Zakarine
Horizon, Port de Tréguier, Vendredi 30 Août 1467
Et voilà.... C'était terminé... l'aventure avait eu une belle vie et, à présent, elle connaissait une fin plutôt mélancolique pour Zakarine. Elle était partagée en la joie du retour et la peine que tout ceci s'arrêtait là où leur odyssée avait commencé, sur le quai de Tréguier. En attendant qu'Arthur lui ouvrit le chenal, la Duchesse préparait ses malles en rangeant tous les souvenirs qu'elle avait rapportés des différents pays qu'ils avaient visités, en plus des marchandises qu'elle avait achetées.
Elle ôta sa tenue d'amiral pour porter celle d'Alexandrie. Au départ, avec ses amies les Barbars, elles s'étaient promis qu'elles descendraient du bateau affublées de la tenue orientale et la Trégorroise s'y tiendrait. Elle trouvait que la couleur seyait à merveille au teint coloré dû au soleil qui avait caramélisé sa peau de rousse.
Les heures défilaient et Arthur ne donnait toujours aucun signe de vie. Bien que sereine habituellement là, elle montrait des signes d'impatience. Il savait pourtant qu'ils arrivaient ce jour! Elle le lui avait bien spécifié dans son courrier. Elle était bien tenté d'accoster par la force mais elle ne voulait surtout pas infliger plus de dégâts au navire que l'Horizon ne possédait déjà. Et puis, c'eut été montrer le mauvais exemple. Ce qu'elle ne tolérait pas chez les autres, elle appliquait la même règle pour elle-même.
Pour passer le temps, tout l'équipage s'était mis à briquer le bateau de fond en comble. Le pont avait tellement été astiqué qu'il semblait être tout droit sorti de la cale où il avait été fabriqué. Le soir venu, les sept aventuriers commençaient sérieusement à s'échauffer. Hormis en Normandie, aucun chef de port ne les avait fait attendre aussi longtemps avant de les autoriser à débarquer. En même temps.. Zakarine comprenait qu'il fut épuisé à tout porter à bout de bras, pratiquement seul depuis qu'ils étaient partis. Il avait bien reçu un peu d'aide de la part de conseillers mais cette collaboration fut éphémère. Même si cette situation l'agaçait au plus haut point, elle ne lui en voulait pas de ne pas être au top de sa forme. Enfin, elle espérait malgré tout que ce fut la fatigue qui fut l'unique responsable.
Tout en surveillant les allées et venues du port, Cap'tain Zak repensa à l'étrange courrier que Roussette lui avait envoyé. Aurore s'était mise tout à coup à l'appeler Duchesse, dans un premier temps et à lui faire des bisous, "si elle pouvait encore", dans un second. Elle se demandait ce qui l'avait faite changer autant. Quoique Edwige n'était pas mieux lotie: Zakarine attendait toujours une réponse à la lettre qu'elle lui avait envoyée. A cette pensée, Zakarine haussa tristement les épaules. Elle ne comprenait pas comment les gens, ceux qu'elle pensaient être ses amis autrefois, pussent virer à ce point. Sur ce, elle alla rejoindre sa cabine pour se reposer quand elle entendit un bruit suspect. Elle retourna sur le pont pour en connaitre la cause et c'était là qu'elle aperçut Arthur, une esconce à la main et qui lui faisait des signes. Il lui donnait l'autorisation d'amarrer l'Horizon. Il était trop tard pour débarquer. Tout le monde dormait déjà à poings fermés, exceptée Titia qui languissait son Rico d'Amour et qui avait hâte de descendre du bateau. Zakarine fit très attention en manuvrant dans le port. La nuit noire n'était pas propice à ce genre d'action mais, par chance, il y avait de la place sur les quais. Ce qui facilita amplement les choses.
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