Comtesse_de_remscheid
Paris, L'Aphrodite, 1er Septembre 1467,
Paris, la Cour de la Jussienne et ses ruelles pavées, déjà parcourues par le passé, tout comme elle s'était déjà rendue aux portes de l'Aphrodite pour y trouver des réponses. Sans réel succès jusqu'à présent. Les chaos des chemins restaient les mêmes, qu'ils soient réels ou imagés, et celui-ci ne dérogeait pas à la règle.
Le séjour parisien se révélait irritant, les attentes de la comtesse n'ayant pas été satisfaits par un de ses limiers. Ce n'est donc pas dans les meilleures dispositions que la rhénane allait devoir évoluer dans un lieu lui étant inconnu sans sa suivante. Certains endroits n'avaient pas à être connus de la jeunette préservée à son service, même si les vices de l'ébène ne lui étaient aucunement inconnus.
C'est donc apprêtée d'une des tenues sombres et fluides la caractérisant, les portant tant en Rhénanie qu'aux réceptions de La Nemours, que la Remscheid répondrait à l'invitation du nommé De Ligny. L'habitude de la germanique était de jouer de sobriété, elle ne dérogeait pas, une fois encore, robe d'une simplicité sophistiquée sans faille, pas de fioriture, pas de froufrous, manches de dentelles et dos dénudé étant les seules fantaisies de cette tenue d'une noirceur profonde. La coiffure n'avait rien de fastueux non plus, ordre avait été donné à sa suivante de lui crêper ses longs cheveux noirs et de les réunir en un chignon habilement coiffé pour paraître informe.
Laquais l'ayant aidé à descendre de son fiacre, l'avait mené jusqu'à l'entrée, l'introduisant auprès du portier qui fût remercié d'un Danke (Merci) sans autre forme de mondanités, point d'arme pour elle, si ce n'était, peut-être de cette bague, griffe de métal finement ciselée et travaillée ornant son index. L'étole délaissée aux vestiaires négligemment, l'opalescence du regard comtal balaya les ombres et les silhouettes de la pièce, autant que les potentielles entraves à sa soirée ici.
Les sens en éveil, Loreleï de son prénom, guidée par le son des présentations d'une soirée déjà avancée, louvoyait entre les présents pour percevoir au mieux l'essence du soir, ces âmes qui se perdaient à s'offrir en pâture aux prédateurs de la pièce.
Le stupre et la peur embaumaient l'endroit, camouflés habilement par le paraître de la situation. Mais si pas pour s'offrir quelques courbes expérimentées ou le premier sang virginal d'une chair pure, pourquoi donc certains se trouvaient-ils ici ?
Ombre bousculant la Remscheid d'un peu trop près, la clarté étrange du regard de l'ébène se fit glacial sur la soubrette l'ayant frôlée et s'en excusant déjà platement
- Aus meinen Augen...(Hors de ma vue)
Aucun besoin de parler la langue natale de la comtesse pour comprendre, le ton froid et l'articulation scindée de la rhénane, autant que l'intransigeance du regard valait milles traductions. La servante ne se le faisant d'ailleurs pas dire deux fois, filant rapidement, pour reprendre son service.
Incident clos, l'ébène pris le parti de reculer de quelques pas, pour retrouver un meuble, un mur, et au final le buffet, s'emparant à tatons d'un morceau de grappe de raisin. L'ambiance feutrée du lieu ne l'aidant aucunement à distinguer si visage connu siégeait ici, salutations d'usage furent rendues à qui lui en offraient. Billes de fruits sucrés finissant avec délicatesse entre ses lèvres pour en éprouver la saveur.
Paris, L'Aphrodite, Grand Salon,
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