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J'te mentirai si j'te disais pas son nom. J'te mentirai si j'te disais pas je t'aime.

[RP] Le courage est une affaire de coeur.

Samsa
[Dans le Sud]


Était-il temps ? Était-ce trop tôt, ou bien trop tard ? Tu lèves le nez du dépiautage de bâton que tu as dans les mains pour regarder le soleil se coucher par delà l'horizon. Le vent froid de novembre souffle peu mais il agresse déjà. Tu lèves un peu plus les yeux, guettant dans le ciel légèrement nuageux la forme même informe d'un pigeon, d'un oiseau. Mais le rose orangé reste désespérément tel quel, sans nul forme noire. Tu abaisses le visage et secoue doucement la tête avant de laisser tomber dans le cours d'eau à tes pieds le bâton qui ne tarde pas à être emporté en douceur par le courant. Ce bâton, c'est le quarante-huitième que tu abandonnes aux eaux d'une rivière dont tu ne connais pas le nom. Quarante-huit jours depuis la disparition de Meroé à Châlon. Près d'un mois et demi sans nouvelles. Tu as remué ciel et terre, laissé mot à la duchesse de Bourgogne d'alors, aux chevaliers en garnison, tu as passé des jours et des nuits à parcourir plaines, forêts et montagnes en hurlant son nom jusqu'à n'avoir plus de voix ; le silence seul t'a répondu.
Mais Meroé reviendrait, n'est-ce pas ? Alors, après une semaine de grattée sur place, tu avais accepté de partir, comme lorsque l'été était venu. Tu avais écrit, régulièrement, amoureusement, convaincue que l'Errante recevait tes lettres ou les recevrait, et saurait alors que tu étais là, à l'attendre. Mais le temps passait et aucun pigeon ne revenait. Tu as commencé à sombrer, à t'enfoncer dans la souffrance. C'était là un état que tu connaissais, que tu avais quand l'absence de celle que tu aimais se faisait longue. Tu l'avais connu quand Shawie était partie au Grand Khan, mais la différence était de taille : tu savais alors que l'Espagnole était partie loin pour combattre, et qu'elle reviendrait. Tu avais alors les épaules et la patience -infinie, tel Chien Fidèle- pour attendre, sagement. Mais aujourd'hui, où était Meroé ? Pourquoi ? Combien de temps ? Est-elle partie ? Dois-tu te battre ? Tu l'as toujours dit : "me battre pour toi, toujours. Contre toi, jamais." Et comment le savoir aujourd'hui ? Tu n'as pas les épaules pour endurer l'absence couplée à l'ignorance. Tu es colosse aux pieds d'argile dont la puissance des sentiments que tu éprouves pour Meroé se retournait contre toi pour te détruire. Tu revoyais le spectre de la mort de Zyg, de cette souffrance immense, infâme, qui t'avait littéralement subjuguée et détruite, comme un tsunami raserait petit village côtier. La mer, ici, avait commencé à se retirer dangereusement et tu as tremblé, sachant pertinemment que si ce tsunami revenait, cette fois, tu y resterais.

Alors, tu as écrit à Meroé, quelques jours auparavant.
Depuis, guettant une réponse, un nouveau jour s'achevait sans elle.
Pour sauver ta vie, tu t'étais amputée le cœur.
Mais tu ne regrettais pas tout ça.

La mort de Zyg t'avait gravée au burin et à l'acide, dans la tête et dans le cœur, qu'il ne fallait plus jamais se taire, plus jamais laisser la porte ouverte aux regrets. Tu as voulu respecter cette leçon en allant avec Meroé quand Shawie était revenue. Tu as voulu tout donner pour elle, aller jusqu'au bout, exploser les éventuels murs vos chemins. Tout ça, tu l'as fait, et ça a valu le coup. Tu as vécu aux côtés de la Slave des sentiments excessivement puissants, explosifs, quasiment primaires, qui te donnent encore des frissons aujourd'hui. Mais le revers de cette médaille, de ces abîmes, c'est qu'il y avait la souffrance qui allait avec, à même hauteur, qui t'écrasait là jusqu'à t'empêcher de respirer.

Regrettes-tu ? Pas du tout. Tu referais la même chose si le choix t'était encore donné, tu voudrais encore vivre ces mois intenses même si décousus. Tu souffrirais toujours pour Shawie mais tu passerais encore la barrière.
Aujourd'hui, néanmoins, tu avais dû agir.

Étais-tu trop dure avec toi-même comme les gens te le disaient souvent, ou pas assez ? Devait-on regretter de ne pas être retournée avec sa femme pour les bras d'une autre ? Penser à soi plutôt qu'aux autres, était-ce déloyal ? Auquel cas, en avais-tu mérité le droit, rien qu'une fois ? Est-ce que la déloyauté était vraiment un mérite ? Une grimace.
Ces questions étaient encore sans réponses, et c'était le danger : tu doutais, tu ne savais plus tes principes, ton identité. Tu devais mettre de l'ordre dans ta tête, ayant d'ors et déjà accepté que, là où avant tu reprochais à Shawie ses sentiments multiples pour Satyne, Pherea, d'autres peut-être -ou pas- et toi, tu étais aujourd'hui en plein dedans. "Tu n'es pas meilleure que les autres, Samsa. Ou tu n'as pas fait en sorte de l'être assez". Tu ne sais pas. "A force d'être Cerbère, tu en oublies que tu es humaine". Est-ce valable ? Meroé n'était pas une erreur. Meroé est peut-être un des choix les plus courageux que tu aies jamais fait dans ta vie, un des plus beaux aussi. Mais aujourd'hui, il fallait se rendre à l'évidence : tu t'es brûlée les ailes. Littéralement.

Tu reniflas et gagnas ta chambre d'auberge où tu avais laissé tes affaires. Tu en tiras une sorte de petite harpe aux cordes colorées, offerte par Emelyne quand tu t'étais cassée la main d'un poing trop brutal sur un mur, le jour où tu avais refusé de revenir auprès de Shawie. Cet instrument avait permis ta rééducation.
Il faisait parfaitement noir quand tu ressortis, et la lune éclairait juste un coin de ciel. Tu rejoignis un établissement opposé à la position du tien, dans ce hameau servant d'étape aux voyageurs ; tu savais que Shawie y dormait. Toutes les deux, on l'avait vu, n'étiez jamais loin l'une de l'autre, toujours le nez au vent pour suivre la trace. Toi étant ce que tu es, et Shawie pareillement, aucune n'était difficile à trouver. La veille, tu avais glissé un mot sous la porte, ni vue ni connue : "Je sais que tu savais qu'un jour, je te le dirai : t'avais raison." L'Espagnole devait jubiler : sa femme avait essayé de vivre avec une autre et s'était retrouvée en copeaux. Elle t'avait dit, aussi, qu'elle savait alors que tu ne reviendrais jamais, par égo ; c'était mal te connaître. Revenir la queue entre les jambes n'était pas facile, pas agréable, mais tu n'étais pas connue pour te défiler. Shawie, toutefois, avait dû se coucher ce soir en restant persuadée que tu préfèrerais mourir dans un coin, drapée de l'échec. Mais tu étais là aujourd'hui, pénétrant dans la cour de l'établissement, restée ouverte, t'installant au pied de l'un des murs de la bâtisse à un étage. Là, une fenêtre, aux volets de bois fermés, que tu savais être la chambre de Shawie.

Tu ramassas un caillou que tu envoyas au volet. Poc. Tu recommenças, avec plus de force. Les volets ne s'ouvrirent pas, aucune lumière ne parut, mais tu t'en fichais. Tu retiras tes gantelets de combat, remuas tes doigts engourdis par le froid et commenças à jouer de la harpe. C'était plus fluide que lorsque tu avais la moitié des os de broyés mais tu n'étais pas et ne serais jamais une musicienne. Sans dire que la composition était affreuse à entendre, elle était en tout cas imprécise et mal exécutée.


-J'te mentirais si j'te disais qu'j'y ai pas pensé,
Si j'te disais qu'j'ai pas voulu retenir le nom de sa rue té.
Si j'te disais, mon amour, que j'ai rien senti,
Rien entendu de ses non-dits,
Qu'à ses silences, j'ai pas souri,
J'te mentirais, j'te mentirais pardi.

Vite, je tombe !
Est-ce que tu m'regarderas pardi ?
Est-ce que tu seras en bas pour m'emmener là où je n'sais pas, là où je n'vais pas ?
Alors, vite, je tombe té !
Comme un pantin sans fil, trop libre et trop fragile ;
Je cherche ta main dans les nuages pour chasser son image...


Ah, que ça faisait mal ! Ce n'était pas juste. Ce n'était pas juste pour Meroé, pas juste pour Shawie, pas juste pour toi. Ta voix déjà un peu plus grave que la moyenne des voix féminines s'étrangle ; il n'y a pas de retour en arrière, hein ? C'est fini ? Es-tu sûre de toi, Cerbère ? Non. Tu n'es jamais sûre de toi. Tu affiches une franche assurance, tes choix sont incisifs et tu vas jusqu'au bout, mais tu n'es jamais sûre ; tu n'as pas confiance en toi dès lors qu'on sort du champ de bataille. Tu es fragile, et en chantant ce soir, tu achèves de te broyer dans ta propre main tout en espérant que Shawie ne te rejettera pas. Tu voudrais t'accorder le chemin de la facilité, mais tu n'es pas comme ça. Tu es droite, dure avec toi-même. Et aujourd'hui, même si tu essayes de marcher vers une certaine lumière, tu te poignardes de laisser l'autre derrière toi.

-J'te mentirais si j'te disais au fond des yeux
Que tes larmes ont tort de couler,
Que cette fille ne fait que passer té.
J'te mentirais, et pourtant moi, j'me suis menti
De nous croire tellement à l'abri, de nous voir plus fort que la vie ;
Mais ces choses-là, on ne les sait pas pardi...

Vite, je tombe !
Est-ce que tu seras en bas ?
Est-ce que tu m'attendras pour m'emmener là où je n'sais pas,
Pour me ramener vers toi pardi ?
Alors, vite, je tombe, comme un pantin sans fil,
Notre histoire qui défile pardi...
Je cherche ta main dans les nuages, pour pas tourner la page...


"Oui, c'est vrai ! Je l'avoue, je l'aime. T'avais raison, je tombais déjà amoureuse de Meroé. T'avais raison, je nous croyais plus fortes que ça. Et on l'a été, sais-tu ? On l'a été. On a tenu plus que les autres. Mais j'ai fini par tomber, moi aussi, par tomber amoureuse. C'est vrai, je l'aime. Je l'aime comme je t'aime, et j'ai mal de vous avoir toutes les deux dans cette place de mon cœur qui devrait être unique. C'est fini, terminé ; plus rien ne changera cela, jamais. Personne n'est indemne dans l'histoire, ni elle, ni toi, ni moi. Je me sens trahie, trahie par moi-même, trahie de l'aimer à ce point alors que je n'ai jamais cessé de t'aimer, trahie de vous avoir, en un sens, trahie chacune. Je pourrais regretter, mais ce n'est pas le cas ; pire, je le referai. Meroé n'est pas une erreur ; c'était aussi beau que de t'aimer, mais dans un registre différent. Ces abîmes que j'ai connu, elles m'appellent, sais-tu ? Sais-tu à quel point elles sont belles et agréables ? Je m'y suis complu. Je m'y complairais encore aujourd'hui. Parce que je l'aime."

-J'te mentirais... mais à qui d'autre pourrais-je le dire sans cette fois vraiment te trahir ?
Le silence est parfois pire.


"Tu vois, tu avais raison sur beaucoup de points, mais tu avais tort sur un autre : j'ai le courage de revenir. J'ai le courage de te dire les choses." Et bien sûr, pourtant, que tu as peur, que tu as peur d'être dans la même situation dans laquelle tu as mise Shawie il y a plusieurs mois. Bien sûr que tu as peur, mais la leçon que tu as apprise à la mort de Zyg, cette même leçon de ne jamais se taire quand il s'agissait d'aimer et qui t'a faite partir vers Meroé, te fait aujourd'hui revenir vers Shawie.

-Vite, je tombe té !
Est-ce que tu seras en bas ?
Est-ce que tu m'ramasseras pour m'emmener là où je n'sais pas, pour me ramener vers toi pardi ?
Alors, vite, je tombe !
Comme un oiseau voleur touché là, en plein cœur, et qui se demande encore pourquoi
Il est passé par là té.*


C'est la vie, Cerbère. Tu crois que plus rien ne bouge quand tu as tout stabilisé mais il n'en est rien. Tu te croyais différente mais tu ne l'es pas. Tu n'es qu'un oiseau dont Shawie a ouvert la cage dans laquelle tu te trouvais jadis, qu'un oiseau qui a volé avec elle, éprise de liberté et de ce que vous avez vécu ensemble, un oiseau qui a volé à découvert après son départ et qui a heurté Meroé de plein cœur, en plein ciel, en plein vol. Tu n'es qu'un oiseau qui, sonné de la puissance de la rencontre, a chuté en piqué, ivre de vitesse, de sensations, emportée dans une danse à deux, mais tu t'aperçois qu'alors que le sol approche, ton Errante est quelque part, tu ne sais pas où, alors que tu as besoin d'elle. Ce n'est pas de sa faute, tu ne lui en veux pas ; c'est fou mais, bien que tu sois dans une détresse réelle sans elle, bien que tu souffres terriblement à cause de son absence, il t'en faut plus pour en vouloir à quelqu'un. Surtout, peut-être, tu l'aimes ; et tu n'en veux jamais aux gens que tu aimes. Mais maintenant, peut-être que tu vas t'écraser, en fait, et une partie de toi regrettera de ne pas avoir été un oiseau mort sans trous ni blessures, un peu unique en son genre, quand l'autre partie sera heureuse d'être morte en ayant connu ce que tu avais toujours refusé, ce que tu avais toujours laissé à d'autres, ce que tu t'étais toujours interdite.

Non, définitivement : Meroé a été pour toi l'une des plus belles choses de ta vie, l'une des plus puissantes et des plus enivrantes.
Mais, définitivement : tu ne veux pas mourir.

Et quand le silence retombe, que tu relèves un peu le visage vers la fenêtre, la faible lueur de la lune qui se reflète sur les sillons humides à tes joues le dit.


* = paroles de Patrick Bruel - J'te mentirais

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Shawie
[Aussi dans le Sud]




Les regrets : elle n'en avait pas. Jugeant souvent à tort qu'elle pouvait prendre et profiter de tout ce qu'elle voulait sans laisser une miette pour le lendemain. Cette façon de vivre semblait lui convenir la plupart du temps mais lui apportait son lot de déconvenue. Bien entendu qu'on ne peut pas prendre tout sans cesse, sucer jusqu'à la moelle, déchirer, voler, profiter et jeter. A un moment donné, ce principe fait du mal. A elle. Les autres, clairement elle s'en fiche pour 90% de la population. Très peu de personne trouvées grâce à ses yeux. Beaucoup trop peu. L'on pouvait y compter Keltica pour le moment. Praseodomyne, son éternelle mamie ambulante, Chimera commençait à se faire une petite place mais le travail serait long. Samy bien entendu.

Des connaissances, elle en avait beaucoup. Nouant des relations de taverne facilement chaque soir, une pinte de bière à droite, un verre de vin à gauche, un mandale en face. Bref, la vie nocturne avait son lot de consolation. Des amis de comptoir, des amis de chemin mais aucun ami de cœur. L'amitié allait et venait comme papa dans maman. La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence, infiniment plus profonde. L'intelligence a des limites, la bêtise n'en a pas.

La veille, du jour J, elle ramassa le morceau et le jeta avec dédain. "Je sais que tu savais qu'un jour, je te le dirai : t'avais raison." Elle reconnue l'écriture de Samy, sans aucun doute mais une petite voix intérieure lui disait que "m'enfin Shawie, tu as toujours raison, ça pourrait être n'importe qui !" Comme l'autre trois tonnes cinq du dessus qui lui avait maintenu une partie de la soirée que vert-canard était une couleur. Depuis quand ? Ou le tavernier de son auberge qui avait tenté de lui faire croire que les asperges transformaient l'urine en vert. Tss. Elle avait donc trouvé un sommeil de plomb, blottit sous une couette au poil d'oie, spécialité du coin.

Un rêve érotique lui prit le bas ventre, vivant presque celui ci comme un ébat amoureux langoureux et passionné. Ô toi, la plus belle et la plus suave, combien Dieu s’est plus avec toi lorsqu’il a placé en toi l’étreinte de sa chaleur.

"Ta mélodie me rend plus sensuelle,
Moins sage.
Elle me murmure des passerelles
Sauvages...
Où la liberté s’offre sous mes sens érectiles."


Oui, elle rêve en alexandrins !


"Ta main amoureuse frôlant une corde,
Une touche.
Mes reins se cambrent comme excités,
D’une bouche,
Où tes lèvres pianotent à l’indécence subtile."


Humpff !


Ton solo puissant ébranle l’anathème
Du cœur.
Ma libido étrangle autres blasphèmes
Censeurs.
Mes seins s’agitent comme une transe fébrile."


Mais putaing, va pas fermer sa grande gueu*e !


"Tes dissonances troublées de désirs,
Me séduisent.
Je t’accorderai la jouissance du cuir,
Qui électrise.
Mon corps de feu retiendra ton essence volatile."


Réveillée. Dramatique. En pleine nuit. L'on chante sous sa fenêtre, sous SA fenêtre. Elle se lève comme jamais, prépare une bassine d'eau bien froide, la dépose sur son lit, ouvre violemment le volet avant de balancer l'eau de la bassine en direction des chants, et balance ensuite la bassine.



Tu peux pas fermer ta grande gueu*e ? Casse toi bouffon. J'te jure qué si c'moi qui descends, tu vas prendre une baffe comme jamais et tu vas tomber, ça c'est sur. Tu té prends pour qui pour venir faire chier les gens comme ça en plein nuit hein ? Faut pas s'étonner qué j'découpille après si on vient m'faire chier même la nuit.

Tu cherches ma main dans les nuages mais tu vas la trouver sur ta joue, foi d'moi. Dégage maintenant.



Samy ou pas, c'était pareil. Pas de sentiment. En l’occurrence, il faisait nuit, elle avait la tronche à l'envers, elle n'avait pas reconnu sa Samy sinon ça aurait été pire.
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Samsa
    "Tombé du lit, fauché en plein rêve,
    Frappé par le glaive de la sonnerie du réveil.
    Tombé dans l'oreille d'un sourd
    Qui venait de tomber en amour la veille
    D'une hôtesse de l'air fidèle.
    Tombée du haut d'la passerelle,
    Dans les bras d'un bagagiste un peu volage,
    Ancien tueur à gages ;
    Comment peut-on tomber plus mal ?"
    (Jacques Higelin - Tombé du ciel)


Samsa avait tout donné, elle s'était ouverte littéralement le cœur à Shawie. Exposition poétique de toute une détresse, une souffrance, toutes les deux pourtant fort laides et suintantes. Dans un art qui, disons-le n'était même pas le domaine de la Vicomtesse, plus rompue aux armes qu'à la musique. Elle s'était surpassée, et quand les volets finirent par s'ouvrir, elle s'attendait à tout sauf à une douche. Shawie lui aurait dit, sans doute, d'aller se faire voir, d'aller crever chez les danois, d'aller bouffer des poireaux sauce cigüe, la probabilité de recevoir des mots doux en retour étant hautement improbable sinon totalement nulle, mais là, on avait explosé les statistiques.
L'eau froide tombe sur Samsa, la rince entièrement, lui gèle la peau et les os désormais ô combien vulnérables à l'air froid de novembre. Et comme si ça ne suffisait pas, la bassine vole aussi et lui tombe sur le crâne avec un "ponk" évocateur.


-Kaïe !

Bordel, ça fait mal ! Samsa chasse le contenant de sa nouvelle place et se frotte la tête, douloureuse. Ce serait une chance si elle n'avait pas de bosse dans quelques heures. Plus haut, l'Espagnole vocifère sans avoir, semble-t-il, reconnu Cerbère. Elle devait bien dormir. Ou avoir trop fumé avant. Ou trop bu. Et évidemment, il faudrait que Samsa déguerpisse -compréhensible, en même temps. Jamais, décidément, le romantisme de Samsa ne serait pris à sa juste valeur !
S'essuyant un pan de visage dégoulinant avec une manche de chemise tout aussi trempée, la Combattante brièvement découragée se remotive. Chez elle, on n'abandonne pas si facilement ! On n'abandonne même jamais ; on concède, tout au mieux. Elle s'ébroua, pathétique, et repris sa harpe.


-Oui, je crois
Qu'un jour je serai où j'étais,
Juste là, près de toi pardi.
Et c'est dur, les jours semblent si sombres ;
La lune, les étoiles ne sont rien sans toi té.
Ton contact, ta peau, où est-ce que je commence ?
Aucun mot ne peut exprimer la façon dont tu me manques,
La nuit, ce vide, ce trou dans lequel je suis pardi.
Ces larmes, elles racontent leur propre histoire.

Je me rapproche de toi,
Peux-tu entendre mon appel té ?
Cette douleur que j'ai traversée.
Tu me manques, tu me manques à la folie.
Tu m'avais dit de ne pas pleurer lorsque tu es partie*
Mais les sentiments sont écrasants, ils sont beaucoup trop f... OH ! Je sais bien que je chante mal mais t'as pas le droit de me renvoyer de l'eau à la gueule pardi !
s'interrompt-elle en constatant que Shawie n'est pas à la fenêtre.

Elles se sont perdues d'une certaine manière, c'est un fait, mais les paroles de Shawie au moment où elle était partie la première restent dans l'esprit royal : "Tu es et tu seras toujours ma femme". Voilà. Et alors est-ce qu'on balance de l'eau froide à la tronche de sa femme qui ouvre son cœur ? Oui, sous conditions Non ! Surtout quand elle fait un truc qu'elle ne sait normalement pas faire. Et qu'elle ne s'est même pas plainte la première fois.
Treiscan frotte encore un peu sa tête -ça fait mal- et lève de nouveau les yeux vers la chambre de Shawie, cette dernière désormais bien réveillée. "Tu ne pourras pas toujours te cacher derrière des chansons, Cerbère." Un soupir de la concernée, indécise. Leur relation ne se réparera pas en une soirée grâce à ça ; viendra à un moment, dans un instant relativement proche, où Cerbère devra concéder, justement, repartir à son auberge -pour mieux revenir une prochaine fois. Mais à quel moment doit-elle concéder, ce soir ? La guerre, c'est plus facile.


-Écoute... je sais pas moi té. J'ai essayé, tu comprends ? Comme toi quand t'es partie pardi. Et... et c'est vrai, que je l'ai aimée. Que je l'aime pardi. Tu connais ça. Et moi, je me pensais à l'abri de ça, je me pensais à l'abri de ce tiraillement, de cette douleur té. J'l'étais pas ; je le suis pas. Et je conçois que ça puisse te décevoir pardi.

Toute sa vie, Samsa s'était crue différente des autres, comme si la volonté pouvait tout faire, comme si tout n'était question que de cela. Shawie lui avait prouvé que non, la première, parce qu'on peut tomber amoureuse de quelqu'un qu'on combattait jadis. Mais il restait à Cerbère cette certitude du cœur, que Meroé a fait voler en éclat. Ça avait déçu Samsa en un sens, parce que son égo en avait prit un coup, ses principes, ses croyances. Mais de l'autre, se décevoir pour ça, c'était rendre Meroé responsable de cette déception, et c'était aux antipodes de cela, ce n'était pas une question de Meroé, de Shawie, ni même de Samsa ; c'était une considération humaine. Et personne, dans l'histoire, n'était une erreur. Au contraire.

-Mais... j'voudrais avoir une chance de regagner ma place auprès de toi pardi.

Parfois, dans la vie, il faut faire des choix. On n'y échappe pas. C'est Maximilien qui le lui disait sans cesse. Samsa lui avait prouvé jusque-là qu'elle était au-dessus de ça, mais aujourd'hui, dans un sens, elle ne pouvait y échapper. De la même façon que, jadis, elle ne choisissait pas entre l'amour qu'elle portait à Zyg et celui qu'elle portait à Shawie, de la même façon que Shawie ne choisissait pas entre l'amour voué à Satyne et à elle, Samsa ne choisirait pas entre des sentiments. Ce n'était pas un choix de sentiment, impossible, c'était un choix de vie. Un choix de partenaire, auquel Shawie avait été confrontée aussi, avant. Samsa avait-elle été meilleure que Satyne ? Bien sûr que non. Ce n'était d'ailleurs pas une question de qualité, qu'une vulgaire évaluation sur des critères tout faits -sinon surfaits-, c'était bien plus intrinsèque, profond et personnel que cela. N'en déplaise à Cerbère, oui, elle rentrait en compte.

Samsa essora un coin de chemise avant de trembler un peu de froid sous le coup d'un léger souffle de vent. Elle avait l'air d'une imbécile, détrempée, en pleine nuit, sous une fenêtre supérieure et avec une harpe dont elle ne savait qu'à peine jouer dans la main, les bras ballants, là. Elle tortilla un peu de la bouche et se racla la gorge avant de ramasser sa toque qui s'était retrouvée chassée par la bassine, étalée lamentablement dans la terre.


-Hmhm...

"Voilà" ? "Bisous" ? "Bonne nuit" ? "A demain pour de nouvelles chansons" ? "Sinon, tu savais qu'on ne pouvait pas fredonner tout en se pinçant le nez" ? Comment conclure ? Cerbère ne conclut pas, choisissant de relever un œil prudent vers Shawie ; à elle la parole. Ou la nouvelle douche froide, car Samsa n'a même pas reculé.

* = paroles traduites (avant et après) de Sam Smith - Lay down

_________________
Shawie
Samsa.

Toujours à la fenêtre, elle reste de marbre, contenant toute cette colère avant de lâcher le venin. Le bec mi ouvert, la tête penchée sur le côté, elle a tellement d'insulte à lui envoyer au visage, qu'elle n'en trouve pas les mots directement. Le calme avant la tempête.



Quand jé suis partie ? J'suis jamais partie pour une autre. Foutre dieu, j'suis partie en Valachie pour lé Khan et non pour une catin qui avait remué lé culot sous mon nez. J'suis jamais partie pour une autre, j'ai jamais touché une autre femme qué toi malgré nos difficultés. J'ai jamais touché une autre femme. Et depuis qué tu as décidé dé te foutre avec cette Meroé, j'suis revenue vers toi, et tu m'as dégagé en beauté. 3 mois après notre rupture, tu avais déjà refais ta vie, tu y étais accrochée comme un clébard à un bout d'os. 3 mois bordel.


Toujours penchée à sa fenêtre, elle devient rouge de colère. Elle pouvait rapidement passer de la bonne humeur à la rage. La tristesse passée, elle était entrée dans un état de rage incontrôlée depuis plusieurs semaines. Astoria avait fait les frais de cette mauvaise humeur ambiante puis un jeune homme totalement inconnu qu'elle reverrai que bien plus tard, et ensuite tout son groupe était passé à la moulinette de l'Espagnole. Bon sang qu'elle avait de l'application à mettre de la mauvaise humeur en taverne, à parler très mal aux gens, à envoyer des baffes juste pour en reprendre derrière.

L'objet de cette rage était à porté de main, juste en bas.



Alors qué ? Jé devrais té récupérer parce que tu estimes maintenant qué ... qué quoi d'ailleurs ? Elle né veut plus dé toi donc tu reviens récupérer les miettes qué tu as laissé ? Pire, elle t'a laissé tomber ? Tu l'aimes encore, tu lé dis toi même. Crois tu qué je n'ai pas assez dé fierté pour té remballer comme tu l'as fait ?


Elle ferma le volet avec violence et décida de mettre ses bottes rapidement et de descendre les escaliers. Bien entendu, le froid la réveilla instantanément plus qu'elle ne pouvait l'être. Elle s'approcha de Samy, sa Samy et la poussa.


T'ose viendre ici et réclamer une seconde chance ? Tu mériterai dé prendre une baffe et dé rendre la queue entre les jambes.


Lui lança t'elle calmement et tapant sur cette horrible toque afin qu'elle retombe dans la boue.
_________________
Samsa
    "Quand un homme aime une femme,
    Il dépenserait jusqu'à son dernier sou pour elle,
    Il essaierait de se raccrocher à ce dont il a besoin,
    Il abandonnerait tout son confort,
    Dormirait sous la pluie,
    Si elle lui disait qu'il devait en être ainsi."*



-Quand t'es partie parce que j'avais eu ma vicomté pardi !

Ce n'était jamais passé pour Samsa. Shawie l'avait quittée pour la protéger : était-ce vrai ? Ou voulait-elle simplement faire tout ce qu'elle voulait sans prendre le risque d'avoir des regrets ? Pourquoi la vicomté et pas la baronnie ? Ni la seigneurie ? Et si ç'avait vraiment été l'explication, pourquoi revenir finalement ? Pourquoi lui avoir interdit de la contacter, l'avoir repoussée avec tellement de force ? Ce n'était pas juste non plus. A l'époque, la souffrance de Samsa ne trouvait pas grâce aux yeux de Shawie. C'était la fin et c'était tout, merci au revoir, à jamais.

-Je t'ai dit que j'avais pas refait ma vie, et tu vois que je l'ai pas refaite té ! Je t'ai pas dégagée. Ou alors t'as commencé pardi.

Elle savait à quoi s'attendre en venant cette nuit : ce serait sa faute, tout. Elle serait la plus indigne parce qu'elle, elle aurait rencontré quelqu'un d'autre. Elle serait la moins loyale parce qu'elle n'avait pas laissé Shawie revenir. Prendre ses responsabilités, d'accord, mais il y a des limites ! Cerbère a les armes pour renvoyer les attaques à Shawie mais elle ne le fait pas. Elle n'en est pas dans l'optique, parce qu'elle aime Shawie. Celle-ci aurait-elle oublié le Survivor Royal cet été ? Samsa ne l'a jamais oubliée. Elle a toujours son alliance au doigt d'ailleurs. Partager des sentiments, Samsa le savait déjà mais l'a réappris, ça ne les rend pas moins forts.

-C'est moi qui suis partie pardi.

Ou c'est peut-être Meroé. Après tout Samsa ne sait pas. La Slave a disparu. Néanmoins, Cerbère reste celle qui l'a notifié. Pour autant, Shawie n'est pas la roue de secours du carrosse ; Samsa sait très bien vivre toute seule. Elle revient parce qu'elle l'aime, parce qu'elle n'a jamais cessé de l'aimer.
Les volets claquent et Samsa reste là, bête. Le silence venait de retomber et un nouveau coup de vent vint faire trembloter Cerbère. Elle s'apprêtait à repartir sur cet échange quand la porte principale s'ouvrit sur une Shawie en furie mais capable de s'exprimer froidement -et Samsa combien ce n'était pas bon. L'Espagnole la pousse en arrière et Samsa l'accepte, reculant d'un pas, avant que sa toque ne tombe sous le coup de patte de Shawie.


-Pourquoi tu me la mets pas alors pardi ?

Hé, question intelligente !
Shawie avait toujours cru que Samsa parlait avec elle en terme de fierté et d'égo, alors que celle-ci n'en a pas quand il s'agit d'amour. Alors, bien sûr, il ne s'agissait pas à s'abaisser à faire n'importe quoi, mais plutôt d'avoir une considération limitée.
Et la Vicomtesse, comme s'offrant à la possibilité de la vengeance, se penche pour ramasser sa toque. De toute façon, elle l'avait prévu : ce n'est pas ce soir que ça irait mieux.



* = paroles traduites de Percy Sledge - When a Man loves a Woman

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Shawie
Pour ton Vicomté en île dé France. J'crois qué tout était dit non ? J'avais des projets et j'voulais pas du tout que tu puisses perdre quelque chose par une action de ma part. Tu travailles tellement dur pour être reconnue à ta juste valeur. J'ai tenté dé piller l'Orléans. J'ai eu la mairie mais pas le Duché. Tu imagines un peu lé bordel si jamais tu avais été assimilé à moi hein ? Certains n'attendent qué ça.

Tous tes projets pourraient être avorté à cause dé moi. J'me jette pas des fleurs, j'dis la vérité. Il y a eu du changement depuis notre séparation. J'ai décidé de me mettre au service d'une famille. Une bonne. J'veux pas tout foirer mais tu mé connaît, à tout moment, j'peux bifurquer.



La toque est au sol, le calme est revenu. Du moins en apparence. Elle bouillonne de rage intérieurement, incapable de l'exprimer comme il faut. Elle aimerait lui dire qu'elle aime de tout son cœur et que pendant ce temps de pause non officiel, elle n'avait croisé aucune femme, n'avait posé la main sur personne, rien. Le néant. Comment lui avouer ça alors qu'elle le considère comme un aveu de faiblesse ?

Les gens disent qu'en restant optimiste, on est plus heureux et en meilleur santé.

Enfant, on nous apprend à sourire, à être de bonne humeur, à faire bonne figure.

Adulte, on nous dit de voir le bon côté des choses, faire contre mauvaise fortune bon cœur, voir le verre à moitié plein. Mais régulièrement la réalité, nous force à arrêter la mélodie du bonheur. C'est vrai ce que les gens disent : pour pouvoir avancer il faut se détacher du passé. Se détacher c'est facile, avancer c'est une autre paire de manches. Alors parfois on se renferme. On essai de résister au changement. Mais les choses ne peuvent pas rester comme elles sont. À un moment, il faut lâcher prise. Avancer. Parce que même si c'est difficile, c'est la seule façon de grandir.



Tu mérites pas qué j'te touche.


Ça fait mal de grandir. Aussi mal que se baisser et de ramasser cette horrible toque. En attendant, elle observe sa femme avec attention et se rend compte qu'elle ressemble à une jeune pucelle totalement dépassée. Sha a toujours son anneau à son annulaire, incapable de le retirer.


Jé t'aime andouille.


Lâche t'elle ainsi. Toi aussi tu vas bien bébé ?
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Samsa
    "C'est triste, si triste,
    C'est une triste, triste situation,
    Et ça devient de plus en plus absurde.
    C'est triste, si triste,
    Pourquoi ne pouvons-nous plus parler de ça ?
    Oh il me semble,
    Que désolé semble être le mot le plus difficile."*



Cerbère renifle en la regardant, la goutte au pif. Elle a la sensation, malgré elle, de revivre cette journée de février : elle, si heureuse, si fière de sa vicomté, et Shawie lui assénant la fin de leur histoire à cause de ça. L'Espagnole ne lui avait jamais fait un tel coup pour ses divers autres projets, elle avait préféré la quitter plutôt que de l'informer d'un projet très gros. Bien sûr, c'était vrai, que la situation était peu confortable : déjà, elles étaient toutes les deux femmes et risquaient le bûcher, les assassinats, comme par ces fanatiques à leur mariage symbolique. Ensuite, Samsa était noble quand Shawie était suivie à la trace et traitée de cafard, c'était presque si sa tête n'était pas mise à prix depuis son passage en Orléans. Elles avaient cependant toujours su se respecter, Shawie en ne disant jamais ni où, ni quand, elle allait "couper du bois" -leur code- ; Samsa en ne communiquant jamais les intentions royalistes, les mouvements et la logistique quelconque. Deux mondes, bien séparés. Et toujours, chez Shawie, cette capacité à revirer de l'un à l'autre, ce qui ne cessait de susciter l'admiration de Cerbère, parce que l'Espagnole était partie à l'origine du côté obscur -là où un royaliste tombant brigand n'aurait été que trahison- et avait changé, la première fois en tout cas, par amour pour elle. En s'y attardant deux minutes, tout ce que Shawie avait fait en dehors de ce qui n'était pas elle, ç'avait été pour Samsa. L'Espagnole aurait pu faire autrement, c'est un fait, lui dire qu'elle allait disparaitre un moment, reparaître après ; elle avait préféré la quitter. Quelle idée à la con. Mais bordel, que Samsa l'aimait, cette femme.

-Quelle famille pardi ?

C'est une question curieuse alors que Samsa se redresse, tapotant vainement sa toque détrempée et boueuse, pour se donner contenance plus que pour essayer d'en sauver l'apparence. "Tu mérites pas qué j'te touche." Cerbère remet sa toque sur sa tête, assez pitoyable, mais se redresse dignement. Ça, c'est la magie Samsa : même dans le pire accoutrement, elle sait garder la tête haute et son honneur. Et tombe ainsi l'aveu, que Samsa sait pourtant, mais qui lui mouille l’œil. Il manquerait une petite pluie, pour noyer ça.
La Combattante aux mains nues, à l'alliance toujours là elle aussi, s'avance. Un pas, doux, presque hésitant, à la "je peux ? N'bouge pas". Deux, un peu plus confiant. Trois, et, face à elle, l'enchainement se fait alors que Samsa entoure Shawie de ses bras, se calant contre elle. Avec une dizaine de centimètres en moins, la cheffe Treiscan est au niveau du cou de sa femme, blottissant sa tête contre elle, capable d'entendre son cœur, de sentir le sang qui pulse, de sentir son odeur du sommeil. Elle ferme les yeux. Elle est bien, là. Elle voudrait dormir ici.


-Je t'aime aussi pardi.

Samsa se détache un peu pour la regarder. Oserait-elle l'embrasser ? Elle risque la mandale, le rejet. En a-t-elle peur néanmoins ? Pas du tout. Elle a pourtant conscience que c'est potentiellement trop tôt, mais elle ose, se hisse un peu sur la pointe des pieds pour escompter poser ses lèvres sur les siennes, parce qu'elle est comme ça, Cerbère : toujours volontaire.


* = paroles traduites de Elton John feat Blue - Sorry seems to be the hardest word

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Shawie
Une famille qui semble un peu l'accepter. Enfin. Le Duc finirait bien par lui mettre une mandale un jour. Et elle redoutait cette attente. Elle en était sure, mais elle restait. La Paire était quand même vachement plus cool.


Une Famille.


Lâcha t'elle froidement. Qu'est ce que ça pouvait faire. Il en faudrait du temps pour percer l’iceberg qu'elle avait forgé depuis quelques temps. Parfois, elle ne se reconnaissait même plus : remballant les gens à tour de bras sans grande raison pour la plupart du temps. Samsa était la cause de ce revirement et maintenant qu'elle l'avait en face, elle se retrouvait nue.

Pas de pluie, une simple brise qui lui glace encore plus le sang. Cette brise c'est le contacte avec sa femme. Sha vient juste de lui avouer son amour mais pourtant, elle n'est absolument pas prête à lui accorder le droit de la toucher. Ces lèvres qui en ont touché d'autre, ces mains qui ont caressé une autre peau, ce visage qui s'est endormi en face d'un étranger. Tout Samsa lui rappelait cruellement Méroé. Cette femme qu'elle considérait comme briseuse de ménage, comme une catin clairement, cette femme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, Sha la haïssait.

Les lèvres de la Cerbère s'approche et machinalement, elle la repousse. Pas violemment, mais assez pour lui faire comprendre que non. Et que ce "non" n'a aucune chance de se transformer en oui. Aucune interprétation possible. Hashtag balance ton porc n'aura pas lieu d'être ainsi !



Né fais pas ça.


Et l'Espagnole se recula.


Je t'ai dis que jé t'aimais. Jé n'ai pas dis qué tu pouvais m'embrasser. Jé né peux concevoir toucher tes lèvres qui ont touché les siennes. Crois tu pouvoir revenir comme ça et penser un instant que mes bras vont s'ouvrir pour toi ? L'amour né pardonne pas tout, pas ça du moins.

Tu es souillée Sam. As tu fais d'avantage avec elle hein ?



Oui parce que finalement, c'était bien ça le nerf de la guerre.
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Samsa
    "Je tombe encore davantage amoureux de toi,
    J'abandonne tout ce à quoi je tenais.
    Je reste ici jusqu'à ce que tu me fasses bouger ;
    Je me raccroche à un instant ici avec toi."*


Un pas en arrière de Cerbère sous la main de Shawie. Elle l'accepte. Elle s'y attendait, mais au moins aura-t-elle essayé. On ne lui dira pas, derrière, "et pourquoi alors tu ne l'as pas embrassé, si vous vous aimez ?" La vie n'est pas un roman mais ça vaut la peine d'en tester les limites. Shawie aussi teste les siennes, en la traitant de souillée. Samsa conçoit que sa femme le prenne ainsi, mais dans sa moralité à elle, elle ne l'est pas, parce qu'elle ne l'a pas trompée. Shawie était partie, lui avait dit de refaire sa vie, de ne plus jamais lui écrire. Mais Samsa prend sur elle parce que, dans son cœur et dans sa tête, aux tréfonds de son âme, elle sait ce qu'elle est, et ce qu'elle n'est pas.

-Nan, je ne le pense pas pardi... avoue-t-elle, avant de la regarder. Il faudrait vraiment la pluie. Elle a voyagé avec moi. Je l'ai aimée, et elle m'a aimée té.

Et c'était tout, même si c'était déjà beaucoup. Parce qu'au fond, Samsa n'avait rien appartenant à Meroé, et inversement. Pas de vêtement, de médaillon, ce genre de choses. Elles s'aimaient, passionnément, mais ce n'est pas la passion qui construit une vie : c'est le temps. Ce sont les épreuves. Des deux, elles en ont eu trop peu, ou de façon déréglée.
Sursaut chez Cerbère.


-Et je sais ce que je dis en te le disant té. Mais je ne t'ai jamais menti, je ne t'ai jamais trompée ; tu le sais.

Fidélité. C'était ça, le véritable nerf de la guerre. Samsa avait-elle cessé d'aimer Shawie ? Non. L'avait-elle trompée avec Meroé ? Non. Shawie était partie. Avait-elle caché cela à Meroé ? Jamais. Avait-elle retiré son alliance, rien qu'une fois ? Non plus. Alors, avait-elle manqué de fidélité ? Non. Car Cerbère avait toujours su que si, un jour, elle dérogeait à un de ses principes fondateurs, alors elle se détruirait totalement. Si elle l'avait fait, elle ne serait pas là cette nuit.

-Tu peux me reprocher tout ce que tu veux, mais je ne t'ai jamais oubliée, je n'ai jamais cessé de t'aimer ; ça aussi, tu le sais pardi. Tu peux me reprocher tout ce que tu veux, mais tu es partie, tu m'as chassée quand je t'écrivais, tu m'as laissée tomber, tu m'as dit de refaire ma vie, que tu voulais apprendre de ma bouche qui ce serait : je te l'ai dit, quand tu es revenue pardi. Tu veux croire qu'à ce moment, tout était acté entre Meroé et moi, mais ce n'était pas le cas, parce qu'on se plaisait, mais j'étais pas amoureuse à ce moment-là té. Tu veux croire que j'aurais manqué à ma promesse alors que tu ne voulais plus entendre parler de moi.

Tu m'as dit que je serai toujours ta femme, et je n'ai jamais cessé de l'être té
assena-t-elle en montrant bien sa main où trônait toujours l'alliance rose incarnadin.

Shawie pourrait bien lui reprocher ça si elle le voulait, de ne pas même l'avoir ôtée, mais quoi que Samsa dirait ce soir, elle aurait tort de toute façon. Elle ne s'attendait pas à arranger les choses dans l'instant, mais à planter les graines de l'apaisement, qui pousseraient, elles aussi, avec le temps. Cerbère savait, de toute façon, que dans la colère que Shawie affichait, il y en avait une part qui ne dépendait pas d'elle, une forme de culpabilité pour Shawie d'avoir été la première à partir, de ne pas l'avoir retenue, de l'avoir laissée, de devoir endurer le fait que si elle n'était pas partie, Samsa non plus ne serait pas partie ; Cerbère ne part pas la première. Et sur cette part que Shawie avait, Samsa savait que ce n'était pas à elle de pardonner. Le pardon le plus difficile vient toujours de soi.



* = paroles traduites de Lifehouse - Hanging by a moment

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Shawie
Tu as tout dis : je suis partie. Pour té protéger. Et puis, peut être bien pour la première fois, je me suis rendue compte de ma connerie et j'suis revenue. Tu avais déjà refais ta vie. C'est peut être ça lé souci en fait qué j'accepte très mal. T'as quand même refais ta vie ... et putain tu l'aimes quoi. Tu comprends quand même qué ça puisse mé gêner hein ? Qui m'dit qué dans 3 semaines, elle va revenir à son tour hein ? Et qué tu vas té barrer avec elle.


Manquerait plus qu'on l'abandonne deux fois et elle pouvait bien prendre sa ceinture et se la passer autour du coup. La vérité c'est qu'elle prendrai un malin plaisir à trucider Meroe, en place publique du Périgord. Ça gueule sévère la bas ... Rome, l'inquisition, toussa toussa.

Les gens pensent qu'une âme sœur est leur association parfaite, et tout le monde lui court après. En fait, l'âme sœur, la vraie, est un miroir, c'est la personne qui te montre tout ce qui t'entrave, qui t'amène à te contempler toi-même afin que tu puisses changer des choses dans ta vie. Samsa était juste ça, c'était déjà pas mal, non ?



T'es ma femme Samy. Y a jamais eu dé doute sur ça. J'ai jamais retiré ton horrible alliance. Ça a même fait jaser t'sais. Surtout quand j'ai gueulé un peu partout qué tu étais lé père du petit gros. D'ailleurs, j'crois qu'il est mort lé con. M'enfin c'pas lé souci/ Lé souci c'est qué j'ai beaucoup d'mal ... à revenir vers toi.


Le cerveau est l'organe le plus mystérieux. Il enregistre ... il évolue ... il s'adapte ... il nous dit ce qu'on voit. Ce qu'on entend. Il nous fait ressentir l'amour. C'est le berceau de notre âme. Mais peut importe la recherche, personne ne peut dire comment fonctionne cette matière grise fragile. Et quand il est blessé, quand le cerveau est traumatisé. Eh bien, il devient encore plus mystérieux.


Samuel jé pourrais te promettre dé t'aimer et de té chérir. Je pourrais té promettre d'être la dans le bonheur et dans le malheur, de t'être fidèle jusqu'à ce qué la mort nous sépare ; mais je ne le ferai pas. Ces vœux là sont fait pour les couples optimistes, les couples pleins d'espoirs. Et si aujourd'hui je suis ici avec toi c'est pas parce que jé suis optimiste ou plein d'espoir. Jé ne suis pas optimiste. Jé ne suis pas plein d'espoirs. Je suis sure. Jé suis certaine. Je sais. Alors voila cé dont je suis sur : tu es ma partenaire, mon amour, ma meilleure amie. Mon cœur bat pour toi.


Elle lui prit la main, doucement.


Laisse nous lé temps.
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Samsa
    "Tu auras le temps
    De prendre ce que tu veux prendre.
    Tu auras le temps
    De nous faire avancer ensemble.
    Tant de gens se cherchent,
    Se désirent, se suivent et se perdent :
    Donnons-nous la peine."
    (Jenifer - Donne-moi le temps)



Une connerie. Ouais, une sacré belle connerie, qu'avait fait Shawie. Cerbère ne l'aurait jamais quittée. Ses engagements, elle les tenait, jusqu'au bout. Ça n'avait pas toujours été facile avec l'Espagnole et peut-être, c'était vrai, que Meroé lui avait offert un brasier qui avait manqué à Cerbère. Ça avait sans doute participé à ce que Samsa l'aime de façon si ardente. Quoiqu'il en soit, l'alchimie entre deux êtres ne s'expliquait pas forcément ; elle était, et c'est tout. Pas de moyen de l'éteindre, de l'oublier, de faire comme si. C'était, et c'est tout. On avait beau être fou amoureux d'une autre, armée d'une fidélité et d'une volonté de fer, être à l'autre bout du monde, on était tous à la même enseigne : c'était, et c'est tout.

-Toi et moi, on a toujours été honnête l'une envers l'autre pardi. C'est pour ça, oui, que je te dis que je l'aime. Parce que je ne te l'aurais pas caché, comme toi tu ne me cachais rien té. Je comprends, que ça te dérange, mais ce serait malhonnête de le taire. Et je comprends aussi que ce soit bizarre, mais je t'aime pardi. Je t'aime, et je sais que tu connais ça, se retrouver entre deux.
En revanche, tu sais très bien que quand je prends une décision, je m'y tiens pardi.
Elle l'avait vue quand Samsa n'était pas revenue. Entre autres fois où Cerbère, quand elle avait décidé de quelque chose, devenait aussi loyale que butée. Tu l'as fait jadis, en me choisissant ; je ne serai pas là si je devais encore te dire un jour que je la choisirai té.

Et ça faisait mal. Bien sûr que ça faisait mal, de tourner une page où il y avait encore tant de blancs, de place pour écrire. Bien sûr que ça faisait mal, l'idée d'un jour revoir Meroé -car Samsa savait, au plus profond de son être, qu'elle reviendrait un jour- et de devoir lui dire qu'elle ne reviendrait pas. Mais dans la vie, il y a des choix qu'il faut prendre et qui ne font pas plaisir, et on ne peut pas toujours les éviter.
Aujourd'hui, il se pourrait que Shawie choisisse de pas revenir. Ou de ne pas choisir. Ça reviendrait au même, quand Cerbère entend qu'elle a du mal à passer au-dessus -et quoi de plus normal. Mais n'y-a-t-il aucune volonté ? Aucun espoir ? "T'es drôle, Samsa : lui en as-tu laissé, toi ?" Un peu, peut-être. Ça n'empêche pas qu'elle a envie de pleurer, comme une merde.

Surtout quand Shawie commence sa tirade, parce que ça commence et se finit tel un "je pourrais, mais je ne le ferai pas". Cerbère hoquète, de douleur, avant que Shawie ne la rassure. Elle est sûre. C'est elle, elle et personne d'autre. Shawie a toujours été la plus forte, dans leur couple -et ça, Samsa l'a toujours dit. La Vicomtesse pleure, sans vraiment savoir pourquoi exactement : est-elle soulagée ? A-t-elle eu peur ? De douleur ? De tristesse ? Sans doute les quatre, et plus encore. Elle voudrait, là, l'étreindre et pleurer contre elle, au creux de son épaule, pleurer jusqu'au petit matin, pleurer tout son chagrin. Elle n'en fait rien. Samsa sait tenir les distances qu'on pose.
Alors c'est la main qu'elle serre, yeux sombres plongés dans ceux de sa femme. C'est la main espagnole qu'elle porte à son front car c'est en ployant la nuque que Cerbère fait plier sa douleur. C'est comme ça, aussi, qu'elle manifeste amour et respect.


-Je nous accorderai le temps qu'il faudra té.

Parce que, cette fois, Samsa sait que Shawie reviendra. Cerbère Fidèle sait attendre des années si on lui demande. Ça en vaut la peine, aussi. Puis c'est nécessaire, surtout, même pour elle, car, ne lui en déplaise, elle aussi a besoin de temps pour faire le point sur ce qui s'est passé, tant avec Shawie qu'avec Meroé. Elle aussi a besoin de trouver des solutions, des remèdes, se reconstruire ; les échafaudages durement montés se sont effondrés, entrainant avec eux des pans de murailles déjà abîmés.

Dans le froid nocturne qu'une nouvelle brise traverse, Samsa frissonne un peu. Elle est trempée et ses vêtements lui collent aux os de façon lamentable. Cerbère renifle, pitoyable.


-Je vais... rentrer pour cette nuit pardi. Ce serait idiot que j'attrape la crève, hein ?

Bah ouais, elles ne pourraient plus se remettre ensemble sinon, ahah ! ...Ah-ah... Samsa se félicite de ne pas l'avoir fait, celle-là : c'était tellement à chier que ça aurait pu être un motif de divorce à elle seule.
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Shawie
- Plusieurs semaines après l'entrevue -


Citation:
Samy,
Mon homme,
Samuel,
Ma chose,


Hep,



Je prends le temps de glisser quelques mots sur le parchemin, entre deux boules de neige et trois choppes. Je me retrouve étrangement, par moult déboires, tu t'en doute, en Touraine. Avant de perdre trois doigts par le froid, j'ai pris refuge dans mon chez moi. J'étais avec la Garde Royale, enfin le Cortège même. Tout ne s'est pas aussi bien passé que je pouvais l'imaginer. Disons que j'ai du mal à fermer ma gueule. J'ai donc été congédié et j'ai repris la route seule vers Loches.

Entre deux, j'ai reçu un courrier de Meli : La Princesse. Reste bien assise. Elle m'a demandé de devenir sa vassale. Je n'ai pas répondu. Et ma réponse sera un non ferme. Je n'ai toujours pas digéré l'affront qu'elle m'a fait en préférant Raquel à moi. Putaing, j'lui avais sauvé la vie quoi et elle me chie dans la main en vassalisant Raquel. Et puis, je sers une nouvelle famille maintenant. Les Leffe. Chimera et aussi son vieux mari. Cela me plait mais je sens qu'il me faire couper la tête à chaque seconde. Je me sens sur la défensive dès que j'ouvre le bec. Va t'il bien prendre une parole ? Être vexé ? Me balancer une mandale ? Bref, je ne maitrise pas la discussion avec lui. Il est véritablement susceptible comme un pouilleux et fort attaché des principes dont j'ignore absolument tout.

J'ai déposé quelques affaires à Loches avant de recevoir un courrier de Chimera me mandat de rejoindre le Cortège en tant qu'invitée de la Reine. Rieux. A l'autre bout de la Bretagne. Il semblerait qu'elle veuille m'offrir un plaid en ces périodes hivernales, je ne peux dire non.


Je sais que tu es en Alençon et possiblement vais je couper le trajet pour les retrouver en Alençon également. Peut être que nous pourrions nous y retrouver pour ... parler ?



Je t'embrasse,

S.

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Samsa
    "Ma tête, ma tête est pleine de choses que j'aurais dû faire
    Mon cœur, mon cœur est lourd,
    Et il coule comme une pierre."*


Leurs chemins s'étaient séparés quelques jours après leur entrevue nocturne, sur la promesse de nouvelles bases à venir. Samsa avait reprit sa route, comme elle le faisait toujours, en direction de l'Alençon. Elle voulait retrouver Longny-au -Perche. Plus les années passaient, et plus elle s'y sentait chez elle, plus elle acceptait et considérait la baronnie comme étant sa terre. Elle comprenait désormais ce que ressentaient ces nobles pour une terre, ce lien particulier qui les unissait. Bien sûr, elle avait Lansac depuis plus longtemps mais la seigneurie, en plus d'être loin -en Béarn-, ne lui appartenait pas en propre. C'était une seigneurie issue de mérite dont Lucie lui avait confié la garde ; c'était très différent. Quant à Luzarches, son rangement au giron Treiscan était encore jeune, et sa prestigieuse appartenance au ban d'Île-de-France nécessitait, là encore, un peu de temps pour l'apprivoiser. C'était néanmoins une des fiertés de Samsa, déjà.
La neige avait commencé à tomber en France et Cerbère la regardait depuis les créneaux de son château. Plus bas, un messager, qu'elle vit monter pour venir jusqu'à elle. Message fut réceptionné et la Baronne rentra pour s'installer à son bureau. Les sourcils se haussèrent aux nouvelles et plume fut prise :





Shawie,
Ma Femme,
Ma Chose -car je suis ton Truc-,

Coucou.

Tu ne cesseras jamais de m'étonner : toi en le cortège royal. Malheureusement, je ne suis pas étonnée qu'ils t'aient jetée : ils sont un peu pète-sec. Même moi, je ne crois pas que je pourrais m'amuser en leur compagnie.

J'ai aussi eu des nouvelles de Mélissandre. Je crois savoir qu'elle est à présent en Toulousain, en compagnie de Raquel justement. Je suis contente de la savoir de retour. Vous réconcilierez-vous jamais un jour ?

Et ainsi sers-tu Chimera et Cornelius ! Je les connais très bien, ce sont des amis. Surtout Chimera, avec qui j'ai travaillé quand elle était duchesse, et un peu au Secrétariat Royal aussi, avant qu'elle ne devienne Pair de France. Tu as trouvé une très bonne famille, sais-tu ? Cornelius est un homme très... vieille école, tu vois ? 'Fin oui, tu vois, son âge parle pour lui. Il est rigide. Il a du mal avec les familiarités qui ne sont pas de camaraderie, issues d'un frère d'armes un peu. Mais tu seras bien, avec eux, surtout Chimera ; elle est chouette.

Je serais contente que tu passes en Alençon, ou n'importe où où tu le voudras. Je pensais aller faire une balade vers la Normandie, ce qui, somme toute logique si la reine est en Bretagne, serait la suite du parcours royal. Aussi, Alençon ou Normandie, oui, nous nous retrouverons.

Je t'embrasse.

Samsa

P.S : tu me manques.


Lettre fut pliée après avoir été rédigée d'une écriture assez mal faite. Samsa, jamais, n'avait eu une belle écriture de façon naturelle ; il n'y avait que quand elle rédigeait dans le cadre du Secrétariat Royal ou dans le cadre d'un sujet -ou d'un destinataire- important qu'elle dessinait de belles lettres, appliquée, tant et si bien qu'à regarder deux lettres côte à côte -une naturelle et une royale-, il était possible de penser que la personne derrière n'était pas la même.
Le message fut porté au cavalier qui avait reçu pour ordre d'attendre et d'en profiter pour se reposer, et ainsi fila-t-il vers Shawie.

Samsa s'était ensuite posée de nouveau aux créneaux de ses murailles pour observer les flocons tomber. Elle n'avait pas eu un signe de vie de Meroé et si elle se demandait toujours où elle était, pourquoi, il y avait cette fois une forme de sérénité dans ses yeux. Meroé aurait su se mettre à l'abri, en ce moment, probablement, quelque part dans la nature autour d'un feu de camp, à faire cuire une cuisse de lapin attrapé au collet, comme elle savait le faire. Pas si loin, en Anjou, prévenue de la main de Cerbère, une autre femme devait attendre, peut-être elle aussi en regardant les flocons de neige tomber -s'il neigeait en Anjou. Et Samsa trouva du réconfort dans l'idée que, contrairement à Zyg que tout le monde avait oublié, dont elle était seule à vraiment se souvenir, l'image de Meroé n'était pas sur ses épaules seules.


* = paroles traduites de The Script - It's not right for you

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