Andrea_
[ Chapeau, Mouette et sifflements. ]
On finit toujours mangé par plus gros que soit, et si javais les yeux plus gros que le ventre, jétais forcée de constater que mon ambition dépassait tout le reste.
Bien que mon égoïsme devait être un bon morceau quand même.
Aertan avait déboulé de nulle part un soir dété. Il avait lallure assuré de ceux qui porte un bouc et un chapeau quil avait retiré à peine entré. Il envoyait du steak avec ses jolis habits. Ah ça, on ne pouvait pas le rater.
Javais retenu toutes les blagues qui métaient venu, et Deos sait que je regorge dingéniosité quand il sagit de se moquer des gens. Jessayais, tant bien que mal de garder la bouche fermée pour ne pas lui dire quil crânait trop, ou de gueuler « chauve qui peut ! », le tout en priant pour quune fois quil parle, il nait pas un cheveu sur la langue, je crois que ça maurait achevé. Javais regretté de navoir aucune blague sur les porteurs de bouc et me promettait den chercher, un jour.
Puis il avait parlé.
Il y avait dabord eu dans sa voix lassurance de celui qui maitrise parfaitement ce quil dit, de celui qui choisit les mots sans cheveu sur la langue-.Il nétait ni vantard ni trop avenant, il avait su éveiller ma curiosité en laissant pas le mystère planer. Il distillait ses mots pour en dire ni trop peu ni trop. Il avait évoqué avec pudeur la relation qui le liait à sa fille, que je rencontrerais un peu plus tard, sans le savoir encore.
A défaut dévoquer le temps dont il se fichait probablement autant que moi, nous avions parlé des heures de ce qui animait notre feu intérieur et il est possible, quavant même dévoquer le projet avec Lui, je sache déjà quil en ferait parti. Sans men rendre compte, il avait en quelques heures fauché mes certitudes et ébranlé mes plans. La confiance sacquière avec le temps, mais sa franchise me touchait.
Il navait pas manqué à ma vie, il nest pas celui que jespérais, que jaurais cherché des années durant, il était arrivé alors que je ne my attendais pas, sans savoir si jétais prête à le voir débouler ainsi.
Javais de mon côté dautres projets, beaucoup plus terre à terre mais ô combien importants à mes yeux. Je navais plus denvies de grandeurs telles quil les avait fait renaitre. Et jaspirais, à mon âge et avec un passé déjà bien rempli, à une vie plus sage. Dune vie où mon sang se mêlerait à celui de mon Autre pour donner vie au benjamin de la famille. La vie, qui mavait déjà repris ma fille adorée, aurait su combler ce manque dont Beren et Moi parlions souvent des étoiles dans les yeux. Mais ce que je pensais être lAube de notre seconde chance était en fait un crépuscule, car je tirai la nuit à mon insu.
Avec le recul, je saurais dire que cest ce soir là, alors que la vie déjà grandissait en moi, que tout a basculé. Sans mauvaise foi jévoquerai que je ne savais pas alors, que je piétinais ma vie amoureuse pour en construire une autre, dévorante dambition. Dévorante, dévorée. Animée par la convoitise et non par lAmour.
Aertan avait su déjouer les gardes lors de mon emprisonnement à Saintes pour venir chaque jour déposer à mon intention un courrier. Javais profité de ces quelques jours loin de tous pour affiner les plans, qui de plus en plus et bien malgré moi, occupaient mes pensées. Il maintenait, avec une détermination sans failles, à apprendre les rouages du métier. Comment choisir les lieux, les gens. Comment faire, qui compter, quand et pourquoi. Et je ne cachais pas mon plaisir à dévoiler ce que je savais.
Javais annihilé jusquau fait quil soit un homme, pour faire de Lui un chef de bande à qui rien néchappera. Déjà fort de son expérience de recéleur, il avait les qualités requises et des bases que personne ne remettrait en doute. A toi journal, je peux aussi dire que jai appris de Lui, peut être un jour aussi lui dirais-je ce que ma fierté aujourdhui mempêche de lui formuler.
Je prenais un malin plaisir à tester ses limites et à creuser un peu la carapace quil sétait fabriqué avec les années, et je noublierai probablement jamais ce deuxième soir après ma sortie, où il avait montré sa première faille en évoquant la mère de Kay. Javais pour la première fois entrevu lhumain derrière la machine, apercevant dans le vert de ses yeux le pouvoir dun coffret quil se refusait à ouvrir.
Et si dans un tout premier temps, javais noté ses faiblesses pour men servir un jour contre Lui, javais trop- rapidement compris que nous irions loin ensemble.
Javais alors continué de noter chaque détail qui me semblait important, comme sa manière de se battre et son culte obsession peut être- pour les cailloux. Ceux qui pouvaient lêtre, comme le fait quil était aussi doué avec une barrette à cheveux que pour siffler. Il ne tenait pas réellement lalcool et se sent invincible lorsquil mange un champignon. Son point fort restait son crâne glabre, qui pouvait refléter la lune et servir de torche les nuits de pleine lune, de gyrophare sil passait du temps au soleil sans son chapeau, et pour vous montrer que je ne suis pas que moqueuse, avouez quil nest pas ralenti par le vent dans ses cheveux.
Javais écouté le récit de ses histoires, dun passé dont il semblait regretter parfois les choix, à sa capacité den faire une force. Javais inscrit dans un coin de ma tête son aversion pour les mensonges et lhypocrisie, sa manière de gérer les troupes et son ambition sans faille. Je souriais parfois à son avarice, jouant delle pour faire briller ses yeux.
Oui, javais annihilé jusquau fait quil soit un homme. Et le fait quun homme et une femme passant beaucoup de temps ensemble à souvrir comme ils le faisaient pouvaient parfois être sur le fil.
Quà passer trop de temps avec un autre, on pouvait oublier le sien. En ça, javais sous estimé le pouvoir de notre complicité.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
On finit toujours mangé par plus gros que soit, et si javais les yeux plus gros que le ventre, jétais forcée de constater que mon ambition dépassait tout le reste.
Bien que mon égoïsme devait être un bon morceau quand même.
Aertan avait déboulé de nulle part un soir dété. Il avait lallure assuré de ceux qui porte un bouc et un chapeau quil avait retiré à peine entré. Il envoyait du steak avec ses jolis habits. Ah ça, on ne pouvait pas le rater.
Javais retenu toutes les blagues qui métaient venu, et Deos sait que je regorge dingéniosité quand il sagit de se moquer des gens. Jessayais, tant bien que mal de garder la bouche fermée pour ne pas lui dire quil crânait trop, ou de gueuler « chauve qui peut ! », le tout en priant pour quune fois quil parle, il nait pas un cheveu sur la langue, je crois que ça maurait achevé. Javais regretté de navoir aucune blague sur les porteurs de bouc et me promettait den chercher, un jour.
Puis il avait parlé.
Il y avait dabord eu dans sa voix lassurance de celui qui maitrise parfaitement ce quil dit, de celui qui choisit les mots sans cheveu sur la langue-.Il nétait ni vantard ni trop avenant, il avait su éveiller ma curiosité en laissant pas le mystère planer. Il distillait ses mots pour en dire ni trop peu ni trop. Il avait évoqué avec pudeur la relation qui le liait à sa fille, que je rencontrerais un peu plus tard, sans le savoir encore.
A défaut dévoquer le temps dont il se fichait probablement autant que moi, nous avions parlé des heures de ce qui animait notre feu intérieur et il est possible, quavant même dévoquer le projet avec Lui, je sache déjà quil en ferait parti. Sans men rendre compte, il avait en quelques heures fauché mes certitudes et ébranlé mes plans. La confiance sacquière avec le temps, mais sa franchise me touchait.
Il navait pas manqué à ma vie, il nest pas celui que jespérais, que jaurais cherché des années durant, il était arrivé alors que je ne my attendais pas, sans savoir si jétais prête à le voir débouler ainsi.
Javais de mon côté dautres projets, beaucoup plus terre à terre mais ô combien importants à mes yeux. Je navais plus denvies de grandeurs telles quil les avait fait renaitre. Et jaspirais, à mon âge et avec un passé déjà bien rempli, à une vie plus sage. Dune vie où mon sang se mêlerait à celui de mon Autre pour donner vie au benjamin de la famille. La vie, qui mavait déjà repris ma fille adorée, aurait su combler ce manque dont Beren et Moi parlions souvent des étoiles dans les yeux. Mais ce que je pensais être lAube de notre seconde chance était en fait un crépuscule, car je tirai la nuit à mon insu.
Avec le recul, je saurais dire que cest ce soir là, alors que la vie déjà grandissait en moi, que tout a basculé. Sans mauvaise foi jévoquerai que je ne savais pas alors, que je piétinais ma vie amoureuse pour en construire une autre, dévorante dambition. Dévorante, dévorée. Animée par la convoitise et non par lAmour.
Aertan avait su déjouer les gardes lors de mon emprisonnement à Saintes pour venir chaque jour déposer à mon intention un courrier. Javais profité de ces quelques jours loin de tous pour affiner les plans, qui de plus en plus et bien malgré moi, occupaient mes pensées. Il maintenait, avec une détermination sans failles, à apprendre les rouages du métier. Comment choisir les lieux, les gens. Comment faire, qui compter, quand et pourquoi. Et je ne cachais pas mon plaisir à dévoiler ce que je savais.
Javais annihilé jusquau fait quil soit un homme, pour faire de Lui un chef de bande à qui rien néchappera. Déjà fort de son expérience de recéleur, il avait les qualités requises et des bases que personne ne remettrait en doute. A toi journal, je peux aussi dire que jai appris de Lui, peut être un jour aussi lui dirais-je ce que ma fierté aujourdhui mempêche de lui formuler.
Je prenais un malin plaisir à tester ses limites et à creuser un peu la carapace quil sétait fabriqué avec les années, et je noublierai probablement jamais ce deuxième soir après ma sortie, où il avait montré sa première faille en évoquant la mère de Kay. Javais pour la première fois entrevu lhumain derrière la machine, apercevant dans le vert de ses yeux le pouvoir dun coffret quil se refusait à ouvrir.
Et si dans un tout premier temps, javais noté ses faiblesses pour men servir un jour contre Lui, javais trop- rapidement compris que nous irions loin ensemble.
Javais alors continué de noter chaque détail qui me semblait important, comme sa manière de se battre et son culte obsession peut être- pour les cailloux. Ceux qui pouvaient lêtre, comme le fait quil était aussi doué avec une barrette à cheveux que pour siffler. Il ne tenait pas réellement lalcool et se sent invincible lorsquil mange un champignon. Son point fort restait son crâne glabre, qui pouvait refléter la lune et servir de torche les nuits de pleine lune, de gyrophare sil passait du temps au soleil sans son chapeau, et pour vous montrer que je ne suis pas que moqueuse, avouez quil nest pas ralenti par le vent dans ses cheveux.
Javais écouté le récit de ses histoires, dun passé dont il semblait regretter parfois les choix, à sa capacité den faire une force. Javais inscrit dans un coin de ma tête son aversion pour les mensonges et lhypocrisie, sa manière de gérer les troupes et son ambition sans faille. Je souriais parfois à son avarice, jouant delle pour faire briller ses yeux.
Oui, javais annihilé jusquau fait quil soit un homme. Et le fait quun homme et une femme passant beaucoup de temps ensemble à souvrir comme ils le faisaient pouvaient parfois être sur le fil.
Quà passer trop de temps avec un autre, on pouvait oublier le sien. En ça, javais sous estimé le pouvoir de notre complicité.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.