Oussri
La forêt. Voilà un lieu dont ne se lassait jamais la Lionne, bien que les lions ne soient pas destinés à y errer. L'odeur du sous-bois, l'écorce des arbres, le tapis de feuilles mortes qui s'affaissait sous ses bottes. L'arc autour du torse, son carquois glissé entre ses omoplates, elle avançait entre les troncs, aussi silencieuse qu'elle pouvait l'être. Hors de sa ville, elle n'avait pas tellement la possibilité de travailler, alors pourquoi se serait-elle privée de s'adonner à ces passe-temps qui lui rappelaient tant les montagnes de son enfance ?
Elle regretta que son brun soit loin d'elle en ces moments-là. Pourquoi avait-il toujours tant de travail ? Elle aurait tellement aimé partager avec lui sa vision de cet environnement qu'elle affectionnait tant.
Elle s'arrêta un instant. En écoutant attentivement, en effaçant de sa mémoire où elle se trouvait, elle pouvait presque avoir cette sensation d'être dans un souvenir, ces souvenirs où elle parcourait seule les flancs des monts alpins, à la recherche d'un ourson orphelin à adopter.
Un bruit, un craquement. Son immobilité avait fini par payer. A l'entendre, elle était persuadée qu'il s'agissait d'un oiseau. Une dinde... Ou un faisan, peut-être. Et, en effet, le plumage roux se détacha alors du bosquet où il se cachait. Ses longues plumes vertes effleuraient le sol tandis qu'il se pavanait, inconscient du danger qui le guettait.
Mais la Lionne n'avait pas le coeur de prendre son arc en main. L'animal lui rappelait sa douce naïveté perdue, l'innocence candide qu'on avait fini par lui arracher. Elle s'accroupit de plus en plus, jusqu'à tomber lentement à genoux dans les feuilles, l'épaule appuyée contre l'écorce qui lui égratignait la peau.
Elle sortit alors son carnet qu'elle avait coincé dans sa ceinture, le bout de charbon qui gisait entre les pages et croqua l'animal avant d'écrire sous l'esquisse :
Je suis la candeur oubliée des enfants grandis
Je suis l'ignorance savoureuse des innocents niais
Je suis la souffrance passive des victimes trahies
Je suis le malheur naïf d'un monde supplicié
Elle resta là, le carnet ouvert sur ses genoux nus, à observer l'animal. Le vent bruissait entre les branches mais sa contemplation continua, encore et encore. Au point même qu'elle finit par apposer sa tête contre le tronc d'arbre qui la soutenait, ses longs cheveux roux la couvrant comme une cape. Malgré le soleil encore haut qui dardait quelques rayons entre les feuilles, elle s'endormit, laissant ses songes vagabonder sur les montagnes alpines à la recherche du faisan qui peut-être, lui rendrait son innocence égarée.
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Elle regretta que son brun soit loin d'elle en ces moments-là. Pourquoi avait-il toujours tant de travail ? Elle aurait tellement aimé partager avec lui sa vision de cet environnement qu'elle affectionnait tant.
Elle s'arrêta un instant. En écoutant attentivement, en effaçant de sa mémoire où elle se trouvait, elle pouvait presque avoir cette sensation d'être dans un souvenir, ces souvenirs où elle parcourait seule les flancs des monts alpins, à la recherche d'un ourson orphelin à adopter.
Un bruit, un craquement. Son immobilité avait fini par payer. A l'entendre, elle était persuadée qu'il s'agissait d'un oiseau. Une dinde... Ou un faisan, peut-être. Et, en effet, le plumage roux se détacha alors du bosquet où il se cachait. Ses longues plumes vertes effleuraient le sol tandis qu'il se pavanait, inconscient du danger qui le guettait.
Mais la Lionne n'avait pas le coeur de prendre son arc en main. L'animal lui rappelait sa douce naïveté perdue, l'innocence candide qu'on avait fini par lui arracher. Elle s'accroupit de plus en plus, jusqu'à tomber lentement à genoux dans les feuilles, l'épaule appuyée contre l'écorce qui lui égratignait la peau.
Elle sortit alors son carnet qu'elle avait coincé dans sa ceinture, le bout de charbon qui gisait entre les pages et croqua l'animal avant d'écrire sous l'esquisse :
Je suis la candeur oubliée des enfants grandis
Je suis l'ignorance savoureuse des innocents niais
Je suis la souffrance passive des victimes trahies
Je suis le malheur naïf d'un monde supplicié
Elle resta là, le carnet ouvert sur ses genoux nus, à observer l'animal. Le vent bruissait entre les branches mais sa contemplation continua, encore et encore. Au point même qu'elle finit par apposer sa tête contre le tronc d'arbre qui la soutenait, ses longs cheveux roux la couvrant comme une cape. Malgré le soleil encore haut qui dardait quelques rayons entre les feuilles, elle s'endormit, laissant ses songes vagabonder sur les montagnes alpines à la recherche du faisan qui peut-être, lui rendrait son innocence égarée.
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