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[RP] Injustice quand tu nous tiens

Tafar
La vision est différente quand on est plus près du sol. C’est ce que lui expliquait toujours son père alors qu’il était encore un enfant et qu’il apprenait à suivre une piste. S’accroupir, se pencher, humer, tout pour retrouver ne serait-ce qu’un détail, une trace, qui pourrait le mener à sa proie. Et aujourd’hui, il est un des limiers les plus efficaces, son paternel serait fier s’il avait eu le temps de le voir devenir aussi accompli. Beaucoup moins s’il savait que ses talents ne servaient pas qu’à chasser des animaux, mais surtout ses semblables…

Aux abords de la ville, le Pygmée est dissimulé à l’abri des regards, torse nu, en train de panser ses côtes abîmés. Mauvaise idée de chahuter avec des grands gabarits dont le tempérament explosif fait voler le mobilier autant que les hommes. Heureusement que la maréchaussée est venu le cueillir !
Un gémissement le fait se retourner, et Tafar tapote la tête de son molosse. Lui aussi aurait rendu fier sa tribu, toutes les caractéristiques qui leur manque concentrés dans une bête à l’endurance incroyable…


« Ce soir mon ami, je vais avoir besoin de toi. On doit retrouver les coffres pendant qu’ils s’occupent des prisonniers. »

Chacun ses priorités. L’ombre est le plus habile pour se glisser incognito dans les endroits les plus difficiles d’accès - grâce à sa taille ou sa technique, on ne le saura jamais- et ce soir, il doit réussir à entrer dans la salle des coffres que les anciens conseillers ont condamnés.
Doucement le cuir est reposé sur les épaules, le torse, les lacets resserrés à la hâte, avant d’enfourcher le meilleur ami de l’homme pour s’élancer dans les ruelles.

Vision d’horreur sans doute pour tous les pauvres berrichons qui l’ont croisé cette nuit-là : Un nain noir surmontant un dogue allemand gigantesque tout aussi noir mais avec la bave aux lèvres et les muscles bandés à fond pour courir à toute allure vers la Sénéchaussée. Pas compliqué de la trouver, même sans Färäs, il aurait pu, il n’y a qu’à suivre les cris…


Entre ceux qui gueulent sur les roux, sur les châteaux, ceux qui hurlent à la gloire du Berry mort, et ceux qui vocifèrent qu’ils vont tout raser… Pour sûr, c’est assez agité pour que le molosse soit balancé dans le tas en grognant pour aller faucher un pauvre garde qui passait par là. Histoire de lui faire mouiller ses chausses en montrant des canines dignes des plus grands prédateurs pendant que son cavalier s’éclipse d’une roulade vers les salles cachées.

On pourrait vous expliquer comment il en est arrivé là le Batwa, à savoir crocheter des serrures, piller des mairies, assassiner des gens, mais ça serait une trop longue histoire et on n’est pas là pour ça, parce qu’au moment où la porte s’ouvre en grinçant, horreur et stupeur le saisisse et lui en font tomber les outils au sol.


« TOUT EST VIDE BORDEL ! »

Quand on vous disait que tout le monde beuglait… Bah, il a beau avoir un petit corps, des côtes abîmés, les poumons sont encore assez puissant pour faire savoir sa découverte à tous ses petits copains qui sont en train de fouiller à droite à gauche pour découvrir les lieux, ou en train de trouver comment mettre à sac les geôles pour libérer les compagnons enlevés en pleine nuit.

Tafar scrute le moindre coffre, longeant le moindre mur à la recherche d’un interstice pouvant dévoiler un trou quelconque, un passage secret qui aurait permis aux lâches de vider les caisses d’un duché entier en une nuit sans qu’aucun d’entre eux ne puissent rien voir… Rien. Aucun indice.
Alors l’ombre s’assied sur un coffre encore fermé -sans doute le seul dans lequel reste quelques écus - en plongeant son regard dans une des torches accrochées au mur.
La flamme vacille devant ses yeux autant que son esprit s’agite, perturbé s’il en est par la disparition du butin. Non pas qu’il s’en soucie, l’argent il n’en a cure, mais les circonstances lui rappellent de mauvais souvenirs : les vieilles histoires du chaman sur les hommes qui peuvent prendre le contrôle des ombres ou influer sur les rêves pour faire des choses incroyables.


« Il faut tout brûler. Tout réduire en cendre pour les empêcher de recommencer… »

D’abord les mots sont murmurés tout bas. Puis petit à petit, alors que l’idée fait son nid sous son crâne, le mantra se répète, de plus en plus fort. Et le gnome saute sur ses jambes pour escalader souplement un fauteuil et décrocher la torche qui l’a hypnotisé… Avant de déguerpir dans les corridors, dague dans une main, torche enflammée dans l’autre et le chien/cheval arrivant à ses trousses, il se met à hurler à qui veut l’entendre :

« FOUTEZ LE FEU ! BRÛLEZ TOUT !! Y A PLUS RIEN À SAUVER ! FAUT TOUT RECONSTRUIRE !! BRÛLONS LE CHÂTEAU ! BRÛLONS LES MAIRIES ! BRÛLONS LE DUC ! BRÛLONS LE DUCHÉ !»

Peut être que le géant angevin a touché la tête et pas seulement les côtes… A moins que ça soit les séquelles de la choppe que lui a envoyé sa compagne rousse à la tête… Ou tout simplement le fait de côtoyer tous ces hystériques qui a fini par le contaminer… Toujours est-il qu’ici et là, les torches passent de main en main pour préparer la flambée purificatrice.
Andhara_velvet


Depuis le temps qu'elle entendait parler des problèmes actuels au château, il fallait qu'elle aille voir par elle-même.
Elle était venu à cheval pour gagner du temps mais avait pris soin de laisser Nacre dans la foret. Son fougueux alezan blanc avait suffisamment de mauvaises habitudes pour qu'elle ne soit pas inquiète qu'on le lui prenne. Généralement il mordait sans crier gare et, en tant que cheval de guerre, il était capable d'attaquer quiconque essaierait de se l'approprier car seule sa maîtresse pouvait l'approcher sans risque.

De fait, elle continua le chemin à pied, tignasse rousse coiffée en tresse sous la capuche de sa cape longue brune. Comme souvent, elle était habillée de noir et avait pris une épée courte avec elle en cas de problème, pendant à sa hanche gauche.
Pour le reste de ses capacités de défenses, elle avait toujours ce qu'il fallait, bien caché aux endroits stratégiques.

Elle s'immisça en ville et commença à percevoir le tumulte des brigands et mercenaires responsables des troubles énoncés.
Longeant les murs, discrète comme elle savait le faire, elle se faufila, ne souhaitait pas prendre part au remue ménage et s''insinua davantage au cœur de l'action. Elle finit par se positionner, légèrement à l'écart, à l'abri dans l'ombre d'un encadrement de porte un peu profond, surplombé de colombages. On aurait dit la porte d'une taverne mais elle était fermée. Et pour cause. les propriétaires avaient sûrement dû tout boucler en voyant ce qu'il se passait dehors.

La scène était étrange. Des gens couraient, d'autres gueulaient. Une femme était apparemment dans une cage à corbeau au dessus de tout ce bordel sans nom et criait à qui voulait l'entendre de la libérer.
Autre chose d'étrange lui fit un lever un sourcil sous sa capuche ; un chien géant et noir qui servait de monture à un… nain ?
Décidément, elle aurait tout vu ! C'était le bordel, y avait pas à en douter. Et le nain de crier de tout brûler. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec le feu ? Bon c'est vrai que menacer de tout noyer, la menace aurait été plus laborieuse à mettre à exécution.

Bien que la rousse ait elle-même pratiqué l'incendie volontaire, notamment pour les cloîtres, elle n'était pas toujours à l'aise avec l'idée du bûcher, surtout pour les gens. Elle avait trop entendu ce genre de promesses à son encontre.

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