Siegfried_fechter
- Le ciel était clair, un soleil de plomb pesait lourdement sur la terre. Un soupir séchappa des lèvres du vieux lansquenet, quelle chaleur. Ces terres du sud dans lesquelles il vivait depuis maintenant une quinzaine dannées navaient toujours pas eu la clémence de lhabituer aux rigueurs de ce climat dun été naissant. Yeux piquants, front perlant de sueur, il grimaça un instant avant de plonger la tête dans un baquet remplis deau fraiche. Jubilation que de retrouver une tête froide, de retrouver un instant la fraîcheur des terres marécageuses qui lavaient vu naître il ya si longtemps.
Endolori et endormi par leau qui lui semblait glaciale, le lansquenet faisait des bulles jusquà ce que, dans une cascade inversée deau et de cheveux aussi blonds quun champ de blé surpris par le gel dun hiver précoce, il se redresse et se tourne vers la jeune femme qui lobservais faire.
- Tu nas rien vu, la nonne. Annonçait-il calmement. Iskirtinai ?* Maugréa-il un instant.
Et elle se mit à rire.
Ils se trouvaient quelque part entre Poitier et La Rochelle. De nouveau sur la route, mais cette fois, plus nombreux. Un petit camp avait été monté, deux tentes. Enfermé dans une prison de caillasses, rugissait un feu sur lequel la duchesse venait de jeter une bûche. Allumer un feu par pareille chaleur était folie, diraient certains. Mais, homme superstitieux quil était, le poméranien avait insisté. Depuis quinze ans, jours pour jours, il allumait un feu. Car on ne sait jamais quand peut venir le grand froid.
Il la regarda calmement puis se retourna vers la future chevalière, celle qui ferait un jour sa renommée espérait-il. Sobrement, il lui intima lordre suivant.
- - Tu va répéter les gardes de bases. Souffla-il calmement en se positionnant sur ses cuisses, lui-même en garde. Observe et imite. Je corrigerais tes positions.
Dun bruit mat dune lame qui quitte son fourreau, lhomme vint la positionner sur son flanc gauche, pointe vers le bas.
- - Prime !
Ensuite, dun simple mouvement davant-bras, la pointe baissée passa sur son flanc droit, protégeant ainsi sa jambe dattaque.
- - Seconde.
Puis, dune torsion de poignet, la lame se redressait, pointe vers lintérieur pour protéger le crâne, tandis que le plat de lépée protégeait son torse sur le flanc droit.
- - Tierce.
Dun mouvement de bras, ramenant simplement son poing vers lintérieur du corps, dans le prolongement de lavant-bras, il protégeait ainsi son flanc gauche.
- - Quarte.
Et relevant larme dans un angle parallèle par rapport au sol, au-dessus de sa tête.
- - Quinte.
Redescendant larme en tierce, mais baissant la pointe vers la jeune écuyère, il dit simplement.
- - Sixte.
Et dun tranché vers le bas, son flanc gauche. Comme pour balayer une attaque qui arrivais.
- - Septime.
Avant de réitérer le geste vers lautre côté.
- - Octave.
Dans un cliniquement métallique, lhomme lobservait, corrigeais ses positions puis séloigna. Lui intima de recommencer plusieurs fois ces gestes dapparences simples, mais dune efficacité rare. « Léconomie de mouvement ! » clamait-il. « Les gestes les plus rapides et les moins excentriques sont les plus efficaces ! » répétait-il. Après un certain temps, il vint se mettre face à elle.
- - Bon, remets-toi en garde. Dit-il dun air calme et posé en se mettant lui-même en garde. Tu connais les positions de bases, maintenant, nous allons voir les parades. C'est à dire, passer d'une garde à l'autre pour repousser un assaut. Rassure-toi je frapperais du plat de la lame, mais... Même ainsi, tu auras mal.
Et dans un crissement, une volute de poussière se souleva et lassaut était lancé.
Citation:
Note du rédacteur : Iskirtinai = Compris
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