revinrent se fixer sur la vue du port. Les yeux de son père. Les yeux de Bastian. Les derniers mots de Lénù l'avaient plongée dans une mélancolie légère. Peut-être pour la première fois depuis longtemps. Elle était rentrée à Bruges avec le souvenir encore vif des circonstances dans lesquelles elle l'avait quittée. A la mort de sa mère.
La Hase était revenue sur le lieu de son enfance, la demeure sur les quais, le comptoir des drapiers. Vendue depuis quelques mois à une famille. Un autre commerce.
Elle n'avait pas imaginée que Rubroek viendrait s'établir ici. Ici-même. Quelle ironie.
Et où était Bastian, dont elle commençait à ressentir la piqûre du manque, à l'attendre dans les tavernes le soir? Éveillant inéluctablement lintérêt mal placé des gens du village.
La nuit sur les quais de l'attente, tous les chats étaient gris.
***
- Arion, je ne suis franchement pas la meilleure oreille de la ville.
- Pas grave, je n'ai rien à confier.
Cixi Apollonia ne connait rien à l'amour, et se raidit d'un malaise évident au sujet évoqué par son voisin.
- Mais peut être que l'idéal, c'est de ne pas se marier alors
- Les hommes règlent souvent cela au bordel. Nee?
Arion tousse d'étranglement. Cixi a l'habitude, a vécu avec les marins de la Réale. Une habitude hautement distante. Elle se gratte la joue.
- Non... pas tous, non..
- mh..
- Dans ton milieu, c'est le plus simple...
Apollonia bénit les bordels et les escales d'exister. Diable sait combien de fois elle aurait joué sa virginité sur les navires, sinon.
- Sans doute, ja.
- Mais je vois que tu préfères les bordels au mariage.
- Hey! Doucement. Nous parlons de toi, là.
L'Apollonia croise les bras.
- Pourtant, je n'y suis pas allé. Moi.
- C'était une supposition ... Moi non plus.
Elle fronce les sourcils.
- Oui... A 15 ans, j'ose l'espérer.
- Les filles ne vont pas dans ce genre d'endroit.
Cixi Apollonia ô, illusions de la jeunesse.
- Oh si, les femmes y vont.
Elle réhausse la lèvre supérieure.
- Pour travailler. Vaille...
- Elles ont autant d'envies que les hommes. Le plaisir est pour tous.
Cixi Apollonia aux derniers mots, s'empourpre un peu, dieu merci il fait sombre et les lanternes ne permettent pas de mettre à jour l'évidente gêne.
- Hum... Oui.. Hé bien.... Je n'en sais rien !
Elle coupe court, palpitant tambourinant.
- Ah non? tu n'as jamais vu un beau marin qui te faisait rougir? battre le coeur plus vite? Te faisait rêver?
Hase déglutit. S'il savait. La seule personne a lui avoir fait battre un peu le palpitant est un lansquenet préposé à son éducation aux armes. Et où est-il maintenant...
- Nee. Je ne suis pas ce genre de fille.
- Quel genre de fille?
- Le genre à s'emballer pour de telles futilités...
Cixi tient son discours par coeur.
- Je ne crois pas que ce soit un genre. Ce n'est pas quelque chose qu'on choisit.
- C'est un coup à déshonorer sa famille et à finir enfermée neuf mois dans une tour.
- On peut avoir envie et se contrôler. C'est le principe même de la religion aristotélicienne.Combattre les péchés. Vaincre les tentations.
La jeune Leffe, droitement assise sur les marches, tente de garder son flegme roid .
- Mais je n'ai pas de tentations.
Aucune.
Rien.
Tout ça ne me concerne en rien.
- C'est pas aristotélicien de mentir
- Et mon poing dans le museau, tu le veux?
L'Apollonia le lui montre, tout de cuir revêtu.
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