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[RP] Récit d'une victoire.

Andrea_
Parait que j’ai un caractère de merd’. Que je suis rancunière ou un truc du genre. Alors que pas du tout, je suis juste tenace. J’aime gagner oui, et alors, tout le monde aime gagner non ?
Mon Cher et Tendre m’avait déjà mis de deux sacrées branlées j’allais pas lui faire l’honneur d’une troisième !

Alors voilà, j’avais une petite dizaine de jours pour être au top de ma forme. Sachant qu’il m’en avait déjà fallu trois pour me remettre de ses derniers coups. Oui je dis « ses » parce que ce couillon y était pas allé de main morte hein. A croire qu’il a eu des relans d’homme des montagnes primitif, bref, il a pris ma tête pour une bûche. Plusieurs fois.
J’pouvais pas deviner, il avait ni hache ni chemise à carreaux. Il était entré comme un prince, m’avait même embrassé pour m’encourager et… M’avait mis ma race. Proprement hein, en trois coups c’était réglé, et je gisais en boule au milieu du sable.
Entré comme un prince, sorti comme un Roi.

Mais cette fois, ça ne serait pas pareil. J’allais me préparer. C’est pas d’la triche hein, c’est de l’optimisation. A un moment faut se rendre à l’évidence : le talent, c’est aussi important. Si avec certains on peut se contenter de faire des yeux de biche et de dévoiler un bout de nibard, avec Beren, ça fonctionnait pas. Faut dire aussi que j’avais pas eu le temps de tester puisqu’à peine le coup d’envoi était sifflé qu’il me maravait déjà la tronche à coups de bottes.

C’est pour ça que cette fois, on devrait se battre pieds nus. Héhé, j’perds pas l’nord hein !


J’avais eu la chance de perdre quelques kilos –une sombre histoire de bulots stockés au soleil, vraiment une sale histoire, mais c’est un autre sujet-, ce qui me permettait maintenant de : 1) pourvoir voir mes pieds, 2) lacer mes chaussures sans me péter une côte, 3) monter les escaliers sans finir agonisante sur le pallier avec un point de côté.
A côté de ça, j’avais opté pour alimentation principalement composée de fruits et légumes en tout genre, heureusement Miguel –je vais vous en parler, pas de panique- m’avait bien expliqué qu’une tarte aux fraises, c’était pas vraiment ce dont j’avais besoin, même s’il y avait des fruits. Miguel, il m’a sauvé la vie. Suite à un autre épisode malencontreux – où l’on m’a offert une cinquantaine de chouquettes qu’on m’a ensuite forcé à manger ! L’horreur-, j’ai opté pour une alimentation dite verte, qui consiste à manger tout ce qui est… vert. De la salade, du chou, des épinards et des haricots verts. Ça aura eu le mérite de réguler mon transit de manière non négligeable.
Bien sûr on m’a proposé de la viande, mais je la gardais au chaud pour mettre sur les cocards que j’infligerais à Beren le fameux soir, que voulez vous, je suis une femme attentionnée.

Chaque fois que je croisais un miroir, je me motivais en mode « Allez Déa, dès qu’il pleure t’arrête ». J’ai regardé Beren en me disant, un nombre incalculable de fois, qu’il était put’ainement beau et que c’était bien dommage d’avoir prévu de lui éclater la gueule, mais faut regarder la vérité en face, il avait déjà gagné la dernière fois, et là c’était mon tour, tout simplement.
Et puisque vous pensez que j’ai un fond méchant, sachez tout de même que j’ai travaillé mes cours d’anatomie comme jamais. Je suis devenue incollable sur les endroits où taper sans qu’il perde sa virilité, sur où taper pour faire mal sans l’abîmer et surtout, où ne pas taper pour qu’il puisse quand même faire l’amour –puisqu’on est tous d’accord sur le fait qu’une fois qu’il aura perdu, faudra bien que je me fasse pardonner- J’suis pas chienne quand même !


Et puis Miguel. J’le voyais courir tous les matins et tous les soirs. Après les filles, certes, mais il courrait avec tellement d’entrain que je me suis offert ses services. Miguel est donc devenu… tindim : mon coach sportif.
Je l’ai détesté autant qu’un plat de haricots plats sans jus de viande, parce qu’il est vraiment dur avec moi. J’en ai fusillé mes semelles et j’ai sué plus qu’un chaton dans une poche en plein soleil. Non vraiment, si l’horreur avait un nom, ça serait Miguel.



Donc on y est, dernier entrainement avant la raclée de Beren. Miguel toujours fidèle au post tente une nouvelle technique pour me faire avancer, puisque la carotte n’a pas fonctionné il tente avec quelques chouquettes. Et je sue. Je sue. Je suis à deux doigts de me mettre en boule et de pleurer ma race –comme Beren, ce soir, une fois que je lui aurais fêlé la deuxième côte flottante –j’ai vérifié, on peut-, mais j’ai tellement la dalle que…



- Un p’tit effort ! Tu la veux la chouquette ou tu la veux pas ? Sinon c’est moi qui la mange hein ! J’ai dit que je le détestais ? j’lui aurais fait bouffer par le cul cette satanée chouquette si j’avais pu le rattraper
Non mais là j’en peux plus, j’suis au bout de ma vie
- Tu peux encore parler, c’est que t’as encore de la ressource, COURS
Non vraiment, j’sue comme un bœuf !
- C’est la graisse qui fond ! Alleeeeeeeeeeez
Quel con…
- Andréa, on est parti y a à peine deux minutes alors arrêtes d’agoniser


Bon, un coup d’œil en arrière m’a fait rapidement comprendre qu’il en rajoutait. On avait juste passé cinq maisons et le boucher –fournisseur officiel de cataplasmes viandals pour Beren, ce soir-.



Alors j’ai continué un peu.
Parce que je suis une gagnante, c’dans mes gênes !

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Beren
- Et tu t'entraînes pas, du coup ?
- Constant, je lui ai mis deux derrouillées en quelques jours, j'ai pas besoin...
- Elle est redoutable, et elle a TRES envie de gagner, cette fois.
- Elle avait très envie de gagner la fois dernière, déjà. T'as vu cette petite crispation des lèvres, de tension, au début du combat ? Je pense qu'au premier duel, elle a dû se dire que j'étais toujours aussi gentillet qu'à nos débuts. T'as vu ce petit élan que je lui ai mis, là, sur l'esquive ? Pouloulou, geste par-fait.
- Vous aviez pas dit « pas l'estomac, pas les jambes ? »
- Elle m'a fauché deux fois les pattes.
- Parce que t'avais cogné le sternum.
- J'ai ripé. Je me suis laissé emporter. Pris dans le geste – on aurait dit un toréador, hein? -, j'ai vu l'ouverture, et j'ai frappé d'estoc.
- T'y es pas allé de main morte, Beren.
- Si j'avais retenu mes coups, elle aurait hurlé à la demie victoire et aurait exigé qu'on y retourne...
- Mais vous y retournez.
- On y retourne, ouais.
- Et t'es sûr de pas vouloir te préparer ?
- J'y vais au talent.
- Au talent ?


Amusé, l'Ami laisse flotter un sourire moqueur sur ses lèvres, comme le Parfumeur répond :

- Au talent. J'ai l'intention de jouer défensif.
- Pour l'épargner ?
- Pour avoir une excuse, si je perds.
- Une excuse ?


Beren lève un doigt dogmatique, fier de sa petite trouvaille de provocation, petite pirouette de sortie dans la guerre des nerfs avec Déa.

- Je dirai que j'ai été galant.
- Elle sera hors d'elle, alors.
- Et j'aurai une chance de la marraver sur une autre lice.
- Mais y a un enjeu ?
- Ma suprématie.
- Elle va détester.


Clin d'oeil du Fiole à Constant.

- Elle déteste. Je l'ai chauffée à blanc. J'ai parlé de la domination naturelle des hommes sur les femmes. Je me souviens avoir prononcé « vaisselle, enfants, broderie ». Elle était furieuse.

Grimace de l'homme de main, qui provoque un éclat de rire du Fiole.

- Elle va tellement en vouloir qu'elle fera des erreurs.
- T'es vraiment une enflure, Beren.
- Elle m'aime comme ça.
- Si elle te choppe, elle t'aimera mort...
- J'en ai rien à foutre, elle a dit qu'elle tripoterait mon cadavre.
- … Je vais m'occuper des enfants. Oh, et Beren ? J'ai presque envie de l'encourager pour que t'arrêtes de te sourire comme un gros niais.



21 heures. C'est à cette heure que le rendez-vous avait été pris, à la lice de Bordeaux. Vêtu d'une chemise rouge et de braies blanches, un foulard autour du front, le Fiole fit son entrée, sous les acclamations du public. En vérité, ils étaient seuls, mais ça ne l'empêchait pas d'évoluer, déjà victorieux dans l'attitude, bras ouverts en un V significatif. Il ramassa du sable en sa paume, et le laissa filer entre ses doigts, en regardant Déa.

Bonsoir Chérie. J'aurais dû emmener une bouteille pour récupérer un peu de sable. Si nos enfants peuvent plus te reconnaître, dans l'éventualité où tu serais défigurée, on aurait pu exhiber la petite fiole, et dire « c'est là que Maman a perdu son visage ! ». Mais, las, j'ai oublié. Ce n'est pas grave, je promets de ne pas viser la tête. T'as vu, j'ai une chemise rouge, pour le sang, et, comme j'ai pas l'intention de tomber, je me suis dit que je pouvais porter du blanc. Ca t'évitera une lessive. Vois comme je pense à ma petite femme. Je suis décidément l'homme idéal.

Il se positionna, jambes légèrement fléchies, façon Nadal attendant de servir, mais sans le rituel cheveux - oreille - nez - cheveux - oreille – bourses – slip – short - nez caractéristique. Et, puisqu'il faut bien la provoquer un peu, il lui lance un sourire amusé.

- T'en fais pas, j'ai déjà demandé à ce qu'on te prépare un bain, pour après. Et pour le baume pour tes bleus, j'ai choisi cerise. Ma petite griotte au sucre. Honneur aux dames.

Il aurait peut-être pas dû dire ça...
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Andrea_
J’en ai chié des balles carrées et c’est rien de le dire. J’sais pas si c’est qu’il était fan de rillettes, rapport à l’odeur qui se dégageait de mes aisselles, ou s’il prenait son boulot à cœur, mais Miguel mettait un point d’honneur à me pousser dans mes retranchements. Peut être qu’il voulait justifier la demi-fortune que je lui avais laissée en guise de salaire, toujours est-il qu’à chaque exercice supplémentaire je voyais mes envies de meurtre grandir.
C’est assez dingue d’ailleurs, parce que ça grandit plus vite que les muscles ces p’tites choses là, j’crois qu’au troisième, quand il m’a fait pousser un rondin plus gros que moi –ou presque-, j’aurais pu trouver la force de ronger le bois pour faire un pique et planter sa tête au bout. J’peux vous jurer que j’aurais paradé –en courant !- dans TOUT le COMTÉ, c’est vous dire à quel point j’avais la rage.
M’enfin il a du le sentir parce qu’il a continué de me fatiguer. Encore et encore. Et encore. Et encore. Les exercices de Miguel, c’t’un peu comme un repas de famille chez Mamie Yvette*, quand tu crois qu’y en a plus, y en a encore. Sauf que si j’avais su, je me serais pas gavé dès le départ hein.

J’ai rendu l’âme quand il m’a fait grimper à un poteau à la force des bras. D’ailleurs maintenant, je peux vous le dire, l’âme, c’est un peu vert, beaucoup gluant, et ça pue la mort. Vous demandez au rosier de la Ginette s’il a bien aimé voir mon âme de près, mais j’en doute.
Mais quand j’y pense, c’était peut être son instinct de survie, au Miguel. Aucune chance que j’aille lui demander des comptes après ça. On était quitte, lui et moi. Il avait les ronds, moi j’avais une démarche de cow boy débutant après une semaine sans poser pied à terre.


- Bon, là ça va encore, les courbatures ça sera demain, pense à boire hein !

Parce que c’étaient pas des courbatures ?! C’était quoi alors ?
Boire, boire, mais t’façon il m’reste que ça à faire, et encore j’suis même pas sûre de pouvoir lever les bras.


- Et de l’eau hein ! Faudrait pas être beurrée pour l’combat du siècle !

Il m’avait –définitivement- achevé. En une phrase.
En une phrase il venait de me dire de boire de l’eau, alors que ça fait rouiller, et de me rappeler que le combat, c’était ce soir. LE tout agrémenté d’un petit signe de main pointée vers moi et d’un clin d’œil. Cet homme, c’est un démon, un conseil, méfiez vous des coachs sportifs.
Non franchement, trop c’est trop, c’est LA, précisément là, que je me suis mise en boule et que j’ai roulé sous un arbre. Sans pleurer, parce que j’avais des pas-courbatures jusque dans les yeux. Si, c’est possible.

Croyez-le si vous voulez, mais quand je me suis réveillée, après une heure de sieste intense, j’étais fraiche comme un gardon. Et j’parle pas d’un gardon tout juste pêché et qui agonise dans l’herbe hein, non moi j’parle d’un gardon frétillant, nageant dans les courants avec une maman gardonne et des petits bébés gardonnets.

J’étais sûre de moi. Comme jamais. Je suis rentrée, je me suis habillée, et… bon j’ai été appelée en urgences par mon lit pour gérer un souci de sommeil tout ça tout ça. Mais ça a pas duré longtemps. Au réveil –par une forte odeur alléchante-, j’ai décidé de me rincer à l’eau claire pour me défaire de cette forte odeur de charcuterie.
Et c’est là qu’on voit que je suis une femme machiavélique. J’ai mis…du parfum. Pas le mien hein, un que j’ai piqué dans les affaires de Beren, ça sentait j’sais pas trop quoi –mais pas la cochonnaille-. De là, j’ai choisi des vêtements assez large pour pouvoir lever ma jambe –pour viser ses dents-, et pour pouvoir rouler au sol en me relevant –pour viser ses jambes-. Pour les roupettes, pas de panique, je pouvais AUSSI tendre le bras et tout arracher d’un coup sec.
Parce que le sport ça fait pas tout, faut aussi du talent.

A vingt heures trente pétante, j’étais déjà au milieu de la lice, prête à en découdre. Un petit regard au stock de steaks qui bientôt serviraient à panser les blessures infligées à mon Blond et j’attendais.
Franchement, j’aurais pu faire deux trois douzaines de pompes sur un bras, mais j’avais peur de l’impressionner.

Quand à 21heures, parce que bien sûr Môssieur arrive pile à l’heure, il nous a enfin fait l’honneur de sa présence, qu’il a fait une entrée triomphale sous les seuls applaudissements de sa roupette gauche avec la droite, j’avais déjà envie de le frapper.
Pas une grosse tatane dans la tronche hein, non juste une bonne calotte qui l’aurait séché direct. Les gars trop sûrs d’eux, moi, ça m’a toujours donné envie de leur apprendre la vie. Et Regardez le, avec ses bras en V, non mais What the duck ?

Bien sûr ses mots m’ont un peu piqué au vif, mais regardons la vérité en face, un homme qui cause dans un moment fatidique, c’est un homme qui a besoin de se rassurer. Il pense que je vais perdre ma tronche dans le sable. Soit.
Il pense que je vais saigner ? Soit !
Pas de problème mon Amour, prends ta pause de champion et je m’occupe de te ramener les pieds sur terre.

Et puis… J’ai perdu pieds. Littéralement. J’sais pas ce qui m’a pris mais j’ai vu ma main se décoller de ma hanche et partir à la vitesse de l’éclair. J’ai pas pu la retenir, je sais que tout est dans le mental, mais mon cerveau AUSSI avait envie de lui faire bouffer ses morts.
Alors…

Alors je me suis alignée derrière ce poing, et j’ai ajouté pas moins de cinquante sept kilos de barbark –selon la police, un peu plus selon les organisateurs- à cette main tendue et dans un élan canadien, avec un vent nord-nord est favorable …
Je lui ai mis dans la gueule.
Comme ça, sans préambule.


Tu parles trop.

J’ai gardé mon « ouaaaaaacha puta’in ! » à l’intérieur en ramenant mon poing près du corps. J’ai épousseté ma tenue et fait mine de ranger mon arme de poingte.

Celui là, il est pour la domination des hommes sur les femmes, et leur place au près du feu avec un tricot à finir.

Un zéro Chaton.





1 Pas à la tête, pas la tête ! Andrea_ n'aurait pas frappé plus fort pour fendre une bûche... sauf que la bûche, là, c'est le crâne de son adversaire... (Andrea_ gagne 5 points)



* : franchement, vous connaissez pas mamie Yvette sinon vous comprendriez.

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