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Avril 1465. Accouchement de Neijin.

[RP] Tu sais faire l’amour toi ?

Neijin
    P’t’être ça s’fait pas l’amour, c’est pas un truc qui s’fabrique, c’est pas un truc qui s’vend, ça s’vit l’amour…
    Saez.


    Neijin vivait l'amour. Pas avec un grand A, parce que leur histoire n'était pas parfaite. Les formes géométriques s'y étaient mêlées dès le départ et avaient empêché la majuscule de s'instaler, mais elle le vivait quand même. Elle vivait l'amour à tel point qu'il s'était installé dans son ventre et l'avait fait gonfler pour avoir plus de place. Aujourd'hui, il était prêt à exploser. Et au moment où la Pâle s'était sentie enfin prête à vivre avec la majuscule, au moment ou certains triangles s'étaient dissipés, l'amour s'était transformé. Il avait muté d'un coup, amenant la douleur insupportable qui va avec la brutalité du changement.
    Jurgen. Son ami, son amant, le père de l'enfant à naître, était partit pour une sombre affaire. Elle avait encaissé la nouvelle comme on encaisse un coup de poignard. Une vive douleur s'était faite ressentir dans sa poitrine et elle s'était mise à trembler, à pleurer. Puis ils avaient passé leur dernière nuit ensemble à se dire au revoir. Parce que même s'il avait sous-entendu qu'il ne rentrerait peut-être jamais, elle refusait de l'entendre. Et puis elle s'était mise à supplier Deos de ne pas séparer leurs routes, de le lui rendre, mais à son tour il ne l'avait pas écouté. Alors elle avait pleuré, encore et encore jusqu'à ce que son corps ne puisse plus lui donner de larme.
    En partant, le barbu avait emporté la douce Neijin avec lui. Pourtant, elle essayait de remonter la pente qu'elle avait dégringolé d'un seul coup. Pour leur enfant, pour son retour. Mais son départ lui était insupportable. Elle usait et abusait des choses qu'on lui avait interdite. Elle buvait et fumait beaucoup trop. Et c'est sans se rendre compte qu'elle mettait sa vie et celle de son enfant en danger qu'elle s'accrochait à ce qui avait le pouvoir de la soulager, ou à défaut, à ce qui pouvait l'empêcher de trop penser. Il leur aurait peut-être fallu faire des choix, mais cette décision lui avait été imposée et elle avait du mal à l'accepter.
    Il avait fallu que Stain s'y mette pour qu'elle se calme. Ils s'étaient fait des promesses. Il l'aiderait à retrouver le chemin du Bonheur. Il la soutiendrait jusqu'à son accouchement. Elle avait finit par accepter. Elle savait que grâce à lui, grâce à Niallan, son fils et tous les autres, elle pourrait peut-être s'en sortir.

    Mais la voilà qui se retrouve le lendemain à la rivière, en train de se frotter vigoureusement la peau, ne s'arrêtant que pour se sentir un bref instant avant de recommencer de plus belle.

      Tu pues la mort, Palotte.

    Voilà la première phrase qui avait fait tiquer Neijin et qui résonne encore dans sa tête. Tout droit sortie de la bouche d'une lépreuse. Sans se démonter, elle lui avait rétorqué qu'elle irait se laver, mais la lépreuse avait enchainé, et l'engrossée s'était décomposée - et non l'inverse -.

      Cette odeur là elle part pas, crois moi, j'ai essayé avant de me faire à l'idée.
      Ouais, ben c'est ce qu'on va voir...

        * frot frot frot *


      C'est c'que tu gardes en toi qui va t'faire crever. Pas l'gamin, hein, tes pensées. Ca va t'consumer à p'tit feu, ça va te pourrir de l'intérieur.

        *frot frot frot un peu plus fort*


    Neijin ne veut pas mourir. Encore moins pourrir de l'intérieur, parce que ça doit faire sacrément mal. Alors elle frotte nerveusement sa peau rougissante, en espérant que l'odeur sentie par Dési s'en aille. Parce que si une lépreuse sent une odeur de mort, c'est qu'elle doit bien exister, non ? Partant du principe que les gens qui vont mourir s'y connaissent en mort, la Blanche ne cesse de s'agiter, sourcils froncés, sans remarquer qu'un liquide se met en couler entre ses cuisses.

      Quand il r'viendra ? Rêves pas Palotte, ça va t'bouffer. L'espoir a tué des gens bien plus forts que toi.


    Le ricanement de la lépreuse résonna encore plus fort dans la tête de la jeune femme désespérée, ne s'arrêtant que dans une ultime phrase. Non t'as raison t'es pas un Homme, t'es une Chose.


    TAIS-TOI ! Arrête ! Je veux plus t'entendre. Tu dis n'importe quoi... Tu dis n'importe quoi... Tais-toi...

    Les mains plaquées contre ses oreilles, la Pale était tombée à genoux et se balançait d'avant en arrière. Elle ne voulait plus entendre cette voix lui crier qu'elle n'était qu'une chose qui allait mourir. Elle détestait la lépreuse. Elle n'aurait jamais du se retrouver seule avec elle, elle le savait et pourtant n'avait pas l'air de vouloir apprendre de ses erreurs. Le bercement ne dura qu'un instant. La voix s'était tue, remplacée par une douleur qui lui tordit le ventre. Clignant des yeux, ses bras descendirent jusqu'à son bedon rebondit pour s'enrouler autour. Elle attendit que le mal se dissipe avant de poser ses mains pour guetter le moindre mouvement du fœtus. Rien. N'ayant aucune connaissance sur le déroulement de la mise au monde d'une enfant, la première idée qui lui vint à l'esprit fût que son enfant était en train de mourir. Là. Maintenant. A cause de l'opium, de l'alcool et de son énervement. Il allait mourir par sa faute. Gabriele le lui avait bien dit.

    Prise de panique, elle s'habilla rapidement. Il fallait qu'elle rentre, qu'elle se repose et s'allonge pour prendre soin de cet enfant si désiré.
    Mais c'est trop lentement à son goût qu'elle se rendit à l'auberge des Corleone. Il lui fallut faire des pauses lorsque la douleur réapparaissait sans crier gare pour lui secouer le ventre. Pestant contre elle même d'être allée se baigner de l'autre côté de la ville ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'elle grimpa douloureusement les escaliers de l'auberge. Elle cogna à toutes les portes de manière un peu brutale en appelant tous les noms qui lui passaient par la tête, espérant y trouver quelqu'un. Son bas-ventre se durcissait à présent de manière régulière avant de se relâcher, non sans lui avoir infligé une douleur lancinante.

    Il y a quelqu'un ?

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Roman.
L'Italien errait dans la ville, morose et agacé. Son séjour à Limoges lui faisait vivre tour à tour des hauts et des bas : la présence de son ancienne femme était source de bien des problèmes et tout allait de travers. Le jeune homme espérait du soutien et n'avait reçu que sermons et dépréciations, allant jusqu'à s'entendre dire par son frère Gabriele que celui-ci ne le considérait pas comme de son sang. Roman devait admettre que de telles paroles l'avaient réellement blessé, alors qu'il arrivait naïvement, plein d'espoirs, pour passer du temps avec sa famille. Il avait bellement raté son entrée.

Son pied trouva un caillou, le propulsa un peu plus loin, le suivit, et recommença. Du coin de l'oeil, l'assassin boudeur surveillait le défilement des murs, torches et panneaux pour suivre son avancée dans la ville, qu'il commençait à connaître assez convenablement pour ne pas trop s'égarer. Sa besace tanguait contre sa hanche, protégée d'un coude possessif, contenant ses précieux remèdes et poisons, ainsi que différents outils utilisable de différentes façons. Soigner ou tuer faisait partie de son quotidien, habituellement, mais depuis son arrivée à Limoges, il se sentait assez inutile. Pourtant, de bonne volonté, il aurait bien voulu être accueilli par sa famille et servir à quelque chose ! Mais Gabriele était déjà médecin, et en plus, il était contre lui. Roman avait vraiment hâte que leur père Amalio arrive enfin. C'était le seul qu'il connaissait vraiment. Ils avaient passé bien des mois ensemble, avec sa mère Joanne l'aveugle, et son frère Eleus. Cela avait presque ressemblé à une véritable famille. Il y avait eu cette confiance aveugle et évidente, cette complicité aussi entre le vieux père et son fils désireux d'apprendre. Roman regrettait à présent de les avoir quittés. Et pourtant, dans sa dernière lettre, son père le tançait pour avoir le coeur trop sensible. Oui, probablement était-il encore trop naïf...

Une plainte hachée le fit sortir de ses pensées presque en sursaut. Il leva les yeux en oubliant de taper dans son caillou et chercha d'où venait le son : il n'eut pas à marcher beaucoup plus pour repérer la blancheur immaculée affalée devant une porte, en visible souffrance. Il se hâta vers Neijin et découvrit en s'approchant qu'elle était sur le perron de l'auberge Corleone; d'une main il la prit par l'épaule avec autant de douceur possible, tentant de la redresser un peu pour voir son visage, et de l'autre il tambourina fortement sur le bois de la porte pour alerter quiconque s'y trouverait, si jamais les plaintes de la femme n'y avaient pas suffi.


- Neijin ? Neijin ! Je suis là. C'est Roman. C'est le bébé ?

Une question pour la forme, destinée à estimer son état plutôt qu'à s'assurer du réel travail en cours. Les gémissements ne laissaient guère de doute quant à la douleur ressentie par la Blanche... Elle lui avait demandé deux jours plus tôt si Amalio arriverait. S'il serait là à temps. S'il pourrait l'aider. Il n'en savait rien, à vrai dire, la nature féminine ne pouvait guère hâter miraculeusement les pas d'un homme marchant à des dizaines de lieues de là. Alors, Roman avait promis son aide, à défaut, puisqu'il était aussi médecin, et bien qu'il n'eût pas (ou pas encore !) le talent de son père, il avait depuis longtemps les connaissances nécessaires à une survie convenable. Ainsi en était-il des accouchements, bien qu'ils fussent souvent confiés aux femmes. Mais il n'était pas assez sot pour refuser de l'aide... d'autant que la parturiente semblait extrêmement angoissée, et qu'il la savait droguée.


- Neijin, tu m'entends ?

Fi du vouvoiement, le tutoiement irait bien aussi, tant qu'il parvenait à rester dans le registre français sans perdre ses mots.
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Stain.
    Les derniers jours avaient été éprouvants pour la Cigogne. L’euphorie de reprendre la mer et de vivre de nouvelle aventure avait laissé la place au remord de laisser ses amies.
    Une particulièrement.
    Palotte.
    Les autres s’en sortiraient très bien sans lui mais Neijin c’était différent. Neijin faisait partit de l’équipage. Des Trompes la Mort. Bien qu’elle n’est jamais pris la mer avec eux, en liant son destin à celui du Second, elle s’était invité dans cette famille. Une famille liée par les épreuves et l’adversité.
    Mais à présent la famille était dissoute. Jurgen était partit, Corbeau se murer dans son silence. Les autres membres de l’équipage s’était noyé. Il ne restait que la Palotte et la Cigogne...
    Et à son tour celui-ci avait décidé de prendre le large. Fuir. Comme il le faisait si bien. Mais pour la première fois de sa vie il était sur de son choix. Ce choix il l’avait fait pour Khlada. Pour qu’elle ait un meilleur avenir.
    Un avenir ou son visage ne serait pas griffonner sur un avis de recherche.
    Un avenir ou elle pourrait elle-même décider ce qui est bien de ce qui est mal.
    En pensant principalement à elle, il n’avait pas songé à Neijin. Il n’avait pas songé que son départ pourrait l’affecter outre mesure.
    Son sac était prêt.
    Celui de la petite aussi.
    Mais une tempête noire le détourna de son cap.
    Tigist.
    Ses mots étaient durs. Froid. Juste. Elle avait ouvert les yeux à la Cigogne qui ne voulait reconnaitre la vérité. Il avait besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de lui. Ils n'étaient plus que deux. Ils devaient pouvoir compter l'un sur l'autre.
    Une fois face à cette vérité, pensez-vous qu’il est possible de détourner le regard ?
    Non. Il était trop tard. La petite graine du doute avait germé dans son esprit et l’avenir de Stain devint incertain.
    Rester ? Partir ?
    La balance était dur à pesé. Elle était en parfaite équilibre.
    D’un coté le bien être de Khlada et la possibilité de lui offrir ce dont elle a toujours rêvé : devenir Capitaine. Même si pour cela il devait se retrouver du bon coté de la loi, ce qui, avouons le, ne l’enchanter guère.
    Et de l’autre la Palotte, seule, engrossé, loin de son Pirate; tentant désespérément de s’accrocher à la vie.
    Stain se retrouver partager. Son amie ou sa fille ?

    Il n’avait pas à choisir. Il les choisissait tous les deux.
    Il fit une promesse à Palotte. Celle de rester avec lui jusqu'à ce qu’elle accouche. Celle de la soutenir jusqu'à bout. Tans pis si il serait en retard au Port. Il enverrait une lettre. Le Capitaine comprendra. Il devrait comprendre…
    La lettre n’était toujours pas partie mais Stain était resté. Les promesses sont faites pour être tenue.
    Khlada en revanche, n’était pas contente. Elle l'avait bouder et sa petite moue avait peiner la Cigogne. Pourquoi devait-il toujours faire de la peine à une personne quelque soit ces choix ? La petite ne comprenait pas. Du haut de ces six ans elle ne voyait qu’une chose. Palotte avait fait du mal à son presque papa et celui-ci restait malgré cela. Il n’avait pas encore eut le temps de lui enseigner le pardon.
    La petite n’avait pas tort pourtant, Stain était peu être trop con, trop gentil dans ce monde ou l’on ne survivait en ne pensant qu’a soie, mais il en était ainsi. Il avait fait un choix. La petite comprendra plus tard. Il le savait.
    Peu être est ce dut à son âge, peut être est ce dut à se sentiment de solitude qu’il avait éprouvé à la mort de Moera ? Stain avait murit. Changer. En même temps que ces cheveux avait blanchit son âme s’était apaiser. Résigné ?

    A présent il était allongé sur son lit, fixant le plafond entouré de missive. La Cigogne tenait une correspondance étroite avec une petite blonde rencontré en Bretagne, et une autre, plus froide avec sa propre fille avec laquelle il avait décider de reprendre contact. Il repensait à sa vie. Au choix qu’il avait fait.
    Il s’imaginait ce qu’aurait été sa vie sans ce meurtre.
    Sans cette vie qu'il avait prise à un homme que la mort n’attendait pas encore.
    Serait-il devenu Capitaine ? Se serait il marié ? Aurait-il finit comme ces hommes bedonnant encrouté dans leur petite vie pépère ?
    Les pensées de Stain furent interrompues. On donna des coups à la porte. Des noms furent appelés. Stain entendit le sien.
    Neijin.

    Son cœur se mit à battre et la Cigogne se releva d’un bond.
    Pas maintenant Palotte. Non c’est trop tôt. Il te reste un mois encore. Non Palotte, attend le patriarche Italien. Déconne pas.
    Il se précipita à la porte et l’ouvrit à la volé. Juste derrière celle-ci se tenait Roman, agenouiller au coté d'une albinos en sueur, les traits déformé par la douleur.
    Merde.
    Il faut l’avouer la présence de l’italien le rassurer. Il avait déjà dut accoucher une femme seul une fois et il ne comptait pas recommencer de ci tôt.


    Palotte !

    Stain se précipita à son tour et s’agenouilla pour la prendre dans ces bras.

    Aide-moi Roman, on va la porter sur mon lit.

    Tandis que Stain la soulevait, le visage du blondinet s’inscrivit devant les yeux de la Cigogne. Niallian.
    Avez-vous remarqué à qu’elle point les pensés de notre esprit s’égare dans les moments de Panique ?La promesse qu’il avait fait à Palotte de prévenir le blond lui revient à l’esprit. Il la chassa. D’abord porter Palotte jusqu’au lit, ensuite faire bouillir de l’eau et tout les autres trucs que l’italien aurait besoin et ensuite faire porter un mot au blondinet pour qu’il radine son cul ici et vite.
    L’idée de voir sa tronche n’enchanter pas réellement Cig. Non pas qu’il l’appréciait pas, mais si en faite. Il ne l'aimait pas. Après son premier instant de « j’aime pas ta gueule décarre de mes plats de bande » Cig avait finit par l’apprécier, jusqu'à ce qu’il apprenne sa relation avec la Blanche. Son avis sur lui n’était pas impartiale, il se taper la femme de son Second, femme qu’il avait lui-même convoiter il y a bien longtemps de ça. Vous pouvez comprendre que Cig’ ne soit pas ravie de la présence de cette homme.
    Mais il faisait partit du deal faite avec la Blanche.
    Pas de boisson, pas d’opium, pas de blond jusqu'à l’accouchement contre la promesse de le faire venir le moment venue...
Roman.
Stain avait ouvert la porte à la volée, surprenant Roman par sa rapidité. Ami de son père, Stain semblait être quelqu'un sur qui l'on pouvait compter, du moins dans la famille. Il emporta Neijin dans ses bras, soulageant Roman de cette tâche, ce qui lui permit, tout en suivant Stain à l'intérieur, de fouiller dans sa besace. Narcotiques pour la mère en cas de besoin, alcool pour frictionner le nouveau-né, aiguilles pour recoudre le nécessaire... Il avait au moins de quoi assurer le minimum vital.

Bientôt, ils furent à l'étage, et Neijin posée sur le lit, parmi des gémissements de souffrance. Roman, comme l'on pouvait s'y attendre, demanda à l'homme d'aller chercher de l'eau chaude et des linges propres, ainsi que de l'eau pour la dame et un peu d'alcool pour eux. Ils en auraient sans doute bien besoin si la naissance s'éternisait. Par contre, l'Italien se garda bien de faire appeler Niallan : ayant en horreur le nouveau mari de son ex femme, il se passerait autant que possible de lui.


- Gabriele est dans le coin ? Et mon père, tu l'as vu ? Il devait arriver aujourd'hui s'il n'a pas été retardé. Je lui avais dis de se grouiller.

Il aida Neijin à s'installer du mieux qu'il put en lui arrangeant des oreillers et une autre couverture sous les épaules et le buste, pour la soutenir confortablement.

- Tu permets, Neijin ? Je dois regarder pour voir si ton petit se présente par la tête ou les pieds.

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Jenifaelr
    Corleone à les yeux ouverts. Face au plafond, elle est seule et soupire. Le temps passe et la jeune femme, sent au fil du temps, sa solitude, qui l'avait quitter quelque temps, revenir. Lentement, mais surement, elle recrée ce cocon qu'elle avait enfin réussie à percer. Elle veut être une autre. Ses cheveux blonds sont redevenus l'or qu'ils étaient et sa silhouette de courbes reste. Ses cicatrices ont fini de cicatriser maintenant et la cicatrice de son visage est définitive. La marque qui trône là, lui fait horreur bien qu'elle soit presque invisible. Lorsque ses doigts se glissent, elle sent, cette bosse, ce creux, qui s'est fait, elle, qui évite à tout prix les signes du temps, pour espérer rester belle et désirable, pour tromper et masquer son ennui sans cesse grandissant de la vie, de sa vie. Ses cheveux lui battent le milieu du dos dans une ondulation. Sa tenue, a changé néanmoins.
    Oubliez, le cuire, le métal, le rouge sang, le beige dorée, l'or et l'argent.
    Voilà venir la jeune femme aux yeux bleus qui semble un ange. C'est du bleu ciel, qui l'habille. Une cotte simple, légère et fluide, d'un bleu doux qui habille son corps. Adoucissant ses traits, accentuant le bleu des yeux et lui donnant l'air presque plus jeune. Elle rêvasse, lorsqu'un ramdam se fait.
    Jeni. Jeni.
    Ont l'appel, des portes s'ouvrent et à son tour, elle se lève, se déplie et sort, pour voir l'origine du remue-ménage. C'est Neijin, que déjà, Stain et Roman mènent sur le lit du pirate. Elle récupère une bourse de cuire bien précise, dans laquelle se trouve des gants de soie, noire. Elle a rapidement compris, l'objet, l'enjeu, Neijin accouche.


    Elle entre, dans un calme, digne d'une Athéna en temps de guerre, sage et réfléchit.

    "- Roman, j'peux le faire, si tu veux. "

    Elle s'approche.

    "- Neijin, c'est toi qui vois. "

    Quant à Niallan, qu'il entre, la jeune femme la ferait sortir. Elle ne l'aime pas, elle le déteste. Elle ignore la présence du pirate, pour elle, les hommes n'ont rien à faire à un accouchement, absolument rien, elle tolère la présence de Roman, car il a des connaissances médicinale, mais pour elle, les autres doivent rester dehors. Elle reste néanmoins silencieuse sur la présence de Stain. Ses paroles, ses mouvements, se font méthodiques et sa voix rassurante et poser. L’esprit est vide de pensées superflu, elle a fait le vide, lorsqu’elle à enfiler, sur ses doigts, ses gants de soie noir, pour éviter de poser ses mains froides sur la Blanche.

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Niallan
Aujourd'hui, je deviens l'oncle Tommy. Certainement pas avec le même prénom moche et avec une vie quelque peu divergente. Aucun rapport avec une histoire de verge hantée, sauf si on pense à la ceinture de chasteté que la roukmoute m'a posé. Bref, je m'égare. Je deviens tonton. Même si, j'avoue, au début, j'ai pas compris, comme en témoigne le dialogue qui suit :

M'sieur, m'sieur, c'est le moment !
C'est à dire … ? avec les sourcils haussés qui vont bien et la tête penchée sur le côté.
C'est la murène, elle a mis les bas de laine dans l'eau.

Vous vous souvenez pas ? C'est vous qui avez choisi le code !
Je devais être bourré, désolé petit.
Ah ça non, m'sieur ! Même que vous m'avez promis trente écus !

*Tilt.*
Yeux qui s'écarquillent, cœur qui s'emballe, mains qui deviennent moites. Je me souviens, c'est LE gamin. Celui qui devait zoner près de l'auberge et me prévenir au moment m, pour N sans haine, ce qui n'aurait pas été possible pour les autres présents. Comprenez par là qu'il y en a aucun qui peut me piffrer. Je peux pas leur en vouloir, j'ai piqué la femme de l'un et celle du pote de l'autre. C'est cet autre qui devait me prévenir mais, prenant en compte les explications précédentes et le fait qu'il soit aussi entiché de la femme du pote -à ce stade-là, on parle plus de triangle mais de carré amoureux-, j'avais la désagréable impression qu'il me préviendrait quand Jeni arrêterait d'être chiante. C'est à dire jamais. Du coup j'ai pris mes précautions. Sauf que c'est trop tôt, beaucoup trop tôt. Je suis pas prêt. Je me mets à paniquer, frôle l'infarctus et ne suis rappelé à l'ordre que par le tapotement de pied du gamin impatient.

Alors ?
Après lui avoir fourré le contenu de mes poches dans les mains -autrement dit, 15 écus, 3 boutons de chemise et quelques miettes de pain-, je m'élance vers la droite.
Eh mais y'a pas le compte !
T'as pas retenu le code. C'est une baleine, elle va donc avoir un ba-lei-neau. Et pour les femmes, on dit accoucher, pas mettre bas !

Même dans les moments urgents, il faut savoir éduquer la jeunesse. D'ailleurs, ce jeune-là a dû recevoir une éducation à la Corleone, comme en témoigne le caillou qui vient heurter ma tête en pleine course. Faisant fi de ce douloureux accident, je force l'allure jusqu'à arriver dans la chambre d'auberge que j'ai sélectionné comme garde-meubles pro-accouchement. Comme je suis complètement stressé, je me parle à moi-même.
Les carottes, oublie pas les carottes.
Après m'être emparé du panier et avoir rattrapé les légumes récalcitrants qui avaient pris la fuite, je poursuis dans ma schizophrénie.
Le miel, sombre abruti !
On passera sur le tiroir arraché pour en venir au plus important : j'ai le miel.
LE LIT, bordel, soulève le lit !
C'est là que les problèmes commencent. Un lit, c'est lourd. Et un lit de princesse, c'est carrément trop lourd. Elle devait pas accoucher maintenant, je devais installer le lit dans la chambre. Mais elle accouche maintenant, et le lit est dans la mauvaise chambre. Prêt à tenter le tout pour le tout, j'entreprends de le faire passer par la fenêtre. Comme vous vous en doutez, c'est un échec. Mais c'est cette même fenêtre qui me permet d'apercevoir l'espoir. Je me laisse choir dans l'abreuvoir, quitte à se qu'on se paie ma poire, je peux pas la décevoir.

Eh, vous !
La donzelle interpellée menace de disparaître au croisement de ruelles limougeaudes, j'accélère. Arrivé à sa hauteur et sans ralentir, je m'empare de son couvre-chef qui n'est autre qu'une couronne -à moins que ce soit un diadème ou un serre-tête classieux, je saurai pas vous dire-. Elle beugle, me traite de voleur et de connard un peu plus tard. Je lance un « Désolé ! » et poursuis sur ma lancée. Quand l'auberge n'est plus qu'à quelques mètres, je fais une petite pause. En lecteurs omniscients, vous avez pu découvrir que Roman, Stain et Jeni gèrent mieux que des fougères. C'est pas mon cas. Aussi, je vous serai reconnaissants de passer outre le fait que j'ai dégobillé. Les doigts au fond de la gorge, au bord du sentier, par anticipation. J'ai jamais assisté à un accouchement mais m'est avis qu'il faut avoir l'estomac bien accroché, alors autant ne rien avoir à l'intérieur. Sur les mètres restants, j'ai mastiqué des feuilles de menthe pour éviter l'haleine de chacal. Enfin, je me suis pointé et j'ai dit :

Salut.

Là je me suis senti con, très con. J'ai nerveusement serré la parure de princesse et le panier de carottes dans mes mains et me suis avancé vers Neijin, ignorant les éventuels -dans une éventualité à forte probabilité- regards mauvais. Elle a l'air d'avoir mal, tellement mal. La gorge nouée, je parviens à sortir un :

J'ai pas pu transporter le lit, mais j'ai ça. Puis, plus bas, penché à son oreille : Et je devais te rappeler d'aller faire pipi, mais je crois que c'est un peu tard.

Un bref regard aux autres me convainc que ma présence n'est ni souhaitée ni souhaitable mais je m'en cogne. Il n'y a qu'elle qui compte, et j'ai promis. Ignorant les gants de Jeni qui laissent pourtant présager un toucher rectal des plus douloureux, Roman et les oreillers avec lesquels il pourrait m'étouffer et Stain qui se contenterait sûrement d'un poing dans la tronche, j'attrape la main de ma Potesse pour la serrer dans la mienne.

Ça va aller, je te le promets. Fais-moi douiller autant que toi, j'ai préparé ma main.

Et puis je t'aime, comme un dingue. Mais ça je te le dis pas parce que sinon, je vais vraiment avoir droit aux autres joyeusetés de tes copains. Alors je me contente de te faire un sourire rassurant et d'attendre.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Neijin
    Le visage du Corleone qui lui fit face illumina le visage de la Pale. Auparavant, jamais un médecin n'était apparut au moment ou elle en avait le plus besoin. Mais Roman l'avait fait. Gabriele ne répondrait pas à l'appel, Tigist le lui avait bien fait comprendre la dernière fois qu'elles s'étaient croisées. Mais elle ne lui en voulait pas. Elle ne lui en voulait plus depuis qu'elle avait comprit ce qu'il ressentait depuis la perte de son enfant. Mais le frère était bien là. Il le lui avait dit et il l'avait fait. Neijin lui aurait certainement sauté au cou si elle en avait été capable. Elle se contenta seulement d'hocher vigoureusement la tête à ses questions, posée contre le mur.
    Puis les événements s’enchaînèrent. C'est un nouveau visage bien connu qui s'approcha d'elle sans qu'elle ne s'y attende pour la soulever et l'emmener, non pas dans un lit de princesse comme prévu, mais dans la couche partagée depuis une semaine. Un bras passé autour du cou du pirate, elle accepte son aide sans râler. Parce que le marin marche plus vite qu'elle et qu'il la soulage des souffrances inutiles.

    La Normande s'était posé beaucoup de questions sur la douleur ressentie lors d'un accouchement. Elle avait eut deux réponses. Celle de sa mère qui un jour, lui avait rétorqué que non, ça ne faisait pas mal. La preuve en était que les femmes n'hésitaient pas à recommencer pour avoir plusieurs enfants.
    Et celle d'un blond trop protecteur. C'est désagréable, comme lorsqu'on appuie sur un bleu. Lorsqu'il lui avait sortit cette comparaison, elle l'avait cru sur parole. Parce qu'un homme qui a eut beaucoup d'enfants doit s'en doute s'y connaitre en accouchement.
    Mais la douleur qu'elle ressent en ce moment dépasse l'entendement. Non, ca ne fait pas, pas mal. Et non, ce n'est pas comme lorsqu'on appuie sur un bleu. Cela va bien au delà.

    Parce qu'elle n'a aucune idée des événements à venir, Neijin se laisse faire docilement. Elle tente même un sourire à Roman qui prend soin de l’installer convenablement. Sourire qui se transforme vite en grimace lorsque son bas-ventre se contracte de nouveau.
    Et le nombre de têtes se multiplie dans la chambre. C'est jour de fête. Neijin se détend légèrement en voyant apparaître Jeni, puis elle ne saurait si c'est une nouvelle contraction ou si c'est l'apparition de Niallan dans la chambre, mais il lui semble que quelque chose cloche. Soudain, elle réalise qu'elle n'a plus envie de voir tous ses hommes dans la pièce. Pas parce qu'elle ne les apprécie pas assez ou qu'elle veut être seule, mais parce qu'elle n'a pas envie qu'ils la voient dans cet état. Aussi vulnérable, sans pouvoir retenir devant eux les gémissements qui s'échappent à chaque contraction. Elle ne veut pas lire sur le visage de l'amant le reflet de son angoisse, préférant de loin voir le sourire qui étire habituellement ses lèvres. Pourtant elle attrape sa main rapidement pour ne la lâcher sous aucun prétexte, tant pis si elle lui fait mal. Elle a besoin de sa présence, là, tout de suite. Si le père de l'enfant ne peut être présent pour la naissance, le tonton, lui, subira les affres de la vie avec elle. Et si quelqu'un essaye de s'opposer à ça, elle poussera une bonne gueulante. Parce que ce n'est pas le moment de se disputer pour des broutilles.

    Une main accrochée à celle de Niallan, et l'autre aux couvertures, elle pose son regard tour à tour sur Roman et Jeni. Et en réponse à leurs questions, elle relève le bas de sa robe d'une main tremblante. Parce qu'en cet instant, elle se fiche de qui regarde entre ses cuisses. Elle veut juste que son calvaire se termine et que tout se passe pour le mieux, surtout si tous ses amis sont présents. Elle a l'étrange impression que la douleur étire le temps, l'allonge et qu'elle souffre ainsi depuis déjà bien trop longtemps. Mais Neijin n'a aucune idée de la durée de l'accouchement, totalement submergée par la situation.


    Faites comme vous voulez... Ça m'est égal... J'veux juste... qu'il soit vivant.

    Et pas difforme, ni idiot, si possible. La respiration saccadée, Neijin essaye de se concentrer sur les personnes présentes en essayant de ne pas bouger. Chose qui n'est pas des plus aisée, si l'on prend en compte son irrésistible envie de pousser pour expulser son enfant à l'extérieur de son corps.

    Je suis désolé Nial'... mais je n'ai pas vraiment faim... ni envie d'aller aux latrines, finalement... Tu peux manger les carottes... si tu veux...

    La lippe est mordue, tant pour essayer de canaliser sa douleur que pour la culpabilité. Elle sait qu'ils se donnent tous du mal et pourtant, rien ne se passe comme prévu. Ses yeux glissent de nouveau sur Jeni pour essayer de croiser son regard et espérer y voir quelque chose de rassurant. Elle, qui a l'air d'être sûre d'elle et qui est déjà passée par là, doit sans doute pouvoir l'apaiser et calmer ses craintes. Tout du moins, Neijin l'espère de tout son coeur.

    Allez... dis-moi, toi aussi, que tout va bien se passer. Qu'il ne reste plus que les pieds à sortir et que nous pourrons aller fêter ça autour d'une chope.



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Stain.
Jeni fait son entrée, puis arrive le blond. Tous se passe trop vite pour Stain. Voila plusieurs minutes qu'il reste là sans bouger. Il faut qu'il s'affaire.
Les yeux de la Cigogne se pose sur le blond. Son coeur se serre légèrement et son regard est froid, dur. Sans doute plus qu'il ne l'aurait voulu.
Il n'a pas eu le temps de le prévenir. Mais pourtant le blond est déjà là, accourant au chevet de sa Blanche.
La promesse est tenue.
L'histoire ne dira pas si la Cigogne aurait ou non envoyé le mot.

Stain s'active, il sort.
Il a des choses à faire.
Que lui a dit l'italien déjà ?
Ah oui : faire bouillir de l'eau, prendre des linges propres, de l'eau pour la Pâlotte et de l'alcool pour eux.
Stain descend. Il met un bac sur le feu tandis qu'il cherche les linges. Il n'a jamais compris à quoi cela servait mais il avait déjà vue de nombreuse personne le faire. Alors il s'exécute. Sagement. Une cruche d'eau fraiche est prise, ainsi qu'une bouteille d'alcool de poire.
L'eau bout. Les linges sont bien coincé sous son coude.
Il ne sait combien de temps il a quitté la pièce. Le temps lui parait distendu depuis qu'il a entendu frappé à la porte.
A-t-elle déjà accouché ?
Non, cela ne va pas si vite. Si ?
Les bras chargée Stain remonte les marches et dépose tout au pied du lit. Assez près des deux italiens pour qu'ils n'aient pas à courire, mais assez loin pour ne pas géner leurs mouvement.

Son regard se pose sur Niallan et Palotte. Ils sont concentré l'un sur l'autre, comme s'ils étaient dans une bulle. Le Blond tient fermement la main de Neijin.
Un léger sourire se dessine sur les lèvres de Stain.
Merde ils ont l'air de vraiment s'aimer.
Peut être avais tu raison sur son compte Palotte ? Peut être l'ais-je juger trop vite.
J'espère qu'il ne te brisera pas le coeur.
Sinon je lui briserais la mâchoire...

Son regard se pose ensuite sur Jeni et Roman qui s'affaire.
Ils sont calme, ils savent ce qu'ils font.

Lui il est de trop.
Alors il s'efface.
Il se retire de l'équation.
Il faut parfois reconnaître son inutilité. Puis l'accouchement est une chose intime. Pas besoin de spectateur.
Il sort de la pièce et s'assied sur le seuil.
Tête dans la main, il attend.
Palotte est entre de bonnes mains. Il n'a aucune utilité la-bas, il ne ferait que les géner. Il préfère s'écarter. Leur laisser de la place, de l'air, de l'intimité.
Il attend tout de même là, sur le seuil.
Juste au cas où...
Tigist
Amalio est arrivé et avec lui, les douleurs ont commencé à reculer. Cette auberge où vivent les Corleone et leurs amis vibrait d'un profond silence, pourtant depuis deux nuits, ce sont des cris de jouissance qui retentissent et tant pis si cela empêche leurs enfants de dormir.
Ils se sont retrouvés. L'air hagard, la peau noire couverte de sueur, et les tresses reposant sur la couche, l'éthiopienne admire la capacité de Menelik à se rendormir qu'importe l'activité de ses parents.

Là, dans la béatitude de leur amour, rien ne saurait les déranger.
Que tu crois Tigist. En bas, du remue-ménage, on s'agite, les copains font un de ces boucans, et cela n'est ni normal, ni rassurant. Mine plissée, elle attrape la vieille chemise élimée qui lui sert de vêtement de nuit, et se rend dans le couloir.

Effervescence dans une piaule, celle de Stain. Un coup d'oeil suffit, femme et mère avertie, la noire a compris. A peine a-t-elle le temps de voir le marin s'écarter de la pièce, laissant le champ libre au cadet Corleone et à la sage femme de service. Reste une ombre au tableau, une ombre blonde. Du pas de la porte, elle hésite, elle a peur que sa présence n'amène le malheur dans cette couche où la vie peut devenir la mort.
Alors sur la porte, du bout du doigt, elle trace des symboles,priant Dieu de venir en aide à cette amie qu'elle s'est trouvée. Espérant capter le regard de son beau frère, Tigist tente d'y faire passer toute la conviction qu'on peut mettre dans une pensée.
Sauve-la Roman, par amour de nous. Sauve son enfant que je l'aime comme celle que je n'ai pas eu.

Les mots manquent, il n'y a rien à dire, Neijin n'écouterait rien, et parler ne ferait que compliquer les choses, elle n'est pas la maîtresse de maison. Mais elle est une amie loyale, et Noiraude de se poser aux côtés de son meilleur ennami. Quand ébène et grison se mêlent, rien de grave ne peut arriver, non ? La tête vient s'appuyer sur l'épaule du marin, et les doigts se mêlent aux siens.

C'est ce qu'ils avaient tous oublié. Dans la joie ou la douleur, certains restent comme des rochers au milieu de la marée. Que les vagues de l'accouchement viennent, ils attendront là. Accostage ou naufrage, qu'importe.

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Roman.
En quelques minutes, la chambre où était étendue la parturiente était devenue le centre du monde. Roman se fit violence pour ne pas laisser la présence de Niallan le déconcentrer. Il n'avait pas fallu longtemps pour que Stain lui rapporte le nécessaire, ainsi put-il disposer quelques linges propres sous le fessier de Neijin, et garder les autres à portée de main. La blanche acceptait l'examen, il décida donc de s'en charger, ne sachant si Jenifael avait une formation sur le sujet. Lui-même avait du réclamer pour en obtenir une, et ç'avait finalement été l'une de ses tantes, accoucheuse, qui lui avait enseigné, puisque l'université refusait de dispenser ce genre de cours à des hommes.

- Bene. Ne t'inquiète pas, je ne te toucherai pas, je ne fais que regarder. Je pose juste les mains sur tes genoux.

C'est ce qu'il fit. Rien d'anormal n'apparut à sa vue. Pas de pied qui dépasse...

- Je pense que l'enfant se présente par la tête. C'est très bien. Tu peux rallonger tes jambes pour le moment, tu vas avoir un peu de répit avant le début de l'accouchement.

Il rabattit le drap sur la pudeur féminine quelque peu mise à mal.

- Je vais aller chercher mon père. Son expérience sera toujours bonne à prendre.

Il n'ajouta pas "surtout en cas de problème", bien que toute l'assemblée le sache probablement. Amalio était la référence pour eux lorsqu'il s'agissait de situations critiques. Son âge honorable était un gage d'expérience et de compétence. Non que Roman ou Gabriele fussent inexpérimentés, mais ils avaient trente ans de moins que leur père, ce qui était autant de pratique en moins.
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Amalio
Dans la taverne municipale, généreusement éclairée par des torches flamboyantes qui trônaient au mur et qui secondaient la lumière générée par le feu de l'âtre, le vieil Italien s'occupe. Il s'occupe à sauver la vie de son fils aîné, Gabriele, drogué et déprimé, qui lui a récemment avoué son état. Alors, en gestes précis et tranquilles, d'une main sûre, il transvase et mélange différents liquides qu'il rassemble en une seule petite fiole, soigneusement étiquetée au nom de Gabriele. Les autres flacons, à côté, portent des noms divers : opium, passiflore, alcool...

Bientôt, ses doigts referment soigneusement le bouchon et agitent le remède. Gabriele doit être lentement désintoxiqué, au risque, sinon, de lui faire perdre la tête, si ce n'est la vie. Les crises de manque, le père en a déjà vu : et il n'en a jamais retiré du bon. Savoir que Gabriele joue à cela le met hors de lui et en grande peur : il n'est pas capable de supporter l'idée que son aîné puisse se détruire ainsi.

Ses réflexions sont interrompues par l'ouverture de la porte. Il ne lève pas l'oeil, habitué à être momentanément dérangé par les piliers de comptoir ou les passants venus se réchauffer à l'aide d'une bonne bière et d'une part de brouet. Mais cette fois, la voix est reconnaissable :


- Padre ! Viens vite chez Gabriele, Neijin va accoucher !


Roman. Le vieux se tourne, acquiesce, range rapidement ses fioles et se hâte de remettre sa cape. Les italiens quittent l'auberge à pas rapides qui font tinter les flacons métalliques ou de verre qui s'entassent soigneusement dans la besace d'Amalio. Indispensables remèdes, indispensables drogues, indispensables poisons. Les premiers et les secondes seront sans doute utilisés ce soir. Les troisièmes, probablement pas, quoi qu'on ne sache jamais ce qu'il peut advenir dans l'entourage des Corleone.

Il ne faut qu'une ou deux minutes pour rejoindre l'Ewedishalahu, l'auberge tenue par Gabriele, et Amalio se laisse devancer par Roman qui lui montre le chemin vers la chambre de Stain. Celui-ci, d'ailleurs, avachi devant la porte avec Tigist à ses côtés, semble bien perdu. En passant, le patriarche lance :


- Debout ! C'est pas toi qui accouches ! Va donc t'asseoir en bas, tu ne pourras servir à rien devant cette porte, à part à faire trébucher celui qui en sortira avec le bébé dans les bras.

Et sans attendre de voir la mise en application de ses paroles, le médecin fait son entrée. D'un coup d'oeil, il jauge : Neijin, le ventre tendu à craquer sous un drap qui ménage sa pudeur, Niallan qui lui tient la main (ha, il en a sacrément entendu parler, de celui-là !), Jenifael qui a revêtu des gants noirs qu'Amalio trouve étranges mais soit, et puis Roman, qui semble avoir disposé le nécessaire de base autour du lit. D'un pas, Amalio s'approche, et dépose sa besace au pied du lit.

- Salut fillette. Je suis là, tu vois. Je viens surveiller les gamins pour voir s'ils se débrouillent bien. Pas trop mal?

Evaluer la souffrance est un exercice difficile. Celle des naissances, à l'époque, est considérée comme normale, nécessaire. Il y a pourtant une chose pour laquelle Amalio n'hésite pas à droguer les parturientes : les interventions brutales. Et en parlant de brutalité, la question s'en vient, parce qu'elle est nécessaire pour le vieux médecin :

- Je dois te demander quelque chose, Neijin. Dis-moi. S'il arrive quelque chose et que je ne peux pas vous sauver tous les deux, toi et ton enfant... qui dois-je sauver ?

La mort rôde toujours autour des naissances. Et Amalio en a déjà tenu beaucoup, des bébés morts, dans ses bras couverts de sang. De même, des corps aux formes pleines et rondes, combien en a-t-il recouverts d'un drap blanc, entouré par les cris de vie sauvage d'un nourrisson tout juste sauvé ?

Rien n'est jamais gagné d'avance.

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Theodrik
"On est quelques fois aussi différent de soi-même que des autres."
La Rochefoucauld.


    Géant n'est pas frère qualifié : dans ce domaine, c'est à peine s'il aurait eu quelque instinct potable. Avec sa cadette, il avait été invisible quand le danger se faisait omniprésent, et bastonneur quand la situation requérait de la patience. Il est frère à contretemps, tombant toujours au moment précis où l'on ne l'attendait pas. Avec Neijin, ça n'avait pas été plus glorieux ; il l'avait rencontrée au détour d'une taverne bondée, à Limoges, dans le hasard d'une halte prolongée. Elle avait lâché son prénom, il avait perdu les mots.
    Pâlotte aînée avait la même trogne que sa jeune sœur, encore inconnue d'elle. Hel, néanmoins plus maigre et à l'accent plus tranchant, ignorait tout encore de cette situation. Les dernières correspondances ne faisaient état que d'une sœur anonyme, perdue depuis ses premiers souffles, loin de la Norvège natale. L'encre empressée n'avait eu l'audace d'en ajouter davantage, sachant que la nouvelle serait déjà assez explosive sans qu'il développa. Nul besoin d'annoncer que la sœur en question lui était presque identique, qu'elle possédait ce même calme troublant, ce même ton à la fois posé et cinglant, alors que l'Albinos croulait sous les papelards dans son bureau béarnais, d'où devait brailler deux cygnes agités. Nul besoin surtout de préciser que l'arrondi du ventre sororal, distendu par la présence croissante d'une vie prête à éclore, était tout aussi inattendu que le reste.


    Rien ne laissait donc présager cette situation, si ce n'est étonnante, pour le moins inhabituelle. Le frangin fit les cent pas, dans sa piaule (ou plutôt dans celle de Dôn, squattée durant tout le séjour limousin), avant de trouver quoi faire. L'enfant venait au monde, un gamin de son sang, un mioche qu'il n'aurait pourtant jamais connu s'il n'avait fait cette halte, s'il n'était sorti, s'il ne l'avait croisée. Les pas s'étendirent hors de la foutue piaule, décidément trop petite, pour se perdre en résonnances dans la ruelle. En quelques minutes, il y était. Là, scène du crime. Tant de monde rassemblé, devant et dedans cette taverne italienne.

    Géant ne fit rien. Face à lui, la Noire déjà rencontrée et le marin se tenaient enlacés, un geste sûrement anodin, mais dont l'intimité eu bien vite fait de foutre mal à l'aise le rachitique frangin. Incapable de pointer son (imposant) blaire à l'intérieur, de peur d'y croiser la nudité de l'aînée, il reposa le dos contre un mur, sans lâcher un mot. Des regards suffirent à saluer les personnes avoisinantes. Penaud, perdu, le faciès se forgeait une moue des mauvais jours, le regard acide.
    Pour la première fois, Théo était là. Et il avait bien l'air d'un con.

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By JD Dôn.
Neijin
    Lorsque le père italien fait son apparition dans la pièce, le corps de la Pâle se détend considérablement, comme si le poids qui pesait sur ses épaules depuis quelques mois s'était évaporé d'un seul coup. Bien sûr, la douleur qui lui irradie le ventre et les reins est toujours présente, mais elle essaye tant bien que mal de l'absorber, de l'accepter. Faire comme si la douleur avait toujours été là et faisait partie intégrante de son corps. Autant vous dire tout de suite que ce dernier point et plus que difficile à appliquer. Alors à la place, elle s'imagine qu'elle est en plein entrainement, qu'elle vient de prendre un sacré coup mais qu'il lui faut continuer à se battre. Coûte que coûte. Est-ce seulement possible de souffrir autant à cause d'une blessure ? En cet instant, il lui semble que non. Mais si elle est entourée du Tonton pour le courage, d'une femme qui a déjà accouchée des engrossées et de deux médecins dont un avec plus d'expérience que n'importe qui, rien ne pourrait lui arriver, n'est-ce pas ?
    Neijin tente même un peu d'humour :


    - Mal ? Noooon... Je pourrais rester comme ça toute la v...

    La voix déjà faiblarde s'évanouie complètement à la question du médecin. Cette fameuse question qui la ramène brutalement à la réalité.
    Non, Amalio n'est pas un sorcier et ne fera pas naître ton enfant en un claquement de doigt. Et non, il ne peut pas effacer toutes ces soirées où tu t'es saoulée à ne plus tenir debout et où tu t'es droguée au point d'avoir du mal à redescendre de tes nuages pour oublier la disparition de ton compagnon. Mais malgré tout ce que tu as fait, ils sont là, avec toi. Prêts à t'aider du mieux qu'ils peuvent.
    Alors choisis.

    Toi ? Ou le bébé ?

      Tu pues la mort, Palotte.

    - Mon enfant, répond-elle avec empressement. Le bébé... C'est lui... qu'il faut sauver.

    Parce que si elle a encore du mal a accepter le fait que Jurgen soit parti pour peut-être ne jamais revenir, elle sait qu'elle ne pourra pas vivre avec la mort de son enfant sur la conscience. Cet enfant qu'elle a désiré tant de temps. Imaginer qu'il soit mort par sa faute lui est insupportable. Elle sait qu'elle ne pourrait plus supporter le regard des autres sur elle en sachant ce qu'elle a fait, même involontairement. Gabriele avait raison. Si son enfant venait à mourir à cause de ses mauvais choix, la douce Neijin deviendrait une coquille vide. Rongée par les remords et regrettant ses choix passés, s'enivrant à n'en plus pouvoir pour échapper à sa réalité.
    Et le regard de Jurgen, s'il revenait... Non, c'était tout bonnement impossible. Il lui pardonnerait sans doute, malgré la douleur, mais elle ne le pourrait pas.
    Et puis le père du nourrisson pourrait s'en occuper s'il arrivait à sortir de son affaire indemne. Ou Theodrik, peut-être. Ou Niallan, ou Gabriele, ou Jeni ou... Il ne serait pas seul. La grande famille serait là.

    Serrant nerveusement la main de Niallan comme pour le dissuader de la faire changer d'avis s'il l'envie lui prenait, Neijin se mord la lèvre et regarde tour à tour les trois maîtres de la situation pour enfin poser la question qui lui torture l'esprit.


    -Dites... C'est normal d'avoir mal... pendant qu'on accouche...? Et... 'Faut que j'fasse quoi, là...? Parce que j'aimerai bien qu'ca se termine, quand même...


    Et comme pour lui intimer le silence, une contraction lui tord une nouvelle fois le ventre. Ses mains se crispent alors qu'elle retient sa respiration le temps que le mal se dissipe. La respiration saccadée, c'est avec appréhension qu'elle attend que la prochaine vienne lui infliger la même sentence.

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Jenifaelr
    Elle veut qu'il soit vivant et Corleone observe Neijin. T'as intérêt à rester en vie, blanchette, t'a vraiment intérêt. Sinon, j'te fais revivre et j'te tue. L'aigue-marine se fait attentive et elle se met de côté, laissant Roman s'en occuper. Oui, elle a déjà fait accoucher des femmes, mais elle n'a pas de formation, alors puisqu'elle n'est pas la seule capable de ça, elle reste en retrait, prête à exécuter les ordres des médecins de la Famiglia. Vient alors Amalio et en silence, elle retire ses gants de soies. La jeune femme avait pris l'habitude de ça, après avoir enragé d'avoir pour contact des mains gelées sur ses cuisses, la dernière fois. Même si les deux jeunes femmes étaient alors en prison ...

    Elle se glisse alors sur le côté de Neijin, lui prend une main.


    "- Oui c'est normal Blanchette d'avoir mal. "

    La main est caressée doucement, inquiète.

    "- Mais tu seras heureuse, j'te le promet et ça va passer ... Chaque douleur te rapproche un peu, du moment où tu l'auras dans tes bras et où tu s'ras juste heureuse, tu verras. "

    Et quelques instructions supplémentaires.

    "- Quand le passage sera prêt ... T'auras des douleurs très souvent, quelque chose comme toutes les deux minutes et tu devras aider ton bébé à sortir Neijin. Chaque fois qu'un douleur se fera, tu devras inspirer. Bloquer et enfin pousser, avec ton ventre, pour aider ce petit à sortir ... Et ça va durer plusieurs dizaines de minutes. "

    Elle caresse la joue de la Blanche.

    "- On est là pour toi, ça va bien se passer, hein ... "

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Amalio
À la déclaration de Neijin, le patriarche acquiesce, smplement. Que dire de plus ? Quasiment toutes les mères préfèrent sauver leur enfant qu'elles-mêmes, sauf, parfois, celles qui ont été forcées et pour qui l'idée de mettre au monde un bébé né d'un viol est une horreur insupportable. Mais Neijin est sûre d'elle; Amalio n'a plus qu'à s'exécuter. Il sait qu'il faut parfois blesser gravement la mère pour sauver l'enfant, et que souvent, la parturiente ne s'en remet pas. Sans commenter la réponse, il s'installe au bout du lit, devant les pieds de la Blanche, et arrange à portée de main linges et instruments nécessaires à son oeuvre. Avec un certain tact, qu'on ne lui prêterait sans doute pas si s'arrêtait à sa grande gueule, Amalio examine la présentation de l'enfant.

- Ton corps est prêt à faire sortir l'enfant. Je peux sentir sa tête et même ses cheveux. Il en a déjà un peu, tu verras...

Un commentaire gentil, pour une fois, accompagne le soin que le vieux médecin met à son ouvrage.

- Roman, prépare-moi de la valériane, bien concentrée.

Le fils s'exécute et l'on entend les cliquetis des fioles des deux médecins italiens tandis que le plus jeune mélange et dose la potion qui apaisera en partie les douleurs. Mais ça ne sera qu'à peine un pansement sur une plaie ouverte, tout juste une caresse pour apaiser la violence d'une gifle. C'est déjà un petit peu de douleur en moins.

- Neijin, quand ton ventre se tend, tu pousses de toutes tes forces, comme pour faire tes besoins. Concentre-toi uniquement sur ça. Appuie tes pieds au bord du lit, je vais te laisser la place de t'installer.

Il se lève pour la laisser appuyer ses talons au petit rebord de bois, et vient se placer face à ses cuisses après avoir intimé à Roman de lui faire boire la tisane apaisante.

- Tiens-toi prête. Ca arrive.
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