--Rose__
Rose avait trouvé refuge à l'étage comme à chaque fois qu'Il venait consommer "sa" chaire fraîche. Elle savait qu'elle perdait de l'argent à ne pas travailler ces soirs là mais qu'importe elle ne voulait ni le croiser, ni même le voir de loin ou simplement entendre sa voix. Rose s'occupait donc comme elle pouvait dans le dortoir, faisant quelques aller retour pour dégourdir ses jambes, un peu de rangement dans les affaires qui jonchées le sol et qu'elle pliait avant de les déposer sur le lit des propriétaires. Le ventre était noué comme à chaque fois qu'elle le savait présent à l'étage inférieur et elle tentait tant bien que mal de garder son calme malgré les mois passés.
Elle était belle avant, elle avait le sourire, la joie de vivre malgré sa condition. Elle était un peu comme Angélique en fait. Corps de sirène mais visage poupon, elle faisait plus jeune que son âge et avait été choisit un soir pour un nouveau client. Personne ne le connaissait, personne savait et ils étaient montés. La suite si elle ne pouvait déjà être pire, s'était transformée en véritable cauchemar pour cette beauté des enfers. Il lui restait encore des brides de souvenirs, son odeur à lui, sa voix, cette souffrance, ses larmes à elle alors quand les mauvais souvenirs revenaient trop elle se raccrochait le plus à l'entrée du rabatteur, à la gueulante qu'il avait poussé et surtout à ses bras qui l'avaient sortit de là, la serrant contre son torse pour l'emmener loin de cette chambre maudite. C'était peut être lui qui l'avait faite entrer dans la maison close mais c'était lui qui l'avait sauvé de là, comme il avait promit de toujours veiller sur les filles.
Son châle carmin sur les épaules, rouquine se rongeait l'ongle du pouce quand un fracas plus bas se fit entendre. Il y avait un problème ? Avec un client ? Une fille ? Les deux ? Ou à cause du curé ? Elle n'avait pas entendu de cris encore mais elle savait que désormais il bâillonnait alors peut être n'était-il pas la raison du bruit même si elle plaignait la pauvre fille qui devait se trouver avec lui.
Rose calma un peu sa respiration jusqu'à entendre la voix de Soare cette fois. Floare mică, ce n'était pas difficile de savoir qui il appelait mais pour que ce soit de cette façon c'est qu'il devait y avoir un sérieux problème.
La Flamboyante paniqua donc à son tour et descendit rapidement les escaliers pour arriver au premier. Soare n'avait quand même pas mit sa soeur entre ses pattes ? Lui ne l'aurait quand même pas prise de force ?! Les yeux effrayés, le souffle court elle se retrouva nez à nez avec le brun qui la chopa par la taille avant qu'elle ne fasse un pas de plus.
Il est encore là, remonte.
Mais ? Vio ? Elle est avec lui ?
Après c'qu'il t'a fait ? J'lui mettrais aucune de vous entre ses sales pattes.
Mais...en fait, j'pense que tu peux aller l'voir.
Soare !
Fais moi confiance, ça d'vrait t'plaire.
Un baiser lui fut déposer sur le front et elle le regarda partir chercher sa soeur avant de tourner les talons et de s'approcher de cette maudite chambre toujours réservée aux pratiques du pervers. Avec angoisse elle posa sa main sur la poignet et souffla longuement. "Fais mois confiance" lui avait-il dit, que cela pouvait-il signifier ? Le coeur battant la chamade et le ventre noué à l'extrême elle ouvrit la porte avant de découvrir avec stupeur le spectacle qui s'offrait à elle. Lui ligoté sur une chaise et deux rousses, l'une adulte, l'autre encore enfant et attachée. Mon dieu..mais quel âge pouvait-elle avoir ?! Le sang ne fit qu'un tour et les mordorés revinrent se poser sur le curé ensanglanté. Connard.
Je peux participer ?
Visage apeuré s'était transformé et toute la peur accumulée ces derniers mois venait de faire place à la haine à l'intérieur du corps de l'une de ses victimes. "Fais moi confiance, ça d'vrait t'plaire", oh oui elle ne pouvait que croire Soare maintenant.
*écrit avec accord du JD.
--Rose__
5 minutes lui étaient accordées et elle n'en voulait pas plus. En fait elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait faire si ce n'est le regarder crever comme un chien. Il l'avait possédé, violenté, il avait fait de cette nuit un enfer et elle en portait encore les marques que ce soit dans sa chaire ou dans sa tête.
Le châle sur ses épaules fut resserré comme pour construire une protection autour d'elle et ne pas le laisser briser ce qu'elle était entrain de reconstruire. Ce n'était pas si loin et il avait fallut un gros travail de son côté et la patience du rabatteur pour l'aider à remonter la pente et accepter de sortir, voir du monde et....se vendre à nouveau. Deux choses avaient cependant changé depuis ce fameux soir. La première c'est qu'elle avait toujours une arme non loin d'elle quand elle allait s'enfermer avec un client et la seconde c'est que désormais Soare restait planqué au premier étage notamment quand elle y était. Ce n'était pas simple mais il fallait bien se nourrir et ça passait pas ce travail qu'elle détestait.
La rousse inconnue alla rejoindre la gamine et Rose s'approcha du corps attaché. Les yeux piqués de doré se mêlaient de peur et de haine tant tout un tas d'émotions la traversaient à l'instant présent. Lentement elle attrapa un des jouets à sa portée et sans réfléchir elle le planta dans sa clavicule sans pour autant toucher l'aorte. La lame fut retirée d'un coup sec et se ficha ensuite entre deux côtes avant d'être tournée d'un quart de tour pour déchirer les chaires comme Corbeau lui avait apprit à faire.
Flamboyante s'arrêta là, laissa l'arme dans son corps et s'approcha des bougies posées sur la table. Il lui avait fait mal, lui avait déchiré les chaires et il l'avait brûlé. Rousse, femme et catin, le trio gagnant qui méritait apparemment les enfers et d'y être consumé. Les plus grosses mais aussi celles à la cire la plus liquide furent récupérées et la catin vint lentement verser le liquide brûlant sur le visage haït. Si elle devait porter ses traces jusqu'à la fin de sa vie, lui en aurait aussi et ce n'est pas ses hurlements sous les brûlures qui allaient la faire changer d'avis. Une dernière fut renversée sur ses yeux et elle s'arrêta.
Tremblante elle s'écarta ensuite presque dans un état second. Elle ne réalisait pas tout encore, le ferait sans doute demain mais en attendant si elle n'était pas totalement soulagée elle pourrait dormir plus tranquille en sachant que cette enflure ne ferait plus jamais de mal à une femme. Sans un regard pour la spadassin ni vers le lit où s'était réfugiée l'enfant, elle sortit de la chambre et remonta au dortoir. C'était finit, enfin.