--Gamine
Elle suivait Laura lorsqu'un homme les interpela, saluant la jeune femme et l'interrogeant sur la belle jeune fille. Sophie se retourna machinalement, ne pensant pas qu'on puisse parler d'elle ainsi, puis comprenant qu'il s'agissait d'elle, elle esquissa un sourire timide, sentant le feu lui monter aux joues. Il est vrai qu'elle avait bien grandit et que ses douze printemps avaient modifié pas mal de choses et notamment ses formes qu'elle avait de plus en plus de mal à cacher.
Antoine, je te présente Sophie. Sophie, je te présente le maire de Dié, Antoine de Navarre
Le maire en personne ! Elle s'inclina du mieux qu'elle put pour le saluer et les écouta parler. Laura avait hélas vu juste sur la situation de Sophie, mais le mot abandonnée pris alors tout son sens dans sa tête. Sa gorge se noua et elle ne put sortir le moindre mot pour dire ne serait-ce qu'au revoir au maire lorsqu'elles repartirent en direction de la ferme de Laura.
[Chez Laura]
Elle la suivait, faisant attention de ne pas s'étaler au sol, tant celui-ci glissait. Chemin de neige et de boue, véritable parcours du combattant pour qui est mal chaussé. Enfin un bâtiment se profile. Elles pénètrent dans l'étable, et elle lui demande de l'attendre là. Pour sûr, elle n'allait pas retourner dehors. Elle regarda les brebis tandis qu'à l'étage se faisaient entendre des bruits sourds. Quelques instants plus tard, Laura était à nouveau là, une cruche dans les mains. Elle la regarda faire, observant le moindre de ses gestes, se rappelant la traite des vaches de ses parents.
Sourire triste aux lèvres, elle la suivit à l'étage sans piper mot. Une douce chaleur envahit alors son corps gelé. Le poêle faisait son uvre et Sophie retrouva quelques couleurs. Elle prit le verre tendu.
Merci
Elle porta le verre à ses lèvres et bu quelques gorgées. Le goût était certes différent du lait de vache mais c'était agréable, et puis il était encore tout chaud, à peine sorti des mamelles, ce qui la réchauffa encore un peu plus. Dernière gorgée avalée, elle se lécha les babines et peaufina le tout d'un essuyage en règle d'un revers de manche.
C'était drôlement bon !
Les mots sortaient tout droit du coeur, et si elle n'avait pas eu un minimum d'éducation, elle en aurait volontiers redemandé, mais elle se contenta de sourire à Laura, jetant de brefs regards autour d'elle.