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[RP] Journal d'une chiasse en goguette

Andrea_
[Bref, j'ai fait un voeu.]



Ça fait belle lurette que ça me trottait dans la tête, pas forcément ce voeu là hein, mais l'envie de faire un voeu tout court. J'ai demandé à droite et à gauche, histoire de savoir ce que les gens souhaitaient le plus souvent et j'ai pas été déçue du voyage.
Entre le pecno qui souhaitait que la récolte soit bonne, la catin qui rêvait d'un enlèvement, le curé qui souhait éradiquer la misère de la surface du royaume, le gosse qui voulait un chien, celui qui voulait plus de bonbons, l'inculte qui souhaitait devenir érudit, la pucelle qui voulait un bon mari -pucelle et rêveuse-, ah oui, j'ai pas été déçue. Ni déçue, ni surprise.

Moi, je m'attendais à plus de folie : des pluies de bonbons au caramel, des invasions de licornes, d'la bière gratuite à volonté, enfin... Enfin n'importe quoi de plus fou.

Alors j'ai cherché. Et ça m'a pris des jours entiers à cogiter, des nuits entières à réfléchir. Pour ça, j'suis même partie en vadrouille, avec Bez', juste quelques jours, une sorte de parenthèses enchantées dans cette vie de dingue, entourée de gens qui passent leur temps à piailler, à se plaindre, à prier un Dieu qui n'existe pas.

Et puis... J'ai vu le plus beau, et le plus moche.
J'ai vu la misère, des gens au fond du trou qui continuaient de creuser, des femmes, en cloque jusqu'aux yeux qui pleuraient pour que le père revienne, J'ai même vu une femme avec des ongles cassés!

Alors j'ai continué de chercher. Et puis j'ai compris : Il ne suffit pas de vouloir très fort quelque chose pour que ça arrive vraiment. Il faut provoquer le destin, prendre les choses en main, se donner le courage d'affronter nos peurs, nos amis, assumer nos idées. Il faut se battre, il faut avancer, petit à petit jusqu'à toucher le but ultime.

Mais comme j'avais pas beaucoup d'temps, moi, j'ai improvisé.

Et j'ai fait un voeu.
De chasteté.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Il se trouve que parfois, quand on fait un voeu, et même si on ne fait pas DU TOUT appel à Deos pour en venir à bout, on obtienne ce quelque chose AU DELA de nos espérances.

Jai l'cul bordé d'nouilles sur c'coup là. J'en d'mandais pas tant. J'pensais naïvement qu'être mariée avec Marc me rendrait la tâche plus simple : faire voeu de chasteté quand votre mari ne vous a touché que le soir de la nuit de noces, avouez quand même que j'étais bien partie hein!

Bin en fait non. Mon mari me fait une crise d'adolescence, une crise existentielle, une crise donc, qui m'en fait chier des ronds d'chapeau : -Asseyez vous pour la révélation- : Marc m'a trompé.
Il aurait pu se contenter de taper du poing sur la table, de refuser de finir son assiette, pire, de refuser de prendre son bain.
Il aurait pu revendiquer son droit de grêve, sortir dans la rue pour manifester avec un drap tagué " non à la soumission", distribuer notre argent aux clodos, ma garde robe aux pauvres. Il aurait pu dilapider ma fortune, faire courir une affreuse rumeur sur mon compte. Il aurait pu se rouler par terre en tapant des pieds, crier, ou même partir.
Bon, il aurait tout aussi bien pu me parler calmement en m'exposant le problème, mais c'est un homme, faut pas trop en demander.

Mais non, Marc, Lui, Il a préféré se taper ma meilleure amie.

Sur le coup j'ai cru que c'était une blague, j'ai croisé nos amis, qui m'ont dit qu'il l'avait fait, je les ai pas cru, ils m'ont monté le bourrichon, -Faut dire qu'avec les amis que j'me tape, j'ai pas l'cul sorti des ronces-. Marc est arrivé et... il a avoué. Il n'a même pas cherché à mentir -j'aurais préféré-, à détouner la vérité -jaurais préféré aussi-, il a même dit que c'était "bien" -hinhin-.
J'étais sur l'cul. Littéralement, puisque j'étais assise. Et j'peux vous dire qu'heureusement que j'étais sur une chaise, parce que j'aurais jamais pu me relever, pas à cause de mon âge ou du poids de mon cul hein, mais parce que j'avais une putain de paire de cornes, qui, en plus de m'empêcher de passer les portes, pesait le poids d'un âne mort.

J'avais aussi une boule dans la gorge. Enorme. Le truc qui vous empêche de parler. On a pris le temps de quitter la pièce, mes cornes, mon voeu de chasteté et moi, et on s'est posé un peu plus loin.
Oui, il est venu. Il s'est excusé, je crois. Il a demandé ce qu'on allait devenir, j'ai dit qu'on allait à Bourbon, puis Nevers.
A Nevers, on va rejoindre Yohanna.
A Nevers, je croiserais son regard.
A Nevers, il n'y aura ni cris, ni larmes, ni même du sang.
Oh non, à Nevers ...

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[J'suis cocue, j'suis cocue, j'suis cocue mais... cocue.]


Ma vengeance était choisie.
Ça serait la dernière, elle devait être l'apothéose de mes vengeances. La cerise sur le gâteau, la rondelle de cornichon sur la tartine de pâté, la pointe de moutarde sur le pâté de campagne, la mayo dans l'avocat, le... Bon vous avez compris le principe, ça devait être génial.

Les missives affluent. De tout le royaume on me demande comment s'est arrivé, si c'était prévu, si je compte le tuer, si j'vais bien.
Alors comme je n'ai pas pris le temps de vous répondre, parce que j'ai une vengeance à préparer et un putain de chagrin à gérer, je vais le faire ici.

Pour le "comment" : Disons que je m'excuse, mais je n'ai pas tous les détails et je suppose que les versions vont différer d'un protagoniste à l'autre. Je sais juste que c'était "bien", et c'est déjà trop.

Pour le " c'était prévu?" : bah ouiiiiiiiiii, même que je le savais et tout et tout! Nan. Nan c'était pas prévu. Sinon y aurait pas eu de mariage, Marc aurait bouffé ses burnes sur la place publique, et j'aurais laissé crever Yohanna dans la neige.

Pour le " tu comptes le tuer?" : Non. Non la mort serait trop douce. Et j'suis pas du genre à adoucir la sentence. Non, je vais le faire souffrir. Et elle aussi. Ils ont fauté ensemble, ils vont en chier ensemble. Différemment, mais ensemble.

Et je vais bien. Je crois que je suis un peu perdue, mais je fais le deuil. Au delà du froissement de ma fierté et du poussage de ma paire de cornes, j'ai décidé de profiter ce petit coup de p*te du destin -si tant est que Marc et Yo forment "le destin"- pour renaître. J'ai survécu à bien pire, et j'ai toujours eu la chance de rencontrer de belles personnes dans ces moments là. Il faut donc admettre que oui, c'est la fin d'une ère, mais c'est aussi et surtout le début d'une autre.
Une ère nouvelle. Avec une nouvelle Déa. Et c'est à Nathan que j'ai confié la lourde tâche de modeler mon nouveau Moi.

Pour commencer, il me faudra tout brûler. Sauf mon journal, forcément. Et mes habits. Et mes bijoux. Et mon argent. Et mon cheval. Et... Non en fait, on va rien brûler.
Il me faudra déménager. Ça c'est sûr. M'enfin j'avais pas spécialement de maison. Donc j'ai pris toutes mes affaires, et comme Nomi et Nathan m'ont proposé un hébergement, j'ai investi la chambre de Nomi. Mais comme celle de Nathan était plus grande, avec plus de rangements, j'ai donc changé au dernier moment. Il a proposé hein, j'me suis pas invitée gratuitement... Bon il a pas proposé que je vide le contenu de ses placards pour mettre MES affaires, mais je suppose que c'était sous entendu.
Oui, nous partageons le même lit, mais rassurez vous, on met un traversin entre nous, à sa demande. De toutes façons il ne peut rien se passer entre nous : il est blond. Bon j'ai quand même prévu de faire disparaitre les coussins de toute la surface du royaume, j'en dis pas plus, mais sachez que l'éradication a débuté.

Et donc, cest dans une chambre lumineuse, spacieuse, et au milieu des affaires non rangées de Nathan, où reigne un parfum d'encens mélangé à la pipe de chanvre sur laquelle je tire régulièrement, que naquit ma vengeance.

J'ai rapidement écrit une reconnaissance de propriété, Lui, devenant MA propriété.



Moi, Marc Assein, époux d'Andrea Di Foscari Widman d'Ibelin, déclare sur l'honneur, devenir ce jour la propriété propre et entière de mon épouse, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Je lui déclare ainsi fidélité et loyauté.
Faict en Avril, le seizième jour


Qu'il a signé, non sans fierté -que c'est beau tant de naïveté. Je lui ai fait répéter que dorénavant, il était à moi, puisque le papier le prouvait. Il a acquiescé. Le mot " propriété" l'a un peu choqué, mais j'ai proposé "chose" et comme ça ne lui convenait toujours pas, nous avons gardé "propriété".


Ensuite, je suis allée voir Yohanna, et je l'ai vendu. Si je devais mettre aujourd'hui un prix sur Marc, croyez moi, ça ne serait pas bien élevé, mais c'est un bon esclave. Mille écus. Et sa Hache. Plus quelques options que j'improvisais sur place.
Après moultes tergiversations, au milieu d'un Badak plus qu'énervé, d'un Marc désabusé et d'une Yohanna bien contente de son achat, je me suis retrouvée plus riche de 1500 écus, en pièces de 10 deniers -pour que je puisse me baigner dedans-, de ma tête -profil droit- sur l'étendard de son armée, une robe noire avec des dorures et une verte avec des émeraudes.



Et puis... Et puis j'me suis fait enlever.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Jour de pluie à Sainte Claude]


Sainte Claude. La ville de pipes. On en riait, Lui et Moi. C'est là qu'il est né, ou qu'il a grandit. Ou qu'il a eu sa première pipe, je n'en sais trop rien. J'ai trop souvent négligé les détails de la vie de Marc. Je l'ai trop souvent laissé pour compte.
J'ai trop souvent cru qu'il m'était acquis.

Mais cette nuit, alors que j'ai passé les portes de la ville, que le jour n'était pas levé et que je râlais contre la bourrique pour qu'elle daigne avancer, ah j'ai été prise d'un coup de blues. Et tu veux que je te dise, bah ... j'aurais préfréré un coup de bâton. Ça fait moins mal tu vois.
Puis la vie a continué, Kleze et Nomi réaménagent l'intérieur de la roulotte, donc ça fait du bruit. Nathan pestait contre mes affaires, qui prennent trop de places, tellement d'place qu'il rêve la nuit que mes bottes le mangent -ou un truc du genre-. Yorgos ricane dans une des chambres, avec Tina, Minou, ou peut être les deux à la fois. Lili est en ballade avec son paon, oui, un vrai paon, avec des plumes et qui fait glouglou.
Alors puisque la vie continue pour eux, je suppose qu'elle doit continuer pour moi aussi. J'ai loué une chambre, j'ai pris un bain. J'ai fait les boutiques, histoire de refaire ma garde robe parce que Nathan il froisse mes habits et comme je n'sais pas repasser... J'ai buté deux trois traversins, les derniers du marché, pour ma tranquilité personnelle.

Et puis je suis tombée sur une pipe. Une belle pipe en bois, avec un rubis et un bec en or. Elle m'a coûté un bras, mais il me la fallait. Un jour, je lui donnerais à Marc. Mais pas encore...

Quatre jours. Quatre jours que nous sommes séparés. C'est long quatre jours. C'est assez pour réfléchir sur mes erreurs. Pas assez pour pardonner la sienne. Je crois que je suis passée par toutes les phases.
J'ai commencé par lui en vouloir, à mort. J'ai même fait des plans pour le tuer, et le jour où il faudra passer à l'action, j'vous assure, je serais bien rodée.
J'me suis montée l'bourrichon en mode " rien a foutr" de sa gueule, j'commence une nouvelle vie".
Et c'était pas si mal. Croyez moi, des nouveaux départs, j'en ai eu pas mal, et c'lui ci partait particulièrement bien. Ils sont gentils, drôles. Ils ont le sens de l'amitié, ils ont des valeurs. Ils ont même une roulotte avec baignoire jacuzzi chauffante!

Mais ça n'a plus la même saveur. Vivre sans Marc, c'est comme être aveugle sans avoir de chien, sauf que j'me cogne pas dans les murs.
Je ne suis pas partie pour partir, je ne suis pas partie parce que j'étais fâchée, ce n'était pas un caprice. J'voulais voir. S'Il me manquait. Si Elle me manquait. Être sûre que je ne passais pas à côté de quelque chose. Vivre d'autres choses, tout simplement.
Et il me fallait réfléchir à mes erreurs, donner un nouveau sens à notre relation. Ce n'est pas possible de changer en un claquement de doigts quelque chose qui a fait le fondement de notre couple. Marc, j'me suis toujours foutue de sa gueule. J'ai toujours pris mon pied à le rabaisser devant les autres, j'me suis jamais cachée quand j'prenais un encas -musclé et canon-. Je crois que j'en avais rien à faire de ce qu'il ressentait, d'ailleurs qu'est ce qu'il ressentait? Puisqu'il ne disait rien, il ne ressentait rien.
Il ne vivait que par moi, ne voyait que moi, j'étais parfaite, belle et rebelle, et machin, patin, couffin.
Il me fallait pardonner l'impardonnable. Et secrêtement, l'impardonnable n'était pas le fait que mon Mari e soit tapé ma meilleure amie, mais qu'il ai osé froisser ma fierté. Il ne s'est pas contenté de la froisser d'ailleurs, il l'a étalé sur le sol, marché dessus, chié dedans, roulé en boule, bouffé, vomi et recraché. "Bonjour bonjour, j'vous présente ma fierté".

Et c'est ma putain de fierté qui nous a mené là aujourd'hui.
Marc, il n'a jamais su que je l'admirais. Il n'a jamais su que quand je crachais sur son armure, c'était juste pour la rendre plus brillante. Il n'a jamais su que si je parlais toujours de lui, c'est parce que j'étais fière d'être à ses côtés. Mes mots parfois étaient durs mais ils avaient juste pour but de le faire réagir, jamais de le blesser.
J'attendais de lui qu'il s'insurge, qu'il râle, qu'il se batte, autant pour son honneur que pour le mien. J'attendais qu'il réagisse, qu'il ramasse ses roubignoles et soit un homme un vrai.
J'ai toujours détesté Ellesya pour ça, parce qu'elle avit fait de lui une chiffe molle. Parce qu'elle l'avait trahie, salit, qu'elle l'avait descendu au rang d'animal de bêta, qu'elle s'était jouée de lui, de ses sentiments. Depuis notre rencontre, je n'ai de cesse de ne vouloir que ça... Qu'il se réveille. Qu'il se révolte.

Et alors que je ne m'y attendais plus, il l'a fait. Au dela de mes espérances. J'aurais préféré qu'il me pète une chaise sur le coin de la gueule mais il s'est révolté. A sa manière. Et je mange. Je mange bien plus qu'un ours au début du printemps, bien plus qu'un ogre boulimique devant une montagne de miel au début du printemps. Je morfle bien plus encore.






Marc, j'ai bien reçu ton courrier.
Je suis à Sainte Claude et le temps est clair.
Je ne reviendrais pas. Pas tout de suite.


Au delà du fait que les hommes sont tous les mêmes, tu m'auras appris bien d'autres choses, sur la vie en général, mais plus particulièrement sur moi.

Je ne suis pas l'épouse rêvée. C'était le cas, il y a bien longtemps. Peut être as-tu du mal à m'imaginer au coin du feu, à préparer le repas en attendant que mon époux rentre du travail mais pourtant je l'ai fait. J'ai aussi passé de longues heures à dénicher le vase qui serait en accord parfait avec les fleurs que celui ci me ramenait chaque soir, oui j'aimais les fleurs. Des mois à planifier un de nos voyages, en prévoyant des étapes pas trop longues pour les pattes de nos enfants.

J'ai été un jour, Celle qu'il t'aurait fallu. Celle qui aurait su prendre son temps pour ne pas te brusquer. Celle qui aurait su te redonner confiance en te portant sans cesse plus haut dans son estime et dans celles des autres. Celle qui aurait patiemment attendu qu'un jour tu veuilles bien, enfin, glisser un doigt dans le lacet de mon corset, sans demander que tu ne trousses mon jupon par la suite. Assurément, un jour, j'aurais pu te défendre corps et âme devant nos amis, leur assurant toutes sortes de choses sur ta virilité, sans en devenir aigrie.


Tu me demandes de comprendre, mais j'ai compris Marc. J'ai compris il y a bien longtemps. J'ai compris la première fois que j'ai posé mes yeux sur toi. J'ai compris ce soir là, alors que tu étais tout frêle dans ton armure, que tu avais un regard de chien battu, que tu n'étais pas né comme ça. J'ai compris que la vie avait été chienne avec toi. J'ai compris, bien avant que tu me l'expliques, que tu ne serais plus jamais le même. Qu'une partie de toi s'était fait la malle. Je savais que tu ne te sentais pas le courage de continuer, que la vie n'avait plus la saveur que tu voulais lui donner.

Je savais, Marc, à cet instant, qu'il me faudrait des mois pour te redonner l'envie. Te redonner le sourire, l'envie d'avoir envie. J'aurais pu baisser les bras. J'aurais pu rire de toi comme je le fais depuis des mois. J'aurais pu me foutre de ton devenir. Mais je suis restée.
Souviens toi Marc, de ma main prenant la tienne. Et regardes nous maintenant.
Souviens toi de mes mots, de mes promesses. Et regardes nous maintenant.
Souviens toi du nombre de fois où tu as voulu lâcher ma main, par désespoir, tristesse, colère, et regardes nous maintenant.

Souviens toi, Marc, que si ton amour a mis des mois à éclore, le mien était là dès le premier instant.


Peut être ai-je cru que je pourrais te changer. Peut être est ce Toi qui l'a cru.
Peut être que mon Amour t'a étouffé, et que le tien m'aurait sauvée.
Peut être que nous étions juste fait pour nous aider à prendre le bon chemin.


D.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Yohanna.
Vous vous demandez peut-être ce que je fous là ? Hé bien j'ai besoin d'écrire. A Andréa, ouais. Ça fait des jours que j'me torture la tête et que je n'arrive pas à me concentrer sur mon armée à venir, donc je vais libérer ma tête et ma plume. Un peu. Et un peu lui donner des arguments pour qu'elle ne fasse pas le mauvais choix. Et un peu l'engueuler aussi ! Même si c'est franchement pas mon rôle. Mais faut que j'fasse quelque chose !!!

Ma vie est un véritable chaos. Encore une fois, vous allez me dire. Ouais. Non mais sinon quand j'étais attachée au canap' de Badak pour guérir de mon suicide, je vous assure que ma vie était calme et paisible hein ! J'avais pas d'ennui, pas d'envie, pas d'projet. Là j'ai tout ça, et des problèmes en plus. Sinon, je m'ferais gravement ch*er.

J'avoue que je n'ai rêvé qu'une seule fois d'une petite maison calme avec des enfants, un potager pas trop compliqué, ranger ma hache au placard, Gluant qui garde les moutons, mon homme qui joue avec les gamins dans le foin pour les chatouiller. Et c'était avec Ben. Et même à cette époque, ma vie était largement chaotique. Mais rassurez-vous, je ne rêve absolument plus de ça. Là je suis plutôt dans l'optique de diriger une armée indépendante qui servirait plus ou moins le Roi, et assez beaucoup le Duc de Champagne - qui n'est plus Duc depuis deux jours mais qui pourra quand même me filer ma baronnie sinon je mets le feu à son château – diriger une armée, donc, de grands, forts et musclés soldats qui obéiraient à tous mes ordres et caprices. Ouais, mon avenir à de la gu*ule. Ouais.

Sauf que moi,j'voulais partager avec Déa. Vu qu'elle n'avait aucunement émit l'intention de rester fidèle à son mari, bien au contraire, je m'étais dit « chouette, on va pouvoir continuer à se donner nos avis sur nos amants communs ! On s'boira une tasse de thé, comme elle aime bien, et on pinaillera comme des gonzesses en se racontant les détails croustillants et tout... » Parce que Déa, c'était ma copine. La partie féminine de moi-même. Elle est ce qu'il me manque pour être une personne normale. Sans elle je ne suis rien qu'une guerrière brutale et sans cœur. Et j'avance sans réfléchir. Sans elle, il manque à mon armée toutes les fioritures qui lui donneraient son charme.

Même si mon armée aura quand même sa tronche sur la banderole. Profil gauche j'crois hein ? J'ai paumé le papier de l'achat de Marc. J'ai oublié la somme aussi. Y'a que les robes dont je me souviens car c'était le deal pour que ça passe sans sacrifier ma Hache.
Parce que ouais, j'ai acheté Marc. Parce que j'ai été tellement con, mais TELLEMENT con, que j'ai pensé d'abord à ce qui semblait lui faire plaisir avant ce qui semblait le faire souffrir.
Sauf que Marc, c'est le genre torturé plus que moi. C'est mon côté féminin lui aussi. Mais le mauvais côté. Celui qui tombe toujours amoureux de la mauvaise personne. Celui qui garde espoir que même son homme qui la frappe jusqu'au sang parce qu'il a trop bu finira un jour par redevenir l'homme merveilleux qui la draguait sur le banc de l'école. Marc, c'est ma torture. Et Marc, j'en ai besoin.

J'ai son sang dans mes veines. Si si. C'est un peu de sa faute si je suis encore en vie, en gros. Il m'a filé son sang parce que j'avais perdu – volontairement ! - le mien. Donc il va rester à mes côtés, pour sa pénitence. Que ça lui plaise ou non. Sauf que depuis qu'elle est partie ''pour de bon'' il est chiant. Quand était partie juste pour se faire un marius, il était pas du tout chiant ! Il a été… Avenant, j'dirai ! Alors vous imaginez bien, même s'il était marié et plus puceau, même si c'était le mari de ma meilleure amie, c'était quand même le SEUL MEC AU MONDE à avoir refusé TOUTES mes avances depuis plus d'un an ! J'pouvais pas louper cette occasion qui ne se représenterai sans doute plus jamais. Oui mais voilà. Alors on a failli. On a succombé. Et c'était pas ''bien''. C'était…. Génial. C'était un sacré p*t*n de pas puceau ! Et c'était sans doute parce qu'il était frustré que sa femme se soit tirée. Ça l'a rendu… Viril. Ouais.

Sauf que du coup, elle s'est tirée vraiment.
Et depuis, il fait la gueule. Tout le temps. Oui oui, encore plus que d'habitude ! Et j'peux pas jouer la copine contente pour l'aider alors que je suis l'amante frustrée et la meilleure amie lourdée. Par ma faute, JE SAIS !


J'ai pris une décision. Ça fait quelques jours que j'y pense. Je vais lui écrire. J'veux t'aider à la faire revenir. J'en ai marre de te voir tirer c'te tête sans arrêt ! Et puis elle me manque aussi. Et puis c'est de ma faute. Alors j'vais essayer de me rattraper.
Sauf que je me connais. Si je me maîtrise pas, je vais être méchante. Et je vais lui balancer dans le vélin tout ce que je n'ai pas dit quand elle m'a démonté à Nevers. Et elle va pas revenir. Et c'est pas le but.


Tu voudras me faire lire avant ? J'te dirais ce qui passe ou pas…

Bon d'accord… Regarde par dessus mon épaule. Et tu m'fais raturer quand ça va pas.





Andréa,

J'sais pas où t'es…. En fait si, je sais. Yorgos m'a dit que tu les avait rejoint. Et que t'avais l'air de super bien prendre le fait d'avoir lourdé Marc une fois de plus ! Et que tu retrouvais doucement le sourire. J'espère que c'est le cas et que tu as le temps de réfléchir un peu à tout ça. Et j'espère que tu n'as pas fait de poupée vaudoue avec mes cheveux. Je sais, tout est de ma faute. Marc n'y est pour rien,je l'ai forcé.
Il était faible.
Il avait résisté mais…
Il.
[Je peux écrire, oui?!]
J'aurais pas dû te faire ça. Mais le passé est passé, et il serait temps de penser à sauver ton couple ! Et moi de sauver mon amitié. T'es la seule fille, LA SEULE fille que je supporte vraiment. Tu peux pas m'abandonner ! Et puis t'as pas voulu me laisser crever alors maintenant assume !!! [ Nan je raye pas ça ! C'est entre elle et moi ! Tsssss] Pourquoi t'as laissé Marc tout seul ? Enfin avec moi. Tu m'faisais confiance ? Bah t'es qu'une débile ! Faut pas me faire confiance !
Bref.
J'avais envie que tu sois avec moi quand j'arriverai à Reims pour l'armée. Depuis le début je comptais sur toi. C'était… notre projet, non ? Que t'avais accepté. On s'en fout des mecs ! C'est secondaire. Même Marc.
Mais je sais, je t'ai pris Marc. Mais juste une fois ! Si tu reviens, je te laisse la primeur de tous les mecs de mon armée, JURé ! [Bon laisse moi écrire c'est bon là ! Façon elle a pas fait veux de chasteté ?! Bon...] Mais tu vois, tu disais que je voulais te prendre tout ce que tu avais… J [Mais non ! Je maîtrise, t'inquiête ! Je reste polie !] C'est faut parce que… Déjà, tes robes, je les trouve moches. Tes chaussures sont inconfortables, tes sous-vêtements, je trouve que c'est d'un inutile à rendre malade, et tes cheveux… Je les préfère sur toi. Tout le reste, j'ai. Sauf Marc. Mais Marc, j'ai rien piqué ! Parce que tu vois, moi, je l'ai pris comme il venait. Il est con, mou, chiant, faible, pleurcnichard… [*fin de la dispute, j'ai gagné*] Il est con, mou, chiant, faible, pleurnichard, et j'en passe, mais je l'aime comme il est. Ouais. Ouais ouais ! Je l'aime, mais grave ! Tu vois, un peu comme j'aimais Gluant ? Bah pareil. Déjà, ça explique les papouilles que cette vendue de Nomi a balancé ! Et puis ça explique pourquoi quand tu vas traîner j'dors avec lui aussi. Surtout qu'il sent moins mauvais que Gluant. Et puis voilà ! Même s'il bave des yeux, je l'aime comme ça ! Et toi, t'as passé ton temps à essayer de le changer ! A vouloir que ce soit un homme, un vrai ! Qu'il soit celui dont tu rêvais et non celui qu'il était ! Bah c'est débile ! POURQUOI T'AS FAIT CA ? C'est pas à moi de t'apprendre comment ça fonctionne un couple, M*rde !!!!! [J'avoue, j'ai cédé. Il a eu des arguments valables pour que je raye.]
Mais le soucis, c'est que lui il t'aime toi. Moi j'suis juste sa bonne copine. Tu le connais avec les femmes. Il les aime toutes. Un peu comme moi j'aime tous les hommes. Non en fait pas du tout comme ça, mais pas DU TOUT ! Mais dans le principe… Bref. La seule qui compte vraiment pour lui, c'est toi. Et il veut que tu reviennes. Faut pas que tu le laisses. Il souffre sans toi.
Ce qui est parfaitement ridicule hein puisque t'es qu'une castratrice incapable d'avoir ce que tu veux.
[Ça va je me CALME !!!]
Alors reviens.
ET VITE !
Parce qu'on se fait chier sans toi ! Et que tu nous fait chier à nous faire chier !
Et que tes copains, ce sont tous des nazes !

Yoh.

PS : Ramène Yorgos. Ça te servira même de vengeance car Marc l'aime pas. Sérieux, si tu reviens sans Yorgos, nos retrouvailles ne seront pas aussi belles.
Penses-y !
J'ai tes pièces de dix denier. Et tes robes.

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Andrea_
Votre Altesse?
Ah Georges, justement j'me d'mandais ce que tu foutais, ça fait deux jours que tu tournes en rond devant la barraque, un souci?
Non Ma Dame, pire.
T'es cocu? Tu sais Georges, y a pire dans la vie hein, sauf si bien sûr ta grognasse s'est faite ton meilleur ami, mais ça c'est dans les cas extrêmes. Alors?
Justement, Votre Altesse...
Rho George, assieds toi, on va en parler. J'vois qu'en plus tu as reçu du courrier, allez, dis moi tout...
C'est à dire que...
Tu veux que j'te dise ce que je ferais, moi, dans ton cas? J'leur pèterais la gueule. J'leur crèverais les yeux, j'accrocherais chacun de leur membre à une corde et je ferais tirer des chevaux histoire de.. CRACK tu vois? Et puis les ongles, faudrait les arracher, avant le ..l'arrachement quoi, sinon y a plus d'intérêt.
C'est qu'il s'agit d'un courrier...
Et tu n'veux pas te déplacer pour ça, je comprends. Et bien tu prends le courrier, tu le roules en boule, tu le jettes au feu, sans le lire! C'sont qu'des connards au fond, et ta femme et ton meilleur ami, si tu peux même pas compter sur eux! Et au pire, envoie leur juste quatre mots : "allez, vous, faire, foutre", tu vois c'pas compliqué ! Au final quoi hein? Tu f'ras pas ta vie avec eux! Ta vie continue sans eux! Allez, haut les coeurs! Tiens je t'aide!
Vous ne devriez pas.


La lettre qu'il tenait fermement lui avait été arraché des mains, roulée en boule et envoyée dans l'âtre. Je m'évertuais à faire démarrer un feu -vu la saison, pardonnez moi, mais c'était pas allumé hein, au prix du bois!-

Je ne devrais pas quoi hein? Arrête ton char un peu, une trahison comme ça, ça n'mérite même pas qu'on s'attarde dessus, regarde moi! Je vis TRES bien la chose, je ne vois pas POURQUOI, TOI tu n'y arriverais pas. T'es une chiffe molle? NAN t'es PAS une chiffe MOLLE, tu devrais y ARRIVER, c'est comme ça, c'est la VIE PUTAI*N, tu vas te battre, tu vas continuer SANS EUX, parce que ce sont EUX les chiffes molles, BON IL VA PARTIR CE FEU OUI!
Il serait préférable que non.
Pourquoi HEIN? POUR-QUOI ? Elle est pas BELLE la vie BERDOL ? Elle est pas BELLE, ici, sans EUX, loin d'EUX, POURQUOI il s'allume pas ce feu?! J'vais t'dire Georges, on finira pas seul toi et moi, parce qu'on est DEUX, on est toi et moi, dans l'même bateau, l'bateau des infidèles, AAAAAAh
ENFIN, fffffffff
fff étant le bruit du souffle pour attiser la flamme, suivez un peu!
Quand même...
Regarde moi Georges, on n'a pas BESOIN d'eux. REgardes, on y arrive parfaitement sans.
C'était une missive de Yohanna. Pour vous.



J'ai compris de suite pourquoi il a tourné pendant deux jours avant de venir me la donner. Moi aussi j'aurais hésité si j'avais su qu'il y avait eu à la clé ce genre de confrontation.
Du coup, tout en hurlant des " tu pouvais pas l'dire avant!" j'ai pris mon courage à deux mains pour récupérer ce qu'il restait du message. Plus je soufflais pour éteindre le feu, plus les flammes grandissaient. Je repensais à tout ce que j'avais dit à Georges et je me suis trouvée pathétique une demi seconde. Une demi, parce qu'après j'me suis brûlée, j'ai envoyé Yohanna au Diable, Marc se faire foutre et Georges chercher de l'eau.
J'ai pleuré, hurlé, des trucs sans queue ni tête du genre "Ciel mon mari!", "c'est mon amie", "pas Yohaaaaaanaaaaaa pas Elle", " Mon Dieu faite que j'puisse relire le message", mais rien n'm'a aidé.
J'ai tiré le message sur le tapis, j'ai sauté à pieds joints dessus, j'avais pas de chaussures, mon bas a fondu, mon jupon a pris feu, je criais plus fort : bref, je ne m'occuperais plus des affaires de Georges, promis.

Une fois l'incendie enrayé, j'ai déplié le message, et j'ai tenté de lire ce qu'il en restait...



A....
....a......e... ....i.....l....t.. ..h...s.s..v..h............j.s........
Je sais, tout est de ma faute.
...................................
....................................................................
...................................................Il est con, mou, chiant, faible, pleurnichard...............

Je crois qu'elle parle de Marc.
Oh? Tu sais Georges, y a des moments où faut savoir fermer sa gueule...




A.... Reviens.
Et VITE...


C'pas gagné cette histoire quand même...
Vous voulez que j'vous dise ce que je ferais, moi, dans vot'cas? J'leur pèterais la gueule. J'leur crèverais les yeux, j'accrocherais chacun de leur membre à une corde et je ferais tirer des chevaux histoire de.. CRACK vous voyez? Puis les ongles, faudrait les arracher, avant le ..l'arrachement quoi, sinon y a plus d'intérêt. Mais c'est un courrier, alors vous prenez le courrier, vous le roulez en boule, vous le jettez au feu, sans le lire! C'sont qu'des connards au fond. Au pire, envoyez leur juste quatre mots : "allez, vous, faire, foutre", c'pas compliqué .
Georges? C'est encore un de ces moments où tu devrais apprendre à la fermer. Les conseils que je donne ne s'appliquent pas à ma personne. Ma vie n'est quand même pas si pourrie que la tienne!


J'l'aime bien Georges, mais faut pas pousser mémé dans les orties, surtout que sa réflexion sonnait comme du foutage de gueule.Voilà comment ça s'passe, on donne des conseils et hop, ça nous les replante dans l'dos.

Bon du coup, j'étais dans l'caca jusqu'au cou. J'avais, je pense, l'essentiel de la lettre.
Mais même si j'adôôôre Yohanna, même si, je l'avoue, Elle me manque, je me devais -par fierté quand même- la faire un peu poireauter, en espérant qu'elle ne fasse pas dégorger le poireau -de Marc- pour passer le temps.
C'est que Yohanna, c'est la seule personne que je peux détester autant. Mais vraiment, dès que je la vois j'ai envie de lui tordre le cou et en même temps de lui rouler une galoche. D'ailleurs, je rève de lui rouler une galoche en l'étouffant avec ma langue. Mais punaise, qu'est ce qu'elle est chiante...




Yohanna,
La venue de ta lettre m'a filée la nausée. Il se trouve que depuis je suis prise d'une diarrhée, d'une diarrhée verbale, je vais donc tenter de coucher le tout sur écrit.
Je ne te déteste plus. J'ai décidé de te pardonner. Tu vas devoir subir Marc pendant un petit moment, et c'est là ta pénitence. Je ne doute pas que tu aurais préféré que je t'arrache deux dents, mais ça aurait abîmé ta face qui n'a déjà pas besoin de ça.

Je ne vais pas revenir. Pas tout de suite. Je vais me faire oublier. Je vais attendre, patiemment que tu m'oublies. Tu vas d'abord t'ennuyer de moi, j'vais tellement t'ignorer que tu vas finir par douter de ton existence. Puis tu vas réapprendre à vivre. Tu vas peut être rencontrer de nouveau un homme, un que tu voudras épouser, ou pire, avec qui tu voudras te reproduire, faire des mini haches sûrement aussi méchants et bêtes que tu l'es. Peut être même que tu retrouveras une copine, mais saches cependant que tu as plus de chance de voir des licornes te sortir par le trou de balle que de recroiser un jour quelqu'un comme moi.
Et c'est là que je reviendrais. Quand tu ne t'y attendrais pas, j'arriverais avec mes gros sabots et j'écraserais tout sur mon passage. Je ferais de ta vie un enfer, ce n'est pas une menace Yohanna, c'est une promesse.

J'vais même te donner un conseil, un sérieux conseil, si tu veux pas te retrouver avec ma botte coincé dans l'anus jusqu'aux amygdales, j'te conseille de prendre soin de MON Mari. Et quand j'dis prendre soin, c'est bien sûr garder TA chtouille pour toi mais surtout lui redonner le sourire.


Bah, j'croyais qu'c'est parce qu'on était à l'aut'bout du royaume et que c'était trop loin pour aller la r'trouver?
Oui...Aussi... Mais bon... L'a été méchante quand même.




Sinon si autre chose que ta petite personne t'interesse, on est à Sion. Yorgos file le parfait amour avec Tina et d'ailleurs il semblerait qu'elle attende un chiard.
Et chez vous, ça se passe comment?
Ah non attends, j'm'en tamponne le coquillard avec une babouche taille 42.

Prépare ta future VDM Yo, et fais le bien.
D.

PS : Si éventuellement tu pouvais m'envoyer une carte et un itinéraire, j'étudierais la question de mon retour.
Et bien évidemment j'attends la preuve que mon profil droit est sur l'étendard de ton armée. Mes 1500 écus en pièces de dix deniers. Mes robes. Un tapis rouge et une statue grandeur nature de ma personne.



Georges? Tu t'rappelles du pecno qu'on a sauvé d'l'abattoir pour un écu cinquante?
C'lui qui lève toujours le p'tit doigt quand il tient un truc?
Oui
C'lui qui aime mettre des robes?
Oui
C'lui qui s'fait appeler Jeannette?
Oui
C'lui qui parle comme une pucelle?
Oui
C'lui qui pleure quand i's'casse un ongle?
Oui
C'lui qui...
On a compris, tu sais qui c'est pourquoi tu continues?
Parce qu'il en tient une couche et que j'comprends pas pourquoi on l'garde
Parce que j'ai besoin de lui, maintenant. Dis lui qu'il aura DEUX robes en échange d'une mission. Il va devoir suivre Marc, JOURS ET NUITS, J'veux qu'il le suive PARTOUT, dans toutes les circonstances, j'veux qu'il lui tienne le savon quand il prend son bain, qu'il lui tienne la bistouk' quand il va pisser, j'veux qu'il soit son ombre. C'est compris? J'veux TOUT savoir. TOUT, de la couleur de son slibard à la consistance de ses crottes, le moindre haricot qu'il ingurgite, la moindre trace de freins dans l'fond d'ses braies, tout tu m'entends?

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Tu touches le fond... ]


Je t'ai déjà parlé du "karma". J'te la refais en rapide, et si vraiment t'as besoin d'en savoir plus, tu demandes, je t'explique.
Donc le Karma, je le sors à toutes les sauces. Quand tu penses qu'il y a deux réponses possibles à ta question et que tu ne veux pas choisir -parce qu'après faut assumer- , tu lances un karma, exemple :
"Je suis en taverne, j'ai trop bu, je rentre à pieds. MAIS si je croise un chien noir à trois pattes avant d'arriver au prochain carrefour, je me permets d'appeler un ami. " C'est le karma fin de soirée : je me permets d'appeler un ami, de dormir à l'auberge, de me payer une catin, tout est possible.
On peut le dérouler à l'infini : il y a le karma poubelle (si une chouette entre dans mon champs de vision dans 10 secondes je sors la poubelle, sinon c'est mon ami), le karma loterie (si je vois une femme avec des bottes rouges avant ce soir, je vais gagner), le karma sutra ( rho c'est booooooooon je déconne!)

Bon bref, depuis quelques jours, mon inactivité sociale me rend un peu tabayot. En plus de faire des rêves tès bizarres, j'ai invoqué le karma plusieurs fois, sans succès. Je suis en manque totale d'inspiration et même le karma ne peut rien pour moi.
J'ai donc fait venir Georges, mon fidèle homme de compagnie, qui m'a tenu le crachoir pendant que je prenais mon bain.


Mais j'ai rêvé que j'étais enceinte quand même, ça a un sens non?
Sûrement un désir refoulé.
C'est à dire que niveau vergetures j'ai mon quota, j'arrive tout juste à pouvoir me couper les ongles des pieds sans butter sur mon ventre et mes orteils ressemblent enfin à autre chose qu'à des saucisses cocktail alors je n'pense pas nan.
M'enfin vous avez quand même les ch'veux gras et la peau brillante donc peut être que vous l'êtes vraiment.
Tu sais Georges, c'pas parce que t'as des roubignoles que t'es vraiment un homme. Et si tu veux un jour engrosser ta bougresse, j'te conseille d'éviter ce genre de commentaires.
Nan mais... Elle vous voit avec deux enfants d'plus, ma bougresse.



S'en est suivi tout un discours sur le fait que sa bougresse avait certes l'oeil droit qui disait merd' à l'autre, mais aussi et surtout qu'elle avait des dons de voyance.

Et moi, en ce moment, j'suis faible. Genre très faible. Et une femme faible, ça commence par chouiner. Puis ça mange du chocolat, de la crème glacé, ça fait voeu de chasteté, ça fait des rêves chelou et quand enfin, tout ça c'est fait, il ne reste plus qu'une chose à faire : la beuverie. Jusqu'à plus soif. Jusqu'à en dégueuler les tripes et les boyaux, jusqu'à dire que plus jamais on ne touchera une goutte d'alcool -en recommençant bien évidemment dès que notre foie nous le permet -le soir même-.
Quand je suis déprimée, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour sortir de là. Et je suis très déprimée, en plus des phases ci dessus, je m'évertue à rendre intelligent un blond, je m'occupe de l'extinction des coussins en royaume de France, bref j'ai un emploi du temps plus que chargé.
J'avais tout tenté.
Sauf la voyante.
La bougresse de Georges n'a rien compris quand elle m'a vu arriver. Elle qui pensait que je ne savais pas où était la cuisine était assez étonnée de voir que je l'avais trouvé, j'ai pris ses mains, je l'ai trainé vers une chaise, je l'ai gentiment poussé dessus, et je me suis allongée sur le canapé juste à côté. Elle m'a expliqué qu'elle était voyante, et non psy, mais j'étais mieux allongée donc on a continué comme ça. Puis elle a pris ma main...


J'allons la laver un peu, c'pas très propret tout ça!
Pardon? J'ai pris un bain y a seulement trois jours alors ça m'étonnerait!
Pour qui elle se prend?
J'voyons bien du grabuge là dedans... Z'aimez bien vous marier vous, au prix qu'ça coûte...
J'te paye pas pour commenter, tu regardes, tu parles, ça suffira.
J'allions parler! Vous allez aligner combien?
C'tait une façon d'parler...
Hmmm.... Deux enfants. Un homme. Ah, leur père! Oula... Comme vous.
Nan mais vas-y, dégueule les mots et j'f'rais des phrases hein! Comme moi, comme moi?
Comme vous. Exactement.
Beau? Cultivé? Intelligent?
Nan nan, comme vous : radin, prétentieux, narcissique
Entre nous, j'vois pas DU TOUT c'que vient faire une fleur là dedans!
Pardon?
Et Blond.
Blond? Les pires...
Faudra lui prendre ses enfants. Les protéger de Lui.
Naaaaaaaaan ?!
Si, j'vois des loups. De l'Armagnac. Je vois des remparts. Je vois des joyeux lurons. De l'alcool, beaucoup d'alcool. Et des femmes. Et des... Grand Dieu !
QUOII?
Pas n'importe quel "quoii" hein, le "quoii" qui vient du coeur, le quoi qui vous arrache des frissons avec la même ferveur qu'une vague à Hossegor qui pèterait l'attache de votre haut de maillot de bain en vous laissant à poils, ce "quoi" là, mêlé de surprise, de peur et d'un ricanement du Sans nom. Bref, j'étais suspendue à ses lèvres.
Vous le connaissez déjà, je vous ai vu! JE vous ai vu, VOUS et LUI, en train de... Z'aviez moins de rides.


J'ai pris mes cliques, mes clacs et mon clic-clac avant de me barrer. George et sa Bougresse manquent de tact.
T'façon, moi j'y crois pas aux voyantes.
Nan... Vraiment pas.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Viens chez moi, j'habite... J'habite.]



Quand tu voyages en groupe, se pose rapidement la question de l'intimité. Contrairement à ce que pensent la plupart des gens que nous croisons, non, nous ne dormons pas TOUS ensemble, et non, nous ne nous acoquinons pas non plus tous ensemble. Il y a qui tentent. Mais ils ne restent généralement pas.
Alors oui, bien sûr il y a des couples. Des couples qui durent. Mais surtout des couples qui durent pas. C'est un peu comme les Feux de l'Amour, si tu sors pas pendant trois jours, tous les acteurs sont là mais les couples ont changé, c'est un concept l'échange de conjoint.

Y a les couples ouverts ceux qui se m'amourent ouvertement. Plus ou moins mielleux d'ailleurs.
Y a les couples torturés, ceux qui peuvent pas se piffrer sauf à l'horizontale.
Y a les couples qui se déchirent, qui lavent le linge sale en public en prenant à partie le moindre pecno qui passe.
Y a les couples pas couple, qui tentent, qui espèrent mais qui restent désespérément seuls.
Y a même des couples secrets, ceux qui s'envoient en l'air et qu'on ne peut pas deviner en taverne -m'enfin c'pas complique de reconnaître les voix quand ça couine-.

Quand ça couine.

Et c'est là le problème.
A la base, il y avait une roulotte géante. Pas une roulotte de tafioles hein, le truc avec plusieurs étages, plusieurs chambres, un palace sur roues. Au moins 120 bourrins sous l'capot.
Puis Yorgos et Tina, un couple ouvert que je classerais dans les très mielleux très énervant ont décidé de faire roulotte à part.

Moi, j'étais pas trop mal lotie, j'étais toujours dans la chambre de Nathan, j'avais même accroché le dessin des fesses de Yorgos qu'il m'avait fait, histoire de me sentir plus chez moi. Mais j'avais besoin d'un petit espace à moi.

J'avais rapidement abandonné l'idée de m'acheter une roulotte parce que j'étais trop radine, de la construire parce que j'étais trop faignasse, de la faire construire parce que j'étais trop impatiente, de l'acheter d'occasion parce que j'étais trop riche pour ça.



Et un jour, alors que j'étais tranquillement posée sur les chiottes, que j'aspirais à un minimum de calme et de sérénité pour pouvoir expulser ma crotasse de la semaine, alors même que j'avais préparé un petit nid douillet de papier triple épaisseur pour éviter que le plouf salvateur ne réveille l'assemblée, je me suis sentie bien.
Même sans avoir déféquer, je me sentais bien. J'étais à ma place. J'ai ressenti un petit vent frais -qui je l'avoue, était bienvenue quand la bouse fût venue- et je me suis sentie comme...
Comme un petit asticot qui aurait trouvé une bonne cerise bien mûre, comme une rondelle de cornichon sur une tartine de pâté, comme un nichon dans les mains de Jutta. J'étais bien.

Et c'était là que se jouait mon avenir. Ici, dans ces chiottes. C'est ICI et nulle part d'autre que je ferais ma maison.
C'est aussi le seul endroit où on est seul, ça aide un peu.

Rapidement j'avais inventé le lit parfait, suspendu et caché au dessus de CES chiottes.

Restait encore à trouver un moyen pour éviter les mauvaises odeurs, les entrées et sorties intempestives de MA chambre et surtout des rangements mais pour ça, j'avais la solution.

C'est décidé. Dans une semaine, je m'y installe à temps complet.

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Andrea_
[ Et pourquoi?]


Et pourquoi?
Cette question que les enfants de trois ont en bouche du matin au soir.
Ah il fait beau aujourd'hui... Pourquoi?
Parce que le ciel est bleu. Oui mais pourquoi?
Parce qu'il n'y a pas de nuage. Ah, et pourquoi y a pas de nuage?
Parce qu'il y a du vent? Et pourquoi?
Parce qu'il y a un afflux d'air nord- nord est et... PARCE QUEEE!

"Parce que", c'est une réponse simple. Si tu la sors sur un ton suffisament décidé, ça ferme le caquet de celui qui pose la question.

Moi, je m'étais préparée à cette réponse.
Je le connais bien ce garçon. On se côtoie depuis plusieurs semaines, peut être plusieurs mois. Rien de bien croustillant entre nous, on se charrie -preuve qu'on s'aime bien-, on se chamaille, on se bagarre parfois, mais allez savoir pourquoi jusqu'à maintenant nous évitions soigneusement de parler de notre passé. Peut être par fierté. Par honte. Par pudeur. Mais en aucun cas parce que ça ne nous interressait pas. Peut être que rien ne nous y obligeait et qu'on se satisfaisait des rares moments que la vie nous offrait pour les transformer en de bons souvenirs, plutôt que de les gâcher à essuyer nos larmes au coin du feu, surtout si ces révélations nous rendaient fragiles aux yeux de l'autre.

Et puis le temps est venu. C'était pas le temps des cathédrales*, c'était le temps où j'avais besoin de lui, parce qu'il a un don dont j'avais particulièrement besoin -et qui n'avait aucun rapport avec celui de faire jouir les filles, don qu'il avait aussi si j'en croyais mes oreilles-. Mais ça ne vous regarde pas, du moins pas encore.
De fil en aiguille, j'ai senti que ça nous échappait. Et j'ai demandé, mais pourquoi?
Mais pourquoi, alors que dans le passé, j'avais été une sorte de miel que les abeilles s'arrachaient, j'étais devenue aujourd'hui celui que l'on regardait sans oser y tremper les doigts -hinhin-.
Je l'attendais le " parce que". Parce que ça aurait été plus simple pour tout le monde. Pour lui car il aurait gagné en salive et en temps. Pour moi, car j'avais posé la question sans vouloir entendre la réponse.
Il m'a demandé s'il pouvait être honnête, j'ai répondu "oui". Je crois que ma voix était assurée, ques mes yeux le suppliaient de ne rien dire qui pourrait encore plus froisser mon "moi" intérieur et toute mon âme me disait que cette fois c'était la bonne, j'allais en prendre plein les dents.


Franchement... t'es une femme magnifique. Je veux dire physiquement t'es a faire bander un mort. Mais tu écrases tout sur ton passage... un homme avec toi sera relegué au rang de troisième rôle. Le premier, ta grande gueule. Le deuxième, ton corps. Le troisième et plus insignifiant, la personne a tes cotés.
T'es une montagne sacrée.
Si moi, grand queutard que je suis, je couchais avec toi... alors que j'ai couché avec pleins d'autres déjà, en les repoussant pour passer a autre chose,... si moi je couchais avec toi... je suis pas sur que j'en sortirais indeme.
Je crois qu'aucun homme te satisfera sur le long terme... et les hommes le sentent.
Je sens qu'une nuit avec toi serait... y a pas de mot.
Je sens qu'en j'en voudrais plus. Et que toi tu passerais a autre chose.



C'était... C'était un doux mélange. Entre la claque et la caresse. Le soulagement et la déception. Le chaud et le froid. Tout ça en même temps.
Je me suis rendue compte qu'à tout cacher, tout le temps, les gens ne vous connaissent pas. Qu'ils ne cherchent pas à le faire, qu'ils se satisfont d'un corps, d'une paire de nichons, qu'ils regardent sans se soucier de savoir si on les laisserait toucher ou non. Qu'à aucun moment ils ne se disent qu'il suffirait simplement de porter bien haut sa paire de roubignoles pour percer à jour la Femme. Qu'ils se satisfont d'une femme qui dit ce qu'elle pense sans penser une seule seconde que sous ses grands airs, sous sa grande gueule comme il dit, il y a un infini besoin de tendresse et d'Amour, que sous la carapace, il reste sûrement encore une partie de Femme qui ne demande qu'à vivre à nouveau le grand Amour, celui qui dure, celui qui prend aux tripes.

Peut être que cet Amour bât, sous cette fichue carapace.


Mais ils ne sauront pas.


Car ils ne savent pas.
Et qu'ils ne cherchent pas à savoir.



*" Il est venu le temps des cathédraaaaaaleeeeeeeeees, lalalalala" d'une comédie musciale année 90. Ou 2000.

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[Toi, Moi, et le traversin.]




Avant, je détestais le dimanche soir. Je n'étais pas la seule. On les voit, les déprimés chroniques de fin d'week, ils sont là, au bar, les yeux dans l'vent, le verre à moitié vide. Ça se regarde en chien de Fayence, sans oser parler, des fois qu'en causant le temps passerait plus vite. Ça regarde l'heure qu'il est, pour pas rentrer trop tard, tu sais bien " demain j'me lève". Y a toujours l'bouseux qui s'amène la fleur au bec et qui ose une tournée générale en balançant son traditionnel " haut les coeurs, vendredi c'est bientôt!". Parce que ouai, y a des gens qui bossent que 5 jours dans la semaine.
J'sais pas où va l'économie d'ce royaume mais à cette allure là, bientôt on sera même payé à rester chez nous cinq semaines par an. Pauvre France.

Mais ça, c'était avant.
Maintenant, plus de déprime pour moi. Peut être parce que je n'ai jamais travaillé de ma vie, les rentes de mes terres me rapportant assez pour vivre confortablement.
Mais surtout parce que ma vie a pris un tournant des plus déroutants.

Le truc qui ne t'arrive qu'une fois dans ta vie. Le truc que tu n'espérais même pas puisque tu ne savais pas qu'il existait. Le genre de chose qui remet vraiment en question les fondements même de ta vie. Sois patient, tu sauras bientôt de quoi je parle, alors tu comprendras que toi, tu ne connais pas, et donc que ta vie est pourrie, mais sois content pour moi un peu.

Dimanche dernier, j'étais au bout de ma vie, lundi matin, j'en recommençais une nouvelle. Paf, comme ça. Enfin ça a été un peu plus compliqué que ça bien que "compliqué" ne soit pas le mot adéquate.

L'autre soir donc, j'agonisais dans le lit 5XL de Nathan. Le genre de lit où tu loges à dix sans problème. Pour tout vous dire on dormait déjà à trois : Lui, Moi, et le traversin qui était chaque soir, méthodiquement calé entre nos deux corps pour être sûr qu'aucune partie du corps de l'un n'effleure une infime partie du corps de l'autre.

Pour ce traversin, j'ai tout tenté, mais Nathan est un être redoutable, dont le destin est, coûte que coûte, de défendre sa moitié du lit, une sorte de chevalier des oreillers, le protecteur du Saint Traversin. Le cap'taine Coussin avec son armée d'oreillers de tous horizons. Nathan les protégeait tous, même les dégonflés. Même les moches.
J'ai caché le traversin, il l'a trouvé. Je l'ai explosé, il en a trouvé un autre. J'ai retiré un peu de rembourrage, en me disant que si je le faisais un peu chaque jour, il serait bientôt plat, mais Nathan oeil de Lynx le voyait et regonflait le truc. Je l'ai supplié de l'enlever, il m'a envoyé me faire foutre.
Je crois même qu'il a un radar caché quelque part, car même lorsqu'en dormant -ou faisait semblant- je bousculais le traversin, Nathan irrémédiablement le remettait à la même place. Un soir, je l'ai soupçonné d'avoir fait une marque, et j'ai fait un triste constat : il était cousu au drap du dessous. Shit. J'ai été obligée de changer les draps, c'qui faut pas faire pour espérer un câlin!


Et puis il aura suffit que je demande, poliment, en mode affamée. C'était un truc du genre " nan mais allez quoi, j'te demande pas de m'épouser, juste de me donner 3 minutes de plaisir!".
Et puis il a dit oui. Bon il a pas dit " Oui", parce que c'est Nathan et qu'il ne se contentera jamais de dire "oui", Nathan c'est l'genre de mec qui n'peut pas s'empêcher de rajouter des conditions, des cadres, des menaces, des codes rouges, des limites à ne pas franchir, mais dans l'ensemble, ça voulait dire oui.
Et il n'a même pas râlé sur les trois minutes.


Il m'a simplement montré.
Que ça ne durait pas trois minutes.
Que tout ce que j'avais connu jusque là n'était que du pipi de chat, n'était qu'un aperçu de ce que pouvait être une étreinte, une vraie.
Une étreinte où l'on transpire, où l'on effleure, où l'on mord. Une étreinte tantôt glaciale, tantôt brûlante.
Une étreinte qui laisse pantois, sans voix. Une sorte de buffet à volonté où tu sors complètement repu. De la nourriture chinoise, le truc addictif, pire que les chips, c'était... du Nathan. Du Nathan en barre. D'la barre de Nathan.

J'vous épargne les détails, les frissons, les soupirs, tout ça, je vous épargne.
La seule chose que je peux vous dire, c'est qu'à peine la respiration calmée, il a remis le coussin.

Mais j'ai pas dit mon dernier mot.

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[Voyages voyages]


Put*ain de voyage.
J'en ai fait des voyages, croyez moi, j'en ai fait. Des petits des grands, seule, en couple, en groupe. Avec escorte, sans escorte, en tant qu'escorteur ou escortée. En armée, en groupe, à cheval, à poney, à dos d'âne ou à côté. Pour brigander ou se faire brigander. Par plaisir, besoin ou obligation. Sous la pluie, la neige, le vent, le soleil, le jour, la nuit. En roulotte, sans roulotte... J'ai arpenté le royaume tout entier. Le royaume, les empires, et même l'espagne.
Mais celui ci, je crois que c'est le plus éprouvant de tous.

Voyager à seize, c'est quinze personnes à supporter. Quinze, plus les enfants, les animaux.
Seize personnes, c'est autant de caractères différents, ce sont des soucis multipliés par seize.
Seize, c'est deux tavernes et demi.

Seize, c'est trente deux épis de maïs, seize miches de pains, autant de fruits, dix livres de viande et quinze litres de bière par jour.
Seize, c'est un brouhaha incessant de "je t'aime moi non plus", de " j'te déteste", de "je t'aiiiiimmmeeee reviens". Seize, c'est potentiellement huit ruptures par jour, autant de chagrins d'amour, et une infinie probabilités de couple qui s'ignorent encore. Certaines personnes l'ont bien compris et tentent coûte que coûte d'essayer toutes les possibilités qui s'offrent à eux, j'aime autant vous dire que concernant ces énergumènes, il est facile de les reconnaitre puisqu'ils ont une démarche de cow-boy.

En bref et sans images :
Enolia est devenue un petit démon. Du haut de ses 11 ans, elle a décrété qu'elle en avait 16 et qu'elle pouvait donc épouser Nathan -MON Nathan-.
Nathan s'est lancé dans le commerce d'herbes à fumer, avec Enolia.
Beren veut tuer Nathan pour pas qu'il l'incite à faire de vilaines choses. Beren il a ce petit quelque chose qui me fait fondre. Nous parlons beaucoup, souvent, mais je ne peux pas dire ici ce que nous échangeons, on n'sait jamais.
Sianne pète plus haut qu'elle n'a le cul et je crains qu'elle ne soit atteinte d'une chiasse monumentale pour dire autant de merd'. Une diarrhée verbale qu'elle a, mais ce n'est pas de sa faute, elle doit avoir le diable dans le cul. Ah j'oubliais, j'peux pas, mais vraiment pas la blairer, c'est peut être aussi parce qu'elle va se marier avec Beren.

Yorgos et Tina sont toujours aussi amoureux. C'est terriblement déprimant. Et beau à la fois. Pas aussi beau que les seins de Tina quand même. Il a de la chance Yorgos, j'me demande s'il les tête parfois...
Aiden échange des réglisses contre des baisers. Si on lui roule une pelle, on en a un grand. J'aime pas le réglisse, dommage.
Cookie est toujours à l'Ouest, il vend de la drogue Cookie. Mais je crois qu'il en consomme aussi. Beaucoup plus qu'il n'en vend.

J'vous épargne les autres, c'est tout aussi éclectique.
Quand on est seize, il y a ceux qui s'affirment et ceux qui restent en retrait. Quand on est seize, il y a quinze "eux" et un "moi". Et quand le "moi" demande un LP pour éviter de se faire poutrer, c'est l'identité des "eux" qui est demandé.
Vous avez déjà essayé de demander SEIZE Laisser-passer dans un pays en guerre? Non? Vraiment vous devriez essayer, ça les fait beaucoup rire. Y en a certains que ça rend vraiment pas commode -ni armoire-, du genre que même le simple fait de demander un LP ils ont l'impression que tu les pilles. Perso, j'ai eu affaire à un certain Romain dont les chevilles ne doivent pas rentrer dans les bottes, c'est dingue mec je t'avais envoyé un pigeon avec des dents? Il a pillé ta boite aux lettres ça se passe comment?

Voyager à seize, c'est vraiment pas simple.
Du coup, quand j'ai appris qu'on en attendait dix de plus, j'ai tout de suite fait porter un message aux quatre coins du royaume, pour ma survie, vous comprenez.



Attendu que la vie de groupe me file un urticaire géant et que j'en ai assez de me réveiller avec les doigts qui puent,
Attendu qu'il fait très chaud dans la roulotte collective et que je n'ai aps réussi à m'en construire une nouvelle,
Attendu que TOUS les hommes du groupe sont sous la croupe des harpiEs du groupe pré-cités,
Attendu que nous sommes en chiffre paire mais qu'il y a un enfant parmis nous,
Attendu, donc, que je suis seule et que personne ne peut me construire une roulotte,
Attendu que je commence à devenir folle au point de penser investir la grotte de Mr Groard,

Je demande à toute personne ayant :
- soit une roulotte,
- soit une chambre libre,
Si ces personnes n'ont ni enfants, ni chiens, ni belle mère. Si par hasard, cette personne est un homme, barbu, et porte une chemise à carreaux, dont le passe temps favori est de couper du bois,
De bien vouloir me faire parvenir un pigeon.

Votre prix sera le mien.

Andrea.

PS ; si vous êtes une vieille femme qui veut tester ses remèdes ou potions, je prends aussi.


C'pas que je sois désespérée hein.
Mais quand même, Seize, c'est beaucoup.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Repas de famille.]



Si y a bien UN moment dans l'année que je déteste, c'est celui du repas de famille.
Le redouté "repas de famille". Celui que tout le monde appréhende avec plus ou moins de stress. Une légende raconte que dans une famille, tout le monde s'entend à merveilles. Il parait même que certains vivent tous ensemble sous le même toit. M'enfin si on prend le côté Aristotémachin de la chose, on vit tous sous les mêmes cieux, ça doit être une "image", pas possible autrement. A moins que ça soit du toit d'un caveau qu'il parle.

Ma famille, mon fardeau, ce repas, mon supplice.


Faut bien comprendre que si dans certaines familles les repas sont "à la Bonne Franquette", ce n'est pas le cas chez Nous.
Déjà parce qu'on ne connait pas de Franquette, mais aussi parce qu'on a un cuisinier. Surtout parce qu'on l'a d'ailleurs. Généralement c'est le seul jour de l'année où la Mamma met son tablier et met les pieds dans la cuisine. Pour fêter ça El Padre fait la même chose et entre dans le territoire interdit et pique ça et là divers nourritures : bouts de viande, raisin et tarte aux pommes se côtoient donc joyeusement dans son bec.
Dans mon cas ce ne sont pas mes parents mais c'est tout comme.

Comme d'habitude je ne devrais rien amener mais j'aurais reçu un pigeon express à dix minutes du repas pour savoir si je pouvais prendre du pain. Je dirais oui mais ça me gavera, comme d'habitude. Je me demanderais combien on est, j'en prendrais dix fois trop.
Je serais accueilli par les gosses qui seront déjà en train de se battre pour savoir "qui est le chef", j'en collerais une au chien parce qu'il salira ma jolie robe, celle que j'aurais mis deux heures à choisir. Puis viendra la soeur, le frère, l'oncle et le cousin.

La soeur me fera gentiment remarqué que j'ai grossi, alors qu'elle même arborera un décolleté bien fourni au dessus d'une paire de hanches honteusement fine. L'oncle déjà bourré me dira que j'suis en retard et tentera la main aux fesses. Le frère ruinera ma coiffure en trente sept secondes s'il est heureux, trois minutes quinze s'il est en déprime. Le cousin casse bonbon me collera au derche en tentant éventuellement de m'escroquer quelques écus.

Dans ce genre de repas, tu as TOUJOURS celle qui tente de te faire passer une enveloppe à l'abris du regard des autres, alors que tout le monde sait qu'on l'aura tous notre enveloppe et qu'on aura TOUS le MÊME contenu. C'est généralement la même qui te resservira 3 fois en se demandant après pourquoi tu ne prends pas une autre part de gâteau.
Y a TOUJOURS, le fouteur de merd'. C'est celui qui sait pertinemment qu'il y a des sujets à éviter et qui pourtant, chaque année, s'obstine à le remette sur le tapis en sachant, que comme chaque année, ça va partir en live et que, comme toujours, cousine machin ira bouder un peu plus loin, et que cousin truc ira la consoler et que ça créé des clans, et que ça détruit l'ambiance, et que c'est ça le pire dans ce genre de repas.
Y a le stressé de la vie, qui regarde tout le temps sa pendule et que tu rêves de lui dire : que oui c'est long, oui c'est chiant, mais qu'on est tous dans la même caquita et que s'il pouvait arrêté de regarder le temps qui passe, peut être qu'il passerait plus vite. Nom d'une pipe.
Y a les gosses. Ceux là vaut mieux les avoir dans la poche. Quand un gamin t'aime, il te porte des petits fours, il va te chercher à boire et surtout, il te fout la paix. Quand t'es pas de leur côté, les gosses, ils peuvent être super sadique. Un gosse, ça bouffe rien à table, mais quand c'est l'heure de l'apéro, ça ruine un buffet pour 15 personnes en deux minutes. Ils sont organisés, ils font des pactes, d'ailleurs c'pour ça qu'ils sont dans leur coin. Ils mettent au point des plans de dingues, ils se faufilent, prennent une cacahuète, une chips, un petit bâtonnet de fromage, et le temps que tu te dises " eh bin, ils ont faim ces enfants", bin le buffet est vide et ils sont repartis jouer. C'est vicieux un gosse.

Y a les vieux. Qui boivent beaucoup trop. Y a ceux qui tiennent, c'sont des habitués on les reconnaît à la fraise qu'ils ont à la place du pif, c't'à peine si on voit le petit tremblement. Ils parlent peu, et heureusement, car c'est généralement pour 1) ruiner les jeunes 2)faire des blagues salaces 3) demander à être resservi. Y a ceux qui tiennent pas. Mais comme ils sont vieux on n'remarque même pas qu'ils font la sieste entre deux plats. Sauf s'ils ronflent, mais ça...

Y a les brigands, ceux de la pire espèce. Ceux qui volent leur propre famille. C'est simple, moi, aux repas de famille, j'y vais sans un rond. J'ai tellement confiance en eux que j'prends même pas d'veste tellement j'ai peur qu'on me la vole. Y en a qui piquent dans les sacs ! Le cousin P*** -il préfère garder l'anonymat-, il vendrait sa mère. Il le porte sur lui en plus, quand il arrive, c'est les mains vides, et quand on lui d'mande pourquoi, il dit qu'"y a toujours des restes". Il est bien content de les ramener les restes, c'toujours lui qui prend le pain en trop! La prochaine fois, j'en prendrais moins.


Sans parler des gens, y a un autre fardeau : le blagueur.
LE gros lourd de service. Généralement, c'est un pince sans rire, la moindre phrase, la moindre allusion, le moindre jeu de mots possible, il le sort, d'ailleurs quand ta soeur te dit que tu as pris du cul, celui ci ajoute " par contre toujours rien dans la tête", ça met dans l'ambiance. Bonne nouvelle, il va dormir avant le dessert. Mauvaise nouvelle : la qualité des blagues sera inversement proportionnel au nombre de verres bus. Autre mauvaise nouvelle : le dessert sera pas avant 17h.

Faut avouer que c'est le repas qui duuure. Qui duuure vraiment. T'a le temps d'aller quinze fois aux toilettes et quand tu reviens, même si tu as pris le temps de fumer une pipe de chanvre -pour supporter- tu loupes rien, la conversation n'a pas avancé : le lourdeau ricane, le soulain n'est pas d'accord avec la pisseuse qui a les larmes aux yeux.
Parce que oui, tu fumes dans les toilettes. C'est pratique, c'est au fond du jardin, t'as le temps de prendre l'air et surtout tu es loin de l'Ainée -celle qui donne des ronds-. Entre le fromage et le dessert se forme habituellement un attroupement de jeunes : ceux qui ne sont plus enfant et pas encore vieux.
On parle les uns sur les autres, puis quand les gens tournent, on change de cible, on s'adapte quoi. On fait les faux culs. On joue à la famille, entre adultes.


A la fin du repas, les plus chanceux qui ont des enfants prétexteront qu'ils sont fatigués, toi, tu attendras le bon moment pour partir, en priant pour ne pas être le dernier : ça rend les hôtes nostalgiques et tu passes deux heures à parler dans le froid avant de partir alors que t'avais rien à leur dire de la journée.
On se promettra tous qu'il faut VRAIMENT qu'on fasse ça plus souvent en sachant que PERSONNE ne le veut vraiment.


J'adore les repas de famille. C't'un peu comme une kermesse géante sauf qu'on se déteste et que c'est avec un lots d'emmer*des qu'on repart*



* Merci Jd Marc

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Elle]


J'ai plus la moëlle. J'ai perdu goût à la vie. Je me suis perdue.
C'est cyclique, ça part et ça vient. Je me dis chaque fois que ça va passer, et chaque fois ça passe. Mais ça ne passera pas cette fois. Je trimbale ma carcasse de villes en villes en espérant trouver la petite étincelle qui me remettra les idées en place.

J'ai besoin d'Amour pour vivre. J'ai besoin de Haine. D'une côte de boeuf, d'un verre de vin. D'un baquet d'eau chaude aussi, mais moins souvent que la bière.

Quand ça ne va pas, j'ai la fâcheuse tendance à faire le tour de ma vie, mais ce sont les mauvais souvenirs qui priment. Je pense à tous les gens qui sont entrés dans ma vie, la force des liens qui nous unissaient. Quels qu'étaient les sentiments qui nous liaient, je les vivais avec une intensité qui dépassait tout, j'ai toujours cru que ces liens là étaient indéfectibles. Que rien ne pourraient jamais nous séparer, ni la distance, ni les autres. Aujourd'hui je sais que c'est la relation elle même qui nous a tué.
Il y a eu Vashy. Ambly. Louis. Astana. Alzin. Lestat. Il y a eu Ddodie. Nicolas. Natale. Yohanna et Marc. Il a toutes ces amitiés que le temps a effacé, toutes ces histoires d'Amour enterrées, la mort qui fauche, la fierté qui blesse, l'orgueil qui ne guérit pas.


Yohanna. C'était ma moitié. C'était un moi qui ne m'arrivait pas à la cheville que pourtant j'avais en adoration. Je ne lui ai jamais dit, je suppose qu'elle ne le saura jamais. J'aimais sa manière d'improviser en toutes circonstances, sa manière nonchalante de se ramener à un pique nique où elle n'est pas invitée. J'aimais sa manière d'attendrir les gens, de se moquer d'eux. J'aimais sa manière de s'approprier, les choses et les gens, la bouffe et la boisson, les animaux, les idées, les maris aussi. Oui elle m'a piqué Marc. Oui ça a duré plus d'une nuit, je le sais, Marc a avoué.
Elle vaut mieux que ça. Elle vaut plus qu'un mariage qui battait de l'aile, elle vaut plus qu'un puta*n d'égo, que mon puta*in d'égo. Je pensais seulement que je valais plus que le sien, que je méritais un pardon.

Juste un pardon.
Pour la paix de mon âme. Qu'elle mette un terme à notre amitié si elle le souhaite, mais qu'elle libère ma conscience. Qu'elle s'excuse. Pour Marc, pour Moi. De m'avoir laissé partir sans essayer de me retenir. De m'avoir piqué mon Mari, celui que j'avais trainé dans tout l'royaume pendant deux ans et demi.
Bien sûr j'aimerais lui refaire le portrait. Je ne cracherais pas sur l'idée de lui dérouler mon poing dans les ratiches. J'ai grave envie de la scalper. Je parle même pas de tout ce que j'aimerais lui mettre l'fion pour lui faire comprendre qu'elle a poussé l'bouchon un peu loin.

Juste un pardon.
Qu'elle me montre que notre amitié n'était pas que du vent. Que la fierté, l'égo, les hommes, ne sont rien comparés à nous.
Juste un pardon qui voudrait dire tellement plus, et particulièrement : pardonne moi, d'avoir un jour remis en cause notre amitié.
Et si les mots ne peuvent sortir de sa bouche, alors qu'elle me sert. Qu'elle me sert fort...

Oh ma H, j'ai tellement de choses à te dire...

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Erreur 404. Not Found.]



Voilà, c'est fini.
J'avais ce besoin quasi vital de mettre des mots sur mes maux. Ce besoin impérial d'assumer ce que me dictait mon coeur, qui, pour une fois, était au diapason avec ma raison.

Je n'oublie pas. Je ne le souhaite pas, je ne veux pas effacer cette partie de ma vie, je ne veux pas oublier deux ans et demi de mon existence.
J'arrête de compter. Les engueulades, les journées loin de lui, les jours à l'attendre et le degré de jalousie.
J'arrête.





*La missive est enroulée, entourée d''un ruban rouge sang. Le papier est épais, l'écriture soignée et aérienne. Aucune tâche, aucune râture, seuls les mots ornent le papier.*

Marc,
On s'est menti. J'ai trop de respect pour te dire que l'on se ment depuis le premier jour, mais nous ne pouvons pas continuer éternellement, alors disons que cela fait longtemps.

Mon Amour s'est enfui. Il y a bien longtemps qu'il s'est fait la malle. Pour la première fois de ma vie, il n'est pas allé se poser sur un autre, il s'est juste évaporé, laissant mon coeur se reposer un peu et mes yeux secs.
Je ne pleure pas, je ne suis pas triste. Mon seul regret sera seulement de ne pas l'avoir fait plus tôt. De t'avoir fait traverser la moitié du royaume, plusieurs fois, dans l'unique but de t'avoir près de moi.

Rien n'a changé Marc. Rien. J'aime toujours autant ta présence, j'aime te savoir près de moi, j'aime épencher mes malheurs sur ton épaule, j'aime me moucher dans ta chemise et j'aime quand ton pouce sur ma joue essuie quelques larmes. Je crois, sans me tromper, que ma vie ne serait pas la même si je ne t'avais pas rencontré. Il se peut que l'un comme l'autre soyons perdu au creux d'un monastère.

Tu étais en colère après moi, lors de nos retrouvailles. Ma dernière lettre t'avait laissé un goût amer et je suis au regret de t'annoncer que malheureusement celle ci, en substance, dira la même chose.
Tu as été là pour Moi, comme je l'ai été pour Toi. Je sais que tu seras toujours là pour Moi, et l'inverse est vrai aussi. Seulement c'est fini.

Je ne suis plus ta Femme Marc. Je ne le serais plus jamais. Je n'ai ni colère, ni amertume, ni tristesse lorsque ton nom est évoqué. Je ne sers plus des dents, je ne grogne plus. Tu me manques Marc, mais pas comme un mari manque à sa femme.
Je ne devrais pas te souhaiter le meilleur, pourtant je me surprends à te chercher une épouse. A chercher celle qui me remplacera, et à prier pour que celle ci soit Yohanna. Cela peut paraitre cliché, mais je veux ton bonheur, et je ne suis plus en mesure de te le donner.

Je ne t'aime plus. Je le sais depuis longtemps, bien trop longtemps. Et je ne veux plus vivre cette vie, je ne veux plus faire semblant, je ne veux plus continuer de croire à la vie quand tout me rappelle la mort. Je ne veux plus de cet anneau à mon doigt, je ne veux plus de ton nom accolé au mien, je ne veux plus.


Je reprends ma liberté,
Et je te rends la tienne.

D.




L'anneau rejoint les deux autres, sur la chaîne d'or qui pend toujours à mon cou. Jamais deux sans trois, la boucle est bouclée.
Il n'y aura pas de quatrième. Que Déos me préserve.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Cher journal,


Voilà de nombreux jours que je n'ai pas écrit. Non pas que je n'en avais pas l'envie seulement vois-tu, j'ai une vie, et les journées ne comptent pas assez d'heures.
Ma vie a pris un virage, pas un virage d'invertis hein, un put*ain de virage, presqu'un demi tour, mais sur un autre chemin. Si on continue dans la métaphore je dirais que je quitte un champs de lavande pour rejoindre une route pavée de ronces avec de profonds fossés de chaque côté, des sangliers sauvages, des chauve-souris grandes comme des ânes et aucun mâle à l'horizon. L'enfer sur terre.

Mon Oncle dans son immense gentillesse, a pris le temps, alors qu'il agonisait sur son lit de mort, d'avoir une pensée à mon égard. Il aurait pu décider de m'offrir tout son or, toutes ses demeures voir même de me coller son plus jeune enfant dans les pattes mais non, Tonton Chéri a décrété qu'il allait me vendre à un couillon de Tribun qui, en plus d'être un couillon coincé et un tribun, vit... en Bourgogne.

Autant je suis pas contre les voyages, autant la Bourgogne, c'est un peu pousser le bouchon dans le cul de mémé dans les orties. Déjà parce que c'est plein de Bourguignons, qui dit bourguignon dit : choc culturel profond, niveau d'intelligence ras les pâquerettes et bastons en taverne -seul point positif-.
Qui dit bourgogne dit : escargots. J'suis pas contre manger les animaux, mais ça, c'est le genre de truc qui te retourne le bide et qui te file la chiasse pendant deux semaines. Et puis les cornes, j'ai déjà donné merci.

En parlant de cornes, et vu que le fameux Tribun qui répond au doux nom de Kelmet a décidé de me remettre dans le droit chemin, de la vertu et du savoir, j'ai commencé à expier mes fautes. Du coup, j'ai pris mes bagages, ma fille et mon homme de main pour aller à Orthez pour... voter pour Marc. Il veut devenir maire, reconversion totale. Alors j'ai pris un cheval, parce que dans ce royaume, quand t'as un cheval, il a droit de voter et donc ça fait deux voix. On l'a joué à shifumi pour savoir pour qui on allait voter, et comme c'est le cheval qui a gagné, on a voté pour Marc donc. J'espère que ça suffira pour lui montrer que je lui ai pardonné.
Enfin quand j'y pense, il est bien mignon le Kelmet, mais espérer faire de moi une Dame parfaite, qui s'intéresse à la politique, à la cuisine et au ménage. Qui sait tricoter et qui va à la messe, c'pas pour demain.



Depuis, j'ai repris la route. Depuis quelques jours je chéris un doux secret. Même à toi, journal, je n'ai pas envie d'en dire beaucoup plus. Sache juste que contrairement à ce que l'on pense, il ne suffit pas de se mettre des ch'nilles dans l'fion pour avoir des papillons dans le ventre. Tu serais étonné, Journal, de l'identité du coupable. Je n'avais jamais, depuis mon tendre Ddodie, ne serait-ce qu'imaginé ressentir ça à nouveau. De vieux souvenirs refont surface, de vieux rêves, et... et ça fait du bien.
Je crois qu'après avoir cherché mon égal au masculin depuis des années, j'en avais oublié que les opposés s'attiraient, que la complémentarité était essentielle, je l'ai compris de la plus douce des manières.
Oh je te vois venir Journal, tu te gausses d'avance de me voir mordre la poussière, mais je te dirais que cette fois encore, je n'en ai cure. J'ai compris désormais qu'il fallait prendre la vie comme elle venait, et puisque cette con*ne m'a habituée aux miettes de bonheur depuis pas mal de temps, je prendrais carrément mon pied avec cette tranche de pain.

    Au creux de mes reins glisse une note de parfum,
    Alors ce jour je m'en remets au destin,
    Talonnant la bourrique le long des chemins,
    Qu'enfin à son bras je puisse poser ma main.




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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
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