Alaynna
L'Italienne avait reçu cette missive, le jour même de son mariage avec le Corleone. Une union dont elle était certaine, était annonciatrice des meilleures auspices. Si LA lettre n'était pas arrivée foutre un bordel sans nom dans l'esprit de la Madone.
C'est ainsi qu'elle avait découvert, que cet homme qu'elle avait rencontré quelques mois plus tôt sur Paris, ne se nommait pas du tout Raphael, n'était absolument pas italien, se nommait Niallan et pis encore : il lui avait menti sur toute la ligne, la prenant pour la dernière des demeurées !
Pourtant entre ce grand blond aux yeux d'azur de courtisan, et la brune aux yeux océans, tout avait plutôt pas mal débuté.
Il lui avait dérobé un baiser à Paris. Et pour le malheur de l'Italienne, il se trouvait que cet homme là, était désormais le détenteur de ses lippes, car il s'agissait pour elle du tout premier baiser qu'elle recevait.
Et forcément. Inculte qu'elle était dans ses relations avec les hommes... Elle en avait omis de récupérer ses lèvres.
Le souçi, c'est qu'elle avait aimé ça. Et la réciproque avait été vraie également. A tel point que celui qui se faisait à l'époque appeller Raphael, avait pris la décision de se taper trois semaines de marche, pour venir la rejoindre sur Pau.
Elle l'avait attendu la Madone. Oh que oui. Elle en avait même rebattu les oreilles de la chair de sa chair, son jumeau qui, lui pour le coup, voyait d'un mauvais oeil l'arrivée du Raphael en question.
Et il avait fini par arriver Raphael. Ils s'étaient même vus dans la taverne devenue le QG général Palois de la Madone, celle de Flex. Ouaip, tout ça parce que c'est là qu'elle trouve la meilleure viande de toute la cité.
L'impression avait été plus que troublante de son côté, comme de celui du courtisan très certainement. Le feeling était passé, et le voir ainsi dans cette taverne, encore plus blond qu'à Paris, avec des céruléens encore plus profonds qu'à Paris, et avec ce petit sourire qu'elle lui découvrait et cette manière qu'il avait eu de lui expliquer qu'il ne lui rendrait pas son dû tout de suite, parce qu'il voulait avant s'assurer de quelques réactions la concernant, n'avait fait qu'attiser un peu plus cette curiosité qu'elle lui vouait.
Et cette attirance entre eux.
Ils s'étaient quittés sur un joyeux " A demain, je l'espère" de la part de Raphael.
Et Madone avait attendu Raphael. Des heures et des heures en taverne. Dans la journée, en soirée, dans les nuits.
Mais il n'était jamais réapparu. Elle l'avait cherché. Partout. Mais nulle trace. Elle lui avait écrit. A plusieurs reprises. Et rien. Pas une seule réponse.
Le courtisan semblait s'être évaporé avec ce qu'il devait lui rendre.
Elle avait gardé espoir pourtant. Tous les jours, matin, midi et soir, elle passait devant le dernier endroit qu'elle lui avait vu prendre à sa sortie de taverne. Mais non. Rien.
Et puis le Corleone était arrivé. De longs moments passés ensemble, elle ne lui avait bien évidemment pas caché la présence de Raphael, lui expliquant le pourquoi du comment, mais finalement, elle qui avait l'habitude de fuir les hommes, pour une fois, avait pris sur elle-même pour rester en compagnie du Corleone. Et le temps passant ces deux-là s'étaient attachés l'un à l'autre, d'autant plus qu'Alaynna avait directement vu en lui, cet italien qu'elle avait solennellement promis à sa mère quelques temps avant qu'elle ne meurre, d'épouser lorsqu'elle serait grande.
Et de discussions en discussions ils s'étaient rapprochés, trouvés des affinités, il s'était fait professeur, patient, empli d'une tendresse qui lui était à elle complètement inconnu et finalement, ils en avaient tous deux conclus qu'ils s'aimaient.
Ce qui n'était par contre pas du tout l'avis de son jumeau qui lui, s'était mis à haïr d'emblée Roman et avait tout fait pour arracher sa soeur d'entre les pattes du Corleone. Malheureusement pour Gyllaume, sa jumelle, plus elle le voyait s'en prendre au Corleone, plus elle semblait s'attacher encore un peu plus à lui et en était arrivé ce qui est advenu : en quelques semaines seulement, ils s'étaient fiancés puis épousaillés.
Tout aurait pu aller dans le meilleur des mondes si Alaynna n'avait pas alors reçu cette missive de Raphael.
Raphael qui n'était pas mort, ni même disparu, qui n'avait pas fait preuve de lâcheté en s'enfuyant mais qui s'était simplement refermé sur lui-même après avoir reçu une nouvelle qui l'avait anéanti.
Un Raphael qui lui annonçait en fait qu'il ne s'appellait pas ainsi et lui faisait part de sa véritable identité. Niallan.
Niallan qui n'a rien de l'italien de ses rêves. Niallan qui lui a menti du début à la fin. Niallan qui lui raconte sa vie dans un vélin. Niallan qui avoue qu'elle lui plait mais que pour éviter de souffrir il a décidé qu'il ne voulait plus d'elle. Niallan qui lui demande d'aller casser la gueule à un beau-frère qui lui est complètement inconnu.
Niallan qui souhaite qu'elle vienne reprendre son dû.
Pourquoi alors qu'elle aurait du s'en foutre, toute jeune mariée qu'elle est, se met-elle donc en tête de faire demi-tour sur Pau, pour foncer voir celui qui semble t'il, l'a prise pour une demeurée depuis le début ?
Peut-être parce qu'en ce moment elle est un brin en colère après son époux.
Peut-être parce que voir son frère qui se moque de la situation l'a agacée.
Peut-être parce qu'une énorme barre de culpabilité se fait alors sentir dans le creux de son ventre.
Peut-être parce qu'elle n'arrive même pas à comprendre elle-même cette peur qui noue ses entrailles et qu'elle trouve trop contradictoire cette manière qu'il a de lui livrer sa vie, de ne plus vouloir la voir mais de lui demander de venir récupérer son dû.
Alors qu'il aurait pu se cavaler avec.
Mais dans l'immédiat c'est elle qui cavale sur Pau. Le Corleone d'époux sur ses basques faut pas croire, au moins lui il a eu la franchise de lui dire lorsqu'ils se sont découverts autant surpris l'un que l'autre sur ce même noeud, à une heure terriblement avancée de la nuit, qu'il ne l'abandonnerait jamais !
Même si ces derniers temps il a fait sa burne en oubliant de l'accompagner. Même si elle passe des heures en taverne à l'attendre sans le voir et qu'elle se garde bien de le lui dire. Même si elle s'imagine des choses sur son époux.
Après tout hein, il est un assassin en puissance et lui-même avant de l'épouser ne s'est pas caché de son goût pour les femmes.
Bien qu'il lui ait dit qu'elle n'était pas une habitude et qu'avec elle, il avait changé ses habitudes.
N'empêche que les fréquentes absences de son fraîchement époux ont commencé elles aussi, à foutre le bronx dans l'esprit de l'italienne.
Et pour finir, son frère qui ne manque pas de lui asséner qu'elle le laisse derrière, lui le jumeau, son autre, sa chair, son corps perdu pour courir sur Pau. Mais étrangement, il semble satisfait de la chose, lui ayant même dit en apparté qu'il semblait être quelqu'un de bien le Niallan.
Recevant en tout et pour tout un regard furibond de la frangine qui sait très bien que Gyllaume ferait n'importe quoi contre le Corleone.
Et aujourd'hui sur ce noeud, elle trépigne de rage la Valassi. Parce que ça ne va pas assez vite, parce qu'elle voudrait avoir des ailes pour se retrouver sur Pau en l'espace d'un claquement de doigt.
Parce qu'elle sait que celui qui lui a octroyé son tout premier baiser ne va pas bien du tout et qu'elle culpabilise de ne pas être là pour lui.
Si encore elle était capable de faire part de tout son ressenti à son époux. Mais non. Elle garde tout ça pour elle Alaynna.
Et plus les heures passent, et plus ça la bouffe.
Elle s'imagine que la première chose qu'elle va faire quand elle va voir Niallan, c'est tout simplement de lui envoyer la torgnolle de sa composition qu'elle s'est déjà retenue de lui adresser lorsqu'ils étaient à Paris.
Et cette fois. Il comprendra peut-être que de le savoir en souffrance lui, ça la fait souffrir elle. Et qu'il va peut-être falloir qu'ils aient l'intelligence pour une fois, de mettre des mots l'un et l'autre sur ce qui les chiffonne.
Et ensuite seulement elle reprendra son dû...ou pas.
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C'est ainsi qu'elle avait découvert, que cet homme qu'elle avait rencontré quelques mois plus tôt sur Paris, ne se nommait pas du tout Raphael, n'était absolument pas italien, se nommait Niallan et pis encore : il lui avait menti sur toute la ligne, la prenant pour la dernière des demeurées !
Pourtant entre ce grand blond aux yeux d'azur de courtisan, et la brune aux yeux océans, tout avait plutôt pas mal débuté.
Il lui avait dérobé un baiser à Paris. Et pour le malheur de l'Italienne, il se trouvait que cet homme là, était désormais le détenteur de ses lippes, car il s'agissait pour elle du tout premier baiser qu'elle recevait.
Et forcément. Inculte qu'elle était dans ses relations avec les hommes... Elle en avait omis de récupérer ses lèvres.
Le souçi, c'est qu'elle avait aimé ça. Et la réciproque avait été vraie également. A tel point que celui qui se faisait à l'époque appeller Raphael, avait pris la décision de se taper trois semaines de marche, pour venir la rejoindre sur Pau.
Elle l'avait attendu la Madone. Oh que oui. Elle en avait même rebattu les oreilles de la chair de sa chair, son jumeau qui, lui pour le coup, voyait d'un mauvais oeil l'arrivée du Raphael en question.
Et il avait fini par arriver Raphael. Ils s'étaient même vus dans la taverne devenue le QG général Palois de la Madone, celle de Flex. Ouaip, tout ça parce que c'est là qu'elle trouve la meilleure viande de toute la cité.
L'impression avait été plus que troublante de son côté, comme de celui du courtisan très certainement. Le feeling était passé, et le voir ainsi dans cette taverne, encore plus blond qu'à Paris, avec des céruléens encore plus profonds qu'à Paris, et avec ce petit sourire qu'elle lui découvrait et cette manière qu'il avait eu de lui expliquer qu'il ne lui rendrait pas son dû tout de suite, parce qu'il voulait avant s'assurer de quelques réactions la concernant, n'avait fait qu'attiser un peu plus cette curiosité qu'elle lui vouait.
Et cette attirance entre eux.
Ils s'étaient quittés sur un joyeux " A demain, je l'espère" de la part de Raphael.
Et Madone avait attendu Raphael. Des heures et des heures en taverne. Dans la journée, en soirée, dans les nuits.
Mais il n'était jamais réapparu. Elle l'avait cherché. Partout. Mais nulle trace. Elle lui avait écrit. A plusieurs reprises. Et rien. Pas une seule réponse.
Le courtisan semblait s'être évaporé avec ce qu'il devait lui rendre.
Elle avait gardé espoir pourtant. Tous les jours, matin, midi et soir, elle passait devant le dernier endroit qu'elle lui avait vu prendre à sa sortie de taverne. Mais non. Rien.
Et puis le Corleone était arrivé. De longs moments passés ensemble, elle ne lui avait bien évidemment pas caché la présence de Raphael, lui expliquant le pourquoi du comment, mais finalement, elle qui avait l'habitude de fuir les hommes, pour une fois, avait pris sur elle-même pour rester en compagnie du Corleone. Et le temps passant ces deux-là s'étaient attachés l'un à l'autre, d'autant plus qu'Alaynna avait directement vu en lui, cet italien qu'elle avait solennellement promis à sa mère quelques temps avant qu'elle ne meurre, d'épouser lorsqu'elle serait grande.
Et de discussions en discussions ils s'étaient rapprochés, trouvés des affinités, il s'était fait professeur, patient, empli d'une tendresse qui lui était à elle complètement inconnu et finalement, ils en avaient tous deux conclus qu'ils s'aimaient.
Ce qui n'était par contre pas du tout l'avis de son jumeau qui lui, s'était mis à haïr d'emblée Roman et avait tout fait pour arracher sa soeur d'entre les pattes du Corleone. Malheureusement pour Gyllaume, sa jumelle, plus elle le voyait s'en prendre au Corleone, plus elle semblait s'attacher encore un peu plus à lui et en était arrivé ce qui est advenu : en quelques semaines seulement, ils s'étaient fiancés puis épousaillés.
Tout aurait pu aller dans le meilleur des mondes si Alaynna n'avait pas alors reçu cette missive de Raphael.
Raphael qui n'était pas mort, ni même disparu, qui n'avait pas fait preuve de lâcheté en s'enfuyant mais qui s'était simplement refermé sur lui-même après avoir reçu une nouvelle qui l'avait anéanti.
Un Raphael qui lui annonçait en fait qu'il ne s'appellait pas ainsi et lui faisait part de sa véritable identité. Niallan.
Niallan qui n'a rien de l'italien de ses rêves. Niallan qui lui a menti du début à la fin. Niallan qui lui raconte sa vie dans un vélin. Niallan qui avoue qu'elle lui plait mais que pour éviter de souffrir il a décidé qu'il ne voulait plus d'elle. Niallan qui lui demande d'aller casser la gueule à un beau-frère qui lui est complètement inconnu.
Niallan qui souhaite qu'elle vienne reprendre son dû.
Pourquoi alors qu'elle aurait du s'en foutre, toute jeune mariée qu'elle est, se met-elle donc en tête de faire demi-tour sur Pau, pour foncer voir celui qui semble t'il, l'a prise pour une demeurée depuis le début ?
Peut-être parce qu'en ce moment elle est un brin en colère après son époux.
Peut-être parce que voir son frère qui se moque de la situation l'a agacée.
Peut-être parce qu'une énorme barre de culpabilité se fait alors sentir dans le creux de son ventre.
Peut-être parce qu'elle n'arrive même pas à comprendre elle-même cette peur qui noue ses entrailles et qu'elle trouve trop contradictoire cette manière qu'il a de lui livrer sa vie, de ne plus vouloir la voir mais de lui demander de venir récupérer son dû.
Alors qu'il aurait pu se cavaler avec.
Mais dans l'immédiat c'est elle qui cavale sur Pau. Le Corleone d'époux sur ses basques faut pas croire, au moins lui il a eu la franchise de lui dire lorsqu'ils se sont découverts autant surpris l'un que l'autre sur ce même noeud, à une heure terriblement avancée de la nuit, qu'il ne l'abandonnerait jamais !
Même si ces derniers temps il a fait sa burne en oubliant de l'accompagner. Même si elle passe des heures en taverne à l'attendre sans le voir et qu'elle se garde bien de le lui dire. Même si elle s'imagine des choses sur son époux.
Après tout hein, il est un assassin en puissance et lui-même avant de l'épouser ne s'est pas caché de son goût pour les femmes.
Bien qu'il lui ait dit qu'elle n'était pas une habitude et qu'avec elle, il avait changé ses habitudes.
N'empêche que les fréquentes absences de son fraîchement époux ont commencé elles aussi, à foutre le bronx dans l'esprit de l'italienne.
Et pour finir, son frère qui ne manque pas de lui asséner qu'elle le laisse derrière, lui le jumeau, son autre, sa chair, son corps perdu pour courir sur Pau. Mais étrangement, il semble satisfait de la chose, lui ayant même dit en apparté qu'il semblait être quelqu'un de bien le Niallan.
Recevant en tout et pour tout un regard furibond de la frangine qui sait très bien que Gyllaume ferait n'importe quoi contre le Corleone.
Et aujourd'hui sur ce noeud, elle trépigne de rage la Valassi. Parce que ça ne va pas assez vite, parce qu'elle voudrait avoir des ailes pour se retrouver sur Pau en l'espace d'un claquement de doigt.
Parce qu'elle sait que celui qui lui a octroyé son tout premier baiser ne va pas bien du tout et qu'elle culpabilise de ne pas être là pour lui.
Si encore elle était capable de faire part de tout son ressenti à son époux. Mais non. Elle garde tout ça pour elle Alaynna.
Et plus les heures passent, et plus ça la bouffe.
Elle s'imagine que la première chose qu'elle va faire quand elle va voir Niallan, c'est tout simplement de lui envoyer la torgnolle de sa composition qu'elle s'est déjà retenue de lui adresser lorsqu'ils étaient à Paris.
Et cette fois. Il comprendra peut-être que de le savoir en souffrance lui, ça la fait souffrir elle. Et qu'il va peut-être falloir qu'ils aient l'intelligence pour une fois, de mettre des mots l'un et l'autre sur ce qui les chiffonne.
Et ensuite seulement elle reprendra son dû...ou pas.
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