Andrea_
A ceux que jai croisés sur laller, jai raconté aller retrouver mon passé. Je ne savais pas ce que jallais trouver, mais jy allais pleine despoir, et rien naurait pu marrêter.
A ceux que jai croisés sur le retour, jai expliqué limportance de partir tant quil était temps. Ils nont pas compris, et se sont demandé comment il était possible de changer davis si radicalement, en à peine quelques jours.
La vérité est bien plus profonde, plus personnelle aussi.
Javais le besoin dy voir plus clair, et je minterdisais de rembarrer celui que javais jadis tant aimé. Continuer un peu, ou mettre un point final à une histoire pour pouvoir en continuer une autre. Javais lintime conviction que Gilly ne me pardonnerait pas, et je le confesse, mes quelques jours à Orléans ont été hors du temps, et rien ni personne navait compté. Nous avons vécu en vase clos, avant que nos chemins ne se séparent.
Dire que je nétais pas triste serait mentir, mais par delà la douleur, javais la légèreté de pouvoir passer à autre chose, vraiment. Que plus jamais le passé ne viendrait frapper à ma porte et mettre mon esprit en péril. Cest un travail compliqué, de longue haleine. Une multitude de sentiments quil faut combattre, des crises de panique qui vous réveillent la nuit, le cur qui semballe sans raison en vous amenant à la limite de la folie, la paranoïa vous coupant le souffle. Jai fait ce qui fallait, et je ne lai fait pour personne dautre que pour moi, continuer aurait causé ma perte, et moi, je voulais vivre.
Il a eu de nouveau quelques jours de flottement, un étrange sentiment de liberté que ternissait la « descente ». Il a fallu reprendre pied, une vie « normale ». Lire les missives, de Susi, inquiète. De Nicolas, inquiet. Y répondre, pour apaiser, en expliquant cependant ce besoin de rester seule encore. Il a fallu accepter labsence de missive de Gilly. Labsence, comme un abandon, une colère sourde. Zéro missive, zéro nouvelle, qui nauguraient rien de bon.
Javais essayé, plusieurs fois, de lui écrire pour lui dire quil me manquait. Lami me manquait. Le confident me manquait. Le coup de pied au cul me manquait. Lamant me manquait aussi, bien sûr, mais bien plus que les parties de jambes en lair, cest de sa tendresse, que javais besoin. Jaurais pu gérer la colère, les coups, les insultes, mais jétais incapable de gérer son silence. Et encore plus incapable de lui expliquer le manque que je ressentais. Les missives restaient vierges, et les pigeons attendaient désespérément de faire le grand voyage.
Le temps passait, me laissant dans un état cotonneux, euphorique parfois, dépassée, souvent. Jai eu besoin de mon fils, de lui dire combien je laimais, combien javais merdé. Jai eu besoin de Susi, quelle me dise que son père allait bien, quelle me pardonnait, que la vie reprendrait, peut être différemment, mais quon restait une famille. Jai eu le besoin de beugler partout que lAmour cétait le nerf de la guerre, jai même poussé des amis à se marier en leur expliquant combien cétait merveilleux. Javais besoin que quelquun me prenne par la main, et me dise que ça irait, que même si cétait dur, quelquun dans ce putain de monde comprenait ce que je vivais, quon me dise que jy survivrais.
Javais eu besoin de cette solitude qui dun coup métouffait. Chaque nuit était peuplée de mains que je narrivais pas à attraper, de visages revenants du passé. Je métais mise dans cette merd seule, je devais men sortir seule, mais la tâche me semblait impossible.
Peu à peu le visage de Gilly avait effacé celui de Ddodie. Probablement plus vite quil aurait fallu. Plus vite que je ne lai voulu. Plus vite, trop vite. Je lui rendais certainement pas honneur, mais puisquaujourdhui il fallait prendre ses couilles et les mettre sur la table, jai laissé limage de Ddodie seffacer, avec la même furtivité dont javais fait preuve pour le retrouver.
Comme la preuve ultime que le passé devait le rester, en rendant au présent toutes ses couleurs. Au début, javais le souvenir dun Gilly, fâché, bougon. Puis il sest mis à sourire. Peu à peu à son visage sajoutait des odeurs, un grain de peau. Une voix.
Jai passé des heures à regarder cette alliance, en me disant que si jétais trop faible pour lui écrire que je laimais, javais encore la carte du mariage. Et jai tenté, maladroitement, de lui expliquer par écrit les raisons de mon départ, alors face à sa rancune, jai abattu ma dernière carte.
Si javais pu, une première fois, le faire tomber amoureux de moi, je pourrais le faire une seconde fois, et notre mariage my aiderait. Il tenait à sa parole, il tenait à ses écus, et même si javais entaché lAmour quil me portait, je me cacherais derrière les deux premiers pour reconquérir le troisième.
Javais dressé une liste de points qui me semblaient important :
Je lai épousé car il avait tout de lhomme idéal, il était un bon parti, sûrement le meilleur. Jai appris à laimer, vraiment, au point den souhaiter quun jour il me redemanderait en mariage, non pas pour une contre partie, mais simplement car il maimait.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée.
Je nétais pas partie parce que je ne laimais pas, mais je revenais car je laimais si, ça veut dire quelque chose-.
Il mavait fallu vivre loin de Lui pour comprendre que même en étant le pire des connards, il nétait pas le pire sur Terre.
Je naimais décidément pas lalcool de prune On ne quitte pas les gens que lon aime en laissant une lettre.
Car bien plus que de lavoir laissé dans une auberge à Montpellier, je men voulais de la manière dont je lavais fait. Et je paye aujourdhui lindélicatesse et lirrespect dont jai fait preuve en le labandonnant sur le bord de la route, pour retourner voir si lherbe était plus verte ailleurs.
Et même si je nai formulé aucun regret à voix haute, jespérais quil entendrait mon âme entière lui crier combien jétais désolée.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
A ceux que jai croisés sur le retour, jai expliqué limportance de partir tant quil était temps. Ils nont pas compris, et se sont demandé comment il était possible de changer davis si radicalement, en à peine quelques jours.
La vérité est bien plus profonde, plus personnelle aussi.
Javais le besoin dy voir plus clair, et je minterdisais de rembarrer celui que javais jadis tant aimé. Continuer un peu, ou mettre un point final à une histoire pour pouvoir en continuer une autre. Javais lintime conviction que Gilly ne me pardonnerait pas, et je le confesse, mes quelques jours à Orléans ont été hors du temps, et rien ni personne navait compté. Nous avons vécu en vase clos, avant que nos chemins ne se séparent.
Dire que je nétais pas triste serait mentir, mais par delà la douleur, javais la légèreté de pouvoir passer à autre chose, vraiment. Que plus jamais le passé ne viendrait frapper à ma porte et mettre mon esprit en péril. Cest un travail compliqué, de longue haleine. Une multitude de sentiments quil faut combattre, des crises de panique qui vous réveillent la nuit, le cur qui semballe sans raison en vous amenant à la limite de la folie, la paranoïa vous coupant le souffle. Jai fait ce qui fallait, et je ne lai fait pour personne dautre que pour moi, continuer aurait causé ma perte, et moi, je voulais vivre.
Il a eu de nouveau quelques jours de flottement, un étrange sentiment de liberté que ternissait la « descente ». Il a fallu reprendre pied, une vie « normale ». Lire les missives, de Susi, inquiète. De Nicolas, inquiet. Y répondre, pour apaiser, en expliquant cependant ce besoin de rester seule encore. Il a fallu accepter labsence de missive de Gilly. Labsence, comme un abandon, une colère sourde. Zéro missive, zéro nouvelle, qui nauguraient rien de bon.
Javais essayé, plusieurs fois, de lui écrire pour lui dire quil me manquait. Lami me manquait. Le confident me manquait. Le coup de pied au cul me manquait. Lamant me manquait aussi, bien sûr, mais bien plus que les parties de jambes en lair, cest de sa tendresse, que javais besoin. Jaurais pu gérer la colère, les coups, les insultes, mais jétais incapable de gérer son silence. Et encore plus incapable de lui expliquer le manque que je ressentais. Les missives restaient vierges, et les pigeons attendaient désespérément de faire le grand voyage.
Le temps passait, me laissant dans un état cotonneux, euphorique parfois, dépassée, souvent. Jai eu besoin de mon fils, de lui dire combien je laimais, combien javais merdé. Jai eu besoin de Susi, quelle me dise que son père allait bien, quelle me pardonnait, que la vie reprendrait, peut être différemment, mais quon restait une famille. Jai eu le besoin de beugler partout que lAmour cétait le nerf de la guerre, jai même poussé des amis à se marier en leur expliquant combien cétait merveilleux. Javais besoin que quelquun me prenne par la main, et me dise que ça irait, que même si cétait dur, quelquun dans ce putain de monde comprenait ce que je vivais, quon me dise que jy survivrais.
Javais eu besoin de cette solitude qui dun coup métouffait. Chaque nuit était peuplée de mains que je narrivais pas à attraper, de visages revenants du passé. Je métais mise dans cette merd seule, je devais men sortir seule, mais la tâche me semblait impossible.
Peu à peu le visage de Gilly avait effacé celui de Ddodie. Probablement plus vite quil aurait fallu. Plus vite que je ne lai voulu. Plus vite, trop vite. Je lui rendais certainement pas honneur, mais puisquaujourdhui il fallait prendre ses couilles et les mettre sur la table, jai laissé limage de Ddodie seffacer, avec la même furtivité dont javais fait preuve pour le retrouver.
Comme la preuve ultime que le passé devait le rester, en rendant au présent toutes ses couleurs. Au début, javais le souvenir dun Gilly, fâché, bougon. Puis il sest mis à sourire. Peu à peu à son visage sajoutait des odeurs, un grain de peau. Une voix.
Jai passé des heures à regarder cette alliance, en me disant que si jétais trop faible pour lui écrire que je laimais, javais encore la carte du mariage. Et jai tenté, maladroitement, de lui expliquer par écrit les raisons de mon départ, alors face à sa rancune, jai abattu ma dernière carte.
Si javais pu, une première fois, le faire tomber amoureux de moi, je pourrais le faire une seconde fois, et notre mariage my aiderait. Il tenait à sa parole, il tenait à ses écus, et même si javais entaché lAmour quil me portait, je me cacherais derrière les deux premiers pour reconquérir le troisième.
Javais dressé une liste de points qui me semblaient important :
Je lai épousé car il avait tout de lhomme idéal, il était un bon parti, sûrement le meilleur. Jai appris à laimer, vraiment, au point den souhaiter quun jour il me redemanderait en mariage, non pas pour une contre partie, mais simplement car il maimait.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée.
Je nétais pas partie parce que je ne laimais pas, mais je revenais car je laimais si, ça veut dire quelque chose-.
Il mavait fallu vivre loin de Lui pour comprendre que même en étant le pire des connards, il nétait pas le pire sur Terre.
Je naimais décidément pas lalcool de prune On ne quitte pas les gens que lon aime en laissant une lettre.
Car bien plus que de lavoir laissé dans une auberge à Montpellier, je men voulais de la manière dont je lavais fait. Et je paye aujourdhui lindélicatesse et lirrespect dont jai fait preuve en le labandonnant sur le bord de la route, pour retourner voir si lherbe était plus verte ailleurs.
Et même si je nai formulé aucun regret à voix haute, jespérais quil entendrait mon âme entière lui crier combien jétais désolée.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.