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[RP] Journal d'une chiasse en goguette

Andrea_
[ Chapeau, Mouette et sifflements. ]



On finit toujours mangé par plus gros que soit, et si j’avais les yeux plus gros que le ventre, j’étais forcée de constater que mon ambition dépassait tout le reste.
Bien que mon égoïsme devait être un bon morceau quand même.

Aertan avait déboulé de nulle part un soir d’été. Il avait l’allure assuré de ceux qui porte un bouc et un chapeau qu’il avait retiré à peine entré. Il envoyait du steak avec ses jolis habits. Ah ça, on ne pouvait pas le rater.
J’avais retenu toutes les blagues qui m’étaient venu, et Deos sait que je regorge d’ingéniosité quand il s’agit de se moquer des gens. J’essayais, tant bien que mal de garder la bouche fermée pour ne pas lui dire qu’il crânait trop, ou de gueuler « chauve qui peut ! », le tout en priant pour qu’une fois qu’il parle, il n’ait pas un cheveu sur la langue, je crois que ça m’aurait achevé. J’avais regretté de n’avoir aucune blague sur les porteurs de bouc et me promettait d’en chercher, un jour.


Puis il avait parlé.
Il y avait d’abord eu dans sa voix l’assurance de celui qui maitrise parfaitement ce qu’il dit, de celui qui choisit les mots –sans cheveu sur la langue-.Il n’était ni vantard ni trop avenant, il avait su éveiller ma curiosité en laissant pas le mystère planer. Il distillait ses mots pour en dire ni trop peu ni trop. Il avait évoqué avec pudeur la relation qui le liait à sa fille, que je rencontrerais un peu plus tard, sans le savoir encore.
A défaut d’évoquer le temps dont il se fichait probablement autant que moi, nous avions parlé des heures de ce qui animait notre feu intérieur et il est possible, qu’avant même d’évoquer le projet avec Lui, je sache déjà qu’il en ferait parti. Sans m’en rendre compte, il avait en quelques heures fauché mes certitudes et ébranlé mes plans. La confiance s’acquière avec le temps, mais sa franchise me touchait.


Il n’avait pas manqué à ma vie, il n’est pas celui que j’espérais, que j’aurais cherché des années durant, il était arrivé alors que je ne m’y attendais pas, sans savoir si j’étais prête à le voir débouler ainsi.
J’avais de mon côté d’autres projets, beaucoup plus terre à terre mais ô combien importants à mes yeux. Je n’avais plus d’envies de grandeurs telles qu’il les avait fait renaitre. Et j’aspirais, à mon âge et avec un passé déjà bien rempli, à une vie plus sage. D’une vie où mon sang se mêlerait à celui de mon Autre pour donner vie au benjamin de la famille. La vie, qui m’avait déjà repris ma fille adorée, aurait su combler ce manque dont Beren et Moi parlions souvent des étoiles dans les yeux. Mais ce que je pensais être l’Aube de notre seconde chance était en fait un crépuscule, car je tirai la nuit à mon insu.

Avec le recul, je saurais dire que c’est ce soir là, alors que la vie déjà grandissait en moi, que tout a basculé. Sans mauvaise foi j’évoquerai que je ne savais pas alors, que je piétinais ma vie amoureuse pour en construire une autre, dévorante d’ambition. Dévorante, dévorée. Animée par la convoitise et non par l’Amour.

Aertan avait su déjouer les gardes lors de mon emprisonnement à Saintes pour venir chaque jour déposer à mon intention un courrier. J’avais profité de ces quelques jours loin de tous pour affiner les plans, qui de plus en plus et bien malgré moi, occupaient mes pensées. Il maintenait, avec une détermination sans failles, à apprendre les rouages du métier. Comment choisir les lieux, les gens. Comment faire, qui compter, quand et pourquoi. Et je ne cachais pas mon plaisir à dévoiler ce que je savais.


J’avais annihilé jusqu’au fait qu’il soit un homme, pour faire de Lui un chef de bande à qui rien n’échappera. Déjà fort de son expérience de recéleur, il avait les qualités requises et des bases que personne ne remettrait en doute. A toi journal, je peux aussi dire que j’ai appris de Lui, peut être un jour aussi lui dirais-je ce que ma fierté aujourd’hui m’empêche de lui formuler.
Je prenais un malin plaisir à tester ses limites et à creuser un peu la carapace qu’il s’était fabriqué avec les années, et je n’oublierai probablement jamais ce deuxième soir après ma sortie, où il avait montré sa première faille en évoquant la mère de Kay. J’avais pour la première fois entrevu l’humain derrière la machine, apercevant dans le vert de ses yeux le pouvoir d’un coffret qu’il se refusait à ouvrir.

Et si dans un tout premier temps, j’avais noté ses faiblesses pour m’en servir un jour contre Lui, j’avais –trop- rapidement compris que nous irions loin ensemble.
J’avais alors continué de noter chaque détail qui me semblait important, comme sa manière de se battre et son culte –obsession peut être- pour les cailloux. Ceux qui pouvaient l’être, comme le fait qu’il était aussi doué avec une barrette à cheveux que pour siffler. Il ne tenait pas réellement l’alcool et se sent invincible lorsqu’il mange un champignon. Son point fort restait son crâne glabre, qui pouvait refléter la lune et servir de torche les nuits de pleine lune, de gyrophare s’il passait du temps au soleil sans son chapeau, et pour vous montrer que je ne suis pas que moqueuse, avouez qu’il n’est pas ralenti par le vent dans ses cheveux.
J’avais écouté le récit de ses histoires, d’un passé dont il semblait regretter parfois les choix, à sa capacité d’en faire une force. J’avais inscrit dans un coin de ma tête son aversion pour les mensonges et l’hypocrisie, sa manière de gérer les troupes et son ambition sans faille. Je souriais parfois à son avarice, jouant d’elle pour faire briller ses yeux.

Oui, j’avais annihilé jusqu’au fait qu’il soit un homme. Et le fait qu’un homme et une femme passant beaucoup de temps ensemble à s’ouvrir comme ils le faisaient pouvaient parfois être sur le fil.
Qu’à passer trop de temps avec un autre, on pouvait oublier le sien. En ça, j’avais sous estimé le pouvoir de notre complicité.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Beren ]



Tu partiras ce soir et alors que tout près de moi dorment nos enfants, j’ai besoin de t’écrire cette lettre que tu ne liras probablement jamais.
J’ai toujours refusé d’arracher les pages de ce journal, et c’est pour ça, que j’écris ici.

J’y couche depuis plusieurs années maintenant mes pensées les plus intimes. Mes élans d’Amour et mes colères, mes joies et mes peines. J’ai du écrire un nombre incalculable de fois les mots « toujours » et « jamais », en les pensant avec une force qui dépasse l’entendement.
J’aimerais t’écrire que je ne suis pas comme les autres, qu’au fond de mon âme brûle un feu qui jamais ne s’éteint, mais à quoi bon te mentir, toi qui sait tout de moi.

Tu as su réveiller mes rêves par deux fois. J’ai nourri une multitude de petites graines pour qu’en germant elles soient assez fortes pour soutenir le poids de nos passés. De notre histoire. Avec des racines que l’on aurait fait grandir quand l’automne aurait fait son œuvre et emporté avec lui les jolies choses qui peu de temps avant, semblaient solidement attachées.

Je n’ai pas d’amertume aujourd’hui, je suis seulement triste de voir s’échapper un pan de ma vie sans pouvoir le rattraper. Je n’ai pas tendu le bras pour essayer et tu ne l’as pas fait non plus. C’est peut être la preuve ultime que l’Amour triomphe. C’était ta phrase préférée, de dire que tu m’avais assez aimé pour me laisser partir la première fois.
Pourtant alors que l’été encore fait danser les feuilles, il pleut sur ma vie.

On ne s’arrête pas d’aimer du jour au lendemain, c’est ainsi.

J’ai décidé d’oublier les mensonges, pour ne garder que l’infinie douceur qui nous liait une fois la porte poussée. J’ai décidé d’oublier la trahison et de diviser par deux la culpabilité d’une mâtinée. Tu aimais dire qu’avouer avoir menti à sa moitié, c’était égoïste. Egoïste d’avoir été honnête. Egoïstement blessée par ce que tu m’avais caché. Blessée de savoir.

L’Amour rend aveugle. Et ce n’est pas le mariage qui nous a rendu la vue.

On s’est cru invincibles, persuadés que rien ne serait plus fort que l’Amour que l’on se portait.
Pourtant tu pars, et je ne veux pas te retenir. Soyons clairs, il n’est nulle question de fierté, d’abandon.

Nos vies ont toujours été si différentes, nos aspirations si éloignées les unes des autres que la fin était inévitable. Nous avons abattu des forêts entières pour ne pas nous perdre qu’il ne nous était même pas venu à l’esprit que c’est nous, qui fatiguions. Nous, qui nous détruisions. Nous avons cru à nos promesses, celles glissées au creux d’une oreille, celles soupirées quand nos corps fourbus de s’être trop aimés s’abandonnaient l’un contre l’autre.

Ce Nous qui désormais n’est plus.

Nous avons survécu une fois, il en sera de même cette fois encore. Laisse juste le temps à ma tête de s’habituer à l’idée que ton cœur, un jour ne battra plus pour moi. Laisse-moi juste le temps de dire au revoir à mon fils, le serrer une dernière fois dans mes bras sans savoir quand je le reverrais.

Non, je n’ai pas de haine, ni de colère. J’apprends juste que deux âmes qui s’aiment ne peuvent pas forcément vivre ensemble. En annihilant que peut être, nous sommes faits pour l’un pour l’autre seulement dans les mauvais moments.
Tu as redonné sens à ma vie la première fois, je t’ai rendu le goût de vivre la seconde.

Tu restes mon meilleur ami, mon meilleur Amour,
Que rien, jamais, ne détruise ça.

La vie continue,
Je t’aime,
D.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[L’âne O]


Il y a longtemps, que je n’avais pas perdu pieds à ce point. Il me semble que je me complaisais à n’être que le narrateur de ma vie. Que chaque scène était vue d’un œil extérieur, que chaque combat n’était pas le mien, que leurs soucis ne me touchaient pas, au point que même les miens, ne m’appartenaient pas.
Dieu sait qu’il fallait que je sois amoureuse, pour fermer les yeux sur ce que je voyais. Quand l’imagination peu à peu s’était muée en scène de théâtre se déroulant devant mes yeux. Je m’accrochais à l’idée que Nous, nous survivrions à tout. A tes lèvres sur les siennes, aux miennes contre les siennes. Que l’on survivrait aux petits secrets que nous cultivions, chacun de notre côté et qu’un jour, un jour que j’espérais lointain, nous pourrions en parler sans que cela nous touche vraiment. Peut être qu’on aurait ri d’avoir essayé de voir si l’herbe était plus verte ailleurs que, puisqu’on avait lamentablement échoué, ça nous aurait rendu plus fort.

A quel moment, avions nous compris qu’il fallait nous séparer ? A quel moment avons-nous cru, que c’était la meilleure solution ?

Je n’accorderais pas la moindre once d’encre à écrire son prénom tant elle me dégoute. J’espère seulement qu’elle saura te rendre heureux, ou au moins vider tes forces lorsque ton esprit retors en sentira le besoin.

J’avais si longtemps retenu ma colère qu’elle avait explosé sans que je n’ai le temps de préparer les mots qui sortiraient de mes lèvres. J’avais croqué son épaule, littéralement*, et j’aurais pu en arracher sa peau s’il ne m’avait pas retenu. J’avais senti l’humanité me quitter, pour ne rester en mes yeux qu’une sorte d’animal blessé qui ne demande qu’à se battre encore avant qu’on l’achève.

Tout ce que mes mains atteignaient finissaient au sol, ces fringues que j’avais plié de longues heures, cette bouteille que j’avais picolé plus rapidement. Une chaise, une table. J’aurais démonté la mer si elle s’était trouvé là tant la tempête qui s’annonçait déchainait ce que tu avais laissé de moi, ce qu’il avait fait de moi.
Aucune majuscule sinon ces mots, piquants, balancés au hasard. J’avais gerbé mes ressentiments, balayés les peut être pour en faire des certitudes, j’avais fait dessiné ma vie sous un angle peu flatteur et envoyé au diable ce qu’il tentait, avec douceur, de me faire comprendre. J’avais hurlé et cogné ce que j’avais tenté d’annihiler.
Et je n’étais pas partie, cette fois.
Et il n’était pas parti.

Il avait encaissé chacune des phrases assassines que j’avais balancées dans la seule intention de le blesser, lui qui, par le simple fait de notre rencontre, avait causé mes derniers tourments. Et si avant que l’orage n’éclate, j’étais persuadée de toujours lui montrer la carapace, je déplorais maintenant qu’il ne voit ne serait ce qu’un petit bout de ce qu’il y avait à l’intérieur.

Et l’orage était passé aussi rapidement qu’ils le font en plein été, en laissant de nouveau un ciel plus bleu que la veille. Sauf qu’on sait, maintenant, que le ciel peut se voiler à tout moment.
J’avais longtemps regardé la porte qu’il avait passé, en me demandant, vraiment, s’il s’enfuirait, maintenant qu’il savait.

Je ne savais pas alors, que quelques heures plus tard, il affirmerait à sa manière, son envie de traverser les saisons et les affres d’un ciel capricieux.
Sur le rebord de sa fenêtre, il avait déposé un petit colis. Un coffre en bois, rempli de cailloux. Au milieu d’eux se trouvait un tissu noir enroulé sur lui-même et tenu par une ficelle.

A mon doigt trône désormais un anneau en bois sur lequel il avait gravé « A nos monstruosités », comme une promesse sur ce que je voulais vraiment. Et dans un coffret, le message qui l’accompagnait.




S’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour qui durera toute une vie.
Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais.
A.



* voilà ce qui se passe quand on écrit mal ses actions, tu penses serrer les dents et t’oublies qu’y a une épaule en dessous. On ne le dit jamais assez, relisez vous !

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Kayeen]


Voilà une semaine que tu ne donnes aucune nouvelle, une semaine, que chaque jour un peu plus, le regard de ton père se voile. Une semaine que je pèse mes mots et tais les questions qui taraudent mon esprit.
Une semaine, à envoyer des missives un peu partout, à commencer par la ville où je t’ai vue la première fois. J’avais entendu parler de toi, un long moment, la première fois que j’ai connu ton père. Je ne savais pas alors quelle jeune fille tu étais.
Je ne savais pas que derrière ces grands yeux verts émeraudes, se cachaient l’incapacité de voir. Je t’avis d’abord cru étourdie à buter contre cette chaise. Bourrée, peut être pour te tenir à cette table, même si jamais je ne t’ai vu accepter un verre d’alcool. Que tu m’en voulais, peut être de te voler ton père, pour que jamais tes yeux ne me fixent. A ta douceur qu’il avait vanté, j’avais rencontré un être froid, qui dans le silence parfois se confiait. De ce coffre dont tu m’avais parlé, à ces lettres que tu avais tues, j’avais souligné ce lien fort qui t’unissait à celui qui, s’il ne t’avait pas donné la vie, t’en avait offerte une à la hauteur de l’Amour qu’il ressentait pour Toi.

Je n’ai pas eu le temps, de te dire que je comprenais tes craintes de le voir partir, alors t’aurais-je rassuré sur le fait que toujours je te le ramènerais. Jamais, jamais Kay, je n’ai voulu t’éloigner de Lui. Mais tu restes silencieuse à ses missives, qui souvent à la patte de Moet lui reviennent.

Je sais les tourments qui l’habitent. Je connais cette impression de se consumer d’inquiétude, ce sentiment de ne pouvoir respirer à pleins poumons sans qu’une douleur sourde ne vienne. Je sais. Je sais combien il est difficile de garder le cap quand on rêve de faire demi-tour pour retrouver ce qu’on a plus de cher. Je sais comme l’âme souffre, de ne savoir si son enfant vit encore. Je sais comme l’attente est insoutenable et douloureuse.

Mais plus que tout je sais qu’on peut perdre pied.
Et je pourrais faire tout ce qui me semble juste, qui me semble bien, il n’y a aucun mode d’emploi pour gérer la folie qui s’empare d’un père dont la fille disparait. Aucun mot pour répondre à ses interrogations, aucun geste pour apaiser les siens.

Et pourtant Kay, si tu savais comme je suis aux aguets pour ne pas qu’il sombre, m’accrochant à son regard pour le maintenir ici, m’évertuant à lui rappeler qu’il n’est pas seul. Je m’acharne à ne pas effacer sa douleur, seulement à lui rendre l’attente moins pesante.

Mais tu dois revenir maintenant.
Car quoique tu traverses, rien, jamais, ne devrait te faire oublier que quelqu’un tient à toi, et que même loin de toi, tu es dans chacune de ses pensées.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[La nuit]


Le jour, tu trouves un truc pour t’occuper, un couillon avec qui tailler le bout de gras. Le jour t’es dans une sorte de routine, et dès fois que ça dure trop longtemps, Deos t’a filé l’envie de bouffer toutes les quatre heures, histoire de te féliciter d’avoir tué personne. Tu te lèves, tu bectes, vrai que ça met de bonne humeur de s’envoyer de quoi sauver une famille de douze en Roumanie en l’espace de dix minutes.
T’attends un peu, et hop, déjeuner. Tu siestes et c’est déjà l’heure du goûter. La nuit arrive, tu angoisses ? pas de panique, y a le dîner pour te faire digérer la chose.

Alors moi, j’vais pas vous mentir, ça m’arrange cette histoire. Déjà parce que j’aime manger, ensuite parce que j’aime vraiment manger, mais surtout parce que le gras c’est la vie.

Non, mon problème dans tout ça, c’est qu’à un moment… Il fait nuit. Alors ne vous méprenez pas hein, j’aime AUSSI dormir, presqu’autant que j’aime manger. Mais la nuit a toujours été problématique pour moi.
Quand il s’agit de rester éveillée, d’aller chasser, d’aller faire la fête, aucun souci, je reste aussi fraiche qu’une moule de bouchot, tant que ça bouge, tout va bien.

C’est pas toujours le cas.
Car si la journée il est facile de s’occuper l’esprit, par envie, ou simplement de façon inconsciente, c’est beaucoup plus difficile quand tout est calme.
Chaque soir, après l’effervescence des discussions en taverne, je tentais de garder la tête haute en rejoignant ma chambre, sachant qu’inlassablement une fois la flamme soufflée j’allais me retrouver seule avec mes idées noires.
Tu peux faire la forte, tu peux gueuler plus fort que les autres, rire plus grassement, tu peux pisser plus loin et chanter plus mal, quand t’as plus personne en face de toi, y a plus personne.

Avec Beren, j’avais retrouvé une certaine normalité à ces semaines d’errances. Et si les nuits pour le retrouver avaient creusé mes cernes, voir renaitre notre amour avait apaisé mes craintes, et calmé mes nuits.
Son départ y avait semé le chaos, à nouveau.
Je n’ai jamais aimé le silence. Quand ton esprit se met à divaguer et à t’envoyer quelques signaux, qui t’annoncent, clairement, que ce qui va suivre ne va pas être joyeux. Alors chaque nuit depuis son départ, et quelque soit l’heure et le taux d’alcool dans mes veines, je rejoignais ma chambre pour un tête à tête avec moi-même en respirant profondément, prête à affronter les cauchemars qui m’étaient assignés.
Tu sais, c’est un fardeau que de se préparer à affronter des ennemis que tu n’as aucune chance de battre. Tu crois qu’il n’y a rien de plus dur que de dire au revoir à la personne que tu aimes, que rien n’est plus compliqué que d’enfiler tes bottes en partant faire la guerre sans savoir si tu vas en revenir. Tu crois que rien ne peut être plus douloureux que la trahison ou le mensonge, que tu ne survivras jamais à la perte d’un enfant, mais je peux te jurer que de tout ça on se remet, quand on le vit une fois.
Mais que se passe t-il, alors, quand chaque nuit, inlassablement, en sueurs tu te réveilles parce que ton esprit ne l’a pas digéré ?

Chaque nuit, je revois son petit corps allongé sur son lit, les mains bleutées serrant une peluche que j’avais glissé là, en rêvant qu’elle m’appelle pour me dire que c’était « pas c’ui là mon préféré ! », chaque nuit je caresse ce visage froid qui plus jamais ne m’appellera « maman » . Chaque nuit je me vois les embrasser pour la dernière fois, sans savoir je pourrais les revoir. Chaque nuit, tu sais, il y a du sang et des larmes, du noir et des armes. Chaque nuit autour d’un cœur qui s’emballe je me réveille. Chaque nuit, il y a cette boule au fond de ma gorge, parfois d’un cri, parfois pour l’avoir retenu.
Alors le sommeil se tire en oubliant d’emporter avec lui les images de mes songes, et moi, moi je reste là à chercher mon souffle, le corps complètement glacé de ce qu’il vit, encore et encore.

J’ai bien été tentée, parfois, de partager mon lit après les soupirs. Quand les corps fourbus de s’être aimés se lovent l’un contre l’autre en silence. Quand les paupières s’alourdissent sous les caresses à mon échine. Quand ses grands yeux verts se posent sur moi. Je vous jure que j’ai été tenté de lui dire « ne pars pas ce soir », parce qu’il n’est pas qu’un vulgaire gigolo qu’on prend pour apaiser ses pulsions et qu’on jette une fois que ça devient un peu plus. Oui, j’ai été tentée, mais jamais les mots n’avaient passé la barrière de mes lèvres. Parce que c’était pas sa place. Parce que c’était pas la mienne. Parce que Lui et Moi, on partage beaucoup de choses, mais pas de ce genre là. Mais surtout parce que personne, n’a à partager ses nuits avec quelqu’un qui les subit.
Une fois après une chaste soirée, il avait fermé les yeux et j’étais restée à le regarder s’endormir, complètement figée par la peur de sombrer à mon tour. J’avais senti son souffle se réveiller, une couverture glissée à mes épaules avant que la porte doucement ne se ferme. Et j’en avais été soulagée, je crois.

Même quand la soirée nous rapprochait, c’était devenu presque naturel que chacun retourne dans ses draps. Même quand les mains avaient du mal à se lâcher. Même quand les sourires restaient posés là. Même quand les yeux s’attardaient un peu. Même quand les « bonne nuit » étaient répété, encore et encore, en espérant peut être que l’un ou l’autre enfin pose LA question.

Et puis…
Et puis il y avait eu cette fin de soirée où il avait évoqué sa fille. Et j’avais pris en pleine face sa douleur. C’est à son énième « je vais aller me coucher » que je m’étais lancée, sans trop réfléchir.


Laisse moi dormir avec toi.

Non, je ne m’étais pas sentie obligé. Non, je ne ressentais aucune pitié. J’avais simplement envie de partager jusqu’à ses tourments, en oubliant un instant les miens, qui viendraient sans aucun doute. J’avais besoin qu’il sache que j’étais là, et pas uniquement pour défoncer des portes et tuer des homards. Parce que j'en voulais un peu plus, aussi. J’avais besoin d’être l’amarre qu’il était pour Moi.

Si tu ronfles je t’arrache la langue.


Une amarre avec de la pudeur.
Un dos contre un torse et Morphée avait fauché l’homme. Sans un mot, et sans aucun autre geste que ce baiser posé sur le bras qui lui barrait le buste.
Mais que la nuit avait été longue, quand les yeux restés ouverts de peur de son jugement sur le soleil levant s’étaient posés.

Que la nuit avait été longue, et pourtant si courte.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Y a pas de petites victoires, y a des victoires, et des défaites*]



Hier, c’était MA journée.

Tu vois, c’est le genre de journée où t’as pas très bien dormi –voir pas du tout-, que le soleil commence à annoncer la couleur –il fera chaud, très très chaud, même en Artois-. Le petit dej’ se limite à pas grand-chose, à peine une demie baguette avec beurre et confiture, une sorte de jus de chaussettes aromatisé à l’herbe, une poignée de baie, deux œufs et quelques tranches de viande séchée, bref, tu SAIS que ta journée va être compliqué. Tu le sais, tu le sens. Parce que t’es une femme –ouaich représente- et que t’as cet instinct qui ne trompe jamais. Y a plein de trucs qu’on a, nous, les femmes, l’instinct, la solidarité, le sens de l’orienta… ah non, pas c’lui là.

Mais tu vois, tu peux pas ne pas avoir jamais de … Tu DOIS avoir un peu de chance parfois. Parce que sinon tu prends une corde et t’en finis hein, c’t’aussi simple que ça. Alors comme quelqu’un –mais qui ?- a décidé que c’était pas mon jour, il a saupoudré un peu de victoire sur ma journée. Pis il s’est emballé et ça c’est terminé en méga, put’ain, saupoudrage. Comme dirait l’autre « j’suis r’faite ! ».


Déjà, l’eau du bain était chaude. Bou avait lavé et lissé mes fringues. Je sentais bon et j’étais encore plus belle que… Ouai non, j’étais comme d’habitude, mais pour ma défense c’est assez dur de me surpasser. Et quand une femme se sent belle –enfin surtout quand elle l’est vraiment, si t’es laide, tu peux pas test- elle est capable de plein de chose. C’est presque magique cette histoire.

Et moi, j’étais tellement sûre de moi, que je me suis lancée dans le challenge de ma vie. LE truc auquel tout le monde pense, que certains tentent mais n’obtiennent jamais. Un peu comme une alliance à Noël **, ou un chien à son anniversaire***.
J’avais commencé par pousser un peu Gwen, parce qu’elle est mignonne et certes c’est son fiancé, mais il n’empêche qu’elle n’est pas non plus sa propriétaire, et hop, j’ai squatté. J’ai un peu regretté, dans le sens où vu l’âge du bonhomme, on frôlait la fracture du fémur voir pire, la prothèse de hanche. Mais je sentais bon. Et j’étais propre. Et j’étais moi. Alors j’ai tenté.
J’ai eu un refus. Un sale refus. Le genre de refus qui te passe l’envie de redemander tant la réponse est claire, nette et précise. Mais là encore, je sentais bon, j’étais –vous avez compris- alors j’ai retenté. Et retenté encore. Et j’ai même fait part de ma bonne foi en réduisant légèrement ma demande pour qu’elle puisse, peut être, être entendue.
Ensuite, deuxième étape, une fois que tu sens que le mâle hésite, tu lances le plan B. tu rebondis sur un truc qu’il dit, et tu fais l’offensée. C’est pas de la psychologie inversée –faut pas confondre-, c’est simplement de la manipulation. C’est faire ressentir à l’autre la culpabilité de ne pas céder à notre requête. Pour cette étape, faut bouder un peu. Mais pas trop, faut faire genre « je boude », et en même temps « mais j’ai ma fierté », en ajoutant un brin de « mais je suis terriblement blessée que tu le penses ».
Trois minutes douze, qu’il lui avait fallu pour céder.

Et j’avais réussi : 466 écus directement dans ma bourse pour acheter un appartement. Il avait presque pas râlé, le vieux. Alors pour vous ça semble peu, pour moi aussi, je mets ma main à couper qu’il a dix fois ça sur lui, si ça se trouve c’est pas à cause de son âge qu’il boite, mais seulement parce qu’il a une combinaison en or. M’enfin si pour nous c’est peu, faut imaginer qu’on parle de Zénon.

Zénon, c’est quand même le mec qui a offert un écu à sa fiancé –oui un écu, une pièce oui, une rondelle, cent deniers en une seule pièce, un écu quoi !- et qui arrive à faire passer ça pour le cadeau du siècle parce que « ça a une symbolique ». Moi j’ai rien dit, m’enfin la seule symbolique que j’y vois c’est qu’il a des oursins dans la bourse hein. J’peux vous dire que le jour où on m’offre un écu en avançant les mêmes raisons, le soir même je bouffe des couilles de taureau, et ça, ça sera pour la symbolique, nanmaisoh !


On aurait pu croire que ça s’arrêtait là, mais non. J’vous ai dit que c’était MA journée !



Deux heures après, à peine, j’avais un petit rendez vous en lice avec Aertan. On participait à un tournoi dés-organisé par Yohanna. Je lui ai mis ce qu’on appelle communément : une branlée. Bim, bam, des coups dans tous les sens. Je l’ai carrément, ra-ta-ti-né.
Bon en vrai j’ai gagné grâce aux applaudissements et il m’a plus souvent frappé que l’inverse, mais au final, on s’en tamponne le coquillard puisque j’ai gagné, non ?
J’ai rarement vu quelqu’un de si mauvaise foi que Moet à ce moment là. Peut être moi, du coup, mais on n’est pas là pour voir qui à la plus grande. C’était jouissif.

En parlant de ça… Et juste avant le départ…

Vraiment, cette journée, c’était MA journée !





*Citation ô combien réfléchie, Déa, en taverne, la veille.
** Mon Amour, si tu me lis…
*** non là je déconne, faut pas tout prendre au mot non plus

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Nico_las.







J'avais tourné et retourné mes mots 77 fois dans ma bouche et franchement à par baver comme un chien de berger, ça m'avait pas donné le courage de frapper à la porte de la chambre maternelle et de vider mon sac. J'avais plutôt lâchement attendu qu'elle sorte pour glisser mon vélin entre les pages de son journal.
Peut être que finalement, les gens n'avaient pas tort en me disant être autant con que mon géniteur.








Maman.
Depuis des mois je t'oberve lorsque tu écris sur ce journal. Je te vois sourire, parfois rire mais aussi pleurer. Je me suis jamais permis d'en lire le contenu mais je prend le risque aujourd hui d'y glisser ma missive.

Tu m'as dit il y a quelques temps en taverne, que je ne disais rien et que je n'exprimais pas mes sentiments. Et tu as parfaitement raison, je suis plus à l'aise de me confier à l'écrit plutôt que dans un face à face.

Je t'ai haï de façon viscérale. J'ai grandi avec le concept que toutes femmes étaient des garces, toi en premier, mère indigne qui a abandonné son rejeton.
J'espérais à chaque déplacement qu'on te croise dans les villes qu'on traversait, pour pouvoir garder dans ma mémoire la beauté de ton visage et ton odeur. Je taisais mon manque face à mon père et séchais mes larmes dans le secret de mon coussin.

Et puis lorsque je fus assez grand pour comprendre les agissements de mon père, j'ai voulu te retrouver, rattrapper le temps perdu. Sauf que je n'avais pas compris que je n'étais plus le petit garçon qui avait besoin d'être materné mais que j'étais devenu un homme..presque qui tentait de tisser des liens avec sa mère. J'aurais voulu me blottir contre toi, m'endormir dans tes bras avec l'inscouciance d'un tout petit, t'entendre me dire que rien n'était grave et que les méchants ça n'était pas nous. J'ai tenté par tous les moyens d'attirer ton attention, te blessant même pour te faire comprendre à quel point moi j'étais mal. Ce fut encore une erreur de ma part et je suis reparti sur les routes.
Ma dernière venue fut la bonne, j'avais mûri, certainement, j'avais pris conscience de mes fautes et lorsque nous avons revu papa, j'ai compris que tu étais prête à tout pour moi . Face à Gilly pareil.
Avec Beren se fut différent, la claque fut encore plus énorme et ça en vaut la peine qu'on s'y attarde.
J'ai souvent vu ton regard s'égarer depuis la mort de Vic même si on a jamais osé en parler, j'ai vu les deux rides au coin de ton oeil. Je t'ai vu souffrir de l'absence d'Alexandre et j'ai compris le martyr que tu as vécu en me quittant il y a 16 ans. Je m'en suis voulu, mais vraiment beaucoup.
Je t'ai observé te faire malmenée par Gilly . Je t'ai observé revivre avec Beren. A chaque fois j'ai nourri l'espoir que l'on devienne une famille unie et normale...Une maman un papa et leurs enfants.
A chaque fois je me suis pris une tarte dans la gueule. Mais te voyant souffrir, j'ai pris le parti de ne rien dire. Gilly est un con, mon père un abruti mais que dire de Beren....J'ai eu confiance en lui plus qu'en mon père, je me sentais si proche de lui avec le fait que nous partagions Alexandre. Je l'ai vu s'éloigner mais je pensais que c'était à cause de tes projets. Je l'ai vu avec Léo, j'ai entendu les rumeurs mais j'ai fais semblant de rien, jusqu'à ce que tu viennes toi me parler de leur baiser. Je t'ai avoué à demi mots que je les trouvais très complices...trop. Pourquoi ne t'ai je rien dit, pas pour te trahir non et egoistement pas pour te préserver mais parce que j'y croyais encore. J'imaginais une mauvaise passe, une engueulade ou ca se terminerait par un petit voyage rien que vous deux un retour ou vous seriez tout amoureux. Nous sommes partis chacun de notre côté sans un mot, sans un regard sans aucune explications et ça me bouffe autant que ça bouffe Tyrell. Je ne peux m'empécher de penser que l'on compte si peu pour les hommes qui partagent ta vie à moins que nous sommes deux crétins trop en mal d'amour qui s'attachent trop facilement. Va t'il bien et mon frère ? Je n'ai ni le courage de lui écrire ni l'envie de te le demander.

Un autre point que je voulais aborder c'est Susi.et mon rapport avec les femmes. Tu te rends pas compte ce que l'avortement de notre mariage me pèse. Je sais que c'est une bonne chose mais si mon coeur appartient à tyrell, j'ai ce besoin de la présence de Susi à mes côtés. Est il possible d'aimer deux personnes en même temps ? Est-il normal que je ressente autant de colère quand un mâle dégénéré lui fait la cour ?
Je pense que mon problème est que je me sens vite trahi, regarde Gwen, je devrais m'en foutre, des petites de son acabit on en a connu à la pelle, mais non le fait d'être pris pour un benet m'énerve toujours autant.
Finalement, quelque chose ne doit pas tourner très rond chez moi.
Quoiqu'il en soit, je veux te voir heureuse. Tu ne devrais plus avoir à souffrir, le sort ne peut pas s'acharner toujours sur la même personne, d'ailleurs pour te préserver, j'ai écris a Tastevin pour te réserver une chambre, tu semblais tellement touchée par la grâsce divine l'autre soir que je me suis empressé de faire les démarches
Ton fils qui t'aime.
N.






À m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Regarder le soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qui est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants c'est pas nous
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux

_________________
Andrea_
        Mon fils,
        Tu sais, dans l'existence,
        Il y a des différences
        Que désormais tu dois apprendre.
        C'est jamais noir ou blanc
        Mais d'un gris différent
        Comme font les reflets dans la cendre.
        On s'adorait, puis sans comprendre,
        On oublie ce qu'on s'est promis,
        Et puis un jour l'enfant grandit. *



Il serait mentir, que de dire que je ne voyais jamais chez Nicolas, les traits de son père. La couleur ses cheveux, déjà, presque frappante lorsqu’il était de dos. Le fait qu’il soit gaucher, évidemment. Ses coups de sang, parfois, mais je n’avais pas non plus un caractère facile à son âge. Son âge, c’est celui que j’avais lorsqu’il est venu au monde. J’avais été frappée, instantanément, par l’Amour lorsqu’il avait ouvert ses grands yeux bleus sur moi. Il faut être mère, pour comprendre toute l’émotion de ce regard. C’est un élan d’Amour tel qu’il en est douloureux et je ne pourrais rien en dire de plus tant je suis encore noyée par mes émotions, sachez juste que JAMAIS, une mère n’oublie ce regard où pour la première fois elle croise celui de son enfant. Le premier, qui plus est.

Je n’avais pas été en colère en trouvant sa lettre dans mon journal, je sais qu’il est intègre, et loyal, et que jamais il n’aurait farfouillé dans mes affaires. Je sais qu’un jour, quand j’aurais trépassé, il saura y trouver toutes les réponses aux questions qu’il se pose, et j’espère qu’alors, il sera soulagée de voir que sa mère n’était pas une sur-femme, une déesse et qu’elle avait elle aussi, des envies, des amours et des emmerd’es.
J’avais sitôt pris la plume pour lui répondre.




Mon Fils,

J’ai failli. Peut être qu’à trop vouloir te préserver, moi aussi, j’en ai oublié de te dire les choses telles que je les ressens. Je ne me souviens pas une seule fois, m’être mise en colère devant Toi. As-tu seulement idée de ce dont je suis capable, dans ces moments là ?
J’ai maudit chaque instant de ma vie loin de Toi. Et rien, jamais, ne me fera vivre tes premiers éclats de rire, tes premiers chagrins ou même tes premiers pas. J’ai tant jalousé ton père, de m’imposer une vie loin de toi. C’est moi qui suis partie, et Lui, qui n’a jamais voulu que je vienne te revoir.
Tu sais, il ne suffit pas d’être loin de quelqu’un pour ne plus y penser.
J’aurais aimé, à chacune de nos retrouvailles, te voir redevenir petit garçon, être insouciant qui n’aurait pas toujours compris ce qui se passait autour de lui, juste prendre ta main et baiser ton front en te disant que tout irait bien. A cinq ans, tu m’aurais cru, et il aurait suffit de quelques ricochets pour que tu en oublies le voile sur mes yeux. Mais tu es revenu presqu’adulte, et je ne t’ai pas vu grandir.
J’ai laissé un nouveau né, j’ai revu un petit garçon, pour finalement retrouver un homme. Alors même si j’aimerais tout effacer, ce n’est pas possible, et nous le savons tous les deux.

J’ai souvent mal choisi mes amours, et je regrette que tu en sois le premier touché, au final.
J’ai compris toutes tes colères. Tes inquiétudes aussi. J’ai compris par la force des choses que tu étais un être à part entière, avec tes propres maux, et manière propre de les partager. Nous ne sommes pas doués, tous les deux pour dire ce que l’on ressent, alors permets moi de te dire que quoiqu’il arrive, toujours une mère aime son enfant. Même quand il crie, même quand il frappe, même quand il part. Que chaque mot que tu as dit n’était que vérité, et quand bien même ils m’ont fait souffrir, ils n’étaient que la récolte de ce que j’avais semé, en t’abandonnant peu avant ton premier noël.
Je ne trouvais plus ma place Nicolas. Je n’étais plus sa femme, plus sa confidente et encore moins sa maitresse. J’étais ta mère, et j’aurais pu m’en contenter. J’aurais du, m’en contenter. Mais ce n’est pas ça, que je voulais t’inculquer, et jamais je ne te demanderais de faire semblant, pour plaire à quelqu’un. Quand bien même ce quelqu’un est ton fils, ton mari, ta femme ou ton Roy. Tu dois seulement te regarder dans un miroir, et aimer ce que tu y vois.
Et aujourd’hui, j’aime ce que je suis.
Et je l’apprécie d’autant plus que je peux ébouriffer ta tignasse, essuyer le coin de tes lèvres et te rappeler qu’il faut prendre un bain. Je suis mère depuis ta naissance, je suis une maman depuis ton retour.

Bien sûr que ton frère me manque. Beren aussi. Mais tu sais autant que moi qu’on ne peut pas tout accepter par Amour. Que parfois le cœur s’égare et qu’il ne suffit pas d’une virée à deux pour raviver la flamme. Tu sais Nicolas, la flamme ne vacillait même pas et nous aurions pu continuer de nous mentir, de fermer les yeux sur les pensées qui s’égarent. Nous aurions pu faire illusion, à commencer par nous même, pour continuer d’avancer ensemble et s’offrir, à tous, la vie de famille qui nous a tant manqué. Mais à quoi bon ? Je ne regrette pas de l’avoir retrouvé, et si j’avais le pouvoir de changer le passé, je ne changerais strictement rien. J’ai aimé. J’ai tout donné. Et puis chacun a repris sa route. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir, et je garde encore espoir que Beren soit le père qui te manque tant. Il faut du temps pour cela. Et nous avons la vie devant nous.

Alexandre va bien, il profite des dernières chaleurs au bord de la mer, il rit, il s’ouvre au monde. Et je te mentirais si je te disais que je n’aimerais pas le voir de mes yeux. Si je ne rêvais pas de frotter ses genoux et de râler sur le sable qu’il ramènerait par poignées dans ses bottes. Sa vie Nicolas, sa vie est auprès de son père, car j’ai fait le choix d’embrasser la vie d’une manière qui ne laisse pas de place à un enfant de cet âge. Je sais qu’il te manque, et il me manque aussi. Mais Beren et moi sommes suffisamment intelligents pour se revoir tous ensemble, et ainsi faire en sorte que nous fassions partie de sa vie, à défaut de son quotidien.
Quant à Léo… Que te dire Nicolas. Si elle a fait battre le cœur de Beren, et s’il a su trouver entre ses cuisses de quoi faire battre plus fort le sang à ses tempes, jusqu’à peut être lui soutirer des mots doux comme il sait les distiller alors… Qu’il en soit ainsi. Qu’elle offre à Alexandre et son père la vie paisible qu’ils méritent et que j’ai toujours été incapable de leur offrir.

Susi… Ma douce Susi. J’ai vu ses mains sur les tiennes et son corps dans tes bras. J’ai vu vos regards et les mots que vous échangiez. Il y a entre vous ce je ne sais quoi qui n’est pas de l’Amour mais qui y ressemble. Elle est la douceur où tu es l’impétuosité. Elle mérite un homme comme Toi, car je sais, que tu es capable de tendresse. Oui, il y a Tyrell, mais n’as-tu pas connu trois personnes capable de s’aimer Nicolas ? N’as-tu pas vécu toi-même cette situation lorsque tu étais petit garçon ?
Toutes les histoires d’Amour ne finissent pas mal, et si je réussis à y croire encore après mes échecs, tu dois en être persuadé aussi.
Tu es jaloux tu le reconnais, il me semble que voilà la réponse à tes questions Fils. Bien sûr que l’on peut aimer deux personnes à la fois. J’ai aimé ton père, j’ai aimé Lestat. Et je les aimé tous les deux en même temps quand j’aurais été bien incapable, après ça, de les aimer séparément.
Ton père après ça, aura eu tout mon mépris, Lestat gardera ma tendresse.
Tu n’es pas ton père, il me semble important de le dire, quand bien même parfois tu lui ressembles, tu n’es pas Lui. Et je ferais tout ce qu’il ait en mon pouvoir pour que tu restes Toi.

Je ne sais pas d’où te vient cette idée de me garder une chambre à Tastevin, puisque je n’ai ni la foi ni l’envie de lire leurs sottises en vélin. Je n’étais pas touchée par la grâce l’autre soir, seulement par la bière. Beaucoup de bière. Et en ça je loue Tastevin et son divin breuvage.

Souffrir Nicolas, c’est la preuve que l’on vit encore.

Et je vis, pleinement.
Je n’ai pas à te cacher quoique ce soit, mon Fils, je te parle comme un homme, parce que tu es un homme*désormais et que moi, j’espère ne jamais finir d’être ta mère.

Ta lettre m’a fait comprendre bien des choses, et je te remercie de l’avoir posée là, symbole de tout ce que je ne te dis pas.
Je t’aime,
Maman.



* Mon fils, Michel Sardou

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Qui vole un œuf vole un bœuf]



Mais c’est pas de ma faute.
Tout le monde sait que j’adore rendre service. Je crois même que c’est ma qualité première. Je suis généreuse.
Non je déconne.
J’ai rien contre filer un petit coup de main de temps en temps, quand c’est quelqu’un que je connais et que j’apprécie. Quand on est un jour, un mois et une année impairs. Qu’il fait beau. Que le vent souffle en nord nord est en chassant les nuages vers l’ouest et qu’un chien beige croise mon chemin.
Bon d’accord, rendre service, c’est pas ce que je préfère.

Mais vous savez ce que c’est, parfois on s’égare. Et ce soir là, c’est ma main qui s’était égarée. J’aurais pu trouver des monts et des merveilles, mais j’avais trouvé qu’un biscotto un peu faiblard. J’le dis pas trop fort pour vexer personne mais oui, j’avais noté un petit relâchement musculaire sur le bras d’Aertan et j’voulais pas froisser l’animal.
Et c’était pas le bout de jambonneau qu’il avait mangé l’autre jour –alors que c’était juste pour qu’il frotte le sel sur la tâche de vin de son falzar- qui allait changer la donne.

Méninges en action, j’en étais à la conclusion qui lui fallait bouffer des œufs, des prot’ comme diront les jeunes dans quelques années. Et comme j’étais pas payé pour laver son linge, j’allais pas non plus dépenser mes thunes pour aller lui acheter.
C’est donc tout naturellement que le soir venu j’avais rejoint le poulailler le plus éloigné de la ville dans l’espoir d’y trouver de quoi faire grossir ses muscles –affermir ses fesses serait un petit plus-. Déjà, j’étais pas chaude chaude, et je parle pas du temps. Moi, les poules, j’aime pas ça. Elles ont des becs pour commencer. Et elles savent s’en servir. Et puis une poule ça bouffe de tout, est ce qu’on peut vraiment se fier à quelqu’un qui mange de TOUT ? La réponse est non. Tu regardes à droite ça te finit ton assiette, tu regardes à gauche, ça a bouffé l’émail. Alors non, je n’aimais pas les poules.

Mais j’ai envie de lui faire plaisir –enfin j’ai surtout envie de voir ses bébés muscles devenir des hommes- alors j’ai inspiré un grand coup, et je me suis faufilée par la trappe –j’apprendrais plus tard à mes dépends qu’il y avait une porte, je vous dirais quand- et j’ai fait un truc que je pensais totalement impossible… J’ai glissé ma main sous chaque CUL de poule que j’ai vu. C’était chaud, un peu plumeux et beaucoup vide. J’ai pris un coup de bec, puis deux, puis trois, et une chauve souris s’est emmêlé dans mes cheveux, j’ai hurlé, j’ai fait peur aux poules, j’ai dézingué leur maison, j’suis partie en courant et –top départ- c’est là que j’ai découvert la porte, quand je l’ai prise en pleine gueule et qu’elle a cédé sous mon poids. C’est pas solide un poulailler.
Je l’avais sur le bout de la langue-la plume- mais j’étais sortie de là sans mon précieux sésame, bientôt chassée par un fermier pas content armé d’une fourche. Heureusement, les fermiers sont souvent vieux, et son petit boitillement m’indiquait qu’il avait AU MOINS quarante piges, autant dire que je l’ai devancé.

C’est donc comme ça que je me suis retrouvée aux abords de la ville, avec pour seul bagage ma b..oite –à œufs- -vide- et mon couteau.

Mais j’suis dans les petits papiers du bon Dieu en ce moment, et il venait de mettre sur ma route un champs de vaches. J’ai rien contre les vaches, mais genre rien. Elles sont grosses, moches et ne font pas grand-chose de leur journée sinon nourrir leurs estomacs et leurs veaux, on dirait Idril, sauf qu’elles ne leur donnent pas des noms à coucher dehors. Bien que celle qui me regardait pourrait s’appeler Sousanastasia, et qu’est ce qu’il y a sous Anastasia ? Rien.
Une corde autour de son cou et la voilà qui me suivait, c’est assez con, une vache quand on y pense, est ce qu’elle savait que j’allais l’offrir en cadeau ? Non.

J’en ai sacrément chié pour lui faire monter les marches jusque devant la porte de la piaule qu’Aertan louait, et je pense qu’il peut dire adieu à sa caution après ça, j’ai eu beau gueulé au tavernier que « le purin, ça fait briller les bois », il avait pas l’air convaincu par le bousin qu’elle posait à chaque marche. Et j’aurais pas aimé être en bas, quand elle a déversé ses deux cents litres de pisse.

Accrochée à la poignée de porte d’Aertan, celui-ci la trouverait le lendemain matin, avec un couteau fraichement aiguisé, et un message.




Voilà de quoi te nourrir les dix prochains jours, mais je te conseille de la tuer dehors, tu dois déjà quarante écus à la femme du tavernier pour le nettoyage des escaliers.
Ne me remercies pas, c’est un cadeau.



Moi, j’ai rien contre service, mais encore faut-il que ça soit reconnu à sa juste valeur.
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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[J’suis pas vieille]

Je suis expérimentée.
Ça commence à me gonfler sérieusement, les petits jeunes –plus jeunes que moi quoi- qui me font remarquer que je ne suis plus de première fraicheur.
Nan mais c’est vrai, y a des degrés dans la fraicheur ? Non parce que SI on remonte l’histoire de la vie, ta plus grande fraicheur c’était quand t’étais dans les roubignoles de ton père, et tu penses vraiment que c’était FRAIS, ça ?
Et c’est pas la peine de se la jouer mijaurée hein, t’as beau lever ton petit doigt et rougir quand on parle de fesse t’es pas née dans une rose pour autant. Et ouai gamine –je suis expérimentée, je peux-, y a de grandes chances que tu sois le résultat d’un mauvais calcul, d’une pinte de trop ou de la précocité de ton père. PEUT ÊTRE que t’es un bébé de l’amour, mais t’es avant tout l’enfant d’un coït possiblement crado. Nan mais ça va hein, faut remettre les choses dans leur contexte.

Depuis quelques temps, c’est de plus en plus souvent, du coup je m’interroge. J’ai pas encore de poils au menton, d’accord j’ai quelques cheveux blancs, m’enfin je les arrache suffisamment souvent pour pas qu’on les voit et au niveau des rides, je me défends plutôt bien. J’ai les yeux clairs, je le rappelle, alors je fronce pour contrer le soleil.
D’accord, je le conçois, parfois, j’ai un peu les articulations qui grincent, mais jusqu’à preuve du contraire, y a pas grand monde qui partage ma piaule pour le savoir.

Okay, je suis peut être un peu vintage, mais le vintage, c’est la preuve qu’on revient à la mode. Y a des choses qui seront plus JAMAIS à la mode, comme les Brigitte* ou la tapisserie orange**, alors que moi par exemple, je connais des tas de gens qui rêveraient de m’avoir à leurs côtés. Ne serait-ce que pour goûter à mes biscuits.

J’avoue que ça me rend un peu susceptible cette histoire. Faut dire que traîner avec des ados pré-pubères ça n’aide pas à me sentir bien dans mes bottes. D’un côté on à Nicolas qui expose fièrement le fait qu’il a un gosse –ce qui fait de moi la mère d’un enfant qui a un enfant, le premier qui me traite de grand-mère je le dézingue, vous avez jamais vu une femme de mon âge vous décaper la bouche avec sa botte bin ça sera une première-. De l’autre, on a Tyrell qui entre en transe dès qu’il se découvre un nouveau poil au menton, du genre à se pavaner partout pour montrer sa trouvaille –vivement qu’il en ait aux roubignoles, au moins y aura quelque chose à voir-. Et au milieu, on a Gwen qui passe son temps à me traiter de vieille alors que clairement, son fiancé pourrait être mon père, peut être même mon grand père –je n’exagère même pas !-.

J’ai à peu près tout tenté pour justifier mon âge. Non pas que j’en ai honte hein, mais passé la trentaine on est plus proche de la fin que du début, alors imaginez à l’approche de la quarantaine.
Quand t’as trente et un, tu peux dire que t’as trente ans, ça passe. Trente deux, ça passe. Passé trente cinq, ça passe un peu moins. T’as beau passer deux heures à te ravaler la façade, quand ça fissure au coin des yeux, ça fissure au coin des yeux.
Après le « je l’ai eu jeune » en parlant de Nicolas, j’ai tenté le « l’âge c’est dans la tête », et même le « je n’savais pas compter les premières années de ma vie, donc je suis partie de zéro à cinq » -tu peux réfléchir à cette phrase, je te laisse un moment.




Un moment.




Mais même ÇA, ça passe plus ! J’ai pas appris à compter à douze piges, merd’ !
J’suis pas mon père, j’peux pas dire que j’ai vingt ans depuis dix ans, parce que ça fait bien plus longtemps que ça.
Je suis dévastée.
Quand tu commences tes phrases par « quand j’étais jeune », tu te fais aligner. Quand tu dis « moi, à ton âge », bim, tu prends au moins dix ans dans la gueule. Quand tu dis « laisse le temps au temps », tu te rends compte que t’en as tellement laissé passer, du temps, que… Tu parles comme une vieille !
Alors quoi hein ?


Bin j’vais vous dire, y a AUSSI des avantages à être expérimenté.

- J’sais pisser debout –ça envoie du steak dès le début-
- J’sais me battre
- J’sais ce que j’aime, et ce que j’aime pas
- J’ai visité pratiquement TOUTES les prisons du royaume, et avant que t’en ai fait autant, va couler de l’eau sous les ponts
- J’ai assez de recul pour te dire QUOI faire, et je sais à l’avance que tu fonces droit dans le mur.
- Mais j’ai assez de sagesse pour pas te le dire, alors que je le sais, que tu vas souffrir, que tu vas pleurer, que tu vas me dire « mais pourquoi t’as rien dit ? » alors que si je te l’avais dit tu m’aurais dit « mais pourquoi tu me laisses pas faire mes expériences ? » -ingrats, les gosses-.
- J’ai pas besoin d’un bouquin pour savoir comment faire plaisir à un homme – ni pour savoir comment les éviter, alors que toi tu vas encore bouffer du missionnaire pendant quelques années avant de découvrir qu’au-delà des cris y a aussi des fontaines-
- et je sais que tu gâches ta vie à te prendre la tête pour des conneries alors que quand t’auras mon âge tu t’en souviendras même plus, de cet anniversaire oublié, de cette missive sans réponse, de ce regard en travers qu’il t’a lancé, et même du fait qu’il t’a dit que t’étais qu’une con’nasse pédante ou un idiot imbu de sa personne.


J’te laisse, j’dois croquer la vie à pleines dents.
Tant que j’en ai.




* Désolé à toutes les Brigitte, sauf ma belle mère.
** j’aurais bien dit la tapisserie tout court mais je ne veux blesser personne.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Bref, j’ai donné le bain au fils de mon fils]


A toi qui me lira –ou pas-, pauvre petite chose qui te lamente quand tu fêteras tes vingt piges, en te trouvant vieille. A toi aussi, qui pleurnicheras au premier cheveu blanc, qui te massera le visage de longues heures durant pour faire disparaitre cette satanée pâte d’oie qui te ride le coin des yeux. Et même à toi*, qui refusera d’assister à ta fête d’anniversaire, celle que tes amis et ta famille t’auront préparé pour tes trente piges.

Tu te crois vieux ?

Attends que ton enfant ait un enfant.
Attends qu’il déboule en taverne, les yeux cernés, qu’il te colle le mioche dans les bras comme la veille encore il y déposait son doudou ou une marguerite.
Attends qu’il te demande de lui donner un bain, parce qu’il a peur de le casser, qu’il est trop fatigué, qu’il sait pas faire, qu’il a pas envie –rayez la mention inutile-.
Et là, vraiment on reparlera de ce que c’est de sentir vieux.

Moi j’avais tenté d’esquiver, j’avais recoiffé le fils de mon fils en lui faisant une jolie raie au milieu, sucé mon pouce pour essuyer une moustache de je ne sais quoi –es pères lui donnent QUOI à manger pour que ça colle autant ?-.
Mais quand ils ont commencé à sous entendre de façon très lourde que je pouvais aussi garder le mioche pour la nuit ,j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai glissé le gosse dans la bulle de courage et hop, j’avais monté les escaliers en demandant qu’on me remplisse un petit baquet d’eau chaude.

Première difficulté : tenir le gosse. Il était encore habillé qu’il me glissait déjà des bras, c’est pas Biscotte qu’il aurait du s’appeler, mais Savonnette. Quitte à se faire moquer, autant y aller franchement hein !
Pour le déshabiller, pas de problème, y a pas besoin de sortir de Saint Cyr. Enfin en théorie, en pratique la savonnette se transforme en vers de terre qui veut toucher tout ce qui est autour. Déjà rien que là, j’avais pris ma suée. J’ai viré le col histoire d’être plus à l’aise, et les chaussures, parce que si malencontreusement mon pied venait à devoir lui botter l’cul, ça laisserait pas de marques.
Non mais quand même, c’est du pur cuir de vachette 18 carats, ces bottes m’ont couté une petite fortune !
En parlant de botte, c’est en retirant les siennes que j’ai compris qu’il était bien le fils de mon fils. J’aurais bien voulu vous donner un nom scientifique, avec la racine en latin -, mais là tout de suite, je vais être claire : il puait des pieds. J’parle pas de la petite odeur qui fait frétiller les narines hein, non je vous parle d’un relan à vous faire dégueuler votre déjeuner, d’un truc qui pique les yeux et fait tomber les poils de nez. Bertille, la bonne en était toute émue de me voir les larmes aux yeux, elle a pris ça pour de l’émotion mais cette gamine a beau avoir un groin à la place du tarbouif elle n’avait aucun odorat.

Etape suivante : réussir à le choper –sans le casser- et à le fourrer dans l’eau. Ce gosse est un chat, j’sais pas comment font les autres, mais moi, clairement, j’ai galéré.


-Mais f’ait f’aud mémé !
Non pas mémé, Déa, répète
- F’ait f’aud !
Mais non c’est pas chaud, regarde… Ah si peut être. DE L’EAU FROIDE BERTILLE !
Et là Bis…Chat... Poussin ça va ?
-F’ait f’oid un ti peu !
Mais non c’est pas froid, c’est… Oui bon, BERTILLE DE L’EAU CHAUDE !

Et là, là ça va là non ?

-Non.
Si.
- Bah … Non.
Ah si Biscotte, j’t’assure que si, c’est parfait là !


C’est qui qui décide ici ? hein ? Bah c’est moi –pour le moment-, j’avais plongé le fils de mon fils dans l’eau, il avait râlé,mais pas longtemps.
Puis il a inondé la piaule. C’était visiblement très rigolo de taper ses mains à la surface de l’eau, encore plus rigolo de voir que ça me faisait rire –jaune le rire, moi dans ma tête j’ai tué quinze fois son père et son autre père-.
C’est à peu près à ce moment là que j’ai viré ma robe pour enfiler une longue chemise, j’voulais pas traumatiser le gosse en me mettant à poils, et avec le bol que j’ai il était pas sevré et aurait voulu.. bref.

Puis j’ai approché le tissu pour le frotter un peu et il a hurlé. De ces cris qui vous percent les tympans et qui vous donnent des envies de meurtre, mais j’ai tenu bon, parce que même sous l’eau ça sentait les panards. Et j’peux vous dire que je les ai bien frottés, mais que même après ça, j’y aurais pas posé les lèvres. Non mais c’est vrai, une mère –et même une grand-mère- ça adore embrasser les pieds de tout ce qui a moins de trois ans. Croyez-moi. Après ça passe.
Bin là c’est passé direct.

Je vous épargne la crise à la sortie, parce que forcément, il ne voulait pas y aller mais il voulait plus en sortir. Il ne voulait pas mettre cette chemise, et puis ça tire les cheveux, et puis il avait faim, soif, envie de pisser et voulait papa.

J’étais épuisée.
Mais j’ai quand même trouvé la force de redescendre le gosse pour le rendre à ses padrés, parce que j’ai envie de dormir cette nuit.
Etre grand-mère, c’t’épuisant vous avez pas idée !




* Big up Tonton Stef !

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Et puis un jour…]


    J’ai dans le cœur plus de rancœur qu’il n’en faut pour haïr, jusqu’à sa dernière heure. J’ai dans le cœur autant d’offense que de fautes sur la conscience.
    J’ai dans le souffle autant d’espoir que de défauts dans mon miroir.*




Tu as été mon tout. Jamais très longtemps, certes, mais bien assez pour porter un bout de ta vie en moi, deux fois. Je sais qu’aujourd’hui encore, tu trimbales ce bout de nous qui va bientôt fêter ses trois ans, et tu n’as aucune idée de ce qu’il me manque.
Tu me sais égoïste, mais tu n’imagines pas à quel point, pour mon bonheur personnel, je suis prête à tout sacrifier. Même si tu l’as entrevu, par le passé.

J’ai été triste en partant, les deux fois. J’avais besoin d’air, la première. Je savais ce que je perdais la seconde. J’avais l’impression d’avoir échoué, encore. D’avoir baissé les bras rapidement, trop rapidement. Cette dernière nuit, je ne l’oublierais probablement jamais, tu sais, une part de moi espérait que ce n’était qu’une pause. Une parenthèse de ce nous, que je sais désormais révolu, de façon définitive. L’autre part quittait tout, après avoir misé sur un inconnu qui ne le resterait pas longtemps.

C’était étrange, de voir le temps passer sans que le manque de toi ne se fasse vraiment sentir. Bien sûr que mon fils me manquait, plus que de raison. De quoi te couper la faim, te foutre à chialer d’un seul coup, et devoir affronter des crises de larmes sans pouvoir les arrêter. Tu sais, s’il n’y avait pas eu Nicolas, et Aertan, j’aurais baissé les bras. Je me serais probablement oublié dans un coin jusqu’à oublier que j’existais. Mais ils étaient là. Et ça, je ne pouvais pas te le dire.

Pourtant, on avait dit qu’on se dirait tout. Peut être qu’en mettant un coup de canif dans le contrat, comme tu l’as fait, je me suis affranchie de ça, moi aussi. Je me fichais de te faire du mal, j’avais juste pas envie que tu me dises des horreurs en échange. Oh je n’aurais pas étalé mes nuits de folie, nos moments de tendresse, j’aurais même tu les mots que nous échangions. Ces mots qui m’ont sorti la tête de l’eau, bien plus vite que la bienséance l’aurait voulu.
Pourtant, Dieu que c’était le cas.
Et j’espérais que c’était le cas pour toi aussi Je n’aurais pas été triste de lire que tu te sentais vivre à nouveau, que tu la trouvais belle.
Je ne peux expliquer pourquoi cette fois je n’étais pas dupe. Pas dupe à tes mots, à tes gestes. A ces confidences sur l’une ou l’autre. Tu sais, depuis Limoges, déjà, je savais qu’on allait droit dans le mur. Toi, tu pensais être un pansement, et moi, je me fatiguais à dire l’inverse alors que… Avec le recul, je pense que c’était le cas. J’avais besoin de retrouver mon fils, et je me cachais derrière ce prétexte. J’avais besoin de bras, de bras que je savais accueillants. Des bras bienveillants, des bras qui sècheraient mes larmes et apaiseraient mes peines. Je n’ai pas menti pour autant, l’amour s’est invité à nouveau, la tendresse aussi.

Tu m’auras au moins surpris sur un point, je ne pensais pas que tu me pensais naïve au point de ne pas voir tes yeux s’égarer sur les autres femmes. Mais qui étais-je pour te blâmer, quand mes pensées toujours s’égaraient sous un chapeau ?

Ta dernière lettre, si l’on peut considérer une vulgaire phrase comme une lettre, m’a ouvert grand les yeux. J’ai cru que nos correspondances pourraient nous permettre de créer une autre sorte de relation. J’avais besoin de me dire qu’on ne pouvait pas s’aimer autant que l’on s’est aimé, et tirer un trait facilement. Qu’il était possible de devenir ami, sans être amant. Qu’on pouvait se parler de la pluie et du beau temps, et trouver ça intéressant. Mais… mais tu as envoyé ce courrier. Cette phrase, à peine signée. Je l’ai pris comme un point final, en ressentant un étrange soulagement. Ça ressemblait tellement à un « rage quit » que j’en aurais ri, si ça n’avait pas été si ridicule.

Tu m’as écrit que je ne me laissais mordre que par la flamme de la passion charnelle, et j’ai trouvé ça terriblement injuste. Tellement réducteur. N’as-tu donc jamais compris ce qui m’animait vraiment ? La passion charnelle, on la trouve partout ou presque. Egarer son cul sur une pine, tout le monde peut le faire. Je ne suis pas tout le monde.


Tu ne voulais pas être le « cocu », tu ne voulais pas arborer des cornes si grandes que tu ne passerais plus les portes, et je l’ai respecté. Parce que je te respectais. Sans haine aujourd’hui, j’ai compris que ce n’était pas ton cas. Tu peux te cacher derrière la peine que tu ne voulais pas me faire, derrière les possibles crises que je t’aurais faites, tu peux te cacher, encore et toujours, je n’en crois pas un traitre mot. Ton orgueil, ta fierté, voilà ce qui t’étouffera, sans jamais te tuer. Mais l’Amour que tu donneras, car tu le donneras encore si ce n’est pas déjà fait, peut être qu’un jour, il te mettra sous terre.

Alors, si j’avais déjà fait le deuil de l’Amant et de l’Amour, je fais celui de l’Amitié. On ne peut pas forcer les gens, et je n’ai nul besoin de gratter l’amitié.


*Rose.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Mémento Post it]



Je sais que Memento Mori ça sonnait mieux, mais c’était déjà pris. Et j’voulais pas d’une quelconque manière, être assimilée au bordel qu’un certain Namaycouche faisait un peu partout en France et ailleurs depuis des années.
Mais j’suis pas là pour parler de lui, ou alors juste un message subliminal : Allez Momo !
Parce qu’on peut mourir douze fois, mais pas treize, c’t’ainsi, et que j’y crois.


Comme tous les groupes qui se respectent, on fait des tables rondes. Comme à Kaamelott, sauf qu’ici on a plusieurs têtes en l’air. C’est d’ailleurs pour ça qu’ce jour là, y avait trois chaises vides.
Parce que Momo et le Flocon –ouai, on a des surnoms dans les groupes-, avaient des petites idées pas très aristotéliciennes et que pour se faire, ils ont du s’écarter un peu. D’ailleurs c’est comme ça que j’ai commencé cette assemblée : « paix à leurs ânes ». Ils sont pas tout à fait morts –pas encore-, bien qu’à mon avis, le Momo a bien du mourir deux ou trois petites fois. Vous savez les sangliers c’est violent.
Et la troisième chaise vide, c’est pour le soldat inconnu, Fredgard. On n’sait pas où il est, et comme il ne le sait pas non plus, ça peut durer un moment.
La tête qui dépasse les autres, c’est « l’nain noir ». Parce qu’il est debout sur sa chaise, il est vraiment nain. Et vraiment noir. C’est simple, quand il déboule en pleine nuit, s’il ne sourit pas, on l’voit pas. Et comme il ne veut pas qu’on le voit, bin il sourit pas.

Bref, j’vais pas vous les présenter un par un, parce que ça me prendrait trop de temps, ouai, on est un grand groupe.


M’enfin on n’est pas toujours aidé.
Pour vous donner une idée, on a aussi une gonzesse qui fait des bruits de petit oiseau qui crève la dalle quand elle éternue. Et elle éternue souvent, c’vrai qu’elle est un peu pâlote, d’ailleurs maintenant que j’y pense, faudrait la mettre en quarantaine, si ça s’trouve elle couve un truc mortel, comme une grossesse non désirée ou un mariage imminent. Et ça, j’le souhaite à personne.

Après y a des choses que j’ai pas trop comprises mais j’ai retenu le principal : l’inceste a de beaux jours devant lui.

D’ailleurs n’y voyez aucune transition car ça serait sale, mais on a aussi le fils de mon fils. Biscotte. Biscotte a fait un gros dodo cette nuit, et on dit merci qui ? Nan parce que si j’avais rangé ma piaule, et qu’le môme n’était pas tombé sur ma fiole de vieux rhum, il aurait encore fait la bamboula toute la nuit, et à part le nain noir, ça n’aurait fait rire personne. –oui, c’est raciste, mais je l’adore le nain hein !- -même s’il est noir-.

Y a aussi du mariage dans l’air, et pour une fois, pas un des miens ! J’ai proposé au nain de l’y accompagner. Du coup je cherche des échasses.
Pour moi, histoire de souligner en plus le fait qu’il soit nain, il aime pas trop ça. M’enfin il a beau dire qu’il ne l’est pas, il dépasse pas le mètre cinquante les bras levés, alors à un moment faut appeler un nain un nain hein !



Est-ce que quelqu’un a des choses à dire ?

- bin on a encore perdu quelqu’un
- et puis on s’ennuie
-où est ce qu’on sera demain ?
- et c’est quand qu’on arrive ?
-t’as qu’à lire la feuille de route
– Y a une feuille de route ?
-Bin si tu lisais ton courrier aussi…
–Ah, nan mais i’sait pas lire
– Cuicui Veuillez m’excuser
- C’était quoi ce bruit ?
–un oiseau non ?
J’ai éternué, mais je me suis excusée…
- un rouge gorge je pense
- Plutôt un moineau non ?
- C’est possible.
- Si c’était une mouette au moins, ça voudrait dire qu’on arrive bientôt
–Sur la feuille de route, c’est écrit que…
- Ou peut être une chouette
- Il nous fait chier avec sa feuille de route
- Bin moi au moins je sais lire
- Non un oiseau mais petit
Non mais… j’ai dit que c’était moi, j’ai éternué et..
On n’est pas tous né avec une cuillère dans le bec
- un bébé chouette alors

Est-ce que quelqu’un a quelque chose d’intéressant à dire ?



La journée, c’t’assez calme en fait.
Mais le soir, une fois que chacun rentre dans sa piaule… Bin c’est plus calme du tout. Y a ceux qui se payent du bon temps, y a ceux qui tentent d’endormir un gosse, y a ceux qui préparent les faire parts et ceux qui se pignole en pensant à des écus. Y a celui qui les dépensent – 120 exactement- pour perdre leur virginité. Y a celui qui cherche encore quel oiseau c’était et celle qui se mouche en silence.
Pis y a moi.
Et Aertan.

Qui joignons l’utile à l’agréable.

Aaaaaaaaah, vivement demain !

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Pélérinage]


Ça t’est déjà arrivé d’avoir des réminiscences du passé ?
C’comme quand tu manges un civet un peu trop épicé, t’en manges et tu trouves ça bon, et puis tu te rends compte que la digestion est terminée depuis longtemps et pourtant, dès que tu rotes, t’as encore l’goût en bouche.
Bin parfois, l’passé te fait le même coup.

Hier, j’étais à Montpellier. Et là, tu commences à flipper, parce qu’on sait tous ce qui fait la réputation de cette ville. Alors tu t’demandes quelle dégueulasserie je vais encore te sortir, en misant un bon paquet sur le fait que j’aurais pu avaler un truc un peu dégueu et que… Bin je préfère t’arrêter tout de suite. J’ai rien mangé du tout –enfin si, mais qu’est ce que t’en as à foutre que j’ai mangé un jambon braisé avec des endives hein ?-.

Moi, j’suis entrée dans une taverne, qu’était même pas un bordel –assez rare à Montpellier pour le souligner- et j’suis tombée sur… Tu d’vineras jamais, alors j’vais t’le dire, parce que je suis pas Chienne, et qu’ici j’peux tout dire hein.
Bossuet. Le Roy. Le Fol. Le Roy Fol. Le seul, l’unique. Le poète aussi crade que dingue. On a partagé un bon bain d’ailleurs, et je tiens à préciser que l’eau ressemblait à un bon bouillon de culture après son passage. Rassurez vous, pour être sûre de pas cultiver des champignons à Lui sur mon corps magnifique, je me suis rincée dès que j’ai pu.
J’ai même réussi à l’embarquer pour une petite entreprise, m’enfin ça, j’vais éviter d’en parler.

Et une fois que j’ai vu qu’il était dans la charrette, j’me suis dit « tiens, puisque le passé s’rappelle à moi, autant en profiter », alors ni une ni deux –mais à quatre-, on a pris la route. Pour s’arrêter, là où Nicolas est né, y a une paire d’années –plusieurs paires en fait-. Parce que certes, j’compte tabasser du couillon –riche, si possible-, mais que j’ai autre chose en tête.
Retrouver mon placenta. Enfin c’lui de Nico. Qu’était aussi le mien, du coup.
J’ai croisé une vieille l’aut’ jour, qui m’a dit que si on mangeait son placenta, on devenait immortel. Alors j’vais tenter. Y a bien une couillonne –blonde, coïncidence ?- qui m’a dit que depuis le temps il avait du disparaitre, m’enfin j’peux vous dire que vu la taille du truc, ça m’étonnerait hein. Il était tellement gros et semblait si intelligent que je me suis déjà demandé si on avait élevé le bon truc. Si ça s’trouve, on élève le placenta depuis des années et on a jeté le bébé hein.
M’enfin quand j’y repense, à ce truc, j’avais l’immortalité au bout des lèvres et je l’ai lâchement abandonné sur le bord de la route. Tout ça parce que le père de Nicolas et Moi, on était trop subjugué par la beauté de notre fils. Bon, y a aussi l’fait qu’on savait pas trop comment le faire taire. Faut dire que ce gosse a surpris tout le monde, et qu’on était en train de brigander quand il a décidé de voir la lumière, c’bien beau de naître mais encore faut-il choisir son moment hein ! J’peux vous dire que j’ai peut être gagné un fils cette nuit là, mais on est passé à côté d’un gros butin, je le sens.

Alors bon, voilà, j’cherche mon placenta d’puis ce matin, mais il se cache.

Sur cette route, j’finis par penser qu’y a un truc magique. J’le pense, mais j’le dis pas, parce que j’voudrais pas qu’on me crâme, m’enfin j’ai quand même croisé un mort. Un mort vivant. Ah vous pouvez m’prendre pour une folle, mais j’sais encore ce que j’ai vu, et j’étais sobre ! J’avais bu que sept bières.
Alors certes, j’suis pas l’couteau l’plus aiguisé de la boite mais quand même, s’il je l’ai croisé, c’est qu’il était vivant, à un moment. J’ai ma petite idée hein, si ça se trouve le mec il a eu peur. Il s’est dit qu’il allait crever, que c’était peut être pas la peine de crever pour quarante quatre écus et quarante quatre deniers, du coup peut être qu’en voulant courir son cœur a lâché. Ou alors qu’en se cachant il est tombé d’une falaise, c’possible aussi, dans la nuit noire tout ça.
Ou alors il a peur des gens de petite taille. Ou des noirs. Ou des noirs de petite taille.
Ou alors Fredgard’ s’est réveillé et il a cru que son bâillement était un cri d’attaque.
Ou alors Bossuet a enlevé ses bottes.
En tout cas il s’est passé un truc pas aristotémachin.

Mais j’vais creuser.
Si ça s’trouve la réponse est avec le placenta.
Mais où ?



« Aujourd'hui, en chemin, vous avez croisé Goorge. »
« Goorge est MORT»
« Argent : 44,44 écus »
C’pas moi qui le dit !

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
[Quand naît la vengeance]


C’est aujourd’hui, précisément, que j’ai décidé d’ouvrir un nouveau chapitre de ce journal. Car il ne suffit pas de tourner la page pour oublier tout ce que j’ai vécu jusque là, car il ne suffit pas d’un nouveau paragraphe, pour recommencer quelque chose.
Parce qu’aujourd’hui, la douleur est si vive, si violente, qu’une majuscule ne suffirait pas, pour expliquer l’inqualifiable.

Aujourd’hui, je dois continuer sans Il. Pas parce qu’il n’y a plus d’amour, pas parce que l’un est allé tremper son intimité contre une autre. Pas parce que tout nous oppose. Pas par choix non plus.

Aujourd’hui, je dois continuer sans Lui, parce que trois personnes ont décidé de s’attaquer à celui que j’aime, jusqu’à le laisser pour mort. Alors bien sûr, je pourrais écouter mon cœur et rebrousser chemin pour aller à son chevet. Pour veiller à ce que les meilleurs médecins s’occupent de Lui. M’assurer que personne ne viendrait troubler sa rémission, perdre le sommeil et le sourire pour être à ses côtés. Je pourrais écouter mon cœur, oui, et oublier ce que nous avions prévu, annihiler jusqu’au dernier rêve que nous avions formulé, quand il était encore vif. Vois, je pourrais même profiter de la situation pour glisser un anneau à son doigt pour qu’il ne soit plus jamais à personne d’autre qu’à moi.
Je pourrais me perdre, aussi, à attendre qu’il redevienne celui que j’ai toujours connu. J’ai assez foi en Nous pour attendre, et attendre encore. Je pourrais rester des heures auprès de son corps inerte, à attendre qu’il ouvre un œil puis les deux. Je pourrais, pour que mes yeux croisent les siens à nouveau, je vous jure, je vous jure que je pourrais faire demi tour.

Mais j’ai choisi de continuer. Peut être que ça fait de moi une femme indigne, mais j’ai ma conscience pour moi, et sa dernière lettre, pour m’assurer que j’ai fait le bon choix. Je crois ses mots, quand il dit qu’une fois remis sur pied, il reviendra.

Et c’est ça, aujourd’hui, qui me porte et me pousse à continuer.
Ce rêve, c’est de Nous qu’il est né. A défaut d’avoir un jour un petit bout de nous, c’est à ce projet, que nous avons donné naissance. Il s’est nourri de notre force et de notre détermination. D’une ambition sans faille, aucune. Au diable ceux qui pensaient l’inverse, c’est contre eux que je me bats.

Je n’oublie pas que quelque part en Languedoc, une moitié de moi se bat pour sortir plus fort de cette rixe.

Tu sais, à deux on est plus fort. A deux on abat des montagnes, parce que si l’un flanche, l’autre est là. En vous en prenant à Lui, vous ne m’avez pas détruite, vous m’avez rendue plus forte.
Vous pensiez m’arracher mon ambition, et mon sourire. Vous pensiez m’abattre, mais c’est l’inverse qu’il se passe. J’étais lasse, fatiguée de devoir me battre contre tout et tout le monde, j’ai même pensé me terrer dans un coin, en attendant que le vent tourne mais…

Vous m’avez apporté assez de haine pour faire le tour de ce fichu royaume. Vous m’avez donné les armes nécessaires pour détruire tout ce qui se mettra en travers de mon chemin, et il en restera encore assez pour faire chier ceux qui n’avaient rien demandé.
Vous m’avez enterré, en vous attaquant à Lui.

Et celle qui renait de ses cendres et bien pire que ce que vous pouvez imaginer.
Et ceux qui m’accompagnent sont faits du même bois.
Tremblez maintenant.
Le sans nom en a un : Déas.

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*Phrase de Pomme, Merci pour la bannière, vraiment.
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