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[RP] Journal d'une chiasse en goguette

Andrea_
Andrea, il faut qu'on parle.
C'est comme ça qu'il avait attiré mon attention le Georges. C'est simple, quand une discussion commence comme ça, ça ne sent pas bon. Quand c'est une femme, déjà, c'est flippant, mais quand c'est un homme, c'est que vraiment y a un souci. Quand c'est une femme encore, on peut se dire qu'elle a un pet de travers, et puis c'est assez habituel donc ça passe crème.
Mais là, c'était un homme, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Georges. Georges, je le paye, enfin je le paye pas mais il est à mes ordres donc c'est d'autant plus flippant qu'il a toujours su que s'il me quittait un jour, ça serait pour bouffer les pissenlits par la racine.
Dans ces moments là, faut faire ce que fait tout petit chien qui vient de bouffer vos godasses -ou de pisser dedans- et que vous tentez d'intimidé à grands coups " qu'est ce t'as fait?". Je me suis assise -mais pas sur le sol hein- et j'ai baissé les oreilles vers l'arrière et surtout, surtout, j'lui ai balancé LE regard de chien battu pas encore battu mais qui a peur de se prendre la branlée de sa vie.



Oui, je sais. Je suis désolée. Il faut TOUJOURS avouer. Et si vous n'avez rien à avouer, avouez quand même, y a forcément un petit truc qui a cloché un jour, faut prêcher le faux pour savoir le vrai.

C'est vrai que je suis allée un peu loin.
Ce n'est rien de le dire.
Je n'aurais pas du.
Et donc que faisons nous maintenant?
La paix sûrement.
Ça ne va pas suffir.
Je vous promets de ne plus le refaire.
Mais encore?
Ecoute Georges, j'aurais pas du mettre du charbon sur le bout des manches de toutes tes chemises, et encore moins dans les cols, c'est vrai que sans miroir, tu ne pouvais pas le deviner. Tu as eu l'air con pendant des jours, pardon.
Mais je... du charbon? Je ne parlais pas de ça!
C'est pour le piment dans les croissants? Avoue que ça ressemblait à des framboises!
Andrea...
Quand j'ai pissé dans ta gourde? Mais c'était pas l'urine du matin!
Vous me tuerez... Cherchez encore.
Le colorant qui fait pisser bleu? Non? Heu... la viande séché qui était en fait une semelle de cuir? Le faux serpent dans votre couche? Non, toujours pas? Là je sèche...
Comme je suppose qu'il y en a encore beaucoup, je vous donne un indice : c'est juste devant vous.
Le fait que je vous laisse vivre à mes frais alors qu'avec votre face vous ne méritez que d'être enfermé dans un monastère? En solution de replis, quand vous voyez que ça ne mène à rien : tentez l'insulte.
La charrette Andrea, la charrette est PLEINE.

OH pardonnez moi d'avoir une fille et quelques vêtements Georges! Faites l'offusquée, ça passe encore mieux.
Je ne parle de Victoire et étonnament pas non plus de vos deux malles de chaussures, et des cinq autres qui contiennent uniquement VOS vêtements alors que ceux de Victoire et les miens logent dans un vulgaire sac. Je parle de ça! Et ça! Et ça! ET... Mais qu'est ce que...ANDREA !

Des réserves.
Des réserves? Mais ce n'sont pas des RESERVES ça, c'est la réserve de toute une ville en état de siège. Y a de quoi nourrir Toulouse pendant au moins Six mois! C'est là qu'il faut reprendre le petit visage, souvenez vous, le petit clébard.
Mais...
Mais QUOI! Il est vénère le pauvre, on le pardonne. Mais mince, c'pas comme si c'était lui qui tirait la charrette!
Six mois vous en rajoutez...
Andrea... Douze livres de saucisses, sept jambons, des livres et des livres de fruits, légumes et autre nourriture pour femme. Des dizaines de paquets de viande séchée, quinze bouteilles de lait...
POpopo!
POpopo rien du tout, ça suffit. J'ai pas encore parlé des caramels, sucettes, bonbons en tout genre et biscuits. On a tous les parfums Andrea, TOUS !
Mais...Mais Georges, j'suis bien trop radine pour que ça soit moi!
J'me disais que ce qu'on avait le moins, c'était le vin, ça m'étonnait aussi...
VICTOIRE!
Vous pensez que c'est Elle qui...
Je pense surtout que vous vous êtes trompé de charrette et qu'on a celle d'un marchand! Retrouvez là!! Vite!


Rassurez vous, Victoire, je sais où elle est. J'suis pas du genre à la laisser sans surveillance. Je l'avais laissé chez le boucher, c'est qu'en achetant la viande séchée je n'avais pas l'appoint alors je l'avais laissée en gage. Mais j'vais aller la chercher.
Georges sera tellement content de la retrouver qu'il oubliera un instant le chargement de la charrette...
Cahors Cahors, deux jours de répits.

Retenez bien la leçon, quoiqu'il se passe, quand l'ennemi commence sa phrase par " il faut qu'on parle" : fuyez.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Si je recroisais un ami, n'importe lequel, je crois qu'il éclaterait de rire. S'il y a quelques semaines encore je faisais fuir le moindre animal tant je beuglais, je ressemble maintenant à ces princesses de conte, qui se réveillent le matin de bonne humeur, qui sentent bon et se font habiller par des petits oiseaux.

C'est que... Je suis invitée à un mariage. Vous savez ô combien j'adôre les mariages, d'autant plus qu'ils me permettent de manger et boire à l'oeil, mais celui ci est particulier, puisque, je viens de le dire, j'y suis invitée.
Il se trouve qu'en plus de devoir être bien habillée, je vais devoir faire bonne figure, comprenez que c'est le mariage de la soeur de Beren. Et que je n'aimerais pas faire honte à Beren. J'aimerais bien le garder un peu celui ci, je n'ai rien prévu pour les trente prochaines années donc...

J'ai bien vu que Georges, dans son infinie bonté avait prévu de faire de moi une personne présentable physiquement et je n'avais donc plus rien à gérer sinon ma mauvaise humeur qui s'éveillait dès que je devais porter une robe et quelques apparats, et...
Et les sujets sensibles.


Je connais Beren. Je connais Enolia, l'une de ses filles. Alors sur le coup, quand j'ai demandé à ces deux là " y a des trucs à savoir sur votre famille?" -parce que j'ai la fâcheuse tendance à mettre les deux pieds dans le plat-, je ne m'attendais pas à ce qu'ils me répondent à l'unisson : Elle est grosse.
Moi, j'ai tout de suite pensé " la pauuuuuvre, elle va avoir des enfants, quel ho...bonheur!" et puis Beren a ajouté : Et elle est enceinte. ET. ET elle est enceinte. Elle est grosse ET enceinte. Donc j'en ai déduit qu'elle était déjà grosse AVANT d'être enceinte, et que pour le coup, elle était ENCORE plus grosse.
Faut comprendre que dans la vie, y a certaines choses qui me font beaucoup rire, et qui m'inspirent dès qu'il s'agit d'être méchante et/ou drôle. Les nains -parce qu'il en faut deux pour faire un homme entier- , les moignons -han pitié les moignons, comment tu veux te gratter l'oreille avec un moignon?-, et les gros.


Je sais, c'est moche mais c'est comme ça. Y a pas de raison que je fasse une cure de soupe pendant l'hiver et une cure de légumes l'été pour garder un corps un temps soit peu mince, et que d'un autre côté des gens se permettent de manger ce qu'ils veulent, de grossir et grossir encore sans qu'on ne se moque d'eux. S'il faut une justice dans ce monde, c'est pas pour les chiens. Sinon quoi hein, où irait le monde? OU ?
On mangerait tous comme des porcs et on serait tous énorme, résultat, plus de bouffe sur les marchés, les gens seraient obligés de se manger entre eux, sans parler des fringues, il faudrait plus d'une vache pour faire une ceinture et je parle même pas de la taille des corsets, si gros qu'on pourrait les confondre avec des tipis. Nan vraiment, les gros, je crois que c'est mon sujet préféré.


Donc passé les petites blagounettes faciles : "grosse comment? Grosse genre si vous vous cachez derrière on vous voit pas ou plutôt grosse du genre à vous y cacher avec les autres villageois?", et les " j'espère que son mari est bien équipé, sinon bonjour l'angoisse" -quand ça se mêle au sex', généralement, je ricane encore plus.-
J'ai bien compris au regard du père et de la fille que c'était pas une blague, que le sujet ne devrait vraiment pas être mis sur la table. De toutes façons si on mettait ça sur la table, il faudrait de sacrés pieds, ça, je l'ai pensé, mais je l'ai pas dit, j'ai pas envie de me fâcher avec eux.



Mais quand même.
J'ai fait ce que je pouvais pour échapper au bain, mais Georges m'a fait une prise de derrière les fagots et m'a jeté dans l'eau. Y avait des trucs bizarres dedans, des pétales de fleur qu'il a dit, entre nous je ne vois pas à quoi ça sert, en plus ça doit coûter une blinde, vu le prix des fleurs. Et puis en réfléchissant, je me suis dit que c'est peut être comme ça que Beren fabriquait ses parfums.
Georges a coiffé mes cheveux, patiemment il a démêlé les noeuds, il a reformé les boucles. Il a tenté un premier chignon, un second et même un troisième, j'avais beau trouver toutes les excuses possibles pour qu'il abandonne mais il a de la ressource, et au dixième essai j'ai fini par lui dire que c'était parfait, que ça plairait à Beren.
Il m'a engoncé dans une robe bleue nuit, une de celle que je déteste le moins. Elle tombait sur les bras dévoilant nuque et épaules. Le corset était bien trop serré, mais pas autant que si j'étais la soeur de Beren. Puis il a joué à la poupée et a osé me coller un diadème sur le front, mais comme c'était celui que mon Oncle m'avait légué, je n'ai rien dit. Je me serais bien passée des perles aux oreilles mais j'avais déjà eu le dernier le mot pour garder à mon cou la pierre que Beren m'avait offerte alors je n'ai pas insisté.


Et puis... Et puis alors que je suis prête, je remarque que dans mes pensées, il n'y a nulle blague sur les grosses -pas même celle de "quand ta soeur elle passe devant le soleil, ça fait une éclipse?"-, mais il y a Beren.
Du Beren par ci, du Beren par là. Du parfum de Beren, des yeux de Beren, avec en fond des dizaines de lettres échangées au fil du temps.
Beren, Beren, Beren.



Je me collerais des baffes par centaines si je m'écoutais. Elle est loin la Colombe qui se promettait de ne plus y toucher. Elle est loin celle qui faisait voeu de chasteté. Elle est loin l'emmerd'euse qui disait qu'on ne l'y prendrait plus. Elle est loin, celle qui se satisfaisait d'une partie de jambe en l'air avec un blond amoureux d'un traversin, elle est loin celle qui refusait l'engagement, qui se mariait par raison, qui jouait sa vie au cap' pas cap', qui ne voulait aucune attache.

Sait-il qu'au premier regard déjà, elle avait promis à la fille qu'elle épouserait le père?
Sait-il que ses mots ont raisonnés par delà les promesses qu'elle s'était faite?


J'en veux à mes mots d'avoir trouvé un écho. J'en veux à ton âme d'être si pure, à ton être d'être si compréhensif, à ton Amour d'être si patient. Je t'en voudrais presque d'exister. Mon esprit t'en veut déjà.
Tu n'étais qu'un plan Beren, tu n'étais qu'un pion oppressé par un dragon que je devais faire disparaître. Tu ne devais pas poser tes yeux dans les miens, ni ta rose sur ma chemise et encore moi ton odeur au creux de mon cou. Tu ne devais pas écrire, dire toutes ces belles choses. Tu ne devais pas réveiller ce que j'avais mis tant de temps à endormir. Tu ne devais pas. Tu ne devais pas te confier, ni accepter mes confidences. Tu ne devais ni comprendre ni accepter.

Tu ne devais pas savoir, tu ne devais pas tenter, tu ne devais pas réussir.

Et comme le vent du Nord tu as tout balayé. Enterré les fantômes et fait renaître ce qui était mort.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Le repos du juste.
Pas vraiment mérité mais... disons que tu dors.

Ce soir tu as livré une bataille, sûrement l'une des plus grande que ta paternité t'ai donné de livrer. Tu as fermé les yeux. Inspiré. Tu as soufflé aussi. Tu as regardé le vide et c'était pas beau à voir. Puis tu m'as offert un regard que je n'ai pas su refuser, tu avais perdu toute fierté, et toute dignité, on aurait dit un marin qui après avoir navigué depuis des mois, découvre enfin un phare. Même au creux des vagues, tu continuais de t'accrocher à la lumière de mes yeux avec férocité. Ça aurait été tellement émouvant, si moi, je n'avais senti le vent tourner.

Ce soir, tu m'as refilé le bébé. Tu as lâchement abandonné ton rôle de père pour me refourguer un sujet sensible. C'était injuste Beren, très injuste. Tu as pensé que j'avais une fille, et je t'aurais bien rétorqué que même si c'est le cas, la mienne n'a pas tout à fait cinq ans et que donc j'avais largement le temps pour aborder ce genre de sujet.

Ce soir, ta fille nous a rejoint, alors que tu avais probablement l'une des pires idées de ta vie, même si tu la qualifiais de génie, moi, je l'ai trouvé terriblement nulle, mais soit. Je l'aime ta fille, tu n'as pas idée de la mesure de l'Amour que je lui porte. J'en remercierais presque mon dernier mari de l'avoir enlevé, elle était si mignonne, si bien élevée, que je m'en veux -un peu- d'avoir contribué à la rendre si terrible. Mais j'ai pu remarquer qu'elle retenait vite les leçons, ce soir encore, elle t'a retourné le cerveau en deux deux, comme je lui avais appris.

Ce soir, ta fille avait un caractère de ... merd'. Autant appeler un chat un chat, elle était grognon, put'ainement boudeuse, chiante, exécrable, mais je l'aime, alors même là, je l'ai trouvé adorable.
Puis elle a dit avoir mal au bide. Moi, j'ai compris tout de suite, faut dire que je suis une femme et que du coup les conclusions arrivent plus rapidement à mon cerveau. J'ai cru que j'allais devoir te faire un dessin, même si te montrer le fond de ses braies aurait été beaucoup plus explicite que n'importe quel dessin.

Ce soir Beren, j'ai rassuré ta fille. Je lui ai expliqué tant que j'ai pu comment faire, pour qui pour quoi, et même si elle voulait à tout prix arrêter le processus, je crois qu'elle a changé d'avis quand je lui ai avoué que ses seins pousseraient plus vite désormais. Oh bien sûr, tu ne le sais pas ça, puisque tu as eu un regain de courage et que tu te bouchais les oreilles depuis quelques minutes.


Ce soir Beren, tu m'as refilé le bébé, mais j'ai toute une portée pour toi.





Sujets sensibles pour Père & Fille :

- comment on fait les bébés?
- comment fait-on l'amour?
- je peux avoir un tatouage?
- j'peux faire venir mon chéri à la maison?
- Il veut faire l'Amour et j'ai envie de dire oui pour lui faire plaisir.
- Dea veut me payer un gigolo, t'en penses quoi?



Oh oui Beren, tout une portée. Alors je te regarde dormir. Bien sûr tu serais dingue de sentir mon menton gratter le tien, peut être râlerais-tu de voir mes mains chiner dans le blond de ta tignasse. Sûrement aurais-tu répondu à ma demande si tu avais senti ma main effleurer ton corps endormi. Je t'observe. Je fige dans ma mémoire l'ovale de ton visage, l'implantation de ta barbe, le pli de tes fossettes détendues. J'inspecte, je passe au peine fin la moindre parcelle de Toi. Cette cicatrice sur ton arcade, l'arrête de ton nez, les courbes de tes épaules. Je voyage, je découvre, les reliefs de ton torse, de tes hanches. J'embrasse parfois, ce qui semble m'appeler, je trouve un écho au tressaillement de ta peau.
Non je ne te réveillerais pas.
Car je m'entraine simplement, crois moi Beren, tu peux me refiler encore le bébé, et je t'apprendrais ce qu'est la frustration.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Beren
Si je ne dormais pas et si ta voix disait ce que ton silence me refuse à cet instant, si je ne dormais pas, je te dirais les choses vraies, comme elles sont.

Je te dirais comme ce soir, j’ai mené l’une des plus grandes batailles que ma paternité m’ait donné de livrer, oui, mais pas celle que tu crois. J’ai lutté contre un démon dont tu ne soupçonnes sûrement pas l’existence alors que tu m’observes, endormi, le drap barrant mon corps à la taille.

Tu n’as sans doute d’ailleurs pas conscience que je ne suis pas un grand dormeur, et que depuis plusieurs années, mon propre lit ne recueille pas mes sommeils, qui lui préfèrent souvent davantage un fauteuil, aux premières lueurs de l’aube. Tu ne saurais imaginer, sans doute, que c’est par pure confiance et par pleine et entière sécurité que je me suis davantage qu’assoupi à ton côté.

Ce soir, ma fille nous a rejoints, alors que j’avais essayé, en vain, de te rassurer une nouvelle fois, comme j’essaierai à nouveau de le faire à la prochaine de tes inquiétudes. Tu crois peut-être que je ne vois pas comme tu la regardes, les trésors de patience que tu déploies pour l’écouter, la réconforter, la distraire, l’amuser ou la consoler.

Ce soir, ma fille, le trésor de mon cœur, la prunelle de mes yeux, cessait pour toujours d’être une enfant pour me rendre un peu plus croulant, déjà. Ce soir, ma fille avait le caractère d’un chat qu’on aurait baigné dans de l’eau glacée, et ce, à plusieurs reprises. Elle avait la patience d’un ours la patte coincée dans un piège à loup ; elle nous aurait bouffés si elle ne nous aimait pas elle-même profondément. Elle s’est confiée à nous comme elle l’aurait fait à ses parents et c’est là, c’est là que j’ai senti que j’avais raison de faire ce que j’étais en train de faire.

Quand tu m’as fait comprendre de quoi il retournait, j’ai paniqué. J’ai opéré un retrait stratégique qu’on pourrait facilement prendre pour de la lâcheté, et c’est vrai qu’il y en avait une part, je ne pourrais le nier, mais surtout… J’ai pris mon courage à deux mains, Andrea ; si j’ai fermé les yeux, si j’ai inspiré, si j’ai soufflé aussi, c’est que je m’apprêtais à faire ce que je n’avais jamais fait de ma vie auparavant.

J’ai partagé ma paternité avec toi. J’ai partagé ma fille, la chair de ma chair même si elle n’est pas exactement née de moi, et je t’ai laissée être sa mère, pas seulement à ses yeux, ça, les gamins sont les premiers à adopter des gens et les appeler « tata » ou « tonton » sans qu’on les connaisse ni d’Eve ni d’Adam, non ; je t’ai laissée être sa mère à mes yeux, à moi.

Je t’ai confié par là même le rôle de la mère qu’elle aurait dû avoir. Et c’était bon, et c’était beau.

Ce soir, je t’ai refilé le bébé comme à l’avenir j’essaierai de prétendre dormir, résolument sourd aux cris de celui qui sera né de nous et se sera éveillé dans son berceau, oui. Mais je sais que même avec les plus grands efforts du monde, même avec la plus forte des résolutions, si je sentais le matelas dépourvu de ton corps, je tendrais la main pour tenter de grappiller encore un peu, encore un tout petit peu de ta présence avant que l’enfant ne boulotte avidement la poitrine que je voudrais bien lui prêter, mais juste un peu, et la mine boudeuse avec ça. Et je sais bien que je me lèverais à mon tour, pour ne pas manquer ça, pour voir une fois dans ma vie la femme que j’aime donner le sein à un petit né de nous deux.

Juste voir ça une fois, et crever même s’il le faut en échange. Juste le voir une fois, toutes les fois. Même avec des yeux englués d’un mauvais réveil, même avec les traits tirés et le corps fourbu d’un sommeil avorté et bien moins reposant que celui qui me berce en ce moment même, salvateur et meilleur que tous ceux qui m’auront pris depuis tellement d’années que je crois n’avoir jamais mieux dormi de ma vie.

Oh, bien sûr, je pourrais te dire que lorsque tu es rentrée et que je suis resté seul avec elle, j’ai répondu à ses questions avec douceur et patience, et que je n’ai pas été un si mauvais père que ça au final, ce soir. Que toi sortie seulement, elle s’est tournée vers moi, tout naturellement. Qu’elle savait déjà le principal et qu’elle n’a fait que se rasséréner avec les interrogations qui lui restaient et qu’elle m’a tendues. Qu’elle t’a laissée elle-même être sa mère ce soir, Andrea.

Qu’on t’a laissé tous les deux ce statut là et qu’on aimerait tous deux que tu nous adoptes, moi comme époux, elle comme Maman.

Je pourrais te dire tout ça mais tu ne m’éveilles pas, tu t’entraînes à malmener mon corps. Peut-être bien que je ne suis que dans un demi-sommeil et que le sourire qui résonne dans mon crâne ne s’affiche pas sur mon visage parce que je dors encore suffisamment pour que la conscience ne revienne pas tout-à-fait.

Je pourrais te dire tout ça mais je ne le ferai pas.

Parce que j’attends demain pour, d’un baiser, t’avouer tout ce que je ne sais pas te dire, tout ce que je ne te dis pas.

Mais quand même, si tu pouvais te rallonger tout contre moi, au creux de mon bras, là, là…

Là, je dormirais du sommeil du juste.

Ce soir, je t’ai refilé le bébé. Et j’ai senti tout le poids du monde quitter un instant mes seules épaules pour se partager entre nos quatre bras.

Ce soir, je t’ai refilé le bébé, Andrea.


... Dieu que je ne le regrette pas.
Andrea_
    N'ayez pas peur du bonheur,
    Il n'existe pas, ni ici, ni ailleurs.
    *


Et pourtant c'est l'Evidence. Encore.
Passée l'envie de ne faire plus qu'un, résiste la certitude. Des heures à se découvrir. A s'émerveiller d'une fossette, plusieurs jours de suite, avec la conviction que chaque jour, ce petit pli sur sa joue nous donnera la même béatitude. L'exploration de l'autre, du petit épi qui résiste au peigne, d'un sourire qui point après la tempête. S'émerveiller d'un réveil à ses côtés, et d'en vouloir kyrielle d'autres. S'émouvoir d'un repas partagé. D'un fou rire à l'unisson. D'un sourire aux reflets toujours plus beaux.

Oh bien sûr je mentirai si je disais que c'était la première fois, mais quand la dernière fois se compte en années, quand la dernière fois s'efface, quand, dans le miroir, l'on constate que les rides ont depuis élues domicile sur un visage qui n'a plus rien d'insouciant. Je mentirai, alors je dirais que ça fait seulement que ça fait longtemps.

Mais que c'est bon Journal, d'aimer à nouveau. Que c'est bon de se sentir libre et enchaînée, que c'est bon de gagner en sachant que l'on peut tout perdre. Que c'est bon de jouer avec le feu, de donner sans savoir si l'on va recevoir. Et put'ain, que c'est bon, de recevoir.

Je redoute déjà l'instant où tout s'arrêtera un jour, il en est ainsi, l'Amour ne dure toujours que dans les contes de fées. Il est comme ça, mon fardeau, ma peine, cela ne viendra pas de lui, du temps qui passe, l'idée même de partir perdante ou de ne pas vouloir y croire, c'est ainsi, c'est la vie.


Alors je freine des talons, je ralentis la cadence. J'espace nos baisers, pour mieux les savourer. Je donne, je donne et je reçois encore plus. J'ai parfois envie d'y croire, j'imagine, je l'avoue, l'hypothèse qu'un jour un petit bout de Nous puisse voir le jour. Le choix de son prénom, les disputes parce qu'il ne l'entend jamais pleurer la nuit, le dilemme qui m'assaillira lorsqu'il aura dégueulassé ses langes : voir ou ne pas voir. Assumer et langer une paire de fesses, ou... Ou simplement ricaner en l'imaginant le faire et remonter le drap sur le petit corps endormi en me disant que, après tout, il le fera bien mieux que moi.
Puis je me souviens qu'à vouloir voler trop haut, et trop vite on se brûle, et on se retame. J'y tiens à mes ailes, tu les as rafistolé, tu n'oserais pas les découdre mais...

    Laissez vous aller le temps d'un baiser, je vais vous aimer*



Deux malédictions. Chacun la sienne pas de jaloux.
Tes fiancées partent toutes avant le mariage ou juste après. Pour un autre, un monde meilleur ou un bout de paradis, et si possible en abandonnant un petit bout de Vous.
Les miens meurent, il en est ainsi. Ils me détestent, et meurent. Ils m'arrachent mes rêves, mes enfants, et meurent. Louis dans un puit, Ddodie s'est coupé les veines, Puit, Ciseaux, ma vie est une sorte de Shifumi que je gagne toujours.
Tu veux changer le monde, car j'ai réussi à te prouver que la vie pouvait être belle si nous l'écrivions à quatre mains. Alors je te promets.

De montrer mon cul à ces malédictions,
De cracher à la face de ceux qui jugeront,
De te défendre, coûte que coûte,
Je te promets d'y croire à nouveau,
Et peut être même d'accepter de devenir ta femme.


    Mademoiselle j'ai des secrets, des trucs pas très chics que j'ai fait, je crains que t'en sais un peu trop, l'Amour aura ta peau.**


Tu as tout accepté. Tu as soufflé sur mes erreurs comme on fait s'envoler une vulgaire plume qui se pose sur un bras. Tu as apaisé les peines, pansé les blessures. Tu as redonné de la couleur à ma vie, alors que j'essayais simplement de t'expliquer qu'elle n'était ni toute noire, ni toute blanche, et dans mon gris tu as jeté un peu de roses, quelques gouttes de bleu sous une énorme tâche de jaune. Tu as hachuré, arrondie, découpé mon passé pour en faire un futur à notre image.

Mais Beren, si tu savais ce qui me revient lorsque tu ne tiens plus ma main. Les angoisses d'un temps gris, le souvenir vague d'une vie loin de tous, d'un destin qui se moque de moi, d'un bonheur à portée de main qu'on n'attrape jamais. Une vie à la cour où il ne se passe jamais aucun miracle, une vie de rapines, de coups donnés et rendus, une vie sur les bancs des accusés, une vie en prison. Une vie où il n'y a pas de place pour les sentiments, tu sais Beren, ta tristesse je m'en serais fait un manteau, j'aurais piétiné tes craintes et j'aurais sûrement creusé ton trou si tu avais eu l'outrecuidance de me parler d'Amour. En plus tu es gaucher.
Mais c'était avant.


Je me prépare au pire avant de vivre le meilleur. Mais s'il me reste une dernière chance alors que ça soit toi. S'il me reste une dernière chance alors...
Marions nous avant de nous détester, et nous serons en paix.
Marions nous, et mourons.



* : Le bonheur, Berry.
** : D'après Mademoiselle, Berry.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Il m'a laminé, mais quelque chose de bon.
Ah il avait prévenu hein avec son petit air de pas y toucher, il avait dit " je vais vous laminer Andrea quelque chose de bon, et de beau", avec son petit sourire tout mignon qu'on lui donnerait le bon dieu sans confession et paf, laminée.

C'est parti d'un truc tout con, le prénom d'un potentiel enfant que nous aurions, peut être, éventuellement un jour. Je lui ai proposé Persil, en hommage aux kilos de persil que j'ingurgite chaque jour dans l'espoir de NE PAS tomber encloque, enceinte, bref, qu'aucun polichinelle ne vienne agrandir mon tiroir. Il a proposé de ne pas appeler les enfants comme un de nos ex, j'ai trouvé l'idée très saugrenue, mais c'est du vécu -il en a connu des tarées mon Beren-.
Alors voilà, je sais plus trop comment mais, après avoir refusé que l'avenir de mon utérus se joue dans une lice -je lui aurais fait mal- , je l'ai joué... au ramponneau.
J'ai perdu cinquante, encore cinquante, et tapis sur les trente deux écus et quatre vingt huits deniers qu'il me restait.
Donc en plus d'avoir perdu, je suis pauvre et potentiellement bientôt encloque. Bien joué Dea, tu aurais voulu faire pire, tu n'aurais pas réussi. Des fois, j'me collerais des baffes.


C'est vrai que je l'ai un peu cherché, je sais pas ce qui m'a pris quand il a dit : "On va jouer ça en lice", j'ai paniqué, j'ai bredouillé, j'ai bafouillé et j'ai dit " oh non Beren, allons au ramponneau, ça serait encore mieux, ne trouvez-vous pas mon idée géniale?", bon okay c'était pas vraiment l'intonation ni l'intention que je voulais donner à ma phrase MAIS, mais il a trouvé mon idée géniale. Et j'étais dans la mouise, mais j'savais pas encore à quel point. D'un autre côté, j'pouvais pas me permettre de défoncer dans un combat, et encore moins de le laisser gagner. Donc : rampo.

J'ai donc pris mon courage à deux mains pour aller à cloche-pied jusque dans la taverne à Rampo - une longue histoire avec une blonde, des assiettes, mon oncle et une cravatte en soie- et je me suis assise. Premiers cinquante écus, Bim, j'étais confiante. J'ai eu deux cartes, j'ai vérifié, Beren en avait autant, ouf. Par contre le croupier n'était pas décidé à distribuer le reste, je soupçonne Beren de l'avoir payé pour faire de la rétention de cartes. J'ai payé, il en a donné trois. J'ai repayé, une. J'ai re-re payé, une autre. Du coup j'ai tenté le tout pour le tout et ... il n'en a pas redonné, Beren avait du sacrément payer.
J'ai gagné, mais pas autant que lui. De temps en temps je regardais le croupier avec un oeil noir et il me donnait tout ce qu'on avait mis sur la table, l'intimidation, j'vous le dit, ça marche bien. Mais pas assez bien puisque j'ai tout perdu. Alors j'ai mis toutes les chances de mon côté, j'ai viré ma chemise, délivré mon corset, libéré... mes miches. Je sais que c'est moche mais que celui qui ne l'a jamais fait me lèche le derrière, et le pire, le PIRE, c'est que ça n'a pas marché longtemps. J'vous aurais dit avec plaisir que le Beren a balancé ses cartes pour me sauter dessus sauf qu'il a jeté ses cartes une fois, UNE, sur la table, et qu'il a relancé comme si de rien était. J'ai failli faire semblant de pleurer, mais je me suis rattrapée à temps.


Mais moi, je sais pas jouer, j'aurais peut être dû lui avouer quand il me l'a demandé, plutôt que de dire " mais si, bien sûr que si je sais jouer, j'expérimente juste une nouvelle technique", " ah oui, une technique nulle" qu'il a dit. Et il avait, encore une fois, put'ainement raison.

Alors au bout d'une heure de cartes dans les mains et d'écus qui s'en vont directement dans la poche de mon Autre, j'en ai eu assez, et j'ai fait ce que toute personne raisonnable aurait fait, ce que tout personne adulte et raisonnable aurait fait, ce que toute personne adulte, responsable et sensée aurait fait. J'ai boudé.

Mais ça n'a pas duré longtemps, il s'est souvenu de ce qu'il y avait sous ma chemise et...

Bref, il m'a laminé.

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Andrea_
Comme un poil de barbe dans la soupe


Sauf que c'était un poil de moustache. Sur mon visage. J'ai peine à y croire, j'étais là, en train de me regarder dans le miroir et je me trouvais carrément canon. J'étais justement en train de me dire que j'avais des yeux de fous quand ce truc m'a sauté au visage. Il m'a pas vraiment sauté dessus hein puisqu'il y était déjà mais j'veux dire que soudain je ne voyais plus que lui.
Au début, j'ai pensé que c'était un cil alors j'ai fermé les yeux avant de faire un vœu, sauf qu'au moment de l'enlever d'un revers de main et bah... il est resté accroché. Et quand j'ai tiré dessus et bin... Et bin ça m'a fait mal. J'ai vu à travers la peau le bulbe se soulever puis exploser une parcelle de ma peau pour me rester entre les doigts. J'étais toute chose, surtout que j'ai pas réussi à l'avoir du premier coup et qu'il a donc frisé comme le ruban qu'on met sur les cadeaux pour Noël.

Ah je l'ai regardé le truc, mais y avait plus aucun doute, c'était un poil. Un poil de moustache sur mon visage si frais et si jeune. J'ai pris dix piges en trois secondes et demi.

Un poil sur le visage, pour une femme, c'est la mort qui s'annonce. Faut comprendre le processus, et dans l'ordre : les règles, les enfants, les régimes, les rides, les poils, plus de règles, plus d'enfants, plus de régime, et la mort. Y a pas à tortiller du cul pour chier droit, un poil, c'est le début de la fin.

Et y a pas besoin d'être une sorcière pour lire dans les objets. Si j'suis capable de voir un papillon dans un mollard, croyez-moi, je suis capable de voir tout un tas de choses dans un poil de moustache.
Et j'ai vu. J'ai vu mes cheveux blancs. Je me suis vue souffler sur un gâteau dont on ne voyait même pas le glaçage tellement il comportait de bougies. J'me suis vue incontinente, jour et nuit, j'me suis vue allongée sur un lit, pendant qu'une grognasse me faisait bouffer de la purée -plus de dents veut dire plus de morceaux hein-. J'me suis vue lui baragouiner un truc qu'elle ne comprenait pas, et puis plus rien. Quand j'dis plus rien c'est plus rien. Plus de couleurs, plus de noirs, plus de voix. Silence complet.
Puis de nouveau j'ai vu. J'ai vu mes amis pleurer sur mon cercueil et boire du vin à ma santé, je les ai vu se partager mon héritage comme des chiffonniers, et j'ai même vu Yohanna me trancher la gorge pour être sûre que je reviendrais pas, d'ailleurs elle me piquait mes bijoux juste après. C'est con parce qu'à l'heure c'est à Elle que j'ai prévu de tout léguer, mais je vais peut être changer d'avis après ça.

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Andrea_
[ Pas de stress, y a le persil !]



Je fais rarement confiance aux gens. Y a tout un tas de catégories de personnes que je ne crois jamais. Une légende raconte que la vérité sort de la bouche des enfants, et bien j'vais vous dire, même eux, j'les crois pas.
Je crois pas non plus ce que disent les rousses, les blondes et les brunes si elles ont un tour de poitrine supérieur au mien. Je ne crois pas non plus les hommes, tous confondus. Je ne crois pas les nains, par principe. Je ne crois pas les gens qui font de la politique et encore moins les croyants, ceux là même qui sont capable de croire qu'un jour un couillon a marché sur l'eau, séparé la mer en deux juste pour aller bouffer une pomme qui se trouvait sur l'autre berge. M'enfin ça expliquerait pourquoi l'homme est si bête, s'il avait été intelligent il aurait fabriqué une barque dès le début hein!
Je ne crois pas les enfants depuis que j'en ai vu un hurler qu'il a vu une petite souris bouffer sa dent et le dédommager en laissant une pièce sous son oreiller, et c'est pour ça que moi, quand ma fille perdra ses dents, je les cacherais : pas de souris dans la maison, faut pas déconner.


Bref, il reste peu de monde en qui j'ai toute confiance. Y a les gros, je les aime pas d'accord, mais je les crois, parce qu'ils n'ont plus rien à perdre -à part des kilos-.
Donc quand j'ai réussi le tour de force de croiser une femme brune, ET grosse ET qui avait, au niveau de la poitrine, autant de relief qu'une planche à pain, ET qui -cerise sur le gâteau- détestait la politique, je me suis dit que je pouvais totalement lui faire confiance. Surtout qu'elle portait un collant et que je vous assure, elle n'avait vraiment rien à perdre dans l'histoire.
Il se trouve qu'elle m'a trouvé un peu paniqué -Beren venait de me dire qu'il voulait rapidement un morpion made in nous et j'en avais eu des sueurs froides-, et que, dans son immense -aussi immense que son derrière- gentillesse, elle m'a dit "Mais enfin, n'a pas peur! Bouffe du persil!".
Je l'ai questionné hein, n'allez pas non plus me prendre pour une grognasse qui croit quelqu'un si facilement, mais elle me l'a assuré : l'ail, c'est pour éviter les vers, le persil, pour éviter les gosses. J'ai pensé une demi seconde à la pauvre femme qui ne voulait ni vers ni enfant et qui serait prête à se fourrer à la persillade pour éviter le tout, et puis je l'ai remercié en lui payant un sandwich au jambon et quelques bonbons -je pense qu'une salade aurait été plus appropriée mais bon-.
Ça, c'était y a quelques mois. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts presqu'autant que le persil s'est coincé entre mes dents.


Autant avec Marc je ne risquais pas grand chose -sans galipettes, peu de chances de fabriquer un truc-, autant avec Beren, fallait s'accrocher. Plus le temps passait, plus le persil devenait vital.

Je mangeais persil, je buvais du persil infusé, j'en faisais brûler dans ma chambre, une tomate un peu de persil, du boeuf un peu de persil, du caramel au persil, des biscuits au persil, TOUT au persil. Si le persil existait en suppositoire, je crois que je me serais laissé tenter. Ruinée en persil, mais le persil coûte moins cher que les langes. Le persil pue, mais moins que les fesses d'un nouveau né. Le persil se coince entre mes dents mais n'est pas tout le temps collé à mon nichon. Le persil ne vous réveille pas la nuit. Et surtout, le persil ne fait pas grossir, puisque le persil évite les grossesses. Si c'est vrai. C'est forcément vrai parce que j'ai donné ma confiance aveuglément à cette femme.


Et le persil, aux dernières nouvelles, ça coupe les cycles! Exit le cadeau de mère nature, bonjour la disponibilité TOUS les jours du mois. Le persil, ça vous gagne.


La pleine lune est arrivée et j'étais chiante, mais chiiiiiiiante. Je me suis préparée psychologiquement à accueillir ma délivrance menstruelle, mon cadeau de mère nature. Mais non. Un peu de retard, à mon âge, on ne se formalise pas hein, j'étais prête à remercier les Dieux pour cette petite ménopause précoce. Puis un quart de lune et j'étais moins chiante. Puis une demi lune rechiante. Puis trois quart de lune. Rien. Nada. Wallou dans ma culotte. Là j'ai commencé à flipper. Et à rire. Bêtement. Stressement même. Re pleine lune. Concentration extrême sur les gogues, prières muettes pour un mini spooting on the pap'lard. J'ai fait un petit deal secret entre le bon Dieu et moi, en lui disant que s'il me donnait mon petit cadeau, j'mangerais plus de cochon.

Et il a fallu se rendre à l'évidence.


On peut même plus faire confiance aux gros.

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Andrea_
Tu dis que ce n'est pas grave, que ça passera.
Tu dis que c'est beau, trop beau pour être vrai.
Tu dis que la vie est belle, en souriant,
Tu dis que l'avenir est radieux, puisqu'on est deux.

Tu me dis de ne pas changer, que c'est ainsi que tu m'aimes,
Tu me dis combien je suis belle, combien je t'inspire,
Tu me dis de serrer ta main, et de ne jamais la lâcher,
Tu me dis d'y croire, et d'ignorer les autres.

Mais comment Beren, comment le pourrais-je?
Quand ta main s'éloigne de la mienne, quand tes yeux ne me regardent plus,
Quand les nuages éclipsent le soleil, que la nuit doucement se révèle,
Quand les vieux automatismes reviennent Beren, comment pourrais-je?


J'aimerais t'ouvrir les yeux, les sortir de ta tête peut être pour que tu voies en face ce que tu ne peux voir derrière tes bésicles, perdre mes doigts dans ta tignasse et te mettre le nez dans la mélasse, peut être même que je crierais quelque chose du genre " Et là, là, tu le vois qu'on est pas du même monde? Tu le vois comme je te fais honte? Comme je salis ton nom et ton honneur?".
Ne crois tu pas que je les entends, les autres, dirent du mal de moi, de toi, juger notre histoire comme ils jugeraient le dessin d'un gamin de cinq ans? Ne les vois-tu pas rire de ton choix, se moquer de mon passé, railler mon langage?

C'est le souvenir que j'avais de la Franche-Comté Beren, le non respect des autres, des différences. L'égoïsme à l'état pure, la méchanceté. Aucune pudeur, que des histoires de gros sous, de couronnes, de titres et de terres. Eux et le reste du monde. Eux, le bout de leur nez et le reste du monde. Ô comme j'aimerais leur balancer dans la gueule tout ce que je sais, comme j'aimerais leur bazarder ma couronne au milieu du tarbouif, leur dire que sur mes terres, bien profond entre les racines, jamais personne ne les retrouvera. Comme j'aimerais me vanter Beren, comme j'aimerais.

Est ce qu'une personne autre que toi, dans ce royaume pourrait s'intéresser à une femme comme moi? Est ce qu'une seule personne, pourrait, ne serait-ce qu'imaginer que sous cette fichue carapace il y a mille histoires, mille souffrances et mille savoirs?


Tu me dis que tu savais que je ne t'avais pas menti,
Tu me dis que si c'est ma vie, alors ça sera la tienne,

Mais qu'attends tu de moi Beren? Que je t'embarque toi et ta marmaille sur les routes, sans aucun autre but que de péter la gueule des gens que l'on croisera pour leur voler ce qu'ils ont?
Et que leur diras-tu Beren, à tes marmots hein? "Oh bin je l'aime, alors c'pas bien mais on va l'faire quand même! Et puis quoi, un week end sur deux en prison, c'pas si mal, ça change du quotidien!".

Et puis il y a Elle. Elle et sa gentillesse, sa mélancolie qui m'empêche de la détester autant que je le devrais. Elle et ses regrets, Elle. Vous avez vécu la même histoire, chacun n'en retenant que quelques bribes, mais moi, je sais. Je connais votre récit, maintenant le sien, et j'ai vu ô combien vous êtiez passé à côté de quelque chose de grand.
J'ai failli partir Beren. Vous m'en avez voulu lorsqu'à demi mot je vous l'ai avoué. Mais j'ai pris l'habitude de partir avant que l'on me congédie.

"L'amour ne fait pas tout". Sais tu combien de fois depuis que j'ai ce journal, j'ai pu écrire cette phrase? Autant de fois que j'ai croisé un homme. Autant de fois que mon coeur s'est un peu affolé, qu'un bout de cuisse a été dévoilée, qu'une épaule a été maltraitée pour finalement laisser le corps d'un homme dans une ville d'où je m'éloignais sans me retourner, sans aucun regret.

Alors cette fois je comprends.
J'ai passé ma vie à vouloir faire changer les gens. A tenter de les amadouer pour qu'ils pensent comme moi. Qu'ils fassent ce que je faisais. Qu'ils m'aiment pour mieux me suivre. Des années à manipuler, sculpter, éduquer des dizaines et des dizaines de personnes pour en faire un idéal.

Mais quand je vois tes yeux dans les miens, quand je sens tes lèvres sur les miennes et mes doigts entre les tiens, je suis désarmée. Je prends en pleine face une réalité qui ne m'avait jamais effleuré l'esprit.
Je ne dois pas te faire visiter mon monde Beren, je dois m'adapter au tien. Et puisque nous sommes adultes, que nos enfants arrivent à vivre ensemble au point de partager un gâteau sans se disputer, alors, à la venue de celui qui réunifiera nos deux foyers pour n'en former plus qu'un, je m'incline.

Je ne baisse pas la tête pour passer la porte de ton univers, je relève le museau. Je grandis. Je scelle ton nom au mien, je lie nos destins, j'accepte de laisser derrière moi une vie de pillages, de truanderie, une vie de groupes, de rencontres et de voyages. Peut être qu'un jour tout cela me manquera. Mais tu m'offres bien plus Beren. Tu me fais le plus beau des cadeaux, une famille. Notre famille. Un peu de toi, un peu de moi, et bientôt un peu de nous en culottes courtes. Je ne fais pas de compromis, puisque tu ne m'as rien demandé, je fais mes choix.

Et mon choix, c'est Toi.

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Andrea_
[Bad trip through the moonligth]



La lune s'éveille, emportant avec elle les derniers rayons du soleil. Déjà les tréfonds de la nuit se révèlent, déployant des nuages plus sombres, avalant les bruit rassurants du jour, libérant ceux que l'on n'entend que lorsqu'on se sent seul.
Les crieurs sont rentrés, les enfants couchés. Ici Madame satisfait Monsieur, là un verre se brise, une femme crie, une insulte fuse, des bruits sourds et puis plus rien.
Plus rien sinon l'agitation des feuilles que le vent voudrait voir voler, à croire que le ciel déjà invoque l'automne.
Dans les ruelles sombres résonnent le bruit de pas, tic tac, comme un ballet harmonieux, tic tac, sans douceur les pavés sont frappés, tic, usés, tac. Les pas s'accélèrent, martèlent le sol effaçant presque le souffle saccadé de son instigateur. Il semble qu'il se cache dans le creux de sa besace le plus doux des trésors. Les mains enserrent, cajolent, protège ce qui attire les convoitises. Les bottes hésitent, les yeux cherchent, un léger sursaut et désormais les pas sont étouffés par le bruit d'un tissus qui effleure les pavés. Comme une caresse, une excuse précédant les coups. Le tissus se froisse, s'engouffre.
Et puis, plus rien. A nouveau plus rien. Une minute suspendue dans l'immensitée noire, une minute de vide sous la voûte céleste. Une minute avant que les oiseaux de nuit ne reprennent leurs roucoulements nasillards, qu'un chien ne se souvienne qu'il sait aboyer. Une minute avant que le vent, enfin, envoie valser cette feuille flétrie avant l'heure et ne la traîne sur plusieurs mêtres. Une minute pour que le souffle reprenne consistance, que les volutes de fumée qui s'échappent des lèvres diaphanes ne soient plus qu'un léger nuage, un nuage propre et rangé. Une minute de rien avant tout.


De nouveau des pas. La même allée, les mêmes pavés. D'autres semelles, une autre cadence, plus pressée, moins stable, moins assurée. Des sons d'impatience, une langue qui claque, de lippes qu'on humidifie comme un prédateur filant sa proie. Une respiration haletante, des pas hésitants. Et puis plus rien. Encore et toujours le vide, le néant, le silence. Celui qui glace, qui enveloppe, qui terrasse.
Le calme avant la tempête.




- Je sais que vous êtes ici.
Non.
- Montrez vous.
J'peux pas puisque je ne suis PAS là.
- Andrea.
Georges.
- Que s'est il passé?
Vous aviez raison.
- Je sais. J'vous avais bien dit qu'vous alliez encore vous laminer la gueule si vous faisiez confiance à un homme, il me paraissait bien celui ci mais ce sont les pires, faut pas se fier aux...
Georges !
- Sortez, on va aller lui exploser les dents ensemble. Ses dents et ses fioles de parfum. Ses jambes et même sa canne. Vengeaaaaaaance!
Mais ferme là BERDOL, les gosses dorment, t'as vu l'heure!
Venez Andrea, on va lui...
Non mais on ne va rien faire de tout ça, ça ne concerne pas Beren. Enfin si mais non. Je suis enceinte. Je suis enceinte et c'est pour ça que j'ai besoin d'être seule, là tout de suite, que c'est vital que tu dégages.
- En Sainte ?
Enceinte.
- Ça alors, je... j'l'ai pas vu venir, j'avoue. Pour tout vous dire, je croyais que c'était pas vot'truc.
C'pas mon truc, justement. Mais à force de jouer avec le feu, fallait se douter que ça arriverait un jour.
- Oui, à force d'y aller pour se repentir, vous avez tout donné et... et voilà. Et Beren le prend comment?
Bien! Très bien. Trop bien. Il adore ça, il aimerait en avoir plein dans la maison.
- Ah? Ah... Mais... Vous avez pris quelque chose?
Du persil, mais ça n'a pas fonctionné. La preuve, je vais finir énorme.
- Il suffirait de ne pas abuser des offrandes et de les laisser aux autres.
Hein? Mais t'es dingue? Nan nan, je vais continuer d'y aller, je vais profiter des offrandes jusqu'à ce que j'explose! Ne t'inquiète pas pour ça. Tu chang'ras les langes pour moi?
- Je chanterai autant de louanges que vous voudrez.
Langes. ChanGER des LANGES. Pour le bébé !



Et c'est là, pile à ce moment là qu'il a décrété qu'en effet je n'étais pas là.

Le silence encore. Même scène à l'envers. Les pas rapides. Le souffle saccadé d'un vieil homme qui, dépité, s'en va, et qui, par respect pour la nuit -et les autres- ne siffle pas. De nouveau un rien. Un rien soulagé, apaisant, avant d'autres pas. Courts. Lents. Doux. Un pas. Un autre. Une cape, le bas d'un jupon, de nouveau des pas perdus dans un soupir.

Il y a d'abord eu le fessier posé, pour ne pas dire écrasé, sur un banc de pierres. Cette capuche qui retombe dans son dos. Ces yeux qui se lèvent pour admirer Céphée, Cassiopée et le taureau. Un clin d'oeil à la vierge et une prière à la grande ours.
Mais surtout, il y a eu ce tissus lentement, méthodiquement déplié sur ces genoux. Ce sourire carnassier. Ces lippes mordillées, et même cette petite goutte de bave aux coins des lèvres.

J'vous jure, vous n'avez aucune idée des subterfuges qu'il faut inventer pour pouvoir becter un sandwich au boeuf-abricot tranquille. Vraiment aucune idée.

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Andrea_
[L'trou de la Touraine]



Le trou de la Touraine, cherchez pas, c'est de ma faute. Y a pas que la Touraine hein, y a tous les duchés où un jour, j'ai eu la merveilleuse idée d'ouvrir une taverne, un bordel, un tripot, un chiotte public. Où j'ai un jour pris en pitié un bâtiment qui tenait plus ou moins debout, l'affublant d'un nom drôle, triste, faisant passer un message, ou pas, où il y avait parfois à manger -pas souvent et à boire -tout le temps-.
Un endroit où se retrouvaient les gens de tous horizons -mais surtout les horizons pauvres-, un endroit qui ne me ressemblait pas du tout, puisque totalement crado et dénué de toute décoration, ce qui, je l'avoue, ne me dérange pas le moins du monde puisque je n'y suis que quelques jours par an, et que je m'arrange pour être totalement bourré quand j'y entre afin de ne pas voir la poussière.
Bref, nous y voilà. Après avoir échappé je ne sais combien de fois au tribunal pour cause de "non paiement des taxes de taverne", après avoir tergiversé en long en large et en travers pour ne pas aller en prison, bref, après plusieurs magouilles, je reçois, pour la première fois depuis des mois, un rappel à la loi. Mais ça, je ne le sais pas encore.



Donc ça, ça et ça, mettez le de côté, quand l'hiver viendra on sera content de pouvoir le mettre au feu.
Vous ne lisez pas tous vos courriers...?
Uniquement ceux dont je reconnais l'écriture et ceux qui sentent bon.
Donc quand les gens meurent, même si vous les aimiez bien, comme c'est un autre que lui qui..
Oui j'ose espérer qu'un mort ne m'écrirait pas lui même pour m'inviter à ses funérailles...
Donc comme ça ne sentirait pas bon, et que l'écriture vous serait inconnue...Vous n'ouvri..
Bah non.


Le Georges avait quitté la pièce, me laissant là avec une bonne trentaine de missives non décachetées, dont l'écriture était inconnues et l'odeur douteuse.
Et c'est là que j'ai découvert qu'il y avait encore quelqu'un dans ce royaume qui accordait un tant soit peu d'importance à son métier -aussi barbant soit il-.




Bien le bonjour,

Je suis Catherine de la Louveterie, bailli de Touraine.
Si je vous écris ce n'est pas sans raison. En effet, il a été vu que vous deviez au duché de la Touraine, une taxe de taverne impayé. A raison de 680 écus et de 1326 écus de pénalités. Si vous ne pouvez pas payez tout d'un coup, je suis prête à établir avec vous un calendrier afin de rembourser le tout. Voir même a envisager de déduire les pénalités.

Que le Très haut vous garde.
Catherine de la Louveterie.



Et bin j'vais vous dire, il avait raison Georges, je devrais ouvrir plus souvent mon courrier, parce que répondre à ça, ça m'a mise de bonne humeur.




Chère Catherine de la Louveterie,

J'ai bien reçu votre missive faisant étant des retards de taxe concernant ma taverne.
Je vais vous économiser du temps, et de l'argent, je ne compte aucunement m'acquiter des 680 écus de taxe, et encore moins des 1326 écus de pénalités. Il se trouve qu'au moment où je l'ai ouverte, il m'a été assuré par *Ellysia barré* Ellesya de la Louveterie que je n'en paieraias pas. J'avais cru qu'une femme de son acabit n'avait qu'une parole.

Je vous encourage donc vivement à rouler cette missive, à l'humidifier légèrement et à vous la carrer bien profondément dans le fondement, et pourquoi pas, pour éviter que vos yeux ne pleurent pour rien, d'y ajouter un ou deux oignons que vous aurez fait pousser au lieu de vous occuper de mes affaires.

Il est bien évident que je vous laisse le choix, et que si la configuration de vos anus ne se trouvait pas en phase avec ma première proposition, vous pourrez tout aussi bien la glisser -pensez à humidifier- dans n'importe quel autre orifice, vous appartenant ou non. Je ne suis pas difficile quant à l'avenir que vous réservez à mon courrier, quand bien même vous remarquerez que l'état de vos muqueuses me préoccupe puisque j'ai pris soin de répondre sur un "triple épaisseur", doux mélange de bois, feuilles de menthe et d'orties.


Priez Sainte Boulasse, peut être qu'elle vous déposera les 2006 écus que je vous dois.

Andrea de la Colombière Di Foscari Widman d'Ibelin



GEOOOOOOOOOOORGES ! HEy t'avais raison, quelle grosse marade, viens voir!
Mm c'est Ellesya, pas Ellysia....Mais... Mais... Mais Ellesya n'avait jamais dit ça!
Ah?! Mince alors...


Joindre l'utile à l'agréable, ça n'a pas de prix.
Y a des pardons qui ne viennent jamais... Sans rancune Ellysia hein!

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Andrea_
[Clepto clepto-maaan]sur l'air de macho macho man



Je vole.

J'y peux rien, c'est plus fort que moi. Je n'étais pas comme ça avant...

Disons que faut remettre les choses dans leur contexte : petite, j'avais tout ce que je voulais en faisant un caprice. Puis je me suis mariée et il me suffisait de pleurer pour qu'on dise amen à toutes mes demandes.
Puis j'ai divorcé et j'ai brigandé. Je me suis remarié et j'ai continué de brigander. J'ai redivorcé et j'ai rebrigandé. Mais je volais de VRAIES choses, des choses qui brillent, qui se revendent bien, des choses importantes, pas...

Et puis Beren. Bim.
Jeune homme bien sous tout rapport. Blond miel. Barbe impeccable. Yeux verts profonds. Incroyablement prévenant. Tendre. Le coeur sur la main et la langue bien aiguisée -prenez le comme vous voulez-.
Du coup je me suis dit dès le début que ça suffisait les conneries, qu'on avait des gosses et qu'il était temps de me ranger. Je suis partie dans une sorte d'autopersuasion qui voulait que dès que j'avais envie de quelque chose, j'arrivais à trouver la solution pour m'en passer.
J'ai dit adieu au brigandage. Adieu aux prises de mairies. Adieu au vol sur le marché, adieu à la spéculation. Adieu à la vie de rapine, et bonjour à la vie de femme au foyer qui ne manque de rien car couronnée et bientôt mariée.


Et c'est là qu'à commencé cette petite manie de voler.
Au début c'était des choses sans importance, je partais sans payer un verre. Je piquais les pourboires dès que le tavernier avait le dos tourné. Et puis, quand j'étais seule, j'ai piqué une chope. Puis deux. Puis toute la ligne. Jamais de chiffres impaires. Une chaise, deux. quatre. Six. Et quand on commence à piquer une chaise, on peut aller plus loin, on ne dit pas " qui vole un oeuf vole un boeuf " pour rien. D'ailleurs un oeuf, c'est simple. On le colle sous sa chemise et hop. Une chaise...

Je vous défie d'aller en taverne, avec des gens, et de piquer une chaise sans que personne ne remarque rien. Et puis c'est devenu une habitude. Une habitude qui prend de la place puisqu'il faut stocker le tout sans que ni Chéri, ni les enfants ne voient rien.


Alors je sais ce que vous allez dire : "voler c'est mal". Y a même quelqu'un de bien sous tout rapport -amical les rapports- qui m'a dit : " Protéger le droit de propriété, c'est sauver des patrons milliardaires de la misère"*. Et il n'a pas tort dans un sens, parce que si les milliardaires se retrouvent millionnaires, où va le monde?!
Je sais que je n'ai besoin de rien, c'est vrai, j'ai la chance d'avoir un toit -sans fuites-, d'avoir chaque fois que j'ai un petit creux de quoi le combler, que je me paye le luxe de prendre chaque mois un bain au lait d'ânesse, que j'ai des enfants -tous en pleine santé-, et un futur mari presque tout neuf qui est juste le meilleur de tous les maris mais c'est plus fort que moi.
Tellement plus fort que moi qu'hier, alors que j'ai voulu montrer à cet homme bien sous tout rapport que je maitrisais la situation, j'ai quitté la taverne sans rien voler et qu'à peine la porte fermée, j'ai piqué le panneau d'entrée indiquant les prix des consommations.


Tant que personne ne me dit rien, je vais continuer, mais je sens bien que le vent tourne et qu'il n'est pas en ma faveur.




* : JD Maiwen se fera un plaisir de vous expliquer et répondra à vos insultes par MP.

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Andrea_
[Bulots Mayo pipeau]




Je ne suis pas une fille de la mer, c'est un fait. Y a qu'à voir comment ça me fait flipper d'entendre les mouettes, le mal de mer que je me tape dès que je mets un pied sur un bateau -vomito compris-, sans parler de l'attaque sournoise d'une méduse un soir où je me baignais avec la Brebis -c't'un surnom hein- où j'avais du nous pisser dessus pour nous sauver d'une mort certaine.

Nan, ça c'est sûr, j'suis pas une fille de la mer. N'empêche que j'avais déjà vu un bulot. Y avait un mec en Berry, Kirke de son p'tit nom, qui s'en servait pour nous les balancer en pleine tronche. Le bulot, coquillage de son état, est une arme fatale, faut pas se fier à sa jolie couleur claire.
Je savais donc que c'était un coquillage, de là à savoir que ce n'est que la COQUILLE d'un animal, faut pas pousser mémé dans l'purin. Je visionnais parfaitement la chose, avec sa forme particulière, mais je pensais bêtement que c'était un coquillage comme tous les autres, un truc que la mer crachait quand elle en avait envie, afin qu'on les ramasse pour en faire de jolies colliers, voir des maracasses pour ceux qui se sentaient l'âme d'un musicos.
Mais le coup de la bestiole, nan, j'lai pas vu v'nir.


Puis y a eu ce mec à Dôle, surnommé Tché, qui s'appelait en fait Cesare quelque chose -mais on s'en tamponne le coquillage de comment il s'appelait- qui a dit, alors qu'on prenait la route pour Annecy -j'ai pas l'temps de vous expliquer, mais ça viendra- : "J'vous accompagne jusqu'à Sainte Claude, parce que j'vais chercher des bulots".
J'voyais pas trop comment il pouvait y avoir des bulots à Sainte Claude, puisqu'y avait pas la mer. Et, en plus de m'avouer que la coquille renfermait un truc qui se mangeait -nan mais allo, ça se mange en plus-, il m'a dit que le bulot rendait intelligent. A force de le tanner sur le fait que même si ça se bectait, y avait quand même un sacré problème avec la chaine chiassique, et que, comme il n'y avait pas la mer là bas, il y avait de fortes chances qu'il chope une tourista de dingue, Tché -on s'en fou toujours c'est juste qu'il faut bien le nommer- m'a dit : "nan mais c'est un mec qui est super riche, qui fait venir à Lui".

Après avoir imaginé le gars qui faisait la danse de la mer et qui arrivait, je ne sais trop comment, à faire venir une immense vague, j'ai finalement appris que le gars en question -Starkel, profitez, je m'en souviens- avait un bateau et entre le bateau et le sanctuaire -ça j'ai pas compris-, il avait donc fait venir, des bulots. -On y est, les bulots, enfin-.


J'ai passé des heures au marché de Sainte Claude. Des heures carrées à chier des ronds d'chapeau pour ronger mon frein, non, aujourd'hui je ne volerais rien.
Ni ce petit châle qui protègerait de la fraicheur d'un automne venu trop vite, ni cette chemise un peu plus large qui cacherait volontiers un bout de ventre qu'on ne masquera plus longtemps. Encore moins cette petite paire de bottes de cuir avec des lacets un peu plus clair qui ont l'air ô combien confortables. Sans parler de cette paire de bas en laine, vraiment top moumout' qui règlerait à jamais l'absence de semelles dans sa paire de godasses fétiches - mais ne garantirait pas la fraicheur et l'odeur des dits panards-.
Non, aujourd'hui, la Chiasse ne volerait pas. Elle regarderait.


Et puis bim, le drame. Le petit quelque chose qui bascule prend la forme non pas d'un petit poney en bois qui serait du plus bel effet dans la chambre du futur petit Fiole, mais... l'étal du poissonnier.
L'étal du poissonnier et ses truites. Ses filets de sandre, ses pavés de saumon, ses écrevisses et ses soles... Enfin c'est ce qu'il dit, personnellement la Chiasse ne voit que des poissons et des trucs avec des pinces. Et là : Bulots. Oui, vous avez bien lu, des BULOTS. Des centaines de BULOTS.
Mais la Chiasse aujourd'hui ne volera pas. Elle ne regardera pas non plus. Elle achètera.
Et elle achète, Dieu sait qu'elle achète, puisqu'elle achète pour quatre cents écus de BULOTS. Et j'vais pas vous cacher que ça en fait des livres de coquillages. Mais le poissonnier l'a assuré : dans chacune des coquilles, sommeillent un crustacé. Le rêve, l'utopie, le panard ultime : elle était propriétaire non pas d'un, non pas de deux, mais bien de TRENTE SEPTS mannes de bulots.

Ce qu'elle va en faire?
Si vous lui demandez, elle vous dire qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises situations, que si elle devait résumer sa vie d'aujourd'hui, ça serait d'abord des rencontres, des gens qui lui ont tendu la main, peut être à un moment où elle ne pouvait pas, où elle était seule chez Elle. Et cest assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée*.
Mais si vous lui demandez d'arrêter son baratin, elle vous confiera que des idées, elle en a plein. Des courses de bulots, des tisanes de bulots, des combats de bulots, et même Beren lui a filé une idée quand il a dit " ça vous bouffe les entrailles et ça gigote là dedans", on pourrait même faire de la torture aux bulots. Ne vous inquiétez pas pour Elle, elle sait déjà que c'est un bon investissement.

Et en plus, il parait que ça se mange.

Si d'ailleurs quelqu'un pouvait lui dire qu'il faut les faire cuire et enlever la coquille, ça serait vraiment, mais alors vraiment sympa.





* Astérix et Obelix le film.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[C'est ma fille ma bataille]



S'il y a bien une chose dont on ne peut pas douter, c'est que j'aime mes enfants. Je les ai tous aimé dès le premier regard, et je n'ai jamais cessé de les aimer -même quand Victoire m'a dégobillé dessus à la cérémonie d'allégeance-.

Il y a d'abord eu Nicolas et ses grands yeux bruns, en tout point semblables à ceux de son père. Avec Nico, j'ai fait mes armes. J'ai, je l'avoue, dès sa naissance, laissé de côté tout ce qui de près ou de loin pouvait sentir mauvais, ce qui fait que je n'approchais pas souvent ce petit être braillard qui m'avait déchiré les entrailles en plein brigandage. On va pas se mentir, avec Nico, j'ai merdé sur toute la ligne.

Il y a ensuite eu Victoire, qui dès le début, a su montrer qu'elle me ressemblerait. Ses yeux bleus ont vu le jour pour la première fois lors du grand bal d'Enzo et Gabrielle à Carcassonne. Victoire n'a jamais été une petite fille facile, elle n'a arrêté de pleurer que lorsqu'elle a su parler et n'a pas pour autant arrêter de faire du bruit par la suite. Elle a su courir avant de marcher, et a mi un temps infini avant de comprendre qu'elle pouvait utiliser autre chose que ses langes pour faire ses besoins. Elle a aujourd'hui cinq ans, quelques dents en moins, et refuse de manger tout ce qui ne ressemble pas à un gâteau. Elle se roule par terre et hurle pour obtenir ce qu'elle veut, et la plupart du temps, ça fonctionne -puisque ma patience a ses limites-. L'éducation de Victoire n'est ni une éducation ni une Victoire, mais disons qu'au moins, j'essaye d'en faire quelque chose.

Et puis est arrivée Enolia. Que j'ai tout de suite aimé puisqu'elle avait passé l'âge de faire ses besoins dans son froc, qu'elle mangeait de tout et qu'elle était relativement autonome. Enolia, avant même de savoir que je tomberais éperdument amoureuse de son père, j'ai voulu l'adopter. Je l'ai d'ailleurs fait, officieusement. Et avec Elle est venue l'envie de réussir au moins une chose dans ma vie. Faut bien comprendre qu'Enolia, c'est un peu ma bataille, et que comme j'veux pas qu'elle s'en aille, je la chérie, mais je sais aussi la laminer bien comme il faut quand elle abuse de ma bonté -ce qui arrive relativement souvent-.
Enolia, je la fâche rarement, même l'autre jour, quand elle a avoué qu'elle avait mis sous mon lit une fiole contenant le sang de ses menstruations, parce que j'ai trouvé ça dégueu, que ça m'a fait gerber, mais que j'ai trouvé ça TROP craquant. (Bien plus craquant que quand son père a proposé de faire empailler son "opercule" de virginité.)


Alors forcément, quand Enolia en vient à demander des cadeaux pour son anniversaire, je sors un papier et je note. Quand elle demande à en avoir le double de son âge, je lui fais gentiment croire que deux fois douze égal : 14. C'est de bonne guerre, je l'aime beaucoup mais faut pas pousser.
Quand Enolia demande un nouveau carnet, un beau, je me dis que ça ne va pas être compliqué. Quand elle ajoute un cheval, je propose qu'il compte pour 4, parce qu'on va bien réussir à faire 4 escalopes dans un canasson.
Je ne dis rien quand elle demande un corset. Mais quand elle dit que ce cadeau ne compte pas dans les 14, qu'il sera simplement un acte de générosité gratuit, un truc de filles, j'me permet quand même de lui demander ce qu'elle compte mettre dans son corset vu qu'elle n'a pas un bout de téton qui pointe, c'est mignon, mais c'est dit.
Quand Enolia demande un animal, et qu'elle ajoute " heu... Comme une biche", je me dis qu'il sera toujours possible de lui offrir en bocal, et que ça sera plus facile à stocker, et puis qu'on sera bien content de la trouver cet hiver.
Quand Enolia demande un bracelet, un beau, qui coûte cher, j'me dis que cette gamine va me ruiner, mais vous comprenez, je l'aime.

Vous voyez, quand Lili demande, elle a, c'est comme ça. Ma fille est une gosse de riches, à un moment faut assumer.

Mais ma plus grande fierté, c'est quand elle m'a chuchoté un dernier cadeau.
Je crois que j'en ai eu des étoiles dans les yeux, j'étais à deux doigts de chialer. Je ne sais pas si elle l'a vu, mais j'ai dégueulé d'amour et de fierté à son égard. Jamais, avant, je n'avais regardé un de mes enfants comme je l'ai regardé Elle, en cet instant. Transit d'Amour que j'étais. Je me serais automoquée si je m'étais vue.


Ce cadeau, j'y mettrais tout mon coeur.
Mais j'peux pas y arriver toute seule. Pour des raisons évidentes -pour moi-, je ne peux pas en parler à son père, j'ai besoin que ce petit quelque chose reste un cadeau d'un mère à sa fille, c'est comme ça.
Donc j'ai demandé l'aide de Maille. Maiwen, Limougeaux de son état, qui habite un petit fief entre Limoges et Bourtameuf : Couzages. Ou Courazes, ou Couzauges. Il est, appelons un chat un chat, vraiment pas mal. Il est brun, les yeux verts, il est plutôt bien taillé, et même s'il porte parfois des chemises en soie, on peut quand même dire qu'il prend soin de lui.
Le problème de c't'homme là, c'est qu'il est affreusement coincé. C'est simple, si vous le cherchez, trouvez ses bottes, il est toujours dedans. Droit dans ses bottes. Si droit dans ses bottes que s'il y a un coup de vent, il tombe à plat, le pif dans l'herbe fraiche. Parce qu'en plus d'être droit et coincé, il est précieux -limite inverti si vous voulez mon avis-, du genre à boire une tisane avant de dormir, en tenant sa tasse à deux doigts et le petit doigt debout -droit le petit doigt, comme lui dans ses bottes-.

Alors j'ai pris mes précautions " vous êtes du Dragon", blablabla, " secret professionnel", lui a répondu " secret d'amis", j'espère qu'il tient à notre amitié parce que s'il dévoile ce que je lui ai confié, j'lui pète ses petites dents bien rangées et je l'émascule sur place -je mettrais une roupette dans chaque botte, et sa verge au bout de son nez, pour pas le déséquilibrer-.
Alors, bon c'était un peu longuet, il a fallu répéter le rêve d'Enolia, plusieurs fois, pour qu'enfin ma voix cristalline atteigne son enclume et son marteau et que, par je ne sais quel procédé, le tout atteigne son cerveau. Il a dit un truc du genre " vous voulez VRAIMENT faire ça à une enfant de douze ans, et vous croyez que je vais vous aider?!" -je vous avais dit qu'il était AUSSI rabat-joie?, non?, bah voilà-
Alors moi j'ai répondu, fermement : " non, je veux qu'une enfant de douze ans vive son rêve."
Et puis forcément, sans surprise, il a répondu que "tous les rêves n'étaient pas fait pour être vécus." Il a même ajouté " Bon sang". Parce qu'il ne dit jamais de gros mots, il est trop bien élevé.



Mais Maï', il peut pas comprendre.
Moi, quand j'étais petite, je voulais devenir.... Je sais plus ce que je voulais devenir, mais je voulais pas devenir ce que je suis devenue. Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. On fait ce qu'on peut.

Je n'avais pas prévu que ma famille rejoindrait les étoiles alors que je n'avais pas dix ans. Je n'avais pas prévu de rencontrer un homme qui ferait de ma vie un enfer après avoir tenté de me tuer. Je n'avais pas prévu non plus de rencontrer un hédoniste, de tomber amoureuse de Lui, de lui faire deux enfants et de... Bref, il est mort. Je n'avais pas prévu de brigandé, je n'avais pas prévu de me retrouver avec des couronnes et des titres à rallonges qui font que dès que je me présente, j'ai l'impression de lire l'histoire sans fin.

Peut être que si quelqu'un m'avait montré différentes voies, j'aurais pu choisir la mienne sans avoir besoin de me ramasser lamentablement dans la vie.
De tout ce que j'ai vécu, ce que j'avais encore moins prévu, c'est qu'après avoir été nulle comme mère, j'aurais une autre chance.
Et j'avoue que je suis super méga fière que ma fille s'intéresse à ce que j'ai pu faire de ma vie...



Alors oui, Si Enolia rêve de dormir en prison, elle dormira en prison.
Même si pour cela nous devons attaquer une mairie toutes les deux.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[C'est ma fille, ma bataille, partie II]






De nous, Andrea De la Colombière - Di Foscari Widman d'Ibelin
Epouse de Beren de la Fiole Ébrechée de Sparte,
Princesse d'Andorre,
Duchesse de la Massana,
Duchesse Sainte Julia de la Loria,
Dame de Guetary.


A vous, Susi Llobregat de la Duranxie Niraco
Épouse de Louis Gauttier Llobregat de la Duranxie Niraco
Vicomtesse de Audaux et Domezaine
Monseigneur


Monseigneur,

Je sais que cette missive va vous surprendre, autant par la demande qui vous sera faite que par l'importance qu'elle revêt pour moi.
Gardez en tête qu'au delà des titres et des couronnes, c'est avant tout une mière qui vous écrit. Une mère qui ne peut se résoudre à refuser de combler sa fille.
Enolia aura bientôt douze ans, et toutes ses dents. Elle est depuis peu une jeune femme et je souhaite, tout comme son père, qu'elle honore notre famille et devienne une femme d'honneur, qui portera fièrement les blasons familiaux. Nous espérons lui trouver bon époux lorsque l'heure sera venue.

Enolia fêtera la veille de Noël ses douzes printemps. Et si vous voulez mon avis, ils sont passés bien trop vite et je regrette déjà le temps où elle courrait en culottes courtes après un lapin. Elle a, bien sûr, proposé une liste non exhaustive de cadeaux qu'elle aimerait recevoir, une liste où les rubans côtoient un cheval -pas à bascules-, où un carnet trône en pôle position d'un bracelet orné de pierres précieuses.

L'une de ses demandes m'a particulièrement émue. Peut être ne le savez vous pas, mais j'ai été, il y a longtemps, une brigande de renom. J'ai beaucoup de mal à croire, maintenant que la vie me sourit, que j'ai un jour été à la tête d'une armée de cinquantes hommes et que nous arpentions les duchés en quête de richesses à dérober. Mais c'est un fait, et Enolia ne se lasse jamais d'écouter mes récits, car évidemment, je ne lui cache rien.

J'en viens au fait : Enolia rêve de dormir en prison. C'est l'ultime cadeau qu'elle m'a demandé, puisqu'il est évident que son père désapprouverait.
Et c'est pourquoi je vous écris. Nous faisons route vers Orthez, où nous rejoignons quelques amis de longue date. Nous devrions arriver dans une dizaine de jours environ, et je vous sollicite afin de m'aider à pourvoir au rêve de ma fille adorée.
J'aimerais, s'il vous plait, que vous colliez ma fille en prison pour une nuit ou deux. J'aimerais qu'elle soit dans une cellule tout ce qu'il y a de plus sale et de plus lugubre, que vous lui fassiez manger d'affreuses miches de pain comme 'cétait le cas quand j'y avais séjourné. Qu'elle boive de l'eau croupie, qu'elle ai peur de ses voisins de cellules. J'aimerais bien évidemment l'accompagner et subir le même sort -ça me rappellera ma jeunesse-.
J'aimerais que ce séjour soit un enfer, je veux que tout soit mis en oeuvre pour que PLUS JAMAIS elle ne veuille y retourner. Je souhaite lui passer l'éventuelle envie d'avoir la même jeunesse que celle que j'ai vécu.


Dans le cas où vous n'auriez pas envie d'accéder à ma demande, je vous prie de bien vouloir vous préparer à une autre hypothèse, celle où une mère et sa fille attaquent une ville en Gascogne où nous revendiquerons cette lettre afin de prouver que tout ceci aurait pu être évité.


Dans l'attente de vous lire,
D.




C'qui faut pas faire pour donner des étoiles dan les yeux de sa fille.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
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