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[RP] LP - Ceci est un titre.*

Samsa
Fin de matinée. Printemps. La vie est active à Longny-au-Perche, il fait bon en ce mois d'avril. La Baronne est assise sur un rocher, au bord de la Robioche. Les pieds dans l'eau, elle les regarde taquiner des poissons de la taille d'un têtard. Le mouvement est las, l'esprit est ailleurs. L'âme est fatiguée, travaillée au corps depuis un mois. De tout côté où elle regarde, Samsa ne voit que des murs de glace opaque. Il semble que seul le soleil puisse les faire fondre, mais y arrive-t-il vraiment ? Le doute la ronge avec l'impuissance. Dans cet amas de soucis, il n'y a bien que les lettres d'Alcimane qui apportent au Cerbère une bouffée d'air. Trop courtes lignes trop rapidement avalées, avant d'être replongée dans un enfer sans porte de sortie, un enfer où elle était seule de base et où elle s'était isolée encore plus.

Encore alerte à son environnement, elle tourna la tête quand des pas dans l'herbe s'approchèrent. Un garde, tabard jaune et noir, casque nasal et hallebarde en main, venait. Samsa l'observa sans retirer ses pieds de l'eau, n'ayant pas envie de se bouger s'il n'avait qu'une question.


-La mère de Keunotruc pardi ?

Le garde hocha la tête. Clairement, lui, il n'y comprenait pas grand chose. Rien, même. Samsa resta quelques secondes à battre des cils, l'entendement l'induisant en erreur. Rapidement pourtant, elle remit ses pieds humides -à peine essuyés- dans ses bottes et se releva pour partir rapidement vers le château. Honteusement, elle reconnut d'abord la croupe de Chiron avant le dos de sa cavalière qui patientait à côté. Que voulez-vous, il y en a un, elle l'avait vu naître et élevé, et l'autre pas.

-Alcimane pardi ?

L'Armagnacaise en exil à peine retournée que l'Alençonnaise en otage l'étreignait. Au diable les conventions, les "Votre Grandeur" qu'Alcimane n'aimait de toute façon pas, les protocoles que Samsa s'astreignait à respecter ; elle avait devant elle une Amie -kinder surprise, c'est Pâques !

-Mais qu'est-ce que vous faites ici ! Vous êtes loin du Bourbonnais-Auvergne pardi ! Est-ce que tout va bien ? s'inquiète forcément le Cerbère.

Dans sa tête défilent déjà les explications de sa venue : un problème avec Chiron ? La diplomatie ? Non, elle n'est plus dedans. Elle a forcément fait le détour - et quel détour ! Aurait-elle de graves ennuis ? Ou Keunotor ?
Dans son rôle de Protectrice, Samsa ne se centre jamais sur elle-même. Quand on s'approche d'elle, elle croit toujours au premier abord que c'est parce qu'elle peut aider. Cerbère, plus qu'un surnom, une nature.

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Alcimane_
Pardi ! Dit elle avant de réceptionner la Cerbère. Une accolade non prévue qui stupéfait la Malemort mais qui finalement, trouvait cela agréable. Les yeux clos, une main resserrée dans les rêne de Chiron, l'autre librement vaque tranquillement.

Samsa vos allez me briser.

La tout doux, calme toi, tout va bien. Une main Malmortienne vient tapoter le solide dos de son amie, caresser puis, sa main sur l'épaule voisine, elle se recule. Point trop n'en faut. C'était sans doute la première fois qu'on l'étreignait sans retenue et dieu sait que les premières fois sont éprouvantes. Et le cœur à ses raisons que la raison ignore. Ou l'inverse fonctionne également. Trop d'émotion d'un coup pourrait la voir finir en larme et, diable, ce n'est pas le moment de flancher.

Ma chère, je n'ai mêsme pas eu l'occasion de mettre une poulaine en Terre Auvergnate encore. Rappelez vos cette histoire de levée de ban. Je reviens de Gascona et, comme l'Alençon était sur ma route. Tout à fait. Adonc, j'ai fait halte chez vos. Màs cette foy, je ne compte pas vos lâcher d'un centimètre : l'expérience passée m'a suffit. Alias la taule !

Samsa était un doute un roc. Ou, du moins ce qu'elle voulait laisser paraitre. Alcy n'aurait jamais eu l'audace de lui dire l'inverse, de peur de la toucher dans son estime ou sa fierté. Les deux sont souvent bien liés. Mais parfois, il arrive que le roc se creuse doucement et s'émiette sur un flan de plage. Samsa ne pouvait décemment pas finir en petit détritus de poussière, qui fut oublié dans le recoin d'une berge asséchée.


Oc va plan. Mercé. Màs je ne suis pas là per parler de moi. J'ai cru comprendre que vos aviez lo moral dans les bottes, et un cœur à recoller. Vos allez devoir m'expliquer perqué je vos sens au bord du gouffre et surtout perqué vos n'avez pas daigné en parler plus tôt. Je déteste tirer les vers du nez.

Je crois que parfois, nous devons être capables d'affronter nos proches pour les protéger. N'est il poinct une sage femme qui me l'a écrit un jorn ?


Elle sortit un petit bocal en verre de sa sacoche avant de donner les rênes au garde, ne sachant que trop s'il était en charge de cela. Qu'importe. Chiron était en terre familiale.

Je vos ai ramené du pâté. A défaut de chocolat. Venez, nos avons à parler. Dehors ?
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Samsa
-"Tu refuses toujours que les gens t'aident !
-C'est pas vrai pardi !
-Tu crois quoi, que nous on doit se contenter de t'offrir des carottes et des bisous ? Tu nous dénigres.
-Non, c'est toi qui dénigres l'aide que l'on m'apporte quand je reçois des carottes et des bisous té.
-T'aider, ce n'est pas que ça.
-M'aider, c'est déjà ça pardi."

Extrait de conversation qu'elle tiendrait avec Zephyre quelques jours plus tard, à l'issue d'un malaise. C'était à la fois difficile et facile d'aider Samsa, quand les choses n'allaient pas. Elle s'ouvrait peu mais la moindre marque de soutien prenait pour elle des airs de shoot à l'adrénaline. Dans cette étreinte que lui offre Alcimane, il s'y trouve plus d'oxygène pour elle, plus d'aide, qu'aucune conversation ne pourra jamais lui apporter.


-Oh, pardon ! Vous mangez toujours aussi peu ? Avec le printemps, les bonnes choses vont pourtant refaire surface.

Face à elle, Samsa écoute les raisons de sa venue. Rien à voir avec Alcimane, semblerait-il. La Baronne des lieux bloque sur le prétexte que l'Alençon est sur la route du Bourbonnais-Auvergne et tourne et retourne dans sa tête une carte française pour comprendre dans quel monde. Clairement pas dans celui-là en tout cas. Mais elle n'a pas le temps de s'y pencher plus avant qu'Alcimane lui révèle la véritable raison de sa venue.
Au bord du gouffre. A cet instant, Samsa n'y est pas encore. Ou peut-être ne s'y sent-elle pas. En tout cas, la voilà au pied du mur face à Alcimane. Elle sourit sincèrement en réceptionnant le pâté -le fameux. "Peut-être, Cerbère, prends-tu les choses à l'envers".


-Merci, pour le pâté pardi. Et pour votre détour.

Dessous, bien sûr, il y a bien plus, mais ce n'est pas facile à dire quand on a encore rien dévoilé. D'un geste de la main, Samsa invite Alcimane à la suivre. En sortant du château, elle paye un pain à un des artisans présents, et emmène l'Armagnacaise le long de la Robioche. Les prairies du Perche sont déjà verdoyantes et parsemées de petits points de couleurs et l'air frais sans être froid atténue les rayons du soleil qui arrive à son zénith.
Revenue à son point de départ, Cerbère retire sa cape pour l'étendre par terre ; avoir le cul dans l'herbe lui importe peu mais peut-être Alcimane préféra ce petit confort. Ou le siège d'un rocher. Coupant le pain du couteau à sa ceinture et le tartinant de pâté -on ne déguste bien qu'en partageant-, Samsa tend la première tartine à Alcimane avec un sourire.


-Tenez.

Puis, alors qu'elle s'occupe de la sienne :

-Je me fais du soucis pour Shawie pardi. Ils cherchent à la couper d'absolument tout le monde en menaçant de lister comme "hautement suspects" tous ceux qui seraient vus avec elle. Cerbère croque une première fois dans sa tartine, la mâchant et l'avalant avant de reprendre : Plusieurs nobles s'interrogent sur les intentions sous-jacentes à cette... mesure. Ce qui confirme ma première impression la concernant -la mesure, hein- : ça ne flaire pas l'honnêteté. Une nouvelle attaque de la mâchoire dans la tartine. Des traîtres à la Couronne, il y en a des tas, mais aucun n'a jamais payé comme elle, pas même Namaycush ; aucun n'a vu son entourage menacé comme celui de Shawie.

Shawie n'était qu'un vecteur, Samsa le savait bien. Tout le monde le voyait. La cible n'était pas celle du viseur. Quel piètre courage.

-Je suis cantonnée à ne pas prendre position frontalement parce que si je le fais, je ne pourrais plus faire ce que je fais : temporiser. Atténuer les coups pardi. Mais ce soutien-là est un soutien qui ne se voit pas, c'est un soutien qui ne... porte pas. Et c'est difficile de... de se contenter de ça. Même quand on sait ce qui est fait.

Lâche. Traîtresse. Égoïste. Vénale. Indigne. Elle n'était pas la seule à souffrir de la situation mais les adjectifs qu'elle avait reçu à mots plus ou moins couverts, peu importe qu'ils furent dit sous la colère ou la souffrance, l'avaient exclu d'un combat collectif qu'elle continuait pourtant de mener. Seule. Ils l'excluaient aussi du retour quand les choses seraient calmées. Pour se battre pour l'honneur d'autrui, l'Honneur tout court, elle avait endossé le rôle de paria.
Tartine engloutie -putain il est bon ce pâté !-, Cerbère pose ses mains en arrière dans l'herbe pour supporter son poids, non sans avoir un peu balayé l'air de la main au préalable.


-Alors il y a des jours avec et puis des jours sans.

Rien n'est jamais grave quand ça concerne Samsa elle-même. Cette philosophie lui permet de s'ériger un mur qui affronte et la sort de toutes les tempêtes. Définitivement, ce n'est pas pour elle qu'elle s'inquiète.

-Quant à mon petit coeur... !

Paluches se tiennent la poitrine et Samsa se laisse tomber sur le dos dans l'herbe, comédienne amusée. Quelle ironie que cette scène serait, quelques jours plus tard.

-Confondre le Secrétariat d'État et le Secrétariat Royal ! Vous ! Argh ! J'ai souffert le martyr té !

Son p'tit office chéri !
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Alcimane_
Installée dans la prairie comme une jeune enfant, elle retrouvera peut être son âme enfantine. Sans rechigner et après s'être assurée qu'aucune vipère n'avait envisagé de faire bronzette au même endroit, la Sudiste dépose son précieux séant dans l'herbe. Son regard se perd un peu dans la Robioche, juste le temps de profiter d'un petit clapotis sur un rocher avant de revenir au sujet du jour.

Par politesse, la tartine est prise mais jamais elle n'y goutera. Le dégout de cette nourriture qu'elle juge primitive et barbare ne touchera jamais son palais ! La dite tartine est déposée sur la cape, doucement et d'un léger remerciement de la tête, elle finit par sortir un petit sachet de fruit sec. Voila. Les oreilles sont ouvertes, les neurones prêtent à griller de l'hypothèse, le regard sur Cerbère d'un air de dire "parle mon enfant".

C'est donc l'autoroute de l'inquiétude.
Shawie.
Protection.

Un abricot sec fut englouti, mâché doucement, les mirettes se plissent sur certaine révélation, puis s'ouvrent d'étonnement avant de froncer de compassion.


Shawie. Votre compagne manqua t'elle de rajouter mais par pudeur, elle préféra se taire. L'évidence n'a pas besoin d'être exposée pour être sue. La question serait de savoir plutôt si elle ne détient pas plus d'information qu'elle ne laisse penser et qui pourrait faire "peur" à la Couronne ? Dans vostre courrier, vos disiez qu'elle avait franchisé Avranches pour les bretons. Qu'en est il des bretons dans tout ce bazar ? Si tôt lo monde sait que c'est per lo compte de la Bretagne, perqué ne pas s'en prendre directement aux commanditaires ?

Oh, elle posait la question mais la réponse était toute simple : manque cruel de courage. Lemerco avait pour réputation d'être un beau parleur et lors de ses longs mois passés en terre Bretonne, elle avait pu constater le phénomène "chien qui aboie ne mord pas".

Perqué la France n'a plus l'habitude et ne sait pas attaquer Samsa. La réponse est toute simple vos savez. Elle fait mal mais elle est claire. Nos sommes bien incapable d'attaquer qui que se soit de valable et, Shawie est la proie idéale. Ils savent parfaitement bien que son soutien sera moindre si jamais il l'isole tot simplement car son entourage porte une couronne. N'est il poinct ? Et vos pouvez ajouter à cela que notre Roy a un égo surdimensionné, vos avez donc le résultat d'une querelle de dominant.

Elle posa son regard, doux, bienveillant, dans le voisin sombre de Cerbère. Sombre par le contexte.

Son entourage sont des membres des Offices Royaux avec vos et surement d'autres bien nombreux, sont des Ducs et Duchesse. Des simples Dames ou pire, des voyous. Ils vos menacent perqué ils vous "tiennent" un peu plus que l'autre soutien moins blanc qu'elle peut avoir. Ils nos tiennent Samsa per nos couronnes, per nos valeurs, per nos familles. Je me mets dans lo lot sans souci. J'ai rencontré votre amie plusieurs foy. Et personne ne peut dire qu'elle laisse indifférent. Soit on l'aime, soit on la déteste. C'est comme la coriandre, pas de demi-mesure.

Quel traite à la Couronne peut se vanter d'avoir plus d'ami couronné que va nu pied ?


Et un abricot en plus dans le gosier. Un.

A côté de la Treiscan, elle sourit légèrement à la voir faire. Juliette Binoche, qui obtient l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle dans un futur lointain, n'a cas bien se tenir, Samsa lui coupe l'herbe sous le pied.


Màs pardonnez moi, j'ai .. je n'ai pas d'excuse. Reprenez une tartine cher martyr, je ne souhaite pas avoir vostre mort sur la conscience. Vos devriez ne plus vos inquiéter, facile à dire. Màs je crois que nostre amie a de bonne ressource pour sortir la têste de l'eau sans que vos buviez la tasse à côsté.
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Samsa
-Les bretons ? Un ricanement amer ponctue la question. On a laissé deux jours à ces bretons pour partir de l'armée de Shawie, on ne les a pas poursuivi, pour rien té. Ensuite, quand les bretons sont revenus dans la ville franche pour l'annexer, on a laissé deux jours pour qu'ils repartent, sans quoi ce serait grosso modo "la guerre". Les bretons sont repartis et c'est tout. Même pas une dénonciation de traités té.

"On". Elle s'excluait forcément des décisions mais les annonces, c'est sa plume qui les avait écrites. Droite, Cerbère. Et logique, bien sûr ; on ne franchisait pas du Domaine Royal sans conséquences, mais il y avait à présent cette notion de trop et d'injustice.
Cerbère porte sur Alcimane un regard chagriné. Dans cette affaire, elle revoit sa défaite aux dernières royales. "Tout ceci ne serait pas arrivé si tu l'avais emporté". Elle ne s'en veut pas à elle, mais plutôt à ceux qui se sont fait tromper, à ceux qui n'ont pas appris de l'Histoire, à ceux qui n'ont pas osé, à ceux qui pleurent et couinent aujourd'hui. Le manque de courage. La réponse, oui, fait mal. Elle met au pied du mur : que faire alors ? Que faire. Cette question qui tourne en boucle dans la tête de la Vicomtesse depuis un mois, qui cherche comment imbriquer les éléments pour que chacun s'en sorte.


-Pourquoi nous tenir ? Pour le plaisir de faire tomber ? Parce qu'en cas de guerre, c'est autant de bras qu'on ne peut plus mobiliser pardi. Nous ne sommes pourtant pas au chamboule-tout à la foire té...
... Je ne sais pas quoi faire, Alcimane... J'attends, je guette les opportunités, mais nous souffrons tous en attendant pardi. Devrais-je faire autrement ou trouvez-vous que je prends la meilleure solution à long terme ?


Voir plus loin que son museau ; n'était-ce pas, finalement, ce qu'on lui reprochait ? Endurer. Résister. Guetter. De la même façon qu'il fallait parfois avoir le courage d'affronter ceux qu'on aime pour les protéger, il fallait aussi du courage pour faire dos rond face à des situations pourtant intolérables.
Cerbère se redressa et prit la tartine délaissée pour commencer à s'en repaître.


-Elle s'en sortira, oui pardi. Tout passe. Ç'aurait pu être une des devises de Samsa ça aussi. Mais je me demande dans quel état chacun en ressortira té.

Là était la seconde question, d'où l'importance de se creuser les méninges jusqu'à l'âme. Tout le monde devait en sortir vivant, de cette tempête, mais aussi entiers, et Cerbère prenait forcément une lourde responsabilité sur ses épaules pour sortir ceux qu'elle aimait de cette situation. Combien, pourtant, la paix l'appelait-elle ailleurs, le repos en dehors de frontière du duché. Mais les abandonner, les priver de son épaule ? Nenni.

-Vous êtes sûre que vous ne voulez pas de cette tartine
-déjà entamée, certes- ? Le pâté est pourtant très bon pardi. Qu'est-ce que vous mangez d'ailleurs... ? Ce sont les friandises de Keunotor ?

Un être humain ne pouvait décemment rassasier sa faim avec ces petites choses entre les mains d'Alcimane !
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Alcimane_
Oc, j'ai effectivement pu constater que lo coup de la Bretagne est passée aux oubliettes alors que clairement, ils déclaraient la guerre. Peureux. La Bretagne est tellement isolée que je ne peux comprendre la peur que les François peuvent avoir envers elle. Elle n'est pas si organisée qu'on nos laisse lo penser.

Elle sourit doucement et se surprendra toujours de découvrir la naïveté des gens. Aucun jugement dans cette petite pensée simplement, elle, qui n'était pas dans les sphères royales, elle avait peut être le recul nécessaire que Samsa n'avait pas. Elle laisse son oreille attentive à l'élocution de son amie, sans relever pour le moment.

Et pour le coup, elle se félicitait intérieurement de ne pas faire partie du Domaine Royal. La Couronne avait des avantages mais tellement de désavantage à ses yeux. Une horreur de justification sans cesse mais surtout remplie d'obligation à sens unique.


Samsa, vos avez déjà vu beaucoup de noble rendre une Terre ? C'est per cela qu'il demande des garants. Per marquer lo coup et vos faire peur. La Couronne a et aura toujorn menacé ses vassaux. Per de bonnes ou de mauvaise raisons d'ailleurs. La plupart du temps, lo noble en question ravale sa fierté et l'histoire se termine ainsi. Quel noble est allé assez loin en disant "merde" et en rendant tôt ? Trop peu.

Les menaces marchent dans un sens màs pas dans l'autre. C'est ainsi.
Fatalité. Sous d'autre Règne, cela ne serait jamais passé. Une guerre aurait éclaté.

Votre tour viendra pensa t'elle.

Rassurante, elle posa une main sur l'épaule Cerbertienne, doucement, la pressa légèrement. Elle prit son inspiration, terminant de mâcher un petit fruit sec.


Vos devriez laisser Shawie faire ce qu'elle sait faire de mieux : se sortir de situations loufoques et grotesques. Ce n'est pas moi qui vais vos apprendre à la connaîstre. Je suis déjà certaine qu'elle a un tour d'avance dans sa manche. Bien caché possiblement màs, vos devriez lui faire confiance et vos, prendre du recul car finalement, vos n'y pouvez rien. Que cela vos ronge, je peux lo concevoir màs ce n'est pas une tape sur les doigts qui va lui faire courber l'échine. Et j'aime à croire que vos êtes plus solide que cette bande de branque.*

Sa main est reportée devant elle, la secouant en guise de réponse pour la tartine. Elle avait l'impression d'avoir devant le nez de la pâté pour chien. Quelque chose entre un vomi et un excrément. Et l'exagération était légère ! L'odeur pouvait rapidement la rendre malade et un petit vomi sur le tarmac ferait mauvais genre.

Je ne mange pas de pâté.
Ni de viande.

J'ai une sainte horreur du sang. Ô, n'allez pas me dire qu'une foy cuite, elle ne saigne plus. Si je ne suis pas obligée d'en manger, je m'en passe volontiers màs je savais que vos aimiez cela.


Passant du coq à l'âne.

Si je vos mandais un cheval tranquille per apprendre à monter à une adulte, vos auriez ça dans vos écuries ? N'allez pas me sortir un poney. Il s'agit d'une adulte qui va apprendre. Je me demande d'ailleurs comment l'on peut ne pas savoir monter à cheval.


* fou.
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Samsa
-Je sais bien pardi. C'est ça qui me rend malade aussi ! Surtout.

C'est un jeu d'ombres et de lumières, un jeu de dupe. L'Histoire regorge d'anecdotes du genre, comme cette bataille des siècles plus tôt, où des assaillants réussirent à éviter un siège en frappant sur leurs boucliers à la nuit tombée, après avoir allumé plus de torches qu'ils n'étaient véritablement. Les défenseurs, persuadés d'avoir devant eux une armée immense, rendirent la ville. Des siècles plus tard, un certain Albert Roche userait d'un stratagème similaire dans les tranchées face aux allemands. Au milieu, Samsa Treiscan, combattante émérite, connaissait la technique et ne se laissait pas berner par l'ombre plus grande que le sujet.

Elle laissa la main amie la soutenir d'une pression à l'épaule, abattue cependant. Tenir par les terres, perdre potentiellement de la force de frappe, restait idiot dans son esprit. "Le noble en question ravale sa fierté et l'histoire se termine ainsi". La France l'avait fait, comme un vulgaire vassal refusant de rendre sa terre -de partir en guerre. Était-ce cela, la terre des royaumes ? La guerre ? Pauvre couronnés. Et dire que Cerbère, ne croyant pas en la Malédiction, pensait être condamnée à ne jamais pouvoir montrer l'exemple. Pas question d'être va-t-en guerre, mais d'agir simplement avec Honneur, Courage et Loyauté.

Samsa releva les yeux vers Alcimane, le brun abattu de ses yeux s'adoucissant. Shawie avait-elle un joker dans la manche ? Quoi qu'il en soit, elle lui en voulait à ce moment-là, l'Espagnole, de ne pas se dresser à ses côtés. Et Samsa s'en voulait de voir qu'elle ne pouvait pas gagner le combat de cette façon. C'est sous les fondations qu'elle devait creuser. C'est sous les fondations qu'elle creusait. On la pensait planquée sous terre comme une pleutre alors qu'elle suait sang et eau. "Ne les écoute pas", lui disait la voix de la raison ; "tu fais ce que tu dois et ils ne le savent pas". D'accord, oui, effectivement, son travail de sape porterait bientôt ses fruits. Mais derrière, en attendant que leur amertume passe, qui gérait ces mots venant du camp ami ?
Ne rien faire. Enfin, si : faire confiance. Les autres peuvent s'en sortir sans elle, sans Cerbère. Bien sûr. Samsa ne s'imagine pas indispensable. Pourtant, il y a quelque chose qui la touche dans ce conseil d'Alcimane, dans cette histoire de confiance ; peut-être que c'est là que se trouve son salut. Peut-être parce que c'est ce qui lui manque pour trouver sa place dans cette affaire : considérer les autres. Ne pas tout prendre sur ses épaules. Accepter qu'ils apportent leur force.

La Vicomtesse détourna le regard, les paroles amies faisant leur chemin dans son esprit, hissant seconde après seconde les pierres de la future digue de protection, posant couche après couche un onguent bienfaisant. Être solide, plus que cette bande. Oui, bien sûr ; quelle menace extérieure saurait ébranler Cerbère ? Aucune, sans doute. Mais la participation de son camp contre elle, par manque de confiance en elle pour le coup, c'était comme un tacle à l'arrière des genoux, et Cerbère n'est que colosse aux pieds d'argile.

Samsa revint à elle, regarda le pâté et haussa un sourcil pour Alcimane avant de sourire avec amusement. Sauter du coq à l'âne, elle savait faire aussi. Des années d'expérience.


-Oui, je vais le dire, le pâté ne saigne pas pardi.
Vous saviez que j'aimerais parce que c'est moi ou parce que tous les combattants aiment les trucs à base de viande ?
demanda-t-elle avec le même amusement en se refaisant une tartine avant de s'appuyer sur un bras en dossier, croquant de nouveau dans le pain agrémenté, pour réfléchir à la demande.

-De toute façon, je n'ai pas de poney pardi.
Un cheval tranquille, oui, je dois avoir deux ou trois juments qui pourraient correspondre. Elles sont plus calmes et froides que les étalons.

Je me demande aussi mais, bien que roturière, j'ai grandi dans un élevage de chevaux, alors ça ne compte pas trop j'imagine té. Qui est cette jeune adulte ?

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Alcimane_
Sentant la Treiscan partir loin, la Malemort resta silencieuse. Parfois il a du bon de ne pas surenchérir et laisser pousser la petite graine plantée. Le silence ne lui faisait pas peur, au contraire, il avait quelque chose de rassurant. Du moins au moment P. Dans quelques semaines, elle regrettera d'avoir pensé cela.

Quand vous entendez des sabots, vous dites cheval avant zèbre n'est il pas ? Et bien, lorsqu'on dit Cerbère, l'on pense à viande avant de dire haricot.


Hum non, il me semble tot simplement que la dernière foy, je vos en avais proposé et que vos aviez dit aimer cela. Du pâté et du saucisson d 'ailleurs. Attendez vos à en recevoir un panel à chacune de mes visites. Màs peut êstre aussi parce que tos les combattants aiment la viande oc aussi. C'est une généralité dont je n'use que rarement. Je vos épargne cette lubie des blettes du Duc de Cui.

Portant son regard sur les cheveux Cerbertiens, elle rajouta :

Et en parlant d'extravagance, où se trouve vostre barrette verte que je ne vois nullement dans vos cheveux ?

Faussement offusquée.
Peut être même que Cerbère ne s'en rappelait pas de ce présent tout à fait inutile. Mais il y avait un petit jeu instauré malgré elles entre les deux femmes. D'ailleurs, en y songeant bien, Cogotois ne se rappelait même pas la raison de leur première rencontre. La vente de Chiron peut être. Le traité. Cette histoire de castor qui était devenu emblématique et sans doute narré dans tout le Royaume. Elle en était certaine.

Terminant un dernier fruit sec, elle se mit à réfléchir. Quel âge avait Jenna ? C'était malheureux de ne pas connaître l'âge de sa seule vassale. Elle avait toujours espéré une relation fusionnel mais parfois la réalité est bien loin des désirs.


Jeune adulte. Pas tant que cela. Je crois qu'elle doit avoir lo mesme âge que moi te. Il s'agit de ma vassale qui m'a, avouer ne pas savoir monter à cheval. Vos imaginez bien ma teste alors que je lui mandais de venir avec moi per jouter. J'ai toujours voulu avoir des vassaux ... fusionnels, présents, amis tout simplement. La tâche semble ardue.

Elle se tût.

Un jument adonc.
Lorsque vous aurez finis vostre immonde pâté.


taquine.

Dans mon courrier, je vos parlais d'une chasse à la hache me semble t'il. L'invitation est posée officiellement. Allez vos embarquer quelqu'un avec vos ?
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Samsa
-Oh, oui. Très juste pardi. Ici dans le Perche, nous n'avons pas vraiment d'identité gastronomique : du boudin noir -que vous n'aimerez sûrement pas puisque c'est du sang cuit !-, du calva, du cidre... Je vous en donnerai avant que vous ne repartiez. On aime bien les pommes. Enfin, eux ; moi je préfère les carottes té.

Évidemment.

-Je n'ai jamais compris la fascination d'Eoghann pour les blettes : c'est moche, ça n'a pas de goût, et ça a un nom ridicule té.

Hé bien quoi ? C'est vrai.
Devant la question faussement offusquée d'Alcimane, Samsa sourit en coin et rentre dans leur jeu.


-Pour le moment, elle trône fièrement sur mon bureau car j'ai coupé la principale mèche rebelle qu'elle avait pour mission de retenir ; ne l'avez-vous point remarqué pardi ?

Spoiler : il n'y en a pas et il n'y en a jamais eu. Mais ces petites taquineries, ces gentils faux-semblants d'indignation, le tout avec un sérieux presque plausible pour tout œil extérieur, c'est leur complicité à elles, et c'est aussi ce qui fait leur amitié. Comme une façon particulière de se parler et de se comprendre, Cerbère en appréciait la particularité.
Elle entend ainsi le regret d'Alcimane, celui qu'elle ne dit pas, à propos de la relation qu'elle entretient avec sa vassale dont elle n'est même pas sûre de l'âge. Samsa ne penche pas la tête de côté, mais elle pourrait : est-ce sur la vassalité qu'Alcimane espérait construire son amitié, pour anoblir sans être dans la certitude de l'âge de Jenna ? Pourquoi pas ; la pensée ne va pas au reproche. Samsa et Lucie avaient presque construit l'entièreté de la leur ainsi -la preuve que c'était possible. Mais il y avait quelque chose avant, quelque chose qui manque peut-être cette fois, à entendre le silence d'Alcimane.


-Cette personne... vous n'avez pas l'air de bien la connaître té. Vous espérez que votre lien de vassalité soit comme un mur sur lequel la plante pourrait grimper ? Ça peut. Mais encore faut-il que la graine soit plantée et qu'elle ait commencé à grandir, ne pensez-vous ? "Pas de bras, pas de chocolat" comme qui dirait. Qu'en est-il de votre cousine ? Vous m'avez l'air très proches toutes les deux.

A la place d'Alcimane, c'est à elle qu'elle aurait pensé en premier. Mais tellement de choses pouvaient différer. Il suffisait d'un refus sur la base du principe, ou de considérer que la famille, ce n'est pas pareil, et le lien, pourtant semblable à un autre, pouvait être perçu totalement différent -et à raison, en soi.
La tartine est terminée et la Vicomtesse se lève, s'époussetant avant de tendre la main à son homologue pour l'aider à se relever. Pain et pot sont ramassés, cape pliée sur un bras -la flemme de la secouer et de la remettre, pour l'instant.


-Vous m'en avez finalement peu dit sur cette chasse ! Quel sera le gibier ? Où, quand té ? C'est important pour déterminer qui aurait l'heur d'être embarqué.

Elle sourit avec amusement sur la route retour du château. Direction les basses-écuries, où se trouvent les deux équidés que Samsa a en tête. Sur le chemin, Cerbère tourne la tête vers l'amie armagnacaise en passe de devenir auvergnate.

-Vous sentez-vous seule, Alcimane ?

La question n'est pas vilainement curieuse, pas non plus dans l'alarme ; c'est une question de sollicitude profonde qui se veut douce. Rien à voir avec le côté sentimental amoureux -encore que pourquoi pas, mais le sens premier de la question n'est pas là. Baronne de Longny a tourné et retourné la mention de cette seule vassale à la relation plutôt décevante dans sa tête. A cela s'ajoute le départ d'Alcimane en Bourbonnais-Auvergne, accompagnée seulement de sa cousine et de sa déception apparemment quasi totale du comté sudiste ; aucune mention de personnes regrettées, laissées derrière. Alors Samsa s'interroge surtout, mais s'inquiète aussi.
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Alcimane_
Si elle pouvait soupirer indéfiniment, elle l'aurait fait pour terminer toute raplapla. Dans ce dégonflement, elle aurait tout de même acquiesce pour l'obtention de calva et de cidre. Ne pas perdre le nord même quand vous êtes relativement paumée.

Oc, effectivement, je me suis rendue compte de vostre nouvelle coupe de cheveux en mesme temps que je lo disais. J'ai ouïe dire une nouvelle mode sur Paris, celle de se mettre des bigoudis dans les cheveux humides per qu'ils tiennent enroulés per la suite. Ça doit être à ravir.

Ravissant ...

J'ai connu Jenna au conseil. Elle n'a jamais porté les membres de ma famille dans son cœur, bien au contraire. Màs j'ai pu travailler avec elle de nombreux moy, et j'ai pu découvrir une femme avec du tempérament qui n'éstait pas toujorn d'accord avec moi. Puis finalement, la vie à fait lo reste et j'ai pu apprécier certains côstés.

Vos savez, j'ai toujorn l'impression de planter la graine màs que ça ne prend jamais. Je m'estais jurée de ne prendre Vassal que sur un choix judicieux et réfléchit. Il est tellement dur de faire confiance que je n'ai qu'elle per lo moment. Je veux de la proximité, de l'engagement, de la confiance, des confidences. Jenna est investie per lo Comtat natal certes, je ne lui reproche rien. Ça peut porter à confusion vu la façon dont j'en parle. Màs j'aurai voulu plus.


Puis elle se tût. Le reste de sa phrase restera plantée dans le fond de sa gorge, et son regard se fera perplexe sur la Maitresse des lieux.

Ma cosina.

Les deux pieds dedans Cerbère, bravo.
Une belle droite.
Long sujet épineux et douloureux pour la Malemort qui fait tout son possible pour garder la tête hors de l'eau. Comment pourra t'elle avouer ouvertement les sentiments déchirants qu'elle peut éprouver pour celle qui est sa cousine. Indélicatesse que d'y penser, d'y songer. D'y rêver parfois. Est ce que ça fait d'elle une horrible personne ?


Je suis très proche d'elle. Trop ? Pas assez à son goût. Elle souhaite me prendre per vassale. J'ai toujorn décliné.

Voila.
Elle tend la main pour se relever.


A vrai dire, je n'ai pas très bien compris cette histoire de chasse à la hache. J'ai dis oc per lui faire plaisir vos voyez. J'ai simplement compris qu'il tenait sans doute à nos montrer l’excès de compétence qu'il pouvait avoir avec lo maniement de hache. Démonstration de sa virilité sans doute ! Je taquine. Cui est de bonne compagnie. Sur mes terres. A la hache. En fin de semaine ? Surement per de la biche ou du sanglier, je ne sais ce qu'il compte attraper.

Emboitant le pas de la Treiscan, détendue du pompon, elle ne verra pas arriver le second round.

Uppercut du droit. Outch !


Berdol Samsa, je fais tant que ça désespérée ?

Bien sur qu'elle se sent seule mais la fierté sudiste est encore trop présente pour qu'elle avoue ouvertement ce point. Oui, il lui fallait trouver de l'occupation et de la compagnie autre que les opiacés qu'elle s'enfilait dans le cornet. Ça rime, poil au nez.
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Samsa
Samsa a esquissé un petit sourire au récit de la rencontre entre Jenna et Alcimane. Jenna, d'ailleurs, elle en avait entendu parler par un petit poulain en Armagnac et Comminges. Quoi qu'il en soit, ça lui rappelait un peu sa rencontre avec Chimera, une amitié construite dans le travail -et pourtant, qu'est-ce que c'était mal parti. Cerbère a hoché la tête.

-Je suis persuadée que c'est une travailleuse qui vous fait honneur té. Même si elle ne sait pas monter à cheval.

Un sourire amusé et gentil avait pointé. Samsa ne doutait nullement du bien-fondé du choix d'Alcimane pour sa vassale, bien que la raison pour laquelle on prenait vassal lui restait assez obscure. Elle avait compris quand Lucie lui avait demandé, des années auparavant, parce qu'avoir Cerbère de son côté pour protéger ses terres, c'était quand même un avantage -et ce sont les angevins qui le disent !-, mais à part ça... Le lien de vassalité altérait, à ses yeux, la relation d'égalité dans l'amitié -même si pour certaines, dont celle de Samsa et Lucie, la notion n'existait pas de base parce que la vie faisait que. La vie, d'ailleurs, lui montrait souvent qu'elle avait tort de le penser, mais son Honneur refusait pourtant de se plier à la pratique, tout comme il lui interdisait d'avoir plus d'une seigneurie issue de mérite.
Le sujet de la cousine d'Alcimane semble lui aussi particulier, mais plus que le précédent. Il y a des silences, des non-dits, volontaires ou pas. Samsa s'est étonnée que son amie, faisant grand cas de l'amitié vassalique, ait refusé de s'y plier pour sa cousine : était-ce par un principe quelconque, comme elle, ou pour autre chose ? Elle ne demandera pas ; devant la contradiction, si Alcimane avait eu envie de développer, elle l'aurait fait, et si Samsa n'a pas eu conscience de mettre les pieds dans le plat au sujet, elle a perçu cette fois qu'elle le ferait en demandant pourquoi.


-Quand j'étais petite, mon père m'a appris à me servir d'une hache. Bon, c'était pour couper du bois de chauffage mais j'imagine que c'est mieux que rien té. Disons qu'à priori, je ne me blesserai pas moi-même. Je viendrai donc avec plaisir. Pourvu qu'on ne chasse pas des blettes té...

Quelle chasse trépidante ce serait... !
Devant les basses-écuries, Samsa se retourne vers Alcimane et lui sourit gentiment.


-Point désespérée pardi. Mais chagrinée.

Elle n'en dira pas plus en l'instant, plantant elle aussi petite graine de réflexion que la Vicomtesse Armagnacaise pourra développer plus tard, ou pas. Même dans une situation délicate elle-même, Cerbère trouve toujours à faire son Cerbère, flair aux aguets.
Elle passa le pas de la bâtisse, désertée par les palefreniers et les gardes en cette heure de déjeuner, et mena la sudiste devant un box d'où une jument alezane releva la tête en mâchonnant sa paille. A côté d'elle, un jeune poulain de pas encore un an prenait son déjeuner aux mamelles maternelles.


-Il y a ici Artémis et son petit, Sagramor. Il sera sevré d'ici quelques mois alors elle ne pourra pas partir tout de suite. Elle a sept ans, une bonne maturité, son père vit ici. C'est une jument de travail bien sûr mais elle est très gentille et généralement, les premiers poulains assagissent pardi.
Juste à côté -ordre alphabétique, c'est pratique-, c'est Automnale. Elle est un peu plus petite vous voyez, plus courte. Je l'ai achetée quand elle avait sept ans, elle a eu un poulain -un peu plus loin- qui a trois ans maintenant té. Plus âgée, elle est plus tranquille ; ce serait une très bonne jument d'apprentissage à mon sens mais je doute qu'elle excelle aux joutes -sans dire qu'elle sera mauvaise, car c'est un cheval pour ma garde tout de même, elle a l'habitude du bruit et des mouvements larges. Avantage, elle n'a pas eu de poulain récemment pardi.


Cerbère s'accouda à une des portes.

-Tout dépend de vous, si vous cherchez plutôt un cheval disponible dès à présent, si vous cherchez un cheval d'apprentissage et de joutes ou plutôt orienté que d'un côté... Cela dépend aussi de la taille de Jenna !

Les paramètres, c'est important pour faire le meilleur choix. Peut-être aussi qu'aucune ne plairait à Alcimane ; qui a dit qu'on trouvait toujours ce qu'on cherchait du premier coup ?
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Alcimane_
Elle n'avait jamais voulu avoir une ribambelle de vassaux. Non, c'était précieux un vassal. D'ailleurs, elle n'en avait qu'une. C'était une confiance aveugle en lui/elle, une part de soi qu'on offre à une tierce personne. Précieux cadeau de confiance mutuelle qui fait peur finalement. Pour elle, le lien était sacré et non pas donné au premier pécore venu, réclamant une terre par ambition. Oh, la Malemort n'avait rien contre l'élévation sociale à partir du moment où elle était méritée. Elle qui était née dans un milieu privilège, jamais elle ne s'excuserait de cela.

Vaste sujet que le mérite. Changeant suivant le point de vu et les critères. Mais les relations ne peuvent se forcer.


Étant donné que les chasses se passeront sur mes Terres, je vos assure qu'il n'y a poinct de champs de blettes à des lieues à la ronde. J'ai d'ailleurs ordonné un décret contre cette chose immonde.

Je pense que vos y trouverez du gibier plutôt. Màs, à la hache ? Je resterai derrière vos si vos lo permettez.


Comment pouvait on chasser un goret à la hache ? Barbare. Mais connaissant Cui et les idées farfelues qu'il pouvait avoir. Elle s'attendait à tout. Devant le box, elle songea. La petite graine était en train de pousser.

Lorsque vos viendrez, vos n'aurez cas me présenter lo petit gilet per Keutrotruc. N'oubliez pas que je vis en Auvergne maintenant. Lo grand froid. Vos êtes responsable de lui faire tricoter un gilet de laine bien douillet.

Pointant du doigt.

Je cherche un cheval disponible dès à présent. Pas spécialement per les joutes bien sur. Ma vassale ne sachant pas monter à cheval, il sera présomptueux de la lâcher en pleine lice. Apprendre tranquillement dans un manège, prendre contacte avec l'animal et arriver à monter dessus sans avoir peur, voila per lo début.

Automnale, c'est cela ?


Elle lui semblait parfaite.
Restant droite à côté du petit bœuf, mains dans le dos.


Est ce que vos vos sentez seule Treiscan ? Vos me posez la question màs je vos la retourne. Estre entourée ne change rien au sentiment de solitude parfoy. Il est mesme pire de se sentir tant à l'écart.
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Samsa
Chasser à la hache, c'était effectivement barbare. Surtout quand, comme Samsa, on considérait que les armes de jet étaient déloyales et qu'on ne lançait donc pas des francisques. Donnez une lance à Cerbère et elle cavalait derrière le daim -à cheval, hein- pour le planter avec. Donnez-lui plutôt un arc et votre estomac grognera sa faim longtemps. Avoir des principes mène immanquablement à tuer son instinct de survie -n'en est-ce d'ailleurs pas le principe même ?

-Je vous protègerai donc de toutes les bêtes cornues que nous croiserons avait-elle répondu en souriant. Et bien sûr, Keunotor sera bien couvert pardi. Quel est votre numéro favoris dites-moi ?

Automnale, constatant qu'on parlait devant son box, avait relevé la tête quelques secondes d'un air placide avant de retourner à sa nourriture. Un nouveau destin semblait l'attendre et Samsa savait qu'elle remplirait son nouveau rôle avec brio. On pouvait tout faire avec cette jument.


-C'est cela té. La tranquillité incarnée.

Samsa détourna son regard de la jument pour revenir à Alcimane. Un sourire en coin passa brièvement sur son visage ; Alcimane cherchait-elle a esquiver le flair de Cerbère ? Peut-être, mais la Baronne des lieux sait bien que l'Armagnacaise s'enquiert sincèrement.

-Seule, hein ?

Elle connait la réponse mais y réfléchit quand même parce que la vérité est loin d'être toute noire ou toute blanche. Elle a la chance d'être appréciée de bien des gens, d'avoir, en presque tout coin du royaume, une âme amicale, d'être soutenue dans ses entreprises ; elle mesure tout cela. Pour autant, chacun a sa vie, ses aspirations, sa position, et le caractère réservé de Cerbère, plus centrée sur les autres que sur elle-même, la conduit forcément à quelques chemins solitaires.

-A vrai dire... non pardi. Cela m'arrive bien sûr, quand je ne me sens pas comprise par exemple, mais je crois que c'est une solitude alors choisie parce qu'elle émane de choix. Je crois que dans ces moments-là, c'est plus supportable que d'être mise à l'écart té.

Comme dans cette affaire avec Shawie où, par son attitude, Samsa s'était isolée, coupée de toute sympathie au point d'être rejetée. Ses choix l'entrainaient parfois à la solitude mais le devoir qu'elle ressentait lui donnait la force d'avancer, coûte que coûte. La vérité, c'est que si Cerbère regardait autour d'elle, elle se sentait loin, si loin de ceux qui l'aiment. Il lui fallait toujours avancer vers un objectif, fixée droit devant, tendant la main à ceux qui étaient sur le bas-côté. Jamais elle ne devait se retourner et se regarder trop longtemps, de crainte de revoir tous ces morts, de mesurer sa propre solitude malgré le nombre qui la suivait, de voir le sang perdu à cause de ses blessures et de ses plaies qu'elle ne prenait souvent pas le temps de soigner, de soupirer devant tout ce qu'elle ratait consciemment de la vie, et de, peut-être, ne jamais pouvoir repartir. Et qu'adviendrait-il alors de tout ce qu'elle portait pour les autres ? Elle est trop brisée pour vivre ainsi, pour autre chose que les autres ; elle les sert, Cerbère.

-Vous savez, il y a bien longtemps que j'ai cessé de vivre pour moi-même pardi. Ce qui compte à mes yeux, c'est d'être capable d'avancer, pour les autres. Tant que je peux faire ça, ça va té.

Elle ne se sentait même pas le droit de se sentir seule ; n'aurait-ce pas été ingrat de sa part ? Avait-elle seulement le droit de ne pas être bien ? A ses yeux, non. Cerbère doit toujours être debout pour les autres, et, cercle vertueux bien pratique, c'est en servant les autres qu'elle se sent bien. Elle sait pourtant combien les attentions la concernant la touchent, la renforcent et la relèvent, comme Alcimane ayant fait détour magistral pour venir la voir ; elle sait combien elles sont importantes pour elle. Mais si elle mettait ces actes au centre de son bien-être, la dépendance créée deviendrait vite trop grande pour être satisfaite, et le risque de se détourner des autres lui semblait trop important. L'équilibre ? Elle l'avait trouvée dans ce déséquilibre même.

-Mais vous ne m'avez pas répondu, je n'ai pas oublié té ! Me direz-vous ?

Les échanges vont dans les deux sens, conventionnellement parlant, mais Cerbère n'est guère intruse. Si elle s'accroupie avec bienveillance pour voir si la petite graine a déjà fait un chemin, elle ne creusera en revanche pas dans le cas où le fruit de la réflexion amie ne s'offrirait pas à elle.

-Vous restez un peu à Longny, n'est-ce pas pardi ? Le temps de vous nourrir, de vous reposer... Et puis profiter de la chaleur percheronne ! Parce qu'en Bourbonnais après, hein...

Les stéréotypes ont la vie dure. C'est presque fait exprès, alors que Samsa sourit avec malice à Alcimane. Se laissera-t-elle tenter par un peu d'oubli et de légèreté sur les terres longnyciennes ? C'est là le geste de Cerbère, qui se veut très innocent derrière la logique de ne pas repartir dans l'immédiat, pour égayer le cœur de l'homologue.
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Alcimane_
Voila, protégez moi. Vos semblez vos parfaire dans ce rôle de protectrice. Ça résume bien. Mon numéro préféré. A vrai dire que je n'y ai jamais songé. 2. C'est pas mal 2. Per lo gilet, n'oubliez pas que je ne suis pas spécialement friande du blanc surtout.

Elle forma une moue avec sa bouche se demandant s'il y avait une bonne ou une mauvaise réponse à cette question. N'étant pas joueuse, elle n'avait pas de martingale prédéfinie, ou de croyance. Un numéro favoris ? Deux. Parfait. Automnale s'approcha doucement des deux femmes et la Sudiste déposa une petite caresse rapide sur l'animal. Sur le cheval, pas sur Cerbère !

Si Automnale peut êstre vendue, alors je m'en fais propriétaire. Je vos assure qu'elle sera tout aussi bien traitée que Chiron.

Ah Cerbère. Presque comme un livre ouvert. Presque. La femme était tout de même plus compliquée et complexe qu'un vulgaire bouquin ouvert aux quatre vents. Mais, elle le portait sur elle même cette envie de protéger, de vivre pour autrui ou même de se sentir utile à porter le fardeau des autres. La couverture du livre aurait pu être " Samsa la Dévouée", que cela n'aurait étonné personne.

Cette amitié là valait tout l'or du monde ou même tous les détours du monde.


Vous vivez per les autres. C'est une façon de vivre. Màs je crois sincèrement que vos méritez un peu mieux. Vos estes dévouée à vos amis, vos proches, màs lo sont ils per vos ? Après tot, si vostre équilibre se trouve dans vostre dévouement per les autres, perqué pas. C'est un peu triste quand mêsme. N'ayez jamais la prétention d'estre une épaule solide pour chacun, vos y laisserez la santé.

Bien sur qu'elle ne répond pas. La question était des plus simples et pourtant la réponse avait du mal à sortir de sa bouche. La Malemort se redresse avant de quitter le devant du box de sa future jument, portant une main à l'épaule voisine. Effleurement seulement.

Oc, je vais rester un peu.

Vos n'estes pas obligée de rester avec moi toute la journée.
Je trouverai bien des choses à faire pendant que vos vaquerez aux occupations qui vos incombe. D'ailleurs, il me faudra vos dire qu'en Auvergne, l'on mange du poisson au lait. Certains font même crémer lo lait qu'ils étalent sur une tartine de pain, lo tot avec du poisson.


Ceci étant dit.

M'autorisez vos à aller faire un tour avec Automnale sur vos terres ?
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Samsa
Le chiffre deux. Samsa aussi aimait bien le chiffre deux. Il lui avait, de mémoire, toujours été favorable. Le deux et le six. Keunotor porterait donc le numéro vingt-six, comme -signe du destin !- son score aux royales passées. Parfait. La coïncidence fit sourire Samsa, qui hocha finalement la tête à Alcimane.

-En ce cas, considérez-la comme vous appartenant pardi. Je ne doute pas qu'elle sera entre de bonnes mains.

A la réponse d'Alcimane la concernant, Samsa l'observa de profil. Elle n'était pas la première à l'enjoindre à prendre soin d'elle, ne serait certainement pas la dernière. En général, Cerbère répondait au choix "jamais !" ou "c'est ce que je fais", selon l'humeur du jour. Sa santé, elle en était persuadée, suivrait toujours, tant que la volonté serait là. Imbécile. Quant au retour d'autrui... leur bonheur n'était-il pas sa récompense ? Rien ne pouvait aller mal pour elle quand les autres allaient bien, pensait-elle. C'était souvent vrai, forcément, mais il arrivait toujours des exceptions. Cerbère finit par sourire à Alcimane et répond avec douceur à la question :

-Dévoués, je ne leur demande pas ; je ne veux pas pardi. Quant à être là... vous l'êtes, vous.

Et si la main d'Alcimane lui effleure juste l'épaule, celle de Samsa se pose avec assurance sur l'épaule de la Malemort, autant pour la rassurer que pour la remercier. Parfois, les gestes suffisent et évitent les répétitions trop fréquentes des mots. Parfois, aussi, ils sont plus forts. Parfois, encore, ils font passer plus que les mots ne le pourraient, comme ce soutien et ce réconfort au silence que l'amie lui opposera pour sa propre situation, un "moi aussi, je suis là" qui a le mérite, en n'étant pas dit explicitement cette fois-là mais exprimé plutôt avec douceur, de préserver une estime autant que des plaies douloureuses.

Samsa haussa un sourcil à la recette étrange qu'Alcimane lui révélait. Une recette si étrange qu'elle concurrençait le "rosé" de Provence, tout de même ! Elle la dépassait même probablement, à la réflexion, parce qu'autant le "rosé" était une hérésie avant d'être immonde -probablement, Samsa n'avait jamais goûté mais ça ne pouvait qu'être !-, autant du poisson au lait devait être immonde avant d'être une hérésie.


-Cela a l'air proprement abject pardi. Franchement, je me demande comment l'idée leur est venue. ... Non en fait, je crois que je ne veux pas savoir pardi.

Hyerk.

-Bien sûr pardi. Entrez, je vais chercher ses affaires.

Laissant Alcimane à l'invitation de pénétrer dans le box, Cerbère s'éloigna pour gagner le fond de la bâtisse, là où se trouvait la sellerie. Elle embarqua la selle sur une épaule et la bride sur l'autre et revint à la stalle d'Automnale.

-Vous voulez monter en ayant mangé que des friandises de Keunotor té ? Vous n'avez pas faim ? Me faites pas une syncope en selle, hein !
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