Roman.
Le vieux était là, un brin courroucé par l'entrée fracassante de Roman qui n'avait pas attendu d'être invité à s'avancer dans la pièce pour la parcourir en quelques enjambées. Son regard passa rapidement sur les placards, meubles et recoins, puis revint à son père. Il demanda d'une voix tendue par la nervosité, si ce n'était par la colère :
- Où sont mes armes ? J'en ai besoin. Où les as-tu cachées ?
Amalio lui indiqua le coffre qui se trouvait au pied du lit, dans la chambre. Il s'empressa d'aller y fouiller. Au premier abord, il ne contenait que des vêtements de différentes factures, et une épée commune. Les doigts de l'assassin trouvèrent bientôt le mécanisme du double fond et il déverrouilla la trappe. Avec soulagement, il trouva sa dague de ceinture assortie des deux minuscules poinçons qui lui servaient à percer discrètement une peau; le bracelet de cuir d'une laideur notable qui dissimulait un fil à étrangler; les petites poches de tissu fin qui contenaient ses poisons favoris... Il saisit son attirail avec la sensation de retrouver ses vêtements, comme si, jusqu'à présent, il avait été nu, et qu'il ne s'en rendait compte que maintenant. Sous le regard de son père, il installa à ses hanches la large ceinture de cuir qui dissimulait quelques poches secrètes. La voix d'Amalio, qui dissimulait savamment toute intonation curieuse, inquiète ou amusée, porta dans le silence de la maison, que seul le feu brisait par instants :
- Que vas-tu faire ? Et pourquoi ? Je croyais que tu ne voulais plus de ça.
Il se tourna vers son père, tremblant presque d'excitation, de crainte et d'envie à la fois.
- Je n'en voulais plus. Mais j'en ai besoin. J'ai besoin de sortir. Maintenant. Je ne peux plus rester enfermé, là, à faire le beau au Hanap Couronné.
Le regard d'Amalio l'invitait à continuer. Il savait très bien poser des questions sans ouvrir la bouche.
- J'étouffe... Je l'adore, mais j'étouffe. Ce n'est pas vraiment moi... enfin, pas totalement ! Il me manque.... il me manque tout le reste. Je ne peux pas rester le cul posé sur un fauteuil doré à parler poliment à tout le monde. J'ai l'impression de jouer ce rôle.... même si c'est à ma propre demande. Tu comprends ?
Et le vieux père, sagement, acquiesça, laissant à son fils toute latitude pour exprimer ses frustrations enfouies.
- J'ai besoin de partir un moment. Je reviendrai en ville, mais pas ce soir ni demain. Je passerai juste voir Gabriele. Il faut que tu lui prépares des remontants et des potions pour assainir son corps des restes d'opium.
Et il s'en était allé, sous le regard pensif du vieux Corleone qui, au fond de lui, était sans doute un peu satisfait. Roman imaginait bien quelle opinion il nourrirait à l'égard de cet incident... Mais il n'avait pas envie de lui en parler davantage. Pas maintenant.
Quelques minutes plus tard, il passait les portes de la ville sans difficulté, reconnu par les gardes comme étant de la compagnie d'une princesse royale française... Si seulement ils savaient que ce soir-là, il allait à la recherche de sang et de meurtre ! ...
_________________
- Où sont mes armes ? J'en ai besoin. Où les as-tu cachées ?
Amalio lui indiqua le coffre qui se trouvait au pied du lit, dans la chambre. Il s'empressa d'aller y fouiller. Au premier abord, il ne contenait que des vêtements de différentes factures, et une épée commune. Les doigts de l'assassin trouvèrent bientôt le mécanisme du double fond et il déverrouilla la trappe. Avec soulagement, il trouva sa dague de ceinture assortie des deux minuscules poinçons qui lui servaient à percer discrètement une peau; le bracelet de cuir d'une laideur notable qui dissimulait un fil à étrangler; les petites poches de tissu fin qui contenaient ses poisons favoris... Il saisit son attirail avec la sensation de retrouver ses vêtements, comme si, jusqu'à présent, il avait été nu, et qu'il ne s'en rendait compte que maintenant. Sous le regard de son père, il installa à ses hanches la large ceinture de cuir qui dissimulait quelques poches secrètes. La voix d'Amalio, qui dissimulait savamment toute intonation curieuse, inquiète ou amusée, porta dans le silence de la maison, que seul le feu brisait par instants :
- Que vas-tu faire ? Et pourquoi ? Je croyais que tu ne voulais plus de ça.
Il se tourna vers son père, tremblant presque d'excitation, de crainte et d'envie à la fois.
- Je n'en voulais plus. Mais j'en ai besoin. J'ai besoin de sortir. Maintenant. Je ne peux plus rester enfermé, là, à faire le beau au Hanap Couronné.
Le regard d'Amalio l'invitait à continuer. Il savait très bien poser des questions sans ouvrir la bouche.
- J'étouffe... Je l'adore, mais j'étouffe. Ce n'est pas vraiment moi... enfin, pas totalement ! Il me manque.... il me manque tout le reste. Je ne peux pas rester le cul posé sur un fauteuil doré à parler poliment à tout le monde. J'ai l'impression de jouer ce rôle.... même si c'est à ma propre demande. Tu comprends ?
Et le vieux père, sagement, acquiesça, laissant à son fils toute latitude pour exprimer ses frustrations enfouies.
- J'ai besoin de partir un moment. Je reviendrai en ville, mais pas ce soir ni demain. Je passerai juste voir Gabriele. Il faut que tu lui prépares des remontants et des potions pour assainir son corps des restes d'opium.
Et il s'en était allé, sous le regard pensif du vieux Corleone qui, au fond de lui, était sans doute un peu satisfait. Roman imaginait bien quelle opinion il nourrirait à l'égard de cet incident... Mais il n'avait pas envie de lui en parler davantage. Pas maintenant.
Quelques minutes plus tard, il passait les portes de la ville sans difficulté, reconnu par les gardes comme étant de la compagnie d'une princesse royale française... Si seulement ils savaient que ce soir-là, il allait à la recherche de sang et de meurtre ! ...
_________________