[RP] Les tribulations d'une famille: Les Vaillant

Fanch était arrivé à Chambéry depuis quelques semaines maintenant, il avait réussi à quitter le taudis et la municipalité lui avait fait don d'une petite chaumière à côté de celle de son fils, John_du_pont.

Fils qu'il avait cherché de longs mois et qu'il avait fini par retrouver ici à Chambéry. Sa fille était venue le rejoindre depuis l'autre bout du Royaume de France, maintenant l'aventure de leur famille pouvait commencer en Savoie.

Il passait beaucoup de temps en taverne, à la mine et à se balader pour rencontrer les habitants.

Il regrettait le temps ou il était habillé comme un prince, avait un navire de guerre, une taverne et toute une panoplie d'objets tous plus rares les uns que les autres. Mais un jour il dut faire un choix, sa vie et celle de sa fille ou ses biens.

Cette mésaventure lui a remis les idées en place, à savoir l'importance des choses dans la vie. Sa fille était tout ce qui comptait à ses yeux surtout depuis le décès de sa femme, Clothilde.

Il se mit en tête de corriger ses erreurs du passés, ces dernières étaient multiples mais ils ne pouvaient pas toutes les avouer à sa fille. Il ne lui parla que de la première et surtout des mystères de sa naissance.

Il lui avoua donc qu'elle n'était pas sa fille légitime, qu'il était marié, avec Forigoler, avait eu une maîtresse, Clothilde, et qu' Elina.10 était née de cette union. il lui raconta tout, comment il était resté dans cette relation adultère, et comment il quitta la Savoie.

Elina ne le jugea à aucun moment et c'est elle qui lui demandea de retrouver sa première femme. Fanch chercha, se renseigna et appris le décès de Forigoler, mais ce qu'il apprit était plus étrange, elle avait eu un enfant juste après son départ, Fanch n'avait pas remarqué qu'elle était enceinte. Il devait donc en avoir le cœur net et notre duo parti donc en quête de vérité.

Fanch avait eu un tuyau sur un éventuel enfant en Savoie qui était devenu orphelin et Elina parti du côté de Tours pour vérifier une autre piste. C'est le papa qui avait vu juste, surement l'instinct paternel.

La suite vous la connaissez car je l'ai écrit au dessus, je vais pas répéter, donc après ce long texte d'introduction, voici la suite de leur histoire....(petit musique de suspense si si c'est possible, écoutez bien)

Fanch n'était pas dans son assiette, effectivement deux événements l'empêchaient de dormir. La lettre qu'il avait reçu, cette lettre l'avait mit sans dessus dessous. Un des fondements de son existence venait de s'écrouler car il venait d'apprendre qu'un mort n'était pas mort....

Il relu la lettre, une énième fois:



La rage lui montait encore, hier soir, en taverne, il avait réussi à annoncer la nouvelle à ses enfants, il leur avait fait promettre qu'il n'y ai plus de secret dans cette famille. Mais il n'avait pas été totalement honnête avec eux. Leur grand-père, avant d'être ce qu'il est aujourd'hui, était un homme bien.

Comment peut-on tomber dans une telle déchéance?

Comment avait-il réussi à le retrouver?

Comment est-ce possible qu'il ne soit pas mort?

Fanch l'avait laissé pour mort lors de leur dernière rencontre, il avait osé menacer sa fille.
Notre héros devait prévenir les enfants mais oserait-il?
La suite au prochain épisode

Perdu dans ses pensées, l'homme entendit à peine les coups portés à la porte. Ces derniers furent quand même suffisant pour le sortir de sa rêverie.

Pourquoi quelqu'un frapperai à sa porte, il ne connaissait pas grand monde en ville.

Il se leva de sa chaise, rangez la lettre et ouvrit la porte.

La il découvrit le visage d'une jeune femme, elle lui rappelait quelqu'un mais impossible de se souvenir qui.

Bonjour,
Comment puis-je vous aider?

Il la gratifia d'un sourire pour la mettre en confiance, il ne fallait pas la faire fuir tout ça parcequ'il n'était pas d'humeur.

La jeune femme bafouilla quelque chose qu'il ne comprit puis elle reprit ses esprits.

Marinette, jolie prénom. Elle venait de la part de la Vicomtesse, laquelle, bonne question.

Il se saisit du panier et l'invita à entrer.

Allez-y jeune fille, entrez, je vais vider le panier et vous le rendre de suite.

Il vida le panier et posa les différents cadeaux par terre dans un coin de la demeure, valait mieux éviter de les casser et bon y'a pas de meuble dans cette maison, pour le moment.

Il était vraiment rempli, il allait pouvoir partager ça avec ses enfants..

Excusez-moi Marinette, vous avez dis venir de la part de la Vicomtesse d'Alaya, mais j'en connais deux, laquelle est-ce?

Victoria, vraiment très gentil de sa part, en voilà une qui voulait que les gens se sentent bien en arrivant à Chambéry.
La jeune femme lui posa une question. Il lui sourit.

Oui bien sur, pouvez-vous la remercier chaleureusement de ma part. Son accueil en cette ville fut parfait.

Il la remercia et elle prit congé.

Il referma la porte et s'assied par terre pour regarder à nouveau les différents présents.

La vie était douce à Chambéry, entouré de deux de ses enfants, le quadra était heureux.

Le courrier qu'il a reçu voilà maintenant plusieurs jours l'avait bien secoué, il avait donc décidé de retrouver sa forme d'antan.

Il avait réussi à s'acheter auprès d'Ewald des vêtements qui le faisait paraître moins pouilleux.

Il avait aussi acheté sur le marché un solide bâton, c'est un bon début pour retrouver ses réflexes et ses automatismes.

Il avait également redoublé d'efforts à la mine pour gagner plus d'argent et pouvoir vivre correctement mais surtout avant d'y aller, tous les matins, il avait reprit ses exercices.

Pompes, abdos, squattes, courses autour du quartier ponctués de pieds fesses et genoux torse. Bref grosse remise en forme. Une fois l'échauffement terminé, notre héros s’entraînait au bâton sur son mannequin de paille.

Paille qu'il avait récupéré en moissonnant son blé, ensuite il avait fabriqué ce mannequin dans le but de le détruire sous ses propres coups.
Tête, torse, pointe, jambe, articulation, c'est fragile, gorge, parties génitales c'est un point sensible. Encore et encore les mêmes exercices depuis maintenant 2 bonnes semaines.

Voilà c'était fait, Fanch avait cédé sa Caraque de Guerre à son fidèle second. Les vraies raisons de ce don n'étaient pas connues de sa fille et sa femme.
L'homme avait juste dit: "C'est un bon marin, il saura se débrouiller et écumer les mers!" alors qu'en fait, la raison était tout autre mais ça, c'est une autre histoire.

Donc pour en revenir à nos moutons, nos héros s'apprêtaient à festoyer pour l'occasion, Fanch avait ramené des denrées de luxe et autres mets plus raffinés les uns que les autres.

La fête battait son plein et la soirée fut magnifique. Beaucoup de rire, de joie, de bonne humeur … de nourriture et d’alcool aussi ! Une soirée tellement belle qu’elle s’était éternisée jusqu’à tard dans la nuit. Elina était fatiguée et elle était partie se coucher. Les parents, quant à eux, avaient commencé à ranger.

Tout en rangeant, le couple discutait et riait encore de cette soirée parfaite, jusqu'au moment où on frappa à la porte. Fanch alla voir et ouvrit, se demandant qui pouvait bien se présenter à cette heure tardive. Il se tenait la, sur le pas de la porte avec une arbalète entre les mains.
Le temps était froid et sec, l'homme était couvert mais la lumière sortant de la maison lui éclairait le visage.

Il n’en croyait pas ses yeux : Aristide, son père, était revenu. Il puait l'alcool et commençait à vociférer des insultes à l'égard de son fils tout en le menaçant de son arme.
Il était jaloux et encore saoul, alcoolique notoire, Fanch n'avait plus eu de nouvelle depuis le jour où sa mère avait mit le vieux dehors.

Le vieux poussa Fanch pour rentrer dans la maison tout en le menaçant de l’arme, Fanch leva les mains en l’air pour ne pas tenter le moindre geste.

Aristide continua à hurler : "Tu as poussé ta mère à me jeter dehors, je viens te le faire payer aujourd'hui".

Fanch essaya de le raisonner, mais l'alcoolique était tellement saoul et n'était absolument pas réceptif au moindre dialogue. Notre jeune héros se décida, il fallait agir maintenant.
Etant un combattant émérite, il ne doutait pas une seconde de pouvoir prendre le dessus sur un homme bien plus vieux que lui et qui plus est, alcoolisé. Par contre ce qu'il n'avait pas calculé, c'était que le pochtron appuie sur la détente. Tout s’est passé très vite.
Le carreau partit et Fanch l'évita de justesse. C’est en entendant le cri atroce de sa femme qu’il comprit le drame. Le carreau s'était fiché dans sa poitrine.

Fanch fut prit d'une rage incontrôlable et commença à se battre avec l'assassin, il ne put s'arrêter, Aristide le blessa à plusieurs reprises mais il ne ressentait aucune douleur, il était dans un état second. Il avait en tête le visage de sa femme, sa blessure à la poitrine qui l’avait tuée presque sur le coup. Il s'arrêta quand il se rendit compte que l'homme n'était plus qu'un amas de chair sanguinolente sur le sol.

Par chance, les cris n’avaient pas réveillé Elina. Elle n’avait pas assisté à cette scène d’horreur.
Fanch entreprit donc de sortir le cadavre de son père, tout du moins, c’est ce qu’il croyait, et il le jeta dans un fossé. Cet homme avait tué sa femme et ne méritait pas mieux que d'être traité comme une ordure.

Il rentra chez lui, finit de nettoyer le sang de l'homme et celui de sa femme, retira le carreau de la plaie, la recousit, et la coucha dans son lit. Lit qui sera désormais son lit de mort. Fanch, pendant toute cette partie de la nuit n'avait cessé de pleurer en silence.
Ce fut extrêmement dur pour cet homme qui se jura de ne plus aimer aucune femme pour éviter un tel malheur.

Lorsque tout fut prêt, le petit matin pointait le bout de son nez, Fanch était exténué lorsqu'il entendit un bruit, Elina venait de se réveiller.

Il la rejoignit et la prit dans ses bras, et se laissa aller, les larmes roulaient le long de ses joues et n'en finissaient plus.
Il raconta à Elina sa version de l’histoire : sa maman était gravement malade et elle venait de succomber à sa maladie, maladie qu’ils lui avaient cachés pour la protéger. Encore un mensonge de famille mais il fallait absolument protéger la petite, petite qui était désormais adolescente d’ailleurs, elle était maintenant la personne la plus importante à ses yeux.

Elina comprit vite ce que cela signifiait. Sa mère était partit pour toujours, elle ne la reverrait plus. Le monde s’écroula sous ses pieds. Mais elle se devait d’être forte pour son père. Il ne restait plus que lui dans sa vie (c’est ce qu’elle croyait à l’époque), cette épreuve allait certainement resserrer leurs liens.

Ils allèrent tous les deux se recueillir devant Clothilde, Fanch l'embrassa amoureusement, des larmes le long des joues. Elina laissa éclater son chagrin et ils passèrent la matinée ainsi, à la veiller.

Ils avaient consacré l’après-midi à préparer leur voyage : le strict nécessaire pour bouger plus facilement. Une fois fait, ils avaient attendu que la nuit tombe afin de lancer le départ. Il était temps de changer de vie et de décors. Huile partout dans la maison, Elina quitta la maison et Fanch laissa tomber une chandelle dans la chambre, la maison était devenue le crématorium de Clothilde.

Ils laissèrent donc derrière eux la plupart de leurs biens et partirent sur les routes pour une nouvelle vie.

Depuis son retour d'Annecy, Fanch n'avait pas reprit les exercices, en effet, avec son bras n écharpe et son nez endolori, il n'avait pas eu la tête à ça.

Aujourd'hui son bras va mieux, il arrivait à se balader sans sa pseudo écharpe.

Il regarda son bâton qu'il avait posé le long du mur de la chaumière, impossible de faire des exercices avec, son bras n'était pas suffisamment guéri pour le tenter.

Mais il fallait continuer la remise en forme, il réfléchi, les exercices d'assouplissements pouvaient être adaptés, et en plus ça ne ferait pas de mal et ça changerai des pompes et autres abdominaux.

Allez il faut s'y mettre mon vieux! Il faut tout faire pour protéger ta famille et tes nouveaux amis.

Il ôta sa chemise, plus facilement que les jours précédents pour éviter de la couvrir de sueur.

Il commença donc ses assouplissements mais pendant ce genre d'exercices, le cerveau divague, il pense, il réfléchi, il se fait des noeux.

Sa fille, était-elle heureuse ici, avait-il eu raison de s’installer en Savoie?
Son fils quant à lui, il avait l'air épanouie mais il lui manquait l'amour de la femme qui lui faisait battre le cœur.
Son autre fils quant à lui était en train de venir les retrouver mais il lui avait écrit qu'il mettrait plusieurs semaines à atteindre la destination.

Et surtout, surtout son cerveau n'arrêtait de penser cette femme. Elle avait capturé son coeur depuis leur premier regard et il ne s'y attendait pas.

Au début il avait lutté pour ne pas succomber, il avait essayé de se ridiculiser pour qu'elle le repousse mais il n'avait pu se résoudre à passer outre ses sentiments.

Il en avait honte, il n'avait plus ressenti ça depuis la disparition de son épouse, que dirait-elle?
Que dirait Elina? Et John?

Perdu dans ses pensées, torse nu, assis en tailleur dans l'herbe de son jardinet, il se laissa divaguer.

Plusieurs jours après sa séance d'assouplissements ratés, perturbée par son cerveau instable notre quadra avait vu Victoria pour son bras, elle lui avait dit de se masser l'épaule avec un onguent qu'elle allait lui donner et surtout faire des exercices d'assouplissements et d'étirement pour que son bras retrouve sa mobilité normale.

Il savait qu'il avait abusé, en effet, la balade dans le verger la journée entière et les différents exercices qu'il avait fait avaient étés plutôt mauvais pour son bras.

Mais la journée avait été tellement profitable qu'il ne regrettait rien, il avait juste hâte de recommencer à passer le temps ainsi.

Maintenant il fallait payer le contre coup, il n'était plus tout jeune et ne guérissait plus à la même vitesse que s'il avait 20 ans.

Il sorti donc de sa chaumière et se mit au boulot:

Retirer la chemise et rester torse nu
Tendre le bras vers le bas et commencer doucement à le relever.
Merde il s'arrête à mi hauteur, trop d'exercice avait tué le rétablissement.

C'est pas grave il fallait continuer.

Doucement, bras en bas et il me monte le plus haut possible, c'est un peut mieux mais pas top, il se dit à lui même.

Ecoutes Victoria, y aller doucement sinon Elina va encore me dire que je fais n'importe quoi.

Et la le drame, il rit, il ne pouvait s'arrêter. Et il commença à parler à son mannequin.

C'est le comble, hein mon partenaire d'entrainement, se faire rappeler à l'ordre par sa propre fille!

Mais il était content, les soubresauts provoqués par ses rires ne lui faisaient plus mal au bras, bon signe.

Allez encore quelques étirements. tu tiens mon bras s'il te plait Messire Mannequin?

Evidemment, l'autre ne bougea pas, faut pas pousser mémé dans les orties hein!

Une fois la partie étirement terminée, il se dit.

Allez mannequin, il faut passer à l'endurance, il faut augmenter mes capacités de ce côté la, je pourrai être plus performant.

Et il quitta sa petite chaumière pour aller courir autour des champs à l’extérieur de la ville.

Avec des écouteurs et de la musique dans les oreilles c'est quand même vachement plus facile, mais bon à cette époque la ce n'était pas possible et j'ai dis quoi plus haut? oui oui la mémé les orties tout ça.

Donc il couru, autour des champs, accélération, stop brutal, accélération, puis il repart, il voit le chemin du verger, aller hop il pousse jusque la bas.

Il chemine entre les arbres, de plus en plus vite, gauche droite, gauche, droite, et la paf, notre quadra neuneu, et tête en l'air se prend une branche dans le torse, griffé, à moitié sonné, il tombe sur le dos.

Étalé de tout son long dans le verger, il rit, il rit comme il n'avait pas rit depuis des années, et la il sut.

Il était heureux et avait trouvé son nouveau foyer.

L'entrainement d'aujourd'hui n'était pas possible, la montagne, son temps changeant et surtout ses célèbres orages, il vivait son premier, ce n'était guère rassurant en effet.

Il était donc temps, il était temps de tout lui dire, de tout lui avouer, de jouer franc jeu.
Il pris une grande inspiration et sorti le matériel nécessaire pour écrire, vélin, encrier, et sa plume belle plume, celle qu'elle lui avait offert à leur cinquième anniversaire de mariage.

Il commença donc la rédaction, ratura, s'énerva, déchira, jeta jusqu'à arriver à ce qu'il voulait, rédiger le courrier le plus difficile de sa vie.



Il ne pu s'empêcher de laisser couler ses larmes lorsqu'il relu la lettre, elle lui manquait tellement. Certaines tombèrent sur le vélin et il se dit à voix haute.

Cette femme est devenue mon amour ma chère Clothilde, j'espère que tu ne m'en veux pas d'être à nouveau heureux.

Il cacheta l'enveloppe, comme si quelqu'un pouvait la recevoir et il nota sur le devant le nom de sa femme Clothilde Vaillant et la rangea dans un coin de sa chaumière.

Peut-être que bientôt il lui en écrirait une autre pour lui parler de ses deux fils qu'il avait retrouvé mais il n'en avait pas la force pour le moment.

Il se leva, regarda par la fenêtre si le temps s'était amélioré mais il pleuvait toujours des hallebardes. Il attaqua donc les deux autres courriers qu'il voulait envoyer.



Une autre inspiration après avoir écrit ce courrier, il était très inquiet mais ne voulait rien dire à sa mère, elle l'était aussi suffisamment. Il s'était énormément attaché à cet homme en devenir mais ça il devait le garder pour lui.

Il sorti un dernier vélin pour le dernier courrier, un courrier assez difficile aussi mais il le fallait.




Il devait être fou pour écrire comme ça à une jeune fille qu'il ne connaissait pas. Mais il était sur d'une chose, il était fou de sa mère.
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Comme chaque matin, depuis que Nathanaël et moi, avions élu domicile en la Venise du Nord, je me trouvais sur ma barque, au milieu du lac, m'adonnant à l'activité que je préférais : La pêche. Pourtant, la canne, le ver et moi, c'était pas gagné ! Mais il faut croire qu'avec de la bonne volonté, on accomplit des miracles. Le miracle était surtout que Frisette, comprenez : mon cousin, arrive à faire un feu pour que nous puissions manger. Chacun son truc, moi je pêche ; lui, il fait du feu. Cela s'appelle : la répartition des tâches.

Bref ... J'étais donc sur ma barque, tranquillou, quand un volatile vint raser mon visage à l'allure d'un éclair, un soir de tonnerre. Heureusement, je venais de mettre mon ver au bout de la ligne et ma canne, solidement accrochée à ma barque, se dressait fièrement au milieu du lac. L'oiseau largua son message et non pas une fiente, n'allez pas imaginer des trucs dégueux ! Avant que je ne prenne connaissance du contenu, j'imaginais que c'était Mère qui m'enjoignait une fois de plus, de regagner Chambéry, la Savoie, tout ça, tout ça. Je soupirai car à dire vrai, la Savoie me barbait. Et puis être la fille de ..., ce n'est jamais simple. Surtout avec le charisme d'une mère telle que la mienne.

Trêve de discussion, quand il faut y aller, faut y aller comme dirait l'autre ! Je pris une grande inspiration et posai mes azurs sur l'écriture que je trouvais fort masculine. J'en eus confirmation dès la seconde ligne mais l'écriture "pattes de mouches" ainsi que les quelques tâches d'encre, ici et là, m'avait déjà mise sur la voie. Je me disais qu'il était peut-être gaucher, alors même que cela n'apportait rien de particulier à mes réflexions. Pourquoi diable un ami de Mère m'écrivait-il ? Et pourquoi diable voulait-il me connaître ? Non que je me méfiais mais un peu quand même hein. Si ça se trouvait, c'était un vieux pervers qui en voulait à ma vertu mais moi, je la gardais pour mon Dylan, namého. Il dit quoi ensuite ? Ah oui ! Que Mère est formidable ... Blablabla ... Comme si je n'étais pas déjà au courant, une énième personne à le penser et à m'en faire profiter. Gé-nial ! Je suis ravie. Il veut aussi que je lui raconte ma vie alors que je ne le connais ni d'Adam, ni d'Eve. Mais qui est donc cet homme ? Ah bah sûr qu'il a raison, ses demandes sont pour le moins déplacées et même pire : saugrenues. Pourtant quelque chose me pousse à lui répondre. Disons que c'est au moins, une question de courtoisie. Mère m'a toujours dit qu'il fallait répondre aux courriers, par respect pour ceux qui les écrivent. Et pour une fois, je dois bien lui accorder raison. Aussi cherchais-je dans ma besace mon nécessaire d'écriture et m'installai aussi confortablement que possible dans ma barque.



Je mis mes doigts entre mes lèvres et appliquait les conseils de Dylan, soufflant à plein poumons afin d'appeler l'un des volatiles que j'utilisais régulièrement. L'oiseau se posa et ce n'est pas un pli mais bien deux, que je liai à sa patte avant qu'il ne parte faire son long voyage jusqu'en Savoie.

Ma mère était au Divin Nectar comme chaque jour, lorsque mon pigeon, après quelques jours à survoler Comtés et Duchés, la trouva enfin. Oui bah, je ne savais pas où pêcher son ami alors je me suis dit que ... Bref. Il cuicuite, elle lui ouvre la fenêtre et le déleste de ses messages. Je suis presque certaine qu'elle sourit. Mère adore recevoir du courrier, une vraie gamine parfois. Elle lit rapidement mon message qui disait :



Mère partit à la recherche du Sire Vaillant. J'aurai adoré être présente lorsqu'elle l'eut trouvé. Sûrement excédée de mon comportement, peut-être même qu'elle n'était pas au courant de l'initiative dudit sire, et si tel était le cas, ça allait valser à Chambéry. Et dire que je ne pourrais même pas assister à cela ! La guigne, tiens ! Ohoh, je l'entendrais presque brailler :

Fanch Vaillant, je ne suis pas facteur, savez-vous ?!

Le pauvre ...! Elle va le faire tourner en bourrique mais ...
Ne dit-on pas telle mère, telle fille ?