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[RP] D'un démon en terre "Saintes"

Trystan.
Saintes... Démon...
Quoi de mieux pour lui que de s'être installé ici.
Quel pied de nez merveilleux!
Pour sa plus grande déception, il n'y a bien que lui qui peut goûter la cocasserie de la chose.
Le fait de ne pouvoir le crier sur les toits est toutefois compensé par le sourire constant qu'il affiche.
Moqueur.

Tonton Trystan veille sur sa "nièce".
Où donc est-elle d'ailleurs?
Il se promène au travers les pièces de l'appartement, sans la trouver.
Sans doutes en train de confesser les habitants.
La haute silhouette finit par se découper devant une fenêtre tandis qu'il lance un œil torve au clocher de l'église.
Il est persuadée qu'elle fait cela juste pour les faire bisquer.

Agacé, Trystan abandonne son poste d'observation.
Il a envie de déguster de ces confiseries que l'on trouve sur les étals du marché.
Voilà bien une idée fabuleuse qu'ils ont eu là!
Donner à des douceurs leurs noms.
Ouh qu'il s'en réjouit.

Devant le choix qui s'offre à lui, il ne sait trop que décider.
Déguster ces divines poires confites, parfaitement parfaites?
Toutes à son image.
A moins qu'il ne morde avec délectation dans les nougats de Bélzebuth, imaginant par là croquer le Frère Avare.
C'est qu'il se rappelle d'une fourchette traversant allégrement le plat de la main d'Avarice, et il recommencerait bien avec plaisir.
Étrangement, les prunes de Léviathan ne lui font guère envie...
Pour peu qu'elles soient aussi sèches et crâpies que les vraies...
Il a bien du mal à réprimer une grimace et secoue la tête pour en éloigner l'idée.


Yeurk.

Lucifer? Asmodée? Satan?
...
Il opte finalement pour se déguster lui même.
Le plat de poires est saisi, et il vient s'asseoir sur un siège, avant de s'y balancer doucement.
La vie est paisible.

Hmmmmmmmmmmmm.

Quel délice.
La jouissance est presque palpable tant il se régale.


Le Sans Nom bénisse le créateur de cette petite chose.

Peut-être demandera-t-il à le trouver plus tard tiens. En voilà une bonne idée.
Il se laisse aller à la renverse sur le dossier de la chaise.
Il est seul.
Il peut bien se laisser aller un peu à la détente parfaite.

_________________
Euphrosyne.
Et d'une Sainte en apprentissage...


A-A-AAAAATchOUMMMM !!!!


Il fait nuit noire déjà lorsque retentit l'éternuement dans le silence des rues. Comme tous les soirs Effie sort du confessionnal après sa journée à écouter les paroissiens soulager leurs âmes. Il n'y a pas eu grand monde ce jour et aucun cours ne l'attend à l'université.
Une main gantée vient frotter le bout du nez juvénile alors qu'elle s'éloigne de l'église pour regagner ses pénates. Le pas hâtif glisse un peu. La neige ça crisse sous les semelles mais ça peut être traître aussi. Une plaque de verglas, mesquine complice du manteau hivernal, attendait le moment propice pour faire choir une innocente victime. Et ce qui devait arriver... Arriva. La jeune curette se retrouva le cul par terre. Et Voltaire pas encore né n'y était pour rien.



AAAÏeeeuuuhhhHH...!!!


C'est traître, c'est froid et ça fait mal au fondement. Ainsi les quelques mètres qui la séparaient encore de la chaleur d'un foyer furent joyeusement gratifiés de grommellements et autres expressions d'un mécontentement justifié. Pourtant les marches gravies pour rejoindre l'appartement suffisent à faire taire les grognements et les remplacer sur ses lèvres par un sourire enjoué. La poignée est tournée et au premier regard lancé à l'intérieur elle aperçoit son Oncle. Apollon fait homme, en pose nonchalante confinant au génie.


Tonton... La rue t'a vengé !lui lance-t-elle, débarrassant son manteau de fourrure des derniers vestiges neigeux encore accrochés, juste avant de s'en défaire dans un éclat de rire cristallin. Par terre. Le manteau dans sa flaque. Peu importe elle est à ses pensées, à ce souvenir récent d'une embuscade tendue et de son Oncle qui avait failli ressembler à un bonhomme de neige. C'est tout à son élan de gaieté qu'elle se jette ensuite sur lui pour l'embrasser.

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Du bruit.
L'oreille aux aguets, il veille et esquisse un sourire en reconnaissant les petits pas de sa nièce.
Mais la poire...
Il reste concentrée sur cette dernière, et n'arrange pas sa position.
La petite voix s'élève.
Enfin le visage se tourne pour observer la brunette enneigée.
Il est vrai qu'à la dernière sortie, il s'est trouvé en mauvaise posture.
Blasé, il s'est laissé bombarder et le blanc immaculé a remplacé la sombre bure.
...
Pour sa plus grande horreur!

Mais c'est Effie.
Pour Effie on ne dit rien.
La Princesse a cet avantage sur le reste du monde.
Elle est dans les bonnes grâces de ses Oncles.


Tu vois? Je n'ai même pas eu à me baisser pour ramasser de cette neige, il a suffit que j'attende et ça s'est réalisé!

Les yeux du barbu s'ouvrent alors en grand.
Le manteau...
Au sol...
Mouillé...
Horreur.
Point le temps de s'apesantir.
La petite brune se jette sur lui.
S'il tolère, il n'est guère préparé aux petites mains gelées qui se posent sur la chemise impeccable...
Ni au minois de poupée tout aussi froid qui se dépose sur sa joue.
Tout son corps se tend.
RHAAAA QUE C'EST FR...
Mais ça... C'est intérieurement...

D'aspect extérieur, Trystan se redresse juste et se saisit des mains d'Effie qu'il éloigne de lui, sans pour autant la repousser elle.


Petite Diablesse, tu n'as pas honte de chercher à transformer ton Oncle en glace??

Oh ce n'est point dit vilainement.
Au contraire.
Puis la demoiselle ressemble de plus en plus à la Blanche venue les trouver un jour en la Cour.
Cela n'aide pas à s'agacer, pour si peu du moins.

Les grandes mains enserrent les plus petites pour les réchauffer, enfin.
Un regard en biais pour la boniche de la demeure, et du menton, entrée est désignée.
Ce manteau doit disparaitre et tout doit redevenir impeccable.
Mais son attention est vite reporté à sa chère Nièce et il prend une mine faussement affectée...
... Ou pas...
Faussement faussement affectée.


Ne me dis pas que tu étais cloitrée dans ton église encore?

D'un doigt la tablée est désignée.
Les gourmandises déposées sont appétissantes.


Tiens.
Va donc mordre ton Oncle Avare pour moi.

_________________
Euphrosyne.
Mais...

La mine déconfite, elle baisse le nez et regarde ses mains incriminées avant de les planquer dans son dos.

Désolée Tonton...

Puis la petite demoiselle relève le nez, le regard énamouré de jeune fille en devenir remonte l'arête du nez de l'Oncle avant d'oser affronter son éventuel courroux. Mais le sourire n'est jamais loin à ses lèvres, petite moue moqueuse qu'elle tiendrait de son père selon l'avis d'un autre Oncle, celui qui refuse de lui parler de ses parents.

C'est mon travail. Et tu sais que je suis sé-ri-eu-se... même si...

Le reste de la phrase s'éteint.
Même s'il est vrai qu'au départ elle l'avait fait sciemment sachant l'embarras qu'ils éprouveraient. Le sourire s'élargit de plus belle lorsqu'il prend ses petites mains pour les réchauffer. Ses joues s'empourprent de plaisir et toute à ce plaisir elle ne prête aucune attention à la présence de la servante qui s'affaire à nettoyer son chantier. Inconscience de l'âge. Innocence de l'âge.
C'est presque à contrecœur qu'elle s'arrache à sa contemplation pour suivre le doigt. Les yeux s'écarquillent, la préadolescente s'efface et la revoilà une enfant. Qui résisterait à pareille tentation. Elle bondit, non sans apposer un baiser sur la joue délicatement parfumée de son Oncle et file vers la table, se saisit d'un nougat pour l'engloutir.
Mastication et bonne éducation obligent.
Elle s'essaye donc au langage des signes, chose qui s'avère peu convaincante. Un doigt levé pour retenir l'attention, une main farfouillant dans ses papiers -où l'art de remettre un peu de désordre dans des piles rangées au millimètre- en quête de l'avis... qu'elle finit par trouver et lever bien haut... Trop loin bien sûr pour qu'il saisisse de quoi il retourne, avant de se résoudre à avaler sa friandise, s'étranglant un peu au passage dans son empressement à vouloir parler.


Je devrais peut-être lui envoyer ça... Il en verdirait.

Innocente malice qui la fait sourire de toutes ses dents, fière de sa douce plaisanterie. Puis dans un élan faussement mélodramatique, de poursuivre, imitant la gestuelle avunculaire de l'absent, comme lorsqu'un fournisseur vient lui présenter une facture.

Devrais je payer de mon sang, nippé d'oripeaux pour payer cet inique impôt ?... han...

Et de partir dans un formidable éclat de rire, revenant se glisser sur ses genoux et calant sa tête dans le creux de son épaule.

Tu as vu ce que j'ai gagné à la saint Noël ?

Un index joue, enroulant le cordon qui pend à son cou et retient cette médaille.. très aristotélicienne.
Trystan.
Il suit du regard la poupée descendue de ses genoux.
Les gourmandises sont attrayantes, plus encore pour les enfants.
Il sourit à la voire ainsi se régaler...
Se crispe à voir les manières d'Effie.

Une main cache sa bouche, qui pourrait s'ouvrir sur un "O" de dépit.
A moins que ce ne soit pour retenir sa mâchoire de tomber.
Par le Sans nom il va falloir revoir son éducation et en faire une petite fille modèle.

La tête se meut, suivant la gestuelle des petites mains qui s'agitent.
Le sourcil se hausse...
La curiosité l'envahit.
Dépit à nouveau lorsque les piles parfaites se voient malmenées...
Il se cache presque les yeux pour ne pas voir, lui le maniaque.
Bon sang qu'est-ce donc que ce feuillet qu'elle promène ainsi à son nez sans qu'il ne puisse voir ce que c'est?
Point le temps de demander qu'elle se lance dans une parfaite imitation de l'Avare.
Cela a le mérite de faire rire Trystan qui applaudit gentiment pour la féliciter lorsqu'elle en finit.


Bigre, je suis curieux de voir quelle imitation tu fais de tes autres Oncles. Et il me tarde voir la tête de notre Comptable, le jour où il te verra faire cela.

Elle revient sur lui.
Son regard se perd sur les vêtements de qualités, veillant à ce qu'elle ne les tâche pas en s'installant.
Le brun enroule un bras autour de la gamine, tandis que de l'autre, il en vient à soutenir sa tête.
Sur son visage, une moue s'affiche en voyant le dit gain.
Petite Poupée commence à trouver sa voie, et sans doutes va-t-il falloir la remettre dans le droit chemin.


Oh... C'est... Brillant...

Rien qu'à la vue, il en a les poils qui se hérissent.

Merveilleux jouet.

Et là, doit-il se montrer en bon Tonton bienveillant?
Doit-il dire ce qu'il en pense?
Supprimer cela de la vie de la gamine? Céans?
Trystan se redresse, laisse tomber les doigts qui jouaient dans les boucles noires d'Effie.


Nous irons à Paris. Tu verras que tes Oncles ont nombre jouets bien plus intéressants que cette petite chose. Tu l'oublieras vite.

Il n'a point oublié le papier.
Du regard il cherche.


Dis moi, que voulais-tu envoyer à ton cher Oncle si près de ses sous déjà?

_________________
Euphrosyne.
Et l'innocente cumulant ingénuité et générosité glisse sa petite main dans une des poches dissimulées dans les replis de ses jupes pour en tirer une médaille identique et la tendre à son Oncle.

Je savais que ça te plairait... J'en ai pris une pour toi... La même !

Puis la gestuelle se fait plus délicate, avec ce qu'il faut de distinction. Sur les genoux princiers, elle se fait roide, le port altier, esquissant une moue de dédain à l'idée parisienne.

Rentrer ?...

Si elle s'est sauvée à la base, c'était pour respirer et ne plus avoir de nourrice ou autres gardes-chiourme en permanence sur le dos.

Mais Tonton... Je...

Elle laisse échapper un petit soupir, comme résignée, puis s'écarte, sincèrement attristée. Saintes, c'est un peu comme des vacances pour elle. Et dans un murmure de poursuivre :

On est bien là.. tous les deux...

L'Enfant blessée achève de se détacher de ce qui était encore un instant avant un tendre écrin. Le pas résolu, le dos bien droit, allure de gentille fille bien élevée, elle va remettre les papiers bien en ordre, laissant celui dont il était question sur le haut de la pile.

Ce n'est rien... Juste l'avis d'imposition de la quinzaine... Y'a bien que l'année qui change...

Elle taira l'injustice qu'elle éprouve et le reste de sa pensée, après tout, ce n'était qu'une plaisanterie pour amuser son Oncle... L'impôt est comme toujours déjà payé. Sans attendre, elle s'installe au bureau, livre ouvert sur les leçons du soir. Sage écolière.

Nous partirons quand mon mandat sera fini... Si c'est ce que tu as décidé.

La petite bouche esquisse un sourire poli qui s'efface sitôt qu'elle détourne le visage pour se plonger dans les stratégies guerrières. Concentrée.
A moins que ses pensées ne se perdent plus loin. Ailleurs.

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Il manque s'étrangler en voyant le double de l'amulette qu'elle porte si fièrement.
Elle lui offre.
Gentille fille...
Par le Sans Nom, il va se brûler s'il la touche?
Il lui faut trouver de quoi esquiver, presto.
Mais devant la mine réjouie de la gamine, il finit par accepter le présent, non sans sourire.
Elle va le rendre chèvre.
Il ne la porte pas toutefois, il entremêle ses doigts au cordon afin de la lever à hauteur d'yeux pour détailler la croix aristotélicienne qui pend ainsi.
A l'intérieur, il hurle.
Il chauffe.
Il boue.
Il frissonne.
Mais lorsqu'il finit par parler à Effie, c'est tout autre chose.


Eh bien ainsi, personne ne pourra dire que nous ne sommes pas de la même famille puisqu'on a la même. Je penserai à toi chaque fois que je la regarderai.

Ce qui n'est pas un mensonge en soi.

Merci.

Le revirement qui suit lui fait hausser un sourcil.
Mais le ravit également tant elle sait y faire.
Il en aurait pour ainsi dire un soupçon de fierté en la voyant faire ainsi ses manières.
Impeccablement dans la lignée!
Elle finit par quitter son giron.
Il ne se meut.
Préférant entendre, observer.
La curiosité l'habite.
Et il ne répond pas, attendant encore alors qu'elle se décide à étudier.

Bon sang les femmes...
Même miniatures...
La peste soit de Belzébuth et de ses idées fourbes.
Les siennes sont tellement meilleures...


Petite fille, j'ai dis que nous irons.
Je n'ai pas dis quand.

La tête appuyée sur deux doigts alors qu'il se trouve accoudé à son siège, Trystan esquisse un sourire narquois.

Et je me disais que nous ne pouvions pas quitter la région tant que tu ne m'auras pas fait part de tes découvertes, et de tes connaissances ici même. Je veux connaitre les gens qui te parlent.

Il soupire alors.
Feint le dépit et le désarroi.


Mais si tu as décidé que nous devions rentrer en la Capitale alors...
Nous ne pourrons aller découvrir le monde d'ici!


Il se redresse, posant alors une question sérieuse, contre toute attente.

Sont-ils seulement mieux dégrossis que les larves pullulant à la Cour?
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Euphrosyne.
Hum ?

Tonton j't'embrouille en action. Il prend la pose en mode beau gosse évasif. Et la nièce à l'âge ingrat d'en être toute chamboulée. Pas moyen de se concentrer sur ces fichues dernières pages. Un petit soupir affecté lui échappe avant qu'elle ne réponde, évasive à son tour.

De quoi pourrais-je bien te parler ? Mes conversations se limitent aux pures formules de politesse avec les commerçants... Quant au confessionnal... Je me contente d'écouter la plupart du temps sans voir qui parle.

Le minimum d'information, pour ne pas dire qu'une fois sur deux elle ne comprend même pas de quoi il est question ni même pourquoi les gens pensent être dans le péché juste pour avoir profité d'une bonne affaire ou un peu trop profité de leur dernier repas en famille.
Elle avouera encore moins qu'il lui arrive de s'endormir quand la journée tire en longueur ou encore qu'elle se caille à devoir rester assise sans bouger et que le budget est trop serré pour pouvoir chauffer correctement la vieille bâtisse où elle officie.



Mais ça va... Je ne m'attendais pas vraiment à autre chose...


Elle sourit à son Oncle, un huis clos façon "actor studio" où l'élève s'imprègne du maître. Malice sans malice. La simple envie de se montrer à la hauteur de ce qu'on attend d'elle, sans en avoir la pleine mesure et en conservant quelque réserve. Sa stricte éducation sous l'égide d'un Oncle rigide ainsi que l'étude assidue de tout ce qui lui tombe sous la main lui ont façonné un esprit complexe en dépit de son âge. Ne pas se perdre. Et chaque fois qu'elle sent qu'elle pourrait flancher, il lui suffit de toucher à cette clef précieuse qu'elle conserve bien au chaud dans son corsage. Héritage précieux transmis par une nourrice plus pertinente et dévouée que ses Oncles ne le sauront jamais.


Ils sont bâtis comme des paysans... Robustes... Pas des mollassons parisiens...

Et ça Tonton, lard ou cochon ? A nouveau cette petite moue moqueuse, fugace. Puis son regard traine dans la pièce, langoureux... Avant de s'arrêter sur le plateau de gourmandise. Un sourcil en hausse. Elle insiste, semble songeuse...


Mais dis moi, n'y en avait-il pas beaucoup plus ce matin ? Tu ne te laisserais pas un peu aller ?...

Et tout en parlant, elle revient à lui, glisse même ses doigts fins sur son bras... La gravité sereine du confesseur accrochée au visage. Elle joint même un regard doux au geste.


Voudrais tu soulager ton âme du fardeau de la Gourmandise ?

Mais l'amusement n'est jamais loin. Elle se mord la lèvre pour ne pas rire avant de le sermonner de plus belle.

Et ne vas pas accuser ces pauvres domestiques...

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Oh petite fille si innocente...
Le regard acéré est posé sur la petite agnelle.
Les doigts de ses deux mains se sont rejoints.
Il écoute.
Tant de possibilités mais si peu d'occasions ferrées...
Quel dommage...
Peut-être est-il dorénavant temps de la former à autre chose?
Modeler une si jolie poupée à son image?
Ô comme son autre Oncle ragerait...
Trystan en sourit à l'idée.
Un sourire torve.

Il ne se rend pas compte tout de suite qu'elle cherche à piquer.
Lorsqu'il réalise, le brun voit son sourcil se hausser.
Insinue-t-elle qu'il est un de ces mollassons dont elle parle?
Elle n'en finit pas.
Petit à petit, les yeux s'ouvrent grands.
D'autres, à ce jeu, seraient déjà pendus par les tripes sur les abords d'une maison de Roy en autres lieux.

Il doit réprimer ses élans.
L'effort est conséquent.
Rire est la solution, alors il s'y adonne.
Acteur de talent, à n'en point douter.
La rage passera pour surprise et choc.

D'une main posée sur son estomac, il tâte doucement.


Le corps est ferme, la marge est conséquente.
Oh petite prêtresse, pardonnez mes pêchés.


Le terme inapproprié à dessein l'amène à sourire.
Moqueur.
Le ton est exagérément suppliant.
Finalement, il attrape la jeune fille d'une main, et la ramène dans son giron.

Si petite.
Si frêle.
Si fragile.

La ressemblance avec la Blanche est de plus en plus frappante.
Cela doit rendre fou l'Absent.
Et Trystan s'en régale.


Ô petite fille.

Ses doigts caressant se perdent dans la chevelure obsidienne.

Ma jolie Nièce...

As-tu seulement idée du pouvoir que tu détiens en pouvant confesser tous ces gens?
Toutes les informations dont tu pourrais te servir...


S'il ne l'empêche pas d'effectuer son office, c'est parce qu'elle s'y plait.
Mais il lui faut bien que cela puisse avoir son utilité.


Si tu ne les vois pas, écoute.
Ecoute, entend.
Partout.
Tu les reconnaîtras dans les rues. Aiguise tes sens.
Plus tard, le gibier pourra être plus imposant encore que tes robustes paysans.
Plus riche.
Plus important.


Tonton y veillera.
N'est-ce pas un diabolique sourire qui se dessine là?

_________________
Euphrosyne.
Prêtresse...

Le mot la fait sourire.
L'idée la fait sourire.
Et la caresse dans ses cheveux fait naître un trouble encore mal défini par la préadolescente. Quant au compliment... Il embrase littéralement ses joues d'ordinaire si pâles.



Evidemment que tu es pardonné.

Sur son minois un éventail d'émotions se succède et c'est le regard troublé qu'elle poursuit., sa main allant caresser la joue de cet Oncle si particulier et si cher à son coeur.


Mais tonton... Je ne sais même pas de quoi ils parlent...

La voix est penaude.
Trop pure.
Trop innocente.
Elle ne comprend ou peut-être refuse de comprendre ce qu'il sous entend.



Ce serait malhonnête, c'est secret ce qu'ils disent....

Elle baisse le nez, toujours contrite, puisant dans ses ressources pour raffermir ses pensées.

Et dans pas longtemps ce sera derrière moi, je pourrais me consacrer à mes livres et...

Elle marque un temps d'hésitation, redoutant une réaction négative à ce qu'elle s'apprêtait à dire avant de reprendre un ton plus bas.

... commencer l'entrainement.

Le visage toujours en berne, Effie prend une longue inspiration et se perd un peu dans ses pensées, son avenir encore flou, sa voie qu'elle peine à trouver... et tout la ramène inéluctablement vers Paris. Trop de questions restées sans réponse. Ses Oncles toujours évasifs, éludant quand elle cherche à en savoir plus. Il n'y a que sur Berthilde qu'elle puisse compter pour obtenir des réponses. Mais même la nourrice qui l'a veillée depuis sa naissance ne distillait que de rares informations, renvoyant une réponse identique que celle de ses Oncles... Plus tard, quand elle serait plus grande... Mais il fallait qu'elle sache et pour ça il lui faudrait rentrer.

Plus sereine, la petite demoiselle relève le nez, un sourire énigmatique aux lèvres.


Tu sais que je t'aime hein...

Et rien à ce moment précis n'est plus sincère que ce jeune coeur aimant.

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Quel divin plaisir d'avoir tout à soi une petite boule d'innocence à sculpter comme on l'entend.
Enfant malléable à loisir, incroyablement douce et naïve.
Trystan affiche un sourire léger, offrant en façade, une douceur feinte.
Il a beau ne pas être paré de blanc, les masques ne le quittent jamais.
L'ivoire le libère de ces faux semblants dans lesquels il baigne constamment.
A y songer, Paris lui manque pour cela.
Voyage sera donc organisé bientôt afin d'y remonter un peu.
Il écoute toutefois, d'une oreille distraite, avant de rassurer Effie d'un geste caressant, un doigt passant sur une joue encore rosée de l'émoi qu'il a suscité.


Les gens parlent. Si ce n'est par la parole, alors par les gestes.
Ce qu'ils pensent être secret est su par tout le monde autour d'eux.
Ils te confient leurs pires actes et pensées, non pour que tu conserves ces paroles, mais uniquement dans le but de se sentir soulagés et se faire pardonner.
C'est secret...
Mais toi.
Le bout de l'index se ose sur le front de la gamine. Toi tu sais.

Elle sait, et saura.
Déjà il s'imagine de grandes choses.
Et le sourire s'élargit de nouveau.
Que de réjouissantes pensées...
Et que de contraste avec la moue penaude de la petite brune...
Contre toute attente, il ne refuse rien.


Peut-être pourras-tu confesser les Parisiens, si tu y tiens.
En plus de tes études, j'entends.
La connaissance est importante, c'est elle qui te permet de dominer les autres.


Il fait mine de vouloir se lever, se redresse et lève finalement le regard.
La curiosité l'emplit soudain.
Cache-t-elle quelque chose derrière cette si touchante déclaration?
Prépare-t-elle le terrain pour annoncer une bêtise peu commune?
Est-ce totalement désintéressé?
Le vice l'habite au point qu'il ne sait plus distinguer l'innocence de la manipulation.
Et "Tonton" s'empresse de serrer sa nièce contre lui.
Doucement une main caresse ses cheveux, tandis qu'il lui souffle à l'oreille.


Je le sais petite fille.

Peut-il en être autrement?
L'image d'une Blanche au milieu des Ombres lui revient.
Et des cornes pourraient maintenant ceindre son front tant ses pensées sont diaboliques à l'égard de ce qu'il se joue là, et de son "Frère".
Regrette donc ton absence.


Et je t'aime aussi.

Il poursuit l'étreinte un instant avant de finalement relâcher sa prise.
Il lui faut se montrer plus léger, et c'est à grand renfort de mouvements de main très maniérés qu'il s'y met.


Et donc, quelle bêtise as-tu préparé?

Doucement il se met debout, quittant le confort de son siège.
Quelques pas sont effectués pour se dégourdir les jambes, et aussitôt un nougat est saisi avant d'être dégusté de façon délicate.


J'ai des livres pour toi, lorsqu'on ira à Paris.
Ils te changeront de ce Livre pseudo Vertueux.

_________________
Euphrosyne.
Non, mais je sais rien moi... ET JE NE VEUX RIEN SAVOIR !!!...

Cri du coeur. Mais la voix est intérieure. Aucun signe extérieur de rébellion. Parfois le renoncement vaut mieux que de tenter de convaincre l'Orgueilleux. Elle se contente de profiter d'un moment précieux dans ses bras. Tout juste une ridicule crispation au "petite fille"... qui s'estompe aussitôt.
Pauvre enfant crédule qui le croit.
C'est à peine si dans ce moment de béatitude elle se rend compte qu'il se détache et se lève.

"Bêtise ?"

Le mot percute finalement et s'arrache à sa plénitude. Mais de quoi parle-t-il ?



Mais... Je n'ai rien fait...


Elle se renfrogne et s'enfonce dans le fauteuil en haussant les épaules. Ronchon. Il a gâché l'instant.
Sa bouderie rallume quelques lumières qui s'étaient tamisées sous les caresses et les mots trompeurs. Effie réalise petit à petit qu'il n'a pas vraiment compris ce qu'elle disait, obsédé qu'il est par l'Eglise et ses activités des derniers mois. Persuadé que c'est la voie à laquelle elle se destine.
Le détromper ? Ou ne pas le faire ?
Parti pris de le laisser spéculer sur du vent.
Un sourire.
Poli.


Bien mon Oncle.

A son tour elle quitte l'assise chaude mais ne va pas vers lui. Elle s'éloigne pour aller en cuisine chercher quelque chose de plus consistant que les sucreries. Ce choix là est vite fait. Elle se taille une épaisse tranche dans le pain qui sent encore le frais du matin puis l'agrémente de morceaux de viande en sauce laissés à mijoter dans la marmite au coin du feu. Elle pensera plus tard à remercier la discrète servante.

Sa planche garnie en main elle revient au bureau, s'installe et reprend sa lecture tout en picorant sa viande du bout des doigts. Elle va bien arriver à finir ce fichu bouquin.

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Diantre, lui qui s'essaye à la plaisanterie, il semblerait que l'effet soit raté.
Peut-être que son désir de savoir ce que cachait les quelques mots s'est trop vu...
Impossible.
Il joue à la perfection.
Une dragée est croquée.
La petite silhouette est suivie du regard alors qu'elle se glisse silencieusement dans la cuisine.
Trystan se tient droit, et seuls ses yeux se meuvent alors qu'un sourcil se hausse.

S'il possède suffisamment de clairvoyance pour lire en les gens, il est bien en peine de réaliser que Effie lui échappe.
Cela assombrit quelque peu son humeur...

Plus raidit que tantôt, il se sert une coupe de vin.
Peut-être cela aura le don de faire passer sa frustration.
Et lorsque la gamine revient, il se tient poster à la fenêtre donnant sur la rue.
Il entend, il écoute le moindre bruit.
Sait qu'elle tourne les pages de son livre.

La rue n'a rien d'intéressant.
A demi, il se retourne et le regard perçant se pose sur sa "nièce".
S'en méfier, il devra.
Petite chose grandissante... A l'esprit affuté...

Oh oui elle s'entrainera.
Il y veillera.

_________________
Trystan.
Un sourire en coin vient orner son visage.
Délicatement, Trystan ajuste quelque chose sur le lit d'Effie.
Le silence règne dans la demeure, et il n'y a que le doux frottement du tissu qu'il arrange qui se fait entendre.
Chemise de lin fine, brodée de bouquets de roses en ton sur ton.
Cotte de velours gris perle, et pour ceindre sa tête charmante, un délicat cerclet d'argent qui s'étire sur le front en divines torsades entrecroisées.
Au pied, il dépose une paire de poulaine de cuir travaillé, dentelé, et dont la boucle large est faite pour orner une cheville jolie.

L'envie de gâter sa nièce l'a prit.
Puis ils iront au bal proposé.
Il faut le meilleur, de manière à ce qu'on la remarque.
Et il ne sera point en reste, pour sûr.

Trystan détourne son attention de ces présents qui ne sont pas désintéressés, et retourne dans la pièce à vivre.
Profitant de l'absence de la petite brune, il observe les piles de livres, les parchemins et autres feuillets.
Des pages sont tournées, des livres sont ouverts.
La fillette est studieuse et des plus organisée.
Il cherche...
Sans savoir quoi.

Rien de probant.
Rien à se mettre sous la dent.

Tout est parfaitement rangé, aligné.
La perfection incarnée.

Et il s'en vient trouver ses propres papiers.
L'on raconte que la Cour reprend vie.
Peut-être devrait-il aller retrouver ses frères sous peu.



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Raymond_de_petrus
Si Raymond avait su... Si Raymond avait su, sans doute ne serait-il jamais venu à Saintes, pour vendre à une jolie et jeune religieuse quelques vêtements propres à se parer pour l'hiver.

Mais Raymond ne savait pas, ignorant en cet instant que les coïncidences n'en étaient pas toujours... Il fit porter un pli à la demeure de la jeune femme, lui annonçant qu'il était présent, et qu'elle pourrait venir s'enquérir de la belle soie pourpre et de la fourrure ivoire quand bon lui souhaiterait, si possible avant son départ au soir, pour retourner en Périgord.


Citation:
Le bonjour,

J'ai mis en vente à votre nom sur le marché une pèlerine et une pelisse de Noël. Si vous pouviez les acheter dans la journée, je repars ce soir pour Angoulême.

Bien à vous,
Raymond de Pétrus

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