Alphonse_tabouret
Sept septembre
Grappe de nuages ronds sillonnent un pavé bleu et aucun, pas une seule fois, ne voile lastre éclot. Le vent pourtant danse aux cimes et sentête à faire chanter les parures de verdure grignotées ; lon a beau encore trouver lenvie de quelques plongeons à leau fraiche des rivières, les premières feuilles déjà tombent au sol : Septembre se moque de linstant ; il discerne son heure à venir et patiente aux nuits fraichies subitement.
La ville est animée, entremêlant aux rues les visages austères des solitudes à ceux, plus chanceux, qui ont aux yeux laccent acidulé des retrouvailles ; contrastes sembrassent des préoccupations jusquaux belles étoffes qui côtoient le grain malmené des vêtements de marins et éclairent dun reflet les voisinages inattendus qui fascinent le garçon.
Les ports plaisent à Alphonse, spectacle denvergure qui ont toujours quelques détails à offrir à la vue et le vertige des émotions à lattention : A dautre temps, Tabouret aimerait les gares, à son siècle, il aime déjà les quais.
Pichet interrompt la rêverie, et suspend limmobilité statuaire à laquelle il sest réfugié; noirs remontent au museau de la serveuse, probablement la fille du tenancier au vu du jeune âge et du naturel qui rehausse dun sourire, deux joues bien rondes. Lolivada et le pain quelle pose dune formule - Et voilà pour vous !- sont une mise en scène têtue à laquelle ils font tous deux bonne figure ; garçon, à chaque fois quil sassied , ne touche à rien dautre quà son verre.
Table en terrasse a été choisie avec soin dès leur arrivée. A lombre dun figuier stérile dont les grandes feuilles projettent au sol inondé de soleil un enchevêtrement dombres agitées, la table surplombe dune petite place les bateaux alignés. Serrés, ils varient les tailles, la couleur du pavillon et respirent à la houle dun même rythme à défaut dun même chur.
LOreille écoute dattention, Alphonse le sait. Tout dans la petite nave est déjà tendu vers lailleurs, aux rayures dun horizon dont les immenses perspectives ne cessent dalterner le sens, vertige des attentes que lon guette, avec fébrilité. Au chant du ressac, elle oscille dune langueur, impatiente, le ventre vide, les bras tendus et entraine imperceptiblement le corps à un mouvement vers lavant.
Lon part, bientôt et lon part pour effacer dun trait ce quil reste dAvant.
Avant.
Tabouret sourit, souvenirs mâles en ricochet dun simple mot au fil de la pensée et laisse sans broncher un rayon de soleil sempêtrer à son cou ; cheveux ont poussé, éphémère caprice blondin qui appuie à ses traits, un certain parfum italien.
Autre chose ? , demande la demoiselle, déjà prête à partir puisqu invariablement, réponse est une négation.
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