Afficher le menu
Information and comments (1)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP]Souvenirs et Désastres.

Blasi
Ce rp est ouvert à la première personne qui veut interagir au courrier.



J'ai eu connu une femme qui avait fait chaviré mon cœur, une seule et unique déesse qui à aveuglé mon regard pour toujours, Pernette Soignon, petite demoiselle teinturière, fille d'une tisserande et d'un drapiers, sœur d'un homme rêveur. Ce ne fut pas sa beauté qui me frappa en premier lieu, mais son être. La première fois que je l'est rencontré, ce fut sur l'une des rues perdues de Paris, un jour où je n'avais nul lieu où allé et où je suis tombé sur une arrière court qui donnait sur un petit lavoir où plusieurs femmes traitaient les toiles pour les coloré de différentes couleurs. Une seule me frappa, de la délicatesse qu'elle employait dans ses gestes pour manier le lourd tissu qu'elle travaillait, de ce chant qu'elle chantonnait dans un murmure de voix, de ses boucles blondes qui s'échouaient lourdement le long de son visage malgré son chignon qui essayait de les retenir, de ses mains teintés de violet ... Je ne savais plus où je me trouvais, et ce fut les rires des teinturières qui me sortirent de ma léthargie du moment. Ce fut là, ma première rencontre de cet ange céleste. Je me mis à la courtiser sans plus attendre, lui promettant au début, monts et merveilles, mais loin d'être dupe, elle en rigola longuement et me fit bien comprendre qu'elle vivait dans la réalité et non dans un rêve, alors, je me suis mis à la courtiser pour de vrai, avec mon cœur, lui avouant presque mes sentiments, mais elle me fit promettre que je les lui avouerais le jour où nous passerions le pas de la porte d'une église unis dans le mariage, chose que je lui promis sur le champ. Nous avons ainsi, passé plusieurs années, elle travaillant à la teinturerie, moi partant guerroyer pour le pays. Mais un jour, à l'un de mes nombreux retours de bataille, j'appris la nouvelle qui me détruisit à jamais, *La maladie l'a emporté...* Elle c'était gardé de me révéler ce secret qu'elle portait en famille, une maladie respiratoire l'avait emporté au Paradis Solaire, je ne pouvais pas croire qu'elle fut ailleurs. Sa mère, m'avait alors annoncé cela, la mort dans l'âme, son enfant chérie partie trop tôt, la femme que j'avais toujours souhaité, partie trop tôt, la sœur aimé, partit trop tôt ... On me laissa prendre quelques affaires lui appartenant, en guise de souvenirs me disait on, je ne repartis qu'avec nos échanges épistolaires et un ruban violet que je lui avais jadis offert, enfermant ce trésor dans un coffre qui ne cesse de me suivre partout où je voyage.

Un jour, un intrus avait pénétré dans ma chambre d'auberge, fouillant chaque recoin sans trouver quoi que ce soit d'assez riche pour être profité dans la journée dans un achat utile, mais mon cœur s'arrêta de battre lorsque je vis ma boite éventré, les lettres éparpillé dans la pièce, les rassemblant dans un accès de folie, de tristesse et de rage. On venait là d'entrer dans mes profondeurs les plus secrètes de mon cœur.



Une lettre avait disparu ...







Ma très chère Pernette,

Ta lettre à eu le bonheur de me soulager de la peine que j'endure de me trouver loin de Paris et de tes ouvrages, de ses odeurs de teintures et de tes mains colorés. Les ordres ont été annoncé bien tardivement, ce que je trouvais étrange sur l'instant, mais au vue des événements aux quels j'assiste, je comprend le pourquoi de ce si court laps de temps.
Tu me dis que dans ta lettre, Georges à été enchantée par une dame ? Mon impatience n'a fait que grimper d'un bond en apprenant cela ! Qui serait la femme, aux charmes certains, qui aurait enjôler le regard de ton frère, lui pourtant si rêveur, toujours plongé dans son monde fantastique, qui à réussit l'exploit de sortir cet être charmant de sa rêverie quotidienne ? Cette femme, possède-t-elle certain pouvoirs ? Comment s'appelle-t-elle, mais surtout, comment a-t-elle rencontré Georges ? Ne prend pas ombrage de mes questions, je suis bien curieux de connaître tout cela et cette charmante demoiselle qui à ravit le cœur de notre Georges !

As tu pensé à moi ces derniers jours ? j'ai pensé à toi hier, lorsque nous sommes allé voir le champ de bataille avec le chef de guerre, il était remplit de violette, imagine, une plaine aux milliers de violettes, leur parfums embaumant l'air... Je me suis replonger, plusieurs jours en arrières, dans tes bras, mon visage dans ta chevelure, hument ce même parfum, me berçant de ta mélodie alors que tu travaillais ton ouvrage de couture de tes mains teintés. Ces doux souvenirs que je souhaite revoir de nouveau prochainement ... Les temps sont long là où je suis, incertain, car rien n'est moins sur de l'arrivé de l'ennemis, alors nous attendons, chaque instant sur nos gardes.
Mais toi tu es là, tout près, gardé chaudement par ma tenue de soldat, prêt de cet organe qu'est mon cœur palpitant, tu ne me quitte jamais, savourant, chaque soir, tes mots inscrits sur ces papiers, nourrissant ce sentiments que j'éprouve pour toi... Non Ô grand jamais je ne te l'avouerais avant cette demande, je t'en est fait la promesse, celle que je tiendrais, celle au jour où nous nous marierons je te le dirais, pour la première fois, où je contemplerais ce visage brillant lorsque tu entendras ces mots toi aussi pour la première fois.

A toi, à tes beaux yeux, à tes mains teintés, à ma Pernette,

Que s'envole ces mots pour trouver le chemin de ton cœur, à toi, à jamais.

Blàsi Sorzanna.

_________________
Rilla
Quelque part en Bourgogne, une porte s'ouvrit...
Un panneau en bois bringuebalant, brisé en de maints endroits, qui n'avait de "porte" que le nom. Puis une frimousse rousse se montra, hésitante.

S'étant assurée que la voie était libre, Rilla acheva de sortir. D'un pas alerte et décidé, la jeune femme de 15 ans s'éloigna sans plus attendre de ce lieu où elle venait une fois de plus d'aider une putain à se débarrasser d'un polichinelle indésirable.

D'un geste machinal, elle rejeta en arrière, une boucle indocile. Sa chevelure rousse n'avait rien de flamboyant; plutôt claire elle tirait vers le blond accentuant le côté angélique de la farouche.

"Il faudra que je broie davantage de sauge, sylphium et coloquinte, je n'en ai presque plus. Oh, et puis il y a le présent d'Emaury que je n'ai pas encore terminé...", plongée dans ses pensées, la jeune femme se rendait à sa prochaine destination. Elle avait certain breuvage à donner à Jeannot, le tavernier de la rue de la Boucherie.

Arrivant à destination, elle fut étonnée de voir Jeannot venir à sa rencontre. D'ordinaire, il l'attendait derrière son comptoir. Il lui demandait si elle allait bien, elle hochait la tête, sortait d'une de ses poches la fiole attendue, acceptait le verre d'hydromel qu'il lui tendait ainsi que la pièce attendue. Puis s'en allait pour n'y retourner qu'une semaine après où le même scénario se produisait et reproduisait encore et encore.

Rilla fronça légèrement ses sourcils. Elle n'aimait pas trop les surprises. Dans son métier, cela n'annonçait jamais rien de bon. Comme pour lui donner raison, l'homme la saisit fermement par le bras et la tira à sa suite :
- Enfin, tu es là. Dépêche toi. J'ai cru que tu n'arriverais jamais. Surtout pas un mot. On passe par la porte de derrière.

"La porte de derrière ? Pourquoi cela ? Que se passe-t-il ? Bon sang ! Cherche-t-il à me broyer le bras ? "
L'inquiétude saisit Rilla tandis qu'elle se laissait entraîner par le ventripotent Jeannot.
Manquant par deux fois de se prendre les pieds dans ses jupes trop longues, elle retint les jurons qui ne demandaient qu'à s'élancer.

Au moins ce désagrément ne dura pas. Quelques instants plus tard, elle se trouvait dans ce qui devait être le bureau de Jeannot, un homme gisait au sol, face contre terre.

Rilla sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle n'aimait pas ce qu'elle voyait.
Machinalement, elle recula.

- Hey, attends, petite ! Ne t'affole pas. C'n'est pas c'que tu crois. C'tait un accident, lui et moi avons eu un... euh... un...différent, mais passons. J'ai juste besoin de savoir si c'est bien du poivre qu'il a dans sa bourse. Ensuite, tu seras libre de t'en aller et d'oublier tout cela, vrai de vrai.

Rassurée, Rilla hocha la tête. Tant qu'elle n'était pas mêlée à l'affaire, elle pouvait bien aider Jeannot. Altruisme ? Non. Cupidité. Le poivre valait son pesant d'écus. Il y avait moyen de se faire un paquet de fric, et elle n'allait certainement pas laisser passer cette aubaine.

- D'accord, dit-elle simplement.
La jeune femme était avare en mot, ce qui curieusement lui permettait de gagner assez facilement la confiance de ses clients qui y voyaient là une preuve de sa discrétion et donc de sa fiabilité.

Ce simple mot paru rassuré le tavernier qui la lâcha enfin.
La rousse se frotta le bras en s'avançant vers le mort aux allures de mercenaires. L'odeur âcre du poison, lui chatouilla alors le nez, mais elle n'en dit rien. Elle n'était pas là pour cela.

- Que fais tu ? La bourse est posée là, sur le bureau.

Sans manifester quelque émotion ou hésitation, Rilla se dirigea vers l'objet qu'il lui indiquait. Elle s'en saisit, l'ouvrit et le porta à son nez pour le humer.

- Que fais tu donc ?

Retenant de justesse un éternuement, puis un second, elle éluda la question.
- Il me faut de l'eau chaude. Ne tardez pas.

L'homme hésita, mais finit par obtempérer. Si cela avait été une autre que Rilla, il se serait davantage méfié, mais la gosse tout le monde la connaissait, et tout le monde lui faisait confiance, elle connaissait son affaire.

- Bouge pas de là, m'en va l'demander à la noiraude.

Rilla l'ignora, continuant de s'intéresser à la bourse.
Etait-ce du poivre ? Ses semis éternuements spontanés le confirmait. Mais devait-elle dire la vérité au Jeannot ou garder le poivre pour elle ?
Pour l'heure, elle avait mieux à faire. Elle devait fouiller le cadavre, raison pour laquelle elle avait éloigné l'autre ivrogne.

Dès que la porte se referma sur le tavernier, la jeune femme posa la bourse et se précipita sur le corps sans vie. Elle le fouilla aussi méticuleusement que son empressement le permettait. Dans ses poches, elle trouva des dés, quelques écorces de cannelle - manifestement l'homme avait des soucis de digestion - un bout de corde et un coutel. Elle glissa l'arme dans ses chausses et entendit les pas lourds du Jeannot qui revenait.
Vite ! Elle remit les objets trouvés dans la poche du mort, dans sa hâte elle froissa la poche et sentit comme une boule en son fond. Spontanément, elle sortit le coutel, déchira la poche se saisit de la boule qu'elle glissa dans sa propre poche. Elle eut tout juste le temps de reprendre sa place devant le bureau que la porte s'ouvrait sur le Jeannot.
- La noiraude arrive 'vec l'eau.

- Laisse tomber. C'est bien du poivre.

Devant le regard interrogateur de l'homme, elle ajouta afin de tuer toute étincelle de méfiance dans l'oeuf :

- L'odeur est si concentrée que je me suis décidée à le goûter pour confirmer mes soupçons.
Elle marqua une pause pour la forme :
- J'en veux la moitié.

Le Jeannot paru s'étouffer dans sa barbe. Alors d'un geste de la tête Rilla lui designa le cadavre :
- Mon paiement.

Le tavernier hésita, réfléchit, puis secoua la tête :
- Pas question. C'poivre est à moi. J'peux t'en donner 2 pincées car t'es une brave fille.

La jeune fille secoua la tête :
- La moitié où tu peux oublier ceci. Définitivement...

Rilla insista sur le dernier mot, agitant dans le même temps la fiole qu'elle venait de sortir de sa besace.

L'homme pâlit. Pouvait-il renoncer à sa virilité par cupidité ?
Pas vraiment. Il tenta malgré tout une dernière négociation :

- La moitié de la moitié et deux fois le prix de la fiole.

Rilla secoua la tête.
- La moitié ET le prix de la fiole.
Ajoutant malicieusement :
- J'accepte de me passer de l'hydromel pour cette fois.

L'homme grimaça. Se fit menaçant.
- J'pourrai te tuer toi aussi.

- Je sais,
répondit elle plus calmement qu'elle ne l'était en réalité.
La rousse avait conscience que seul son sang froid lui permettrait de se sortir de cette situation sans encombre.

Durant un temps qui lui sembla être une éternité, ils se défièrent du regard.
Puis Rilla rangea la fiole et fit mine de partir.

Avec un soupir, l'homme la retint.
- C'est bon. C'est bon. La moitié du poivre et le prix de la fiole.

Rilla en éprouva un tel soulagement qu'elle aurait pu bondir de joie pendant au moins une heure entière, au lieu de cela, elle se contenta de hocher la tête. Sous les vêtements trop grands, son corps menu venait de se détendre de la tension accumulée les dernières minutes.

Une fois la transaction faite, la jeune femme ne s'attarda pas.
Elle termina la tournée de ses clients avant de regagner sa demeure.

Une journée passa, puis deux.
En ce jour de lessive, la jeune femme prit son linge et celui de son frère. Comme à son habitude, elle fit les poches des vêtements, et c'est là qu'elle la sentit... La boule. Elle l'avait oublié.

Quelques minutes après, c'est une jeune fille déçue qui fixait une lettre, dubitative. Une moue sur le visage.
Pas de trésor. Une simple lettre. Pire, une lettre d'amour.
S'il y a bien des lettres inutiles, c'étaient bien celles ci.
Il fallait dire que la jeune femme n'était jamais tombée amoureuse. Comment l'aurait-elle pu ? Emaury, son frère, aurait étripé l'audacieux qui se serait risqué à l'approcher d'un peu trop près.

Etait-ce pour cela qu'elle garda la lettre ? Parce qu'elle était une romantique qui s'ignorait ?
En tout cas, elle la garda. Et même la relut parfois. Essayant souvent de la jeter sans jamais y parvenir. C'était comme si la lettre avait une âme. Bientôt, elle en sut chaque mot par cœur.

Rilla ne parla pas de la lettre. A personne. Qu'aurait-elle pu en dire après tout ?
Elle se contenta d'avoir ce secret. Elle se contenta de se trouver ridicule.
Le soucis avec les secrets non partagés, c'est qu'il finisse par prendre de l'ampleur.

La rousse pensait souvent à la lettre. A cette Pernette et à ce Blàsi Sorzanna.
Fini donc par arriver ce qui devait arriver... Elle se mit à les chercher.
Cela commença au lavoir auprès des lavandières. Après tout peut-être que l'une d'entre elles était ou connaissait une Pernette. Mais rien. Elle fit chou blanc.
Puis quelque temps plus tard, à la taverne du Jeannot, puis encore après à celle de Pierrot, elle osa demander à un soldat, puis deux s'ils connaissait un certain Blàsi Sorzanna.

Et c'est comme ça qu'insidieusement l’obsession s'installa et qu'elle se mit à poser des questions aux soldats et aux étrangers quand l'occasion se présentait.

A vrai dire, elle en avait fait un jeu. Elle ne pensait pas réellement qu'elle retrouverait Pernette ou Blàsi, mais cela l'amusait. Peut-être un fond d'espoir se cachait il derrière tout cela ? En tout cas, cela apportait un peu de couleur dans l'ordinaire de sa vie.

C'est pour cela qu'elle ne s'y attendit pas.
C'est pour cela qu'elle resta sans voix.

- Blàsi Sorzanna ? Si je le connais ? Un peu, oui ! J'ai guerroyé à ses côté fut un temps. Mais pourquoi le recherches-tu ?


Comme pour dévoiler les pensées du soldat, le regard de ce dernier descendit sur le ventre de Rilla essayant manifestement de deviner si un ventre rond se cachait sous la jupe un peu trop ample.

Rilla en resta muette de saisissement. Blàsi Sorzanna venait de devenir réel. Elle écarquilla les yeux. Ouvrit la bouche. La referma. L'ouvrit encore.
Le regard du soldat se fit suspicieux :
- Que lui veux tu à Blàsi ?

Rilla ne répondit pas. N'entendit pas. Blàsi existait vraiment. Elle avait réussi. Elle l'avait trouvé. Enfin, non, pas vraiment trouvé, mais c'était tout comme.

- Oooh ? Petite ? Que lui veux tu à Blàsi ?

L'homme avait élevé la voix et par là même ramené Rilla sur Terre. Prise de court, la jeune femme dit la première chose qui lui passa par la tête :

- J'ai une lettre pour lui.

- Une lettre ?


Elle acquiesça.

- Je suppose que tu attends de moi que je la lui remette ?

De nouveau elle acquiesça.

- Ben alors dépêche toi d'aller la chercher. Je finis mon godet et je reprends la route.

Un instant Rilla paniqua. Que devait-elle faire ? Elle n'avait aucune lettre à remettre à cet homme.

Voyons qu'elle ne bougeait pas, l'homme s'agaça :
- J'ai pas toute la journée, petite, alors grouille toi !

Il vida sa choppe d'une traite et se leva.
- Je te préviens. J'aime pas attendre.

La rouquine se dirigea vers le comptoir.
"Que dois-je faire ?"

Croisant le regard de la serveuse, elle eut alors une idée.
- Françoise, tu me laisserais aller en cuisine un instant ? J'ai besoin de cendre.

- D'la cendre ? Encore un d'tes trucs bizarres d'herboriste. Va ! Profites-en pour dire à la Marthe qu'y a trois nouvelles c'mmandes d'ragoût.

Rilla fila en cuisine, sortit de sa besace une bandelette de lin en tissu qui lui servait notamment à faire des pansements, fit une mixture grossière à base de graisse et de cendres et s'en servit comme encre.

Se servant d'une racine pour écrire, elle s'appliqua de son mieux.

Citation:
A l'attention de Blàsi Sorzanna.

Monsieur,

Je crois savoir que vous êtes soldat. Comment est il possible qu'un homme tel que vous semblez l'être puisse s'épancher autant sur des violettes ?

Pardonnez mon audace, mais si votre Pernette est pleine de bon sens, elle n'accordera aucun crédit à vos déclarations bien trop impudiques pour être sincères. Enfin, à supposer que depuis lors vous ne l'ayez remplacé par quelques autres...

Vous l'aurez je le pense compris, le destin m'a mis en possession d'une certaine lettre que vous adressiez fut un temps à cette dénommée Pernette. Et puisque le destin a voulu que je partage vos confidences, je m'estime en droit d'exprimer ma pleine opinion.

Rilla Sombreval.


Rilla ne relut pas la lettre de peur de changer d'avis. Elle ressentait une certaine excitation à l'idée d'écrire toutes ces vérités à cet homme quelle avait eu tout le temps de juger à travers ces mots.

Roulant la bandelette en rouleau, elle la ferma à l'aide d'un ruban noué.
Elle ignorait si le soldat remettrait effectivement sa missive à son destinataire, mais elle avait l'agréable sensation d'avoir accompli sa mission.
Elle trouva l'homme sur le départ et lui tendit le rouleau. Lorsqu'il s'éloigna, il emporta avec lui l'obsession de Rilla.
Cette dernière cessa doucement de penser tant à Blàsi Sorzanna qu'à Pernette et reprit le cours normal de sa vie.
Blasi
    Je n'avais pas réussis à partir de Paris depuis le vol, comme si une partie de moi restant ici, je ne pouvais faire autrement que d'y rester ici aussi tant que je n'étais pas complet. Je tournais en rond, je n'avais rien d'autre à faire qu'attendre, mais attendre quoi ? Un miracle ? Ils étaient bien trop rare pour y croire... Comment pouvais je retrouver cette part de moi que l'on avait volé ? Il n'y avait pas de réelle manœuvre à faire, qui aurait voulu garder une telle lettre, qui ne possédait aucune valeur pour qui que ce soit, je n'étais pas un homme d'état, ni un homme important, un simple soldat ayant une maigre solde pour son travail, qui voudrait quoi que ce soit d'un homme comme moi ? N'ayant aucune autre mission, j'étais resté dans cette même chambre d'auberge, ne cessant de réfléchir à ce que je deviendrais demain, ce que je ferais tout à l'heure, ce qui m'arrivera dans une minute. Je ne pouvais penser qu'a mon avenir proche n'ayant pas d'autre but dans mon existence que mon travail et mes longues journées solitaire.

    Ce jour là j'étais, comme de nombreux jour, seul, accoudé au comptoir, le regard dans le vague, dans un lointain où je me perdais bien souvent ces temps ci, un verre pour seule compagnie, une amie fidèle qui ne me faisait jamais défaut, quoi rêver de mieux ?
    Le tavernier avait prit l'habitude de ne plus m'adresser la parole, n'ayant guère une conversation très enrichissante ou passionnante pour quelqu'un qui aime les dernières histoires en date. Mais ce jour était annoncé comme un jour différent, non pas que ce fut la visite d'un camarade de l'armée qui me surpris, nous étions pour la plus part en poste dans la ville, attendant la prochaine mission, mais ce fut ce qu'il me remit qui me surpris. Une lettre ? Qui pouvais connaître dans la ville pour que l'on m'écrive ? Pas grand monde ...


- C'est une gosse, pas bien grosse, pas très causante non plus, mais elle m'a remit ça pour toi, j'sais pas d'où elle te connait ou d'où tu la connait, mais je ne te savais pas aimé ce genre de ... De gosse.

    Mon regard se fronça quand il me sortit ce genre de banalité aussi grossière qu'absurde, ce qui le rendit encore plus affligeant qu'il ne l'était à la base, soit disant que les soldats ne devraient pas se cantonner qu'a une seule femme car leur vie était trop courte. Une idée qui avait prit bien court lorsque j'avais rencontré la seule et unique qui m'avais à jamais possédé. Je lui arrachais le courrier des mains et lui lançais d'un aire des plus acerbe.


- Je t'ai pas demandé ton avis sur la chose.

    M'accoudant de nouveau au comptoir pour lire cette lettre qui recelait bien trop de mystère à mon goût, je faisais fit des vociférations de mon collègue sur les préjugés des goûts de chacun. Je tombais réellement sur le cul, alors que j'étais assis sur mon tabouret, de lire ce qu'il était écrit. Cette gosse possédait ma lettre, j'avais retrouvé sa trace par un miracle, oui s'en était un même si ce n'est pas la définition que j'aurais aimé employé à ce moment là, car cette garce osait avoir les même préjugé que mon camarade d'arme. Est ce l'alcool qui m'aida à être aussi agacé et frustré par tant d’absurdité humaine ? Très certainement, ce ne fut pas mon premier de la journée. Sans prendre le temps d'une réflexion correcte, je pris dans ma poche le crayon de bois que j'utilisais à l'époque pour écrire à Pernette et que j'avais gardé comme un trophée de sa mémoire, pour répondre à cette enfant qui n'avait aucun talent pour la délicatesse et la politesse, retournant le papier pour y répondre directement dessus.


Citation:

Vous,

Vous nommer me ferais vomir mes entrailles, pour une voleuse sans talent, vous n'avez aucune honte à venir targuer d'une verbe indélicate l'homme au quel vous avez lesté une lettre qui ne vous regarde en rien et qui ne possède aucune valeur pour vous.

Je ne ferais qu'une demande en réponse à vos injures aussi infondés que fausses :
Rendez moi ce qui m'appartient où ce seront les autorités qui viendrons vous cueillir dans le plus grand respect de la loi.

Blàsi Sorzanna.


    C'était sous une écrire furieuse que j'inscrivais ces mots dans un élan de colère. Pliant maladroitement le papier, je le rendis à mon camarade d'arme et, pointant mon indexe sur lui de cet ère de colère profonde, je lui signalais.


- Tu vas remettre cette lettre à cette gamine que tu as vue et tu as intérêt à lui collé la frayeur de sa vie pour qu'elle te remette ce qui m'appartient, sinon ce sera la rouste de sa vie qu'elle connaîtra, et soit bien clair la dessus.

    Je ne laissais pas le temps à ce camarade de protester quoi que ce soit, lui lançant une pièce pour le travail, ce qui lui cloua le bec mais il laissa un gromellement d'homme des caverne s'exprimer.

_________________
Rilla
[Bourgogne - 2 mois plus tard]

Ce matin là l'air était plus frais que d'habitude. Le vent curieux semblait s'être installé aux premières loges de ce qui allait être pour un temps au cœur des rumeurs dijonnaises.

La jeune Rilla vaquait à ses occupations sans se douter de la contrariété qui l'attendait. Comment aurait elle pu savoir que depuis une semaine déjà un homme la cherchait partout ? Un homme dont elle ignorait tout. Un homme que sa mémoire n'avait pas jugé nécessaire d'immortaliser.

Pour l'heure, Rilla vaquait donc à ses occupations. Cela faisait deux ou peut-être même trois bonnes heures, que l'herboriste tenait étal au marché de Dijon comme elle avait coutume de le faire une à deux fois par semaine quand aucune urgence ne la retenait ailleurs.

Comme souvent, la jeune femme flottait dans les vêtements qui accentuait la vulnérabilité de ses traits. Seule la lueur farouche qui brillait dans ses iris verts trahissait la force de caractère qui l'habitait.

Elle tendait un flacon d'eau de parfum à une bourgeoise et en recevait paiement lorsque son ciel s'assombrit. Une haute silhouette venait de s'imposer entre le soleil et elle, et lui offrait son ombre massive.

Rilla leva les yeux et sourit poliment.
- Des simples, messire ?
Manifestement, elle n'avait pas reconnu le soldat qui lui renvoya la réponse suivante :
- C'est bien toi Rilla ?

L'homme la fixait du regard comme s'il voulait la graver à tout jamais dans sa mémoire.
En fait, il faisait l'inverse. Il l'en extirpait. La reconnaissait. Malheureusement pour elle.

Rilla acquiesça.
Elle ouvrit la bouche, certainement pour s'enquérir de ce qu'il lui voulait, lorsque le plat de la main de l'homme s’abattit sur la planche en bois lui servant de table, renversant au passage quelques flacons, dont un qui chuta au sol et se brisa.

La rousse sursauta; leva son regard émeraude sur l'homme juste au moment où ce dernier se penchait vers elle et la soulevait, sans effort apparent, pour la tenir par le col de sa robe et la maintenir à sa hauteur.

Dans sa poitrine, le coeur de Rilla manqua un battement.
- Tu te souviens de moi, petite ?

Rilla fit non de la tête.

- Tu en es bien sûr ?
La jeune fille hocha la tête, toujours en silence.
En réalité, elle aurait été bien en peine de se souvenir de quoi que ce soit. Elle peinait déjà assez à comprendre ce qui se passait dans le présent.
Autour d'eux, des murmures affolés côtoyaient des badauds indifférents.

L'homme insista menaçant. Dardant son regard sombre et inquiétant dans le sien.
- Tu m'as remis une lettre pour Blàsi, y a bien deux mois de cela, commença-t-il. Alors tu me remets maintenant ?

Il fallut quelques longues secondes à Rilla pour que sa mémoire collabore. Puis d'un coup, tout lui revint. La lettre d'amour. Blàsi Sorzanna et Pernette. La lettre écrite à la cendre dans les cuisines de la taverne. Le soldat... Oui, le soldat. Que lui voulait-il ? Que lui prenait il donc ?

Pour toute réponse, Rilla se débattit. Essayant d'échapper aux mains qui l'étouffaient à moitié. L'homme fronça les sourcils, la secoua puis soudainement, la gifla.

La douleur saisit la rousse aussi subitement que l'homme était apparu, mais au lieu de la calmer, cela attisa davantage ses efforts pour lui échapper. Désormais l'homme paraissait peiner à la maintenir devant lui.

- CALME TOI ! CALME TOI DONC OU JE T'EN RECOLLE UNE !

L'homme avait crié. Grondé. Tonné.
Effrayé, Rilla ne bougea plus.
Du regard, elle cherchait une aide. Mais aucune ne vint.

- Bien. Bonne fille. Maintenant tu vas me donner fissa ce que tu as pris à Blàsi si tu ne veux pas que je te refasse le minois, t'as compris ?

Non, Rilla ne comprenait pas, et il fallut dix bonnes minutes au soldat pour comprendre qu'elle ne simulait pas.
Se souvenant de la lettre remise par Blàsi, il lui colla deux baffes aller-retour avant de lui fourrer la lettre dans la main sans la lâcher.
Désormais, il la maintenait fermement par le bras.
- Lis ça ! Dépêche toi !!!!

Les mains tremblantes, Rilla s'exécuta.
Incrédulité. Peur. Colère. Toutes ses émotions se mêlaient en elle après lecture de la lettre. Manifestement, elle avait à faire à des fous. ça lui apprendrait à répondre au courrier d'un mort !

- Bon alors, tu le me donnes le truc que t'as pris à Blàsi ?

Rilla ne comprenait toujours pas. L'homme attendait quelque chose d'elle, mais quoi ? A mille lieues de se douter que la missive trouvée froissée dans la poche du macchabée de la taverne pouvait valoir quelque chose pour qui que ce soit, elle ne comprenait pas.

A bout à force d'être secouée comme une feuille ballottée par le vent, elle eut une idée.
Rien d'exceptionnelle. La même qui lui avait valu cette mésaventure :
Donner une lettre.
Une lettre et des herbes.

- Attendez ! Je vous donne tout. Juste le temps de préparer le tout.


Sans la lâcher ni la quitter du regard, l'homme observa tout ce que faisait Rilla.
Il la vit mettre des herbes dans une petite bourse en peau, puis sortir d'une caissette en bois son nécessaire à écrire.
Rilla soupira mentalement. Et dire qu'elle espérait tirer un bon prix de ce nécessaire. Hélas, pour s'en sortir, il lui fallait le sacrifier.

- Voilà, remettez cela à Blàsi Sorzanna. Et si jamais vous revenez par ici, mes frères vous feront la peau, soyez en assuré.


La jeune femme avait réuni tout ce qu'il lui restait d'aplomb pour menacer le soldat.
Dès qu'il la lâcha pour prendre ce qu'elle lui tendait, elle laissa tout tomber, lui donna un coup de pied et se sauva sans demander son reste.

Maudissant en pensée et l'homme et le sort pour ses joues en feu et les marchandises restées sur son étal qui seraient assurément volées.

L'homme poussa un cri de douleur. Se frotta le tibia en pestant : Sale garce ! Et ramassa ce qu'il pensait être venu chercher.


Citation:
Monsieur,

J'ignore de quel forfait vous m'accusez, mais j'en suis innocente.
Vous trouverez dans la bourse un mélange de valériane et de millepertuis pour calmer vos humeurs. Cela vous permettra sans doute, si cela vous est possible, d'avoir un meilleur jugement. En attendant, vous me devez 3 écus : 1 pour le mélange de simples, 1 pour vos insultes, et 1 pour les tourments endurés.

Désormais, vous m'êtes redevable !
Je ne suis pas une voleuse (et ne vous permet pas de m'insulter de la sorte), mais vous vous le serez si je ne reçois pas mon paiement.

Rilla Sombreval

PS : Seuls les lâches se cachent derrière un rustre...


Rilla couru sans s'arrêter. Comme si sa vie en dépendait. Après tout, elle ignorait si c'était le cas. Elle fit des détours par précaution, mais couru jusque chez elle, s'y enferma et seulement alors, laissa échapper sa peur : elle éclata en sanglots.
De longs et profonds sanglots qui secouèrent son corps tout entier. Elle venait d'avoir l'une des plus grandes peurs de sa vie.
Blasi
    Trois mois plus tard Anatole était de retour sur la ville de Paris. Trois mois plus tard ! J'ai crue devenir fou à tourner dans la ville dans l'attente d'une réponse. Si je savais qui était cette gosse, je m'en serais chargé moi-même d'aller venir lui coller la frousse de sa vie pour m'avoir chipé une chose si personnelle. Lorsqu’on sait que l’on approche du but pour récupérer ce qui nous est cher, on devient rapidement fou lorsque l’attente en devient interminable. Je ne l’avais guère accueilli avec gloire et honneur lorsqu’il se pointa à l’auberge, la mine fatiguée, mais mon impatience m’était à fleur de peau. L’attrapant par les épaules je le regardais de mon regard noir, mais à peine j’ouvris la bouche qu’il me colla sur le torse ce qu’il devait me remettre.


Elle m’a remis ça et je l’ai bien effrayé, mais maintenant tu te démerde, le pigeon voyageur c’est pas mon job !

    Je le regardais un peut hébéter sur l’instant, récupérant la lettre et le sachet avant qu’il ne relâche sa main et que le contenue ne tombe à terre. Je le laissais repartir sans plus d’informations que cela. Il est vrai qu’il m’avait rendu un fier service et lui en demander d’avantage aurait été clairement un abus sur notre relation. M’installant sur le tabouret où j’étais régulièrement rivé, je déposais ce qu’il m’avait donné pour voir ce que c’était. Par curiosité j’ouvris le sachet pour en découvrir des plantes qui m’étais inconnue de prime abords, je le refermais et regardais la lettre, celle-ci paraissant trop récente pour que ce soit que j’avais perdu, je fronçais sur l’instant mon regard et dépliait celle-ci pour en lire le contenu. La lecture en fut rapide, j’étouffais même un juron après sa lecture, voilà que la gosse interprétait l’histoire à l’envers, que je lui serais redevable de ce qu’elle m’offre alors que c’est elle la première fautive à être venue voler mon bien ?! C’était le monde à l’envers ! Sur le moment je chiffonnais le papier et le jetais par-dessus le comptoir arrachant une insulte à l’aubergiste, lui répondant par un grognement bien masculin. Laissant là mon esprit à la réflexion. Quelques heures plus tard, je me déplaçais derrière le comptoir pour récupérer la lettre et remontais dans ma chambre pour inscrire une réponse à la gamine qui me rendais fou.


Citation:

Vous,

Si vous étiez innocente de ce que je vous accuse, vous ne seriez pas en possession d’une lettre qui m’appartient. Il est curieux de voir sa chambre saccagée, qu’une fameuse lettre disparaisse, et qu’après un moment, je reçois une lettre m’informant qu’elle est en votre possession. Sois-vous êtes une personne qui aime à jouer sur son forfait, sois-vous êtes quelqu’un de totalement inconsciente.

Pour vos plantes, récupérez-les, je n’en est aucune utilité et ne vous est rien demandé d’autre que de me rendre ce qui m’appartient. Vous dont je ne connais rien d’autre que votre prénom et votre nom, osez prétendre que je me cache derrière quelqu’un alors que je ne vous connais pas et qui joue de même en ayant en premier lieu demandé à mon camarade d’arme de me transmettre votre lettre ! J’aurais été celui qui vous aurait rencontré, j’aurais été bien moins aimable que mon collègue.

Pour votre paiement, vous êtes gonflé d’en demander un, vous qui me prétendais homme volage sur une lettre qui ne vous était nullement destiné, par rapport à une personne que vous ne connaissez nullement, sous un jugement qui ne possède aucun fondement. Alors le premier à avoir insulté l’autre n’est pas moi, mais vous venez là de me donner bien assez de preuve pour vous envoyer en geôle pour un certain temps.

Vous savez ce que vous avez à faire à la réponse de cette lettre avant que je ne finisse par avertir les autorités en fournissant pour preuve notre échange.

Blàsi Sorzanna.



    Je n’avais d’autre solution que de payer un coursier pour remettre cette lettre et cette sacoche qui ne me concernait nullement, chose que je payais chèrement par rapport à ma petite solde.

_________________
Rilla
A peine un mois et demi s'était écoulé depuis que Rilla avait été malmené par le soldat. La jeune femme n'était pas des plus émotives, mais il lui arrivait parfois d'y repenser, en particulier lorsqu'elle tenait son étal au marché.

Elle s'en défendait, et pourtant, elle appréhendait que l'homme ne reparaisse et achève de l'étouffer tout à fait. La jeune femme avait entendu des rumeurs terribles de soldats capables d'arracher à mains nues la tête de leurs ennemis. Elle ne doutait pas que son agresseur en fasse partie et se félicitait d'avoir pu se sauver dès que l'occasion s'était présentée.

Alors que la vie avait repris son cours et qu'elle commençait doucement à se remettre de sa mésaventure - en tout cas, elle ne se crispait plus dès qu'un homme s'approchait de son étal - elle reçu une missive, encore une, de ce Blàsi-j'accuse-à-tort-et-à-travers.

Elle s'étonna de voir sa main trembler comme si à travers la lettre il pouvait lui faire du mal. Remerciant le messager qui venait de la lui remettre. Elle rangea la lettre dans sa besace, préférant attendre d'être au calme dans sa chaumière pour la lire. Elle savait que la lettre lui donnerait des émotions, et elle refusait de lui donner ce pouvoir alors qu'elle était exposée aux yeux de tous à cette heure où le marché grouillait de monde.

Pour la première fois depuis longtemps, la matinée lui paru interminable.
Enfin, elle put remballer et se hâter de gagner la quiétude des mures de sa chaumière.
Retirant sa cape et posant baluchons et besace, elle se posa sur sa paillasse, prit une profonde inspiration et ouvrit l'épaisse lettre. Un petit paquet tomba alors sur ses jupes, elle reconnut la petite bourse contenant les simples qu'elle avait fait parvenir à Blàsi.
Son cœur se serra et un frisson glacé lui remonta l'échine. Si les simples lui revenaient était-ce dire que l'affreux soldat aussi ?

Rilla devait en avoir le coeur net. Et vite. lle s'empressa de parcourir les mots de Sorzanna.

Comme elle s'en doutait, l'émotion était au rendez-vous. L'homme était fou et l'accusait de choses ridicules. Quelle femme saine d'esprit irait saccager la chambre d'un homme, un inconnu de surcroît pour s'accaparer une lettre d'amour destinée à une autre ?
Pour Rilla, il n'y avait plus de doute possible, l'homme avait perdu la raison et malheureusement il avait fallu qu'il dirige sa folie vers elle.

"Quelle idée ai-je eu de répondre à cette fichue lettre bon sang de bonsoir !"

Soudain lasse. Elle ne savait même plus si elle était en colère ou juste agacée.

"Bon, débarrassons nous de cela. Peut-être que je devrai en toucher un mot à Emaury, mais ça voudrait dire tout expliquer pour le mort. Bon sang ! Dans quel foutu guêpier me suis -je fourrée ?"

Une plume, de l'encre, un parchemin, et la voilà qui écrit réponse.



Citation:
Monsieur,

Êtes vous sérieux ? Sensé ? Fou ?
Je vous envoie mes excuses avec la présente missive si mes mots premiers vous en offensés. Il parait que ma franchise s'affuble parfois de piquants malgré moi.

Pour autant, j'ignore qui serait assez insensé pour voler une simple lettre qui ne le concerne en rien. Pour ma part, je n'ai pas pour habitude de fréquenter la chambre des hommes encore moins pour leur dérober quoi que ce soit. Et croyez bien que si l'envie me prenait de devenir voleuse, ce n'est pas d'insipides lettres d'amour que je déroberai mais des choses ayant une réelle valeur.

Pour votre information, j'ai trouvé votre lettre dans une taverne dijonnaise. Une vulgaire boule froissée que j'ai eu la sottise de déplier et lire. Seul l'ennui m'aura poussé à y répondre, croyez bien que vous avez parfaitement su me le faire regretter.

Je suis lasse de vos accusations insistantes. Du reste, j'ignore même où vous vous trouvez. Votre rustre a laissé sous entendre qu'il venait de loin. J'en déduis donc que vous aussi. Pour ma part, cela fait bien longtemps que je n'ai pas quitté Dijon. Alors oubliez jusqu'à mon existence, je vous prie.
Si cette lettre vous est réellement si précieuse, il vous faudra venir la chercher.

Adieu Monsieur.

Rilla Sombreval


Rilla se félicitait de sa lettre. En réalité elle ne savait plus ce qu'elle avait fait de la lettre d'amour que réclamait Blàsi, et s'enorgueillissait de la pirouette trouvée pour ne pas avoir à se justifier davantage.

Profitant du fait qu'elle allait aider une parturiente à enfanter pour se débarrasser de son fardeau. Elle confia la lettre à l'un enfant des rues qui avaient l'habitude de lui rendre de menus services contre une pièce ou deux.

Elle était presque arrivée à destination quand elle réalisa que la dernière phrase de sa lettre pouvait prêter à confusion.
"Qu'ai-je donc fait ? Ai-je vraiment suggéré à cet homme de venir... ici ...? Non. Non. Il ne viendrait jamais. Pas pour une vulgaire lettre. C'est ridicule. Insensé. Mon Dieu, qu'ai-je fait ? Et s'il venait ? Et s'il m'envoyait de nouveau l'homme briseur de nuques ? Et si... Vite. Je dois l'empêcher !"

Rilla fit demi tour. Soulevant légèrement ses jupes pour dégager ses pieds, elle se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait.

Elle retrouva l'enfant près des postes jouant aux osselets avec d'autres marmots de son âge.

- Gildouin! Gildouin ! La lettre, rends la moi.

L'interpellé la regarda, étonné.

- Je l'ai donné au courrier juste avant qu'il ne parte, comme tu me l'as demandé.


Rilla pâlit.

- Tu es sur que ça va Rilla ?


- Oui... Je dois y aller.

La rousse repartit en courant dans l'autre sens. Elle couru aussi vite qu'elle le put tant pour soumettre ses émotions que pour se rendre auprès de la femme qui attendait une aide pour mettre son enfant au monde.
Quand Rilla arriva à ses côtés, elle avait retrouvé son sang froid et presque réussi à se convaincre que tout irait bien.

Cette nuit là pourtant elle fit un cauchemar et se réveilla en sueur. Il lui fallu de longues minutes pour se calmer et se rendormir de nouveau.
A son réveil, elle était pâle comme un linge, mais ragaillardie. Elle prit deux résolutions.
La première, acheter un coutel. La seconde, tenir Blàsi Sorzanna et son rustre de soldat loin, très loin de ses pensées.
Blasi
    Voilà deux semaines que j'étais sur la route après avoir reçu la dernière lettre de l'enfant qui avait ce que je recherchais depuis maintenant de nombreux mois, cela était d'une attente interminable. Par une chance inespéré, ou un sens naïf de mon interlocutrice, celle ci m'informait où elle se trouvait, elle qui me prenait pour une certaine brute, laissait un indice si flagrant de son lieu de résidence. Certes Dijon n'était pas d'une de ces petites bourgades où l'on pouvait faire le tour dans la journée, c'était même une des plus grandes villes du royaume, mais j'avais au moins une destination, et s'il fallait parcourir la ville de fond en combles, je m'y engagerais, pour cette lettre, pour la mémoire de Pernette, pour mon amour pour elle, pour tout cela à la fois et bien plus encore. J'avais pris la route dès la réception de cette lettre, je n'allais pas manqué une telle occasion de m'approcher du but final, arrêté dans une auberge de voyageurs sur les routes qui menait à la capitale Bourguignonne, je pris le temps d'écrire une dernière lettre à la jeune femme pour lui demander rendez vous.





Rilla,

L'ennui doit être courant dans votre vie pour qu'il vous inspire à lire des lettres que vous trouvez dans une taverne, drôle de lieu par ailleurs pour trouver tel objet, mais je n'irais pas chercher le pourquoi du comment de cette trouvaille qui à l'aire de vous avoir, au fond, passionné d'une quelconque manière.

L'ennui vous pousse également à continuer cet échange malgré nos mots peut amicales, alors soit vous n'avez réellement rien de passionnant dans votre existence pour tenir en halène notre échange, soit vous y trouvé un certain plaisir que je ne comprendrais pas moi même.

Ma lettre na pas pour but de venir savoir qui vous êtes, ce que vous faite et quelles sont vos passions, mais son but principale est, de vous retrouver pour que vous puissiez me rendre mon due et que nous en finissions avec toute cette histoire absurde.

A Vous, maintenant, de me donner un lieu, une date et une heure de rendez vous pour que je puisse m’acquitter de cette requête personnelle. Si je peux vous donner une garantis de ma bonne parole, je ne le puis point autrement que par ces écrit qui vous promettrons que je ne vous passerais pas au fil de mon épée lors de notre rencontre si vous vous engagée à me rendre cette lettre.

Bien à vous,

Blàsi Sorzanna.


    J'étais bien plus calme, mon écriture s'en ressentais certainement, j'avais pris le temps de réfléchir à toute cette affaire. Cette situation m'avais mis dans tous mes états, retrouver la trace de cette lettre qui me tenait à coeur me touchais plus que de raison, ce qui me fit comprendre que mon deuil de Pernette n'était pas totalement fini, au bout de trois années ... Combien de temps encore cela durerait, mais surtout, est ce que j'arriverais à me sortir de cette peine qui m'envahissais régulièrement lorsque je pensais à elle ? Le soir même, j'envoyais par coursier qui fini de me ruiner, la lettre qui devait être très importante.

_________________
Rilla
Pâle comme un linge, Rilla faisait les cent pas dans la chambre dijonnaise qu'elle partageait en partie avec son frère aîné.
La raison de son humeur ? Elle la tenait dans sa main.
La lettre de Sorzanna lui était parvenue la veille et depuis Rilla l'avait lu et relu une bonne centaine de fois, et à chaque fois elle stressait davantage.
Ce n'était pas tant les mots employés qui lui causaient tant d'agitation, du moins pas tous les mots, c'était surtout le ton employé. L'homme paraissait calme. Trop calme. Presque comme si un autre avait écrit à sa place.

"Il doit être complètement fou", songeait la rousse affolée. "Pourquoi a-t-il fallu que cela tombe sur moi ? Pourquoi a-t-il fallu que je lui écrive ? Je le sais pourtant que la curiosité peut être dangereuse. Bon sang, pourquoi a-t-il fallu que je fouille les poches de ce mort ? Il s'il venait vraiment ? Et s'il me trouvait ? Et s'il me tuait ? Comment dit il ça déjà ? Ah oui, me passer au fil de son épée. Au fil de son épée !!!! Il faut que je me calme. Il faut que je réfléchisse. Il faut... Je ne suis même pas sûre de savoir ce qu'il faut !!!!"

La Sombreval était au bord de la crise de nerf. Elle se sentait seule. Déboussolée. Terrifiée . Et ne savait à qui se confier, à qui en parler, à qui demander de l'aide sans s'attirer d'autres sortes de problèmes.

"Pourquoi se met il à m'appeler par mon prénom ? Pourquoi se montre-t-il aussi courtois ? Pourquoi parle-t-il de son épée ? A-t-il prévu de me... tuer ???? Juste ciel ! Je suis perdue ! Calme toi Rilla, si c'était vraiment ses intentions il n'en parlerait pas. Oui, voilà c'est cela, il cherche seulement à me tourmenter. Oui, mais et si ce n'était pas le cas ? Et s'il venait vraiment ? Pourquoi l'ai-je défié dans ma dernière lettre bon sang ?!"

A bout, elle finit par répondre à cet homme qui ne cessait de la tourmenter.

Citation:

Monsieur,

Pourquoi tant d'insistance ?
Oubliez moi. Oubliez jusqu'à mon existence.
S'il vous plait, ne venez pas.

Rilla Sombreval


Craignant de s'attirer plus de malheur encore si elle parlait de la lettre, elle n'osa pas avouer qu'elle l'avait égaré.
Les mains tremblantes, elle peina à fermer la missive, mit plus de temps qu'il n'en fallait pour nouer sa cape, avant de sortir en courant porter la lettre aux courriers.
En pensée, une prière tournait en boucle :

"Faites qu'il ne vienne pas ! Déos, faites qu'il ne vienne pas !"
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)