Rouge_gorge
C'est mon heure. L'heure de partir de nouveau. Mais cette fois, j'ai retenu la gifle ou plutôt la leçon. J'ai appris de mes erreurs et je ne la quitterai pas sans un véritable "au revoir". Quand elle m'a tiré de mes songes assez violemment à Limoges, c'est pas que ses cinq doigts qui s'imprimaient sur ma joue. C'est mon passé qui me retrouvait et mon présent qui s'adoucissait. Dans mon coeur, c'était l'orage. Ça grondait, ça tonnait mais toujours en sourdine et puis, quand je l'ai recroisé, la pluie passa et mon palpitant s'éclaircit de nouveau. Elle a bien changé depuis le temps. Ouais, elle a changé en bien. Je nous ai accordé un peu de répit, histoire de l'apprivoiser de nouveau. Mais j'ai vite été sur mes réserves. A flâner à ses côtés, pour sûr que l'argent n'entrait pas. Il me faut donc reprendre la route parce que mon quotidien n'est pas le sien. Il est trop dur pour sa morale mais je lui en veux pas. Au moins, elle risque moins que moi une dague dans les côtes et finalement, ça me rassure. Je me dis aussi qu'elle est bien entourée avec Loriot, Pouet et surtout sa petite. Si Eden' savait qu'elle était le fruit de nos premières blessures. M'enfin, je lui en veux pas à la gamine, c'est une enfant bourrée de talent et pleine de promesse.
Tandis que je divague en sifflant, mes pas me mènent jusqu'à l'appartement. Pas question de disparaitre cette fois-ci, promis. Je tape et elle m'ouvre, c'est aussi simple que ça. Ça me fait toujours un boom au coeur quand elle apparait dans mon champ de vision, c'est con, c'est douloureux mais c'est la seule qui me fait ça. J'ai pas besoin de retravailler mon sourire avec elle, il est naturellement sincère. Je replonge mes gants dans les poches de mes braies bouffantes et bigarrées puis je me lance:
Je te dérange pas, Mignonne? Je viens te dire... tantôt! Pas que je me lasse de ta présence, hein mais t'as bien vu l'état de Ludry. S'il part sans moi, je lui donne pas deux jours sur la route puis bon, je crache pas sur un peu d'écus.
Je lâche un rire étrangement plus clair et plus sonore que d'habitude puis je réalise que la nuit est tombée alors je baisse d'un ton. Mon oeillade dévie dans l'embrasement de la porte.
Loriot est là? 'Fin, je veux dire que je vais te laisser, Edenae doit dormir à cette heure.
Petite latence. Je sais pas pourquoi mais j'ai envie qu'elle me contredise, qu'elle pousse la porte en grand et qu'elle m'invite à entrer, qu'on s'ouvre une bouteille et qu'on se mette à chanter. Mes semelles décollent pas, c'est plus fort que moi alors je brode encore. Je tourne tellement mes phrases qu'elles n'ont plus de sens puis je réalise. Je réalise que j'ai jamais dit "au revoir". Ni à ma famille, ni à mes amis ni même à elle. C'est toujours une fuite, une disparition, c'est toujours une excuse ou une emmerde qui m'arrache du jour au lendemain. Alors je comprends, je comprends qu'en faite, je sais juste pas dire "au revoir". Mais là, je sais plus quoi dire. Je la regarde, je l'ai peut-être assommé. Je la détaille et je vois un trouble qui la froisse. C'est pas si clair mais pour moi, c'est une évidence: cette façon qu'elle a de dissimuler sa pensée. Ça lui plisse la peau comme si son grain se rétractait. J'ai le sens du détail, ouais...
Quelque chose ne va pas, Mignonne?
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Avatar par l'illustrateur Skälv. Oeuvre personnalisée et protégée. Merci de ne pas la réutiliser ou la copier.
Tandis que je divague en sifflant, mes pas me mènent jusqu'à l'appartement. Pas question de disparaitre cette fois-ci, promis. Je tape et elle m'ouvre, c'est aussi simple que ça. Ça me fait toujours un boom au coeur quand elle apparait dans mon champ de vision, c'est con, c'est douloureux mais c'est la seule qui me fait ça. J'ai pas besoin de retravailler mon sourire avec elle, il est naturellement sincère. Je replonge mes gants dans les poches de mes braies bouffantes et bigarrées puis je me lance:
Je te dérange pas, Mignonne? Je viens te dire... tantôt! Pas que je me lasse de ta présence, hein mais t'as bien vu l'état de Ludry. S'il part sans moi, je lui donne pas deux jours sur la route puis bon, je crache pas sur un peu d'écus.
Je lâche un rire étrangement plus clair et plus sonore que d'habitude puis je réalise que la nuit est tombée alors je baisse d'un ton. Mon oeillade dévie dans l'embrasement de la porte.
Loriot est là? 'Fin, je veux dire que je vais te laisser, Edenae doit dormir à cette heure.
Petite latence. Je sais pas pourquoi mais j'ai envie qu'elle me contredise, qu'elle pousse la porte en grand et qu'elle m'invite à entrer, qu'on s'ouvre une bouteille et qu'on se mette à chanter. Mes semelles décollent pas, c'est plus fort que moi alors je brode encore. Je tourne tellement mes phrases qu'elles n'ont plus de sens puis je réalise. Je réalise que j'ai jamais dit "au revoir". Ni à ma famille, ni à mes amis ni même à elle. C'est toujours une fuite, une disparition, c'est toujours une excuse ou une emmerde qui m'arrache du jour au lendemain. Alors je comprends, je comprends qu'en faite, je sais juste pas dire "au revoir". Mais là, je sais plus quoi dire. Je la regarde, je l'ai peut-être assommé. Je la détaille et je vois un trouble qui la froisse. C'est pas si clair mais pour moi, c'est une évidence: cette façon qu'elle a de dissimuler sa pensée. Ça lui plisse la peau comme si son grain se rétractait. J'ai le sens du détail, ouais...
Quelque chose ne va pas, Mignonne?
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