Misan
Misan n'aimait pas particulièrement se faire du mal : ce n'était donc pas de son plein gré qu'il créchait aujourd'hui en plein Paris, entre la fange et le bruit. Certaines façades de la basilique de Saint-Denis, aussi crevées que les souverains qu'elles abritaient, suppliaient pour du requinquage de l'extrême. Les écclesiastiques avaient donc mené une savante prospection et trouvé, d'un bout à l'autre du Royaume, les meilleurs maçons de leur génération. Et, sans se vanter, Misan Dedieu en était, de cette fine fleur des bâtisseurs.
La capitale, cependant, n'était pas dépourvue de bons arguments. Lorsque le jour tombant mettait un terme à l'activité des travailleurs les possibilités de distractions n'avaient de limites que l'imagination et la tolérance à la boisson. Les tavernes se succédaient comme les verres d'absinthe et les maisons de jeu baisaient moult fortunes avant que l'aube se pointe.
En parlant de baise...
Ah, les putains parisiennes !
Quand on pensait avoir tout vu en matière de sexe rémunéré, Paris surprenait encore. La diversité des corps disponibles, l'étendue des pratiques envisageables, le charme insolent des filles forgées par le despotisme de la ville !
Dedieu n'avait pas pris le temps, jusqu'alors, de jouir des grivois services que les ruelles exposaient, parant leurs façades du rouge coulant des lèvres, du débordant des corsages. Les premières obscurités le trouvaient généralement fourbu de sa douzaine d'heures de besogne mais, ce soir, le fantôme de sa femme le hantait avec trop de cruauté pour confronter seul, face à son lit de sapin, la rudesse de ses souvenirs.
Soumis aux désirs de sa déambulation, le toulousain ne fut guère long à fouler les pavés de la rue de Grenelle. La lumière rougeoyante l'attira comme un vulgaire phylactère venu se cramer les ailes aux lueurs de sa perte. La porte poussée, il apparut évident que cet établissement n'est pas à la portée de sa bourse de tailleur journalier. Tant pis : il consommerait à crédit. Le malheur ne saurait souffrir résistance à ses revendications.
Du tapis et, pis encore, un fond musical : tout indiquait que l'entrant allait sévèrement raquer. Après avoir refilé besace et mantel au portier en faction, le comptoir eut ses premières faveurs, ainsi qu'un godet d'hydromel et une pipe savamment embrasée. Le regard surmonté des hirsutes sourcils eut tôt fait de flirter avec ceux des courtisanes campées non loin, aguicheuses, provocantes. Celle qui put se targuer d'une oeillade attentive ne le regardait pas (encore), cependant. C'était une petite chose où se mêlaient la rouille et le blanc. Si délicatement gracieuse, malgré l'esquisse de quelques courbes, qu'il semblait évident qu'elle se briserait sous le calleux de ses paluches. Ah, il fallait la voir, pliant la finesse de son échine vers une de ses ternes congénères, la chevelure en voile orangé ! Et ce nez béni d'éphélides mignonnes, cette bouche à s'en damner de gourmandise...laissait-elle seulement ses clients l'embrasser, cette terrible bouche ?
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Ban by JD Eldearde.
Merci.
La capitale, cependant, n'était pas dépourvue de bons arguments. Lorsque le jour tombant mettait un terme à l'activité des travailleurs les possibilités de distractions n'avaient de limites que l'imagination et la tolérance à la boisson. Les tavernes se succédaient comme les verres d'absinthe et les maisons de jeu baisaient moult fortunes avant que l'aube se pointe.
En parlant de baise...
Ah, les putains parisiennes !
Quand on pensait avoir tout vu en matière de sexe rémunéré, Paris surprenait encore. La diversité des corps disponibles, l'étendue des pratiques envisageables, le charme insolent des filles forgées par le despotisme de la ville !
Dedieu n'avait pas pris le temps, jusqu'alors, de jouir des grivois services que les ruelles exposaient, parant leurs façades du rouge coulant des lèvres, du débordant des corsages. Les premières obscurités le trouvaient généralement fourbu de sa douzaine d'heures de besogne mais, ce soir, le fantôme de sa femme le hantait avec trop de cruauté pour confronter seul, face à son lit de sapin, la rudesse de ses souvenirs.
Soumis aux désirs de sa déambulation, le toulousain ne fut guère long à fouler les pavés de la rue de Grenelle. La lumière rougeoyante l'attira comme un vulgaire phylactère venu se cramer les ailes aux lueurs de sa perte. La porte poussée, il apparut évident que cet établissement n'est pas à la portée de sa bourse de tailleur journalier. Tant pis : il consommerait à crédit. Le malheur ne saurait souffrir résistance à ses revendications.
Du tapis et, pis encore, un fond musical : tout indiquait que l'entrant allait sévèrement raquer. Après avoir refilé besace et mantel au portier en faction, le comptoir eut ses premières faveurs, ainsi qu'un godet d'hydromel et une pipe savamment embrasée. Le regard surmonté des hirsutes sourcils eut tôt fait de flirter avec ceux des courtisanes campées non loin, aguicheuses, provocantes. Celle qui put se targuer d'une oeillade attentive ne le regardait pas (encore), cependant. C'était une petite chose où se mêlaient la rouille et le blanc. Si délicatement gracieuse, malgré l'esquisse de quelques courbes, qu'il semblait évident qu'elle se briserait sous le calleux de ses paluches. Ah, il fallait la voir, pliant la finesse de son échine vers une de ses ternes congénères, la chevelure en voile orangé ! Et ce nez béni d'éphélides mignonnes, cette bouche à s'en damner de gourmandise...laissait-elle seulement ses clients l'embrasser, cette terrible bouche ?
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Merci.