Belisaire
...il y a une belle mère qui sommeille » *
Le dogue massif annonce leur passage devant les grilles du château. Auraient-ils voulu être discrets ? Peu leur importait en réalité au contraire même. Belisaire sourit au gardien, toujours heureux de le revoir. Lui, hormis sa chevelure grisonnante et un embonpoint naissant, ne changeait pas. Son tabard rouge le rendait toujours aussi reconnaissable à cent pas. La chose avait été bien pratique lors de ses quelques excursions nocturnes. Les montures sarrêtèrent un instant, la senestre glissa sur lencolure dOlympe afin de le calmer. Carmen salua l'homme d'une inclinaison polie du chef, légèrement en retrait sur Zingara, resserrant le col de sa cape.
Ils étaient arrivés la veille dans la capitale orléanaise, ils avaient passé la nuit dans leur appartement pour se faire entendre dans une taverne que Châteauneuf reprenait vie. Alors, dans une fulgurance dont il était capable, il avait proposé à Carmen de leur rendre une petite visite. Au passage, bien sur, ils glisseraient deux, trois mots sur ce quil avait entrepris.
A la réponse positive du gardien, le jeune Lablanche détourna son regard pour sourire à Carmen et lui indiquer quils pouvaient savancer. Ils longèrent le parc, offrant un décor des plus hivernal avant de se retrouver devant la demeure.
Visite du parc achevé, elle adresse un doux regard à son aimé, dont elle ressent la nostalgie à l'égard de ce jardin, les joues mordues par le froid, elle remonte son col, qui n'atteint malheureusement pas les pommettes, et balaye du regard la propriété avant de ne descendre de cheval.
Au majordome qui se présenta à eux il lui fit signe de garder le silence tout comme à Jean Loing qui venait laccueillir chaleureusement et prendre les montures. La longue silhouette était reconnaissable entre mille, sec au nez assez arqué et rouge crevassé, tout laissait à penser que son goût pour les vins était toujours dactualité. Belisaire nen faisait peu de cas et laffection quil lui portait navait jamais subi une seule infidélité. Il prit la main de Carmen, qui à voir son regard, se doutait déjà dune espièglerie à venir. Et, en effet, après avoir contourner la bâtisse, ils se retrouvèrent devant la porte de la cuisine. Belisaire entra le plus discrètement possible et la suite se passa de tout commentaire. La petite dame ronde de 55 ans, à la poitrine nourricière longtemps, sactivait aux fourneaux. Elle en imposait toujours avec sa mine fermée malgré ses yeux clairs. Cela narrêta pas Belisaire qui une fois arrivé derrière elle
Son sursaut fut à la hauteur de la surprise, grand. Une fois retournée et faisant face au jeune homme.
Elle ne savait pas quoi dire, et finalement sa dextre prit un torchon encore encombré dun surplus de farine pour le jeter à la figure du jeune homme qui ne put léviter. Carmen se retint de rire devant la scène, silencieuse, elle attendait sagement, spectatrice de touchantes retrouvailles.
Elle finit par sourire et lenlacer. Mais un jour tu auras ma mort sur la conscience je tle dis.
Puis apercevant Carmen derrière lui, elle le repoussa derechef tout en essuyant ses mains sur son tablier. La Serna offre un sourire, un brin gênée de la déranger ainsi en pleine élaboration du repas, dont elle hume et reconnait déjà quelques saveurs.
Carmen a à peine fermé la porte derrière elle que Phémie la fit sasseoir et sactiva à lui offrir un bol de lait chaud accompagné de Cotignac et de macarons à la poire et au gingembre. Carmen regarde Bélisaire et comprend maintenant pourquoi il est si attaché à Euphémie, elle sourit à la femme et croque dans un macaron avant de boire un peu de lait chaud.
La montoise sourit à un précieux souvenir, un gage pendant un enlèvement en bonne et due forme, un repas préparé par son compagnon et dégusté à deux, elle tend une mignardise à Bélisaire, puis les écoute, se réchauffant doucement avec une gorgée de lait.
Elle le regarda et ne put esquisser un sourire tendre et affectueux.
Phémie passe son regard du jeune homme à la jeune femme, la brune blêmit.. Un bruit de vaisselle, elle s'emmêle avec sa cuillère, visiblement peu préparée à ce qu'il le dise à cet instant, elle disparaît plus ou moins sous la table, pour récupérer ladite cuillère.. Et sent sa gorge se serrer quelque peu, lorsqu'elle refait surface.
Carmen quitte le banc et rejoint Bélisaire, se montrant un brin impolie, puisqu'elle se permet un aparté avec son aimé, l'attirant près de la fenêtre.
*F. de Croisset
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Le dogue massif annonce leur passage devant les grilles du château. Auraient-ils voulu être discrets ? Peu leur importait en réalité au contraire même. Belisaire sourit au gardien, toujours heureux de le revoir. Lui, hormis sa chevelure grisonnante et un embonpoint naissant, ne changeait pas. Son tabard rouge le rendait toujours aussi reconnaissable à cent pas. La chose avait été bien pratique lors de ses quelques excursions nocturnes. Les montures sarrêtèrent un instant, la senestre glissa sur lencolure dOlympe afin de le calmer. Carmen salua l'homme d'une inclinaison polie du chef, légèrement en retrait sur Zingara, resserrant le col de sa cape.
- Bonjour, à Orléans, nous avons été informé que mère et le duc étaient de retour. Tu confirmes ?
Ils étaient arrivés la veille dans la capitale orléanaise, ils avaient passé la nuit dans leur appartement pour se faire entendre dans une taverne que Châteauneuf reprenait vie. Alors, dans une fulgurance dont il était capable, il avait proposé à Carmen de leur rendre une petite visite. Au passage, bien sur, ils glisseraient deux, trois mots sur ce quil avait entrepris.
A la réponse positive du gardien, le jeune Lablanche détourna son regard pour sourire à Carmen et lui indiquer quils pouvaient savancer. Ils longèrent le parc, offrant un décor des plus hivernal avant de se retrouver devant la demeure.
- Le parc est un peu triste lhiver mais le reste de lannée il mémerveille à chaque fois.
- L'hiver est nécessaire, je devine sans mal la beauté qui doit émaner de ce lieu au printemps.
Visite du parc achevé, elle adresse un doux regard à son aimé, dont elle ressent la nostalgie à l'égard de ce jardin, les joues mordues par le froid, elle remonte son col, qui n'atteint malheureusement pas les pommettes, et balaye du regard la propriété avant de ne descendre de cheval.
Au majordome qui se présenta à eux il lui fit signe de garder le silence tout comme à Jean Loing qui venait laccueillir chaleureusement et prendre les montures. La longue silhouette était reconnaissable entre mille, sec au nez assez arqué et rouge crevassé, tout laissait à penser que son goût pour les vins était toujours dactualité. Belisaire nen faisait peu de cas et laffection quil lui portait navait jamais subi une seule infidélité. Il prit la main de Carmen, qui à voir son regard, se doutait déjà dune espièglerie à venir. Et, en effet, après avoir contourner la bâtisse, ils se retrouvèrent devant la porte de la cuisine. Belisaire entra le plus discrètement possible et la suite se passa de tout commentaire. La petite dame ronde de 55 ans, à la poitrine nourricière longtemps, sactivait aux fourneaux. Elle en imposait toujours avec sa mine fermée malgré ses yeux clairs. Cela narrêta pas Belisaire qui une fois arrivé derrière elle
- BONJOUR PHEMIE !!!
Son sursaut fut à la hauteur de la surprise, grand. Une fois retournée et faisant face au jeune homme.
- BEEEEELISSSAIRE LABLANCHE DABANCOURT
. Rhoooooo
Elle ne savait pas quoi dire, et finalement sa dextre prit un torchon encore encombré dun surplus de farine pour le jeter à la figure du jeune homme qui ne put léviter. Carmen se retint de rire devant la scène, silencieuse, elle attendait sagement, spectatrice de touchantes retrouvailles.
- Mais Phémie, tu nes pas contente de me voir.
- Toujours petit garnement.
Elle finit par sourire et lenlacer. Mais un jour tu auras ma mort sur la conscience je tle dis.
Puis apercevant Carmen derrière lui, elle le repoussa derechef tout en essuyant ses mains sur son tablier. La Serna offre un sourire, un brin gênée de la déranger ainsi en pleine élaboration du repas, dont elle hume et reconnait déjà quelques saveurs.
- De mieux en mieux.
Ta mère ne ta jamais donc rien appris. Fait-on passer une grande dame par les cuisines. Oh miséricorde !
Pardonnez-lui. Jaurai dû être plus sévère jadis.
Entrez, entrez, par ce grand froid.
- Oh, euh.. Oui, non.. Bonjour à vous. La brune bredouille dans l'encadrement de la porte, les émeraudes naviguent de Bélisaire à l'énergique petite dame.
Carmen a à peine fermé la porte derrière elle que Phémie la fit sasseoir et sactiva à lui offrir un bol de lait chaud accompagné de Cotignac et de macarons à la poire et au gingembre. Carmen regarde Bélisaire et comprend maintenant pourquoi il est si attaché à Euphémie, elle sourit à la femme et croque dans un macaron avant de boire un peu de lait chaud.
- Voilà, vous allez pouvoir vous réchauffer un peu.
- Oui, merci, c'est délicieux. Je sais maintenant d'où vient le goût de Bélisaire pour les poires.
La montoise sourit à un précieux souvenir, un gage pendant un enlèvement en bonne et due forme, un repas préparé par son compagnon et dégusté à deux, elle tend une mignardise à Bélisaire, puis les écoute, se réchauffant doucement avec une gorgée de lait.
- Mais pourquoi tu ne passes pas par la grande porte comme tout le monde.
- Je tiens à te saluer voilà tout.
- Humm
Elle le regarda et ne put esquisser un sourire tendre et affectueux.
- Alors tu ne me présentes pas ! Vous êtes la fameuse Carmen cest bien ça ? Enchantée de faire enfin votre connaissance.
- Moi de même. Bélisaire m'a beaucoup parlé de vous et aussi de vos talents culinaires.
- Nous sommes venus vous voir et je voulais vous présenter ma fiancée.
- Ta fiancée ?!!
Phémie passe son regard du jeune homme à la jeune femme, la brune blêmit.. Un bruit de vaisselle, elle s'emmêle avec sa cuillère, visiblement peu préparée à ce qu'il le dise à cet instant, elle disparaît plus ou moins sous la table, pour récupérer ladite cuillère.. Et sent sa gorge se serrer quelque peu, lorsqu'elle refait surface.
- Et bien, en voilà une bonne nouvelle... Et tu mannonces ça comme ça sans me préparer
tu malmènes mon cur.
- Et le mien..
- Allez ! Réchauffez-vous un peu et je vais vous conduire ensuite à la duchesse.
Carmen quitte le banc et rejoint Bélisaire, se montrant un brin impolie, puisqu'elle se permet un aparté avec son aimé, l'attirant près de la fenêtre.
- Aujourd'hui, je veux dire, maintenant ? la brune atterrit enfin, douloureusement, il était évident qu'il faudrait l'annoncer un jour ou l'autre, mais Bélisaire ne l'avait pas franchement préparée.. Elle ne connaissait Exaltation qu'à travers le Louvre, le lieu tout sauf idéal pour connaître véritablement quelqu'un ou la fonction dépasse la personnalité dans bien des cas.
*F. de Croisset
...avec jd carmen
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