Samsa
- "Attendre attendre,
Un autre destin qui nous ressemble.
Attendre attendre,
Un geste tendre.
Mais comme c'est difficile,
Comme le temps parait long." (Michel Berger - Attendre)
Les étoiles commençaient à peine à s'endormir quand Samsa s'éveilla. Elle s'était couchée toute équipée après avoir durement travaillé une bonne partie de la nuit. Il avait fallu trouver quelque chose pour la main faible de Cixi qui ne pouvait frapper du poing, qui ne pouvait tenir fermement non plus. Elle avait interrogé son élève sur son style de combat qui, sans surprise, s'était révélé plutôt agressif. Le nez dans les livres et les parchemins, la Prime Secrétaire Royale avait vu ce qui se faisait, ailleurs mais avait dû écarter des solutions comme les "Qiang Ying", ces fils de couleur que les chinois attachaient en haut de leur lance pour déconcentrer les adversaires, que Samsa aurait pu attacher à la main de Cixi. La sienne, elle cherchait à la faire oublier dans le but de la faire ressurgir, comme à leur premier entrainement. Mais l'utiliser afin de déconcentrer aurait pu être un avantage aussi. Las, elle avait donc opté pour équiper la main de Cixi d'un bouclier. Un plus non-négligeable. Le handicap de Cixi ne pouvant serrer avec force la poignée avait néanmoins dû être pris en compte et l'intérieur avait ainsi été modifié.
La grande sangle passant en bandoulière pour aider à en supporter le poids -la guiche-, Cerbère l'avait retirée. Elle en revanche rajouté deux énarmes, ces courroies de cuir dans lesquelles on passait le bras. La première se trouvait peu après le coude, sur l'avant-bras. La seconde était au poignet, un peu plus haut pour que la position soit naturelle pour le bras. Particularité, une autre petite courroie de cuir était présente, reliant l'intérieur à l'énarme du poignet ; elle devait se passer entre le pouce et l'index pour empêcher le bouclier de reculer le long du bras lorsque Cixi donnerait des coups avec. La bricoleuse avait laissé en place la poignée en croix de cuir que la Hase pourrait tenir ou serrer, histoire d'avoir quelque chose dans la main si elle le désirait. Une question de confort pur car la bande de cuir ajoutée entre le pouce et l'index serait suffisante pour retenir le bouclier.
Cerbère descendit du donjon. Dans la haute-cour, quelques palefreniers étaient déjà debout pour s'occuper des chevaux des hautes-écuries. La herse séparant la haute de la basse-cour n'était pas encore levée, pas plus que celle -pont-levis inclus- permettant l'entrée du château. Ce serait le cas d'ici peu. En attendant, Samsa installa dans un coin du rectangle de sable le bouclier modifié. Cixi devrait avoir sa propre épée, et des gants de combat, cette fois. Elle aurait intérêt, sinon la Baronne ferait exprès de taper dessus avec le plat de son épée car, aujourd'hui, et à partir d'aujourd'hui d'ailleurs, elles s'entraineraient toujours à armes réelles. Un peu d'enjeu et d'action ne leur ferait pas de mal.
La corne sonna, réveillant les coqs qui tentèrent de se rattraper, sans grand succès. Des cris de gardes résonnèrent dans le château avant que ne se fassent entendre les chaînes que l'on enroule pour abaisser le pont-levis et faire remonter les herses. La vie pouvait désormais s'infiltrer dans l'enceinte des murailles, et l'élève pouvait rejoindre son maître.
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