Alcimane_
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Longny-au-Perche en Alençon, non loin de Mortagne donc.
C'est ce que le courrier pouvait annoncer à Alcy qui, téméraire, s'était lancée dans la traversée de pas 2 Comtés, ni 3, ni 4, mais bien 5 Comtés pour mettre un fer en Terre d'Alençon. Le nouveau passage pour éviter l'Anjou était ce qui lui avait refait sa journée. Quelque chose dextraordinaire qui lui évita un détour de plusieurs jours la rendait toute guillerette. Avantage supplémentaire de ce voyage : elle avait laissé Roland en Armagnac et toute personne saine d'esprit connaissant l'oiseau, pouvait comprendre. Son écuyer était un véritable moulin à parole, pire qu'une donzelle qu'elle avait prit en affection, car, avouons le, en Armagnac, la compagnie est plutôt rare.
Deux gardes triés sur le volet suffisent largement pour l'accompagner. A cheval bien entendu. Elle avait une sainte horreur de se déplacer en wagon ce qui arracha un grognement du premier garde. Évidement qu'elle avait embarquer des vêtements de rechange !
Longny au Perche semblait être paisible sauf quand on a la bonne idée de s'y pointer le jour du marché. Comme une future fête nationale, les bourgeois sur leur 31 tentaient de grosses négociations, les paysans hurlaient à qui voulait bien l'entendre que leur marchandise était meilleure que celle du voisin, les va-nu-pied tentaient des spectacles de rue pour attirer la générosité des plus riches. Une ville normale. Elle la traversa à pied, cheval au pas, tranquillement, laissant échapper son il sur quelques étales avant de le récupérer promptement. C'est qu'ils étaient prêts à l'enguirlander les deux. Le monde à l'envers !
La main en l'air, elle lança un petit :
Pfeu ! I a pas res de pus valent qu'un fenhant que se met en colèra* té ! Elle prit bien sur un malin plaisir à les faire passer et repasser dans les mêmes allées plusieurs foy.
Quelques petites heures plus tard, elle se contenta de ces achats compulsifs qui font tellement de bien sur le moment. La voila propriétaire d'un bocal d'anchois, d'un saucisson au taureau, d'une barrette à cheveux couleur vert canard, et d'un bloc de fois gras. Utile.
L'arrivée devant le Castel de Samsa était imminente, elle pouvait l'apercevoir à quelques longs mètres droit devant.
Stop !
Elle grimaça.
J'ai mal. Je ne ferrai pas un pas de plus, je sens que je vais tourner de lil. Si si. Dit elle à l'attention du garde number one. Très sérieuse. Oc, je ne bouge plus, j'ai une crampe. Vos m'avez pressée sur lo marché, c'est votre faute. Je suis certaine d'avoir une déchirure d'un muscle, je lo sens. Le garde number two resta de marbre, bien plus habituée à la Comtesse que le number one. Il mit un pied à terre attrapant les rennes de son cheval. Elle lui tapa sur la main en guise de réponse.
Pfeu ! N'allez pas bouger mon cheval, je vos dis être mal. Je ne bouge plus d'ici jusqu'à nouvel ordre. Si je deviens estropiée à cause de vos, ma mère vos tuera et mon père vos achèvera. Allez donc dire à la garde de la Vicomtesse que je suis à proximité, ça vos rendra utile té.
Et la voila, plantée au milieu du chemin alors qu'une charrette de foin était en partance de faire un carambolage.
* Il n'y a pas plus vaillant qu'un fainéant quand il se met en colère.
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