Elisa.malemort
- «La douleur, c'est le vide.»
- Jean Paul Sartre
Parfois, on aimerait dormir, dormir longtemps, pour se réveiller seulement lorsque la douleur et la peine auront disparu. Se réveiller lorsque le cur et le corps ne font plus mal. Mais si le corps arrive à cicatriser, quant est-il du cur ? La Malemort ne pensait plus pouvoir cicatriser. Combien de fois cela est-il arrivé depuis toutes ces années ? Trop de fois Beaucoup trois de fois, et aujourdhui, elle nétait pas certaine que son cur arriverait à sen remettre. Comment peut-on réussir à se pardonner ? La jeune femme navait plus aucun doute, elle était la cause de ces pertes. Elle, et seulement elle.
Elle avait passé la nuit entière à regarder par la fenêtre, la moindre feuille du grand arbre qui bougeait, la Lune qui avançait dans le ciel, les nuages qui samusaient parfois à la couver dun léger coussin soyeux, et puis finalement repartir un peu plus loin pour jouer avec les étoiles. Jusquà ce que finalement, de longues heures plus tard, le soleil vient refaire son apparition. Dabord en levant avec lui un ciel rouge orangé, jusquà laisser apercevoir ses rayons, réchauffant la nature qui sétait longuement endormie, elle, séchant la rosée matinale et réveillant les activités de chacun. La Malemort entendit ses gens se réveiller pour réactiver la vie de la demeure, puis des petits pas dans le couloir, sarrêtant devant sa porte, rapidement chassés par la voix dEli qui se faisait encore plus douce quà lhabitude.
La journée passa aussi lentement que la nuit. Kye ne lavait quasiment pas quittée. La Malemort sentait parfaitement quil était désemparé, quil ne savait pas comment réagir, et agir face au chagrin de sa fiancée. Et pourtant, elle-même était incapable de bouger. Elle était incapable de se tourner vers lui dire pour lui dire « Tout va bien, ne tinquiète pas » afin de le rassurer, car cétait tout simplement faux. Elle nallait pas bien. Elle nétait plus capable daccepter la mort autour delle. Elle navait plus le courage Et pourtant, le sentir, là, tout contre elle, sentir les battements de son cur raisonner contre son dos, entendre sa respiration pour calmer ses peurs et parfois sentir la douceur de ses lèvres sur sa peau. A chaque baiser dans son cou, elle avait fermé les yeux, comme pour espérer que le contact de sa peau arriverait à effacer la veille, à lui permettre de panser ses blessures. Mais lorsque les lèvres du Noircastel quittaient sa peau, alors, les onyx souvraient de nouveau. A chaque fois, le corps se glaçait un peu plus, en réalisant que tout cela était bien réel. Et à chaque fois, elle senterrait un peu plus profond dans son silence et sa douleur.
Ses yeux ne pleuraient plus. Elle navait plus besoin de pleurer Ou alors Elle narrivait plus à pleurer plutôt. Même ses yeux étaient devenus silencieux. Incapable dy lire la moindre chose Ils étaient noirs, terriblement noirs et finalement, ils reflétaient parfaitement le moment : Vide.
Le soleil commençait à se coucher. La journée touchait à sa fin, lorsquun vacarme se fit entendre en bas de la maison familiale. Cela dénota avec le reste de la journée où aucun bruit ne sétait fait entendre. Et pour autant, Elisa ne réagit pas. Elle resta allongée, toujours tournée vers la fenêtre. Le monde aurait pu sécrouler autour delle, cela naurait rien changé Son monde à elle était déjà au sol, émietté et piétiné.
Kye la quittait à ce moment précis. Elle se sentit encore plus seule et plus vide tandis quelle se retrouvait seule dans le lit. Durant son absence, la Duchesse réalisa, que même dans le silence, elle avait besoin de lui à ses côtés. Elle avait besoin de lui tout le temps près delle. Et pourtant Bientôt, il lui faudrait partir, prendre ses affaires et quitter le Mans pour une nouvelle vie en Alençon. Elisa ne lui avait encore jamais dit, et elle ne lui dirait certainement jamais, mais elle ne se sentait pas capable de vivre de nouveau loin de lui. Elle nétait pas capable de vivre le quotidien sans lui. Elle nétait pas capable de se réveiller de nouveau seule, après sêtre endormie seule. Elle nétait pas capable mais surtout, elle nen avait pas envie
Ses pensées furent stoppées lorsquelle entendit de nouveau la porte souvrir. Quelques pas, puis la porte qui se referme. Et ensuite plus rien. Juste une respiration, qui nétait pas celle de Kye. La Malemort fait un effort, grimaçant, elle se retourne dans le lit afin de voir qui se trouve à lintérieur. Lors de son demi-tour, elle émet un gémissement de douleur. Puis, son mouvement se stop dun coup, lorsquelle voit Albin dans la pièce. Ses onyx toujours aussi vides et noirs se fixent dans le regard de son ami. Et tout à coup, elle est prise dune rafale de sentiment. Tout à coup elle est mélangée entre douleur, honte, colère et peur. Tout à coup, ses onyx se remplissent de nouveau de larmes qui viennent rapidement inonder ses joues, tandis que la main de la Malemort se tend vers lui pour linviter à venir la rejoindre. Il est là, elle se loge contre lui. Ses mains viennent agripper son mantel, son visage se glisse dans son cou et elle pleure. Elle pleure toutes les larmes de son corps dans les bras de son ami de toujours. Elle pleure en guise de paroles, car elle na rien à dire, elle ne peut rien dire tellement elle a mal. Elisa continue de pleurer contre lui, car elle na que cela. Elle na plus que cela. Elle ne veut rien dire et pourtant, elle est reconnaissante quil soit là. Quil soit venu. Quil est tout quitté pour venir la rejoindre ici pour un peu de réconfort dans son malheur. Elle aimerait lui murmurer un « merci », mais il est encore trop tôt, et ses lèvres restent liées. Tout comme ses bras se sont liés autour de lui, son poing refermé contre son manteau.
Parfois, il ny a pas besoin de parler, parfois, il suffit simplement davoir les bonnes personnes autour de soi.
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