[RP] La chaumière de John

John avait fait entrer Vic dans sa demeure et la regardait, amusé, faire le tour du propriétaire. L'état des lieux fut rapide étant donné la petitesse du logement. Dans un coin, un peu à l'écart, se tenait sa paillasse, posée à même le sol, recouverte d'un gros édredon très moelleux . Au milieu de la pièce, une table de belle taille était entourée de ses 6 chaises. L'âtre occupait une place importante sur le mur de droite et un chaudron était pendu à la crémaillère. On entendait le doux murmure du ragoût en train de mijoter doucement pour le repas du soir.

C’est une charmante maison. Je vois que du travail vous attend pour l’aménager.
L’on se sent tellement bien lorsque l’on est chez soi.
Oh ! Je vous ai apporté une tarte aux pommes, ainsi qu’une bouteille d’un vin doux savoyard. Histoire de nous faire une petite collation.

Il ouvrit la bouche pour répondre mais n'en eut pas la temps ! Un cri assourdissant retentit et semblait se rapprocher à grand pas.

Qu'est ce que c'est ? Un sanglier ou un cochon poursuivit par un boucher du village ?

Pendant que Victoria s'approchait de la fenêtre, John entrouvrit prudemment la porte et passa la tête à l'extérieur. Il découvrit ses voisines en train de scruter sa maison. En l'apercevant, elles tentèrent de se cacher derrière un buisson mais la souplesse et les rhumatismes ne sont pas compatibles et le résultat ne fut guère concluant ! C'est en plus, à ce moment là, que Maia décida d'entamer le deuxième refrain. De stupeur, les cannes de bois et de chair s'entremêlèrent et voici Cunégonde, qui tombe de tout son poids (et ce n'est pas peu dire !) sur la frêle Gertrude.

Au secours, j'étouffe. Mais pousse toi donc !!! haletait-elle autant qu'elle pouvait !

John faillit partir en fou rire mais son bon cœur prit le dessus et il courut, tout sourire, aider les deux mémés entremêlées. Il était en train de les relever quand Maia surgit devant chez lui, sur les dernières notes de la chanson (si l'on peut appeler ce désastre musical comme cela ! Paix à l'âme du pauvre compositeur qui n'est sûrement plus de ce monde s'il a entendu ce massacre !)

Avant qu'elle n'ait l'idée d'en entamer une autre, John la salua :

Bien le bonjour Maia. Vous me semblez d'humeur radieuse ?

Il lui sourit puis, se tournant vers ses voisines, il proposa aux trois femmes :

Et si nous rentrions nous remettre de nos émotions et prendre une petite collation ?

Gertrude et Cunégonde ne s'étaient pas faites prier pour accepter l'invitation de John. Tout le monde était donc rentré dans la maisonnée. Le regard aiguisé des deux mémés scrutaient chaque détail et elles jactaient entre elles telles deux pies à propos de la décoration fortement épurée de John.

Gertrude en catimini à Cunégonde :

Ça manque de touche féminine ici, y manque une nappe sur l' table !

Cunégonde lui donna un coup de coude et lui murmura :

Tu n'crois pas qu'y f'rait mieux d'mettre des braies d'abord ! pfff Il a pas l'sou l'gamin ça s'voit ! Oh! r'garde ça c'est joli par contre !

Elle montrait un croquis de fontaine dessiné par John, souvenir d'un bal arrosé en tout point...

Finalement ils s'étaient tous assis autour de la table et John allait commencer à découper la tarte quand il entendit frapper. Il se leva prestement et alla ouvrir.

Ah bonjour Agriesean ! Vous avez trouvé facilement ? Entrez donc je vais vous présenter. Mesdames je vous présente Agriesean que j'ai rencontré en taverne, il voyage actuellement à la recherche d'une terre d'accueil alors pourquoi pas un futur Chambérien ...!

Se tournant vers la table et présentant d'un large geste du bras :

Voici Victoria notre maire dont nous pouvons fêter ce jour sa belle réélection ! Voici Maia notre tribun et mes deux voisines..., vous m'excuserez Mesdames mais je ne connais pas encore vos noms!

Gertrude allait ouvrir la bouche mais comme à son habitude Cunégonde la devança :

J'suis Cunégonde et voici m'soeur Gertrude !

Gertrude ne put qu'opiner de la tête : C'est ça c'est ça !

puis elle osa poser la question qui les taraudaient toutes les deux depuis quelques jours :

Mais nous, non plus, nous n'connaissons pas vot' nom jeune homme ! Qui qu'donc êtes vous ?

Sieur Fanch

Depuis notre rencontre, j’ai fait des recherches dans les archives du château. Je suis même allée à l’archidiocèse de Moustier en Tarentaise, voir si l’église avait quelques traces des événements qui vous intéressent.

Je n’ai rien trouvé à Moustier, aucun acte de naissance ou de baptême qui daterait de cette période. Par contre, les archives du château m’ont dévoilée quelques détails qui me semblent pertinents.
Il y a 17 ans, une femme du nom de Forigoler a eu un petit garçon. Elle habitait Belley où elle fut maire et tribun, elle était infirmière et engagée à l’Ost de Savoie. Elle fut également ambassadrice de Savoie pour la France Nord. Elle a épousé un soldat du nom de Xarius.
Ce qui m’a le plus interpellée, c’est que son enfant n’est autre que mon ami John. Mais comme je viens de le dire, le père, à priori, s’appelait Xarius.

Je suis désolée de ne pouvoir vous donner plus de pistes. Malheureusement, je ne suis ici que depuis une petite dizaine d’années et ces faits remontent bien longtemps avant mon arrivée. La plupart des anciens sont portés disparus et je ne sais vers qui vous guider.

Avec tout mon soutien,
Victoria.

John, toujours affamé, -oui à 17 ans, on a toujours faim surtout après une nuit de garde sur les remparts- s'était coupé une tranche de pain et tout en écoutant l'histoire de Fanch s'apprêtait à la tremper dans son bol de lait pour ... tenter de ramollir la mie un peu sèche! Quand il entendit les dernières paroles, la tartine plongea dans le bol, l'éclaboussant au passage de son contenu.

La bouche ouverte, prête à gober les mouches, il regarda la main tendue et voulut se lever de sa chaise mais retomba aussitôt. Il se servit un verre de génépi qu'il siffla d'un trait.

Mais ... mais ... mais non ! Mon père s'appelait Xarius voyons ...

Mais tout à coup, la pièce tomba, les voyages réguliers de son père, sa mère toujours triste, sa fuite vers Aurillac pour qui, pourquoi ???

Et puis qu'avait-il dit une sœur ? Du jour au lendemain, passer de seul au monde à être le fils et le frère de quelqu'un ça bouleverse!

Je ... c'est si ... incroyable tout ça ... tu dis que Vic ... heu la mairesse t'a aidé ? C'est donc pour ça que voila quelques jours, elle m'a parlé de ma mère ...

Il se leva, contourna la table et fit face à cet homme, plantant son regard noisette dans ses yeux à lui, il le dévisagea sans bruit. "Les yeux ne peuvent mentir" qui lui disait ça déjà ?

Et tout à coup, il n'eut plus de doute... il serra son père dans ses bras.