Mon Fils,
Jai failli. Peut être quà trop vouloir te préserver, moi aussi, jen ai oublié de te dire les choses telles que je les ressens. Je ne me souviens pas une seule fois, mêtre mise en colère devant Toi. As-tu seulement idée de ce dont je suis capable, dans ces moments là ?
Jai maudit chaque instant de ma vie loin de Toi. Et rien, jamais, ne me fera vivre tes premiers éclats de rire, tes premiers chagrins ou même tes premiers pas. Jai tant jalousé ton père, de mimposer une vie loin de toi. Cest moi qui suis partie, et Lui, qui na jamais voulu que je vienne te revoir.
Tu sais, il ne suffit pas dêtre loin de quelquun pour ne plus y penser.
Jaurais aimé, à chacune de nos retrouvailles, te voir redevenir petit garçon, être insouciant qui naurait pas toujours compris ce qui se passait autour de lui, juste prendre ta main et baiser ton front en te disant que tout irait bien. A cinq ans, tu maurais cru, et il aurait suffit de quelques ricochets pour que tu en oublies le voile sur mes yeux. Mais tu es revenu presquadulte, et je ne tai pas vu grandir.
Jai laissé un nouveau né, jai revu un petit garçon, pour finalement retrouver un homme. Alors même si jaimerais tout effacer, ce nest pas possible, et nous le savons tous les deux.
Jai souvent mal choisi mes amours, et je regrette que tu en sois le premier touché, au final.
Jai compris toutes tes colères. Tes inquiétudes aussi. Jai compris par la force des choses que tu étais un être à part entière, avec tes propres maux, et manière propre de les partager. Nous ne sommes pas doués, tous les deux pour dire ce que lon ressent, alors permets moi de te dire que quoiquil arrive, toujours une mère aime son enfant. Même quand il crie, même quand il frappe, même quand il part. Que chaque mot que tu as dit nétait que vérité, et quand bien même ils mont fait souffrir, ils nétaient que la récolte de ce que javais semé, en tabandonnant peu avant ton premier noël.
Je ne trouvais plus ma place Nicolas. Je nétais plus sa femme, plus sa confidente et encore moins sa maitresse. Jétais ta mère, et jaurais pu men contenter. Jaurais du, men contenter. Mais ce nest pas ça, que je voulais tinculquer, et jamais je ne te demanderais de faire semblant, pour plaire à quelquun. Quand bien même ce quelquun est ton fils, ton mari, ta femme ou ton Roy. Tu dois seulement te regarder dans un miroir, et aimer ce que tu y vois.
Et aujourdhui, jaime ce que je suis.
Et je lapprécie dautant plus que je peux ébouriffer ta tignasse, essuyer le coin de tes lèvres et te rappeler quil faut prendre un bain. Je suis mère depuis ta naissance, je suis une maman depuis ton retour.
Bien sûr que ton frère me manque. Beren aussi. Mais tu sais autant que moi quon ne peut pas tout accepter par Amour. Que parfois le cur ségare et quil ne suffit pas dune virée à deux pour raviver la flamme. Tu sais Nicolas, la flamme ne vacillait même pas et nous aurions pu continuer de nous mentir, de fermer les yeux sur les pensées qui ségarent. Nous aurions pu faire illusion, à commencer par nous même, pour continuer davancer ensemble et soffrir, à tous, la vie de famille qui nous a tant manqué. Mais à quoi bon ? Je ne regrette pas de lavoir retrouvé, et si javais le pouvoir de changer le passé, je ne changerais strictement rien. Jai aimé. Jai tout donné. Et puis chacun a repris sa route. Je ne sais pas ce que nous réserve lavenir, et je garde encore espoir que Beren soit le père qui te manque tant. Il faut du temps pour cela. Et nous avons la vie devant nous.
Alexandre va bien, il profite des dernières chaleurs au bord de la mer, il rit, il souvre au monde. Et je te mentirais si je te disais que je naimerais pas le voir de mes yeux. Si je ne rêvais pas de frotter ses genoux et de râler sur le sable quil ramènerait par poignées dans ses bottes. Sa vie Nicolas, sa vie est auprès de son père, car jai fait le choix dembrasser la vie dune manière qui ne laisse pas de place à un enfant de cet âge. Je sais quil te manque, et il me manque aussi. Mais Beren et moi sommes suffisamment intelligents pour se revoir tous ensemble, et ainsi faire en sorte que nous fassions partie de sa vie, à défaut de son quotidien.
Quant à Léo
Que te dire Nicolas. Si elle a fait battre le cur de Beren, et sil a su trouver entre ses cuisses de quoi faire battre plus fort le sang à ses tempes, jusquà peut être lui soutirer des mots doux comme il sait les distiller alors
Quil en soit ainsi. Quelle offre à Alexandre et son père la vie paisible quils méritent et que jai toujours été incapable de leur offrir.
Susi
Ma douce Susi. Jai vu ses mains sur les tiennes et son corps dans tes bras. Jai vu vos regards et les mots que vous échangiez. Il y a entre vous ce je ne sais quoi qui nest pas de lAmour mais qui y ressemble. Elle est la douceur où tu es limpétuosité. Elle mérite un homme comme Toi, car je sais, que tu es capable de tendresse. Oui, il y a Tyrell, mais nas-tu pas connu trois personnes capable de saimer Nicolas ? Nas-tu pas vécu toi-même cette situation lorsque tu étais petit garçon ?
Toutes les histoires dAmour ne finissent pas mal, et si je réussis à y croire encore après mes échecs, tu dois en être persuadé aussi.
Tu es jaloux tu le reconnais, il me semble que voilà la réponse à tes questions Fils. Bien sûr que lon peut aimer deux personnes à la fois. Jai aimé ton père, jai aimé Lestat. Et je les aimé tous les deux en même temps quand jaurais été bien incapable, après ça, de les aimer séparément.
Ton père après ça, aura eu tout mon mépris, Lestat gardera ma tendresse.
Tu nes pas ton père, il me semble important de le dire, quand bien même parfois tu lui ressembles, tu nes pas Lui. Et je ferais tout ce quil ait en mon pouvoir pour que tu restes Toi.
Je ne sais pas doù te vient cette idée de me garder une chambre à Tastevin, puisque je nai ni la foi ni lenvie de lire leurs sottises en vélin. Je nétais pas touchée par la grâce lautre soir, seulement par la bière. Beaucoup de bière. Et en ça je loue Tastevin et son divin breuvage.
Souffrir Nicolas, cest la preuve que lon vit encore.
Et je vis, pleinement.
Je nai pas à te cacher quoique ce soit, mon Fils, je te parle comme un homme, parce que tu es un homme*désormais et que moi, jespère ne jamais finir dêtre ta mère.
Ta lettre ma fait comprendre bien des choses, et je te remercie de lavoir posée là, symbole de tout ce que je ne te dis pas.
Je taime,
Maman.