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[RP] Journal d'une chiasse en goguette

Andrea_
[Fais moi l’aumône.]


Guyenne, vaste Guyenne arpentée en long, en large en travers. Le moindre chemin, le moindre sentier, la plus petite ruelle, le plus sombre troquet résonnent de mes pas. Bottes foulant le pavé sans contrition. Pas de pitié pour les riches.
Le temps est clément, l’air s’est adouci et les couches de vêtements envolés, il semblerait que le printemps ai gagné son combat contre l’hiver, d’ici peu les tulipes remplaceront les jonquilles et les piaillements des oiseaux amoureux succéderont le silence inquiétant des scènes enneigés. J’aime le printemps. J’aime cette nature qui s’éveille avec douceur, ce souffle de vie qui reprend vigueur, j’aime quand l’hiver, vaincu, laisse place à l’enchantement des paysages fleuris.

Et puis surtout, t’es plus obligé d’te balader avec deux capes, un mantel, douze chemises et quatre bonnets, sans parler de ces bas qui ont l’extravagance de te faire transpirer des panards sans te les réchauffer. J’crois qu’en fait, c’est pas que j’aime le printemps, non c’est juste que je déteste l’hiver.

Guyenne donc. Vaste Guyenne où je me pose pour boire un verre et laver mes panards –put’ains d’bas-. J’avais le compteur au max de la mauvaise humeur, les pieds en sang, les orteils blancs peau fripée, les cheveux emmêlés, l’gosier sec, bref, la totale panoplie de la gonzesse qui va tirer la tronche pendant des heures. En plus je rentre en taverne et j’me retrouve en pleine réunion familiale de deux sœurs –oui, c’t’une petite famille-, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Bin j’vais vous dire, si j’avais eu un doute sur la solidarité féminine, elles l’auraient effacé en un regard.
En trois minutes on m’amenait une bassine d’eau chaude qui sentait bon, le tout en me servant à boire. En cinq minutes j’avais réussi à me faire offrir un peigne et une paire de bas. A la neuvième minute, les sœurs M&M’s* m’eurent par Ko en m’offrant le gite et le couvert.
Moins de dix minutes plus tard, elles convenaient que je pourrais rester aussi longtemps que je le voulais, qu’elles avaient une chambre chez elles qui ne servait pas. Une infime partie de moi a décidé que c’était Deos qui les avaient mis sur mon chemin, et puis je me suis rappelé qu’il n’existait pas et donc j’ai mis ça sur le dos de l’inspiration que je dégageais. Amen.

J’ai été parfaite. J’ai demandé un double des clés, j’ai fait part de ma graaaande inquiétude concernant mes objets de valeur et elles m’ont indiqué le coffre. Elles m’ont demandées si j’étais seule, je leur ai dit que j’avais bien un animal de compagnie, avec deux bras et deux jambes, et elles m’ont simplement répondu de faire attention à ce qu’il ne fasse pas de dégât. Naïves, ou perspicaces.
Puis le mari de l’une d’elles s’est joint à nous, m’a proposé quelques denrées à bas prix, pauvre miséreuse que je suis, et s’est inquiété de me savoir seule sur les routes. Il a tenté une blague graveleuse ou deux, m’indiquant de ne pas trop le faire boire au risque que la nuit tombée il ne se trompe de chambre et de couche devant sa Dame qui riait à gorge déployée.
J’ai continué de servir à boire, en hydratant mon gosier jusqu’à oublier de préciser que mon animal de compagnie …

N’aimerait sûrement savoir que j’ai oublié de le présenter.

Guyenne. Vaste Guyenne. Ses routes et ses chemins, ses troquets et sa liqueur, ses hôtes et leur ignorance, son printemps qui renait, Guyenne Guyenne, ne te pare pas encore de Tulipes.



* : Initiales des deux femmes

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Zéro tracas, zéro Blablas, y a Dea.]



Y a tout un tas de choses que je peux pas blairer dans la vie.
La tisane, mais quand j’suis malade ça peut passer.
Les femmes, mais quand j’ai faim, je peux en manger.
Les idiots, mais quand j’ai un dîner d’con j’peux les amener.
L’église, mais…. Nan, l’église ça reste indigeste.


Alors quand l’Anso, bête sauvage et légèrement hargneuse m’a parlé de se faire baptiser, je lui ai demandé : pourquoi.
C’était pas un bête : ah bon, pourquoi ?
C’était le « pourquoiiiiiii, mais put’ain, qu’est ce que j’ai loupé avec toi pour que tu en arrives à de telles extrémités, pourquoiiiiiiii », le pourquoi du désespoir. De l’incompréhension. De l’amertume aussi. Le pourquoi qui ne trouverait pas de réponses.

J’ai concédé pas mal de choses, j’ai tiré la tronche quand il m’a parlé d’être sa marraine, parce qu’il ne m’a pas posé la question hein, nooooon, l’Anso oblige. Il force la main. Il impose sa volonté, et le reste du monde, nous, pauvres petites bêtes idiotes et tremblotantes –surtout après l’orgasme- nous accédons à sa demande. Alors ok, en trois minutes j’étais passée de « c’moi le chef » à « oui, bien sûr que oui je mettrais une robe. Oh mais oui je te cacherais ton bouquin. Oh oui, tout ce que tu voudras Anso’. »
C’est simple, il me chierait dans la bouche que je lui dirais merci.


Mais une femme n’abandonne jamais.
Alors dès que j’ai eu trois minutes, j’ai écrit. Oh pas grand-chose hein, juste de quoi obtenir le saint Graal. Bien sûr pour se faire j’ai du monnayer, ma bourse et les siennes, mon honneur –quel honneur ?!- et une partie de mon patrimoine génétique.
Trois jours pour avoir une réponse. Trois pu’tains de jours à attendre qu’un pigeon veuille bien se poser sur mon épaule et me déposer ENFIN le fichu papier qui m’avait tant coûté.

Mais je l’avais enfin entre les mains. Vrai, faux, personne ne verrait la différence.


Montrer à un homme qu’on a de la ressource, ça n’a pas d’prix, pour tout l’reste…
Y a Dea.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Narbonne.]



Parfois, pour se fondre dans la masse, faut inventer des conneries grosses comme toi.
Et tu retrouves avec un pauvre Diacre complètement paumé.

Sur ce coup, on a fait fort. Trois minutes pour le faire tomber dans le panneau, deux pour le faire compatir, et c’était parti pour une heure de sermons sur les droits de la femme.
Ah le Anso il a tout mangé, TOUT, il a bu ses paroles sur des sujets divers et variés qui m’ont fait mouillé mes braies. Et vas-y que la femme n’est pas un objet, que penser que l’homme lui est supérieur est un concept désuet, qu’il faut l’honorer, et pas seulement le mercredi et que…
Ah mais j’vous ai pas parlé du mercredi !
C’est qu’une fois partie dans le mytho de « on est marié » pour avoir la paix, qu’on avait ajouté « on est en voyage de noces » pour pas dévoiler qu’on était en route pour le coup du siècle, on a ajouté le « on est obligé, pour l’honneur, de faire l’amour tous les mercredis ». Z’auriez du voir ma tête quand je me suis rendue compte qu’on était justement mercredi ! Z’auriez du voir la tête d’Anso’ quand j’lui ai demandé si cette fois j’aurais le droit de jouir, et… Vous auriez du voir la tête du curé quand il nous regardait.

Rien ne peut arrêter l’Ansoald dans sa recherche de vérité. Rien, sauf peut être… Une Andrea et ses munitions. Vous n’imaginez pas le pouvoir des baies.

Après le mercredi saint, vint le jeudi. Sain. Très sain.
Et le vendredi, jour du poisson. Nouveau défi, nouveau mytho.
Nouvelle danse. Improvisée, juste là, dans le fin fond d’une taverne à l’odeur douteuse. Quand on se jauge du regard. Que les corps se frôlent et inventent la danse des pirates. Quand les chaises se couchent, que les marins bravent la tempête. Quand les vagues sont hautes mais le bateau insubmersible. Qu’on se noie en prouvant à l’autre qu’on sait nager. Quand l’abordage est lent, vicieux et qu’un moussaillon tente de relever les filets. Que la proue brave l’écume, que la poupe résiste.

Samedi, retour du mousse qui ne tient pas la route et qui veut encore voguer. Moussaillon sibyllin bluffé par le chant des sirènes tentant une mutinerie.
Combien de temps avant de passer par-dessus bord ? Pauvre petit ère qui n’a pas compris qu’il ne peut y avoir qu’un seul capitaine à bord.



Narbonne Narbonne, et le besoin de prendre le large prend tout son sens.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Brigander, c’est tout un art.
Ça faisait des années que j’avais pas brigandé avec quelqu’un du métier. Des années que je m’étais pas fait des roubignoles en or. D’ailleurs pour tout vous dire, la première nuit c’étaient les roustons. La deuxième tout le bas du corps. Puis le haut. Puis… Vraiment, mais vraiment, j’ai l’impression d’avoir gagné à la loterie. Heureusement que j’avais pris la peine d’acheter une charrette sinon je ne sais même pas comment on aurait pu tout ramener.

J’parle pas des centaines d’écus hein, je parle des objets.
Y a quand même des gens qui se font chier à se promener avec des stères de bois ! J’ai eu beau cherché j’ai pas compris pourquoi. Du blé à la rigueur, de la laine pourquoi pas, mais du bois ?! C’est au cas où ils voudraient allumer un feu ? Construire une cabane sur les chemins ? C’est pas comme s’il y avait des arbres partout hein. M’enfin bref, j’me suis fait un bon petit pactole. Et Lui aussi.

J’ai adoré quand une brigandé –notre plus gros poisson !- est revenue sur le nœud avec des copains. On les a vu débouler comme des fleurs, squatter le feu de camps et élaborer des plans. Pour être honnête, avec Anso, on a flippé notre race. On les a vu pendant DEUX JOURS et UNE NUIT, ils ont galérés. Ah ils avaient l’air de vouloir brigander hein, mais ils avaient pas les paroles. Deux jours et une nuit pour comprendre qu’en lance, c’était pas possible. Et oui M’sieurs Dames, même en formation tortue, mais c’était bien tenté, vous aviez l’air con, mais c’était bien tenté. M’enfin le temps qu’ils captent, on était loin. Forcément.


Les chemins, moi, ça m’a toujours inspiré, le grand air tout ça, ça décuple mes sensations. Tout prend une ampleur démesurée, extrapolée. Un esprit léger dans un corps dégueulasse. Une sensation de bien être en dépouillant les gens. Des réveils comme il en faudrait chaque matin et des nuits qui rendent riches : extase.

Et puis…
Et puis y a des moments où le temps s’arrête. De longues minutes où le regard plongé dans un autre semblent durer des heures, où les gestes paraissent ralentis, où le silence est assourdissant, quand on souhaiterait hurler mais qu’aucun son ne daigne sortir.
Le Brun et moi, nous évitons les gestes tendres, pour des raisons qui nous sont propres sans que nous puissions les exprimer vraiment. Personnellement, je serai bien incapable d’expliquer pourquoi. Pourquoi j’ai tant de mal à caresser sa joue, à lui sourire, à l’embrasser tendrement, pourquoi je passe mon temps à le défier, à insister sur le fait que je ne m’attacherai jamais à lui. Eviter l’Amour, c’est éviter les emmerdes, je crois que ça résume bien la situation.
Alors forcément lorsqu’il s’est approché en me fixant sans dire un mot, je me suis dit que j’allais morfler.
Quand son visage s’est obscurci, je me suis dit que j’allais morfler mais que j’allais probablement aimer.
Mais quand il a levé ma main pour la coller entre nous, là, j’ai compris que la présence de mon alliance à mon doigt allait poser problème.

Ça a été le cas. Une minute.
Le temps pour lui de la retirer et de la balancer dans la pampa.


J’crois que de ces quatre jours sur les routes, j’retiendrais qu’une chose : il a suffit d’une seule minute pour me confirmer que j’avais fait le bon choix en prenant la route voilà presque deux mois. Que même si demain tout s’arrêtait, j’aurais vécu des choses formidables qui pour une fois ne se termineraient pas en catastrophe.
Alors oui, à peine arrivé j’ai mis la solde de mes rapines à l’église, et demandé le divorce.
Ouaip, c’est la seule chose que je retiendrai.



Et aussi que je dois faire subir un gage à Désidératum pour son brigandage raté.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Le contenu, le contenant.]


Bon ok, j’ai pas été super inspirée pour le titre, mais c’est que le sujet est délicat. Tu vois si j’avais dû parler de la relation de cause à effet entre ce que je mange et la couleur/odeur/consistance de mes crottes, là, par exemple, j’aurais su quoi mettre en titre : Caca. En lettres d’or, en gras et en italique. Là, bah…
D’ailleurs c’est un sujet tellement complexe que je vais tourner autour du pot. Un long moment. C’est toujours mieux de préparer le terrain. J’suis déjà un peu en train de le faire, t’as remarqué non ? C’est normal, j’essaye de noyer le poisson. Avec un peu de bol t’es en train de chercher des indices parce que j’en ai déjà posé deux. Et puis là tu relis tout, en cherchant les deux indices, et tu te demandes si je t’ai pas raconté des conneries, c’qu’est fort possible parce que je t’avais prévenu, mon but c’est de reculer l’instant où je te parlerais de « ça ». Mais non, y a vraiment deux indices. Et tu relis.

Ça t’es déjà arrivé d’adorer un truc mais d’en avoir honte ? J’sais pas, imaginons que tu es un homme qui aime mettre des corsets, ou que tu te dis vegan mais que tu bouffes des œufs cocotte en cachette, ou alors que tu manges des cornichons avec du foie gras ou… je sais pas hein, mais un truc super honteux. Bon.
Et ça t’es déjà arrivé de te dire qu’un truc n’était pas fait pour aller avec un autre ? J’parle pas de ton frère et ta belle sœur hein, non ça c’est sûr qu’aucune femme n’est assez bien pour se taper ton frère. Non je parle d’une jolie cuillère en argent qu’on collerait avec un vieux pot tout fêlé. Un truc contre nature tu vois, tu vas pas mettre des bottes neuves avec des bas troués, c’pas ça la vie ! Hein ? Ouai.
Et puis y a la norme. Tu t’es déjà dit : tiens, c’pas « normal » pour les autres, mais ça l’est pour moi. Par exemple je mets des braies, je suis une princesse ET je brigande. La non-normalité c’est quand les gens apprennent LA chose et disent « han mais nan ! » ou « mais pourquoi ? » « vous z’avez pas honte ?! ».

Les bases sont posées. Là, comme ça, ni vu ni connu je t’embrouille. T’as toutes les cartes en main et tu comprends rien. Ça cogite hein ?!


Bin moi, y a quelque temps, j’ai gagné un olisbos. Sans tricher hein, j’ai joué, il a joué, il a perdu, j’ai gagné, hop hop, nouveau jouet. Un olisbos, parce que je vais pas non plus te le dessiner hein, mais c’est une sorte de cierge en bois. Avec une forme de phallus. C’est fait pour… occuper tes…soirées de… célibataire. Ou pas du coup. C’t’aussi bien un jeu solitaire qu’un jeu de société, le tout c’est de bien le laver, sinon le bois devient poreux et s’effrite et c’est dangereux. Une écharde dans le… ou même dans le… Voilà, on approche du but.
Et puis un jour, enfin c’était un soir, mais peu importe hein et bien…
Tu te souviens de cette cuillère dans le pot ? Il est fêlé le pot, il aurait jamais du accueillir une jolie cuillère, parce que c’est pas un pot à cuillère, c’est un pot de déco, il est là pour… A la rigueur tu peux mettre de l’eau dans ce pot, tu peux y fourrer les doigts, pourquoi pas, mais tu PEUX PAS y mettre une cuillère ! C’est pas la norme !

Mais au fond –le terme de « fond » est peut être déplacé-, on s’en bran’le –arf- de la normalité. On se la met au cul –rhaaaaaaaa- la cuillère- un pot est un pot –gniark-. Le but c’est de prendre son pied non ?

Alors peu importe le contenu et le contenant, tant qu’on fait d’la bonne tambouille.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Surprise sur prise ]



Oh tiens une revenante, ça fait un bail qu’on n’ s’est pas vu !
Et bien oui cher Journal, il se trouve que j’étais retenu dans le Périgord ! C’est pas faute d’avoir des tas de choses à te dire hein, à commencer par le fait que les Curettes sont chaudes comme la braise et adorent les latrines.

Mais y a pas qu’ça Andrea, allez, crache ta valda !
Dis donc, les nouvelles vont vite ! Oui, j’ai effectivement ouvert un nouvel établissement, il est pour le moment en décrépitude totale, mais il m’a permis d’écouler une cinquantaine de miches de pain et le double en binouze alors on n’va pas chipoter. Sans compter qu’il est situé sur un nœud qui m’a rapporté gros, très gros, presque trop gros.

C’est justement là que je voulais en venir, peux-tu m’en dire plus ?
Dis donc petit journal, tu es bien curieux ! Mais j’avoue qu’après trois nuits de brigandage, j’avais suffisamment pour payer mon divorce, acheter un appartement et de quoi nourrir une armée entière. Si ça c’est pas de la chance !

C’est presque trop beau pour être vrai ! Il se murmure pourtant qu’une chasse à l’homme a été ouverte pour te retrouver, toi et ton comparse, je veux des détails !
Oh tu sais, rien de bien folichon, quelques affiches un peu grossière, où j’étais représentée avec une chemise en soie et décrite comme ayant une forte odeur de fromage.

Et ?
Et nous avons été arrêté.

Et ?
Jugé aussi.

Et, dis moi ce que je sais déjà, j’ai envie de rire.
Bah ça s’est bien passé. Pas de prison, pas d’amende. Juste une petite peine à accomplir. Un truc rapide, bien vite envoyé. Un « truc ».

J’ai ouïe dire que ce « truc » …
Oh c’est bon hein ! OUI la juge et le procureur m’ont forcé à porter une culotte de chasteté pendant une nuit, oui c’était nul, et lourd et putainement dégueulasse, mais c’était pas la fin du monde. Le pire, c’était le lendemain, quand j’ai du me marier. On n’a pas IDÉE d’obliger les gens à se marier, c’est quoi cette juge sérieusement hein ?! Je brigande, je passe du bon temps, je me paye ENFIN le divorce de mes rêves et on me remercie comment ? Un MARIAGE, avec Anso en plus ! Comment tuer la passion et la transformer en obligation. Quand la ba*se pure et dure devient devoir conjugal.
Heureusement que ça n’a rien changé hein !
Nan mais ça va, dans cinq mois, on pourra divorcer. Au moins un truc pour lequel on sera consentant.



C’est à ce moment là que j’ai entendu un journal rire pour la première fois. Il était plié, littéralement.
Du coup j’l’ai fermé. C’est con parce que je dois absolument vous parler de Paquita. Mais vraiment.
Ça attendra que je digère.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Paquita]


Enigmatique comme titre hein ?!
Pas tant que ça, vous allez vite comprendre.

J’ai beaucoup de petites manies, des chiantes et des moins chiantes. Des manies hyper handicapantes en société, comme cette façon de cracher dans mes chopines pour éviter qu’on me les pique –ce qui n’arrête pas tout le monde, je dois l’avouer-, ou de toujours me trimbaler avec des réserves alimentaires dans ma besace –que j’oublie la plupart du temps et qui tâche tout ce que j’y mets-. D’ailleurs si j’ai un conseil, faites vous une croix sur la main quand vous mettez des denrées périssables dans votre cabas, sinon ça peut vite devenir ingérable, comme cette rouelle de porc que j’ai complètement zappé et qui laissait dans mon sillage une forte odeur de rat crevé, ou ce caramel qui s’est enfui de son emballage pour se coller au milieu des missives que je collectionnais.

Bref, j’ai aussi la fâcheuse habitude d’ouvrir des tavernes. Des tavernes bordels, des tavernes auberge, des tavernes tavernes, et même des tavernes feu de camps. J’en ai une douzaine, ou un peu plus maintenant. J’adore passer chez moi quand je voyage, j’ai l’impression de me rendre visite et je me trouve agréable. Je remets à becter, un peu d’picoles et en avant toute.
Dans chaque taverne, un pecno est payé pour faire le gardien. J’le paye pas pour qu’il fasse le ménage hein, c’pas mon clodo non plus, ni pour le service, c’pas ma bonniche, nan, moi, mon pecno, il est là pour écouter les ragots et m’en rapporter un morceau. La plupart du temps il est trop bourré pour dégueuler deux mots cohérents, mais faut l’comprendre, il est payé une misère et en plus il se fait tabasser par les gens alors… Alors, devinez quoi, j’en ai un AUSSI à Toulouse ! Dingue nan ?

Alors forcément, quand tôt le matin le Toulousain, en faisant sa tournée –il passe sous les tables pour becter les miettes et ramasser les pièces- il est tombé sur une table avec une gravure, le Pecno il a pété son plomb. Mais l’a pas inventé l’eau chaude le Toulousain –c’est déjà le cas d’un Toulousain lambda alors imaginez un pecno !-, alors il sait pas lire. Alors le couillon il a écrit une petite missive à sa chère Andrea, parce que s’il envoyait pas d’missive et qu’elle découvrait elle-même la gravure sur table, elle aurait pété un cable la p’tite dame.

La p’tite dame, c’est MOI. Alors quand j’ai r’çu la missive avec juste écrit « PAQUITA » écrit sur un dessin de table, j’aime autant vous dire que ça a ronflé sévère. Y avait personne pour entendre certes, mais ça soulage bien la bestiole quand même.

C’est qu’moi, la Paquita, j’la connais hein. J’la r’vois encore la toute première fois, accoudée à une jarre dans sa taverne de Castelnaudary, avec une folle envie d’nous faire becter un cassoulet, et qui, sous prétexte que j’en voulais pas, s’est mise à péter des jarres ! Heureusement Duflan est passé un peu plus tard dans l’village avec son âne et son clébard, et m’a un peu expliqué que si la Paquita était comme ça, c’parce que son mâle s’était fait la malle. Bref, c’était y a longtemps. D’puis, quand j’la r’vois la Paquita, j’ai un petit moment de nostalgie, parce que c’est la première femme que j’ai croisé quand j’suis sortie de mon œuf. Toujours de bonne humeur, toujours souriante, toujours ce petit accent chantant qui vous rappelle les cigales et qui vous fait le même effet : dix minutes c’est bien, une heure et vous en avez plein l’casque.

Alors qu’est ce que vous voulez que j’lui dise à la Paquita hein ? J’m’en tire plutôt bien au final. La Castelnaudarienne elle est du genre à jouer aux fléchettes avec des œufs en visant des pots de confiot’, de balancer du maïs PARTOUT parce que c’est festif, d’enfermer un troupeau d’oies en pensant –et elle le pensait VRAIMENT- qu’elles feraient le ménage à sa place. Sans parler du fait que tout l’royaume est au courant que « Gatoche sent les pieds » d’puis qu’elle l’a gravée sur une autre table.

Nan vraiment, qu’est ce que vous voulez que je fasse sinon garder cette table en souvenir ?
T’façon elle est pas du genre à assumer un truc comme ça et c’est encore Duflan qui va prendre.



Merci à Jd Paquita de m’avoir donné les infos concernant tout ce qu’avais déjà fait Paquita dans une taverne. Et merci pour tout, ton perso est en effet le premier perso femme qu’elle a croisé. Nos rares échanges ne sont qu’humour et gentillesse, merci !


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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Il y a …]



Il y a ce mariage qui n’en est pas vraiment un, cet anneau qui cependant te rassure. Oh tu sais bien que ce n’est pas ça qui retient Ansoald à tes côtés, et ce n’est pas ce que tu veux, tu l’aimes libre, si tant est que ça soit l’amour qui vous unisse. Tu aimes qu’il revienne au beau milieu de la nuit et qu’il joue de ses doigts contre ta peau, que sans un mot sa chair devienne tienne et qu’avec fougue vous laissiez vos corps exprimer ce qu’aucun mot ne pourrait expliquer avec justesse. Tu aimes sentir doucement ton odeur recouvrir celle d’une autre. Tu aimes le voir se pavaner avec cette odeur qui caractérise le plaisir que vous venez d’échanger. Tu aimes l’ardeur qu’il met à annihiler le parfum d’un autre. Tu aimes, tu aimes te rappeler que chaque fois pourrait être la dernière.
Tu sais qu’un jour il partira, à moins que ça ne soit toi, et tu aimes te dire que tu n’en seras pas malheureuse.


Il y a ce fils qui revient après des années loin de Toi. Il y a ces gestes tendres que tu réprimes pour ne pas te ramollir, pour éviter de t’attendrir. Il y a ses yeux qui sont ceux de son père. L’image de ce gaucher que tu tentes d’éloigner depuis des années, que tu pensais avoir oublié, mais qui revient en force dès que ce mélange de vos sangs pose ses yeux sur toi. Il y a la culpabilité de l’avoir abandonné que tu ne cesses de repousser et tout cet amour que tu rêves de lui donner. Il y a ce mariage que tu organises pour lui depuis des jours, en te persuadant que c’est la meilleure solution pour lui, que le trône d’Andorre, à ta mort, ne pourra être pris que par un homme marié, car tu le sais toi, qu’on est bien plus fort à deux, ou du moins tu t’en persuades.


Il y a ces échanges de missives, avec quelques amants passés, dont l’un ne t’a pas laissé de glace et s’évertue, à chacune de ses missives, de rallumer les quelques braises qu’il a laissé à son départ. Il y a ses mots et la découverte plus profonde d’un homme qui te ressemble bien plus que tu ne le pensais. Il y a ses analyses, d’une justesse improbable, que tu t’évertues à démonter point par point pour ne pas lui prouver qu’il lit en toi comme dans un livre. Il y a cette impatience de le lire et l’envie insatiable de le revoir, et cette fierté qui t’empêche de le lui dire.

Et il y a ces petites choses qui te rendent dingue !


Nan parce que bon, c’est bien beau de jouer dans le mélodramatique, mais faut quand même savoir que l’Enfant prodigue n’est pas revenu tout seul au bercail ! Bah non hein, ça serait trop simple, il est revenu avec son valet. J’vais pas parler de son prénom, même si entre nous y a largement matière à discuter puisque le valet en question se nomme Cléodomir –avouez que c’est pas simple à porter !-. J’vais pas non plus vous parlez du fait que mon fils et son petit valet prennent bien soin l’un de l’autre, si vous voyez c’que j’veux dire, ça joue un peu à touche caca, mais ça ne nous regarde pas hein, Nicolas a été élevé par son père et son amant, alors on va pas s’étonner qu’il marche lui aussi à plumes et à poils. Nan mais ce Cléo –de mes deux- me fait un lèche cul de tous les diables ! Il m’écrit même pour me proposer des marchés foireux ! Il me fait du chantage ! Et voudrait en plus se taper Ansoald ! Il a du voir la vierge celui-ci.
Et en plus il me pique mon fils !


Et il y a cette prise de mairie improvisée, qui pour une fois fût un succès, et pas un p’tit en plus, berdol, des écus dans tous les coins, de la bouffe, du bois, des caisses pleines ! Mais j’vous raconte pas l’boulot quand j’ai voulu vider ma caisse ! Des mandats qu’ils disent. Bah merci du cadeau hein, bien joué ! Y avait pas plus simple ? C’est l’enfer, douze minutes pour prendre la mairie, cinq heures pour vider le mandat.
Et maintenant va falloir trouver un couillon pour tout racheter…

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Next time]




Parfois, j’sais pas pourquoi, mais y a une petite lueur d’humanité qui ressort de Moi. C’pas souvent hein, mais ça arrive, comme ça, sans crier gare, et entre nous, c’est tellement peu habituel que j’suis pas super à l’aise d’en parler, mais bon, on est entre nous hein !

D’puis quelques temps, on voyage en groupe, d’ailleurs quand je dis « on », c’est moi et ma personne hein, j’vais pas faire comme toutes ces femmes mariées qui… Oh pis merd’, t’es mon journal alors j’peux te le dire à toi, ça m’a échappé voilà. JE voyage en groupe donc. J’te dirais bien avec qui JE voyage, mais j’peux pas, parce qu’à la vue des récentes évènements, je me rends compte que parfois, la maréchaussée arrive à fouiller dans mes affaires sans que je m’en rende compte et se serve de ce j’y écris –en toute impunité !- pour me le remettre dans la face. Donc JE voyage au milieu d’un groupe d’Anonymes. Et avec Dési, elle, je peux dire son nom parce que j’aime bien la voir se dépatouiller devant les tribunaux, je passe toujours un bon moment. Enfin bref.

Parfois on fait des petites haltes, c’est sympathique, les villages sont alors en alerte, y a des crieurs dans la rue, des missives qui virevoltent, des gens qui chuchotent nos noms –parce que oui, ils les connaissent-, y en a même certains qui se permettent de mettre un mouchoir sur notre droit à l’image et d’accrocher en pleine rue des peintures de nous. Si au moins ils prenaient la peine de prendre mon meilleur profil…
Ça met un peu d’animation dans leur vie morne, nous, ça nous éclate, j’vais te dire Journal, vaut mieux que ça soit la situation qui nous éclate qu’une de leur armée hein !

Alors la plupart du temps, je sors peu, allez savoir pourquoi, moins j’en fait et moins j’ai envie d’en faire, un petit tour le soir histoire de faire « bouh » et on reprend la route. Donc au bout d’un moment j’me suis dit que ça serait quand même –ou comme même comme disent les Angoumois- sympatoche de faire connaissance avec les autres membres du groupe. Bien sûr j’en connais une petite tripoté mais pas tout le monde, faut dire qu’on se croirait à un repas du mercredi soir *, chacun ramène sa petite paire de bras supplémentaires, parfois on est surpris, parfois un peu moins. Parfois c’est comestible, parfois pas.
Et dans notre groupe, en ce moment, il y a une « famille », que je vais vous décrire parce que je ne vais pas citer les noms : Une fille avec un nom de catin mais qui n’en est pas une, son frère que nous surnommerons « méga coinços » et leur père que nous appellerons de façon très originale : « papa ». Vous voyez le tableau ?

Alors bon, le père, j’en fais mon affaire hein, c’t’un père, j’suis une mère, croyez bien qu’on sait comment s’y prendre pour n’pas refaire d’autres chiards. La fille, je laisse mon mari s’en charger –oups, maintenant vous savez qu’on voyage ensemble-, restait donc le fils.

La vérité, c’est que je le connais, mais qu’il a perdu la mémoire depuis notre dernière rencontre. Et même si lui, ça le fait grandement chier, moi, ça m’arrange. Alors quand je l’ai vu, tout seul, dans un coin, j’me suis dit que c’était grave le moment d’aller voir ce qu’il devenait, ce qu’il était, ou ce qu’il pensait être devenu.



J’ai d’abord pris une gifle, façon de parler, l’homme se dressant devant moi ne ressemblant qu’à la moitié de ce qu’il était, en épaisseur je parle. Et en niveau sonore, il a perdu cette petite étincelle dans le regard et ces petites phrases qui font que la vie devient presque un poème. Bien incapable de faire du mal à une mouche, même si elle lui chiait dessus. D’ailleurs il a l’air tellement à l’aise en société qu’on dirait en permanence qu’il chie un cactus, Etoile –c’est ainsi que je le surnommerai-, reflète pourtant la gentillesse. Pas la gentillesse badasse qui te donne envie de lui mettre une giroflée à cinq branches hein, la gentillesse à l’état pur. La naïveté de l’enfant dans un corps d’adulte, oui, voilà, un enfant qui aurait grandi trop vite. Si j’étais psychologue, je dirais qu’il a du grandir à coups d’pompes dans l’cul, mais j’suis pas psychologue et son cul ne semble pas déformé à ce point bien que…

Etoile et moi, lors de notre dernière rencontre, avions le regard tourné vers le même homme. Il était beau, blond, il incarnait la perfection. Jamais je n’ai oublié le souffle de cet homme contre mon cou, et ma peau s’échauffe encore en souvenir de ses doigts la parcourant. Mais Etoile, lui, a oublié. C’est à cet instant que j’ai compris combien il était chanceux. Que peu importait la manière selon laquelle sa mémoire s’est fait la malle, il était riche.
Riche de l’avoir oublié, bien sûr.
Fort d’une seconde chance, celle de choisir la voie qu’il suivrait pour cette deuxième vie.

Alors, sans jamais rien lui dire de nos précédentes rencontres, j’ai prié son second lui d’en profiter. D’aller de l’avant. J’ai expliqué, en long en large et en travers combien il devait être reconnaissant d’avoir cette opportunité, pourquoi il ne devait pas la gâcher et combien il était important qu’il ne perde pas de temps à rechercher ce qu’il avait perdu. Que rien n’est plus beau que le futur qui nous tend les bras.



Du blond nous avons un peu parlé.
Et je lui ai fait promettre de ne rien dire sur la discussion que nous venions d’avoir.

Parce que bon, une once d’humanité okay, mais j’suis pas non plus v’nue là pour souffrir, eukay ?


* affreuse allusion au « diner de cons »

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Les cartes ]





Joint à cette lettre, tu as des cartes. Sur chaque carte, j'ai croqué le visage d'un homme que nous avons partagé. J'espère que tu te rendras compte à travers ces cartes que tu as encore beaucoup d'hommes de ta vie que je n'ai pas touché, et c'est pareil de mon côté. On pourra rajouter des cartes au fil de nos voyages si tu veux.
La première, j'ai brûlé le visage après le dessin.
C'est Seth. Tu pourras la jeter, la déchirer, tout ce que tu veux. Mais laissons lui au moins le mérite d'avoir été celui qui nous a fait nous rencontrer. Il a croisé nos vies à jamais. Il avait le droit d'être représenté. Il est mort, n'en parlons donc plus.
Le Second c'est Marc. Tu n'as pas la carte, je l'ai gardée. Tu comprendras aisément pourquoi. Tu me l'as vendu, il est donc à moi pour toujours.
Ensuite vient Yorgos. Je te la laisse. J'ai dormi une nuit avec, il ne s'est rien passé, mais je veux bien te laisser l'essayer avant moi finalement. Je suis un peu comme sa sœur, ce serait amusant de voir si toi il te cède. Je sais qu'il adorerait. C'est quand même notre poisson le plus complexe à ferrer. Je te fais confiance pour le choper.
La moitié de carte, c'est Audric. J'ai l'autre moitié. Il ne nous appartient pas vraiment, celui-là. Il avance au gré des vents, et on l'aime au gré de nos rencontres. Je propose que nous ayons les mêmes droits sur lui.
J'ai dessiné Bezoard. Presque pour la blague. Tu remarqueras qu'il est quand même le moins beau de tous les amants que nous avons eu ! Mais si tu le croises, il est à toi.
Il t'en manque une. Arcane. Je l'ai récupérée. J'ai décidé que tu as eu assez de temps pour jouer avec. Je te l'ai collé dans les pattes pour récupérer Marc, ce qui fut fait. Maintenant je le reprends.
Tu as aussi Ansoald, bien sûr. Puisque j'y ai goûté. Acidulé le garçon. Je ne garantis pas que je n'y retournerai pas. Mais je n'ai clairement aucun droit sur lui par rapport à toi.
J'ai dessiné Ternvaël, car tu l'as sauvé pour moi. Je ne sais pas vraiment ce qui vous lie, mais je pense qu'il peut entré dans le jeu. J'ai la carte, bien sûr, car je l'embarque dans mon voyage et je ne compte pas te laisser le recroiser de si tôt.

Et enfin, Leorique. La carte est à toi. Tout comme l'homme. Tu vois, je te le laisse. Je n'y toucherai pas, c'est promis.

Voici les règles :
Chacune use des cartes comme bon lui semble. On peut s'en échanger, s'en donner, s'en prêter, s'en vendre, s'en louer ou toute autre idée farfelue. Pourquoi pas s'en créer avec des options dessus.
Exemple : tiens, j'ai croisé cet homme, je l'ai essayé il est…. Fait pour toi ! Je t'envoie une carte à son effigie pour t'inciter à y goûter.
Mais voici la règle absolue : Aucune ne peut toucher un homme sur une carte possédée par l'autre. Si elle transige cette règle, elle devra donner à l'autre sa carte la plus précieuse et donc son droit sur la personne représentée.

Avoue que ce jeu est bien plus palpitant que la liste des « on touche/on ne touche pas ».
J'espère n'avoir oublié personne. Sinon dis-moi. J'en referai.
Pour l'instant ça fait 4 cartes et demi pour toi. Et 3 et demi pour moi.
[…]
H.



Tout est parti de là.
Une lettre à laquelle je n’ai pas répondu, pourtant elle avait mis les formes la Yohanna. Elle se faisait tellement chier dans sa petite bourgade, avec ses petites responsabilités, qu’elle avait pris soin de faire des petites cartes avec des petits dessins de grandes personnes dessus.

J’avais remisé au fond de ma besace les cartes, et prenais soin de les sortir lorsque j’avais un peu de temps. Alors seulement après m’être assurée d’être bien seule, je les sors, les aligne et caresse le visage de chacun d’eux. Toujours elles étaient remises dans un ordre bien précis : la demi carte d’Audric, Bezoard, Yorgos, Leorique et sur le dessus du paquet, Ansoald.
Puis était venu le temps où j’avais eu peur que Yohanna ne me vole mes cartes, alors chaque jour, je les rangeais dans des endroits différents, tantôt les enroulant dans de vieux parchemins, tantôt dans mon corset, quelques fois au fond d’un coffre en bois, et d’autres dans la taie de mon coussin fétiche.
J’avais ajouté voilà quelques semaines une carte à mon jeu, mêlant au milieu des autres hommes un Blond foncé, quasi châtain. Jack avait rejoint les autres, au milieu du paquet. De mon paquet. Je l’avais lui aussi aligné à côté des autres chaque soir, et j’avais eu pour lui aussi, quelques sourires en coin.

Car le rituel ne consiste pas seulement à me souvenir d’eux hein, non… A chacun des visages en papier, je soupirais mes envies les plus folles, des vœux secrets que je chérissais en silence dans l’attente de les dévoiler au creux de leurs oreilles. Ou des missives que je daignais leur adresser.

Mais il était désormais temps de répondre à la H.





A toi, H.

J’espère que tu as plus de respect pour les règles des jeux de cartes que pour celles de l’amitié, mais je suppose que tel est le cas puisque tu n’as trouvé que ça pour nous mettre d’accord concernant les hommes.

J’ai ajouté une carte à mon jeu : Jack.
Cette carte est mienne, en totalité, mais, et c’est ta règle, elle pourra être échangée à tout moment. Qui sait, je n’ai pas encore dit mon dernier mot concernant Arcane.

Essayes de rester en vie, je n’aimerai pas hériter de tes cartes, ça ferait beaucoup trop d’hommes à satisfaire.
D.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Le mariage de mon fils ]


Le grand hein, pas le petit. Non, lui il doit être trop occupé, entre remplir ses langes et lécher le nibard d’une femme qui n’est pas sa mère pour se remplir le bide et faire de ses petites mains des marionnettes aussi belles et grassouillettes que celles de son père. Espérons qu’il en hérite la douceur et la tendresse.

Donc le grand. Nicolas. Une peste. Deux billes d’acier à la place des yeux, c’est à peu près la seule chose qu’il a hérité de ma personne, pour le reste, faut voir avec le père –mais parait qu’il flotte dans le fond d’un puits alors bon courage-. Et quand je dis que le reste c’est son père, c’est TOUT son père. Les cheveux longs et bruns, la taille, l’ovale du visage, le petit accent occitan. En plus, il est gaucher. Beaucoup gaucher et un peu gauche. De son père il a aussi hérité cette manière suffisante de profiter de l’argent des autres, sauf que lui n’a pas besoin de faire de la lèche aux nobles, il se contente de regarder sa mère avec ses petits yeux ronds et elle lui file des ronds. Du coup ? Bah il est bien habillé.
Lui et Moi, on aime les mêmes choses. L’alcool, l’action, la bonne bouffe et surtout les hommes. Je sais que j’ai promis de pas en parler en public, mais c’est mon journal ici, alors hein…bon.

Sauf que moi, j’ai des tas de projets pour mon fils –ma bataille-.
A commencer par son mariage. C’est qu’il héritera un jour du trône d’Andorre et que ça consiste pas uniquement à faire le mariole en beuglant partout combien elle est belle sa couronne et combien il est riche, et beau, et venez toucher mon sceptre pour voir comme il est dur. Teuteu, si un jour, -et par trois fois- j’ai donné la vie, c’pas pour que mon fils se la coule douce en reprenant la principauté sans donner un peu du sien.
Pour rappel j’en ai chié des bulles carrées pour le sortir, fallait l’voir, déjà bâti comme un guerrier à la naissance, il est sorti les mains en l’air et les poings fermés, un boulet de canon M’sieur Dame, un boulet de canon qui sortait d’un trou de souris, j’sais pas si vous imaginez un peu les dégâts. J’vais pas entrer dans les détails mais ma capacité à garder mes braies sèches en cas de fou rires n’a plus jamais été la même.
Preuve qu’il avait hérité du caractère de son paternel, il a décidé de se pointer une nuit, en pleine action, oui oui, sur un nœud, pendant qu’on brigandait, il s’est dit dans sa chiantitude : et si j’me pointais ?! Je pense qu’il voulait vérifier notre capacité à l’adaptation, et il a été servi, obligé d’demander l’aumône au pauvr’pecno qu’on venait de brigander. Rassurez vous, j’ai sauvé l’honneur, j’avais perdu les eaux sur les chemins, et la seule preuve de mon passage n’a été que le placenta.

Et parfois, quand j’regarde mon fils, j’me dis qu’on a du j’ter le bébé et élever le placenta.

Bref, tout ça pour dire que si moi, j’ai été assez forte pour éjecter le fruit d’un trou dans un boyau d’porc, lui, il peut bien faire plaisir à sa mère et SE MARIER.


Surtout que les mariages, on le sait tous, c’est MA spécialité. Et, en tant que mère dévouée, je mets toute mes connaissances au service de mon fils et de son bonheur.
Par exemple j’aurais pu lui dire : « tu dois épouser celle que tu aimes », mais ça aurait été vraiment mesquin, parce que le mariage d’Amour, ça rend trop malheureux quand ça se termine.
J’aurais tout aussi bien pu lui dire d’épouser une câtin, la meilleure amie de sa fiancée, de perdre un pari, d’épouser le premier venu, mais là encore, l’expérience joue en ma faveur.

DONC, c’est tout naturellement que je lui IMPOSE sa femme. Parce que ça, j’ai pas essayé, alors sur un malentendu ça peut marcher.
Du coup, c’est tombé sur Désidératum.

Déjà je sens que le nom vous intrigue, et c’est normal. Mais c’est pas l’plus intriguant chez elle. Cette fille est d’ailleurs une intrigue à elle toute seule, et le peu que l’on sait, on aimerait ne pas le savoir.
J’sais pas si je dois vous parler de sa coupe de cheveux, qui n’a jamais été et ne sera à la mode qu’en 1980 –et encore, faut s’appeler Kevin-, à savoir : long derrière, court devant, un savant mélange de scalp raté-queue de rat.
Mais on peut pas lui en vouloir, vous comprenez il lui manque des doigts, ou des orteils, ou les deux. Et le pire, c’est qu’un jour elle perdra le membre entier, parce que Dési, en plus, elle a la lèpre.
Oui, elle cumule, mais c’est pas fini.

Elle a a peu près la grâce d’un pachyderme unijambiste qui entre dans une souricière. Elle tente, parfois de faire des efforts vestimentaires. Mais je pense qu’elle est daltonienne, ou alors qu’elle aime les goûts bizarres, voir qu’elle n’a aucun goût, ce qui est plus probable. De toute façon, avec sa carrure, y a pas grand-chose qui lui va. M’enfin elle est… gentille.
Elle boude un peu parfois, mais c’est une fille. D’ailleurs heureusement qu’elle boude, parce que sinon on saurait pas que c’est une fille. Elle est plate comme une planche à pain. J’pense que c’sont ses seins qui sont tombés en premier, ou qu’elle en a jamais eu, ou qu’elle est comme les cathédrales, qu’elle les cache à l’intérieur.
Nan mais j’suis méchante, Dési, elle sent bon. Tant qu’elle ouvre pas la bouche –rhaaaaaa-.
L’avantage, c’est qu’on ne piquera jamais la femme de mon fils. Il l’aura jusqu’à la fin de sa vie, de sa vie à elle hein, parce qu’elle a l’espérance de vie d’un hérisson dans un camp de manouches.


Bref, ce mariage sera le plus faste de toute l’année. L’évènement mondain à ne pas louper ,et pour cause, c’est MOI qui l’organise.
Le souci, c’est le consentement des époux.
J’ai prévenu Nicolas qu’il n’avait pas vraiment le choix, que s’il voulait ne serait ce que continuer à avoir une mère, il avait tout intérêt à accepter. Et puis s’il veut toucher de l’argent m’appartenant aussi, parce que bien sûr, je me charge de l’établissement du contrat de mariage. Je suis pas une mère envahissante, qu’on se le dise, je prends seulement soin de ma progéniture.

Dési, Elle, est plutôt pour. Elle tente maladroitement de se mettre sur ses genoux et évoque régulièrement ses prochaines épousailles.
Du coup, Nico, la corde au cou –et bientôt la lèpre aux cou*lles on l’aura compris –cf contrat de mariage- a dit, je cite « qu’il se marierait quand les moules auront des gants et que la reine mère –c’est moi !- nous aura fait un gâteau meringue citron mangeable ».
Pour les moules, c’est bon, j’ai ma technique.

Nan l’soucis c’est de trouver des meringues. Et pour ça j’ai de supers amis. Camille –manchot de son état mais pas seulement, c’est aussi un chauffeur professionnel avec plus de râteaux à son actif qu’un vendeur en jardinerie- a supposé que ça poussait sur un meringuier, remarque approuvée par Rama’ –l’nouveau qu’à pas inventé l’eau chaude, mais qui reste brave-, et Nico –pressé de se marier en fin de compte- nous a avoué que c’était une racine.
Du coup, c’est décidé, j’achète toutes les pelles que je trouve.

Dès demain, j’trouve de la meringue, et j’fais un gâteau.


Si avec ça, ondit que j’mets pas l’cœur à l’ouvrage j’comprends pas.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Départ. ]


Il en aura fallu du temps, pour qu’elle se pose. Il en aura fallu des semelles usées, des pavés battus et des forêts traversées, pour enfin avoir l’impression d’avoir un chez soi. Depuis Ddodie et leur rencontre improbable lors d’une vente de charité voilà quatre ans et demi, jamais plus la Colombe n’avait posé ses bagages. Elle avait dit que « plus jamais ! » et avait même parfois ajouté en articulant plus qu’il n’en faut « JA-MAIS ». Mais il faut croire que la vie réserve des surprises et que même si elle a son quota de connassatitude, et qu’eux seuls ne changent pas d’avis, elle avait pourtant fourré toutes ses économies dans l’achat de deux champs et d’un moulin.

Ces derniers jours l’avaient mise à rude épreuve, sans raison précise elle avait plongé dans une profonde léthargie, une apathie qu’elle-même n’expliquait pas vraiment. Il y avait eu cette histoire de volatile aux petits pois, cet homme qui l’avait ramené vers le passé, et ce moulin qui inlassablement tournait dans le vide.

Quatre mois. Quatre mois c’est donc le lapse de temps qu’il faut à sa roue pour tourner, elle en prenait conscience. Quatre mois pour un tour complet. Quelques jours pour monter, quelques semaines pour profiter, et puis la descente, démesurée et le dur retour à la réalité. Elle a écrit il y a peu que la vie n’était qu’un jeu, une vulgaire pièce qu’on lance en l’air : pile on perd, face on ne gagne pas. Il faut quatre mois à sa pièce pour s’écrouler. D’un côté, de l’autre, quelle importance. Elle s’écroule, et la Colombe est lasse de savoir qu’il ne faudra que quatre mois pour qu’à nouveau le vertige l’enlève de son tourbillon de vie pour la plonger aux abysses.

Alors bien sûr elle se rassure, se dit que ce n’est qu’un passage. C’est qu’elle aime tout contrôler, La Colombe, et elle ne contrôle plus grand-chose.
Il y a ce fils qui grandit loin d’elle, et sa sœur, déjà trop habituée à faire avec. Il y a le père de cet enfant qu’elle a aimé si fort que lorsque l’Amour s’est enfui il a emporté avec lui une partie de son cœur, à moins qu’il ne l’ait recouvert d’une paroi de fer. Il y a ces quelques jours de voyage qu’elle ne peut se résoudre à faire, par crainte d’à nouveau croiser les yeux émeraude qui autrefois l’ont fait chavirer.
Il y a cette amitié malsaine dont elle se nourrit, ce manque d’Elle. Son mariage, ou son non mariage auquel elle n’a pas assisté. Il y a ce vide qu’elle laisse chaque fois qu’elle est loin, et ce trop plein de sentiments qui dégueulent lorsqu’elle est là. Ce besoin de l’avoir quand elle est n’est pas là, et celui de la voir partir pour pouvoir respirer quand elle l’est.
Il y a la fin d’une ère, qui marque le début d’une autre, sans Lui. Ces incompréhensions entre deux êtres qui ont tenté pendant des années de forcer le destin, d’écraser leurs différences pour avancer, cahin-caha. Cette volonté d’emmerd’er le monde en avançant, main dans la main pour prouver aux autres mais surtout à eux que rien n’est impossible. En vain. Ce soir c’est un Adieu que semblait échanger leur étreinte.


Et plus qu’elle ne l’avouera jamais, il y a Lui. Il y a lui et sa façon de garder les choses. Sa manière maladroite de lui dire des phrases dont elle ne comprend pas le sens. Son attitude qui semble dire tant et tant qu’elle ne peut les assimiler. Il y a ses mots, ceux qu’elle croit entendre, ceux qu’elle craint de comprendre. Il y a celui dont elle s’entiche, celui qui doucement fissure l’habit, remplace les « jamais » en peut être, et les « peut être » en « oui ». Il y a ses craintes qui la font douter à son tour. Plus que tout il y a la peur de le perdre, ce qu’elle ne peut admettre. Ce qu’elle ne veut admettre, au nom d’une pseudo liberté qu’elle perd peu à peu, semant un à un ses morceaux d’audace dans les méandres d’un Lui qu’elle ne cerne pas.
Elle l’aime libre et grince des dents lorsqu’il se paye du bon temps avec une autre. Elle rêve d’embrasser son épaule lorsqu’ils ne sont pas seuls. Elle rêve de le libérer d’une alliance qu’il n’a pas choisie, pour qu’il choisisse, sans subir. Elle rêve, peut être un jour, rien qu’une fois, d’entendre qu’elle est plus que les autres. Elle rêve, elle rêve, mais se réveille toujours trop tôt.
Mais quand les croyances de l’un deviennent les doutes de l’autre. Quand ses craintes deviennent tes doutes. Quand tu imagines des compromis. Que son bonheur t’importe. Alors peut être que ta liberté déjà n’est plus.

Peut être, alors, est-il déjà trop tard.
Pitié, ne me secouez pas, ce soir je suis remplie de larmes.*




* « Ne me secouez pas, je suis rempli de larmes ». Foulon P. –pub gratuite pour le tonton !-

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Voyages, Voyages, plus loin que l’Italie.]


Les voyages, tout un poème.
Quand Satyne nous a fait part de son souhait d’aller passer l’été dans un coin reposant, j’ai pensé tout de suite à une plage déserte. Un bon gros soleil qui te crame la couenne au point d’sentir le fennec cuit à point le soir. J’ai vu mes petits orteils devenir de gros didi version knacky ball à cause de la chaleur, et je les ai vu s’enfoncer dans le sable fin, pas à cause de la honte hein, mais juste parce qu’il y aurait du sable fin. J’ai pas vu de palmier, parce que dans mon rêve éveillé, j’avais un énorme chapeau de paille avec un long ruban. Je regardais au loin et je voyais la mer, agitée, de gros rouleaux d’écume qui nous aurait déposé des coquillages, et j’ai même vu Anso dans un coin en train de me fabriquer une parure d’été, un collier, un bracelet, une culotte ou un corset, bref, il coquillageait quoi.
J’imaginais déjà les veillées nocturnes sur la plage, les feux de bois –loin des dunes hein-, les rouelles de porc qu’on aurait fait grillé, et rien que d’y penser, j’avais déjà les babines pleines de bave. J’étais partante à 200%.
Alors quand j’ai dit : « oh yeah bébé, alors, on va où ? », j’ai pensé à tout –enfin presque- : Narbonne, Biarritz, Arles, la Rochelle…
Mais elle, c’était à la Bretagne qu’elle pensait.
Alors tout de suite j’ai rangé mon chapeau de paille et je me suis mise à l’abris sous un toit, mon feu s’est éteint à cause de la pluie, mes orteils avaient repris taille normale, j’ai dit Adieu à mes rouelles de porc et bonjour à la bonne vieille gamelle. Et bin j’vais t’dire, même la pensée d’Anso couvert de Chouchen m’a pas aidé à aller mieux.

Dé-pri-mée la Chiasse.

Heureusement, Yohanna avait un autre plan. J’ai pas dit qu’il était mieux hein, j’ai juste dit que c’était un AUTRE plan.
J’vais pas vous mentir : je ne sais PAS ce qu’on va foutre. J’me suis arrêtée quand elle a dit qu’il faudrait un œuf pour avoir des secrets. Moi des œufs, j’lui en chipe deux à la seconde hein, mais c’étaient pas les mêmes à priori. Alors j’ai fait celle qui comprend tout, j’ai hoché la tête avec un air trop concentré, et je suis repartie dans mes pensées profondes, à savoir la liste de mes qualités par ordre alphabétique. Ça m’a pris toute la nuit cette connerie. Et je n’étais qu’à la lettre D.


Le point positif, c’est qu’on est un bon petit groupe, et que je suis pas la plus paumée. Y a l’autre là, qu’à un nom d’amamatopé ou énumatapé, ou patapépatapé je sais plus trop, Bouh qu’il s’appelle. Alors lui, on peut difficilement faire plus perdu, la preuve il savait pas qu’on allait en … Et merd’, j’ai encore oublié.
M’enfin il est tellement mignon quand il rougit qu’on lui pardonne tout. Même qu’il soit un esclave –pas le mien, dommage-.

Puis y a Gilly, qui a de bonnes idées parfois. J’avais un doute vu qu’il se tape Yohanna mais j’ai été surprise. Donc à partir de maintenant, le mercredi devient mon jour préféré. Le jour des gens tous nus.

Y a Susi aussi. Avec Susi faut y aller doucement, j’sais jamais si elle va éclater de rire ou partir en pleurant. Du coup j’y vais doucement avec Elle. Elle a eu un gros chagrin d’Amour. Heureusement qu’elle a son petit esclave pour lui faire perdre sa jupe, le temps qu’elle la cherche, elle pense pas au conn’ard qui lui a donné un gosse.


En parlant de gens qui donnent des gosses… Y a bien cette lettre…

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[La lettre]


Tu as la vie devant toi. Des champs, des montagnes, des chemins, le tout à perte de vue. Tu es maître de ta vie, tu peux choisir où bivouaquer, choisir ta route en fonction du vent, du temps, des fleurs ou des baies qui t’inspirent. Tu peux choisir. Des centaines de choix, sachant que chacune des options que tu choisiras changera indéniablement ta vie.
Au bout, il n’y aura que toi, et toi seule. Pour apprécier, ou regretter. Faire demi-tour ou continuer d’avancer. Panser tes blessures ou en accepter de nouvelles. Tu es ton seul juge.

Et tu as choisi d’avancer. Tu sais ce que tu laisses, mais pas ce que tu trouveras. C’est ta peine. Tu peux faire abstraction de rêves sordides en te lovant dans de solides bras, dans lesquelles tu oublieras jusqu’à ce que tu es, devenant l’ombre ou la lumière de ce que tu veux être.
Des responsabilités, tu en as, évidemment. Mais tu arrives à en faire fi, accusant les autres des maux qui te rongent, rejetant ta culpabilité sur autrui. Parfois, elles te rattrapent, et cette missive recouverte d’une écriture que tu connais par cœur en est la preuve ultime.

Il a été la cerise sur le gâteau de ta vie. Il a su te redonner confiance en la gente masculine, sans te brusquer. Il a serré ton corps tant de fois que de votre Amour est né un petit être. Et pourtant ni le père, ni le fils, ni la sœur n’ont su te retenir lorsque de nouveau ton esprit s’est fait la malle.
Bien sûr tu as pensé maintes fois faire demi tour, bien sûr, ces trois paires d’yeux te hantent lorsque tu baisses les armes et que ton esprit te joue des toujours, rongeant tes sens.
Bien sûr, tu aimerais les serrer dans tes bras, soupirer au creux de leurs cous combien ils te manquent, plus que tout tu aimerais que les sentiments qui autrefois t’ont poussé à épouser le père, te ramènent vers eux, mais…

Mais le revoir ne te laisserait pas indemne et tu le sais.
La peur n’évite pas le danger, mais rester loin t’assure sécurité.





Beren,

Georges a eu mes directives, lui qui connait mieux Victoire que moi-même, était la seule personne apTe à prendre la décision concernant le voyage que tu vas entreprendre. J’appUierais chacun de ses choix, aussi il nous seMble plus juste que ma fille ne soit pas séparée de sEs frères et sœurs.

Je suis moi-même loin du RoyauMe, et la laisser seule avec Georges dans une ville où elle ne connait personne ne me pArait pas être la meilleure solution. De plus je sais que tu es un père merveilleux et je n’ai aucuN doute sur le fait qu’elle est heureuse à tes côtés.

Les routes jusQu’à l’Italie sont peu sûres, assures-toi d’avoir un maximum de protection, il faut également faire des demandes de laisser passer.
Les Italiens parlent avec les mains, ce n’est pas toUjours simple de les comprendre mais j’ai compris qu’il n’était pas fin. Et leur vin est dégueulasse, toi qui est amateur de grands crus, tu risques de t’arracher les yeux.

Ce pli me trouve en bonne santé, et j’espère que c’est lE cas pour l’ensemble de nos enfants, et que tu te portes le mieux du monde.


Que ta route Soit belle.

Bien tendrement.
Déa.



L’insouciance, sans trop l’être.
Car son voyage, ressemble beaucoup au tien…

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[ Y a les hommes et… les Hommes.]


Attention, dans les quelques prochaines lignes, s’imposera à vous une révélation de la plus grande importance. Pour être dans les meilleures dispositions possibles, merci de vous mettre à l’aise, si possible en position assise pour éviter tout risque de chute. Il serait préférable que vous soyez accompagné d’un bon verre de vin, pas Italien le vin. Quand enfin votre respiration vous semblera normale, vous pourrez lire la phrase qui suit. Roulements de tambours…
Ansoald est un Homme.


Voilà, merci.


Alors moi, des hommes, j’en ai connu. Des kilomètres comme dirait l’autre, mais ça, c’est pas une révélation –une seule par post, sinon ça gâche le plaisir-.
Ah ça oui, on les reconnait de loin, bien sûr ils ont cet énorme paquet entre les jambes qui les empêche, la plupart du temps de croiser les jambes convenablement. Ce même paquet qui font qu’une fois en selle, ils sont obligés de mettre la main dans le calbut’ pour le remonter, sinon à la première accélération du bourrin, leur descendance est en péril.
La plupart du temps, ils ont une démarche bien à eux, un mélange de « t’as vu comment je suis viril ? » et de « et ouai poupée » qui nous donne, à nous les Femmes une furieuse envie de leur en coller une qui n’aboutit que rarement, pour se transformer en un « oh oui, encoreeeee » une fois roulés dans le foin. Mais passons, on n’est pas là pour juger les femmes.
Ils ont ce savant coiffé décoiffés, tous. J’ai bourlingué et pourtant une seule fois j’ai croisé un homme avec une raie au milieu et les côtés bien lisses. Une seule fois. Et il était curé.
Généralement ils boivent comme des trous, se donnent un petit air mystérieux qui disparait bien vite quand on agite un bout de fesses devant eux. Ils aiment les côtes de bœuf saignantes et détestent les légumes. Ils font genre ils s’intéressent pas aux potins mais ils en raffolent.

Je sais, faut pas faire de généralités, alors je vais m’arrêter là pour en venir au point principal : la résistance de l’homme à la douleur.

Qui est nulle. Autant une femme doit donner naissance sans faire de bruit, autant un ongle cassé chez Monsieur et c’est la fin du monde. Je compte plus le nombre de mecs qui se prennent pour des mâles et qui chialent à la moindre égratignure.

Alors du coup, quand Ansoald s’est battu et s’est fait taillader le bras, j’en ai pas vraiment fait cas. Je lui ai mis une bourrade dans l’épaule en mode « t’es un Homme ou t’es pas un Homme ?! » -oui, je suis très tactile et délicate-.
J’ai bien eu vent du fait que c’était pas joli joli, que Yohanna –la grognasse- lui avait fait un bandage, que Susi avait proposé des herbes et même que Gilly lui avait filé des herbes contre la douleur –solidarité masculine oblige, parce que quand j’ai mis bas moi, personne m’a filé du chanvre hein !-. Mais moi, bah…

Oui, c’est vrai que depuis quelques jours il était pas comme d’habitude, avec une baisse de libido qui m’a laissé maintes et maintes fois pantoises, mais j’ai des mains, des doigts et des jouets alors j’ai attribué ça au fait qu’il était fatigué –ou qu’il s’envoyait en l’air avec la Hache-. Effectivement j’ai noté qu’il était chaud bouillant, mais pas chaud bouillant comme quand il me voit toute nue hein, plutôt chaud bouillant comme quand on reste au soleil pendant des heures. Bon, on est en Italie, le pauvre a peut être eu un coup de chaud.
Quand deux jours après, mon cher et tendre époux s’est tapé une chiasse carabiné, qu’il dézinguait le fond de ses braies en chiant en spray, j’ai encore attribué ça au fait de la chaleur, ou à la bouffe Italienne. Soit.

M’enfin quand même, hier soir, j’ai bien vu qu’un truc ne tournait pas rond. Il me regardait avec des airs de mérou. Plus grave, un mérou frit. Pire encore, un mérou frit amoureux. Faut bien comprendre que là, mon radar s’est mis en branle –contrairement à son entre jambes- et que j’ai commencé à me poser des questions.
Il avait les pupilles si dilatées qu’on aurait dit le trouffion de mon premier mari quand il revenait de la chasse avec son cousin. Autant à l’époque ça m’avait pas mis la puce à l’oreille, autant là…

En plus y avait pas de picole autre que la gnôle que je garde pour les grandes occasions, cachée dans un pli de ma chemise. J’l’aurais bien sortie mais une fiole, pour dix pecnos , ça fait pas besef’, alors quitte à passer pour une égoïste, ce que je ne suis pas –hahum-, je l’ai gardée pour plus tard et j’ai cherché un autre moyen de passer le temps.

Donc je me suis souvenue que j’avais un mari et qu’il était possiblement blessé. Et qu’éventuellement, puisque Susi n’arrêtait pas de nous s’riner avec ses asticots –je pense qu’il faut qu’elle en parle, c’est pas NORMAL d’être obsédée à ce point par les asticots-, bref, qu’éventuellement il serait temps de virer le pansement –que la Hache avait fait- pour voir ce qu’il y avait en dessous.
Ça pouvait pas être grave, si Ansoald, homme de son état, ne se plaignait pas, c’est que ce n’était rien. S’il ne se roulait pas par terre, s’il ne passait pas son temps à gémir, s’il ne demandait pas des cadeaux, s’il… Bref, s’il faisait pas son homme, c’est que forcément c’était rien !


Mais c’était pas rien.
Et il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que s’il se retrouvait au milieu d’inconnus, ils lui auraient coupé le bras.
Et il n’y a nul besoin d’être médicastre ou d’avoir fait toutes les guerres pour comprendre qu’une plaie de cette couleur, suppurante à souhaits, et à l’odeur plus que louche n’avait rien de « normal ».
Et il ne suffisait pas de lui dire que ce n’était rien, il ne servait à rien d’essayer de s’en convaincre.
Car il aura suffit d’un seul regard sur cette plaie pour comprendre que sa vie était en jeu.

J’vous passe les détails, c’était à gerber. Il a fallu retirer les peaux nécrosées, il a fallu désinfecter avec MA gnôle –gâchis gâchis !-, il a fallu poser sur lui un regard rassurant, quand tout mon être avait envie d’hurler.
Alors bien sûr, une fois que Susi et Moi eûmes fini, j’ai promis que si son état ne s’arrangeait pas, j’irais moi-même déterrer un cadavre pour trouver les fameux vers nécrophages dont Susi parle sans cesse, pour nettoyer les plaies –ou pour sa collection personnelle, j’en sais rien au final !-.
Et Anso m’a roulé un patin des plus torrides sous prétexte que jamais on avait parlé de profaner une tombe pour lui.

Il en faut peu.

Il en faut peu pour faire d’un homme un Homme.
Juste arrêter de crier au loup pour rien !
Soyez intelligents homme, plaignez vous que quand c’est important !

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
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