Roman.
⏩ Janvier... dans une bâtisse de la famille Valassi, quelque part au bout d'un couloir : la chambre pour les invités, et un invité troublé.
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Alaynna a écrit:
Grazie Mille !
Pour ces précieux moments passés en votre compagnie aujourd'hui.
Si je les ai rêvés surtout, ne me réveillez pas. Sinon, permettez-moi d'en désirer encore.
Demain matin vous trouverez des brioches toutes chaudes dans la cuisine pour le petit déjeûner si jamais vous vous réveillez avant moi.
Dormez bien Roman !
Alaynna.
Grazie Mille !
Pour ces précieux moments passés en votre compagnie aujourd'hui.
Si je les ai rêvés surtout, ne me réveillez pas. Sinon, permettez-moi d'en désirer encore.
Demain matin vous trouverez des brioches toutes chaudes dans la cuisine pour le petit déjeûner si jamais vous vous réveillez avant moi.
Dormez bien Roman !
Alaynna.
- Surprenante. Voilà, surprenante. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire cette soirée. Roman était pensivement étendu sur un lit, les bras croisés derrière la tête, tandis qu'une subtile lueur à l'est teintait de pâles couleurs la fin de la nuit. L'aube allait se lever mais la nuit n'avait pas apporté le moindre conseil. Le petit mot avait été déposé sur la table de nuit, après que l'intendant ait conduit l'invité jusqu'à sa chambre, en fin de soirée, sur les ordres de sa maîtresse.
L'Italien laissait courir devant ses yeux les souvenirs de la veille, le sourire de cette belle jeune femme, le trouble inattendu qui l'avait envahi quand il l'avait embrassée... Ho, ça n'était pas sa première, loin de là ! Roman était un coureur de jupon, un feu follet prompt à aller de belle en belle... Comment désirer aimer une seule personne alors que le monde entier est peuplé de créatures délicieuses ? Il se moquait des quelques amis qu'il avait vus se marier : il les trouvait soudain ennuyeux et gâteux, se détournait assez vite de la liesse des épousailles pour aller trousser l'une ou l'autre servante ou invitée. Car tel était Roman : libre, impertinent et fier. Corleone, en somme.
Mais le jour qui venait de s'achever avait été... étonnant. La rencontre n'avait pourtant pas été bien différente de toutes les autres : une jeune femme occupée à rédiger des choses sur divers vélins au moment où il était entré se mettre au chaud, puis les quelques échanges de rigueur sur le temps, les voyages et la ville. Rien d'extraordinaire, non.
- Rien, finalement, à part elle.
Après les bavardages de convenance, elle avait commencé à dévoiler un peu mieux sa personnalité. Il l'avait trouvée intéressante, charmante, amusante. Il avait voulu l'embrasser, comme tant d'autres jolies filles. Il y était parvenu, comme à chaque fois. Elle s'était laissée faire en rougissant, comme beaucoup. Mais lui ! Ha, lui... il s'était enivré de ce baiser... alors que jamais auparavant il n'avait ressenti autre chose que la satisfaction virile d'avoir conquis une belle femme, que le plaisir charnel de la sentir tressaillir sous ses gestes.
Mais elle ! Ha, elle... qu'avait-elle fait ou dit de différent pour qu'il ait soudain cette envie de l'embrasser encore; non plus pour lui uniquement ! Mais pour elle, et pour eux deux, car à cet instant, ils ne formaient plus seulement la somme de deux étrangers, deux Italiens au Royaume de France...
Car eux ! Ha, eux... Etait-ce cela, l'inconnu, l'inattendu, l'attirance profonde et incontrôlable d'un être envers un autre ?
Et dans ses souvenirs encore frais, elle rougissait encore, tandis que dans son lit, pestant que l'aube ne se levait pas assez vite à son goût, le Corleone jurait par la Sainte Mère qu'elle l'avait ensorcellée.
Etait-ce normal qu'il ait cette envie dévorante de l'embrasser encore ?
N'était-ce pas sortilège qu'il ait tant le désir de la tenir à nouveau contre elle ?
N'eût-il point fallu reprendre contenance, rire d'elle, la repousser gentiment et la faire se languir pour ensuite la prendre sur l'une ou l'autre table ?
Mais elle... Non, elle...
Pourquoi ?
Qu'est-ce ?
Le Corleone se tourne et se retourne.
Jamais encore il n'avait connu le trouble de l'amour.
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