Correspondance d'une Vanité au Parfum d'Abricot

Lylie,

J'estime avoir quelques devoirs, envers toi. Ceux que l'on a envers une ancienne amante. Ceux que l'on a envers une femme avec qui l'on a côtoyé les abîmes, ou l'on y a plongé. Avec délectation souvent, avec horreur parfois.


Je pars. Montpellier n'a plus rien à m'offrir. Cette ville corrompt tout, gâche tout. J'espère que tu sauras en partir avant que tu ne sois atteinte de cette gangrène, toi aussi.

Mon destin se tracera désormais au hasard des champs de bataille valaques, pour l'heure.
Les mots semblent vains, absurdes. Que dire à une femme que j'ai aimé, si sottement que je mets des mots sur un non-dit une fois qu'il s'écrit au passé ?

Rien, sans doute. Pas grand-chose n'a de sens. Je me sentais simplement le devoir de t'écrire ces mots. De mettre un terme à ce jeu auquel nous jouons depuis des mois, quand je portais un autre nom. Honnèteté nécessaire.


Je te ferai porter, avant de partir à l'est, les clés de l'Abyssale. Fais-en ce que tu souhaites. Maison de passe, demeure, ou bûcher. L'homme qui t'es attaché recevra une solde plus que confortablement, et continuera à te protéger. Garde-le, je te prie. Il a plus de valeur que le bijou que tu portes, peut-être, à ta ceinture.

Je garderai toujours de Montpellier le souvenir d'une peau de pêche, au parfum d'abricot.


Kriev.

Vladimir,

Si je n'ai pas pris la peine de répondre à tes anciennes missives, ou bien à celle que m'a envoyé, Marie-Clémence, je vais le faire pour celle-ci.

Sache d'abord, que je t'en veux.
D'être parti sans mot dire, qui plus est avec une femme, ta soumise en apprentissage pour finalement, préférer une princesse. Je n'ai pas l'idiotie de croire que tu voulais mieux en te détournant de mes charmes ou bien que votre complicité était notre. Non, je sais ce que je vaux et la nature de mon poison insufflé à ta gorge et à ton palpitant.
De m'avoir laissé à Montpellier avec la réputation d'être la « Putain de Vladimir ». Car oui, cela m'a collé à la peau quelques semaines et mois durant, effrayant et reboutant quelques clients.
De m'avoir fait perdre un client au lupanar. Que tu ais osé, sous entendre des choses à Montpellier est une chose, que clients s'en soit offusqués en est une autre. Mais, à l'Aphrodite, clientèle est plus raffinée, plus distinguée, plus aisée également et l'on attend de moi, une prestation. Un art de séduction que tu as, si habilement, mis à mal en te comportant comme un rustre. Tu as brisé, une confidence, une intimité que j'étais en train d'instaurer avec mon client.

Pour Montpellier,
Cette ville est à part, je le conçois, mais elle jouit d'une réputation sulfureuse, qui attire hommes et femmes avides de chair, de plaisir et de vices. Un gagne pain facile pour une courtisane de ma trempe, quand bien même, certains ne feraient pas la différence entre une chèvre qu'ils prendraient, une libertine et une courtisane de ma qualité. Mais, il y a toutefois de bonnes rencontres. Toi, Lyanéa, Terry, Nev, Moyra, Minah, Denehys en faites partie. Certaines ont été plus éphémères que d'autres, mais là, n'est pas la question.

La ville est privée de tes hommes de main, hormis celui que Lyanéa a jugé bon de me laisser pour assurer ma protection. Lyanea craint quelque part le retour du bâton, ta vengeance. A en croire tes mots, cela n'arrivera donc pas. Peut être, pourrais-je la soulager de cette appréhension. Vous auriez pu pourtant régner à deux sur Montpellier, en faire, votre ville franche, votre ville libre de tout dessein et corruption politique.

Pour ce qui est de nous,
Je ne saurai dire quelle était la nature de notre relation. Mais je garderai de toi, ce bijoux à la cheville, ce bain que tu m'as offert après mon agression, tes larmes essuyées d'un revers de main lorsque tu m'offrais ton âme, tes soupirs envieux et ton regard avide lorsque je t'ai offert un aperçu de mon vice.

Peut être serions nous amenés à nous croiser...

Vladimir,

Je me tourne vers toi pour obtenir quelques informations, à dire vrai, toutes celles que tu pourrais me donner sur Rogacien et ses hommes.

Plus le temps passe et plus le regard sur cette cicatrice me pèse. Monstre doivent payer, lui aussi.

Ton amie, ton ancienne amante, ton ancien amour.

Lylie.

Lylie,

Les informations sont rares, trop. De ce que j'en sais, c'est un groupe de reitres à la solde d'un type qui a visiblement une très bonne situation, et qui comptais paasser du côté louche des affaires.

Je n'ai pas son nom.


Malgré tout, une promesse est une promesse, en Flandres comme à Montpellier. Je serai à tes côtés pour cela.


Kriev.

Vladirmir,

Merci pour ces informations, bien qu'elles soient plus maigres que celles fournies par Lyanéa.

Quant à ta promesse, Vladimir, je ne peux l'accepter. Tu ne me dois rien. Tu m'as déjà sauvé la vie une fois, cela me suffit.

Je me débrouillerai autrement.

Je te souhaite une bonne continuation et te rends ton bracelet. Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi, si cela est encore le cas. Ni même que tu reviennes dans cette ville putride, que tu as fuit pour un avenir meilleur.

Adieu.

[Joint avec le pli, un ruban parfumé. Odeur suave et fruité d'une courtisane.]

Cher Misan,

Il n'est pas dans mes habitudes d'écrire à un de mes clients, mais j'ose, cette audace.
Plus encore, me poser et rédiger cette missive dans cette même alcôve où nous avons partagé corps et soupirs.

Je ne sais encore quel sentiment ou désir guide ma plume. Simplement, mots souhaitaient se poser et vous être adressés.

Vers où voyagez-vous, Misan ?

.

Douce Lylie,

Quelle surprise, quelle réjouissante surprise que celle de ta lettre.
Permets moi cette question : d'où te vient cette audace, belle enfant ?
Sache qu'il est fort grisant de t'imaginer faire couler l'encre en l'endroit où coulèrent bien d'autres de nos fluides.

Je te fais réponse : Limoges et ses alentours seront mon pied-à-terre pour les semaines à venir. Je réalise là bas la rénovation d'un vieil édifice. Jusqu'alors en mon Albi natale, je rejoins tout juste Tulle.
Paris me trouvera sous peu. Prépare toi.

Misan.

Cher Misan,

Il faut croire que l'audace vient à ce plaisir que vous avez su m'accorder, quand bien des clients s'y dérobent. Ou peut être, à cette à autre chose, que je peine à définir, peut être, un intérêt non feint.

Limoges donc, pour quelques semaines. J'entends.
Sachez que j'ai une boutique à Montpellier mais également un appartement où je réalise quelques passes lorsque je m'éloigne de la clientèle de Paris.

Je serai donc ravie de vous retrouver, plus encore, de me perdre à travers quelques ébats.

Lylie,

Si le plaisir que tu pris lors de notre prime entrevue est à l'origine de ta délicieuse audace, je m'appliquerai à t'en donner plus encore si prochaine rencontre il y a. Alors, tu oseras tout.

J'ajoute donc incontinent Montpellier à la liste des lieux où il est primordial que je me rende. Il me plairait de t'y revoir, pour une nuit comme pour une bière - bien que la perspective de partager ta couche soit absolument grisante, je dois le confesser. Sache juste que ta paire d'incroyables fesses n'est pas la seule à exercer quelque charme sur moi.

Par pitié, tutoie moi.
Misan

Misan,

Je vous. Je t'informe que je prends la route d'ici quelques jours pour découvrir le Royaume. Je ne suis jamais sortie de Paris et de Montpellier. J'ose espérer y faire quelques rencontres agréables.

Ainsi, peut être vais-je prendre la route de Limoges. Après tout, je sais que cette ville est votre, ta destination..Peut être pourrais-je ainsi profiter de ta compagnie.

Cela serait la première fois que je me rendrais, de moi-même, retrouver un client quite à affronter les chemins..à pieds. Diable, que le luxe d'une voiture va me manquer !

.

Lylie,

Où es-tu, belle enfant ? Rapproches-tu ton corps délicieux à chacun de tes pas ? Combien de nuits, encore, avant pouvoir t'en offrir une aussi blanche que toi ?
Tu n'imagines pas l'impitoyable dureté de mon impatience.

Dois-je voir dans ce détour par les pâturages limousins l'indice, aussi ténu soit-il, d'un quelconque besoin pécunier ? Il te suffit, alors, de demander : nulles cuisses à venir écarter.

Gaffe où tu mets ton gracile peton,

Misan

Misan,

Je suis actuellement à un jour de Rodez. Sur les chemins..
J'ai trouvé une escorte auprès d'un confrère. Mais je crains qu'il ne soit homme à inspirer une véritable confiance. Pour t'en décrire le vice, le prix de l'escorte n'est autre que ma compagnie.
Il transpire quelque chose de malsain...Mais je reste agréable de crainte d'être plantée là, sur les chemins quand je ne sais me débrouiller par moi-même hors d'un lupanar. Et puis, je préfère dans mon malheur, être l'obligée d'un brigand qui me doit sa protection plutôt que de croiser d'autres hommes peu scrupuleux qui pourraient être moins cléments.

Conserve donc cette roideur, cher amant car je me ferai une joie d'en profiter et plus encore, d'en éteindre le feu.

Et ôte de ta tempe, l'idée que mon attrait pour toi n'est que financier. Sache qu'il est d'ailleurs rare que je me déplace, de moi-même, pour retrouver un client.
J'ai d'avantage l'habitude d'être sollicitée par certains que de arpenter les chemins pour en retrouver un seul.

Prépare donc ta langue et tes doigts si habiles...Car je crois que mes chairs auront besoin de tes talents comme..de tes coups de reins qui m'ont donné tant de plaisir.

.

Mon Oncle,

N'est-ce pas ambiguë de vous appeler ainsi quand vous avez déjà, goûté la saveur de ms charmes ? Cela à un arrière goût de vice malsain.

Je tenais à vous informer que j'envisageais de quitter Montpellier pour quelques déboires à travers le Royaume. Ma boutique sera fermée ainsi que mon appartement de passe pour un temps. On m'a parlé de Limoges mais j'ignore si je saurai trouver une clientèle aussi, avide, que celle de Montpellier....

Avez-vous trouvé un client que vous aimeriez que je charme pour obtenir quelques informations que seule, l'oreiller et mes charmes pourraient obtenir ?

Sans mission, je crains de m'ennuyer quelque peu. Après tout, l'ambiance à Montpellier s'est apaisée.

Votre Informatrice,
.

Nièce,

Gardez ces précisions pour la vive voix. Cependant, maintenant que vous avez lancé le sujet, dois-je vous rappeler que vous êtes une jeune femme appelant au vice?

Je suis à Limoges en ce moment même si vous souhaitez venir. Il n'y a pas la même clientèle, certes, mais j'espérais mieux de votre part que les grouillots sans délicatesse de Montpellier. Votre minois et votre charme devrait être utilisé à vous ouvrir des portes plus dorées que celle des bouges de cette ville infâme aux moeurs animales.

Votre service n'est cependant pas nécessaire pour ma part en ce moment, j'ai moult autre affaire à régler qui ne demande pas votre effort. Cependant, j'y réfléchirai, Limoges présente l'avantage d'être une ville grouillante de vie, et de noble vie en plus de cela.

Charles.

Oncle,

Ainsi donc vous aussi êtes à Limoges. Je comptais m'y rendre pour y retrouver l'un de mes clients. En ce cas, je serai ravie de faire une pierre deux coups.

Je vais demander à l'un de mes confrères du lupanar, Montparnasse pour faire le trajet avec lui, en espérant qu'il accepte de se rendre à Limoges. Si cela n'est point le cas, je veillerai à trouver une escorte.

J'ai déjà eu mon lot de déboire, je ne tiens pas à me faire agresser. Il ne faudrait pas que le manque de délicatesse de certains habitants de Montpellier, ne me soit rappelé à travers les bosquets du royaume.

J'espère profiter de votre compagnie, mon Oncle. Et puis, si mon corps appel au vice, peut être accepteriez vous d'y succomber quelques nuits.

Mon Amant,

Je vous informe que je vais quitter Montpellier pour quelques aventures à travers le Royaume. Seriez-vous intéressé par mes services, Jean ?

Ou bien, vous en êtes vous lassé ? Cela est impossible, mais vous m'aviez avoué être fou. Alors, pareille hérésie serait, possible, pour un esprit corrompu.

.

Lyanéa,

Je me permets de t'écrire pour te signaler que Vlad' ne compte plus revenir à Montpellier. Il me l'a écrit.

Je crois qu'il est lassé par cette ville..Et qu'il a d'autres projets, loin de cette population.Je préfère t'en faire part, pour soulager un peu ton esprit, d'une vengeance que tu penses être encore d'actualité.

Tu peux régner seule sur Montpellier, avec tes filles. D'ailleurs, je t'annonce que je suis également partie, pour quelques temps je pense. Je me dirige vers Limoges, sous une escorte..malheureuse, je le crains.

Lyanea,

Je me tourne vers toi pour obtenir quelques informations, à dire vrai, toutes celles que tu pourrais me donner sur Rogacien et ses hommes.

Plus le temps passe et plus le regard sur cette cicatrice me pèse. Monstre doivent payer, lui aussi.

.

Mon amie,

Ta volonté me plait autant qu'elle m'inquiète. Pourquoi doit elle poindre quand tu es loin de moi et de la sécurité que mes filles et moi peuvent te procurer ? Ne veux tu pas attendre ton retour à Montpellier, que je puisse au moins me battre à tes côtés ?

Quant aux informations que tu me demandes, je n'ai malheureusement pas grande matière pour te répondre. L'homme est discret, ou du moins sait l'être. Tout ce que je sais, c'est qu'il ne ressemble...à rien. Aucune des filles que j'ai pu interroger n'a été capable de me fournir une description précise. Il est cependant doté de moyens plus grands que les miens, pourtant déjà considérables. Ses hommes sont, pour la plupart, aussi insaisissables que lui, et le peu que nous arrivons à trouver préfère mourir que lâcher la moindre information. Ils sont bien équipés et vêtus. Et surtout dangereux. J'ai perdu quelques filles, à leur faire la chasse.
Je pense que Rogacien est issu d'une des familles nobles les plus influentes de Montpellier. Il est aussi probable que ses ambitions dépassent des murs de la ville, maintenant qu'il a pris le contrôle de la plupart des activités que Vladimir a abandonnées.

Voilà tout ce que je peux te dire, pour l'instant. Je continue de fouiller, néanmoins. Je ne m'arrêterai que quand je verrai les entrailles de ce porc s'amonceler à ses pieds.

Prends soin de toi, ma chère amie. J'aurais horeur qu'il t'arrive quelque chose, quand je ne suis pas là pour panser tes plaies et t'entourer de mon affection.

Le plus chaleureusement du monde,

Lyanea.

Sorcière,

J'ai un dénomé Ludry qui m'a précisé venir à Limoges pour m'y retrouver, de ta part.
Est-ce vrai ?

Vu que je suis actuellement à la recherche de Rogacien et ses sbires, j'aurai préféré m'assurer de cette venue amicale.

.

Mon amie,

Ludry a bien été engagé par mes soins. Faute de ne pouvoir être à tes côtés pour t'aider et veiller sur toi comme je l'aimerais, il est mon seul moyen de pouvoir, ne serait ce qu'un peu, participer à ta sécurité.
Tu n'as pas idée d'à quel point elle me tient à coeur.

J'espère, de plus, qu'il saura te distraire. Il m'a amusée.

Chaleureusement,

Lyanea.

Lyanea,

Nous avons été racketté. Je n'ai plus rien..hormis ce que l'on a daigné me laisser dessus et mon journal.

Tu le payes combien ton homme ? Car il me semble un peu...moyen. Nous étions trois..et l'agresseur, seul. Je crois même que c'était une femme...

Nous reprenons la route quand nous aurons quelques vivres en stock.

Lylie.

Lylie,

J'avoue me trouver bien stupide. J'étais sûre qu'il se montrerait à la hauteur de mes attentes. Au temps pour moi, j'éviterai de telles erreurs de jugement, à l'avenir.

Reviens moi, mon amie. Corps et âme vulpins me manquent, et je serai bien plus sereine de te savoir à mes côtés. Nous traquerons le monstre ensemble, et nous le mettrons à bas toutes les deux.
Rouge Gorge et mes filles sont en route pour Guéret. Allez y les attendre, et joignez vous à elles. Elles y seront dans deux jours, en route pour Nevers. Ensuite, vous me rejoindrez tous, et nous rentrerons ensemble à la maison.

Cela de convient il ?

Lylie,

La Trémouille à peine dépassée, je viens aux nouvelles d'un bout de vélin plus anxieux que je ne puis décemment l'avouer.
Limoges a-t-elle encore tes faveurs ? Quid du dégénéré si pressé de te rencontrer ? Es-tu en sécurité ? A l'abri ?
Chaque pas est coupable de de t'éloigner de moi quand les menaces semblent, dans ta direction, accourir. Rassure-moi. Mais sans mentir.

Affectueusement,
Misan Dedieu

Misan,

Il s'agit d'un homme, envoyé par Lyanéa visiblement. Je lui ai demandé confirmation.
Pour ne pas te mentir, j'ai décidé de retrouver mes agresseurs de Montpellier pour espérer, comme d'autres, que justice soit rendue et que mes nuits soient plus douces.

Rares sont les personnes en compagnie de qui mes nuits furent délicates et privées de maux. Et je dois apprendre à ne point dépendre des hommes.

Ne t'inquiète pas pour moi, Misan. Je ferai cette traque avec l'homme de Lyanea, peut être même avec elle et ses amazones. Au moins, je ne serai pas seule et vulnérable. Je sais ces hommes dangereux et je ne tiens pas à les affronter sans être préparée.

J'ai mis des années pour préparer ma liberté. Je prendrai le temps qu'il faut pour mettre fin aux sévices de cet homme et ces hommes. Je ne supporterai que mieux cette cicatrice. Que mieux l'idée qu'ils ne tortureront pas une autre femme.

.

Lylie,

J'imagine que, comme pour toutes les âmes qui ont la vengeances au coeur, tenter de te détourner de pareille mission serait chose bien vaine. Qui suis-je, d'ailleurs, pour ouvrir ma grande jappe à ce douloureux sujet ? Pourquoi t'imposerais-je ma protection alors que je ne puis t'offrir tout le reste ? Si j'avais pu accorder quelque réciprocité à tes touchantes inclinations sans doute ne songerais-tu pas à de telles extrémités et à de telles solutions.

Ne te méprends pas : il me serait indécemment jouissif d'envoyer ces raclures de bidet bouffer du pissenlit par la racine, et ce même si leur seul méfait avait été de t'effleurer un tif sans ton consentement dûment formulé. Mais je ne sais me résoudre à t'imaginer, toi le parangon de délicatesse, la mort dans le regard et le sang aux mains.
Je me résigne cependant en admettant que tout être a sa putain de route à tracer et que tu te dois, seule, en choisir le dessin, les virages et les courbes.

Je ne peux qu'espérer que tu trouveras pour cela bonne compagnie (autre que celle du guignol encapuchonné) et courage renouvelé.
Emmène moi du bout de la plume, s'il te plaît.
J'aime ta cicatrice.

Misan

Misan, 

Peut être que vengeance aurait pu se dissiper, si j'avais eu d'autres projets. En cela, je ne saurai mentir. Mais ne voit pas dans ces propos, l'esquisse d'une culpabilité. Au contraire. Je suis plutôt rassurée de savoir que mon palpitant fonctionne et qu'il est capable d'outre passer ce que l'on m'a si durement enseigné.

Si j'ai déjà eu un amant, je n'avais pour lui que de l'affection. Il m'aimait et si je pensais chose réciproque, je réalise que je m'étais fourvoyée. Je restais à cette époque, encore maître de tout émoi. Je te sais éprise de ta défunte femme et malgré cela, j'ai ressenti cet amas de sensations, de frissons et d'apaisement.

Je ne regrette ni d'être venue de te voir, ni ces mots qui semblaient ceux d'une rupture quand pourtant, ils n'avaient pas leur place tant je fus seule à éprouver cela et que je demeurais une courtisane fautive. Je te remercie pour cela Misan.

Cette rencontre m'aura permis de réaliser que j'étais capable de m'enticher, d'éprouver ce qui m'est interdit. 

Quant à cette vengeance, je crois qu'elle tient de ce que j'ai pu voir ces derniers jours lorsque Montparnasse a été puni de ses crimes. Je me suis alors dit, que ces gens là, devaient se sentir mieux, comme repus d'une ivresse, d'un apaisement qu'il me tarde alors, de découvrir. 

Je ne compte pas y aller sans préparation, ni même sans escorte. Lyanea m'a confirmé qu'il s'agissait d'un homme de main qu'elle a mis à ma disposition pour s'assurer que je vais bien.

Cela fait chaud au coeur, d'être ainsi, soutenue et protégée dans ce monde que je découvre et qui me semble bien hostile envers la pute que je suis. Voyage donc l'esprit serein et léger, car je ne prendrai pas de risques inutiles.
Je sais ces hommes dangereux et en cela, je ne peux être que plus avisée et prudente dans les choix que je ferai. Je ne peux nier que l'erreur est propre à l'Homme et que je peux donc en commettre, mais si tel est le cas, j'aurai fait ce qui me semblait juste.
J'aurai affronté ce en quoi je crois. 

Je t'emporte avec moi, Misan et te conduirait à travers mes pas sur ces sentiers que j'emprunterai avec appréhension mais conviction. Quant à savoir si je serai capable de tuer, je l'ignore. Je ne m'en sens pas capable à dire vrai et je crains de ne devenir comme eux, si je verse le sang. 

Avec toute ma tendresse, 
Mais aussi avec ce zeste de perversité et d'espièglerie,

.

Misan,

Je crois que les gens du monde extérieur, appelle cela, "la sainte boulasse". J'ai été brigandée et ce, avec l'escorte de l'encapuchonné.

Je n'ai plus rien, hormis ce que l'on a daigné laisser sur moi. Hm. Je crois qu'il va me falloir reconsidérer ma vengeance, surtout avec pareille escorte. Je crains que cela ne soit guère prudent.

Je fais donc une petite pause à Bourganeuf, le temps de soigner mes quelques blessures, très légères et de jouer de mes charmes pour regagner quelques écus. Fort heureusement, le plus gros de ma fortune est à Montpellier.

Si je reste...optimiste, je dirai qu'il s'agit de mon premier brigandage et que je suis en vie. De même, je n'ai pas finit violée. Une chance que l'agresseur, soit une femme..Surement.

Oui, il n'a pas su me protéger d'une femme..Tu lis bien. J'aurai été plus en sécurité entre tes larges paluches.

Ha il peut parler de lui à la troisième personne pour se donner du style..Mais..J'ai vu ce que cela, vallait ! Bougre de..non de non ! Non di diou !

Tendrement,
Lylie, fraîchement..pauvre.

Lylie,

Mon inutilité me désespère. Que n'ai-je été là pour, à défaut de te protéger, y mettre cependant toutes mes forces. Je ne crois pas au hasard et je ne peux m'empêcher de songer que, peut-être, il n'est pas totalement extravagant de voir en ce fâcheux brigandage un signe du Très-Haut t'engageant à repousser un temps la mise à exécution de ta vengeance.

La perspective de pouvoir un jour t'apprendre sexuellement abusée éveille en moi une rage inconvenante que je ne me connaissais pas. Cela ne peut être, l'univers ne le permettrait pas. Je t'engage, non, je te prie de trouver meilleure sentinelle, à même d'empêcher absolument la survenance d'un tel drame. Ma première intuition concernant ce garde de pacotille n'était donc pas totalement irraisonnée.

Refais toi une santé. Le reste, on s'en fout.
Affectueusement,

Misan

Misan,

Je rentre à Montpellier. S'il n'a pas su me protéger d'une femme, quand bien même brigande, je ne tiens pas à affronter l'un des sbires avec lui.

Ne t'inquiète donc pas pour la suite. Le chemin devrait se faire sans encombre et quand bien même, je n'ai rien d'autre de valeur sur moi.

Je retrouverai ma boutique, mes activités et Lyanea et ses amazones pour monter, doucement, cette vengeance avec ces filles.

Il est temps pour moi de retrouver ce que je sais faire de mieux, en attendant que meilleur ne s'offre un jour à moi. Je continuerai d'écrire mon journal et apprendrai de la vie et de ces pensées confuses.

Si jamais tu passes à Montpellier et souhaite profiter de mes services, sache que j'en serai honorée.

Je te souhaite de bien t'occuper de ton amie et espère qu'il ne t'arrivera rien.

Lylie.

Lylie,

Ta missive ressemble à une lettre d'adieux.
Tu rentres donc ? Je le comprends bien. Les paysages connus, les petits rituels quotidiens, les habitudes plus ou moins bonnes viennent vite à manquer. Je te souhaite la meilleure des routes et si, par malheur, on en venait de nouveau à te faire du mal, je te prie de recueillir un nom ou toute autre spécifité qui puisse me permettre de retrouver ce ou ces fils de iench.

Trois jours d'Anjou. Trois jours de solitude.
L'amie réjointe en urgence n'est point ici et je dois dire que, de plus en plus, je m'interroge sur les raisons de ma présence en ce Duché désespérément vide.

Pense à moi, parfois.

Misan,

Loin de moi le désir de te faire des adieux quand ta présence, seule, me manque. Limoges aura su éveiller en moi cette naïveté et ce sentiment agréable quand bien même, suis-je la seule à en être touchée.


Si tu te retrouves seul, peut être que l'urgence n'était pas si pressante. Peut être est-ce départ précipité pour retrouver une amie en détresse qui m'a invité à rédiger cette missive sur le ton d'un au-revoir. Une pointe de jalousie. Chose dont je me croyais dépourvue et pour cause, je ne m'inquiétais de personne et n'avait ni dans ce bordel, ni à Montpellier de réelles inquiétudes à avoir. Retrouver les habitudes me permettra surtout de retrouver mes réflexes sains et cette ligne de conduite que je n'aurai pas dû trahir. Une pause pour retrouver ce que l'on m'a enseigné et ce que je sais faire de mieux. Sans échec. Sans râteau ? Haha.


Je pense à toi, Misan. Puisses-tu venir à Montpellier que je puisse te prouver que je suis douée et que cette faute, était unique.


Affectueusement.
Lylie.

Misan,

Tout se passe bien ?
Je m'inquiète de ce silence.

Lylie.

Sansnom,

Le mal m'a fauché à Saumur, quelle plaie : je me trouve si malade qu'il m'est malaisé de tenir bien longtemps la plume. Néanmoins ne t'en fais pas, cette petite chierie sera vite passée et le jeûne ne peut m'être que bénéfique, moi qui voyais croitre la bidoche à bière.

Je t'envoie plus long billet quand je ne risquerai pas de le tacher de vomi séché. Cependant, parle moi de toi. Tu es à Montpellier ?
Je t'embrasse,

Misan

Misan,

Sans Nom ? Diable, quelle idée de m'appeler ainsi..La maladie te ronge, c'est évident.

Je suis peinée de te savoir souffrant. Qui l'eut cru, la bière n'est donc pas un remède contre les maux de ce monde. Je tombe sous le choc. Fort heureusement, tu ne peux voir mon sourire taquin lorsque je rédige cette missive.

Nous avons fait une halte vers Nevers, deposer une amie de Lyanea. Je reprends la route demain pour Montpellier, avec l'encapuchonné, sa femme et son enfant. Oui, il est père..Qui l'eut cru.

Le pauvre n'a de cesse de m'écouter, moi et mes maux. Il voit la vie plus simplement et je me dis qu'il a peut être raison, il ne tient qu'à moi de vouloir une vie simple pour qu'elle le soit. Je vais peut être laissé ce journal de côté, quelques temps. Depuis que je l'ai pris, depuis que j'ai décidé de me confronter à ces pages blanches, à mon reflet, j'ai réalise que tout était trouble et confus. Trop de questions auxquelles je n'ai eu, que peu de réponse. Tu as pu en écouter quelques unes et en créer d'autres.

Montpellier me permettra de retrouver un peu de simplicité. Je ferai ce que je sais faire. Plus de questions, de doutes, tout sera alors limpide.

Je dois avouer que ton silence m'a fait imaginer des choses peu agréable, comme l'esquisse d'un rejet. Je suis donc soulagée de voir que cela est dû à un mal. Même si c'est quelque peu, tordu, de l'avouer ainsi. La maladie t'excuse donc, pour cette fois ! Tu es donc prié de te remettre pour m'offrir une missive plus conséquente.

Si tu es souffrant peut être pourras-tu accepter ce présent. Il s'agit d'un sachet de quelques herbes que tu as aimé fumer au lupanar. Tu en as déjà testé la qualité et si tu souffres ou peine à t'endormir, peut être que cela pourra te soulager.

Lylie.

Renarde,

Si je ne me trompe pas, vous partez de Nevers aujourd'hui.
A l'origine, le plan était de nous rejoindre sur la route de Montpellier et de descendre toutes ensemble. Mais il y a eu quelques imprévus. Un seul, en réalité. Et non des moindres. La mort de Leyah précipite certaines choses, et je vais très certainement avoir une mission à réaliser pour le compte de ma Reyne à moi.
Je suis donc coincée à Dole encore une bonne semaine, avant de devoir sans doute descendre jusqu'en Auvergne.
Tu as donc le choix, mon amie. Rejoins moi, et goûte à la tranquilité des terres jurasiennes, avant de retrouver l'effervescence montpelliéraine. Ou, si tu es pressée, détache toi du groupe à la prochaine étape, avec Ludry, et redescendez directement. Vous en aurez pour une petite dizaine de jours.

J'aimerais t'avoir à mes côtés, , parce que tu me manques, beaucoup, et que j'aimerais pouvoir veiller sur toi moi même. Mais tu es entièrement libre, ma très chère.
Que choisis tu ?

Chauds baisers,

Lyanea.

Mon Amie,

Je vais prendre la route pour Montpellier. Je suis perdue, crois-moi et plus je sens la sincérité de ton amitié et tout ce que tu fais pour que j'aillle bien et plus je fuis. Je fuis..comme à chaque fois car c'est plus simple ainsi..Quand je souffre d'une solitude qui me ronge la poitrine.

J'ai décidé d'écrire un journal intime et c'est, je crois, la pire et la meilleure idée que j'ai eu. Plus j'écris face à ses pages blanches, plus je réalise que la vie est compliquée et que je le suis d'avantage.

Le pauvre Ludry m'écoute. Rien que pour ça, je pourrai moi-même le payer car, il n'a de cesse de m'écouter. Je le plains..

J'ai rompu tout contact avec Vladimir. Je me suis éprise d'un homme inacessible et aimant une défunte épouse. J'attends des missives de lui, quand je sais cela, malsain. Cet entichement n'est pas réciproque. Pire, il est allé rejoindre une amie en détresse. Et je n'ai plus de nouvelles. L'escorte avec Montparnasse a été douloureuse car j'ai réalisé que je pouvais ne pas plaire, pire, qu'il m'a baisé comme si n'étais qu'une chèvre...Les mots ont été assez durs, cruels pour me remettre en question..

J'ai besoin de retrouver Montpellier, juste pour souffler. Juste pour retrouver quelque chose de simple. Le tapin, que je sais faire. Mettre mon cerveau en pause quand il n'a de cesse d'éclater.

Je n'ai pas d'ami Lyanea, du moins, je n'en avais pas. Mais je suis ravie de t'avoir, comme..amie..Crois-moi...Mieux vaut en avoir qu'une, sincère..Que plusieurs qui ne sont que du vent..que des amants.

Lylie.

Lylie.

Tu me sais franche. Je le suis naturellement, et ce n'est pas parce que j'aime que je vais me taire, tu me connais. Aussi vais je te le dire :

Tu fais une erreur.

Retourner tapiner à Montpellier te changera les idées ? Vraiment ? Alors que, visiblement, c'est à cause de ton métier, et de ce qu'il a fait de toi, que te perds autant, en ce moment ? Montparnasse a t-il blessé Lylie ? Ou s'en est il pris à Blanche ?
Je ne te proposais rien de moins qu'un écrin où tu pourrais, sereinement, prendre le temps de te trouver. Sans craindre le moindre jugement.

Mais je comprends aussi ce besoin de retrouver quelque chose de connu. C'est confortable. Et c'est aussi ainsi que je conçois l'amitié. Laisser les gens partir, quand ils le veulent. Peu importe ce qu'on en pense.

Je te souhaite de trouver le repos que tu cherches, et serai toujours là, si tu as besoin.

Prends soin de toi, surtout. Vu que tu ne me laisses pas le faire, tu n'as pas le choix.

Bonne route.

Ly.

Mon amie,

Tu sais viser juste, je le crains. Je n'ai pas été très courageuse en préférant la fuite et le confort à cette incertitude et ces questionnements qui m'usent.
Si tu savais, j'ai de la peine pour Ludry qui n'a de cesse de m'écouter..Moi et mes interrogations. Et je n'aime pas être ainsi, en complète réflexion, quand pour certains, tout semble si limpide, facile, évident.

Nous partageons l'horreur toi et moi et nous sommes rencontrées dans ces bas fonds à Montpellier. Est-ce pour cela que nous réfléchissons ? Trop...Ou est-ce cette horreur qui nous a rendu si brisée, si complexe à comprendre même pour nous même..

Quant à savoir s'il a blessé Lylie ou Blanche, je te dirai qu'il y a bien des mois que je n'utilise plus le masque de Blanche. Je me sens complète dans le stupre. Même si je cherche encore à savoir ce que j'aime, moi..ou ce que l'on a appris à aimer pour eux.

Je vais rentrer. Oui, j'ai tort et tu le sais. Je le sais moi aussi, même Ludry en est persuadé. Mais la fuite est salvatrice en cet instant.

Je te ferai lire mon journal, Lyanea. Peut être, comprendras-tu pourquoi je suis à ce point, couarde.

Ton amie.

Tu me manques.

Lylie.

Messire, ou Mon Père..

J'ignore quel est l'usage. Je me présente, Lylie, une courtisane.
J'ai ouïe dire que vous écoutiez les gens en confessions mais j'ignore si cela est possible pour les femmes de ma condition. Si l'Eglise est apte à tout entendre. Si vous, l'êtes.

Je suis perdue et mon esprit est troublé par diverses pensées, incohérentes, usantes. Des souvenirs qui me sont cachés et qui dans mes songes, se réveillent, à moitié.

Je ne suis pas une femme qui a su conserver la Foy mais, je me dis qu'un homme qui écoute à longeur de temps des vices, des maux et des péchés, pourrait être l'oreille qui me faut.

Pourrais-je vous rencontrer....Ou bien, échanger ainsi. Les deux me vonts.

Une âme perdue.

Lylie.

Ma fille,

Je peux tout à fait écouter vos confessions, ou bien les lire. Tous les êtres qui demandent à parler au Seigneur le peuvent. Quels que soient leur passé ou leur chemin de vie.

Dites moi ce qui vous convient le mieux...

Dieu vous garde

Hadrien Dangely

Mon père,

Je prends la route pour Montpellier où j'officie lorsque je ne suis pas à la capitale.
J'ai acquis depuis peu, un livre qui me sert de journal intime et où je pose mes idées.
Mais plus j'avance dans ce monde que je ne connais pas, pour avoir vécu mes années dans un lupanar, plus je suis perdue et mes pensées sont confuses, chaotiques.

Aussi, je ne serai pas où commencer..Ma seule certitude ai que j'ai besoin d'ordre dans ce trouble, d'une ligne conductrice, d'une écoute..Je n'ai ni père, ni mère pour veiller sur moi et m'enseigner cela. Alors, peut être, pourriez-vous aiguillier une..demoiselle perdue.

Dites moi ce qui vous convient. Je m'adapterai.

Lylie.