Niallan
Si je devais choisir un mot pour décrire la scène et causais en anglais, je choisirais Evil. Oubliez tout de suite la maison horrifique où une bande de crétins décide de passer ses vacances et finit par joyeusement s'entre-tuer. Très franchement, j'aurais préféré. La fuite est possible, chacun a une chance de participer et de pouvoir s'en tirer.
Là je peux pas me carapater, déjà parce qu'elle a une sacrée poigne mais surtout parce qu'elle peut pas venir avec moi. On peut pas juste remettre le gosse dans son ventre et attendre un peu plus.
Puis je peux rien faire. Que dalle. J'ai aucune compétence médicale, j'ai jamais assisté à un accouchement et je flippe trop pour réfléchir sereinement.
Au début, ça allait, je lui souriais. Personne n'avait cherché à me jarter de la pièce, Jeni n'avait pas utilisé ses gants pour confirmer mes angoisses et Neijin semblait morfler de façon presque supportable. J'avais sa main dans la mienne, j'étais confiant. J'avais même encore la capacité de blaguer en réponse à son murmure :
T'en fais pas pour ça, on les garde pour après. Faut juste que tu revois tes goûts en matière de légumes, si t'avais choisi les haricots, j'aurais négocié avec Jack et t'aurais ramené le magique.
Et comme ça, on aurait évité tout ça. Mais je te le dis pas, parce que déjà je commence à voir que toi ça va pas. Je te vois mordre ta lèvre, serrer les couvertures, je t'entends respirer un peu trop vite. Et ça me fout les jetons. Une lueur de panique dans le regard, je regarde faire Roman. J'ai pas confiance en lui, rapport avec le fait qu'il a essayé de m'empoisonner et qu'il tient mon épouse pour responsable de la mort de leurs gosses en gestation. Pourtant, quand il cause, je me détends et arrive encore à sourire. Je fais même un clin dil à ma Potesse, renforçant l'emprise de ma main sur la sienne.
Tout va bien se passer. Ils sont aussi doués pour les pillages que pour les accouchements vu le nombre de moutards dans leurs rangs.
Je me préoccupe pas du remue-ménage devant la porte, je serai même incapable de discerner combien de personnes attendent la délivrance et qui ils sont. Ce que j'entends par contre très distinctement, c'est le patriarche Corleone. Là encore, je souris à Neijin. Il s'y connaît, il est confiant, ça va le faire. Alors pourquoi est-ce qu'il faut qu'il pose LA question ?! Je parle pas de la fameuse question qu'on doit poser un genou à terre et dont on attend un « oui » très enthousiaste en réponse. Non, je parle de la question à pas poser. Celle qui me fait ouvrir la bouche et la refermer plusieurs fois, en mode carpe. Bordel, c'est évident, ce sera elle. Il peut y avoir d'autres baleineaux mais il n'y a qu'une seule baleine blanche. Je la fixe, dans l'attente qu'elle dise à Amalio que c'est une décision difficile à prendre mais qu'elle se choisit elle parce que c'est le seul choix tolérable.
Sauf qu'elle le fait pas. C'est à partir de ce moment-là que je déchante complètement. Je regarde le patriarche, occupé à installer Neijin. Je secoue la tête fort, de droite à gauche. Non. Non. Et non. S'il doit choisir, qu'il la choisisse elle. La pression qu'elle exerce sur ma main me force à tourner la tête vers elle. C'est à ce moment-là que j'ai vraiment eu mal. Bien sûr, on ne parle pas des douleurs de l'enfantement qu'elle subit actuellement -et qui me feraient sûrement tourner de lil-. On parle d'une douleur sourde qui monte en moi, qui me broie le cur. Pour la première fois, j'imagine une vie sans elle et je la trouve plus à chier que toutes les VDM combinées. Je crispe la mâchoire, serre ma main libre autour de ce que je trouve à portée, c'est à dire une carotte.
Tu...tu vas assurer. T'as pas le choix d'façon, tu peux pas m'laisser.
La fin de ma phrase est lâchée dans un souffle, les mots écorchés. J'ai pas l'assurance de Jeni ni celle d'Amalio. Lorsque ce dernier lui intime de pousser après l'ingestion de la tisane, je lâche la carotte pour entourer l'entièreté de la main pâle que je porte à mes lèvres. J'en ai plus rien à carrer d'être discret, je veux juste qu'ils puissent s'en tirer. Tous les deux.
Allez pousse, qu'on voit sa frimousse...
Même que j'arrive à étirer un sourire, pour elle.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Là je peux pas me carapater, déjà parce qu'elle a une sacrée poigne mais surtout parce qu'elle peut pas venir avec moi. On peut pas juste remettre le gosse dans son ventre et attendre un peu plus.
Puis je peux rien faire. Que dalle. J'ai aucune compétence médicale, j'ai jamais assisté à un accouchement et je flippe trop pour réfléchir sereinement.
Au début, ça allait, je lui souriais. Personne n'avait cherché à me jarter de la pièce, Jeni n'avait pas utilisé ses gants pour confirmer mes angoisses et Neijin semblait morfler de façon presque supportable. J'avais sa main dans la mienne, j'étais confiant. J'avais même encore la capacité de blaguer en réponse à son murmure :
T'en fais pas pour ça, on les garde pour après. Faut juste que tu revois tes goûts en matière de légumes, si t'avais choisi les haricots, j'aurais négocié avec Jack et t'aurais ramené le magique.
Et comme ça, on aurait évité tout ça. Mais je te le dis pas, parce que déjà je commence à voir que toi ça va pas. Je te vois mordre ta lèvre, serrer les couvertures, je t'entends respirer un peu trop vite. Et ça me fout les jetons. Une lueur de panique dans le regard, je regarde faire Roman. J'ai pas confiance en lui, rapport avec le fait qu'il a essayé de m'empoisonner et qu'il tient mon épouse pour responsable de la mort de leurs gosses en gestation. Pourtant, quand il cause, je me détends et arrive encore à sourire. Je fais même un clin dil à ma Potesse, renforçant l'emprise de ma main sur la sienne.
Tout va bien se passer. Ils sont aussi doués pour les pillages que pour les accouchements vu le nombre de moutards dans leurs rangs.
Je me préoccupe pas du remue-ménage devant la porte, je serai même incapable de discerner combien de personnes attendent la délivrance et qui ils sont. Ce que j'entends par contre très distinctement, c'est le patriarche Corleone. Là encore, je souris à Neijin. Il s'y connaît, il est confiant, ça va le faire. Alors pourquoi est-ce qu'il faut qu'il pose LA question ?! Je parle pas de la fameuse question qu'on doit poser un genou à terre et dont on attend un « oui » très enthousiaste en réponse. Non, je parle de la question à pas poser. Celle qui me fait ouvrir la bouche et la refermer plusieurs fois, en mode carpe. Bordel, c'est évident, ce sera elle. Il peut y avoir d'autres baleineaux mais il n'y a qu'une seule baleine blanche. Je la fixe, dans l'attente qu'elle dise à Amalio que c'est une décision difficile à prendre mais qu'elle se choisit elle parce que c'est le seul choix tolérable.
Sauf qu'elle le fait pas. C'est à partir de ce moment-là que je déchante complètement. Je regarde le patriarche, occupé à installer Neijin. Je secoue la tête fort, de droite à gauche. Non. Non. Et non. S'il doit choisir, qu'il la choisisse elle. La pression qu'elle exerce sur ma main me force à tourner la tête vers elle. C'est à ce moment-là que j'ai vraiment eu mal. Bien sûr, on ne parle pas des douleurs de l'enfantement qu'elle subit actuellement -et qui me feraient sûrement tourner de lil-. On parle d'une douleur sourde qui monte en moi, qui me broie le cur. Pour la première fois, j'imagine une vie sans elle et je la trouve plus à chier que toutes les VDM combinées. Je crispe la mâchoire, serre ma main libre autour de ce que je trouve à portée, c'est à dire une carotte.
Tu...tu vas assurer. T'as pas le choix d'façon, tu peux pas m'laisser.
La fin de ma phrase est lâchée dans un souffle, les mots écorchés. J'ai pas l'assurance de Jeni ni celle d'Amalio. Lorsque ce dernier lui intime de pousser après l'ingestion de la tisane, je lâche la carotte pour entourer l'entièreté de la main pâle que je porte à mes lèvres. J'en ai plus rien à carrer d'être discret, je veux juste qu'ils puissent s'en tirer. Tous les deux.
Allez pousse, qu'on voit sa frimousse...
Même que j'arrive à étirer un sourire, pour elle.
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