Montparnasse.
- [A l'enfumé - Huit clos exclusivement masculin]
Montparnasse est le premier à atteindre les lieux mais il est talloné de près par les autres. La voix d'Étienne claque dans l'air, celle de Jehan gronde, emplie de haine, l'inconnu semble vouloir le raisonner quand à son allié il se range de l'autre côté. Seul. Il l'est. Il l'a toujours été de toute façon. Mais ce n'est pas ce sentiment de solitude pesante qui l'accable face à ces regards haineux qui se posent sur lui, non c'est ce sentiment d'être pris au piège dans un lieu bien trop étroit pour accueillir autant de monde. Claustrophobie exacerbée depuis un séjour prolongé dans une cellule trop étroite qui a mené à une pendaison raté et à un enterrement douteux. Gout de terre lui revient en bouche tandis qu'il écoute de loin le dialogue se faire. Son crime est avoué avant qu'il ne puisse le faire, tandis qu'à reculons Galant cherche dans son dos la poignée de la porte dérobée pour pouvoir fuir encore. Il sent déjà l'air se raréfier et les parfums de la salle accentuent se sentiment d'étouffer. Ce sentiment qui n'existe que dans sa tête mais qu'il est incapable de combattre. Son souffle devient rauque et son teint plus pâle encore. Il n'arrive pas à réfléchir correctement. Tout comme il a du mal à s'exprimer. Il devient spectateurs de sa propre exécution alors qu'il devrait en être l'acteur principal. Face à cette phobie grandissante, la fierté est ravalé autant que son sourire. Et si cela peut passer pour un repentit pour son crime, il n'en est rien. Regarde se pose sur chacun d'eux tandis qu'un dernier moment de lucidité traverse son esprit. Il se sent partir, étourdi par sa peur, aussi il reflechit vite. Dehors il aura de l'air mais dehors il n'aura pas de garde fou. Et si fuir hors de l'établissement pour ne pas causer de scandale était sa première idée, c'est ce même soucis de ne pas attisé les foules qui pourrait le garder en vie. Car il n'a vraiment pas l'intention de mourir deux fois cette année. Dehors Jehan lui ferait la peau. Il n'en doute pas, et si ce n'est pas lui se seront les gardes. La prison est bien plus anxiogène pour lui que l'enfumé. Ici, il va se faire défoncer. Il le sait. Mais il a plus de chance d'échapper à la mort. Il a également plus de chance de s'évanouir avant que ça ne deviennent trop douloureux. Il a déjà subit la vendetta italienne pour un crime similaire. Il est près à subir celle d'un Angevin.
Regard se pose sur Dacien qui lui indique la sortie. Il secoue légèrement la tête et lâche la poignée de l'issue qu'il tenait pourtant dans la main et il s'avance au milieu du salon. Menton se lève regard est fier, seul ses jambes ne sont pas aussi stable qu'il le voudrait quand étoile noir se dessine déjà dans son regard. Sa peur des espaces clos sera surement pris pour la peur d'affronter le géant, mais qu'importe. Il soignera sa fierté blessé un autre jour. Et au dialogue qui se déroule devant lui, il n'a la force de répondre qu'à une seule question.
- Il dit vrai... oui.
Mots sont hachés, entrecoupé quand son souffle se fait cahotique. Il ferme un instant les yeux pour ne pas céder à la panique qui le gagne. Malgré sa tenue légère, il sent la sueur glisser sur sa nuque avant qu'il ne fascille et tombe à genoux sur le tapis moelleux haletant pour chercher l'air, mains porté à son torax.
Pathétique. Voilà comment il doit paraître au yeux de cette foule qui lui vole son air quand faiblesse devient visible de tous. Ironie de la situation ne sera pas relevée quand on sait que c'est par ce même moyen de suffocation qu'il s'est offert le corps de la rousse.
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