Andrea_
Vous avez déjà remarqué à quel point la vie était faite de clins dil du passé ? Que le destin sévertuait à vous faire vivre les choses de façon cyclique ? Un peu comme lorsquenfin on beugle que la vie est injuste et que cest de la maltraitance dêtre privé de dessert et de pourtant, refaire exactement la même chose avec nos gosses.
Javais rencontré Beren alors que je nattendais plus rien de la vie, il avait le regard insolent de ceux à qui tout sourit, et les paroles de ceux qui pourtant ont déjà tant subit. Et puis il mavait apprivoisé, jusquà ce quaprès avoir mis notre fils au monde, jai de nouveau cette folle envie de reprendre ma liberté.
Nous nous étions retrouvés alors quil nattendait plus rien de la vie. Javais le sourire insolent de ceux qui lavait observé et les paroles de ceux qui ne veulent plus subir. Depuis, depuis je lapprivoise, en priant pour quaprès avoir mis lenfant dun autre au monde, il nait pas envie de reprendre son envol.
Je vivais avec cette crainte, cette peur qui me vrillait le ventre quà chaque mot de travers, quà chaque pensée déplacée, il ne mette les voiles. Jétais devenu de ces personnes que jexècre, ce genre de personne qui dit amen par peur de perdre lautre. Jessaye tant bien que mal de donner le change, de sourire quand il évoquait ses conquêtes, de plaisanter aux souvenirs de ses maitresses, toutes plus sulfureuses les unes que les autres. Et si visuellement, je ressemblais à la parfaite femme au foyer complètement éprise de son mari, javais à lintérieur, la rage aux tempes et la colère au bide. Javais la folle envie de le secouer, de le secouer jusquà ce quil dégueule toutes ses maitresses pour quelles sortent de sa tête, de le secouer jusquà ce quil nen reste quune, et que cette une soit moi. Moi en mieux. La Moi telle quil mavait connu la première fois moins la Moi qui fût capable de le quitter.
Si Beren, depuis toutes ces années, avait trouvé la capacité à parler librement de celles qui avaient partagé son lit, il avait oublié que les gens à qui il sadressait pouvaient avoir un cur. Je fus soulagée, je crois, de voir quil ne prenait pas un malin plaisir à me torturer, mais quil étendait son super pouvoir de chieur manque de tac à toutes les personnes que nous croisions. Il était devenu ce quon appelle communément un « sans filtre », quon a très envie de baffer.
Mais Moi, Moi, cétait le dernier de ses filtres que je voulais voir tomber. Ce filtre quil sévertuait à garder bien en place, comme une double armure en adamentium qui faisait le tour de son cur et lempêchait de formuler ce quil ressentait. Parfois larmure semble se fissurer, quand lémeraude se fait plus profond, moins voilé, et quil me dit quil maime. Il ne le murmure pas, il le dit. Il le formule à voix haute, mais je ne saurais pourquoi il sonne faux. Peut être que je suis compliquée, que je nai aucun raison de réfuter ce « je taime » haut et fort et de préférer à la place un « je taime » murmuré du bout des lèvres au creux de mon oreille.
Plus tard on dira quil agit comme un robot. Quil reproduit ce quil sait de lAmour, et même si je sais quil maime, profondément, pour de vrai, il ne me semble pas agir de façon naturelle.
Oui, parfois il se fissure, et je me renferme, quand sa main vient se poser sur mon ventre comme pour me dire « que tout ira bien avec cet enfant », et que je suis incapable de lui assurer que « oui, bien sûr tout ira bien ». Mais chaque faille quil laisse apparaitre se referme rapidement, et ses lèvres, machinalement me disent combien je suis belle, combien il maime.
Certains dirons que je sur-interprète, peut être que je me trompe, simplement. Mais je le connais, je le connais bien plus que toutes les autres réunies, et je sais que sous cette manière de se foutre de tout, il y a un Beren qui bout. Il y a la colère et la tristesse, il y a un bout de lui qui meurt. Qui meurt un peu plus, chaque jour. Qui meurt de se cacher.
Il avait suffit quil ne propose une escapade loin de la ville pour que ça mexplose en pleine face, comme au réveil après un cauchemar. Moi, bouffée par mes craintes, explosais soudain face à lui Et si les mots furent violents, le verbe haut et les décibels décalqués, il nen était pourtant ressorti que lévidence. Ce que je craignais, moi, ce que je formulais à voix haute, nétait que le reflet de ses propres craintes. Et sil avait perdu la parole, il navait pas perdu ses sentiments.
Et ce que je prenais pour des doutes nétaient en fait que la peur de se rétamer à nouveau.
Javais finalement compris, que ce nétait pas la vie qui était une chienne et que chacun de nos actes nétait que la résultante de nos choix. Javais voulu cette seconde chance, tout comme Lui. Pourquoi alors continuer de ressasser un passé qui nous avait séparés ?
Nous en étions là dans nos réflexions ce soir là. Au milieu de nulle part avec simplement sa pine et mon couteau. Le printemps semblait enfin poser ses valises, et même si les nuits étaient encore fraîches, il suffisait quun rire éclate pour être réchauffés.
Et sil sétait coupé en posant les collets, il fût hors de question quil aille se battre contre un lapin pris au piège, il servirait les verres, et je ramènerai le repas. Rien ne troublerait cette escapade synonyme de renaissance, ce passé quau présent nous parlions du futur.
Rien ne troublerait cette escapade, et sûrement pas cette première crampe qui ralentit mon retour.
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Javais rencontré Beren alors que je nattendais plus rien de la vie, il avait le regard insolent de ceux à qui tout sourit, et les paroles de ceux qui pourtant ont déjà tant subit. Et puis il mavait apprivoisé, jusquà ce quaprès avoir mis notre fils au monde, jai de nouveau cette folle envie de reprendre ma liberté.
Nous nous étions retrouvés alors quil nattendait plus rien de la vie. Javais le sourire insolent de ceux qui lavait observé et les paroles de ceux qui ne veulent plus subir. Depuis, depuis je lapprivoise, en priant pour quaprès avoir mis lenfant dun autre au monde, il nait pas envie de reprendre son envol.
Je vivais avec cette crainte, cette peur qui me vrillait le ventre quà chaque mot de travers, quà chaque pensée déplacée, il ne mette les voiles. Jétais devenu de ces personnes que jexècre, ce genre de personne qui dit amen par peur de perdre lautre. Jessaye tant bien que mal de donner le change, de sourire quand il évoquait ses conquêtes, de plaisanter aux souvenirs de ses maitresses, toutes plus sulfureuses les unes que les autres. Et si visuellement, je ressemblais à la parfaite femme au foyer complètement éprise de son mari, javais à lintérieur, la rage aux tempes et la colère au bide. Javais la folle envie de le secouer, de le secouer jusquà ce quil dégueule toutes ses maitresses pour quelles sortent de sa tête, de le secouer jusquà ce quil nen reste quune, et que cette une soit moi. Moi en mieux. La Moi telle quil mavait connu la première fois moins la Moi qui fût capable de le quitter.
Si Beren, depuis toutes ces années, avait trouvé la capacité à parler librement de celles qui avaient partagé son lit, il avait oublié que les gens à qui il sadressait pouvaient avoir un cur. Je fus soulagée, je crois, de voir quil ne prenait pas un malin plaisir à me torturer, mais quil étendait son super pouvoir de chieur manque de tac à toutes les personnes que nous croisions. Il était devenu ce quon appelle communément un « sans filtre », quon a très envie de baffer.
Mais Moi, Moi, cétait le dernier de ses filtres que je voulais voir tomber. Ce filtre quil sévertuait à garder bien en place, comme une double armure en adamentium qui faisait le tour de son cur et lempêchait de formuler ce quil ressentait. Parfois larmure semble se fissurer, quand lémeraude se fait plus profond, moins voilé, et quil me dit quil maime. Il ne le murmure pas, il le dit. Il le formule à voix haute, mais je ne saurais pourquoi il sonne faux. Peut être que je suis compliquée, que je nai aucun raison de réfuter ce « je taime » haut et fort et de préférer à la place un « je taime » murmuré du bout des lèvres au creux de mon oreille.
Plus tard on dira quil agit comme un robot. Quil reproduit ce quil sait de lAmour, et même si je sais quil maime, profondément, pour de vrai, il ne me semble pas agir de façon naturelle.
Oui, parfois il se fissure, et je me renferme, quand sa main vient se poser sur mon ventre comme pour me dire « que tout ira bien avec cet enfant », et que je suis incapable de lui assurer que « oui, bien sûr tout ira bien ». Mais chaque faille quil laisse apparaitre se referme rapidement, et ses lèvres, machinalement me disent combien je suis belle, combien il maime.
Certains dirons que je sur-interprète, peut être que je me trompe, simplement. Mais je le connais, je le connais bien plus que toutes les autres réunies, et je sais que sous cette manière de se foutre de tout, il y a un Beren qui bout. Il y a la colère et la tristesse, il y a un bout de lui qui meurt. Qui meurt un peu plus, chaque jour. Qui meurt de se cacher.
Il avait suffit quil ne propose une escapade loin de la ville pour que ça mexplose en pleine face, comme au réveil après un cauchemar. Moi, bouffée par mes craintes, explosais soudain face à lui Et si les mots furent violents, le verbe haut et les décibels décalqués, il nen était pourtant ressorti que lévidence. Ce que je craignais, moi, ce que je formulais à voix haute, nétait que le reflet de ses propres craintes. Et sil avait perdu la parole, il navait pas perdu ses sentiments.
Et ce que je prenais pour des doutes nétaient en fait que la peur de se rétamer à nouveau.
Javais finalement compris, que ce nétait pas la vie qui était une chienne et que chacun de nos actes nétait que la résultante de nos choix. Javais voulu cette seconde chance, tout comme Lui. Pourquoi alors continuer de ressasser un passé qui nous avait séparés ?
Nous en étions là dans nos réflexions ce soir là. Au milieu de nulle part avec simplement sa pine et mon couteau. Le printemps semblait enfin poser ses valises, et même si les nuits étaient encore fraîches, il suffisait quun rire éclate pour être réchauffés.
Et sil sétait coupé en posant les collets, il fût hors de question quil aille se battre contre un lapin pris au piège, il servirait les verres, et je ramènerai le repas. Rien ne troublerait cette escapade synonyme de renaissance, ce passé quau présent nous parlions du futur.
Rien ne troublerait cette escapade, et sûrement pas cette première crampe qui ralentit mon retour.
* Citation dEmile Zola.
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