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[Rp ouvert] Dans la froidure de janvier 1462.

Victoria.d.alaya


Le ciel était bleu, d'un bleu outrageant pour la saison, et la lumière du soleil, qui faisait briller la neige de milles éclats, obligeait à baisser le regard avec respect devant la beauté du paysage.
La Savoie resplendissait de joie et de bonheur par sa nature, à défaut de ses habitants qui passaient leur temps à s'entre-déchirer. Il faisait beau, il faisait bon malgré le froid de saison, et ce temps donnait envie de sortir du train-train quotidien.

La princesse avait eu une idée. En souvenir d'une visite dans le nord de son ile natale, alors que son père avait accepté de l'emmener avec lui en Écosse, elle avait décidé de faire tailler par ses ouvriers menuisiers des lames en bois de mélèze. Arbre savoyard par excellence, il offrait une résistance exceptionnelle et une longévité inégalée. De ces lames de bois, elle en avait fait fixer, par des liens de cuirs, sous la semelle d'une paire de bottes bien chaudes.

Elle se rappelait le plaisir qu'elle avait eu à apprendre à patiner sur ce lac écossais complètement gelé, et nul doute que malgré le temps passé, elle y reprendrait gout. S'habillant chaudement, Vicky fourra ses fameuses bottes dans son sac, et par précautions prit quelques lames de bois supplémentaires. C'était expérimental en Savoie, mais elle espérait bien que ses souvenirs ne l'avaient pas trahie. Elle attrapa le panier de pique nique que lui avait préparé Marinette et l'en remercia.

Un petit mot fut rapidement griffonné à l'adresse de celui qui faisait battre son cœur. Il passerait surement au manoir pour l'y trouver, et en voyant le message il la rejoindrait au lac.




Mon cher Amour,

Je suis partie au lac Vert pour la journée. Je vous réserve une petite surprise, rejoignez moi vite.

Votre Princesse.


Une fois sur place, elle chaussa ses "bottes à glace" et, se tenant à un arbre, tenta de se tenir debout sur le bord du lac, testant avec précaution la solidité du sol en miroir.
C'est qu'elle n'avait pas envie de finir noyée, congelée, au fond de l'étendue d'eau. Un instant elle se demanda si il n'était pas plus sur d'attendre que son cher Paris arrive. Hésitante, Victoria releva le visage vers la cime des arbres, l'endroit était magnifique et tellement reposant. Un calme olympien y régnait, seul le chant de quelques oiseaux venait agréablement troubler le silence.

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Locke
La neige craquait sous ses pas. Le soleil offrait une lumière généreuse malgré une chaleur chiche. Faisant miroiter aux regards ses milliers d'éclats sur un tapis immaculé. Locke allait bon pas, respirant à pleins poumons cet air hivernal qu'il affectionnait. Au dernier moment, il avait décidé d'aller visiter sa soeur alliant le plaisir de sa compagnie à celui d'une longue promenade. ça et là des traces animales venait croiser les siennes. Sur un arbre, il aperçut un écureuil tout occupé à se prémunir des rigueurs de la saison. L'astre était haut quand il passa les portes du domaine de Victoria. Et plus encore lorsqu'il parvint aux marches et frappa aux portes du manoir. Il toqua de bon coeur et sourit à Marinette quand cette dernière vint ouvrir :

Haaa Marinette, le bon jour !!

La petite servante sourit et s'acquitta d'une pliure des gambettes en une révérences express. Il avança sans attendre sa réponse et partit en quête de la maitresse des lieux, la servant tricotant derrière lui en tentant de le retenir :


C'est que Madame ... Vicomte ... Pardonnez moi ... Mais elle est sortie ...


Il pénétra dans le salon décoré avec goût et se tourna vers Marinette :

-Sortie ? Et où je vous prie ?

La petite s'empourpra et tenta l'esquive, soudainement concentrée sur le parquet à ses pieds :

-C'est qu'elle ne l'a pas dit ...
-Marinette ... elle ne l'a pas dit ? ...
-Non, non ...
-Marinette, vous n'êtes pas douée pour le mensonge ma petite alors cessez ...
-Mais ...
-Mais quoi diable !!! Elle se cache ? ...
-Que nenni, Messire ... elle ... elle est partie pour la journée ... au ...
-AU ????
-Au lac Vert ...
-Hé bien voilà !!! J'y vais de ce pas ....


Tournant casaque, il s'enroula dans sa cape et sourit :

le temps est à la promenade quand la Savoie se vêt de ses plus beaux atours ... Hop ... Au lac !!!! Ar'vi Marinette !

Locke sourit en coin devant l'air un peu inquiet de la servante. Il savait bien que celle-ci protégeait sa maîtresse depuis longtemps. Il ne savait pas ce que sa chère soeur avait en tête mais il avait bien l'intention de le découvrir. Et puis le lac devait être de toute beauté avec ses reflets émeraudes dans un écrin de neige et de soleil ...
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Marinette, incarné par Victoria.d.alaya


Ar'vi messire ....

Marinette ne s'en était pas trop mal sortie ... enfin non, elle n'avait surement fait qu'aggraver les choses. Dieu ! Mais pourquoi le Vicomte était-il passé ce matin là ?! Il était vrai que la petite femme de chambre ne savait pas mentir. Et si le Vicomte savait tout ce qu'elle savait, lorsqu'au petit matin elle découvrait les restes d'un repas pour deux sur la table du salon, que parfois les chaussures, le châle de Mademoiselle avaient été abandonnés sur le sol, et que dans les combles résonnaient des murmures qui n'avaient rien de fantomatiques, sur il ferait une crise d'apoplexie sur le champs !

La jeune fille tortillait ses mains serrées l'une contre l'autre. Elle se précipita vers la porte et l'entrouvrit pour vérifier qu'il s'était suffisamment éloigné et ne ferait pas demi-tour. Que faire ? Comment trouver messire Winston et lui raconter tout cela ?

Elle sortit de sa poche le petit message qui lui était destiné. Pourvu qu'il passe par ici, qu'il n'ait pas dans l'idée d'aller se promener avant. Mais non, certainement qu'il passerait au Manoir pour retrouver sa Princesse. Il fallait être un peu patiente. Marinette espéra ne pas avoir gâché la journée de Damoiselle Victoria, et se remit fébrilement au travail dans le manoir, revenant fréquemment à la porte ou à la fenêtre pour surveiller l'exterieur.

Après quelques heures, elle entendit des pas sur le gravier. Se figeant un instant dans la cuisine, elle se demanda bien qui cela pouvait être.
Sirwinston
Sirwinston se dirigeait ce matin là vers Montmélian. Dans la froidure de cet hiver, malgré le ciel d'un bleu d'azur, il ne pouvait s'empêcher de penser à l'azur des îles grecques des cyclades et des sporades du sud. Le froid y était moins vif et la lumière d'hiver diffusait un doux rayonnement beaucoup plus chaud que le soleil qui peignait la Savoie avec des couleurs étincelantes.

La neige le rendait toujours extrêmement mélancolique et il repensait à ces vers grecs tirés d'une vieille tragédie populaire :

Citation:
"De ce garçon le nom est écrit dans la neige
la soleil l'a fait fondre et l'eau l'a emporté"

Il repensait bien sûr à sa chère Vicky. "Chère Vicky ... voici trois semaines que je ne vous ai vu et tout me semble si vide, si pâle, si triste ..." Son quotidien s'était enrichi de sa vitalité qu'elle lui transmettait, chaque fois que la Providence leur accordait le plaisir d'une rencontre. Et puis les dernières nuits avaient été particulièrement hautes en couleur et Sirwinston était soulagé que les murs soient les seuls témoins silencieux de leurs secrets d'alcôve. Et encore ... Il repensait à la scène au Divin Nectar avec le défilé des recruteurs de l'Ost alors qu'ils étaient tout occupés de leurs transports.
Il se demandait également si elle avait su trouver le petit mot qu'il lui avait laissé dans le grand arbre de Noël. L'aimait il assez ? Il eut soudain une vive inquiétude : son tempérament toujours un peu enclin à la mélancolie lui laissait croire qu'il ne lui témoignait pas assez son bonheur de la connaître et de l'aimer. Devant l'expression exaltée de son amour, il lui semblait être un peu trop spectateur ; et de fait il l'était. Sa vue le remplissait de joie. Son visage expressif, son engouement, sa vitalité le tranportaient tant qu'il en demeurait pétrifié de bonheur. L'amour qu'il avait pour elle, il le ressentait par la grande sérénité qu'elle avait fait naître en lui et cela, il lui semblait bien difficile de lui en faire le témoignage autrement que par les regards remplis de satisfaction lorsqu'il la voyait vivre autour de lui.
Le manoir était enfin en vue et il arriva devant la grille, entr'ouverte.
Il se dirigea vers la grande porte, buta sur une racine, toujours la même, d'un grand orme.
Il frappa quelques coups à la porte, constatant au sol de grandes traces de pas, probablement celle d'un homme de forte taille et c'est Marinette qui ouvrit à un Paris encore dans la lune.


- Ah bonjour Marina comment allez vous ?

- Euh Marinette voulez vous dire messire, dit la petite femme de chambre en rougissant légèrement

- Marinette mais oui bien sûr. Pardonnez moi ... Votre maîtresse peut elle me recevoir ?
Marinette, incarné par Victoria.d.alaya


Son regard naviguait derriere le rideau de ces cils, cherchant à percer le fin tissage qui voilait la fenêtre. Marinette esquissa un sourire en reconnaissant l'allure de messire Winston. Sur que Mademoiselle avait bon gout, cet homme avait un charme indéniable et recelait en plus une gentillesse inouïe, elle avait déjà pu le constater.

Sa légère rougeur passée, ca lui arrivait souvent lorsqu'il la croisait et s'adressait à elle, la jeune servante sortit le petit message de la poche de sa blouse.

Je suis désolée, messire, mais Mademoiselle est en promenade. Elle m'a demandé de vous donner ceci ...

Elle tendit du bout des doigts le morceau de vélin où étaient écrits les quelques mots. Pensive, elle l'observa un instant, le détaillant sans vergogne tout occupé qu'il était à la lecture de la missive.

... je pense qu'elle vous attend ...

Un petit sourire et elle baissa le regard lorsqu'il releva le sien. Un peu troublée, la jeune fille se demanda si elle n'oubliait pas quelque chose. Bof ... Ca devait être sans importance après tout ...
Mini.
Sur les terres d'Albens, au chaud sous une tonne d'édredon en plumes dont seul le bout de son nez (aussi magnifique que celui qui fit la renommée d'une reine d'Egypte !) dépassait, la brune aux bois dormants s'éveilla doucement ... Les yeux clos, profitant du calme (pour une fois !) qui régnait dans la chambre à coucher, elle tâta la place à côté d'elle, pensant trouver le corps endormi de son cher et tendre époux ... Oui mais non ! Elle fit un bond, à présent complètement réveillée et scruta la chambre désertée ... Ses lèvres se fendirent d'une moue boudeuse ... Où était-il passé ? Il faisait bien trop froid pour aller cueillir des fleurs ou des champignons ... Elle rejeta en masse les couvertures et la froideur de la chambre vint mordre sa peau ... Oui ! La Vicomtesse dort nue ... Et alors ?! Elle enfila un peignoir à la hâte et courut en cuisine où elle espérait bien trouver Alia qui saurait sûrement où était passé le Vicomte ...

Aliiiiiiiiiiiaaaaaaaaa !!!

Entrée plus que fracassante.

Ne criez pas ainsi, je suis vieille mais pas encore sourde, rassurez-vous.
Pardon.


Sourire bienveillant de la gouvernante.

Que se passe-t-il, Vicomtesse ?
Où est mon époux, tu peux me le dire ?
Il est sorti.
Ah oui ? Par ce froid ?
Il a mis sa cape.
Son couvre-chef ? Et son cache-nez ?
Il est adulte, Vicomtesse.
Oui merci, ça je sais ... Quoique parfois ... A-t-il dit quelque chose ?
Non.
Pas un mot pour son épouse adorée ????
Non.


Les lèvres se pincent, la brune échevelée remonte illico dans sa chambre, s'habille à la hâte (Autant dire que l'as de pique à côté, n'a rien à lui envier !), lie ses cheveux bon gré, mal gré, à l'aide d'un ruban aussi indiscipliné que sa chevelure elle-même et redescend dard-dard, prévenant en passant sur le seuil des cuisines :

Je vais m'aérer les neurones moi aussi. Foudre a besoin d'exercice ...

... Et moi de me calmer les nerfs, aurait-elle pu ajouter, sans pour autant le faire ... Ni une, ni deux, elle mit sa cape et son cache-nez et déserta à son tour, le manoir du Pic blanc en se parlant à elle-même, maudissant son époux qu'elle chérissait pourtant, plus que tout au monde. Elle entra dans les écuries, ouvrit la porte du box de Foudre, le scella puis tenant les rênes, sortit à ses côtés ... Elle lui flatta l'encolure, tout en lui murmurant :

Je sais que tu as besoin de te dégourdir les pattes, et moi, l'esprit alors faisons le ensemble.

Léger hennissement de la part de l'animal, comme s'il comprenait ce que venait de lui dire sa maîtresse. Elle se hissa sur la scelle, resserra l'étreinte de ses cuisses, sur les flancs de son cheval et il se mit en route ... Elle était de fort méchante humeur mais plus les rayons de l'astre solaire lui chatouillaient le visage, plus la Vicomtesse était heureuse ... Elle observa un instant les montagnes et décida de se rendre sur le lieu de leur premier rendez-vous, se rappelant chaque minute passée en sa compagnie, ce soir-là ... Celui de leur rencontre après des mois de correspondance ... Le lac.

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Locke
Locke était presque heureux que de la décision de sa soeur d'aller au Lac. le lieu avait une importance spéciale pour lui et sa brune. Il sourit bêtement en marchant allègrement et se rappela l'abri de toile, le repas, le diner. Ce qui le ramena plus loin encore. La route. Ses mots. Son "enlèvement". Il rit franchement et dit pour lui-même :

Ô mon amour ... il en fallu tout de même pour que tu admettes tes sentiments ...

Il sourit tendrement, le corps traverser de frissons auxquels le froid était totalement étranger. Il avant devant les yeux son visage fin, son regard pétillant de malice. Il la voyait comme il l'avait quitté ce matin, endormie, ses mèches en batailles sur l'oreiller, les couvrtures la couvrant presque entièrement, laissant pourtant entrevoir des courbes enchanteresses. Il soupire et sourit malicieusement. Comme il aimait la regarder dormir. la regarder tout court en fait . Vêtue en duchesse ou dans sa tenue d'Eve, elle avait toujours sur lui un effet qui le chavirait à chaque fois. Aristote savait combien il l'aimait sa brune. Et leurs enfants ... le manoir résonnait des cris de chacun des 5 garnements. Même Alia semblait rajeunir. Il rit doucement et reprit son allure en direction du lac.

Il respirait à plein poumon l'air frais et se mit à chanter :


Lààààààà Hauuuuuuuuuut suuur la montahagneuuuuuu .... L'éééétaiiiiit un vieux chaaaleeeeeeeet ...

Muur blancs, toaaaaa de bardeau ...devant la porte, un vieux bouloooooot ...


Oui les paroles et le ton étaient approximatifs mais à part faire fuir quelques écureuils, il ne risquait de blesser personne. Aussi s'en donnait-il à coeur joie. Puis les contours miroitants du lac se dessinèrent devant lui. Le spectacle du lac dont la surface gelée brillait d'un éclat bleuté, ses rives enneigées le firent taire, le laissant simplement émerveillé. Il se reprit et commença à fouiller de son regard l'orée du bois et le rivage en quête de Victoria.

Il la découvrit et eût un élan de frayeur, l'apercevant sur la glace. Si celle-ci se brisait ... Pourtant il stoppa son geste et son cri en la voyant évoluer , les pieds engoncés et harnachés sur de fines lames de bois. Au contraire, il se glissa à l'abri des arbres, ronchonnant que la neige accumulée sur une branche basse attendit qu'il soit au dessous pour se déverser sur sa tête et son cou ... Il s'ébroua et frissonna quand quelques flocons purent fondre et glisser dans son dos. Il s'accroupit et s'installa pour profiter du spectacle de sa soeur qui ne se débrouillait pas si mal. Ses bras balançaient avec grâce, ses boucles virevoltaient et elle avait le visage resplendissant , tout à son plaisir, les joues rougies par le froid et l'effort, un sourire éclatant sur le visage. Elle paraissait heureuse. Nettement plus qu'elle ne le fut il y a encore quelques temps. La voir ainsi lui rappela des hivers lointains où les lacs d'écosse résonnaient de leurs cris. Il se dit que ce sont ces moments qui lui redonnait la joie de vivre qui lui manquait. Il ne pouvait penser une seconde se tromper. Pas du tout. N'est pire aveugle que celui qui ne veux voir. Il sourit et pensa soudainement qu'il faudrait amener sa brune et les enfants ici un de ces après-midi. Entre la glace et une bataille de boule de neige, ils auraient de quoi s'amuser tous ensembles ... Il s'adossa au tronc de l'arbre qu l'abritait et décida de patienter, laissant sa soeur adorée profiter encore un peu de sa solitude ...
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Mini.
Le lac. Leur première baignade au clair de Lune, sa demande en mariage dont les préparatifs avaient été faits dans le plus grand secret et dont elle n'avait jamais rien pu savoir ni d'Alia, ni des enfants. Tant de souvenirs sur ses rives. Alors que Foudre poursuivait paisiblement son chemin, la brunette se replongea un instant dans ses souvenirs. Son visage se dessinant dans sa mémoire, ses mots tendres murmurés au creux de son oreille comme le souffle du vent ... Et puis ... Et puis, des instants de bonheur immense lorsqu'elle et sa soeur, Aphrodyti, avaient découvert le domaine. Le lac avait été leur refuge. Sa soeur lui contant à loisir les paysages grecques que jamais elle n'avait eu le loisir de voir et qui pourtant, restaient gravés, eux aussi, dans sa mémoire de par la description qu'elle lui en avait faite. Un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres qu'elle humecta ... Ses émeraudes se tournèrent vers la Chapelle Saint Stéfano alors qu'elle passait tout près ... Ce qu'ils lui manquaient ces deux-là ... Ils auraient pu être tellement heureux, perdus dans ces montagnes, alors même que la belle Héllène ne supportait pas leur climat ... Une vague mélancolie s'empara de la Vicomtesse, une larme manqua de perler entre ses cils et aussitôt, elle frappa légèrement les rênes sur l'encolure de son fidèle destrier, lui faisant accélérer le pas jusqu'à ce que l'orée du bois, encerclant le lac, se profile ...

Mini sauta de la scelle, foulant la neige immaculée de ses bottes ... Ici et là, elle remarqua quelques empreintes, certaines étaient animales mais d'autres ... La colère refit surface en elle. Comment avait-il pu ? Sans la réveiller, sans même laisser un mot sur l'oreiller, sans dire à Alia où il allait. Elle lâcha les rênes de Foudre qui resta stoïque à l'attendre. Un regard et il savait. Puis tel un chien de chasse, la brunette suivit les traces encore fraîches, sans faire de bruit. Il ne manquait plus qu'elle colle son nez sur l'immaculée et la ressemblance aurait été plus que saisissante. Elle avait appris avec le temps, à se faire discrète, dans la nature ou ailleurs. Et c'est ainsi qu'elle arriva, pas à pas, vers l'objet de sa vengeance. Planquée dans un buisson, elle l'observa quelques instants, manqua de se faire repérer lorsqu'une branche déversa sur lui, la neige accumulée, étouffant un gloussement, elle se mit à couvert. Après s'être ébroué, il s'accroupit et observa le spectacle qui se jouait sur le Lac. La princesse virevoltait sur l'eau gelée, avec une grâce dont elle seule, avait le secret.

Le voyant absorbé dans sa contemplation, elle scruta son visage, du moins ce qu'elle pouvait en apercevoir de sa cachette ... La lueur de ses yeux, ses pommettes rougies par le froid, sa barbe naissante ... Et ... Il n'avait ni couvre-chef, ni cache-nez !!!! L'infirmière qu'elle était, sentit ses poils se dresser tout droit, sur ses bras. Quelle inconscience, vraiment !!! Puisque c'était ainsi ... Elle amassa suffisamment de neige pour en faire une boule, esquissa un petit sourire moqueur et lorsqu'elle fut prête, se redressa légèrement et ...

*PAF*

Pleine tête ! Voilà ce que c'était que de sortir à moitié vêtu ! Il ne fallait pas se plaindre ... Elle se remit à couvert, préparant d'autres boules, qu'elle cala dans ses bras, avant de sortir de sa cachette, le bombardant tout en l'invectivant :

Vous n'êtes qu'un malotru, Monseigneur !!! Laisser votre pauvre épouse, au petit matin, sans un mot, comme le dernier des vauriens qui se soulage dans les lupanars de la capitale !

Elle l'avait pris par surprise et arrivait maintenant à sa hauteur alors qu'il se protégeait comme il pouvait de l'avalanche de boules de neige (Qu'elle lançait à peu près bien, pour une fois !), lui arrivant sur le coin de la tronche ! Les émeraudes luisaient de colère, pourtant sa voix n'avait pas augmenté en décibels. Mais la froideur qui s'en dégageait, signifiait bien des choses pour celui qui la connaissait ... Elle croisa les bras sur sa poitrine, hermétique à toute explication, alors qu'il tentait de "déneiger" son visage. Puis décréta :

Il vous faudra bien plus que des mots pour vous faire pardonner !

Les mots sonnaient faux, elle ne savait lui résister. Et le connaissant, il n'en resterait sûrement pas là, elle en était certaine ... Le Vicomte avait sa fierté tout de même !

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Victoria.d.alaya
La journée s'annonçait prometteuse, de beau temps et certainement de son lot de surprises. Vicky rouvrit les yeux et cligna des paupières une ou deux fois sous l'éclat du soleil sur la glace. Elle inspira un grand coup et s'élança. Ses bras firent quelques moulinets et la princesse se retrouva les quatre fers en l'air, enfin les deux lames de bois surtout, pestant comme un diable.

Ce n'est pas ce qui va m'arrêter ! Il suffit que je retrouve l'équilibre ....

Se relevant tant bien que mal, essayant de caler le bout des bottes contre le miroir de glace, elle épousseta ses vêtements de la neige qui lui collait et s'élança de nouveau. Ses pieds légèrement écartés, les bras en balancier, elle reprit peu à peu les réflexes qu'elle avait étant enfant.

Bientôt les glissades furent accompagnes de sauts, de pirouettes, d'écarts et de révérences. Son petit manteau de vison beige était cintré à sa taille et l'affinait délicieusement, tandis que les multiples jupons sous sa robe de lainage de même couleur virevoltaient dans les airs, laissant découvrir ses longues jambes fuselées recouvertes d'épais bas de soie blanche. Elle ressemblait à ses petites ballerines que l'on voyait à la cour italienne et qui divertissaient de leurs danses gracieuses les nobles et nantis lors de ballets grandioses.

Victoria s'arrêta un instant, les joues rosies par le froid, le souffle court, un petit bruit interpellant son oreille. Peut-être quelques lapins d'hiver au pelage tout blanc qui venaient folâtrer, à la recherche de quelques herbes tendres au pied des sapins. Son regard fit un tour d'horizon. C'était plutôt son "vendeur de légumes" personnel qu'elle espérait voir arriver. Elle avait tellement envie de lui montrer sa danse sur glace et l'entrainer avec elle, entendre son rire, voir ses yeux briller d'envie, sentir ses lèvres réchauffer les siennes ...

Avec un léger soupir, elle se remit à patiner sur une bonne longueur du lac. Il ne fallait pas qu'elle se refroidisse sinon ses muscles lui feraient mal et elle devrait rentrer à la maison. Sa course folle l'entraina derriere d'autres arbres, elle fit le tour d'un petit ilot gelé sur le lac et puis elle prit le sens inverse pour revenir à son point de départ, filant à toute vitesse tel un éclair.

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Locke
Le Vicomte était à l'aise dans son igloo de fortune. Sa soeur avait retrouver son équilibre et voir sa robe se refléter en rubans de couleur sur la surface gelée le ravissait. Il se passa une main sur une joue non rasée et sourit. Il leva la tête et admira les branches chargées de neiges. Comme l'hiver était appréciable lorsqu'un toit vous attendait. Pourtant, il y avait sur les routes une liberté différente. Locke rit doucement en songeant qu'il ne voudrait cependant jamais retourner à cette ancienne vie. Il se mordit la joue quand un projectile non identifié stoppa son rire avec une efficacité toute chirurgicale ... Faut dire qu'un PAF ... même floconneux dans la tronche dont une bonne partie dans le gosier ne ferait pas rire grand monde ... Il tenta de se relever en secouant la tête et recrachant la neige. Ses mains le débarbouillèrent et un moment il ne vit personne.

Y a quelqu'un ? ... demanda-t-il sans pourtant hausser la voix pour ne pas que sa soeur s'inquiète. Sa main gauche fila vers sa botte prête à saisir la dague qu'il y cachait à chaque fois ... Il allait répéter sa question quand re-PAF ... Heyy hoooo ... suivi d'une silhouette couverte de fourrure de la tête aux pied qui le mitrailla en l'invectivant ...

Vous n'êtes qu'un malotru, Monseigneur !!! Laisser votre pauvre épouse, au petit matin, sans un mot, comme le dernier des vauriens qui se soulage dans les lupanars de la capitale !

Elle n'y allait pas avec le dos de la louche la Vicomtesse ... Malotru ... Vaurien ... Lupanar ... Les mains devant lui dans un geste futile de protection, il essuya la rafale comme il peut, tête baissée, les mirettes closes et le cou dans les épaules ... Il réalisa un moment plus tard que les tirs avaient cessé et tenta une ouverture de paupière pour découvrir sa brune en colère, les bras croisés, droite comme un piquet qui le surplombait. Faut dire qu'elle en imposait son épouse vu d'en bas ... Bon la toque en peau de Dahut à poil ras ôtait un cran de crédibilité mais elle l'adorait ...D'accord c'est pas du dahut mais elle traînait cette toque depuis une éternité et elle ne ressemblait plus à grand chose ... Il la regarda, leva à nouveau une main et toussa pour se débarrasser des derniers éclats neigeux et sourit à demi :

Madame, voilà une embuscade menée de main de maître, je suis vaincu !

Toujours accroupi, il se tourna pour lui faire face et se redressa à demi pour sortir de son abri lentement avant de plonger vers sa brune , d'enlacer sa taille et de l'embarquer avec lui dans l'épaisse couche de poudreuse. Elle eût un hoquet de surprise avant de se tortiller comme une anguille pour lui échapper. Il la maintint tant bien que mal attrapant une poignée neigeuse qu'il dispersa et étala sur sa frimousse ... Elle allait à nouveau dire des horreurs ou crier. Il la bâillonna d'un baiser passionné avant de se reculer à peine en riant doucement et de murmurer :

J'ai pensé que c'était plus avisé que des mots mon ange ...

Il récidiva plus tendrement et sourit contre ses lèvres ... Je ne voulais pas t'inquiéter ... juste prendre l'air ... Il la libéra et s'agenouilla dans la neige, lui indiquant le lac d'un signe de tête en ajoutant à voix basse :

Regarde ... c'est presque aussi beau que notre soirée ... et regarde comme Vic a l'air heureuse ... je ne voulais pas la déranger non plus ...

Il sourit à nouveau à sa Vicomtesse, se releva, et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il tourna la tête et aperçut sa jument un peu plus loin. Puis revint à son épouse qui époussetait ses vêtements. il fit de même. Sa jeune soeur ne les avait pas remarqué et il en fut heureux. Ils allaient lui faire la surprise ... ou pas ... A moins que sa brune n'en avait pas fini avec son époux ...
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Sirwinston
Paris prit le billet que lui tendait Marinette et avant qu'il ait eu le temps de demander quelque explication, la petite servante rentra dans le manoir, le laissant là sur le perron.

- Bien, voyons voir quelle est cette nouvelle surprise ?...

Et il lut

Mon cher Amour,
Je suis partie au lac Vert pour la journée. Je vous réserve une petite surprise, rejoignez moi vite.
Votre Princesse.


Il sourit en lisant ses mots, repensant aux folles nuits, repensant à la vivacité de son esprit impertinent. Et d'ailleurs, en parlant d'impertinence ...

- Le lac Vert ... Nom de Zeus c'est bien joli mais c'est que je ne sais pas où se trouve ce lac Vert ? Comment faire ?Adorable provocatrice, tu veux donc me perdre dans ton pays. Eh bien allons y !

Replaçant les plis de son superbe présent de Noël - un kilt calédonien avec tous les accessoires, Paris sortit donc du parc du manoir par la grande porte qu'il connaissait bien maintenant et se trouva devant un premier choix : obliquer à droite ou à gauche. A gauche, la route suivait un dessin sinueux qui de toute façon ramenait à Chambéry sans qu'aucune route ou chemin ne lui rappelât la moindre indication vers un lac, fût il vert.
Il prit donc à droite, confiant son destin dans les mains d'Hermès, persuadé qu'il rencontrerait bien une bonne âme en chemin pour lui indiquer ce plan d'eau.
Et comme de fait, au bout de trois cents mètres, il vit une silhouette courbée avec un char à bras, occupée à transporter des planches en bois de diverses tailles.


- Oh là mon ami , hela Paris

En guise d'ami, Paris distingua les traits de ce qu'il croyait être une très vieille femme. Elle lui sourit, révélant des dents lui rappelant confusément les ruines d'un vieux château.
Paris lui fit une courte révérence


- bonzhor monchu y va't'y ? Vint diou, z'aurié t'y pas vu péter le loup sur la pierre en bois des fois ? dit elle en le voyant ainsi accoutré.

- Ah je ne saurai vous dire ma brave dame mais il ne me semble pas avoir vu de loup. Quant à une pierre en bois, voyez vous, je serai plutôt à la recherche d'un lac Vert. Sauriez vous où il se trouve ?

- Ah ces fichus agacins y m'font y mal aux pieds. La barotte est bien lourde, vous y pourriez m'aider. Je vous offrirai du bidoyon et un gorgeon. Y faut que je monte ça au mazot fit elle en montrant le contenu de la charette

Paris tentait tant bien que mal de déceler quelque chose de compréhensible dans tout ce patois. A grand peine. Autant que s'il avait dû comprendre un paysan du Ladakh lui chanter l'histoire du prince Sidharta.

- y m'fait de drôles de gobilles ce bagolu là tiens !

- Allez en avant pour vous aider ! répondit Paris, très à l'aise dans ce discours de sourd muet.

La vieille femme l'inondait d'expressions plus loufoques les unes que les autres : pendant qu'il remontait la charette à bras vers un petit chalet en ruine qui lui servait de débarras, il était question de bambouet, de couratier, de faroillon et de mogeon.

Une fois arrivé, il l'aida à décharger sa marchandise.

- Te voilà, vieille femme, libérée d'une corvée, j'en suis heureux pour toi. Pourrais tu me dire donc où se trouve ce lac vert ?

- il a t y pas envie de goûter au gorgeon ? Reste y ci, je m'en vas t'en chercher.

La vieille femme revint avec un improbable flacon et lui offrit la goutte. "Un fameux feu grégeois" se prit à penser Paris en sentant une bouffée de chaleur le déséquilibrer dangeureusement.

- Alors, vieille barjacque, y faut y encore t'avouaner pour venir travailler ? lança une voix de l'intérieur d'une des habitations qui jouxtait le débarras.

- Allez touchez y moi la main et ne soyez pas cul de polaille, monchu, lui fit la vieille. T'es un bon gars. Ton lac, tu suis la guidaule, évite le nant et longe le mollard. Gran aci !

Et elle le laissa là, rentrant précipitamment dans son chalet en ruine.

- Et bien je n'ai pas perdu mon temps car me voilà riche de quelques expressions singulières !

Paris redescendit par le chemin où il avait trouvé la vieille femme et porté par l'écho se plut à entendre un bruit très singulier, comme le raclement d'un tranchant sur la glace. Il se laissa guider par ce bruit très discret et suivant son chemin sur une demi lieue, fut saisi par le spectacle qui s'offrait à lui.

Entouré de conifères variés, majestueux et protecteurs, couverts de neige, un petit lac charmant était emprisonné dans la glace. Et sur cette glace il voyait évoluer, aérienne, une silhouette magnifique qu'il aurait pu reconnaître entre toute.


- Oh hééé Victoria héla-t-il tout à sa joie depuis le haut du chemin.
Victoria.d.alaya
Oh hééé Victoria !!!

Réflexe ! Oui, mais dans ce cas, le réflexe est mauvais. La tête pivota vivement, entraînant le joli buste dans une demi rotation, l'esprit s'envola au bout de ce chemin et l’équilibre qui avait mis tant de temps à être acquis disparu comme par enchantement.

La pirouette fut jolie mais sans nul doute douloureuse. Un délicieux papillon couleur crème s’éleva dans les airs, mais ne prit pas d'altitude et chuta sur le sol froid. Les quatre fers en l'air, Vicky émit un petit cri de douleur lorsque ses fesses touchèrent la glace dure.

La jeune fille tenta de se relever, ses bras firent quelques moulinets et son derrière retoucha terre aussitôt. Avec un soupir, et de façon très élégante, elle débarrassa son vêtement de la neige puis croisa les bras.


Cher ami ... Comptez vous presser le pas et venir me secourir ou dois-je seulement attendre le dégel de ce lac pour vous voir approcher ?

La voix était haut perchée, l’intonation suffisamment forte pour qu'il l'entende du chemin, avec cette petite touche de malice qu'il appréciait tant.

Il ne tarda pas à dévaler la sente pour venir à son aide. Vicky ne le quittait pas des yeux, tout ce qui comptait c’était sa présence, qu'ils puissent passer cette journée ensemble, qu'elle ne soit qu'a lui et à lui seul.

Ceci évidement, c’était sans savoir que les "lapins des neiges" auraient tôt fait de venir leur chercher des carottes sous la glace !

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Mini.
Il avait l'air malin le Vicomte, recouvert de neige. La Vicomtesse, quant à elle, était assez fière d'elle, un sourire narquois au coin des lèvres et un regard qui disait : « Alors ? On fait moins le malin là ! » Bizarrement, il reconnut être vaincu. Seulement, la brunette n'était pas dupe, elle sentait la riposte arrivée à grands pas, le seul hic, c'est qu'elle ne savait pas comment il allait s'y prendre. Frustrant ! Cependant, elle ne tarda pas à le savoir. Il se redressa et se jeta sur elle aussi sûrement que s'il voulait attraper la soule, autrement dit, il la plaqua sur l'immaculée, ne lui laissant aucune chance de s'échapper. Pourtant, têtue telle une bourrique, elle essaya tout de même mais les tentatives furent vaines. Son corps pesant sur le sien comme celui d'un éléphant ! En parlant d'éléphant d'ailleurs, son époux aurait dû rejoindre ceux de Chambéry, tiens ! Il était doué pour le plaquage pour sûr !

Lorsqu'on affirme que la vengeance est un plat qui se mange froid, Mini pouvait allègrement le confirmer lorsque son adorable époux (Mais pas là !) lui tartina le visage de neige aussi froide que les petons qu'elle lui collait sur le mollet, le soir pour se réchauffer sous les draps ! Et alors qu'elle s'apprêtait encore à vociférer, il lui ferma son clapet d'hystéro, d'un baiser. Tous les évènements depuis son réveil disparurent. Sa colère en premier lieu. Comment pouvait-elle lui tenir rigueur de quoi que ce soit après cela ? Elle devenait faible dès que ses lèvres s'imprimaient sur les siennes, c'était un fait ! Frustrant mais si délicieux. Toutefois, il s'excusa à demi-mot, pas si mal dans le fond. Elle sourit contre ses lèvres mais grogna de frustration lorsqu'il la relâcha. Leurs regards se tournèrent vers le Lac, observant une Victoria qui avait retrouvé sa gaieté par on ne savait quel sortilège, évoluant gracieusement (Si l'on exceptait les moulinets de ses bras et les chutes intempestives de ses miches sur la glace !). Ils en étaient là de leur contemplation lorsque soudain :

Oh hééé Victoria

Mini sourit en reconnaissant la voix de son cousin Paris, puis les emeraudes se tournèrent vers son époux qui lui, bizarrement, ne souriait plus. Mâchoire plutôt grinçante, regard plutôt glacial. La Vicomtesse posa une main qui se voulait réconfortante, sur le bras de son époux et le sentit tout crispé. Et pour cause, dès qu'un homme osait s'approcher de sa jeune soeur, il se sentait obligé de la protéger. On aurait dit l'un de ces dragons que Liam pourchassait à longueur de journée et qui crachait du feu à des lieues à la ronde. Imaginez un peu le carnage ! Elle lui chuchota :

L'oiseau ne tardera pas à s'envoler, mon ange. Fais lui confiance ...Ou pas !

Il restait les yeux rivés sur le Lac, fronçant les sourcils. L'avait-il seulement entendu ? Non, sûrement pas. Aussi décida-t-elle de vérifier :

Regarde, un éléphant rose dans le ciel !

Visage fermé, prunelles toujours rivées sur le Lac. Dieu du ciel ! N'allait-il pas écouter un peu ? Nan, sûrement pas. Seule comptait Victoria, à cet instant. La Vicomtesse eut un petit pincement au coeur, pourtant, elle ne saurait lui en vouloir de prendre soin de sa soeur. Elle poursuivit :

Tu sais, j'ai bien réfléchi, je veux divorcer.
Oui, très bonne idée !
Tu plaisantes ?
Non, non, les enfants seront ravis.


La Vicomtesse manqua d'en avaler sa vieille toque en dahue ! Désespérant. Elle poursuivit :

Je vais me jeter du pont de la cité, tu viens.
Oui, oui, je te rejoins.


De rage, sans même qu'il s'en aperçoive, elle fabriqua une boule de neige et la glissa dans l'encolure de son époux. Il gesticula dans tous les sens pour s'en débarasser et la mitrailla du regard :

Es-tu folle ?
Sûrement pas autant que toi qui veux divorcer et te jeter du pont de la cité !
J'ai jamais dit ça.
Bien sûr que si ! A l'instant !


Il eut un doute sur la véracité des propos de son épouse, puis maugréa dans la barbe qu'il n'avait pas. La Vicomtesse gloussa et ajouta finalement :

Allons-nous rester tapis ici jusqu'à la Saint Glinglin ?

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Sirwinston
La prestation du chevalier Paris sur ce lac ne manquait pas d'allure : le kilt flottant sous la vitesse, les mains dans le dos, Paris balançait d'un pied sur l'autre avec la grâce d'un aria de Monteverdi, comme porté par une nuée d'anges bien attentionnés. C'est que, tout héritier de la tradition des Héllènes qu'il était, il avait appris à s'exercer à cet art dans le Tessin, avec quelques contrebandiers et pourchassés par quelques reîtres impériaux. Les conditions étaient alors un peu plus dramatiques. Quoique ...

Un cri strident le surprit soudain et le déséquilibra en une pirouette de grand style, cul par dessus tête, le kilt prenant des libertés et révélant une partie de son anatomie puisqu'il était porté selon la coutume authentique.


- Il ne manquerait plus que la vieille bavarde m'observe depuis son chalet, se prit il à penser.

- Voulez vous bien vous retourner, chère amie ? Je sais bien que vous aimez mes exhibitions mais celle ci est totalement involontaire ...

Il se remit tant bien que mal, adopta une posture un peu plus présentable et fila vers elle.

- Allez, apprenez moi donc quelques pas, s'il vous plaît ... Votre idée est merveilleuse. Ce lac est de toute beauté et exalte mes sentiments ...
Locke
Les argentes Vicomtales virèrent du gris clair de cumulonimbus au gris orageux des tempêto-nimbus ...(oui bah je suis pas scientifique c'est juste pour vous donner l'idée alors pouet pouet d'abord ...) La journée qui s'annonçait si belle était en train de se gâcher à toute vitesse. Aussi rapidement que les couleurs du kilt qui venait de traverser son champ de vision sous le sourire béat de la jeune femme qui semblait s'extasier des prouesses Parisiennes.

Le Frère serrait les dents et les poings. Il aurait dû se douter d'un cheveux dans la soupe, sauf que là, y avait les cheveux, le kilt et tout le reste dans la marmite hein ... Son regard sentait la foudre, à tel point qu'il ne fit même pas attention à sa brune, se contentant de réponses mécaniques. La température de la journée baissait de la douceur au froid sibérien, aidé en cela par la boule de neige que sa ... charmante ... épouse lui fourra dans le col en lui parlant de divorce et de pont ???

Il se secoua les épaules et les neurones en posant sur sa brune un regard tout étonné :


-Es-tu folle ?
-Sûrement pas autant que toi qui veux divorcer et te jeter du pont de la cité !
-J'ai jamais dit ça.
-Bien sûr que si ! A l'instant !


Il marmonna entre sa mâchoire serrée ... même pô vrai d'abord ... avant de zyeuter à nouveau les deux tourtereaux. Il bondit sur place quand le damoiseau s'emmela les pinçeaux et vira kilt le premier sur la glace. Si la chute lui donna une fugace satisfaction, il découvrit même à distance que le vêtement ne couvrait pas l'anatomie du sieur :

Rhooooo mais c'est pas vrai hein ...

Il aurait voulu avoir le bras long ( genre go go gadgeto bras !!! ) ... pour masquer à sa soeur les attributs démasqués. Il eût un sourire glacial
en songeant aux rigueurs du froid ... Il fut pourtant rattraper par sa brune qui commençait à en avoir marre de jouer les plantes vertes dans la plaine.


Allons-nous rester tapis ici jusqu'à la Saint Glinglin ?

Sa main attrapa celle de sa moitié et il l'entraina vers les rives du lac :

Tu as raison, il est plus que temps d'intervenir...

Devant sa brune qui levait les yeux au ciel, il fit celui qui n'avait rien vu. Il savait bien que son épouse était plus que bienveillante avec sa soeur. Il grommela pour lui-même qu'il était vraiment temps de lui trouver un mari.

Pateaugeant dans la poudreuse, ils sortirent de l'orée du bois et un sourire mauvais sur le visage, fit de grand signe pour interpeller les deux zoziaux :


YOUHOUUUUUUUUUUUU !!! Viiiiiiiic ....

Comment ça il avait oublié le second zozial ... (oui, un zozial, des zoziaux) ... Pas du tout, du tout ... Mauvaiseté quand tu nous tiens ... Ah il allait briser la glace le Vicomte ... avec la tête du soupirant même ... La glace pouvait être fragile hein, et un accident ... si vite arrivé ..
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