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[RP] La Hase - une éducation Cerbère

Cixi_apollonia



"Je crois que vous y êtes allée un peu fort, Baronne..."




    Chateau de Longny-au-Perche
    Demeure de Samsa Treiscan.



Longny est comme un vieux bijou dans un écrin. De hautes collines l'enferment de toutes parts et le dérobent à la vue ; de quelque côté qu'on y arrive, on ne peut l'apercevoir que du sommet des collines qui le bordent. Le bourg , peuplé de bâtis typiquement percherons est traversé par trois rivières. L'élevage et les cultures en font un endroit de campagne moins animé que les rues d'Alençon. Le Château et ses créneaux, desquels elle observe la répartition des terres, est à l'image de Cerbère.

Ceint d'une armure épaisse de murailles aux bases solides. Un pont-levis tendant la main à qui en a besoin, sur des fossés profonds où personne ne souhaiterai tomber. Le logis des gardes est calme à cette heure, de la fumée atteste des premières activités des domestiques aux cuisines et à la forge.

C'est le premier jour. Les bottes de cuir fendent les marches de pierre, non sans une certaine appréhension mêlée d'excitation.

Et si Cerbère la trouvait Mauvaise?

Certes, Apollonia avait brillé lors de sa première bataille, lorsqu'elles s'étaient rencontrées. Tout deux du corps cavalier. L'une d'une expérience d'airain. L'autre découvrant au coeur du sujet la première guerre de sa vie.
Treize ans. Elle avait treize ans.

Mais le temps avait passé. Le temps en mer, les exils à l'étranger et les dommages collatéraux avaient abîmé l'adolescente. Désormais en passe d'être femme, longiligne Leffe avait poussé non sans mal.

L'élève passe par le passage menant à la haute cour, sous une seconde porte équipée d'une herse. Il fallait explorer l'endroit où elle allait désormais passer la plupart de son temps calme. Lorsqu'elle ne serait pas sur les routes avec Samsa.
Leffe salue les gardes privilégiés résidant dans cet endroit là du castel d'un pudique mouvement de menton, dépasse un puits couvert, et fait arrêt devant un rectangle de sable servant de terrain d'entrainement hétéroclite, face au fier et austère donjon.

C'est le premier jour. La Baronne sera sans doute à l'heure. On ne se construit pas une réputation de Cerbère en flânant au lit. Cela, Leffe l'a bien compris. Elle a plus d'un quart d'heure d'avance.

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Samsa
    "Couché tard levé matin,
    C'est pas ça qui fait du bien.
    De l'eau fraîche et du pain vieux,
    Ça ne rend pas vigoureux."
    (Malicorne - Couché tard, levé matin)


Sauf que Cerbère dort encore. Son travail, qu'il soit pour la Couronne ou le duché, la maintient éveillée jusque tard dans la nuit. C'est un temps que Samsa sait apprécier à sa juste valeur ; quand, sinon, entendrait-elle le silence ? Quand verrait-elle les étoiles ? Quand pourrait-elle, sereinement, regarder derrière elle le chemin parcouru, et prendre les bonnes décisions pour celui à venir ? Sa vie est un combat et toutes les batailles ont été précédées d'un temps de stratégie, suivies d'un temps d'ajustement. Samsa n'aimait donc pas le matin. Déjà parce que si elle était debout le matin, elle avait forcément peu dormi, mais aussi parce qu'elle était une femme d'action que la lenteur des gens au matin agaçait.

Néanmoins, Samsa n'est que trop rarement en retard pour l'être cette fois-là.

Les cloches de l'église, à côté du château, sonnent l'heure presque au moment où la Baronne s'extirpe de l'austère donjon de Longny-au-Perche. Ici, très peu sourissent. Il y règne une rigueur peu naturelle, qui n'est pas encore rentrée dans les mœurs, que Samsa exerce avec force. Elle avait pris Longny-au-Perche au sérieux. Très au sérieux. Trop au sérieux, sans doute. Tout devait aller au pas et en ligne droite. Les sentinelles pouvaient bien boire et jouer aux cartes toute la nuit si ça leur chantait mais elles savaient, au lendemain, qu'elles devaient prendre leur quart et assurer leur garde. Cerbère n'était pas une tyran ; les choses devaient simplement être à leur place, surtout quand ça touchait ses terres.

La barrière délimitant le terrain de sable est escaladée -la flemme d'emprunter la porte- et Samsa invite de la main son élève à en faire autant. La Baronne porte son tabard en damier noir et bleu bordé de jaune, fleur de lys dorée à la poitrine gauche et en plus grande dans le dos, sur sa chemise grise et cotte de mailles. Gantelets de combat habillent ses mains, l'épée bâtarde décore sa hanche gauche et son bouclier est sanglé à l'épaule du même côté. Dans un coin de ce qui sera leur arène, des épées en bois de taille et de poids différents, à côté de quelques boucliers.


-Saluté pardi. Prête ?

Ce matin, je veux voir comment tu te bats à pieds té. On ira aux armes en bois parce que je veux que ce soit un vrai combat, mais je ne veux ni perdre ma tête, ni faire sauter la tienne. Tu peux prendre un bouclier aussi, si tu le désires.


Ah bah ouais, oh. Samsa sourit en retirant la ceinture qui retient fourreau et épée et se dirige vers les épées. Elle échange celle de fer contre une en bois, quasiment semblable ; bâtarde. Toujours en deux exemplaires pour ne pénaliser ni l'une ni l'autre des combattantes, se trouvent aussi, épées bâtardes mise à part, des épées courtes, fauchons et épées longues. Toutes sont en bois. Bien plus tard, peut-être Cixi préfèrera-t-elle les armes plus élancées comme les hallebardes ou les lances, mais il faut commencer par le commencement. Abandonnés, aussi, les gantelets de combat, pour un peu plus d'équité. Sur la main gauche, une longue cicatrice est révélée : partant du dos de la main, elle passe entre le pouce et l'index pour se terminer à l'opposé de la paume. Difficile de croire qu'elle daterait d'une guerre -la façon dont elle aurait été réalisée reste en tout cas étrange.
Cerbère fait quelques pas dans le sable pour venir se placer. Aux abords des barrières, deux petites filles rousses de sept ans sont venues assister au spectacle. Les gardes déjà en poste sur les remparts jettent des coups d’œil intéressés, tâchant que leur indiscrétion passe inaperçue. Le combat se sera pas tout à fait égal : Samsa a une cotte de mailles, plus lourde, Cixi ne semble pas en avoir, plus légère. Samsa est plus forte, Cixi sans doute plus agile. Aucun combat n'est égal mais Cerbère se l'impose : il sera loyal.


-En garde.

Un peu plus de côté que la position classiquement vue et apprise, la Baronne a une façon singulière de se tenir, mais Cixi avait été prévenue : Samsa ne se bat pas à l'école classique. Ni dans aucune de façon pleine et entière. Elle tient son épée à une main, l'autre libre, comme négligée, abandonnée, alors qu'elle pourrait tenir ce bouclier sanglé à son épaule. Son jeu de jambe, l'élève s'en apercevra si elle l'a oublié, est jugé mauvais car relativement statique. On ne change pas sa nature, et Samsa est un modèle très ancré dans la terre.

-Allez pardi.

Les hostilités peuvent commencer et c'est à la Hase que Cerbère laisse l'honneur de les débuter. Pour le premier round, proie sera chasseuse. De toute façon, la Combattante Treiscan a bien l'intention de l'emporter, quelque soit son rôle, mais point trop rapidement si l'occasion lui est donnée : elle doit d'abord voir comment se bat Cixi, comprendre son fonctionnement non pas en tant qu'adversaire mais en tant que maître d'armes.
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Cixi_apollonia
      Cixi cogne contre son épaule à plusieurs reprises.

      - ... Hhgn!... M'ménagez pas!

      Hase semble en colère. Fechter grommelle et se redresse, usant de l'avantage de la force pour se libérer puis, dans un geste un peu rapide essaie de l'attraper par le cou pour la plaquer au sol. Elle tend le cou, fin comme celui d'un lièvre, et envoie le genou


      - Ik ben geen kind! (*Je ne suis pas un enfant!)

      Elle n'a pas le dessus pour autant, bien entendu. Heurte copieusement le sol. Mal au cul.
      Siegfried Fechter accuse le coup en lâchant un bruit rauque puis referme sa poigne sur son cou et la désigne du doigt. Il a mal, mais essaie de passer outre.


      - J'essaie... De t'apprendre des trucs. J'te traite pas... Comme une gamine...

      Siegfried Fechter parle par à-coup, il a mal ouais. Les yeux un peu écarquillés.


      - Hit!
      ( * Frappez!)

      Cixi reste raide, immobilisée . La cage thoracique se balance rapidement, naseaux grondants. Elle le fixe. Est-elle furieuse? Putain. Frappe, Lansquenet. Tu ne comprends pas que j'veux garder quelque chose de toi, là bas? Siegfried Fechter plisse le nez, lisant dans son regard qu'elle veux se battre, est-ce une expression d'une peur inavouée qu'il lit ? Autre chose ? Il l'ignore et la relâche pour se reculer.


      - Allez, si tu veux danser.

      Il se mets en garde, clairement plus sérieux qu'a l'accoutumée. Sa carrure impressionne. D'un seul geste, il pourrait la broyer. D'un seul mouvement, lui fendre le crâne. Frêle Hase de colère.


      - On va danser.

      La Hase se redresse et essuie une écume imaginaire.



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Aux premiers bruits de bottes, l'attention s'est relevée vers le passage de l'église. Et l'apparition de Samsa redresse imperceptiblement la colonne vertébrale de la Leffe. Quelque chose que la baronne n'imagine pas se joue à cet instant là. Une cruciale remise à zéro. Une brûlure nécessaire. Elle la regarde attentivement. Sa démarche. Les mouvements de son corps sur la terre sablonneuse. La façon de s'alléger de son arme. La Hase la salue, est silencieuse. Intimidée, pas. Mais silencieuse, et profondément consciente qu'il faudrait désapprendre, d'abord. Avant d'aller de l'avant. Animal rétif marqué par la première personne qui l'avait modelée durant le court et éternel laps de temps d'une guerre. Celle où elle avait rencontré aussi Treiscan.

- Prête.

Le sourire est capté d'un oeil peu habitué. Là d'où elle vient, l'on sourit peu. Celui qui lui avait appris ses premières passes d'armes en lui faisant bouffer la terre souriait peu aussi. Choisir de tourner la page brutale qu'avait été Fechter, première fracture silencieuse bien que moins vive, avec la bonhomie bienveillante de Treiscan, qu'était-ce? Un choix de raison? Une façon de revenir à sa propre féminité, peut-être. Qui aurait le plus de difficultés? Celle qui découvrirait les réflexes façonnés par l'Autre, ou celle qui s'appliquerait à les oublier?

L'épée de bois est saisie de la main nue. La main gantée elle, reste pour le moment sagement dans son dos. Une main faible est une main inutile et compromettante. Il fallait apprendre à s'en passer du mieux possible. Et ne pas l'exposer. Les guèdes ont bien saisit la cicatrice voisine. Voilà qui leur fera un point commun. Un de ceux que la Hase est rétive à montrer. Pour la balafre qui lui court sur la joue, et qui défigure sa jeunesse; trop tard. Elle compose avec. Et c'est cette flétrissure inattendue lorsqu'elle tourne le visage qui lui donne un air plus dur qu'il ne faudrait. Peut-être aussi la prunelle bleu grisaille. Vive et acérée. Ou le sourcil noir qui se fronce trop souvent par réflexe sous le chapeau.

Le chapeau a été délaissé. Brune arbore les cheveux noués. Noirs et raides. Un gambison de cuir simple. Fière, elle acquiesce aux dires de son nouveau Mentor, mais ignore le bouclier. Première erreur.
Une salve d'adrénaline vient pulser à ses veines lorsqu'elle se place. Comme appris. Les bottes s'immobilisent. Hase a passé un mois entier à Blois à combattre en lice tous les jours. Sans discontinuer. Souvent sans prendre repos après les duels perdus, contre l'avis de beaucoup. Retrouver l'environnement des affrontements, même d'exercice, claque dans son sang un bienfait incomparable.

C'est ici qu'est sa place.

D'un geste bref et d'un mouvement souple; elle engage le combat.

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Samsa
    "Comme la flèche qui vibre
    Et frappe en plein cœur,
    En trouvant l'équilibre
    Vous serez vainqueurs.
    Vous n'êtes qu'une bande de femmelettes
    Mais envers et contre tout,
    Je saurai faire de vrais hommes de vous."
    (Mulan - Comme un homme)



Cerbère la regarde mais ne l'observe pas. Observer, c'est sonder du regard, c'est pointer des yeux les failles que l'on veut viser. Les yeux ne s'attardent jamais sur les points sans défauts. C'est très révélateur de se faire observer. Samsa a donc plutôt noté : une épée à une main pour son élève, une main abandonnée aussi sans que Samsa n'en devine pourtant l'histoire ; mais pourquoi reste-t-elle gantée et pas l'autre ? Folle, la Hase. Elle ne prend même pas de bouclier et la Combattante ignore si c'est là sa façon de se battre ou si c'est de l'orgueil. Ça pique le sien, en tout cas : Cixi pense-t-elle pouvoir s'en dispenser contre elle ?

La Hase attaque ainsi la première. Une parade basique suffit à écarter le danger de l'arme de bois. Ainsi sera fait leur combat, comme tous les duels ; c'est un crescendo où chacun dévoile ses cartes une à une. Les bois s'entrechoquent sous les yeux des deux petites filles de Samsa et des gardes qui ont cessé de cacher leurs œillades, leur Baronne étant trop occupée à se battre. Ils ne l'ont jamais vu en duel, ni à la guerre d'ailleurs, c'est pourquoi ils sont vivement intéressés : leur Baronne, si dure avec eux, est-elle à la hauteur des exigences qu'elle leur impose ? Ou n'est-elle qu'une vaste farce qui sera vaincue par une adolescente de quinze ans ?
Les passes cordiales sont rapidement derrière les deux combattantes et elles en viennent à se tester, à droite, à gauche, en haut, en bas. Feintes, rapidité, force ; quels sont les points faibles exploitables ? Samsa ne teste pas, elle. Tester aussi, c'est révéler les faiblesses de l'autre car on n'est jamais seul à s'apercevoir qu'une attaque a frôlé sa cible. Elle exécute donc des agressions qui tendent plutôt à révéler les malaises, les postures adoptées pour se défendre -esquive ou parade ?- et la force employée. Samsa esquive peu : quand elle ne pare pas, elle a cette réaction étrange de pivoter sur ses hanches et son pied pivot -tantôt celui avancé, tantôt celui en retrait- pour offrir son bouclier à l'épaule à l'arme adverse.

Et puis arrive un moment où Cerbère décide de commencer à briser les espoirs de Cixi si celle-ci a eu le malheur de croire que bloquer les attaques de Samsa était un signe encourageant pour elle.

Alors que Cixi use d'un coup de haut en bas, la main gauche de Samsa s'éveille soudainement pour venir saisir la lame de bois de sa propre épée, parer celle de la Hase comme une barre. Dès lors que la jeune élève ne fait plus peser son arme sur la barre réalisée pour exécuter le mouvement suivant, Cheffe Treiscan se porte un peu plus sur sa jambe de devant et guide, de ses deux mains ainsi posées, la lame de bois en estoc vers les côtes de Cixi.

Touché.


-Leçon numéro une : toujours avoir des gants de combat pardi. Ils te permettent de saisir les lames sans te blesser, pour t'ouvrir des possibilités de défense ou d'attaque. Ici, j'ai retiré les miens pour être en équité avec toi et c'est du bois, mais il t'en faudra les prochaines fois.

Venant se replacer, Cerbère attend un regard de Cixi pour lui signifier qu'elle est prête avant de reprendre. Elle se montre un peu plus agressive pour répondre aux frappes de Cixi, pour ne pas la laisser oublier sa défense. Et pour cela, quoi de mieux qu'une deuxième leçon ? Sur une nouvelle frappe de la Hase, Samsa chasse l'épée adverse d'une parade l'envoyant de côté. Son arme se retrouve face à Cixi et le coup d'estoc part encore.

Touché.


-Leçon numéro deux : parade, riposte pardi. Parade, riposte. Parade. Riposte.
Une attaque qui se termine est un moment qui rend vulnérable.


Il faut que Cixi intègre que dans le meilleur des mondes, l'un ne va pas sans l'autre. Elle lui écrira au burin dans la tête s'il le faut. La Baronne se replace encore et décide que la prochaine leçon sera la dernière du jour. Ce sera rapide. Cerbère attaque au flanc droit, mais alors que la Hase s'apprêterait à parer, Samsa pivote sur ses hanches, en appui sur son pied droit qui lui sert de pivot. Rotation. L'énergie cinétique, même faible, renforce le poing gauche qui surgit pour venir frapper Cixi à la tempe. Point trop fort, juste assez pour déstabiliser, sonner peut-être un peu.

-Leçon numéro trois : tout ton corps est ton arme pardi.

Elle ignore la faiblesse de la main de son élève mais cela n'a pas d'importance pour Samsa. Elle lui apprendra, plus tard. Pour l'heure, la pointe de bois de l'épée bâtarde en terre signe la fin du duel et, sur les remparts, les sentinelles retournent à leur surveillance des environs. La Baronne se tient droite et a le visage sérieux par ses traits majoritairement figés dans une immobilité à l'origine inconnue. Martiale ? Noblesse ? Dureté pure ? La vie ?

-Bien. Tu manques de technique et d'intelligence dans tes combats pardi. Ça, c'est dit. Égo flamand, par terre. Pourtant, c'est le terme qui le veut. Ça n'a rien d'insurmontable, nous travaillerons tout cela pour te faire apprendre et te faire saisir les opportunités qui se présentent, même si elles ne sont pas à la pointe de ton épée mais à celle de ta botte té.

Il faudra que tu me racontes ce qu'a ta main, aussi. Aujourd'hui, sans bouclier et avec un gant que ton autre main n'avait pas, tu me l'as présentée comme faible ; on inversera la tendance.


Peut-être en feraient-elles une arme, mais si cela devait se révéler impossible, il faut absolument qu'elle paraisse menaçante, ou distrayante, pour que l'adversaire ne gagne pas à ne pas se concentrer sur un élément.
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Ellipse
Léonis est un animal sans crinière, le soleil déposé sur sa tête ne chauffe pas la terre, et les gens admirant sa chevelure veulent bientôt la couper pour outrage à leurs rois. Léonis est un chien de traque qui se mire dans la boue, un Narcisse qui aboie à la Lune mal peinte, et s'il baise l'odeur des remugles de sa truffe nigaude, c'est pour s'étourdir de son humanité. Léonis est un tout jeune homme, bourru de nature et puceau de condition, fidèle à l'amour comme à la haine. Mais il est familier de ces émotions contraires comme mer et terre, elles se conjuguèrent longtemps dans le récit de son enfance à sa mère et à son père, au présent et au néant.

Désormais, elles se cristallisent sur la personne d'Apollonia, de manière si violente que son coeur martèle souvent ses tempes comme Vulcain l'enclume de sa forge, dès qu'il pense à elle au point d'être paralysé du haut du corps, à défaut d'émouvoir le bas. On pourrait croire qu'il la suit partout où elle va, et d'ailleurs Cixi, prodigue en railleries, n'hésite pas à le chapitrer en le traitant de larbin. En réalité, il la poursuit, comme on poursuit un idéal. Il l'admire autant qu'elle le méprise. Dotée d'un caractère impossible, elle sait partout se faire des relations, quand Léonis, encrassé par sa timidité et par l'obscurité de sa condition, allant de pair, est d'une utilité de domestique. Qu'en dirait son père? Qu'on ne devient pas quelqu'un en servant un homme, mais une terre. Or, Léonis n'a de terre à semer que celle collée sous ses bottes de vagabond.

Juché sur sa monture, une bête à l'échine maigre et courbée, il lit une dernière fois les empreintes des sabots ferrés du cheval de la Hase. La marque est nette et profonde, signe que la cavalière a ralenti le pas de son coursier à l'approche du castel. Apollonia est une messagère de la Mort en temps de guerre. En période de paix, sur une terre amie, il lui faut une arrivée digne, la posture roide et le menton revêche. Léonis l'imagine bien ainsi. Mais le brin de tendresse est promptement mollardé dans la fagne, suivi d'une insulte, tant est formidable ce sentiment de dédain!

Relevant la tête, il considère avec appréhension la route fangeuse qui lace la colline. Laquelle, par sa pente prononcée, explique sans peine le pas lourd du canasson, mais Léo aime ses théories sur Cixi (presque) plus qu'elle-même. Donc, cette boucle est peut-être la dernière avant l'apparition du château en son gros paquet-cadeau gris et anthracite; le noeud du problème reste entier. Comment pénétrer dans un château réputé pour ses formidables défenses qu'une garde nombreuse arpente chaque jour sans sourire ni se lasser? Annoncer benoîtement sa venue et supporter, stoïque, les traits sifflants d'une Hase dérangée en ses plaisirs martiaux? Se faire virer d'une chiquenaude griffue par Cerbère et ses sbires? Et même, pourquoi diable tenter une nouvelle honte en assistant à un entraînement? Devenir lui-même maître d'armes par simple observation d'une experte? Té, autant se déniaiser en matant une partie de jambes en l'air.

"Et c'est ainsi que la conscience fait de chacun de nous un couard" Hamlet, acte III, scène 1. Léonis, qui a de gros soucis de ménage avec ladite conscience, au point de chiffonner son âme comme un torchon sale, décide cette fois de balayer toute récrimination. Et de s'avancer en toute inconscience, donc, vers le haut de la colline, et d'ignorer le paysage comme un touriste malpoli, malgré la beauté sépulcrale de l'ensemble sous la pierre tombale d'un ciel nuageux. Peu avant l'arrivée aux portes, un chariot banal attire son attention. Il est arrêté au bord de la route, le temps que son propriétaire fleurisse les buissons. En considérant ce vieil homme, une idée folle, adaptée aux circonstances, jaillit dans la tête du jouvenceau. Il serait lassant de décrire par le menu les détails de cette rencontre inopinée. Qu'on sache que le vieux échappa de justesse à une attaque d'apoplexie en étant soulevé par le col (presque) six pieds sur terre suffit au tableau.

Hélas, les deux gardes qui auraient pu voir la scène, de leur perchoir sur remparts, étaient accaparés par le troublant spectacle de femmes se battant dans la bourbe. Quant au troisième, chargé d'inspecter le chariot, il se mit en devoir de râler en voyant ce jeune homme pour la première fois, soi-disant le petit fils du ravitailleur. Mais Léonis, qui savait du théâtre la corruption humaine, lui tendit une tarte aux noix et au miel, et Dieu seul sait qu'on ne peut résister à une tarte aux noix et au miel. Même pas Cerbère, si l'on en croit les récits mythologiques. Ainsi, Léonis s'avança sous les mâchicoulis sans être davantage inquiété.

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Cixi_apollonia


Cela va sans dire, Cerbère n'a rien d'une farce. Et ceux qui pouvaient en douter, en furent convaincu aux premiers échanges de taille et d'estoc. Rapidement, l'une et l'autre parviennent à évaluer l'envergure de l'adversaire. La jeunesse de la Hase est criante: furtive, légère, empressée, avide. L'expérience de Cerbère prime: lourde, chirurgicale, maîtrisée et digne. L'on ne vous apprendra pas qu'en l'art de la guerre comme en l'art de l'amour, tout est partition, musique et grand final. L'art de la guerre pourrait être aisément synthétisé lors de l'échange entre Maestro et son élève. D'abord stratège, puis offensif et enfin nutritif.


La désarmée reprend dignement son arme et se replace. Bien. Un premier coup d'estoc dans les côtes, et la voilà touchée. La leçon est acquise. Les gants de peau seront arborés aux prochaines leçons. Elle se met en garde. Se défend mais à trop craindre l'estoc de nouveau, en oublie de riposter. L'épée valse. Hase pousse un léger cri de dépit. Estoc. Touchée. Ramassant son épée, Leffe opine à cette évidence, qui rentrera comme un refrain métronome dans son crâne, de gré ou de force. Parade, riposte, parade, riposte. On avait beau être la terreur des lices et des bac à sable, face à une femme d'armes telle que Treiscan, fini de jouer les marioles.


    Siegfried Fechter : Mais n'oublie pas que quand tu attaques, tu t'ouvres aussi.


    Leonis d'Arquian : on n'attaque pas un adversaire sans se préoccuper de sa riposte.


Pas encore démontée, elle ramasse pour la troisième fois sa bâtarde de bois. Se fait cette fois plus concentrée sur l'attaque, pour la parer sans ciller. Las, quoi? Les poings? Mais qui a autorisé les poings? Le coup est sec et douloureux, mais pas question de glapir comme un goret, c'est bien connu, les hases souffrent en silence... La troisième leçon sonne d'une évidence: à la guerre, chacun se bat avec ses armes. Et l'épée n'est que combat noble. Au jeu de la survie les belles passes d'armes s'effacent, les contours des méthodes se floutent, chacun y va de l'expression la plus brute de son agressivité. Le corps est une arme comme une autre...


    Siegfried Fechter : Tu dois te concentrer sur une seule chose. Ta survie. Garde la tête froide, sois sans pitié.





Un peu décontenancée tout de même, Apollonia accuse le coup de la sentence de Cerbère. Premier état des lieux: tout reste à faire. Si quelques prédispositions naturelles semblent l'animer, rien n'adviendra sans la rigueur d'un apprentissage quotidien que Treiscan semble tout à fait disposée à lui offrir. Les mots baumes arrivent vite, apaisant le bouillon naturel des quinze ans de l'élève, et comme une main maternelle qu'elle n'a pas sentie depuis dejà longtemps console après la réprimande, la Hase accepte tout. Les mots lorsqu'ils ne sont pas promesses en l'air scellent les plus belles confiances.

Rangeant les armes de bois, la jeune Leffe confirme:


Ma main est faible. Tous les doigts en ont été brisés et son épaisseur transpercée de part en part. Elle est raide.

Chassant une mèche brune que le coup dans la tempe avait délogée, elle renifle un peu, se redressant pour faire face à Treiscan. Certes, elle n'avait pas été bien glorieuse lors de ce premier entrainement, mais clémente avec elle-même pour une rare fois, consciente du chemin derrière et de celui devant, de l'attente qui avait atrophié ses réflexes, Hase ne se flagelle pas. L'idée de mettre en avant cette main qu'elle déteste ne lui a jamais traversé l'esprit. Il fallait une personne aussi rodée que Samsa pour faire d'une faiblesse une force. Et l'idée ne la repousse pas.

D'un coup d'oeil derrière l'épaule du Maestro, elle capte la couleur blond-pisse qu'elle aime tant à railler. Une présence qui, en tentant de se faire discrète, n'en est que plus voyante. Arquian. Est-elle étonnée de voir Léonis là où elle ne l'a pas convié? Et finalement, n'est-ce pas une bonne leçon que de se voir rappeler au devoir le plus élémentaire d'une personne de bonne famille : traiter les chi... siens avec respect ? Car Léonis, s'il n'était pas la personne la moins exaspérante qu'elle avait pu rencontrer jusqu'ici, n'en demeurait pas moins la plus fidèle. Depuis Flandres, jusque Blois, puis Alençon, nul n'avait été aussi présent que l'Arquian. éclaboussant de ses brillantes frasques la réputation lustrée de la Hase.

Clémente, elle décida de ne pas crier " Au voleur" . Pinça sa langue pour lui faire entendre raison.


Mon protecteur est ici.

Précautionneuse, elle décida de ne pas le faire passer pour quelqu'un de sa maison.

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Samsa
    "Montre tes mains
    Si tu as besoin d'une nouvelle couche de peinture,
    Si tes os sont maintenant des choses lourdes,
    Comme des ancres cachées quelque part sous ta peau."*



Honneur, Courage, Loyauté.

Ç’aurait pu être sa devise mais elle en avait plutôt fait la maxime de la famille, les piliers fondateurs des Treiscan. Elle l'avait gravée au burin dans la tête et l'âme de ses filles qui ne pensaient plus que par le prisme de ces trois mots. Qui avait dit que Cerbère était une mère exemplaire ? Elle était plus implacable encore envers sa descendance qu'envers n'importe qui en ce monde. Zephyre lui disait souvent qu'elle n'était pas une mère mais une cheffe et que, comme toutes les cheffes, sa place était un combat qu'elle perdrait un jour. Soit ! Si, pour que la famille Treiscan irradie, Cerbère devait sacrifier sa place de mère, alors elle le ferait. Elle le faisait déjà, malheureusement trop peu consciente, aussi, de ce qu'elle sacrifiait : l'amour maternel, la figure et la présence d'une mère -juste une mère- pour ses filles, persuadée de les armer là contre la vie et le monde.

Honneur, Courage, Loyauté.

Même pour la survie. Un poing oublié par l'adversaire n'a rien de déloyal, au contraire d'une dague plantée dans le dos. Cerbère, même, n'aurait pas attaqué à un flanc boiteux si Cixi en avait eu un. Pas aujourd'hui. Elle l'aurait fait, plus tard, bien consciente que les adversaires ne sont que trop rarement loyaux, eux -sinon jamais. Ambitieux à vivre. Pathétique. A quoi bon vivre si c'est pour n'être qu'un tas de boue pour le reste de sa vie ? Vivre au détriment des autres, vivre à tout prix. On s'étonnait ensuite que le monde aille mal. Bien sûr, le cercle vertueux de l'amélioration était difficile, être meilleur pour devenir meilleur, pour rendre le monde meilleur, pour devenir soi-même meilleur et ainsi de suite. Mais si on n'empruntait pas ce chemin, alors on empruntait de facto celui inverse avec les conséquences qu'on voyait déjà trop.


-On trouvera quelque chose pour ta main pardi. On verra selon comment tu préfères te battre.

Cerbère était inventive, débrouillarde. Ce n'était pas le propre de ceux qui avaient connu la roture mais ça aidait quand même beaucoup, quand tout ne tombait pas tout cru dans le bec.

La Baronne se retourne quand Cixi lui indique 1) qu'elle aurait un protecteur et 2) qu'il serait là. Elle constate la présence d'un jeune homme blond à la herse de la haute-cour. Bloqué. Car si entrer dans la basse-cour est aisé, celle-ci étant animée par divers badauds et artisans, il en est tout autre pour la haute-cour, côtoyée seulement par les gardes, la Baronne, et ses invités. Samsa se retourne vers la Hase, sourcil haussé et pouce désignant, d'un revers, celui qu'elle juge gringalet et indigne de toute fonction de protecteur -surtout d'une demoiselle comme Cixi.


-Lui là, là-bas té ?

La blague.
Cerbère va récupérer son épée de métal, la faisant retrouver la hanche gauche familière, avant de faire signe aux gardes de le laisser passer. Sous les yeux de la Baronne, aucun ne se risquerait à la corruption ; c'est un coup à retrouver sa tête au bout d'une pique -et ce n'est pas une image. Les hallebardes croisées retrouvent leur droite position et Samsa s'avance à la rencontre du garçon.


-Hé bien ? Quel est ton nom, jeune homme pardi ?

Samsa a croisé les bras, solide en sa position alors qu'elle toise "l'intruvité". Cherche-t-elle à intimider Léonis ? Sans doute. Cerbère est ce que son surnom dit, et Cixi est son élève désormais. Si elle a un protecteur, il doit être à la hauteur ; rebuffade sera sinon son seul traitement.

* = paroles traduites de Radical Face - We're on our way

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Cixi_apollonia
Moui enfin... Un protecteur moral...


Parce que pour l'heure, c'était encore elle qui le désarmait et lui faisait bouffer la terre en lice... Mais regardez avec quelle verve l'Arquian avait été outré par la lecture fortuite d' une lettre de Lénu pour Cixi, relatant de prises de mairies, de méfaits de voyous, de vilennies de basse fosse... Quelle guerre des caractères ce fut, des semaines durant, chacun campant sur sa fierté, jusqu' à la victoire féroce de la Leffe sur son pauvre compagnon, le traitant comme son laquais et le rabaissant en toutes les langues pour lui faire passer le gout de l'affront... Qu'on se le dise. Celui qui frappe la Hase dans son égo récolte la morsure et la Myxomatose en prime. Mais toujours dans un formidable duel des genres. Et toujours remporté haut la main par une Apollonia vengeresse, qui ne sait qu'au mieux offrir le gel de son silence :

    Quoi? Vous osez me traiter de fille de mauvaise vie? ... Moi? Cixi Apollonia de Leffe Miras? Trouffion va !


Quelque chose comme ça...


Dit-elle en suivant Cerbère, bon gré mal gré.

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