Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] De Saintes à Poitiers.

Trystan.
Saintes.

Rhaa.

Les yeux sont baissés.
La main à son côté est rougie.
La plaie est douloureuse et s'est remise à saigner.
Ce crevard qui lui a fait cela ira rejoindre la Lune dès qu'il sera remis.
D'un geste rageur, le manteau est rabattu sur la sombre chemise.
La main est frottée sur les chausses de beau tissu.
Le pas du cheval lui fait serrer la mâchoire.

Des semaines...
Des mois qu'il a quitté Saintes.
Et la Blanche.
Nulle retraite cependant.
Il s'est occupé de ses affaires.
De sa seconde vie.

Arrivé c'est au larbin qu'il confie sa monture.
Il réprime une grimace en descendant, serre la mâchoire.
Râle.
Et c'est vivement qu'il ouvre la porte de la demeure.


Aaachim!
Où es-tu le maure!?
Radine donc ton séant, foutrecul!


Un bruit délicat, un son prononcé.
Un sourcil se hausse, le barbu suspend son geste, remet la veste qu'il ôtait.
Le muscle se contracte à sa tempe.
La sueur à son front est épongé d'un revers de manche.
Et la voix s'élève...
Doucereuse et rassurante.


Je suis rentré Effie. Où es-tu donc?

Un billet sur la console.
Un griffonnage en pattes de mouche, énervé.
Et malgré la fièvre et la fatigue, un sourire carnassier.

_________________
Euphrosyne.
Le temps a filé depuis.. Quand était-ce déjà ? Depuis Paris. Elle qui avait cru que son coeur allait exploser de joie à retrouver un frère n'en avait été que plus anéantie par les évènements qui avaient suivis...
Une mise en retrait, c'est ce que la pucelle avait fait. Se tenir à distance des gens qu'elle aimait, ceux qu'elle connaissait depuis toujours.. Des autres aussi. Même son anniversaire avait été solitaire. Une année de plus. Et une lucidité chèrement acquise mais salutaire.

Trystan lui aussi avait disparu depuis des mois. Loin de Saintes et d'elle. Effie en avait été attristée cependant, bien qu'elle connaisse désormais sa nature véritable, l'amour est ainsi fait qu'il étreint les coeurs et les laisse en proie à la désespérance.

La voix qui résonne ravive son coeur en peine. L'espace d'un instant, la jeune fille redevient celle qui était un an avant, courant au devant de son cher Amour... Avant de se souvenir et de stopper net sa course. Ne pas se jeter à son cou, ne pas céder à l'envie de couvrir son visage de baisers... Par tous les dieux passés et à venir que c'est dur. Il suffirait qu'elle étende le bras pour le toucher. Qu'il est beau...


Ton Frère est absent, parti depuis plusieurs jours... Et c'est tant mieux.

Elle s'efforce de rester distante, mais ses yeux dévorent le visage de l'aimé. Et le jeune coeur fond.

Tu es souffrant ?

Il a suffit qu'elle pose les yeux sur lui et tout ce qu'elle sait est balayé. Fi de la cruauté de la situation.
Ne reste que lui.. et elle.

Elle vient poser sa main blanche sur le front de Trystan. Le regard encore parfois juvénile perd toute candeur ou froideur ou quoi qu'elle ait pu tenter de ressentir, ne reste que l'inquiétude.
Profonde.
Viscérale.
La main glisse lentement et s'attarde, caressante sur la joue.
Irrépressible tendresse, au delà de toute raison.


Tu es fiévreux, ne reste pas là comme un piquet, assied toi je vais m'occuper de toi. Depuis quand es-tu dans cet état ?

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
La vue de la petite Blanche le surprend.
L'espace d'un instant, l'image de la mère s'est immiscée et a troublé son esprit fièvreux.
L'inconscient est vite repris.
Retour à la réalité.
Malgré la blessure qui le brûle, qui tambourine, Trystan lui sourit.
Charmeur et heureux de la revoir.
Du moins en apparence.
N'est-ce pas un peu la réalité aussi?

Il rage toutefois.
Le maure absent, c'est un médecin qui ne sert à rien.
C'est une plaie qui s'infecte et qui tue.
Il ne cache pas son agacement et lorgne le billet laissé à son intention.


Foutu Léviathan et ses idées tordues.

Mais il note le regard d'Effie.
Il comprend son trouble.
Il sait ses sentiments.
Et malgré la fièvre, il lui offre un sourire.


Tu m'as manqué.

Il aimerait qu'elle oublie vouloir l'aider.
Même s'il sait qu'il n'y coupera pas.
Du bout des doigts, Trystan lui caresse une joue.
La peau est douce.
La jeune fille est toujours parfaite.
Il l'observe sans mot dire.
Regarde ses doigts jouer sur la peau fine et blanche.
Jusqu'à descendre frôler la gorge, si gracile.

Il rompt finalement le contact, lors d'un lancement plus proconcé.
Dissimulant mal la fureur qui l'habite à l'encontre du coupable, le brun se décide à se laisser faire.


Faisons vite. Je dois aller voir ce qu'ils font à Poitiers.
Viendras-tu avec moi?


Un fauteuil confortable est choisi.
Il s'y laisse choir avant d'ôter la veste qui cache le sang à sa chemise.
Et la chemise est retirée à son tour, non sans un sourire en coin à l'idée que cela mette la jeune fille en émoi.


Voilà quelques jours. J'ai bandé mais mes connaissances de médecin sont limitées.

Et ça lui fait mal de le dire...
un hanap d'alcool est servi, et enfilé cul sec avant de s'en prendre un second.
Et tandis qu'il tente d'éteindre la douleur vive, Trystan observe.


Raconte moi. Qu'ai-je manqué?
_________________
Euphrosyne.
Tonton Hervé lélé est revenu ?


L'enjouement n'est pas feint. Lélé a le mérite de la faire rire dans ses excès. Une grande gueule pas bien méchante au final, même si elle avait parfois été choquée par ses propos outranciers.


Je..


Le coeur en frémit sous les doigts fins qui caressent sa joue. Même le souffle de la jeune fille s'altère légèrement. Et cela l'agace d'une certaine façon. Il joue avec elle. Elle le sait. Et malgré ça, le trouble est toujours plus profond, le sentiment plus présent.


Faisons comme il te plait puisque tu es pressé de déjà me laisser à nouveau...


La voix traîne un peu. Un soupir léger pour ponctuer. Et puisqu'il met de la distance la jeune fille en restaure un peu ses sens avant de poursuivre.


Certes non je ne t'accompagnerai pas. C'est sans doute une de ces choses que vous devez faire entre.. frères.
Notera-t-il l'insistance subtile qu'elle marque ? Elle poursuit, le timbre plus froid même s'il se voulait neutre.
Si ta compagnie est toujours un ravissement pour moi il n'en est pas de même pour certains de tes... de mes oncles.

Et j'ai à faire ici avec le printemps les jeunes pousses sont à surveiller et je dois aussi m'assurer que le jeune mouton que je viens d'acquérir ne se fait pas harceler par le bélier et les ânes.


Certes Effie possède une véritable ménagerie, au grand dam de l'Avare de service au sujet du coût de la nourriture du bétail, mais tout ça n'est qu'un monceau d'excuses à la con. Il peut le voir à cet air de foutage de gueule qu'elle lui sert.

Mais l'air change dès lors qu'il retire sa veste. Elle le pensait simplement souffrant d'un coup de froid et elle le découvre ensanglanté. L'inquiétude s'installe.
Elle en marmonne même un juron.



Tu es blessé !


L'art d'enfoncer des portes ouvertes, acte 1 scène 1.
S'il s'attendait à ce qu'elle se pâme en découvrant son torse nu, il va sans doute être déçu. Le regard de la jouvencelle se concentre sur la blessure sous le bandage. Son côté érudite sans doute qui lui permet de se distancier à ce moment précis. Les ordres sont donnés.



De l'eau chaude, des linges propres. Et vite !


Pendant ce temps, elle vient s'accroupir devant le fauteuil et entreprend de défaire ce bandage fait à la va vite.


Il faut nettoyer la plaie et après je pourrais voir ce qu'il convient le mieux de faire.


Si Effie s'efforce de paraitre détachée, ses doigts s'attardent sur la peau découverte. Elle effleure autour de la blessure, si douce sous la caresse.


Comment est-ce arrivé ? Qui t'a fait ça ?


Et cette colère sourde qui la ronge depuis des mois qui se réveille, lentement mais sûrement.
Elle ne le regarde pas préférant se concentrer sur le bassinet et les linges que la servante vient de poser à côté d'elle puis entreprend de nettoyer les chairs blessées, éludant ainsi sa dernière question.



C'est assez superficiel.. Tu vas peut-être garder une légère cicatrice, surtout si tu repars en vadrouille et t'agite. Je vais te faire un pansement au miel mais il te faudra le changer chaque jour. Et nettoyer la plaie comme il faut.

Sans quoi adieu la perfection de ce torse immaculé.



Comment ça elle le pique au vif ?

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystandepuychambaut




Trystan sourit en coin.
La déception de la jeune femme est palpable et il s'en amuse.
Il ne répond pas toutefois, la laissant officier.
Chaque geste est scruté.
Chaque mouvement détaillé.
Les mains fines et délicates s'affairent et il retient un sursaut lorsqu'elle touche la blessure.
Son regard remonte jusqu'au visage de la petite Blanche.
Les traits si finement dessinés lui rappellent sa mère, quand elle venait les trouver à la Cour.
Il réprime une envie de l'attirer à lui, et à la place, se relâche dans le siège occupé.


Je ne compte pas m'attarder. Je rentrerai vite. Il serait dommage de se quitter pour encore un long moment.

Une grimace.
Cela reste douloureux.
Et lorsqu'Effie annonce que s'il n'y prend garde, cela signifiera la fin de sa perfection, il ne peut s'empêcher de lancer un regard enflammé et curieux. Sait-elle?


Merci.
Je prendrai soin de suivre tes consignes. Cela me permettra de penser un peu à toi durant ce bref voyage.


Rongeant son frein sur le doute qui l'assaille, Trystan se lève, non sans une grimace.
Point de regard en arrière, il s'efface.
Il lui faut se décrasser de la route, changer ces vêtements souillés.
Ce n'est qu'une fois satisfait qu'il revient, un hanap de vin dans la main.


Effie... Qu'ont donc fait les oncles que tu ne serais pas heureuse de voir revenir?

Il souhaite savoir, et saura.
Il n'en a pas fait mention plus tôt mais ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.


Mais lorsqu'il reparait, il se stoppe brusquement en regardant la.... Rousse qui se tient en place de sa nièce.


Par le Sans Nom, qu'est-il arrivé à tes cheveux?



____________________
Euphrosyne.
Les longs mois de séparation après son expédition parisienne auront amené au moins quelques bénéfices. Outre la vérité qui a explosé au visage, elle est plus forte désormais. D'aucuns peu attentifs penseraient que l'âge imposait la raison mais ce n'était que la connaissance qui la rendait plus posée et lui permettait désormais de mieux appréhender le personnage complexe qu'il est.
Un bien pour un mal... Ou un coeur innocent déchiré en deux.
Lutte permanente qui s'exerce en elle depuis près d'un an, rester pour lui ou disparaître à nouveau pour échapper à l'Avare avant qu'il ne décide de faire main basse sur elle...
Effie sourit cependant. Les mots sans doute menteurs de Trystan touchent son coeur malgré elle.

Par bonheur, il s'empresse d'aller tourmenter les servantes pour quelques ablutions et affinage vestimentaire, avant de revenir dans la pièce, toujours plus séduisant.



Tu n'aimes pas ? J'avais envie de changer... de moins...


Le reste restera enfoui juste à temps... Elle chasse la fin d'un revers de la main comme elle le ferait d'un insecte incommodant avant de poursuivre.

Si tu détestes alors peut-être que Lui m'aura en horreur et renoncera à m'avoir...


Evasive dans les propos mais la jeune fille espère qu'il comprenne sans qu'elle entre dans les détails. D'ailleurs, au grand jeu de l'évitement, lui non plus n'a pas répondu à toutes ses questions...


Et donc, quelle affaire malencontreuse t'a valu de te faire embrocher ? Un mari jaloux ? Un père protecteur ? Un promis contrarié par ton éclat ?


Le ton se veut badin mais les émotions contradictoires qui agitent la jeune fille sont peut-être perceptibles à quelqu'un qui la connaît trop bien. L'envie de piquer et en même temps, cette tristesse sans doute dans le regard.


Et si je restais comme ça ? Ne trouves tu pas que cela relève l'éclat de mes yeux ?

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystandepuychambaut




Les sourcils se froncent aux paroles d'Effie.
Il ferme distraitement la nouvelle chemise passée, tout en observant sa nièce.
La rousseur nouvelle de la jeune fille le perturbe, mais ne l'émeut pas outre mesure.
La noirceur de la chevelure fait davantage ressortir cette peau si blanche qu'elle possède, ainsi le rouge ne lui rend pas justice.
Trystan tique toutefois, et il s'approche pour saisir le menton de la Blanche pour mieux croiser son regard.
Il sonde.
Il creuse.
Une veine bat à sa tempe tandis que la mâchoire se serre.


S'Il s'essaye à quoi que ce soit, il ne verra pas le lendemain.

Frère ou non, point de partage en ce qui concerne leurs trésors.
Parce qu'il l'a décidé, elle est à lui. Pas à un autre.
Son bien.
Sa Blanche.

Il élude de nouveau les interrogations de la jeune fille, considérant que l'importance est moindre.
S'il la relâche et va se servir un hanap de vin...
Elle a fait naître un doute en lui, et il a bien du mal à la quitter des yeux.
Oh elle tente de changer de sujet.
Futile...
Naïve...
Ce qu'il sait qu'elle n'est pas.


Qu'a-t-il fait?
Est-ce qu'il t'a prise?


A l'idée que le maure soit passé avant, les jointures de ses mains blanchissent à trop serrer le verre.
Prêt à le tuer dans la foulée selon la réponse, le Vaniteux finit par délaisser le breuvage qui ne l'inspire plus.
L'une des petites mains de la maison est alpaguée, qu'elle aille préparer ses affaires pour un voyage imminent.
Devant retrouver le Coléreux et Achim, il pourra éclaircir cette affaire au coin d'un feu quelconque.
Et Effie est détaillée.


Non. Le noir te sied mieux.

Il n'y tient plus et le ton se hausse.
Un poing frappe la table à ses côtés.


Qu'a-t-il fait?!




____________________
Euphrosyne.
Tandis qu'il la scrute Effie s'interroge. N'était-il là ce fameux soir ? Elle ne saura dire, dans leur pénombre ils se ressemblent tous, sauf peut-être la taille. La jeune fille se mordille la lèvre tout en réfléchissant et se convainc que non... Il n'aurait laissé faire...

C'est beau cette conviction... proche de l'aveuglement.
Ah, l'amour et ses ravages sur les coeurs tendres.
Et sur les cerveaux même éclairés.


Tu te rappelles l'an passé au début de l'été quand je suis retournée à Paris...

Se concentrer et bien choisir ses mots. Raconter sans en révéler trop. La jouvencelle inspire profondément mais les questions se succèdent... Et une en particulier provoque en elle une colère sourde.

Tu crois vraiment que s'il avait réussi à...

La colère ou autre chose peut-être s'accumule dans sa gorge l'empêchant de dire ce qu'il sous entend. A défaut elle le foudroie du regard avant que cela ne retombe, plus vite qu'un soufflé sorti du four trop rapidement, avant d'être submergée de tristesse et de reprendre :

Tu penses que si c'était arrivé j'aurais voulu vivre une minute de plus ?

Le noir...

Les émotions contradictoires s'enchainent à la vitesse de la lumière dans la jeune tête et y mettent un joyeux boxon. Pourquoi est-il autant attaché à sa pureté ? Parce qu'il est porté par un noble sentiment ou parce qu'il détesterait perdre la compétition avec son Frère ? Le roux ne lui convient pas, soit... Mais est-ce pour elle ou pour ce qu'elle lui rappelle ou plutôt qui elle lui rappelle ?


A Paris donc.. Je voulais m'éloigner de vous et pourtant il m'a presque sitôt rejointe. Enfin pas tout à fait. Il m'a écrit pour que je le rencontre...

Non ce n'est pas pour faire monter le suspense. Elle cherche ses mots. Trie les informations à donner et celles à taire. Le poids de secrets qui ne la concernent qu'indirectement est lourd à porter pour l'adolescente.

Je me suis donc rendue.. chez vous et là... de là... il m'a menée au tombeau de ma mère qu'il conserve jalousement...

Cette première révélation devrait éclairer Trystan sur le fait qu'elle sache désormais à quoi s'en tenir.

C'est là qu'il a.. tenté.

Le souvenir est douloureux.
Emotionnellement et même physiquement.
Effie inspire profondément pour chasser ce surplus de tristesse. "Reste concise, tête froide et n'oublie pas les mots de ta mère". Sur l'instant, on ne saurait dire si la voix dans sa tête est apaisante ou vient rajouter au bordel ambiant.


Elle était très belle...

Hop, pirouette cacahuète, triple salto du coq à l'âne.

Rassure-toi.. Apparemment un affaiblissement passager a empêché qu'il soit en capacité de le faire... Ce qui l'a fait redoubler de fureur et me rouer de coups sans doute...

BAOUM !!!

A voir la tête qu'il va faire...

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
Trystan sonde le regard de la Blanche qui narre l'histoire.
L’œil est de glace, la colère sourde.
Il sait depuis longtemps que l'idée de la laisser se rendre à Paris est mauvaise.
Si le muscle de la mâchoire s'agite sous la barbe naissante, il se contient.
Des nues il tombe en apprenant que ce fol l'a conduit chez eux.
Sait-elle?
Oui forcément.
Effie est intelligente et rusée.
L'esprit fin et vif.

Et lui s'étonne en apprenant l'existence de la sépulture.
Ah les sous sol de Paris sont plein de mystères.
S'il fouine à la recherche de monnaies, il n'est pas tombé sur ce lieu.
Les sourcils se haussent brièvement.
L'air redevient grave toutefois.

Et l'Avare a tenté.
Il a essayé de la souiller.
Les jointures de ses mains sont blanchies tant il serre le poing.

Pour sûr, à cet instant, il aurait pu le tuer.

Le silence s'installe.
Pesant peut-être.
Oppressant, pour sûr.

La rage à fleur de peau, il lui faut un instant.
Un instant pour digérer ce qu'il apprend.
Un moment pour s'imaginer arracher la tête du maure.
Quelques minutes pour contenir cette colère.

Effie est détaillée.
Les traces sont effacées.
Que n'a-t-il rien vu?
Et toutes ces affaires dont il s'est chargé...

Oh point d'excuses.

Il s'approche.
Une main se tend.
Délicatement, il caresse le rebondi de la joue d'Effie.
La peau est si douce... Si délicate...
Le regard qu'il avait acéré se fait plus doux.
Oh à peine l'espace d'un instant.
Le geste est tendre, presque amoureux.
Doucement, le Vaniteux se fait consolant.
Effie est attirée dans son giron.

Le parfum de la jeune fille l'enivre.
Il hume ses cheveux devenus roux.
Une main glisse dans le dos de la jeune fille, cajolante.

Instant suspendu...

Avant un retour à la réalité bien cruel.
L'Orgueilleux s'éloigne, mettant fin à la proximité établie.

Il lui faut un instant pour se ressaisir et oublier les envies qui sont nées de l'étreinte.
Un verre est resservi, rapidement avalé.


Il paiera. Un jour il paiera.

Le Sans Nom le sait.

***

Léviathan.
Râclure de seau d'aisance.
Belzébuth.
Enfoiré de la pire espèce.
Fils de chiens.

Il lui a fallu partir.
Un pli de leur frère qui les appelait.

Finalement?

Se retrouver seul comme un con en plein Maine, à panser ses plaies.

Le chemin du retour se termine enfin.
La nuit est noire, mais la venelle est connue.

Il se rapproche d'Effie.
Si Achim est là, il risque de tâter d'une nouvelle fourchette dans l'autre main.

Trop longtemps qu'il n'a pas vu sa nièce.
Trop longtemps qu'il n'a pas toucher de femme.

La porte cochère est passée, et le voilà rentré sans bruits.
Une ombre fugace que l'on peine à deviner.

A l'intérieur, les affaires sont déposées.
Le trop plein de vestures ôté, il déambule en chausses et chemise.
Du vin.
Il a besoin de vin.
Sans trop réfléchir, et après avoir allumé une lampe, il ouvre un pichet et se sert une bonne quantité.
Un régal.
Un délice après la piquette mainoise.

Le regard se porte sur le trou noir qui se découpe sur le mur.
Effie doit être là.
Non loin.
Dort-elle?

Ses pas le mène jusqu'à la chambre de la jeune fille.
Le souffle rauque, le Vaniteux pousse le panneau de bois, laissant passer quelques raies de lumière.
A peine de quoi deviner la forme de la Blanche dans le lit.

Doucement Trystan s'approche.
Le pas délicat.
Silencieux.

Sa main vient caresser la forme arrondie d'une hanche qui pointe sous le drap.
Il n'hésite point, et se couche dans le dos d'Effie, en appui sur un coude.
Elle est si proche.
La sentir contre lui fait naitre tellement de sensations.
La caresse se fait plus appuyée.
Le nez dans son cou, il sent le parfum délicat et si léger qui émane de sa peau.
Un râle et il se signale, espérant qu'elle s'éveille.


Effie, je suis rentré.
_________________
Euphrosyne.
Si Trystan avait été frappé par les révélations de la jeune fille, il n'en avait pas fait grande démonstration. Sa nature profonde sans doute, cette nature qu'elle appréhendait mieux désormais, dans toute sa simplicité. Dans toute son horreur aussi.
Docile elle s'était laissé cajoler, respirant le parfum délicat du bel Orgueilleux jusqu'à s'enivrer de son odeur.
Puisqu'il partait.
Encore.
Elle s'imprégnait de lui comme s'il lui était aussi essentiel que l'air qui emplissait ses poumons.


Effie n'aura même pas pris la peine de renâcler voire même de s'insurger. La vengeance à venir était sienne. Il était inutile d'en faire mention.

Les jours avaient passé. Les semaines. Comme à son habitude la pucelle s'était plongée dans le travail et les études. Quelques courriers l'avaient informée de l'absence rallongée..
Puis l'Autre revenu accueilli avec une politesse froide. Elle avait béni la multiplicité des tâches entre la mairie, l'université, les échanges au conseil. Tout cela lui avait offert un refuge loin d'Achim sans qu'elle n'eut à se justifier. En outre elle avait pris l'habitude de passer au cimetière où elle avait fait enterrer la dépouille du Marmouzet;
Là Effie retrouvait son ami d'enfance et pouvait s'épancher sans que nul ne la voit, espérant peut-être atténuer le poids de la culpabilité de sa mort.

Les secrets tuent.

Marmouzet en était la preuve vivante. Enfin morte, sans mauvais jeu de mot.

La demoiselle n'avait pas eu non plus de nouvelles de son assassin.. Et même elle ne saurait dire comment elle accueillerait son Frère après tout cela. Certes elle avait regretté qu'il ne soit à ses côtés lors de la découverte du tombeau. Mais saurait-elle l'accueillir en frère après le meurtre froid du Marmouzet ? Saurait-elle pardonner ? Ou même tout simplement passer outre ?

...


Nombreux étaient ses rêves de femme en devenir... Parfois agités et douloureux, ils ressassaient des évènements desquels elle était étrangère et par trop impuissante et ravivaient malgré elle des blessures, des absences. La vérité délivre parait-il... La vérité l'avait plongée dans un maelström de tristesse et de déchirement. Un crève coeur qui ne disparaissait pas une fois le rêve achevé et le soleil revenu. Rien ne pourrait jamais changer à ces épines qui transperçaient le coeur de la jouvencelle... Mais il arrivait que ses rêves ne soient que douceur... Et toujours il en faisait partie. Son visage, sa voix, son odeur.. Elle rêvait de sa peau sous ses doigts, du miel de ses lèvres et tout cela la chavirait dans un trouble dont elle n'imaginait pas la portée.

Pauvre innocente... Aux pensées si pures de cet Amour qui la submergeait.

Nul ne saurait dire si ce soir le rêve initial était de ceux dont le réveil laisse un goût amer ou bien s'il était de cette félicité infinie qu'elle ne voudrait jamais quitter... Mais une sensation l'avait envahie dans son sommeil... Si réconfortante...

Une tiédeur délicate et caressante avait submergé son être endormi et le rêve prenait corps.. Les yeux clos, la jeune fille savoure son rêve.

Il est là. Elle est dans ses bras. Un soupir satisfait. Et quelques mots endormis...
Tu me manques...Alors un instant son corps se serre plus encore au creux de cette chaleur, le souffle dans son cou qui aiguille chaque pore de sa peau.. dans son rêve elle saisit même la main posée sur sa hanche pour la porter à ses lèvres avant de la presser contre son coeur... "Sens-tu Amour comme il bat pour toi ?" Et l'Adoré parle... Alors dans ce songé éveillé, elle se retourne, les yeux quasiment clos... soufflant à peine... J'ai rêvé de tes lèvres... Et l'ingénue endormie embrasse sa fantasmagorie. Tout est là, son odeur, la douceur...Même les cheveux entre ses doigts alors qu'elle se presse contre lui...Je t'aime... Que ce rêve est doux, qu'il ne prenne jamais fin...

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
Trystan.
O Démon, quelle satisfaction.
Quel homme ne rêverait d'occuper les songes d'une femme?
La situation dépasse toute espérance.
Pauvre Agnelle qui ignore la portée de ses gestes.

Pendant qu'elle somnole encore, l'Orgueilleux gronde de ce désir inassouvi.
Il souhaite qu'elle s'éveille.
Qu'elle prenne conscience de ce moment.

La main sur son sein, il retient un mouvement.
Un sourire et il la laisse mener pour l'heure.
Le baiser est délicat.
Elle ne sait rien de la passion, de la luxure.
Petite Blanche pleine de pureté.

Et lui est gonflé d'envie.
Bouffi d'Orgueil.
Rongé par la satisfaction de l'avoir à Lui.

Il a vaincu.

En se retournant, elle dévoile les courbes délicates, qu'il devine dans la pénombre.
Si tu voyais Frère...

Trystan prend son temps.
Il joue.
Il s'enivre.

Récupérant sa main, il repousse délicatement le drap qui la recouvre.
Les formes devinées l'affament.
Du bout des doigts le Vaniteux caresse sa proie au travers sa chemise bien fine.
Le sein est retrouvé, et il en agace la pointe.

Eveille toi petite fée innocente.

L'envie de mordre cette chair ferme est retenue.
Il ne la marquera pas. Pas tout de suite.

Un grondement sourd est toutefois dispensé à son oreille.
Son prénom murmuré contre ses lèvres.

Le souffle rauque, la torture est partagée.

Mais il veut prendre.
Il veut plus que quiconque a eu.
Elle est sienne, le sera quoi qu'il en coûte.

Ses doigts redescendent, dessinant des arabesques sur le lin.
Saisissant une fesse rebondie à pleine main, il l'attire un peu plus contre lui.

Elle veut rêver?
Elle l'aime.
Elle se presse.

Oh que le spectacle ferait rager l'Avare.

C'est alors lentement que la caresse s'égare en des territoires encore inviolés qu'il s'approprie.
Doucement, presque tendrement, ses doigts se jouent d'un bouton plaisant.





_________________
Euphrosyne.
*Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux...* Lamartine



Par tous les dieux que ce rêve est doux... Tout n'est que félicité. Ses lèvres qui l'enivrent et dont elle se délecte, se nourrit même. Cette douceur la submerge et l'entraine plus loin encore sur les rives de la fantasmagorie de son délice.

Un gémissement, à peine plus qu'une souris, échappe à ses lèvres. La chaleur, l'ivresse des caressses n'est qu'une longue litanie de soupirs et murmures. Qu'il est doux ce rêve... et plaisant. Il l'entraîne sur des rivages encore insoupçonnés, en flux et reflux de marées, de complaintes consenties susurées... Et l'onirisme prend son... C'est son nom qu'il souffle au travers de ces enlacements qui la bouleversent ...

Ivre de cet Amour interdit elle s'abandonne.
Ivre de caresses qui la perdent peu à peu...
Ivre de Lui...

Elle ouvre les yeux.
Et ne rompt pas cet interlude de plaisir, cette félicité où il la mène...

Sa main tremblante vient caresser le visage adoré alors qu'il la fait chavirer, lentement mais sûrement.

"Regarde moi Amour"...

Refus de rompre là.
Refus de renoncer à cet instant de grâce...
Refus de renoncer à Lui.

Et pourtant l'âme et l'amour innocent ne peuvent que souffrir de cette ambiguité trop tranchante. Comme un coup de poignard en plein coeur.

Alors quand le plaisir s'impose, l'extase perle aux yeux de la jouvencelle. En larmes salées, reflet d'une tristesse que rien ne saurait effacer. Tandis qu'Effie soupire ses ultimes emballements, que son corps tremble encore sous les doigts experts de Trystan, les mots s'échappent malgré elle.


Je t'aime...

Le plaisir s'écoule aussi bien que les larmes sur ses joues...
Cruel est le sort la pucelle.


je t'aime.. mais je ne suis pas Elle..

"Et la plaie béante dans mon coeur, elle, est bien réelle Amour."

Ce n'est qu'ensuite qu'elle se retourne, pour ne pas le voir lui mentir comme il a toujours menti.
Comme ils ont tous toujours menti.

Sans un bruit, les larmes continuent d'inonder ses joues, sans qu'elle n'y puisse rien.

_________________


La fille de sa mère et, vraisemblablement, de son père.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)