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[RP]Taverne au divin nectar

Locke
Le pas rageur dans la nuit tombante et les rues rendues boueuses par les dernières pluies automnales, Locke se dirigeait entre deux gouttes vers le divin. Impossible de rejoindre le manoir à cette heure tardive. Sa moitié avait eu à faire sur Chambéry aussi, il espérait qu'elle avait eu la même idée que lui. La journée avait été longue. Avec le moulin qui lui avait donné du fil à retordre pour fabriquer 5 foutu sacs de farine. Surtout que pour nettoyer la pierre, il avait manqué d'y laisser un bras ... Et puis il repensait à ses enfants, restés avec Alya au domaine. La troupe grandissait. Ambre apprenait à explorer chaque rangement, et Lily lui enseignait des bêtises et, ou des grimaces afin de compléter ... évidemment son éducation ... Liam grandissait aussi, plus vite que la mauvaise herbe. Il sourit malgré l'averse en pensant aux chausses qu'ils avaient du faire faire, les anciennes lui découvrant presque les mollets et les Jumeaux, Pierre et Walter emplissaient la maisonnée de leur babillages incessants ... Il se mit à pouffer le visage ruisselant de pluie. Sur que les chiens ne faisaient pas des chats et il fallait entendre les conversations familiales où chacun participait... On y passait du coq à l'âne entre deux éclats de rires ou excentricités des enfants .. ou des parents sous le regard officiellement navré d'un Alya mais officieusement radieuse de ces vies éclatantes comme le montraient les prunelles tendres qu'elle déposait souvent sur chaque habitant de la demeure. Des derniers aux premiers, des domestiques à la Vicomtesse. Cela la faisait rire, cet alignement de titre, Ex duchesse, baronne, vicomtesse, elle était si fière de sa dame. Comme tous d'ailleurs.

Une avalanche d'eau lui trempa les chausses et les bottes quand une carriole passa très près de lui. Il se retourna et brandissant le poing, lança au conducteur quelques épithètes bien sentis. Avant de parvenir enfin aux portes du Divin , l'auberge de la famille. Il poussa la porte et soupire d'aise bien qu'encore excédé. Il referme vivement ne voulant laisser échapper la chaleur de l'âtre. Il jeta sa cape trempée sur une patère près du feu et se frotta les mains en contemplant un instant la danse joyeuse des flammes. Un regard vers la salle et murmura pour lui-même :


Encore bien calme ce soir ...

Un soupire avant d'ôter ses bottes dégoulinantes qu'il posa devant les pierres chaudes et un grommellement en se dandinant pour sécher un peu ses chausses imbibées. Le grognement de son estomac et les effluves d'une fournée de pain vraisemblablement du jour attirèrent ses narines et le reste dans la cuisine. En effet les miches étaient là, dorées à souhaits, un peu foncées certes mais croustillantes comme il le confirma en s'en emparant d'une qu'il entama d'une bouchée volontaire et gourmande ...

Haaaa Cheigneur ... qu'est-ce que cha fais du bien ...

Oui parler la bouche pleine enlève certaines qualités à l'élocution. Le pain dans la mimine, la seconde attrapa au passage un reste de saucisson et quelques charcutailles, un bout de from', le tout entassé avec application dans une écuelle, il retourna devant la cheminée. Déposant le tout sur la table, un aller-retour vers le comptoir pour un pichet d'eau claire et une bouteille de génépi pour un ou deux godets ... médicinal bien sur, avec la pluie, il devait veiller à ne pas attraper la mort ... ou une vilaine pneumonie hein ...hum ... Son oeil accrocha au passage un parchemin et une plume sur ledit comptoir. Froncement de sourcil en voyant que le plume n'avait pas été nettoyé. Il sourit en regardant au plafond vers leur chambre. Son ange devait surement dormir épuisée de sa journée à elle aussi. Enfin prêt, il s'attaqua à la charcuterie, fit un sort à la miche afin de calmer la fin qui le tenaillait ... Soupirant d'aise, il se coupa une épaisse tranche de tomme avant de saisir le parchemin pour y jeter un oeil .. une liste de course surement ...

Dès la première ligne, il ouvrit grand les mirettes de stupéfaction avant de s'étouffer en découvrant les suivantes ... Capitaine ??? ... Beau ??? ... arrgglllll .... la bouchée qui se coinça dans sa gorge lui donna un beau teint rougeâtre, presque bleu avant qu'il ne parvinsse à l'expulser ...

Quoi !!!! ... mais qu'est-ce que ça veux dire !!!! ... un beau capitaine !!!!! ...nan mais bien sur ....

Un aller retour pour ramener un encrier. Il reprit ce brouillon d'annonce, et la plume rageuse, en entreprit le correction ...



Il jeta plus qu'il ne posa sa plume et se relut, argumentant pour lui-même et à voix basse : Bon alors oui hein, la Vicomtesse bien sur mais bon, et le Vicomte alors, il comptait pour des prunes ? ... Laisser son épouse avec de jeunes gaillards peut-être avenants .. faut pas pousser hein ... Ensuite ... BEAU .. et pourquoi ? .. avec des cicatrices , ça voudra déjà dire que le sujet avait quelque expérience des batailles ... un bossu ce serait parfait, il sera déjà prêt pour les révérences .. d'accord moins utiles en cas de combat ou avec un bon casque, en bélier ... à voire ... PONCTUEL ... ha ben c'est sur que s'il a un chevreuil sur le feu ou macramé tous les soirs, ça va pas être évident de garder quoique ce soit hein ... POLI ... pourquoi le préciser ... le petit malin qui voudrait le poste et qui la ramènerait insolemment aurait un rendez vous particuliers avec mes phalanges hein ... surtout que là tout de suite, elles avaient bien envie de tâter de la joue de ces olibrius, ces phalanges ... L'EPEE ... là aussi hein, c'est sur qu'un capitaine avec une serpette ou un luth allait avoir beaucoup de mal à défendre quique ce soit, en commençant par lui-même ...Au niveau impressionnant, la serpette, c'est pas très élevé ... le luth non plus ... la hache à la rigueur déjà, là, tu y penses à deux fois .. Et pourquoi pas un bûcheron tiens ... faudrait voir ... LOYAL et DEVOUE ... ouais bah ça aussi hein, un capitaine qui peut pas vous sentir ... ça aide pas à avir confiance .. même plus besoin d'ennemi pour se retrouver avec une dague entre les omoplates ...

Il soupira ... ensuite .. bah formation, protection, attaques , défenses, le train train quotidien quoi ... Il se leva en grimaçant, s'étira avant d'aller d'un pas pesant déposer en cuisines ses ustensiles et le reste de pain et de fromage ... sur le comptoir la bouteille de génépi après s'en être servi un rasade qui le fit grimacer en sentant le liquide réchauffer son oesophage ... pas une boisson de mauviette ça ... Un coup de chiffon sur la table et en dernier lieu il redéposa sur le comptoir le parchemin. Il alluma une chandelle et éteignit celles qui éclairaient la salle. Les marches grincèrent dans l'escalier. Il fit la moue et entra dans leur chambre. il sourit, les mèches brunes de son épouse bataillaient sur l'oreiller. Il se dévêtit aussi vite qu'il le put pour trouver enfin la chaleur des couvertures et édredons. Avant de souffler la bougie, il resta à la regarder dormir puis dans un soupir las mais heureux de se reposer enfin, il laissa la nuit les envelopper alors qu'il enveloppait son épouse de ses bras et se glissait contre elle. Un baiser sur son épaule ... Un "bonne nuit" murmuré, il sourit en fermant les yeux, respirant le parfum de sa peau. Il pressa son corps dénudé contre le sien, savourant la réunion de leurs épidermes et ferma les yeux ... Une dernière pensée en songeant au parchemin ... un dernier murmure ... beau capitaine ... tu parles ...
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--Alia.


[Au manoir du Pic blanc, Albens]

Aliiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaaaaaaaa !! Viens voir !!
Que se passe-t-il, Damoiselle Lily ?
Regarde ...


Et la fillette de pointer son doigt sur le carreau, montrant ce qui l'intriguait en contre-bas.

Comment cet homme est-il parvenu à entrer ? Les soldats en faction doivent sûrement encore piquer un somme.

Et la gouvernante de hausser les épaules, se disant que le bon personnel se perdait. Elle laissa la fillette dans sa chambre, lui demandant de rester tranquille et de ne surtout pas descendre mais la vieille femme restait persuadée que sitôt qu'elle descendrait pour ouvrir, Lily serait sur ses talons, se hasardant à fouiner de ci, de là, comme elle aimait à le faire ! Ceci étant, elle fit comme si elle ne se rendait pas compte que Lily la suivait, laissant croire à l'enfant que le bruissement de ses jupons était d'une discrétion sans pareille ... Lorsqu'elle ouvrit enfin la porte à l'intrus, elle le jaugea de la tête aux pieds, s'apercevant au passage qu'il était fort peu couvert pour la saison.

Bonjour messire. Qu'est ce qui vous amène par ici ? Vous êtes ?

Et de le laisser faire le poireau, ne sachant à qui elle avait à faire ... La Vicomtesse avait été très claire sur le sujet, lorsqu'Alia se trouvait seule avec les enfants, elle ne devait jamais laisser entrer un inconnu fusse Aristote en personne !
Sirwinston
La pluie continuait d'endormir le paysage boisé des alentours. L'homme qui attendait maintenant depuis une bonne heure qu'on vint lui ouvrir jouait avec un jeu d'osselets récupéré sur un des gardes de faction qui s'était assoupi.
Citation:
Curieuse demeure où tout le monde dort à pareille heure ! De vraies marmottes dans ces montagnes

Soudain des bruits de maison se firent entendre; un cri d'enfant, un pas lourd et traînant se présenta à la porte d'entrée sous les traits d'une femme peu amène et qui ne pouvait être que la gouvernante, avec cet air supérieur qu'on connait au personnel de maison en charge des enfants. Et derrière elle justement se tenait cramponnée aux jupons une petite fille aux grands yeux remplis de curiosité.
Citation:
Qui je suis ?
répondit l'homme à la question de la vieille femme.
Citation:
Mais ne t'attend on pas appris, maraude, comment recevoir les visiteurs du soir ? Tout le monde dort il donc ici ? Pas une sonnette, pas une trompe, pas un garde qui ne fussent en état d'annoncer un voyageur venant de très loin sur mission et de la part d'un lointain cousin.
Et qu'as tu donc à me détailler ainsi ? N'as tu pas honte ? Une femme de ton âge ...

L'homme ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, en tirant sur ses haillons pour tenter de masquer sa nudité.
Citation:
Allons, ne mets pas mes nerfs à vif, ils ont été à rude épreuve ces derniers temps ... Tu as l'air d'une fort brave femme. Si tu connaissais mon histoire, tu saurais pourquoi je viens en pareil équipage et tu ne regarderais pas autant mes jambes. Je viens en ami, de fort loin, du royaume chrétien de Jérusalem et je dois porter un message à ta maîtresse de la part de son cousin Balthazar Paléologue Krivès, prince d'Antioche et gouverneur de l'ïle de Rhodes. Mon nom est Giovanni Batista di Capodimonte, lointain ascendant du général Bélisaire et je suis également connu sous le nom de Sirwinston. Tu remettras ceci à la vicomtesse, c'est un code entendu qui devrait lui montrer ma bonne foi
Et sur ces mots, il remit à la gouvernante un brin de céleri.
Victoria.d.alaya
Le jour était déjà levé depuis plusieurs heures mais la pluie était si dense, le ciel si gris, que l'on avait l'impression d'approcher de la nuit. La jeune femme était rentrée depuis la veille. Elle avait réintégré son manoir où les domestiques avaient d'abord semblé être surpris, puis enthousiastes à son retour.

La maison avait été entretenue, seulement il n'y avait rien à manger. Pas un seul produit frais, rien qui ne soit "cuisinable", rien qui ne puisse satisfaire la gourmandise de la petite princesse anglaise. Son chaton Caramel dans les bras, elle tournait en rond, se demandant si finalement elle enverrait Marinette au village d'Albens chercher quelques vivres ou pas ... Cette satanée pluie !

Déposant le "kitty" sur un sofa, elle se décida à s'envelopper d'une pèlerine, laçant les galons sur sa tenue de nuit qu'elle n'avait pas quitté, et rabattant la capuche sur ses boucles brunes.


Marineeeeeeeeeeetttttttttttttteeeeeeeeeee !!!

Je file au Pic Blanc ! Des que la pluie se sera arrêtée, porte moi une robe et mon necessaire.


Ses bottes fourrées hivernales furent vite chaussées et Vicky passa la porte comme une ombre mais a la vitesse d'un courant d'air. On ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, et la jeune femme essayait de suivre les pavés qui serpentaient sur le chemin.

Lorsqu'elle aperçu les premiers parterres du manoir de son frère, sa pèlerine s'était chargée de plusieurs litres d'eau. Ses pieds trébuchaient sur les dalles de pierres disjointes entre lesquelles des tas de gravillons dénotaient d'autant d'obstacles. Jusqu'au dernier ...

Obstacle bien plus volumineux, de la taille d'un homme dirons nous, se trouvait devant la porte. Ni une, ni deux, Victoria plongea sur sa victime et lui rentra dedans de plein fouet.


Non mais ! Ca ne va pas !! Ca ne se fait pas de rester comme ca devant une porte, sous la pluie !

Elle le dévisagea un instant puis son regard descendit, le lorgna de haut en bas. Étrange cet accoutrement, il devait quand même avoir froid ...

Vous êtes livreur ? Messager peut-être ?

Son regard tomba sur le brin de céleri et elle haussa un sourcil.

Vous travaillez pour le maraicher ?

Il était toujours difficile de la faire taire quand elle se mettait a poser des questions.

Allez vous répondre a la fin ?

Les poings sur les hanches, elle toisa l'homme qui la dépassait d'une bonne mesure. Son regard gris argent s'attarda quelques instants sur le visage du visiteur, visage aux traits loin d'être désagréables ...
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Sirwinston
Affairé qu'il était à faire entendre raison à la vieille gouvernante plantée là comme une poule devant une fourchette et ne semblant rien comprendre aux affaires politiques du Levant et à la symbolique du céleri, Sirwinston n'avait pas vu arriver une forme sombre qui déboulait d'un petit chemin de gravillon, tel un astéroïde et qui le heurta vivement.
Et le bolide céleste parlait ... Une avalanche de questions tomba de plein fouet sur le plus fameux des missi dominici du gouverneur de l'ïle de Rhodes.
Citation:
Une insulte à la fois, jeune porteuse d'eau !
fit Sirwinston, en voyant la pelisse détrempée du gracieux projectile qui l'avait heurté.
Citation:
Je sais bien que j'ai l'allure d'un dépravé sur les routes de Katmandou et que j'ai des jambes de reine mais faut il chuter de Sélène pour être ainsi l'objet de ces étranges coutumes où l'on invective l'inconnu à la façon d'un routier ?
Maraîcher ? Et pourquoi pas dervish tourneur ou grand fumigateur des esprits tourmentés ?
lança celui que les dames de la cour de Rhodes appelaient Bel ami.
La vieille gouvernante semblait quelque peu satellisée par le contenu de cette conversation et elle en apporta la preuve en tendant le coup et en écarquillant ses yeux de myope.
Citation:
Dieu du Ciel, quelle apparition !
se prit à penser Sirwinston en scrutant de plus près les yeux gris de l'étrange comète au babillage frénétique et à la fine silhouette. Babillage qui lui sembla tout à coup des plus charmants, avec cette pointe d'ironie et de moquerie qu'il affectionnait tant et dont il avait perdu le sel depuis que sa quête l'avait mis sur maintes routes. Et la pensée d'un poète anglais lui vint à l'esprit : ce qui ne peut être éviter, il vous faut l'embrasser.
Citation:
Pardonnez mon ton, chère ombre et croyez bien que j'apprécie les questions de basse police quand elles sont posées avec une aussi jolie voix. Mais je n'accepterais d'y répondre qu'à la condition de savoir à quel astre j'ai l'honneur de devoir cette rencontre cosmique.

La vieille gouvernante haussa les yeux au ciel.
Victoria.d.alaya
Jeune porteuse d'eau ? Jeune porteuse d'eau !! La prenait-il pour une domestique ? Ne voyait-il pas ... D'ailleurs oui, imaginons un peu ce qu'il voyait.

Sa pèlerine chargée d'eau devait lui donner un aspect informe. Son visage, relevé vers lui, devait commencer à être inondé de même, et la froidure de toute cette humidité lui donnait des frissons. Quelques mèches rebelles échappées de la capuche bouclaient sauvagement à ses tempes et son humeur au diapason de la météo fit apparaitre une grimace sur ses lèvres.

Lorsqu'il tenta une explication, la jeune femme le regarda en ouvrant grand ses pupilles d'argent. Elle hésitait entre plonger dans la perplexité qui menaçait ou s'esclaffer allègrement d'un rire moqueur, ne comprenant absolument pas la moitié des mots qu'il disait.

Soudain il sembla s'intéresser à la personne qui se trouvait face à lui. Vicky avait tourné les yeux vers Alia, espérant que la vieille intendante aurait une explication à la présence de l'étrange énergumène, en vain.


Pardonnez mon ton, chère ombre et croyez bien que j'apprécie les questions de basse police quand elles sont posées avec une aussi jolie voix.

Hum ... Voila qu'il lui faisait un compliment. La princesse se retourna vers lui, intriguée par cet homme au comportement et aux mots étranges, le dévisageant sans aucune manière, cherchant ce qu'il pouvait bien dissimuler ... ne serait-ce que son nom.

Mais je n'accepterais d'y répondre qu'à la condition de savoir à quel astre j'ai l'honneur de devoir cette rencontre cosmique.

Un sourire vint fendre les lèvres humides de la jeune femme, qui se reprit bien vite en voyant Alia lever les yeux au ciel. Qu'irait-elle encore raconter à son frère au sujet de cette rencontre ...

Oh my Dear !

Elle avait hérité, de feu son père, de cette petit manière blasée de commencer ses réponses.

Mais tout comme vous, mon cher, il semblerait que je ne sois qu'une étoile tombée à l'impromptu dans un espace sidéral brumeux et pluvieux.

La base du savoir-vivre n'était-elle pas que l'homme se présenta le premier ?!

Que diriez-vous alors d'entrer et de poursuivre cette découverte des corps célestes auprès d'un bon feu ?

Victoria sentit évidemment la réticence de la domestique à faire entrer un étranger, à moitié dévêtu qui plus est, dans le manoir vicomtal, mais la jeune femme bouscula l'intendante, ne lui laissant guère le choix, comme toujours.

Alia ! Faites nous préparer soupe et boisson chaudes. Je vais conduire le visiteur au salon.

Puis elle se retourna vers l'homme, une lueur espiègle dans le regard.

Si finalement vous n'êtes qu'un ambulant porteur de légumes, dites le, et je vous laisserai aux bons soins d'Alia dans la cuisine.

Elle espéra tout de même au fond d'elle, que cette collision aurait un tout petit peu plus d'intérêt que la rencontre d'un paysan-livreur.
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--Alia.


[Au manoir du Pic blanc, Albens]

Tout se précipita ... La branche de céléri à la main, l'homme toisa quelque peu la gouvernante malgré sa tenue légère qui n'avait pas l'air de le traumatiser plus que ça ... Il avait le culot de la traiter de maraude ! Un monde tout de même !! Et puis la tempête Victorienne percuta de plein fouet l'intrus, l'invitant ensuite à entrer ... La Vicomtesse ne verrait pas cela d'un très bon oeil ... Lily assistait à la scène et Alia l'entendait glousser derrière ses petites mains alors qu'elle-même tentait de faire régner l'ordre en la demeure Vicomtale ... La fillette accueillit sa tante, son modèle depuis la disparition d'Aphrodyti, dans des hurlements et cris de joie, plus perçants les uns que les autres ...

Tante Victoria, tu es de retour !!!!! Youpiiiii !!! Quand est ce que tu m'emmènes chez le tisserand ? J'ai besoin de robes, de rubans pour mes cheveux ...

Et la liste s'allongeait autant que le nez de Pinocchio lorsque celui-ci disait un mensonge ... La fillette était intarissable ... Et tante Victoria par ci, Et tante Victoria par là, elle était encore plus bavarde que la Vicomtesse ... Alia leva les yeux au ciel pour la seconde fois en peu de temps, laissant rentrer la Princesse et son invité malgré elle ...

Je vais donner quelques consignes en cuisine. Tout sera prêt d'ici quelques minutes Damoiselle ...

Tout le monde entra et alla prendre place au salon où crépitait un feu dans la cheminée ... La gouvernante attrapa une des capes du Vicomte qui trainait sur la patère et bien que toisant toujours l'inconnu qui avait décliné entre temps son identité, la lui tendit.

Mettez cela sur vos épaules, vous allez attraper la mort.

Ce n'était pas un ordre mais presque ! Il fallait bien qu'il comprenne qui dirigeait la maison ! Elle esquissa un sourire à l'attention de la jeune femme prenant ses aises dans le salon et les laissa enfin seuls ...
Mini.
[Au Divin Nectar]

La brunette s'étira et bailla à s'en décrocher la mâchoire ... A ses côtés, son brun dormait encore comme un bienheureux, la nez enfoui dans son oreiller ... L'espace de quelques secondes, elle fut tentée de le réveiller mais la nuit ayant été longue, elle hésita puis remonta le draps sur ses épaules, déposant un tendre baiser sur l'une d'elle, lui murmurant un tendre bonjour avant de s'éclipser discrètement afin de ne pas le déranger dans ses heures de repos ...

Le soleil ou du moins, aurait-il dû y en avoir !, était déjà haut dans le ciel. La Vicomtesse fit une toilette sommaire, lia sa longue tignasse brune comme elle le put, enfila une paire de braie et une chemise propre puis descendit au rez de chaussée, finir ce qu'elle avait commencé à l'aube avant d'aller se coucher quelques heures ...

Elle se servit un jus de pommes car elle avait grand besoin d'énergie vus les projets qui fourmillaient dans sa tête ... Puis elle attrapa le vélin, laissé un peu plus tôt sur le comptoir, semblant ne pas avoir bougé d'un iota, et le contempla ... Elle ferma un oeil, puis l'autre, et enfin les deux avant de les rouvrir en hurlant comme une damnée :

LOCKE D'ALAYAAAAAAAAAAAA, la sieste est finiiiiiiiiiiiiiiie !!!!!!!!

Elle grimpa le grand escalier en courant, tenant le vélin dans sa main. Elle tourna la poignée de leur chambre, ouvrit la porte à la volée et mit à mal l'édredon en plume sous lequel son adorable époux, mais pas à ce moment-là !, était encore allongé, bouchant chacune de ses oreilles à l'aide de ses mains ... Sans doute avait-il perdu l'ouïe, et non pas Louis hein !, lorsqu'elle avait hurlé d'en-bas.

Tu m'expliques ce que sont ces gribouillages sur mon annonce ???!!! C'est malin, ça. Il faut tout que je recommence à présent !!!!! Je te préviens tu as intérêt à être convaincant dans tes explications sinon ... Je te provoque en lice, nan mais !!!!!

Et de croiser les bras sur sa poitrine, relevant fièrement le menton, en attente d'une explication ...

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Sirwinston
L’homme prit délicatement la couverture que la vieille gouvernante lui tendait et la remercia avant qu’elle ne quittât la pièce.

« La mort ... » fit il pensivement.

Puis il reprit l'air sombre, la couverture sur l'épaule, la main gauche levée en hampe de drapeau
:
Citation:
Oui, commune est la mort ; mais en quoi ma douleur
Est elle moins amère ? Ah ! Plutôt ma souffrance
S'accroït de tant de maux. Jamais un jour n'avance
De l'aube jusqu'au soir, sans briser plus d'un coeur

Seul le souffle du feu de la grande cheminée troubla le silence qui suivit cette déclamation.

«C'est d'un vieux poète anglais. Ca a bien mal vieilli, je vous le concède».

Notre homme, par un savant jeu de construction de haute couture, se constitua un élégante jupe comme celles que portent les hommes de Calédonie.

« Vous me voyiez ravi de cette invitation, chère tante Victoria », lança l’homme en effectuant une révérence de grand style, ôtant un chapeau imaginaire immense dans un grand arc de cercle pendant que sa jambe gauche se dépliait vers l'arrière.

« Le froid était effectivement bien mordant et les routes gravillonnés peu sûres. » dit il en esquissant un sourire.

«Savez depuis combien de temps je n’ai pas discouru des éléments de l'univers ? Depuis que j’ai parcouru l’ouvrage de Platon sur l’harmonie des sphères célestes. Vous connaissez sans doute ? ».

Il arpentait la pièce, les mains dans le dos, son brin de céleri dans la main droite, ravi de faire souffrir la curiosité de sa belle inconnue concernant son identité qu’elle ignorait encore. Il se retourna vers elle et eut beaucoup de mal à cacher son émotion en admirant les traits fins de son beau visage ruisselant

« Je vous dis cela, je ne vous dis rien mais vous devriez vous débarrasser de votre belle pèlerine, vous êtes en train de fondre tel glaçon au soleil et j’ai peur que le personnel de maison ne m’en tienne encore rigueur, je crains d'avoir épuisé toutes ses ressources de bonté à mon égard » fit il en pointant de son pouce la porte qui se trouvait dans son dos et par laquelle la vieille gouvernante était sortie.

Puis, devant le regard impassible de la jeune personne aux beaux yeux gris, il continua sur le ton de la confidence

« Je crois bien que je vais vous décevoir en vous avouant que je ne suis ni maraîcher ni marchand des quatre saisons. Un vieux sage confucéen m’a un jour appris qu’on a deux vies : la deuxième commence le jour où on réalise qu'on en a juste une. J’incline donc à croire que notre collision me fait rentrer dans ma deuxième vie puisque j'ai maintenant l'impression de vivre. Comme vous me semblez douée d'un génie propre dans l'analyse de portrait, je serai curieux que vous m’indiquiez, selon vos impressions, quelles peuvent bien être mes fonctions. Je me propose quant à moi de procéder de même. Si cela vous agrée naturellement … »
Victoria.d.alaya
Un tourbillon de froufrous accompagné de cris accueillirent la jeune femme, qui aurait volontiers pris sa nièce dans ses bras si cette dernière n'avait eu ce regard dégouté qui lui rappela son état. L'enfant blond ressemblait bien plus de par son physique à sa tante maternelle, mais de par son caractère il n'était nul doute qu'elle tenait de sa tante paternelle.

Ses pas suivirent ceux de Lily, qui déjà se précipitait vers le salon, elle-même suivit du messire sans nom. Son premier réflexe fut de s'approcher de l'âtre et d'y tendre les mains pour se réchauffer. Mais Vicky interrompit son geste dans son élan alors que son "invité" citait quatre vers.

Presque malgré elle, elle répondit en français, bien qu'elle le sache mieux en anglais.


Pardonne à ma douleur l'audacieux langage
Où s'égare le cri de mon cœur dévasté ;
Pardonne s'il t'offense, ô sainte vérité ;
Et daigne ta sagesse, ô Dieu, me rendre sage!


Combien de fois son père lui avait lu le recueil de poésie le soir en l'endormant, ces poèmes étaient pour elle aussi merveilleux qu'un conte et l'histoire qui en émergeait lui laissait toujours quelques larmes au bord des paupières.

Se retournant lentement vers lui, de plus en plus intriguée par lui, le rouge lui monta aux joues en le voyant s'affubler du vêtement d'un étrange manière. Une ou deux fois, son père avait reçu pour affaires des hommes au tartan et cela l'avait bien amusée de détailler leur habillement.


Vous me voyiez ravi de cette invitation, chère tante Victoria.

L'affreux ! Il avait utilisé l'avantage que lui avait fourni l'enfant, et cela sans aucune honte ! Victoria le fixa, relevant légèrement le menton dans une fierté toute juvénile, alors qu'il la saluait avec grâce.

Mais voyons très cher ... Elle laissa un blanc, si par hasard il y aurait glissé une présentation même sommaire, en vain. Il fut inconcevable que vous restiez ainsi sur le pas, mais bien pour l'unique raison que vous gêniez ma propre progression.

Elle esquissa un sourire où s'immisçait une légère malice. Petit mensonge, car la raison principale à présent était bien son intérêt croissant pour cette nouveauté, apparue d'on ne sait où.

Savez depuis combien de temps je n’ai pas discouru des éléments de l'univers ? Depuis que j’ai parcouru l’ouvrage de Platon sur l’harmonie des sphères célestes. Vous connaissez sans doute ?

Je ne sais messire, mes études dans une école pour jeunes filles, à Bristol, m'ont laissé gouter aux joies de la philosophie mais guère à l'envol astronomique ...

Leurs regards se croisèrent alors qu'il ajoutait une chose toute pleine de bon sens, ce que la jeune femme semblait avoir perdu depuis qu'elle l'avait percuté. Ses yeux se baissèrent pour suivre la trace humide depuis la porte et qui se terminait en une flaque luisante qui s'élargissait d'instant en instant au milieu du salon.

My God !!

La capuche avait été rabattue dès l'entrée, et sa coiffure, mouillée devant, sèche à l'arrière, avait pris une allure sauvage qui contrastait avec sa mise habituelle parfaite. Ses mains attrapèrent la lourde attache métallique qui fermait le haut de sa pèlerine puis s'arrêtèrent soudain.
Mais que faisait-elle ? Dans un sursaut, elle se souvint qu'elle avait gardé sa robe de nuit, cousue dans une toile de batiste légère et rehaussée de volant d'organza, le tout dans un ton azur qui seyait parfaitement à la demoiselle, mettant en valeur les courbes gracieuses de sa petite personne. Seulement, il était impossible qu'elle dévoila tout cela devant l'inconnu ... Et pourtant, le froid ne tarderait pas à l'envahir, et elle risquait de tomber de nouveau malade ...

Elle l'écouta se moquer légèrement d'elle, juste retour des choses, puis resta un peu perplexe sur le passage intermédiaire de son élocution, pour finalement sourire en le voyant jouer aux devinettes.


D'abord, my Dear, je vous intime de vous retourner. Voyez-vous, en retirant cette carapace amphibie, je ne serais guere plus présentable, malheureusement ...

Elle lui fit un petit geste de la main pour qu'il obtempère.

Quant à qui vous êtes, et ce que vous êtes, il me vient à l'esprit que le votre est bien trop instruit pour effectivement appartenir à un homme simple. Vous semblez avoir connu le voyage lointain, les rencontres et les apprentissages de ceux qui suivent une voie, peut-être un peu plus porté sur la réflexion que sur les armes. Cependant, votre accoutrement parait à l'opposé de votre discours ... Vous aurait-on détroussé sur la route, au point de ne vous laisser que le minimum décent ?

L'observant sous différents angles, les questions se bousculaient dans sa tête.

Vous semblez être amateur de notre vieille Angleterre, mais votre accent à des intonations beaucoup plus orientales. Hum ... Seriez-vous un preux chevalier sans terre, conquérant d'un monde inconnu, prince déchu arrivant du soleil levant ... Ou simplement un aventurier à la recherche d'une place ?

On vous avait dit qu'on ne pouvait plus l'arrêter de parler ... Un long frisson la parcouru, non seulement parce que le froid s'insinuait à présent au travers du vêtement, mais parce que l'idée venait de germer dans sa tête que la vicomtesse avait peut-être envisagé l'emploi d'un précepteur, et qu'elle estimait surement que la jeune Vicky avait besoin de parfaire son éducation trop libertaire. Damned !
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Sirwinston
La scène était admirable ; nos deux protagonistes étaient à quelques mètres l'un de l'autre mais pour tout intrus qui aurait pu entrer dans le salon, cela ressemblait assez à une pièce de théâtre moderne, avec un mendiant écossais tourné dans un coin et, dans son dos, une pensionnaire de collège qui aurait fait une fugue en vêtement de nuit. Vêtements qui, passablement détrempés, lui collaient au corps par endroit, laissant deviner suggestivement des formes qui n'étaient pas sans rappelées celles qu'Adonis avait surprises lors du bain de Diane. Fort heureusement pour elle, l'Ecossais - qui n'en était pas un - jouait le jeu de l'aveugle malgré lui, sans trop abuser d'un petit miroir posé sur une table de salon (oui il ne faut pas pousser non plus la bonne éducation).
En l'écoutant lui faire cette description, il souriait : cette fraîcheur de ton était piquante et lui rappelait d'excellents souvenirs, laissés très loin dans son palais ensoleillé de l'île de Rhodes. Ce drôle de petit animal peu farouche avait du talent et de l'esprit et lui faisait oublier les vexations et privations depuis son arrivée à Marseilles il y avait maintenant déjà plusieurs mois. Et voilà maintenant qu'elle l'appellait my Dear ... Décidemment, ce qu'un brin de céleri peut provoquer ...


" Epatante ! Ma chère, vous êtes épatante. Vous arrivez à lire tout cela rien qu'en me détaillant de dos ... Mais qu'est ce que cela va être lorsque vous allez m'autoriser à me retourner ? "

L'homme fit pivoter légèrement le petit miroir pour admirer la finesse des chevilles de la pensionnaire fugueuse.

" Je dois avouer que vous avez assez bien cerné mon personnage. J'en ignore la raison mais vous avez l'oeil affuté. Peut-être est ce là l'effet de quelque voyage ? Ou les usages d'une cour princière où il faut saisir du premier coup d'oeil le courtisan dans toute sa fatuité ? Je serai tenté de croire, quant à moi, que vous aimez les félins domestiques si j'en juge par les poils laissés sur votre élégante pèlerine. Vos élégants dessous de nuit (il prit en main le petit miroir et l'agita à son attention) laissent à penser que vous êtes une jeune personne aux goûts raffinés et le fait que vous osiez les porter à l'extérieur de chez vous me portent à croire deux choses : vous avez reçu une éducation peu ordinaire et vous vivez seule ! Jamais un mari ne vous aurait laissé partir en pareil équipage."

" Ah chère Victoria "

fit il en levant les mains et en les laissant retomber le long de son kilt de fortune.

" Oui j'ai fait bien des rencontres et bien des apprentissages au cour de voyages lointains. Mais ce serait très long à vous raconter. Sachez que, malgré ce piteux équipage, je suis le signore Capodimonte, seigneur de l'Ile de Rhodes, Missus Dominicus du prince Balthazar, Grand Maître de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem. On me nomme également Sirwinston à cause de ma passion pour la poésie anglaise. Et ma cousine se plaît à m'appeler Paris pour une raison qui m'a toujours un peu échappé.
Mon palais surplombe la rade de Rhodes et le château des Grands Maîtres de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, dressé en face du mont Attavyros. L'or et le porphyre rendent un éclat sans pareil à ce lieu où la nymphe Rhodé avait donné sept fils et une fille à Hélios, protecteur de l'île. Cette île au passé prestigieux, qui ravit Cicéron et que Saint Paul évangélisa au 1er siècle.
Et vous me trouvez présentement à Chambéry pour venir voir ma cousine. La cousine Mini ! "
Victoria.d.alaya
Il obéissait ma foi, c'était déjà un bon point en sa faveur. Il lui fallait faire vite, d'après son experience limitée dans la catégorie masculine, la patience n'était guère leur atout majeur.

Victoria laissa tomber la lourde pelisse au sol, qui s'écrasa dans un bruit mat et spongieux devant la cheminée. Puis retira les souliers devenus baquets. Un léger tremblement s'empara de la jeune femme et elle frictionna vigoureusement ses bras avant de tendre les mains vers l'âtre.


Mais qu'est ce que cela va être lorsque vous allez m'autoriser à me retourner ?

Oh ! Mais il était hors de question qu'il se retourne ! Pas avant qu'elle soit sèche ... ce qui prendrait au bas-mot plusieurs heures à ce train là.

Ne bougez pas !

Son regard s'attarda un instant sur la silhouette qui lui tournait le dos, visiblement absorbée par un objet du décor ... Il fallait espérer qu'il ne dérobe rien sous son nez, non pas que tant de choses aient une grande valeur, les vicomtes ne faisant guère dans le luxe ostentatoire, mais par principe cela aurait été dérangeant.

Relevant le bas de sa robe dont la batiste avait perdu toute sa mise, elle essora par vague les longs plis de tissu, et plus elle serrait, pressait, plus la longueur diminuait, pour finalement arriver à mi-mollets. Le froid commençait à se faire sentir durement sur chacun de ses orteils, et elle se maudit d'être sortie ainsi.

Elle l'écoutait distraitement. De voyages elle avait fait, de prince elle n'avait rencontré. Courtisan ... fatuité ... ? Tout homme n'était-il pas courtisan par quelques manières. Mais de vanité ou d'arrogance elle n'avait décelé chez lui. Ou est-ce que la pluie froide altérait son jugement ?

Victoria finit par relâcher le bas de son vêtement et s'appliqua à décoller ce qui s'en trouvait sur la partie médiane de son anatomie. Seulement, lorsqu'elle tirait d'un coté, venait se raccrocher une autre partie, et cela ne menait à rien.


Vos élégants dessous de nuit laissent à penser que vous êtes une jeune personne aux goûts raffinés ...

Elle redressa la tête à ces mots, et ouvrit la bouche en un O parfait mais de laquelle il ne sortit aucun son, puis rougit comme une pivoine en le voyant remuer un petit miroir. Elle pressa ses bras autour d'elle, se sentant prise en faute.

... et le fait que vous osiez les porter à l'extérieur de chez vous me portent à croire deux choses : vous avez reçu une éducation peu ordinaire et vous vivez seule ! Jamais un mari ne vous aurait laissé partir en pareil équipage.

Il avait raison. Il avait raison, et sur toute la ligne ! Vicky n'aurait pas eu tant froid aux pieds, qu'elle en aurait tapé sur le sol.

Entendez bien, messire, que mon père a privilégié, dans l'éducation qu'il m'a donnée, le fait de préserver ma liberté, si non celle d'actes, au moins celle de pensées.

Un mari ... Il était fort difficile dans sa situation d'en trouver un. Un homme, un vrai, comme elle se plaisait à dire avec humour. Son frère ne lui imposerait jamais d'union non désirée, et le caractère de la jeune femme était tel, que parfois son éloquence l'entrainait à de soudaines incompréhensions.

Sachez que, malgré ce piteux équipage, je suis le signore Capodimonte, seigneur de l'Ile de Rhodes, Missus Dominicus du prince Balthazar, Grand Maître de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem. On me nomme également Sirwinston à cause de ma passion pour la poésie anglaise. Et ma cousine se plaît à m'appeler Paris pour une raison qui m'a toujours un peu échappé.

Intriguée par cette présentation, elle le laissa se retourner car il n'était pas poli de décliner son identité en tournant le dos à son vis-à-vis, le dardant d'un regard neuf et bien plus inquisiteur qu'auparavant. Dans la même phrase, elle décelait des origines romaines, hellènes, latines, et finalement anglaises. Presque malgré elle, ses pas l'éloignèrent de la douceur de l'âtre, pour la rapprocher de cet homme qui émoustillait sa curiosité.

Signore Capodimonte ... Sirwinston ...

Répétant les noms sans le quitter des yeux, la jeune femme finit par se retrouver séparée de lui que par la distance d'un bras.

J'avoue que je trouve le surnom de Paris charmant ...

Un délicieux sourire sur les lèvres, elle écouta la suite, ses miroirs d'argent brillant d'un éclat particulier, le fil de son imagination tentant de suivre ce qu'il décrivait.

Et vous me trouvez présentement à Chambéry pour venir voir ma cousine. La cousine Mini !

Les joues de la jeune femme perdirent soudain toute couleur, sa gorge se noua l'empêchant presque de respirer.

Je ... Cousine ? ... Je vous demande pardon ? Vous êtes cousin ... avec la vicomtesse ?

Toute la situation, depuis l'instant où elle lui était rentrée dedans sous la pluie jusqu'à ce moment précis où elle le regardait éberluée, défilait à toute vitesse dans son esprit. Soudain ce n'était plus un parfait inconnu, c'était quelqu'un qui avait un lien direct avec sa famille.

Victoria fit volte-face, lui offrant son dos, puis finalement lui refit face, serrant ses bras sur sa poitrine, et se mit à débiter rapidement.


Mon frère et sa femme ne sont pas ici. Je ne sais ce que vous leur voulez, mais il faudra vous rendre à l'auberge du Divin Nectar pour les rencontrer.

Et comme dans toute pièce de théâtre qui se respecte, alors que les deux protagonistes se font face dans une situation plutôt embarrassante, voila que l'on toque à la porte.
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--Marinette...


Cela faisait quelques années que la jeune fille était à Montmélian, au service de la famille Laskarina. D'abord femme de chambre de dame Aphrodyti, elle avait poursuivi sa tache, à la mort de celle-ci, au manoir du Pic Blanc.

Elle était heureuse de son existence. Son salaire suffisait amplement à ses dépenses, puisque logée nourrie sur le domaine, et le surplus servait à sa famille qui habitait dans le petit village d'Albens en contrebas du domaine.

Damoiselle Victoria était sa nouvelle maitresse, elle avait pris place auprès d'elle lorsqu'elle était arrivée d'Angleterre presque deux ans auparavant. La jeune dame n’était guère plus âgée qu'elle et elles s'entendaient relativement bien.

Ce matin là, en la voyant filer chez son frère malgré la pluie, Marinette avait légèrement secoué la tête, habituée aux frasques de sa maitresse. Elle avait préparé tranquillement une robe de velours de couleur bordeaux, puis déposé toutes les affaires utiles aux soins de la demoiselle dans le nécessaire de voyage, attendant une accalmie. Lorsque celle-ci, arriva, elle enfila sa cape et se dirigea vers le manoir voisin.

Par politesse, elle frappa à la porte principale. Mais étant de la maison, elle savait qu'il ne fallait pas toujours attendre après Alia, qui au vu de son age, commençait à avoir quelques soucis d'audition. Aussi, Marinette poussa la porte et entra dans le hall. Pour sur, elle aurait pu entrer par l’arrière, là où chaque domestique entrait d'habitude, mais le chemin était détrempé par l'averse et la jeune fille se refusait à crotter ses chausses.

La voix de sa maitresse lui parvint, elle la trouva légèrement anxieuse et se précipita alors dans le salon, son matériel en main. Un homme aux gouts vestimentaires très discutables se trouvait face à la demoiselle, qui pour le coup avait une allure des plus discutables également.

Marinette fit une légère révérence au messire avant de se tourner vers sa maitresse.

Damoiselle ! R'gardez dans quel état vous êtes ! Vous n'auriez pas du , pis vous allez attraper la fièvre ! 'Reusement que le vicomte n'est pas là ....

Elle releva la robe qui pendait à son bras, informant ainsi sa maitresse qu'il était temps pour elle d'avoir une allure plus décente.
Sirwinston
Il ne l'avait pas vu s'éloigner de l'âtre et se rapprocher de lui, silencieusement, sur des ailes d'ange lorsqu'il lui dévoilait son titre et ses origines. Il était lui même trop perdu entre cette rencontre et l'évocation de ses lointaines contrées parées des mille couleurs que le soleil donne à la terre du Levant et des parfums subtils, ceux des ifs majestueux de la cour d'honneur, des eucalyptus du bois d'Isclésios et des orangers d'Asie qui bordaient la terrase d'où son père lui enseignait les grandes heures de la Grèce et de Rome. Une terre où chaque journée que le soleil fait naître pouvait être l'occasion d'un départ pour Cythère, sur une mer miroitante. Miroitante comme ses yeux. Si proches ...

Je ... Cousine ? ... Je vous demande pardon ? Vous êtes cousin ... avec la vicomtesse ?

"Je suis sûr que la cousine Mini vous avait caché qu'elle avait un cousin qui avait des airs d'inconnu voire de rastaquouère"

galéja un Paris un peu surpris par le trouble de la jeune fille devant cette révélation familiale.

Celle-ci fit d'ailleurs un demi tour sec, lui montrant un dos ravissant qu'il ne lui était plus possible d'oublier. Puis, dans un sursaut boudeur, elle lui fit face de nouveau, bras serrés sur sa poitrine qui pourtant ne craignait rien.

Mon frère et sa femme ne sont pas ici. Je ne sais ce que vous leur voulez, mais il faudra vous rendre à l'auberge du Divin Nectar pour les rencontrer.

La remarque un peu sèche et soudainement distante le fit légèrement sourire, sans malice. Comme si elle ne se doutait pas que cette rencontre le ravissait au point de lui faire oublier son brin de cèleri ! La damoiselle était à prendre avec des pincettes, avec sa liberté préservée. Combien de coeurs avaient elle déjà pu meurtrir malgré son jeune âge ? Dans quels troubles avait elle jeté ces coeurs ardents ? De ces troubles où l'âme reflue lentement dans la mélancolie quand le monde semble une prison et l'existence une impasse, quand la conscience se révolte contre le lieu qu'elle occupe ou quand elle erre désorientée comme dans les pièges d'un labyrinthe. Il se promettait de lui expliquer cela un jour. Il prit affectueusement son beau visage entre ses mains et lui dit avec grande douceur :

"Ma mie, je crois que vous aviez plus de considération pour Paris lorsqu'il vous transportait dans le songe d'une nuit d'été, avec ses airs de garçons livreurs. Mini est une lointaine cousine et pour tout vous dire j'ignorai qu'elle fût mariée au vicomte. Je n'ai su cela qu'en chemin."

L'on toqua soudain à la porte.

Les deux protagonistes reprirent une distance de bienséance et la jeune fille donna un ordre. Une jeune femme, porteuse d'une robe à son bras, entra avec prudence et salua. Elle remit à sa maîtresse une robe de velours, lui conférant mille et une recommandations. Paris se tenait en retrait, laissant les deux femmes s'entretenir et pensant que le personnel avait sous ces latitudes bien des familiarités avec les seigneurs des lieux.


"Il vaut mieux avoir du luxe dans ses sentiments que sur ces habits" se rassura Paris en considérant qu'il allait se retrouver dans les attributs d'un gueux (mais d'un gueux original) devant cette jeune princesse au sang vif et à l'orgueil indompté, restaurée dans son rang.
Pensant à la soupe promise par la gouvernante et qui tardait à venir, il flâna le long d'un étrange meuble qui se voulait une bibliothèque et où l'on trouvait, sur les rayonnages, de curieux ouvrages pour le moins : "La vie des nains dans le Saint Empire", "Les ouvre boites en mille et une leçons" "Les secrets de la belle jardinière" "Traité de guerre à l'usage des nécessiteux". Quel éclectisme ! Il croyait retrouver dans cet inventaire certaines petites folies de la cousine Mini, pardon, de la vicomtesse. Et au milieu d'autres ouvrages, il tira les Confessions de Saint Augustin d'où il retrouva cette pensée qui l'avait émerveillée la première fois qu'il la lut " Et le lieu du repos sans trouble est là où l'amour n'est pas abandonné si lui-même n'abandonne".


"Chère Victoria, une chose m'intrigue et me trouble et vous pouvez m'aider : que font le vicomte et la vicomtesse dans une taverne, le nectar y fût il divin ? Ma chère cousine aurait elle enfin mis à exécution son projet de faire profiter à l'humanité de ses recettes empiriques qui jadis faillirent déclencher des émeutes ?"
Victoria.d.alaya
Un peu trop rêveuse par moment, Victoria se maudit de l'être à présent. Bien sur que non, la vicomtesse ne l'a prévenue de rien, surtout pas qu'elle avait un cousin aussi attirant avec une éducation aussi intéressante. D'ailleurs, pourquoi lui fait-il cet effet, pourquoi cette soudaine attention pour un inconnu, qui ne l'est plus tellement ?

Lorsque les deux mains se posent sur l'ovale délicat de son visage, la jeune femme oublie jusqu'à l'indécence de leur situation. Ses yeux fixés aux siens, elle sent le rouge lui monter aux joues. De la considération ? Un prompt attachement à cette rencontre et à l'envie de poursuivre la discussion serait plus juste, mais voila, il a une raison toute autre de se trouver ici.

Ses mots la troublent bien plus qu'elle ne voudrait le laisser paraitre, et c'est avec un mélange de déception et de soulagement qu'elle accueille la diversion.


Oh Marinette ! Tu as fait vite ...

Peut-être trop vite finalement. Alors qu'il s'éloigne d'elle, la jeune femme regarde le seigneur de Rhodes, un mystère pour elle qui ne connait du monde hellénique que les descriptions qu'elle en a lu et un début d'apprentissage de la langue.

Chère Victoria, une chose m'intrigue et me trouble et vous pouvez m'aider :

Prise en flagrant délit d'observation, la princesse sent son cœur s'arrêter l'espace d'une seconde infinie.

... que font le vicomte et la vicomtesse dans une taverne, le nectar y fût il divin ? Ma chère cousine aurait elle enfin mis à exécution son projet de faire profiter à l'humanité de ses recettes empiriques qui jadis faillirent déclencher des émeutes ?

Un sourire des plus charmants, voire malicieux, vient illuminer son visage à l'évocation des "dons" culinaires de sa belle-sœur.

La taverne est à notre famille, my Dear, c'est aussi simple que cela. Et plutôt que de devoir acheter un appartement au cœur de la capitale, ils ont opté pour une chambre à l'étage de l'auberge. Sans doute que cela leur rappelle quelques souvenirs d'un temps révolu ...

Quant à l'art tout relatif de votre estimée cousine ... Si votre mémoire vous fait défaut, je vous laisserai volontiers la rafraichir par vous-même.


Victoria émit un petit rire cristallin. Puis se retournant vers Marinette, elle lui fit signe de monter. Elle la rejoindrait aussitot pour se changer.

Je puis vous proposer un arrangement ...

Irrémédiablement, elle se rapprocha de nouveau de lui. Lorsqu'elle s'en rendit compte, il était trop tard pour reculer sans paraitre effarouchée ou grossière.

Donnez-moi quelques instants, le temps de ressembler à celle que je suis habituellement, et je vous conduirai à eux. Cela vous convient-il ? Une fois sur place, il ne tiendra qu'a vous de gouter à la fameuse "pita brûlée" de notre chère Mini.

Elle avait toutes les peines du monde à détacher son regard de ce visage. De quelle magie avait-il donc usé pour qu'elle sente le sol se dérober ainsi sous ses pas ? Était-ce ses mots, sa présence, une aura particulière dont elle n'avait la moindre idée ?

Elle ajouta doucement, presque tout bas, bien qu'il n'y ait plus personne pour entendre leur discussion :


Ne disparaissez pas sous une nouvelle averse ... je suis à vous dans une envolée de minutes.
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