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[RP] Mémoire de gosses

Sadella
Sadella 6 ans & Léon 8 ans


La Bourgogne en ce temps là avait encore tout son éclat. Les ducs étaient renommés à travers tout le pays, le vin faisait la fierté de la région et l’on festoyait à tout va dans les villages et les châteaux. A cette époque, Sadella vivait aussi une enfance des plus insouciantes. Ses parents étaient marchands de bonne réputation en dépit de leurs origines et de leurs croyances. Sous le toit de leur maison, Spinoza prenait bien plus de place dans les cœurs que la parole d’Aristote et pourtant la famille s’intégrait correctement au voisinage. Elle, elle avait encore la rondeur de l’enfance marquée sur ses joues, le sourire facile, le cheveu brillant et l’œil rieur. Elle, elle n’aimait déjà pas les robes et portait toujours des braies sous ses jupons pour se changer dès qu’elle s’était assez éloignée de la maison. Sadella n’aimait pas non plus les coiffures élaborées que voulait lui faire sa mère, elle rejetait les rubans et autres fioritures et fourrait toutes ces choses dans son sac pour ne garder qu’une tresse bien serrée pour pouvoir gambader à son aise dans les environs.

A six ans déjà, elle savait très bien ce qu’elle voulait et ce qu’elle voulait, c’était, tout comme son voisin Léon, devenir chevalier. Il le lui avait déjà dit : c’est impossible pour une fille. Mais ça ne l’empêchait pas de lui courir après en poussant des rugissements à en faire pâlir sa mère si elle avait été là pour voir le comportement de sa petite. A cet âge-là, déjà, elle le suivait partout, l’imitait sur tout et s’il avait le malheur de l’écarter pour le seul motif qu’elle est une fille, elle s’évertuait à lui prouver qu’elle pouvait grimper plus haut, sauter plus loin, crier plus fort et même taper le premier qui lui chercherait des noises. Le frère de Léon, Samuel, lui, n’aimait pas trop ce genre de jeux et la petite fille le trouvait plus ennuyeux que son aîné. Elle ne vibrait que par les aventures qu’ils se créaient, les cabanes, les monstres inventés et les combats épiques auxquels ils se livraient.

Elle ne comptait plus les fois où elle était rentrée à la maison, griffée, les cheveux en désordre, sale et parfois même blessée pour avoir raté une branche, être tombée ou s’être bagarrée comme un petit garçon. Sadella trouvait déjà que la liberté était plus tentante dans le comportement des garçons que dans celui des petites filles. Elle s’était mise à dos toutes les petites voisines du quartier à qui elle avait préféré voler les poupées pour les percher en haut d’un arbre, plutôt que de pouponner à leurs côtés. Rester propre, sage et docile ne lui plaisait pas, au grand désarroi de sa mère, grand-mère et de son père. Ses parents ne parvenaient pas à avoir d’autres enfants et ils mettaient tous leurs espoirs dans l’éducation de leur fille pour garder un pied correctement ancré dans le monde. Mais c’était sans compter sur ses réelles aspirations qui même punies régulièrement, ne se déformaient pas le moins du monde de la tête enfantine.

Un jour, elle et Léon étaient rentrés à la maison et l’injustice de l’accueil qu’on leur réserva l’avait indignée. Ils étaient clairement aussi sales l’un que l’autre et même si elle avait enfilé ses jupons par-dessus ses braies, on voyait bien ses poulaines crottées, la boue sur ses joues et les feuilles dans ses cheveux. Quand on regardait son voisin, on ne voyait pas beaucoup de différence si ce n’est que ses braies à lui, n’étaient pas cachées et qu’on en était à se demander s’il avait voulu les teindre à la gadoue. A ce tableau, sa mère était devenue un vrai dragon. Elle avait giflé Sadella, lui avait demandé où elle avait encore entraîné ce « pauvre garçon » et lui avait ordonné d’aller rapidement se laver en la privant de sortie pour la semaine. Quant à Léon, il n’avait eu droit qu’à un petit regard de dépit et un « on va te mettre au bain avant que ta tante ne te voit dans cet état, mon pauvre petit. ».



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by JD Eldie ❤
Sadella
- ACTE I -

Sadella - 6 ans & Ganwyn 8 ans


Le soleil est là, réchauffant de ses rayons une Bourgogne pourtant si prompte au froid et aux pluies légères. C'est le printemps. Et qui dit printemps, dit jeux d'enfants. Surtout aux yeux de la fratrie De la Rance. La benjamine a été délaissée au bon soin de la tante, pleurant sur l'injustice de ce monde qui ne la laissait pas jouer avec ses aînés. Ces derniers sont partis avec trois de leurs copains plus ou moins de leur âge. A leur tête, Ganwyn ou Léon à la convenance de chacun, ne tardait pas à martyriser les autres enfants d'une épée-bâton qu'il faisait résonner contre un écu improvisé. Là, au cœur de la forêt proche de leur village, ils mimaient une bataille épique pour la prise d'un fort, dans les cris et les grognements propres aux garçons en pleine bataille. Cachée derrière un buisson, une fillette de six ans observait la scène discrètement. Sadella, jeune voisine de Léon, riait de voir ce dernier repousser si fougueusement ses envahissants camarades. Le nez dépassant du fourré, la curieuse est admirative de ce farouche gardien dont elle aimerait posséder la force et qui, gueulant presque plus fort que tous les autres, repousse son assaillant de frère d'une poulaine sur la tronche afin de garder l'entrée de son fort fait de branches et de feuilles.

    Recule maraud, jamais tu ne prendras cette terre !

Et d'un et de deux, en quelques coups d'épée, le garçon est victorieux de cette bataille. La nature l'a fait plus solide d'épaule que ceux de son âge et con caractère bourru n'arrange rien. Ses adversaires se replient en grommelant et se plaignent de cette petite brute, mais lui pointe haut son arme, grand gagnant de cette attaque. C'est le moment que choisit la petite fille pour sortir de sa planque, bâton en main récupéré à la volée alors qu'elle s’élance sur le "fort" improvisé de son farouche gardien. Un rugissement un peu plus aigu que les autres résonne dans la vallée alors que gamine fend le groupe vaincu pour atteindre celui contre qui elle espère mener un duel. Ce dernier tourne alors la tête vers le nouvel adversaire, hébété.

    A l'attaquuuuueeeeeeeeeee !!!
    Une fille ?

Oui une fille, une vraie. Même si elle porte des braies et qu’elle arbore un visage hargneux, on ne peut pas trop la prendre pour un garçon, malheureusement pour elle. Autour d'eux, les autres gamins s'écartent, comme pour laisser la place à un duel de regards s’il n'est d'épée. Une fille qui se joint à eux ? C’est improbable. A leurs yeux, les filles sont juste bonnes à pleurer et jouer à la poupée, certainement pas à se joindre aux braves soldats qu'ils sont sur le champ de bataille. Certains la regardent avec curiosité, un avec une pointe d'admiration et les autres avec un franc dégoût, n'attendant que Léon pour l'envoyer bouler comme il se doit. Sadella, quant à elle, pile juste à temps quand elle comprend qu'il ne lèvera pas son épée pour la contrer et prenant un regard déterminé, elle pointe le bout de son arme dans la direction de ce voisin arrogant mais sacrément bon chevalier.

    Et alors ? T'as peur de moi ? Bats-toi chevalier !
    Les filles peuvent pas jouer avec nous, retournes jouer à la dinette.

Lui répond-il, dédaigneux. Fier du haut de sa muraille, il considère, sourcils froncés, l'impudente qui ose mettre un terme à leur jeu. La jeune spinoziste, regarde à peine autour d'elle, elle sait bien ce qu'ils pensent d'elle ces garçons. Elle n'est pas bien grande et n'est pas très impressionnante, mais elle est bien campée sur ses deux pieds et elle compte en découdre avec qui lui dira qu'elle n'a pas sa place ici. Léon est le seul à lui faire un peu peur, il faut dire qu'il est costaud, en surpoids et plus âgé. Toute aussi orgueilleuse que lui, elle redresse pourtant son menton et répond avec au moins autant de dédain :

    J'suis plus rapide que toi, mais la dinette t'as l'air d'aimer ça hein ! On peut continuer à causer, ou je peux te montrer que je suis plus douée que tes copains !

Le bâton est planté dans une botte de foin faisant office de rempart, tandis que le regard du de la Rance se fait plus dur et sévère sur la gamine. Bras croisés, Léon hésite un moment à descendre pour la chasser de l'endroit à coups de pied comme elle le mériterait. Mais de un, Tante Charlotte lui a toujours interdit de faire du mal aux filles, de deux, il est bien trop au-dessus pour s'abaisser à aller l'affronter. Alors il pose son regard sur un garçon de l'âge de sa voisine et lui fait un signe de menton en direction de l'effrontée.

    D'accord. Louis, renvoie-la jouer aux poupées.

Et en bon chef de petit gang de sales morveux, il toise la scène tandis que le jeune Louis s'arme de son épée et de son écus, se mettant en garde alors que Samuel, le frère de Léon, jette son bouclier à la gamine. La petite fille rattrape le bout de bois qui fait office d'écu, déçue de voir sa proposition détournée sur un autre combattant. Elle se retourne aussitôt vers le garçon désigné et tache d'ignorer les regards de tous les autres en se lançant presque aussitôt à l'assaut. Son bâton n'est pas bien tenu et au premier coup que met Louis, elle le perd. Faisant fi des rires et moqueries, l'aventurière haute comme trois pommes, se penche pour le ramasser et recommence. "Hiiiaaaa !!" L'entend-on crier tout en fonçant sur le marmot. Il esquive et elle, emportée par son élan, saute sur un rocher pour le surplomber avant de s'élancer à nouveau. C'est maladroit, elle arrête mal les attaques et d'ailleurs il parvient à la toucher à de nombreux endroits ce qui lui laissera sans doute quelques bleus le lendemain. Mais elle s'en fiche et même si elle se fait laminer par son adversaire plus habitué, elle se bat, comme une petite furie qui ne sait pas canaliser son énergie.
L'atmosphère se fige un instant, la bande de garçons observent avec dédain cette fille qui se prend pour l’un des leurs. Léon, lui, observe, bras croisés, sans émettre un seul rire car il n'y a rien de plus sérieux que l'art de la guerre à son âge. Il regarde le combat se dérouler et si Louis a la main de par leurs entraînements de gamin, la fille se défend bien, assez pour porter quelques coups et agacer son adversaire qui se démène davantage pour la remettre à sa place.


    Tu penses pas qu'on devrait arrêter le combat, Charlotte va nous gronder si elle revient blessée.

Demande le cadet en regardant l'aîné, pas bien à l'aise avec ce qu'il se passe sous leurs yeux. Ganwyn lève une main en bon capitaine. Seul lui décidera de quand ce combat s'arrêtera. Et pour l'instant, il a envie d'en voir plus. Jusqu'où pourra-t-elle aller ? Fillette fatigue un peu, elle n'imaginait pas que l'exercice l'essoufflerait si vite. Le terrain est glissant et elle a des poulaines inadaptées qui lui font perdre l'équilibre. Elle tombe d'ailleurs sur les fesses et se redresse en lançant des regards noirs à tous ceux qui oseraient en rire. Sadella ne veut pas être une fille, elle veut être comme eux, c'est bien plus marrant. Alors, pour ne pas laisser l'opportunité au chef du gang de mioches, de la rabaisser à son rang d'apprentie femelle, elle repart aussitôt à l'attaque de Louis. Elle se mord l'intérieur de la joue quand l'épée adverse vient cingler ses doigts et qu'elle manque de lâcher la sienne. Elle ne doit pas crier pour ne pas se discréditer, alors elle choisit de rugir pour s'élancer à nouveau. Cette fois, elle parvient à surprendre son adversaire. Elle se débarrasse du bouclier qu'elle trouve trop encombrant et préfère jouer de sa rapidité et de son agilité à sauter partout comme un cabri. Le petit regard qu'elle lance vers Léon pour vérifier ce qu'il en pense lui coûte une seconde d'attention et Louis la fauche sous les jambes, la mettant à terre dans la boue. Et c’est avec toute la mauvaise foi du monde qu’on peut l’entendre s’exclamer :

    Pfff ! Laisse moi me relever imbécile ! T'as de la chance que je pensais à autre chose !

Les ricanements se font plus gras autour d'eux. La situation lui déplaît à lui. Car oui, malgré son jeune âge, malgré sa vision déjà très formée de la place d'une petite fille dans ce monde, il n'aime guère la voir à terre. Non pas par volonté d'égalité, ça non, mais par obéissance envers de vieux principe que lui ont inculqué sa tante et les quelques proches qu'il a pu croiser dans sa vie. On ne tape pas une fille, point. C'est une règle de base, une règle simple à respecter, quand lesdites filles ne cherchent pas non plus des noises. Pourquoi ne peut-elle pas être comme les autres ? A rigoler bêtement et jouer à la poupée ? Ce serait tellement plus simple. Mais il la connaît, il l'a surprise à les épier parfois. Alors il descend de son perchoir, repoussant les spectateurs avec une violence non nécessaire et donnant un coup d'épaule à Louis, toise finalement sa jeune adversaire. A celle-là, il pointe simplement son épée à sa gorge fine, comme le ferait un chevalier venant de vaincre son opposant, même s’il n'a strictement rien fait en la matière.

    Allez, va jouer avec les autres. La bataille c'est pas pour les filles et encore moins pour les mioches comme toi.

La remarque fait rire les autres, mais lui ne rit pas. Il a beau avoir huit ans seulement, pour lui, une gamine de six n'est qu'un bébé. Et tout chevalier protège l'innocent et le faible. Elle en fait partie selon lui. Estomaquée, la vaincue est encore plus impressionnée par ce voisin et ses copains sous cet angle. Sa mère aimerait tellement qu'elle joue à la dinette et pouponne pour s'exercer à son futur rôle. Mais à six ans déjà, elle veut courir, sauter, grimper, elle veut faire comme eux et si ce Léon l'en empêche, elle le fera seule, de son côté. Personne n'ira lui dire ce qu'elle peut ou ne pas faire. Ce petit chef baisse dans son estime, elle le trouve bien trop arrogant et elle ne tarde pas à le lui dire tout en louchant sur l'épée.

    Tu te crois meilleur parce qu'on t'a appris ? Avec ou sans toi, j'apprendrai et je te mettrai ta raclée.

Annonce-t-elle depuis sa position. Et avec un geste brusque, elle repousse l'arme d'une main et tente même un croche-pattes à ce chevalier pédant. Le geste surprend, il ne s'attendait pas à ce genre de réponse, mais son poids et les frêles jambes de la gamine ne font rien d'autres que le faire vaciller un peu, pour le plus grand rire de ses copains. Aussitôt il se refait dur comme un piquet, image du bon sergent-chef défiant ses petits copains d'un regard noir qui les fait tous se taire. Comme quoi, la taille importe parfois. Son cadet écope même d'un taquet totalement gratuit, parce qu'il a ricané trop fort à son goût. Et le gamin s'éloigne en couinant, loin de l'ire de son aîné, qui en vient à surplomber l'imprudente de toute sa hauteur de trois pommes. La rage l'habite, lui qui est toujours en colère depuis qu'il a compris qu'il n'était rien pour des parents préférant s'attarder sur des aînés sur le chemin de la réussite. Ce gamin ne se sent important qu'au milieu des tout petits qui l’admirent pour sa seule force brute. Alors il toise cette fillette avec hostilité, semblant retenir un coup en guise de punition.

    T'as de la chance d'être une fille. Charlotte dit qu'on doit pas vous taper. Déguerpis maintenant.

Une moue se dessine sur le visage de la petite Sadella. C'est un mélange de déception, de colère, d'humiliation. Un petit cocktail qui n'a rien pour lui plaire. Elle se relève finalement après que son attaque ait échoué. Elle ne cherche même pas à s'épousseter, elle sent l'humidité de la terre traverser les braies et la refroidir. Cette petite fille est fière, bien trop fière et si elle voit bien les sourires moqueurs se dessiner dans le dos du petit chef, c'est sur ce dernier qu'elle reporte ses yeux verts qui vont le fixer - avec l'insolence qu'elle maîtrise déjà bien- avant de cligner en apercevant une bestiole en arrière-plan. Attrapant le lance-pierre dans sa poche, elle dégaine, vise le petit pigeon qui s'attarde sur une branche et tire. L'oiseau tombe comme un poids mort et sans plus regarder le groupe de garçons, elle file vers sa proie qu'elle ramènera à la maison.

    Salut les nazes !

En guise d'au revoir. Oui, Sadella est vexée.

Rp écrit à 4 mains avec jd Ganwyn

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by JD Eldie ❤
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