Himawari
Dans une des nombreuses ruelles Lodévoises, dans une de ces ruelles mal famées, où grouillent tels des cloportes une vie pullulante et souterraine. Un monde inconnu des non-initiés : Le monde de la débauche, le monde de la nuit. Quand descend lastre du jour pour faire place à la reine nocturne, quand lor sétiole lentement pour révéler la platine, cest tout un quartier qui prend vie. Endormi le jour, il sanime le soir tombé révélant alors les trésors de sa triste existence, sa maigre consolation dun destin ingrat et qui pourtant se révèle salutaire. Cest dans ce quartier de la belle Luteva, que le badaud vient se perdre dans les bras dune catin. Quil noie son chagrin dans le mauvais alcool, sa misère dans les jeux de lames, et sa souffrance derrière un masque de crasse. Seuls ses yeux ne trompent pas. Le badaud est lâme de ce quartier, il est lessence même de lhomme, celui à qui la vie na pas fait de cadeau et qui pourtant se dresse toujours tel un colosse antique, résistant aux pires intempéries, ou comme le plus abominable des parasites, accroché férocement à ce corps frémissant. Il pompe le sang de Lodève, respire son air car il en à besoin, comme la ville à besoin de lui.
Le quartier en question se fait appeler le « Passage aux Brigands » témoin de bien des évènements, comme sil avait toujours existé il est là impassible et indolent le jour, dangereux et ardent la nuit. Tel était cet endroit, à deux visages, complexe et inquiétant, mystérieux et fascinant, peuplé dêtres à son image. Cest donc ici que fleurissait une activité des plus lucratives en ce temps, et qui se développait plus vite quune moisissure sur un vieux bout de fromage. Le Bordel de La Porte Rouge, bâtisse dans toute sa splendeur, aux murs suintant dhumidité et dont limposante porte peinte en rouge souvrait sur un petit monde clos conduisant sur les sommets dune jouissance infinie. Ce palais des plaisirs défendus, ce jardin damour était cultivé et géré dune poigne de fer par la Matrone Dona Hima, femme pour qui un denier était un denier et qui tenait rigoureusement ses livres de comptes autant quelle aimait à satisfaire les moindres caprices de sa clientèle. Entourée par des ravissantes créatures, à qui le destin lui aussi navait pas sourit, Hima évoluait dans cet environnement particulier quelle avait au final presque toujours connu.
Létablissement se composait au total de trois parties. Le rez-de-chaussée se révélait être une taverne sommes toutes ordinaire. Un comptoir se tenait non loin de la grande porte et lui faisait face afin de faciliter à Hima la surveillance des allées et venues. Des tables de bois, ainsi quun grand nombre de chaises et de banc étaient répartis dans la pièce et une cheminé au fond de la salle réchauffait quelque peu latmosphère bien quen cette saison cela fut bien inutile. Cependant lair étouffant forçait les clients à consommer et au fur et à mesure, se dévêtir, les ribaudes se chargeaient du reste. Près du comptoir une autre cheminé permettait de cuir les éventuels repas des voyageurs.
Une trappe avait été aménagée au sol et donnait accès à la cave. Là, une bonne rangée de fûts contenant moultes vins, bières ou encore hypocras sentassaient en attendant dêtre vidés. Au plafond pendait un grand nombre de victuaille en tout genre. Herbes parfumées pour agrémenter la porée de maïs, lard, chapelet de saucisses, jambon fumé du pays. Des poissons étaient conservés dans du sel dans un bac au fond de la pièce. La température était constante et relativement basse afin de favoriser la conservation des aliments de même que la lumière naturelle était inexistante en ces lieux. Il y avait là de quoi nourrir les plus affamés.
Quant à la dernière partie, un escalier situé au rez-de-chaussée, près du comptoir menait au couloir sombre du premier étage. Là, une enfilade de chambres et dalcôves permettaient aux clients de se retrouver lespace dune heure ou bien dune nuit, en compagnie dune des protégées de Dona Hima. Les chambres nétaient aménagées que seulement dune maigre paillasse, une petite table accompagnée de quatre chaises, dun paravent qui divisait la pièce en deux et cachait un baquet couvert dun drap de bain. Quand les clients exprimaient le vu de se délasser quelque peu, la ribaude qui leur avait donné un moment dextase un peu plus tôt, partait chercher de leau chaude afin de remplir la cuve et de ragaillardir un peu le client. Peut-être en redemanderait-il ensuite. Pour ce qui était des alcôves, lespace y était pour le moins confiné de sorte que les corps lascifs qui sy retrouvaient à létroit, ne pouvaient que se serrer lun contre lautre. Mais ce nétait pas un inconvénient bien au contraire. Des coussins cramoisies et poussiéreux jonchaient le sol et de lourdes tentures toutes aussi poussiéreuses masquait lentrée de ces endroits exigües.
Ainsi était constitué le Bordel de « La Porte Rouge », un endroit étouffant, refoulant des effluves de corps transpirant, de vinasses. Raisonnant des rires gras des clients, des éclats de voix de Dona Hima, et des soupirs des ribaudes au cou de leurs amants dune petite heure.
Cétait en effet tout un univers fermé quon ne pouvait voir le jour, mais quand sonnait minuit à bien chercher on pouvait lentrevoir, si on connaissait lendroit. Quelques voyageurs égarés sy perdaient parfois, mais rare étaient ceux qui passaient cette porte peinte de rouge sans savoir ce quil se trouvait par delà les voiles
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Le quartier en question se fait appeler le « Passage aux Brigands » témoin de bien des évènements, comme sil avait toujours existé il est là impassible et indolent le jour, dangereux et ardent la nuit. Tel était cet endroit, à deux visages, complexe et inquiétant, mystérieux et fascinant, peuplé dêtres à son image. Cest donc ici que fleurissait une activité des plus lucratives en ce temps, et qui se développait plus vite quune moisissure sur un vieux bout de fromage. Le Bordel de La Porte Rouge, bâtisse dans toute sa splendeur, aux murs suintant dhumidité et dont limposante porte peinte en rouge souvrait sur un petit monde clos conduisant sur les sommets dune jouissance infinie. Ce palais des plaisirs défendus, ce jardin damour était cultivé et géré dune poigne de fer par la Matrone Dona Hima, femme pour qui un denier était un denier et qui tenait rigoureusement ses livres de comptes autant quelle aimait à satisfaire les moindres caprices de sa clientèle. Entourée par des ravissantes créatures, à qui le destin lui aussi navait pas sourit, Hima évoluait dans cet environnement particulier quelle avait au final presque toujours connu.
Létablissement se composait au total de trois parties. Le rez-de-chaussée se révélait être une taverne sommes toutes ordinaire. Un comptoir se tenait non loin de la grande porte et lui faisait face afin de faciliter à Hima la surveillance des allées et venues. Des tables de bois, ainsi quun grand nombre de chaises et de banc étaient répartis dans la pièce et une cheminé au fond de la salle réchauffait quelque peu latmosphère bien quen cette saison cela fut bien inutile. Cependant lair étouffant forçait les clients à consommer et au fur et à mesure, se dévêtir, les ribaudes se chargeaient du reste. Près du comptoir une autre cheminé permettait de cuir les éventuels repas des voyageurs.
Une trappe avait été aménagée au sol et donnait accès à la cave. Là, une bonne rangée de fûts contenant moultes vins, bières ou encore hypocras sentassaient en attendant dêtre vidés. Au plafond pendait un grand nombre de victuaille en tout genre. Herbes parfumées pour agrémenter la porée de maïs, lard, chapelet de saucisses, jambon fumé du pays. Des poissons étaient conservés dans du sel dans un bac au fond de la pièce. La température était constante et relativement basse afin de favoriser la conservation des aliments de même que la lumière naturelle était inexistante en ces lieux. Il y avait là de quoi nourrir les plus affamés.
Quant à la dernière partie, un escalier situé au rez-de-chaussée, près du comptoir menait au couloir sombre du premier étage. Là, une enfilade de chambres et dalcôves permettaient aux clients de se retrouver lespace dune heure ou bien dune nuit, en compagnie dune des protégées de Dona Hima. Les chambres nétaient aménagées que seulement dune maigre paillasse, une petite table accompagnée de quatre chaises, dun paravent qui divisait la pièce en deux et cachait un baquet couvert dun drap de bain. Quand les clients exprimaient le vu de se délasser quelque peu, la ribaude qui leur avait donné un moment dextase un peu plus tôt, partait chercher de leau chaude afin de remplir la cuve et de ragaillardir un peu le client. Peut-être en redemanderait-il ensuite. Pour ce qui était des alcôves, lespace y était pour le moins confiné de sorte que les corps lascifs qui sy retrouvaient à létroit, ne pouvaient que se serrer lun contre lautre. Mais ce nétait pas un inconvénient bien au contraire. Des coussins cramoisies et poussiéreux jonchaient le sol et de lourdes tentures toutes aussi poussiéreuses masquait lentrée de ces endroits exigües.
Ainsi était constitué le Bordel de « La Porte Rouge », un endroit étouffant, refoulant des effluves de corps transpirant, de vinasses. Raisonnant des rires gras des clients, des éclats de voix de Dona Hima, et des soupirs des ribaudes au cou de leurs amants dune petite heure.
Cétait en effet tout un univers fermé quon ne pouvait voir le jour, mais quand sonnait minuit à bien chercher on pouvait lentrevoir, si on connaissait lendroit. Quelques voyageurs égarés sy perdaient parfois, mais rare étaient ceux qui passaient cette porte peinte de rouge sans savoir ce quil se trouvait par delà les voiles
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