Dobro.mir
La France, je men souviens comme si cétait hier et pour cause. Jy ai tout connu et tout perdu. De lamour dune femme que je naimais pas à la mort dun membre de ma famille. Jai tout connu et tout abandonné pour qui, pour quoi ? Je me le demande parfois. Et aujourdhui encore, je parcours le monde pour courir après une destinée qui nétait peut être pas la mienne mais qui lest devenue par la force des choses.
Assis dans cette taverne, ce soir jai encore trop bu. Je me noie dans lalcool afin de ne plus penser. Enfin surtout pour obliger mes pensées à me foutre la paix. Cest quà force je pourrais devenir dingue déjà quil parait que je le suis déjà pas mal mais ils disent ça parce quils ne me connaissent pas je souris à cette idée en me disant que sils me connaissaient vraiment, les gens partiraient en courant.
Donc ce soir cest noyade au fond dun godet. Et plus il se remplit, plus je le vide à la vitesse de léclair afin de pouvoir me resservir. Cercle vicieux qui est le mien, je ne me sens bien quaprès avoir les sens anesthésiés par la chaleur qui coule dans mes veines. Là je suis certain de ne plus voir ressurgir les fantômes du passé enfin ça cest la théorie qui a toujours marché. Sauf que ce soir, allez savoir pourquoi, ça ne fonctionne pas. Mon esprit embrumé narrête pas de me rappeler aux cris dune enfant abandonnée.
Je ferme les yeux une nouvelle fois afin de chasser cette scène cauchemardesque de ma mémoire, me focalise sur mon fils, Lubomir, laissé à la garde de mon cousin qui se fait maître de la horde depuis des années, là bas au pays, et jessaie de détruire les autres souvenirs qui ont décidé de menvahir. Et je dois dire que jy parviens avec plus ou moins de réussite.
Une femme juchée sur mes cuisses se colle à moi. Jenserre sa taille, la presse contre mon torse avec plus de ferveur que de douceur, mon visage vient se perdre dans son cou à la recherche de ces effluves enivrantes qui aiment à charmer les hommes. Un baiser sur la veine qui palpite, mes dents mordillent la chair avec faim et jentends le petit rire qui séchappe de la gorge de cette catin pas trop mal vieillie qui fera laffaire ce soir.
Lorsque la nostalgie me prend, je plonge allègrement dans des refuges malsains. Alcool, femmes et sang. Dans lordre ou le désordre, il ny a pas dimportance. A ce niveau, je prends les choses comme elles viennent à moi. Je ne vais pas en plus faire le difficile. Ça serait de la provocation gratuite et les Dieux naiment pas ça. Fou peut être mais respectueux des choses spirituelles. Il manquerait plus que je dérape aussi de ce côté-là. Autant me pendre haut et court ça ira plus vite.
Ma main se faufile sous la jupe de la roublarde qui essaie de mextirper quelques écus supplémentaires afin de gagner sa pitance. Jadmets que tout service doit se faire payer mais à sa juste valeur et pour le moment elle ne ma encore rien montré de ce quelle valait. Attention à ne pas aller trop loin dans ta démarche la donzelle sinon cest toi que je vais plumer. Et comme elle se sent en confiance après tout ce que jai pu descendre, elle tente de prendre ma bourse de ses doigts longs et agiles. Sauf quun cosaque peut se noyer dans un tonneau de breuvage frelaté, il tiendra encore sur ses pieds.
Jarrache la main aventureuse de ma chemise tout en bousculant presque sauvagement la puterelle.
- Barre-toi avant que je te coupe la main. Cest comme ça quon récompense les voleurs chez moi.
- Non non jtassure, tu tes mépris
- Prends-moi pour cque jne suis pas et cest la vie qutu perdras
Je vois déjà la patronne de lauberge accourir avec un pichet remplit et une mine contrite.
- fais pas attntion messire, lest un peu perdue cte fille-la. On a beau essayer dla tnir, elle nen fais quà sa tête
je secoue la tête histoire de désembrumer mes idées avant de lui tendre mon godet pour quelle le remplisse.
- Au lieu de bavasser, amène-moi de quoi écrire.
- Tout dsuite
Et me voilà devant cette feuille, la plume en mains. Car oui je sais écrire. On nest pas tous des sauvages et jai reçu une certaine éducation aux côtés de mes cousins. Moi le fils dune esclave, on ma permis davoir une vie et jen serais toujours reconnaissant à mon oncle qui alors était chef de clan ma pris sous son aile afin que lon ne mabandonne pas à mon triste sort. Et cela me fait repenser à ce que je suis en train de faire.
Trempant la plume dans lencre, je cherche mes mots pour commencer ce fichu courrier. Inspiration profonde, je ferme les yeux et je me laisse porter par ce que jai envie de dire.
A toi Gwenevere, ma fille.
Tu vas sen doute penser que cest un fou qui técrit, quil sest trompé de fille, que quelquun porte le même nom que toi et que ce courrier sadresse à cette personne mais non, cest bien à toi que jécris. Comment je le sais ? Parce que je le sais !
Tu as sans doute oublié qui je suis bien que maintenant tu dois en avoir une petite idée. Il y a de ça presque 5 ans je vous ai abandonné toi et ta mère. Ça y est, ça te revient ? Tu ne peux pas avoir oublié ce souvenir Un nouveau combat mappelait, je vous ai dis adieu et je ne suis jamais revenu. Et pour cause. La vie de sédentaire ne ma jamais convenu et moi létranger je navais rien à faire quà attendre que le temps passe entre toi et ta mère. Je suis homme de guerre pas fermier. Jaurais fini par vous détruire aussi suis-je parti fuis me diras-tu ? Peut être que oui au final. Cest toujours mieux de prendre la tangente quand tu es certain que personne ne viendra te chercher car si tu ne le sais pas encore ta mère na jamais cherché à me retrouver non plus. Cétait que la situation larrangeait. Tout comme moi.
Aujourdhui je suis de retour en Terre de France et je souhaitais te revoir. Cela parait incongru mais je tenais à massurer par moi-même que tout allait bien pour toi, que tu ne manques de rien. Même si je ne suis pas là physiquement, je reste ton père dirait quelquun que je connais jai mis beaucoup de temps à men rendre compte et peut être quil est temps de se retrouver pour en parler.
Si cela te dit, je dirais au coursier de te transmettre le lieu où je tattendrais. Dans le cas où tu ne souhaiterais pas me revoir, remet ce courrier au vent et continue ta route comme si de rien nétait. Nos destinées nétaient pas faites pour se croiser.
Dobromir, ton père.
Le godet à sa main droite fut rapidement attrapé et vidé. Il lui fallait bien tout ça pour ne pas déchirer ce quil venait décrire. Non pas quil craignait de retrouver sa fille mais simplement parce quil se demandait si cela allait leur apporter quelque chose que de remuer le passé. Peut être que la gosse sen sortait bien mieux sans lui, peut être que lui espérait quelle le déteste assez pour ne pas faire partie de sa vie, peut être que tous les deux prenaient un risque que de laisser leur filiation les rattraper.
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Assis dans cette taverne, ce soir jai encore trop bu. Je me noie dans lalcool afin de ne plus penser. Enfin surtout pour obliger mes pensées à me foutre la paix. Cest quà force je pourrais devenir dingue déjà quil parait que je le suis déjà pas mal mais ils disent ça parce quils ne me connaissent pas je souris à cette idée en me disant que sils me connaissaient vraiment, les gens partiraient en courant.
Donc ce soir cest noyade au fond dun godet. Et plus il se remplit, plus je le vide à la vitesse de léclair afin de pouvoir me resservir. Cercle vicieux qui est le mien, je ne me sens bien quaprès avoir les sens anesthésiés par la chaleur qui coule dans mes veines. Là je suis certain de ne plus voir ressurgir les fantômes du passé enfin ça cest la théorie qui a toujours marché. Sauf que ce soir, allez savoir pourquoi, ça ne fonctionne pas. Mon esprit embrumé narrête pas de me rappeler aux cris dune enfant abandonnée.
Je ferme les yeux une nouvelle fois afin de chasser cette scène cauchemardesque de ma mémoire, me focalise sur mon fils, Lubomir, laissé à la garde de mon cousin qui se fait maître de la horde depuis des années, là bas au pays, et jessaie de détruire les autres souvenirs qui ont décidé de menvahir. Et je dois dire que jy parviens avec plus ou moins de réussite.
Une femme juchée sur mes cuisses se colle à moi. Jenserre sa taille, la presse contre mon torse avec plus de ferveur que de douceur, mon visage vient se perdre dans son cou à la recherche de ces effluves enivrantes qui aiment à charmer les hommes. Un baiser sur la veine qui palpite, mes dents mordillent la chair avec faim et jentends le petit rire qui séchappe de la gorge de cette catin pas trop mal vieillie qui fera laffaire ce soir.
Lorsque la nostalgie me prend, je plonge allègrement dans des refuges malsains. Alcool, femmes et sang. Dans lordre ou le désordre, il ny a pas dimportance. A ce niveau, je prends les choses comme elles viennent à moi. Je ne vais pas en plus faire le difficile. Ça serait de la provocation gratuite et les Dieux naiment pas ça. Fou peut être mais respectueux des choses spirituelles. Il manquerait plus que je dérape aussi de ce côté-là. Autant me pendre haut et court ça ira plus vite.
Ma main se faufile sous la jupe de la roublarde qui essaie de mextirper quelques écus supplémentaires afin de gagner sa pitance. Jadmets que tout service doit se faire payer mais à sa juste valeur et pour le moment elle ne ma encore rien montré de ce quelle valait. Attention à ne pas aller trop loin dans ta démarche la donzelle sinon cest toi que je vais plumer. Et comme elle se sent en confiance après tout ce que jai pu descendre, elle tente de prendre ma bourse de ses doigts longs et agiles. Sauf quun cosaque peut se noyer dans un tonneau de breuvage frelaté, il tiendra encore sur ses pieds.
Jarrache la main aventureuse de ma chemise tout en bousculant presque sauvagement la puterelle.
- Barre-toi avant que je te coupe la main. Cest comme ça quon récompense les voleurs chez moi.
- Non non jtassure, tu tes mépris
- Prends-moi pour cque jne suis pas et cest la vie qutu perdras
Je vois déjà la patronne de lauberge accourir avec un pichet remplit et une mine contrite.
- fais pas attntion messire, lest un peu perdue cte fille-la. On a beau essayer dla tnir, elle nen fais quà sa tête
je secoue la tête histoire de désembrumer mes idées avant de lui tendre mon godet pour quelle le remplisse.
- Au lieu de bavasser, amène-moi de quoi écrire.
- Tout dsuite
Et me voilà devant cette feuille, la plume en mains. Car oui je sais écrire. On nest pas tous des sauvages et jai reçu une certaine éducation aux côtés de mes cousins. Moi le fils dune esclave, on ma permis davoir une vie et jen serais toujours reconnaissant à mon oncle qui alors était chef de clan ma pris sous son aile afin que lon ne mabandonne pas à mon triste sort. Et cela me fait repenser à ce que je suis en train de faire.
Trempant la plume dans lencre, je cherche mes mots pour commencer ce fichu courrier. Inspiration profonde, je ferme les yeux et je me laisse porter par ce que jai envie de dire.
A toi Gwenevere, ma fille.
Tu vas sen doute penser que cest un fou qui técrit, quil sest trompé de fille, que quelquun porte le même nom que toi et que ce courrier sadresse à cette personne mais non, cest bien à toi que jécris. Comment je le sais ? Parce que je le sais !
Tu as sans doute oublié qui je suis bien que maintenant tu dois en avoir une petite idée. Il y a de ça presque 5 ans je vous ai abandonné toi et ta mère. Ça y est, ça te revient ? Tu ne peux pas avoir oublié ce souvenir Un nouveau combat mappelait, je vous ai dis adieu et je ne suis jamais revenu. Et pour cause. La vie de sédentaire ne ma jamais convenu et moi létranger je navais rien à faire quà attendre que le temps passe entre toi et ta mère. Je suis homme de guerre pas fermier. Jaurais fini par vous détruire aussi suis-je parti fuis me diras-tu ? Peut être que oui au final. Cest toujours mieux de prendre la tangente quand tu es certain que personne ne viendra te chercher car si tu ne le sais pas encore ta mère na jamais cherché à me retrouver non plus. Cétait que la situation larrangeait. Tout comme moi.
Aujourdhui je suis de retour en Terre de France et je souhaitais te revoir. Cela parait incongru mais je tenais à massurer par moi-même que tout allait bien pour toi, que tu ne manques de rien. Même si je ne suis pas là physiquement, je reste ton père dirait quelquun que je connais jai mis beaucoup de temps à men rendre compte et peut être quil est temps de se retrouver pour en parler.
Si cela te dit, je dirais au coursier de te transmettre le lieu où je tattendrais. Dans le cas où tu ne souhaiterais pas me revoir, remet ce courrier au vent et continue ta route comme si de rien nétait. Nos destinées nétaient pas faites pour se croiser.
Dobromir, ton père.
Le godet à sa main droite fut rapidement attrapé et vidé. Il lui fallait bien tout ça pour ne pas déchirer ce quil venait décrire. Non pas quil craignait de retrouver sa fille mais simplement parce quil se demandait si cela allait leur apporter quelque chose que de remuer le passé. Peut être que la gosse sen sortait bien mieux sans lui, peut être que lui espérait quelle le déteste assez pour ne pas faire partie de sa vie, peut être que tous les deux prenaient un risque que de laisser leur filiation les rattraper.
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