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[RP] Touches pas au Chapal...

Rouge_gorge
[1461]

Un nouveau jour se lève dans la piaule de Rouge, un coussin sur sa face et voilà qu'elle se rendort pour quelques heures. Sous ses paupières collées au ciment, elle fomente ses plans de la journée: vol, boisson et si le jour est bon, femme. Pour ce qui est du vol, pas besoin de s'épancher longuement sur la question, il suffit juste de saisir l'opportunité comme elle dit si bien. Pour la boisson, son parfum "Lendemain de soirée", effluves "d'alcool-sueur-vomi", lui colle à la peau. L'esprit très fertile et optimiste, l'Oiseau s'attarde donc sur sa fin de journée. Petit à petit, un profil éclot dans sa caboche. Les formes naissent puis maturent jusqu'à se préciser clairement dans l'esprit embrumé. Elle imagine alors la texture de la chair de sa créature -douce et ferme-, sa carnation -pâle et rosé-. Viennent ensuite les pigments de ses yeux et de sa chevelure: une coulée d'or chatouillant le creux de ses reins. Avec le souci de la perfection, Rouge parsème sa toile de quelques grains de beauté avant de lui insuffler vie. Une allure, une gestuelle, une voix qu'elle modèle au gré de ses fantasmes...



L'Oiseau trille dans son coussin avant d'essuyer ses doigts moites de désir dans les draps. Assurément une belle journée qui s'annonce.

Au fil du temps, Rouge vaque à ses occupations avec le sourire: une bourse par-ci, une pomme par-là. C'est qu'elle a de la gueule dans sa toilette bouffante et bariolée. La démarche fière et le port droit, sa crinière de boucles brunes tissée de fils d'argent -pas l'âge, les soucis!- lui donne l'allure sauvage. Libre comme l'air, elle est redoutable, indomptable. Aujourd'hui, le monde est à ses pieds! Mais voilà qu'une lourde paume s'abat sur son épaule et la stoppe dans son élan. Senestre sur le pommeau de son sabre battant son flanc droit, elle fait volte-face. Son expression se tord d'un dégout certain avant que ses lippes ne se fendent d'un sourire moqueur.


Un souci, l'ami?
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Siegfried_fechter
      - Dobra, combien me payes-tu l’ami ?

    La vie de mercenaire n’est pas chose aisée, autrefois profession respectée, il semblait que beaucoup de chefs routiers en France s’étaient avérés n’être que des bandits glorifiés. Rien à voir avec le professionnalisme des lansquenets qui, bien qu’aussi brutaux que des brigands, avaient le mérite d’être loyaux a leurs payes. Après tout, quelle valeur peut bien avoir un mercenaire qui ne respecte pas ses contrats. Mais là…

    Dix écus par jour pour une mission d’escorte, avec « promesse » de primes de risque pour chaque oreille de brigand ramené. Tout ça dans une mission d’escorte. Il ne savait pas si le commanditaire du contrat se rendait bien compte de ce à quoi il encourageait ses hommes d’armes. Un détour par un village un peu éloigné des routes, on rassemble tout le monde et…

    Fin, on se doute bien que l’idée était mauvaise. C’était comme demander de justifier une bille d’arquebuse en coupant la main d’une personne abattue. Il grimaça et se désintéressa de ce contrat. La journée était encore jeune, sous son chapeau a plumes, il regardait le soleil. Il ne devait même pas être onze heures. En effet, les étals d’un marché matinal bourdonnaient de vie. Des cris, des rires, des envolées colériques quant au prix du quintal de cochon, des promotions sur un poisson frais. Il ne manquait qu’une grande table ronde au centre du village et une bonne bagarre pour que ça devienne vraiment folklorique. Mais non, les quelques miliciens présents faisaient régner un semblant d’ordre.

    Enfin, ils ordonnaient le chaos plus qu’autre chose. Quelques tires-laines s’étaient immiscés dans la foule, par réflexe, le Lansquenet glissa sa bourse sous son plastron. Sécuriser les quelques écus qu’il avait gagné depuis son dernier contrat. Et ainsi, il déambula. Pommes, morceaux de viande. Poulets vivants bien gras. Du pain chaud, des épices venues de Constantinoples, quelqu’un prétendait vendre de la soie de Ming, mais a plus proche inspection, ce n’était qu’une laine très douce. Le Lansquenet n’avait rien d’un tisserand, mais la soie était prisée dans la plaine du Pô.

    Il se redressa en voyant une masse de cheveux noirs bouclés passer a côté de lui. Quelques fils cendrés, comme une ombre argentée sur un visage pâle. Un vent de panique passa sur lui, il inspira et lui enjoint le pas. La corneille ? Enfin ? Après huit années de traque, il la retrouverait dans un marché, aussi simplement que ça ? Le destin s’était il foutu de lui. Une main glisse sur le pommeau d’une dague alors qu’il posait une lourde main sur l’épaule de la femme en la retournant. Son cœur se figea, mais non. Ce n’était pas elle, elle n’avait rien de la Corneille. Tenue trop bariolée, pas assez de cicatrices, trop de seins.

      - Kurwa. Répondit-il a l’oisal. J’t’ai pris pour une autre, dégage.


    Et ainsi donc, il la relâcha, sans se douter que son superbe couvre-chef lui serait pris.

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Rouge_gorge
- Kurwa

Ça sonne comme un bruit de pigeon de l'Europe de l'Est. Rouge ne sait pas comment roucoule un pigeon de l'Europe de l'Est mais se l'imagine comme ça.

- J’t’ai pris pour une autre, dégage.

L'Oiseau est bousculé en arrière par le géant. Rien de grave...Juste de quoi froisser l'égo. D'un coup de main, elle rajuste son ample chemise chamarrée et revient à la charge tandis qu'il passe son chemin. Quelques enjambées, elle est à sa hauteur et l'observe de ses prunelles sombres.

T'es sûr que tu veux pas qu'on fasse connaissance, l'ami? Il y a un truc chez toi qui m'plait bien. J'sens qu'on peut d'venir les meilleurs amis du royaume! Moi, c'est Rouge-Gorge.

Pas farouche, la jeune femme lui colle au train. Elle dégaine un large sourire puis pose sa main en visière sur son front, le soleil l'éblouissant.
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Siegfried_fechter
      - Lâche-moi. Peste-il avec son accent slave.


    Kurwa, il est vrai que ça ressemble au bruit d’un pigeon d’Europe de l’est. Le roucoulement rauque d’un pigeon fumeur d’Europe de l’est plus exactement. Gurrwa. Mais le Lansquenet n’avait pas le cœur a rire, au contraire même. L’incessant piaillement de l’oisal lui tapait sur le système, quel ascenseur émotionnel il venait de se prendre dans la gueule. De corneille il se retrouvait pris à part avec autre chose, un piaf a n’en pas douter mais il n’savait pas mettre l’nom dessus, Rouge-Gorge ne semblait pas lui coller à la peau.

    Alors qu’elle lui redemande encore une fois, comme un pic-vert frappant sans discontinuer l’écorce pour chercher la p’tite bête, il se retourne vers elle, chapeau masquant le soleil et lui offrant un peu de répit, sans réellement l’vouloir.

      - Tu va pas m’lâcher les burnes même si j’te paye, hein ? Grinça-il entre ses dents.


    Une œillade aux coins du marché lui confirma sa suspicion, les miliciens, bien qu’affables, regardaient parfois dans sa direction. Du coup une droite serait la malvenue. Prisonnier de la pression populaire et sous l’œil vigilant de vigiles non vigilantes. Le Lansquenet lâcha un soupir a s’en fendre l’âme.

      - Meilleurs amis du royaume, rien que ça. Dit-il avec un soupir. Rouge-Gorge, c’est ça ? Écoute, j’ai beau en avoir l’air mais j’cherche pas la compagnie d’une jolie femme pour l’instant, va tenter ta chance au bouge là-bas. Y’a des mercenaires qui s’font engager et qui récupérent leurs payes, tu pourrais t’faire de l’argent là-bas.


    Il inspira un instant, puis par politesse plus qu’autre chose, il redresse le menton avec une certaine fierté derrière lui. L’homme ayant un port altier plus ou moins naturel.

      - Moi c’est Siegfried.


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Rouge_gorge
- Lâche-moi.

Il est certain que la Cendrée ne va pas le laisser partir à la première menace et continue son enjambée.

- Tu va pas m’lâcher les burnes même si j’te paye, hein ?

Tentant mais non, aujourd'hui, Rouge vise plus haut que ses bourses. Elle vise son magnifique chapeau et poursuit donc son harcèlement.

Meilleurs amis du royaume, rien que ça. Rouge-Gorge, c’est ça ? Écoute, j’ai beau en avoir l’air mais j’cherche pas la compagnie d’une jolie femme pour l’instant, va tenter ta chance au bouge là-bas. Y’a des mercenaires qui s’font engager et qui récupérent leurs payes, tu pourrais t’faire de l’argent là-bas.

Attendez? Il la prend pour une prostichienne?! L'Oiseau fronce le bec: c'est qu'il touche où ça fait mal, le bougre. Elle aurait pu lui décoller un poing entre les deux yeux mais chose rare, il est très grand. Trop grand même pour la piaf. En plus, la milice rôde, pour sûr qu'ils en ont après la voleuse bigarrée. La Cendrée se contente juste de tirer sur son propre col pour relâcher la pression, dévoilant sa cicatrice sans le vouloir vraiment.

- Moi c’est Siegfried.

Il a l'air quand même vachement fier avec sa double-face. Ça y est, Rouge l'aime bien!

Ravie, Seugfreud. T'as un beau chapeau, tu sais? C'est pour cacher ta sale gueule?

Chasser le naturel et il revient défoncer les gonds avec le sourire.

J'suis pas une catintipute. J'suis dans les affaires, moi. Et toi?

Première leçon, caresser dans le sens du poil la Bête. Deuxième leçon, lui arracher le chapeau mais on y est pas encore.
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Siegfried_fechter
      - Ah, Rouge Gorge. C’est comme si j’m’appelais « Double Face » a cause de ma balafre sur la joue. Dit-il, narquois. C’est plus joli que « La Ratée ». Exécution ou tentative de suicide ma jolie ? Peu importe en soi.


    Il croise les bras sur son torse en l’écoutant parler ; catintipute, en voilà un mot-valise intéressant. Le sourcil du Lansquenet se hausse, perplexe. Dans les affaires, mh ? Avec sa tenue bariolée il aurait juré qu’il aurait pu se la payer pour pas cher dans un bouge malfamé. Mais visiblement, la remarque avait fait mouche. Peut-être un passé dans la profession ?

      - Lansquenet, au cas où l’chapeau serait pas assez clair. Marque-il en pinçant le bord bouffant de son chapeau, le réajustant. Un genre de soldat si tu veux.


    Il la dévisage, les yeux la reluquant sans se priver. Chemise bouffante, pantalon bouffant aux mollets serrés. Même la coque est présente. Il se fends d’un sourire.

      - J’me suis peut-être trompé sur toi ma jolie. Dit-il, un sourire de requin se dessinant sur le visage. La plupart des femmes qui portent nos vêtements sont des putains du genre a dominer des hommes, tu sais, le coup de marcher en talon sur les burnes ? Où t’a trouvé ces vêtements ? T’a croisé un joli lansquenet qui t’a fait un gosse et tu porte ces vêtements en souvenir de lui ? Ou alors t’es mercenaire comme moi. Va savoir. Il sourit en coin. Cependant l’image n’est pas parfaite, il te manque le plus important
    .

    Le Lansquenet avait une sacrée loghorée quand il voulait. La vie n’était que ça pour lui, en dehors des champs de bataille, de la sueur et du sang. Une succession de monologues plus ou moins blessants. Marquant une pause dans le monologue. Il souleva le bord de son chapeau avec un sourire qui autrefois aurais été à se pâmer.

      - Le chapeau.

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Rouge_gorge
Ah, Rouge Gorge. C’est comme si j’m’appelais « Double Face » a cause de ma balafre sur la joue.

Révélation. Les paupières s'agrandissent avant de cligner.

C’est plus joli que « La Ratée ». Exécution ou tentative de suicide ma jolie ? Peu importe en soi.

Rouge aime bien raconter des histoires sur son étrange cicatrice. Elle sait que ça lui donne un air mystérieux. Aujourd'hui pour préserver l'intérêt du poméranien sur elle, elle garde le silence: lui laissant imaginer le meilleur comme le pire de sa personne.

Elle l'écoute, il la nargue. Son chapeau là, c'est juste pour masquer son égo. Il est fier et incisif comme la dent. Orgueilleux comme peu, Monsieur se fait coq de la basse-cour avec sa plume sur la tête. Rouge, elle, a tout le plumage du coq. Elle dresse le cou et riposte:


J'crois que tu fais fausse route, Lanscanette. Si j'écrase les burnes des mecs comme toi, c'est juste pour les entendre couiner leur mère et ployer l'échine devant moi. Il y a pas de joli lansquenet pour m'engrosser. J'ai couché plus de femmes que tu n'le feras jamais dans ta vie avec ta sale gueule.

Quand l'Oiseau ouvre le bec, c'est pour sortir les crocs.

J'ai trouvé ses frusques sur un saltimbanque pour ta gouverne. La coque, c'est pour ranger mes burnes quand je les colle pas sur ton front, espèce de dindon.

La Cendrée lui laisse le temps de s'imaginer la chose avant de reprendre.

Maintenant, tu vas m'filer ton chapeau avant que j'te vole dans les plumes.

La main sur le sabre n'est pas là pour déconner.
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Siegfried_fechter
      - Je t’accorde un truc, La Ratée. Dit-il d’un fin sourire à l’ultime menace. Tu n’manques pas de cran, mais y’a un couac dans ton plan.

    Sans lui laisser le temps de se rendre compte de sa bêtise, ou de répondre de sa langue aussi habile qu’acérée, le lansquenet recule la tête pour venir écraser son front contre celui de l’oisal sans chapal. Et oui, aussi habile était-elle au combat et l’avenir lui prouverait raison, sa fierté ou son arrogance lui avait coûté un front rougi. La main sur la garde a même pas une coudée de la personne qu’on essaie de voler ?

    Le lansquenet fit claquer ses gantelets d’acier les uns contre les autres. Il n’allait pas sortir son épée pour ce combat. Le lansquenet était un lutteur accompli, d’une enjambée, un coup de poing vola jusqu’à percuter l’abdomen de l’oisal. Qui au vu de la différence de taille entre les deux, tomba a genou en se tenant le ventre. Satisfait, l’homme tourna les talons.

    Comme quoi, même un homme aussi aguerri au combat que Siegfried fait parfois preuve d’arrogance, de trop d’arrogance. Avait-il sous-estimé l’oiseau qui à l’instant lui semblait si chétif ? Assurément. Une douleur vive lui lança dans le creux du genou tandis qu’un bras venait se passer autour de sa gorge. L’homme n’eut le temps que de lever les deux mains pour réduire les effets de l’étranglement et luttais tandis qu’un poing vengeur venait frapper a répétition contre sa tempe.

    Oui, elle savait où cogner, le premier coup lui donna l’impression d’avoir la tête qui tourne, le second lui fit voir des lumières. A partir du troisième, la douleur était anesthésiée. Réflexe enfantin, le Lansquenet planta les crocs dans l’avant-bras qui tentait de l’étrangler puis mis un coup de tête en arrière dans l’abdomen susmentionné de l’oisal. Puis se redressant, le genou tremblotant un peu suite à l’assaut. Il se mettait en garde.

      - Ah tu veux jouer dans la cour des grands ?!

    Sauf que, la vie n’est pas ainsi faite. La voleuse avait profité de la distance pour dégainer son sabre. L’homme eu un mouvement de recul en la voyant faire, un sabre est une arme dangereuse, l’armure lui protégeais les organes vitaux et les bras, mais les jambes et le visage étaient des cibles faciles.

      - Ah. Tu veux vraiment jouer dans la cour des gr…

    Pas le temps de finir sa tirade, un coup de sabre manqua de lui trancher l’autre joue. Un second de venir se ficher dans l’interstice de son épaule. Elle savait se battre. Faute de mieux, l’homme parait les attaques avec ses canons d’avant-bras. Finalement, il parvint a bloquer la lame du sabre un instant entre la coudière de son bras gauche et le canon de l’avant-bras. Assez de temps pour la repousser d’un coup de pieds et de lui aussi dégainer son épée longue.
      - Je vais te…

    Puis il se rendit enfin compte de l’effervescence qui planait sur la place. Cris, rugissements de gardes et de miliciens. Des lances qui s’approchaient d’une ruelle. Un homme vêtu d’un gambison et d’une brigandine s’approchait épée et bouclier a la main. Visiblement, les combats de rue n’étaient pas du folklore local. La situation s’envenimait un peu.

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Rouge_gorge
A l'époque, Rouge est une vraie tête brûlée: impulsive, provocante, inconsciente et surtout, débutante. Ses erreurs forgeront sa jeunesse mais à cet instant, elle est pliée en deux, le front rougi, à happer l'air qui vient de lui échapper.

Le Poméranien lui tourne le dos pensant que l'histoire est réglée mais que voulez-vous, les bons comptes font les bons amis. Voilà qu'elle se lance dans son ombre, le plat de la chausse s'écrasant dans l'articulation de la jambe du géant. Tandis qu'il flanche, la Voleuse lui enserre la gorge d'un bras et percute sa tempe de plusieurs coups vengeurs. Ses phalanges saillantes rougissent vite sous les chocs. Des crocs viennent lui faire lâcher prise mais l'Oiseau a le temps de dégainer cette fois-ci. La lame fend l'air une première fois devant le nez du Lansquenet, le second coup touche. Quelques passes sont parés avant que le sabre ne soit réellement bloqué.

Le blond dégaine à son tour et les prunelles sombres s'arriment à la menace. Pourtant le danger n'est pas en face, il vient de tout coté, armé de bien des manières. La Cendrée siffle entre ses dents tandis que les adversaires du jour s'allient tout naturellement. Dos contre dos, ils pointent de leur lame ceux qui les encerclent.


Ecoute l'ami, si j'te tire d'ici, tu m'donnes ton chapeau.

Non, Rouge ne perd jamais le Nord. D'un pas agile sur le côté, elle esquive une première lance. Celle-ci revient aussitôt à l'assaut et après avoir sautillé de quelques bonds, le sabre ripe sur le bois. Le pic de la lance ploie sous la pression exercée, l'Oiseau lève le genou et écrase de son poids, sa propre lame dans le manche pour le fendre. L'arme en face est brisée, les hostilités sont engagées.

La Cendrée ne sait pas ce qui se joue dans son dos, elle entends les lames couper l'air et s'entrechoquer. Au fil de la rixe, une confiance tacite s'installe entre les comparses: les corps se servent d'appui par instant, les pas s'alignent.

Pourtant, leur complicité naissante ne fait pas leur force. Siegfried réussit tout de même une percée dans le tas et l'Oiseau voit là, l'opportunité de s'enfuir. Dans des bousculades bourrues, elle l'entraine hors du combat.

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Siegfried_fechter
      - Tu penses sérieusement que je vais te-

    Une lance percute son plastron, ricochant contre l’acier noirci et glissant jusque sur son flanc. Pas le temps de réfléchir plus que nécessaire, la main agrippe la hampe de la lance et la garde de son épée longue viens percuter brutalement le casque de son assaillant. Usant de son épée d’une main, il dévie un énième coup qui manque de peu de venir se ficher dans sa cuisse.

      - Kurwa ! Hurle-il.


    D’un demi pas, l’homme fait volteface, comme le mouvement d’un fouet, son bras se déplie et viens baffer un autre assaillant. Il ne fallait pas que cette rixe se transforme en meurtre, faute de quoi les deux adversaires du jours, devenus alliés, pendraient au gibet avant le lever du prochain jour.

    L’oisal s’avérait être bonne en combat de rue, elle ne semblait pas avoir les états d’âmes du Lansquenet et de vifs et petits mouvements, éraflait ses attaquants. Econome de ses mouvements, l’espace d’un instant alors qu’il déviait une lance de son avant-bras cuirassé, il pouvait la voir pleinement user de tout son arsenal. Briser la hampe d’une arme d’hast n’est pas un fait d’armes courant, contrairement aux idées reçues.

      - Gamine ! Lance-il comme un ordre, d’une voix tonitruante de militaire de carrière. Maintenant !


    Le souvenir d’anciens champ de bataille guide ses bras, attrapant son épée longue a deux mains en plaçant le plat de l’épée contre sa propre nuque, le lansquenet balaie les lances qui lui font face. C’est dans ce genre de combats qu’il excellait plus que tout. Lanciers contre lansquenets, le type de combat pour lesquels ceux qui partageaient sa profession étaient craints sur les champs de bataille. Il n’allait pas faire mentir sa réputation en ce jour. Et il s’élança, sans réellement attendre que l’oisal lui emboite le pas. Dans l’immédiat, c’était marche ou crève.

    Danser avec la mort, danser dans une tempête d’acier et de sang. De sous le charnier, d’anciennes craintes rampent vers la surface de son être et prennent possession de lui. Il beugle un instant, rugis comme un prédateur acculé contre une falaise. Tuer ou être tué, lui soufflent les fantômes qui le hantent. Les mains du Lansquenet tremblent, les gantelets cliquetant contre les canons d’avant-bras. Danse, Lansquenet. Danse et ne t’arrêtes pas. Rater un pas c’est se condamner à la souffrance éternelle. D’un coup de fort dans la hampe d’une lance, Siegfried désarme un milicien. L’œillade démente, il lève son épée au-dessus de sa tête, perverse image d’un Damoclès et d’un Denys. Si ce n’est qu’aucune leçon sur le poids du pouvoir n’allait être donnée. Non, seulement du sang répandu sur le parvis d’une ville sans histoire.

    Une main lui choppe le gambison par le col, Siegfried s’étrangle dans un bruit similaire a celui d’un chat qui recrache une boule de poil. Il lui faut bien trois quatre pas pour ne pas tomber à la renverse et se retourne. Elle est là, la Corneille. Qui le jauge et le juge. Comment ose-elle ? Elle connaissait bien les démons qui le hantaient, le poids des années sur le champ de bataille.

    - Bouge ton cul !


    Siegfried cligne des yeux. Non, ce n’est pas elle. C’est la ratée qui lui parle, sans réellement lui laisser le temps de réagir, voilà qu’il se fait mener à travers les ruelles dans une course poursuite. Les miliciens font sonner la cloche, toute la ville en état d’alerte. C’est sans réellement savoir où elle l’emmène qu’il la suit. Cependant, force est des constater que la Rouge connaissait les boyaux des cités et des villages. Quelles ruelles prendre pour perdre un pourchasseur, les coupe-gorges, même un bordel devant lequel elle s’arrêta un instant pour souffler un baiser a une blonde a forte poitrine.

    Des cris résonnaient « Par-ici ! Par là ! Retrouvez-les ! » tout autour d’eux. Mais l’honneur des voleurs les protégeaient. C’est après un certain temps que Siegfried se laissa tomber contre le mur pierreux et crasseux d’un bouge quelconque qu’il ôta son chapeau pour s’éponger le front de sa paume libre.

    L’œillade lasse, il redresse le regard pour croiser celui de Rouge Gorge. Il inspire un instant.

      - Rouge. Dit-il avant de marquer une longue pause. C’est bien ça ? L’homme soupira un instant et s’épongea le visage avec son chapeau. Pourquoi tu m’as tiré d’là ? T’aurais pu m’prendre c’chapeau et t’tirer avec.


    Dit-il, regardant la plume noire et rouge de son chapeau, qui le suit maintenant depuis tant d’années. Sans jamais avoir perdu son lustre. Il sourit et la regarde.

      - J’ai besoin d’un verre. J’offre.


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Rouge_gorge
Rouge connait bien cette ville entre autres, elle y séjourne depuis assez de temps pour s'y repérer aisément. Pas d'acrobaties sur les toits, une course poursuite les deux pieds à terre. Les pas rapides s'enchainent, les comparses du jour se suivent et imposent une certaine distance aux miliciens. Quelques passants bousculés les sifflent mais ce sont les marchands qui injurient le plus quand la tire-laine se met à entraver le passage des poursuivants avec leurs marchandises. Cageots sont éjectés dans le sillage du duo pour freiner davantage les hommes d'armes.

La cité n'est pas immense et les rues peu tortueuses pour disparaitre facilement. Elle joue alors la carte "contact" et trace jusqu'au quartier malfamé. La guilde des voleurs résidente connait la Rouge, ils l'aideront monnayant contre-partie. Quelques clins d'oeil en arrière, le Piaf arrache un baiser à son amie de nuit, Aurore. Celle-ci rit du passage éclair et se pose au milieu du chemin pour venir en aide.

Quelques enjambées plus tard, le rythme est ralenti. En franchissant la ruelle de St-Jean dont l'entrée est cernée de deux bâtisses aux pierres gravées de symboles obscurs, le poméranien et la Cendrée sont en sécurité. D'ailleurs, il était temps car l'Ainé finit par se laisser choir, l'Oiseau en profite pour reprendre son souffle elle-aussi.


Rouge. C’est bien ça ? Pourquoi tu m’as tiré d’là ? T’aurais pu m’prendre c’chapeau et t’tirer avec.

Après un haussement d'épaule, l'intéressée rétorque dans un éternel sourire:

C'est pas comme ça qu'on se fait des amis, Lanscanette.

A la proposition d'un verre bienvenu, l'Oiseau offre la serre comme si elle pouvait aider cette carrure bien plus imposante que la sienne à se redresser.

Suis-moi, l'ami.. Je connais un bouge pas piqué des hannetons...

En silence et d'une démarche bien plus calme, le duo s'aventure dans les boyaux du quartier de la guilde locale. La tire-laine salue quelques malandrins à leur passage puis pousse la porte de l'enseigne "La Dent d'Or". Recoin d'ivresse, de jeux et de contrats où l'Oiseau fait son nid.
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Rouge_gorge
L’huis s’ouvre sur un endroit aussi mal branlé que ses clients, après quelques salutations aussi colorées que bruyantes, Rouge sillonne les tables sous l’œillade torve des avinés, guidant le lansquenet vers une table où cuvent deux jeunes fripouilles.

Lanscanette, j’te présente Piquandouille et Piquass…
Tu crains, l’piaf.
T’es vach’ment d’mauvais augure pour un rossignol.
Rouge Gorge, les amis, je suis un Rouge Gorge.


Sans dire autre mot, v’la que Piquandouille et le, vous l’aurez deviné, Piquassiette, se lèvent et vont cuver à une autre tablée. A la surprise du Lansquenet, la Rouge se pare d’un sourire. Encore un. L’Oiseau connaissant bien les lieux, c’est à peine si elle coule un regard aux piliers de comptoir. S’occupant d’aller quérir quelques rafraichissements. Elle laisse tout loisir à son nouvel ami d’apprivoiser le nid.

Ce dernier observe l’alentour d’une œillade légèrement désintéressée. Coupe-jarrets, brigands, ivrognes, putains ou comme il l’avait appris de la bouche de Rouge ; des « Catintiputes ». Siegfried connait ce monde, après tout il a vécu et combattu avec pas mal de gars de c’t’acabit. C’est donc d’un naturel, avec sa tenue bariolée, que le chapeauté pianote des doigts sur la table. Attendant le retour de la Ratée.

Boucle Brune ramène donc deux timbales de vin tiède et en glisse une dans la paume de Boucle Blonde avant de regagner sa place. V’la qu’elle n’a qu’à peine le temps de poser son cul plat sur le banc branlant que l’homme l’épingle d’un regard vert comme de l’herbe, ou de l’émeraude dirait-il plus tard dans sa grande humilité.


- Bon. Lança-il l’air de rien. J’suis pas du genre à complimenter des femmes au cul plat, mais j’dois reconnaître que tu t’débrouille au sabre.
T’as les pupilles aux couleurs des pâturages normand l’ami.
- Et les cheveux aussi dorés qu’un champ de…
Ça te donne un effet bœuf.
- D’orge mûre. Rouge, d’orge mûre.


Conclut-il l’air apathique. C’était donc ce genre de femme. Il inspira un instant avant de reprendre.

- C’est naturel chez toi cette… Il claque des doigts cherchant ses mots. Capacité que tu as, de partir sur des tangentes comme ça ?

A la question, l’Oisal sans Chapal, oblique de la tête. Comme un chiot confus, pensa Siegfried. Elle se gratte la tempe, se rafraichit le gosier à coup de gorgées de vin et d’un mouvement de main, lui fait signe de répéter la question plus clairement.

- T’es du genre à dire de la merde, en somme.
Non, Lanscanette. Je suis un maître chanteur, j’ai l’art et la manière, d’un verbe aussi habile que mon sabre, d’affûter les mots. Pour en extraire, tout l’élixir de la…


L’homme l’écoutant partir dans une envolée lyrique, la souligne et la gratifie d’un rot sonore.

Grâce.

De sous le futur Chapal, Siegfried lui offre un joli sourire. Il hausse une épaule, dodeline de la tête, l’observe de haut et bas et de bas en haut. Puis finalement, renâcle un peu.

- Je vois, et où t’as appris à te battre comme ça ? Parce-que, foi de lansquenet, tu te débrouilles au sabre.

Les lippes, déjà mauves de vin, se fendent d’un sourire. Et la tête s’incline en remerciement au compliment voilé.

C’est une longue histoire.

Parce-que Rouge, n’a que de longues histoires.

- Oui j’imagine, c’est pas en trois passes d’armes qu’on se bats comme ça.
Viktor, un homme mi-chauve, mi-rouquin. Mais le plus balaise entre nous, c’était sa moustache.


Le lansquenet s’était tut un instant. Les sourcils oscillèrent brièvement, les lippes s’écartèrent en un demi-sourire rendu vaguement cauchemardesque par la balafre sur sa tronche.

- Relativement svelte, qui se balade souvent le pectoral a l’air comme s’il était une putain qui cherche à racoler le badaud ? Souvent vêtu d’un magnifique manteau aux motifs floraux et arabesques ?

Le rire de la Rouge coupe les questions et elle acquiesce d’un large sourire.

J’crois qu’on connait le même oiseau !

Sans répondre, Siegfried retrousse sa manche jusqu’à l’épaule. Dévoilant un tatouage qu’elle connait déjà. Un blason venu de l’est, cerclé de deux cerfs.

- Il a ça aussi non ?

D’un mouvement de bec aussi vif que convaincu, elle acquiesce. La conversation, tournant autour de la figure charmante de l’ancien maître d’armes, fut animée jusqu’au coucher du soleil et jusqu’à son prochain lever. Drôle d’histoire n’est-ce pas ? Comme toutes celles, égrainées au fil de l’existence d’un oiseau et d’un cerf et comme toutes celles qui seront un jour à raconter. D’antagonistes, ils étaient devenu amis, l’alcool coula à flot, les souvenirs et les rires eux aussi.

La nuit avait été clémente, en effet, la garde s’était dite que les deux comparses du crime s’étaient évadés pendant l’échauffourée. Et c’est au petit matin, alors que les deux allaient reprendre leurs routes qu’ils acceptèrent de correspondre. Puis, en gage d’amitié nouvellement fondée, Siegfried accepta, après de nombreux débats, de céder enfin celui qui deviendra Chapal. Un couvre-chef de lansquenet, pas si exotique que ça pour ce qu’il aurait pu être, bariolé de deux couleurs, rouge et noir avec une longue plume rouge.

Le trésor d’une pie voleuse.


RP à quatre mains avec l'excellent JD Siegfried_fechter!

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