[Porte de l'Aphrodite/Jehan - Luziano ]
Le garde, mine revêche et posture imposante, planta sa grosse pogne droit devant son nez, son regard acéré vrillé dans celui du lanternier...cétait pas trop tôt ! Pas que le jeune blondin commençait à avoir une crampe aux doigts, mais presque. Et là, instinctivement, Laluz crispa sa paume plus fermement autour de la bourse, il semblait que quelques complications sinvitaient dans leur conversation. Pas facile à duper, le bougre
Même pas surpris, le sourire du jeune homme vira un peu à la grimace, nez plissé comme sil flairait déjà une embrouille à venir. Il jaugeait ce portier qui faisait office de barrière à ses belles intentions de restitution financière. Bigre, bigre, il devait en avoir vu et entendu, des histoires à dormir debout. On pouvait lire sur son visage comme sur un vélin écrit à lencre rouge, quil ne fallait pas le prendre pour une buse de trois jours !
-Lors donne-la moi, la bourse, jvais me charger dlui remettre. Il rssemble à quoi, ton gars ?
Luziano redressa un peu ses épaules, comme pour se donner une envergure qui manquait clairement à cette silhouette fine, opina doucement du chef, puis prit un air des plus ennuyés imaginable dans ce monde où tout se discutait, tout se négociait, sans savoir encore sil arriverait à convaincre son vis-à-vis. Quand faut y aller, faut y aller ! Massage de nuque pour bien faire comprendre que ce nest pas si simple, quil y a réflexion à faire, se gratouille derrière loreille, puis débute son baratinage :
Aaaah, ça ! Je voudrais bien, mon brave homme, sauf que moi, jy tiens à ma récompense ! Pas dit quil vous accorde à vous un seul écu, juste pour avoir fait le commissionnaire. Même quil risquerait de penser, que VOUS lavez subtilisée, cette bourse-là, à son arrivée devant la porte !
Petit sourire taquin, yeux bleutés pétris dinnocence, après tout, il ne mentait pas, il supputait plein pot ! Et de reprendre, comme si le veilleur lui devait à présent une fière chandelle.
Non, non, laissez-moi régler ça, il me reconnaitra immédiatement, et sera fort heureux de la restitution. Je parie quil me donnera au moins..au moins..trois écus bien luisants pour me remercier ! Puis des grands bruns bien habillés, vous avez dû en voir arriver des dizaines.
Le mien, je le retrouverai vite fait, en moins de temps quil nen faut pour le dire..Zoum, zoum, et je suis déjà de retour vers vous !
A bout d'argumentation, le beau parleur pu apercevoir une jolie femme aux cheveux ébène sapprocher comme une petite souris discrète désireuse de se faufiler à lintérieur, joli brin de femme qui retint lattention du blondin.
Regard appréciateur, alors quil retenait un sifflement admiratif. Té ! Si tout ce qui portait élégantes robes derrière ces murs encore interdits, était à la hauteur de cette vision-là, cela donnait encore plus de détermination au bonimenteur pour sy inviter coûte que coûte.
Rapidement, il capta à nouveau lattention du garde, regrettant de ne pas avoir eu laudace de la brunette. Menfin, gros avantage pour la donzelle, elle était femme et lautre bourru, semblait mieux disposé envers la gente féminine
Ah..ben voilà, quand je vous dis quon perd du temps à discuter
vous navez même pas demandé son ptit nom à cette belle caille-là !
Haussement dépaules, léger sourire désabusé du baratineur, le garde avait une place en or, pour sûr quil comprenait sa méfiance, et sans doute voulait-il conserver son poste au vu des jolies fréquentations locales. Soupir, dépit, la bourse sagita encore une fois puis disparu sous la cape, dans la poche latérale dun gilet noir à la coupe élégante, mais sans ostentation.
Petit lanternier, tes mal barré, va falloir sortir le plan B, c'était quoi déjà ?