Elisa.malemort
- «Ma fille est comme une perle dans un coquillage.»
- Edine-le-sage
Quatorze ans. Voilà depuis combien de temps, le cur de la Malemort battait en dehors de sa poitrine. Quatorze années que désormais, son cur vivait dans la poitrine de sa fille. Elle était née, lors dune douce journée en Limousin. A lépoque, Elisa nétait encore quune jeune femme, mariée depuis peu avec lhomme quelle imaginait être celui de sa vie, son soldat Orléanais. Elle avait vécu un mariage de princesse en la Cathédrale Notre Dame, avec la robe de ses rêves, la Cathédrale de ses rêves et surtout lhomme de ses rêves.
Elle sétait retrouvée, après un accouchement terriblement douloureux avec une petite crevette posée sur son ventre, enveloppée dans des linges. Cest à cet instant précis quelle était tombe folle amoureuse dElle. Oh bien sur, elle lavait aimé dès lors quelle avait apprit sa présence dans son ventre. Mais cest bien le jour où elle avait fait sa connaissance quElisa avait compris que sa vie cétait Elle. Lorsquelle avait vu ses dix petits doigts venir se serrer contre les siens, lorsquelle lavait vu recroquevillée dans les bras de son père. Et puis, chaque jour, chaque étape, avait contribué à faire grandir cet amour quelle lui portait. Ses premiers pas, ses premiers mots, ses premières frayeurs.
La vie les avait rapprochée, malgré elles. Elles avaient vécus ensemble, seules, bercées par labsence dun père occupé. Et puis, elles avaient ensuite laissé un autre homme rentrer dans leur vie, celui qui devint le nouveau mari de la Malemort, celui qui réussi à offrir un frère dabord et finalement deux frères et une sur à la jeune Emelyne.
La jeune fille avait vécu les déménagements, les déboires, et pourtant, Elisa avait tout fait pour tenter de la préserver de sa douleur. Elle avait toujours tout fait pour que sa fille soit toujours heureuse et quelle ne manque de rien. Elle avait taché de lui offrir une éducation stricte et pourtant nécessaire pour lhéritière quelle était, sans oublier tout lamour quune mère peut offrir à son enfant.
Elisa avait essuyé les larmes, embrassé et soufflé sur le moindre des bobos que la jeune héritière sétait fait. Elle lavait bercée contre sa poitrine tout en lui murmurant à loreille à chaque cauchemar pour la rassurer et lui jurer quelle serait toujours là pour veiller sur elle.
Oui, sans aucun doute, Elisa lavait aimé, comme il est rare dêtre aimé. De manière simple, pure, honnête et surtout sans limite. Mais aujourdhui, les quatorze ans de son petit bébé approchaient à grand pas. Ce petit bébé qui nen était plus un, car dici quelques jours, la jeune Emelyne serait désormais considérée comme une jolie jeune femme. Elle aurait libre choix de se marier, partir, vivre sa propre vie, seule responsable de son avenir. Malgré cela, Elisa nétait pas encore capable de la voir partir loin du nid quelle leur avait construit. Elle espérait, secrètement quEmelyne resterait encore près deux. Oh bien sur, elle nirait pas contre lenvie de sa fille, si celle-ci souhaitait partir, elle-même après tout, était partie très tôt de Ségur où elle avait grandi. Les conditions étaient différentes, mais pour autant, la Duchesse accepterait les choix de sa fille. Celle-ci lui ayant maintes fois prouvé sa sagesse et son intelligence.
Cest donc durant une douce après-midi, à quelques jours du quatorzième anniversaire de sa fille, que la Courageuse alla frapper à la porte de sa chambre. Ses mains légèrement tremblantes, ce quelle arrivait à cacher parfaitement. Son sourire collé à ses lèvres, elle attendait que la porte souvre. Sa main droite vient discrètement tapoter la poche cachée dans sa jupe, afin de vérifier que la petite boite est bien présente. Ce qui la rassura. Une profonde inspiration plus tard, les doigts fins viennent cogner contre la porte.
Cest Maman
* Extrait paroles "Petite Marie" de Cabrel.
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