Samsa
Ce n'est qu'une fois en haut du coteau que Cerbère avait pris le temps de répondre, debout sur ses étriers pour montrer toute sa vaillance - et profiter du paysage, tant qu'à faire.
-Je suis pourtant toujours sur mon cheval pardi !
Était-ce plutôt de sa faute si le sol n'était pas droit ? Si le mouvement rotatif avait été entamé pile à ce moment-là ? Pas du tout, évidemment. Il était vrai néanmoins que Samsa pouvait avoir la délicatesse du dit éléphant dans le dit magasin de porcelaine, sans que cela, heureusement, n'aie grande incidence - le plus important était de toute façon toujours la bolinette sauvée.
-Ce n'est pas bien de mentir à notre castor, Alcimane. Il vous en voudra beaucoup le jour où il apprendra la vérité, à savoir que vous me battiez, que vous avez fini par me chasser parce qu'un soir j'ai mal essuyé la vaisselle et que vous avez caché toutes les lettres que je lui envoyais depuis le Pont-Saint-Michel où je mendiais pour survivre et payer le parchemin sur lequel j'écrivais avec de la crotte de rat séchée parce que l'encre coûtait trop cher pardi...
Toujours plus dans le drama et l'impossible. La surenchère, parfois, c'est la vie.
A la réflexion d'Alcimane sur ses braies blanches, Cerbère esquisse un sourire. Elle n'a pas le temps de répondre - elle ne l'aurait probablement pas fait - que la vicomtesse du sud talonne pour repartir devant ; mais qui a l'idée d'une course après une montée !
-Mah !
La triche ! Samsa n'était même pas dans le bon sens pour partir ! Aussi vite qu'elle le peut, elle réoriente Nemain pour prendre la suite d'Alcimane. La pente qu'elles empruntent est plus douce mais l'alençonnaise, plus lourde que sa comparse pour bien des raisons, ralentit la jument grise qui pourrait plus facilement être emportée vers l'avant. Elles sautent quelques bocages, effraient des moutons que leurs canins gardiens protègent en aboyant, foulent de jeunes pousses et fleurs sauvages, et Cerbère a beau se coucher sur l'encolure de Nemain lorsque le plat redevient presque total, Alcimane a pris une avance que sa légèreté lui garde. Elles dépassent la petite ferme de la Talboudière, celle de la Sauvagère deux cent mètres plus loin, pour arriver au hameaux du Val du Tellier.
-Ah, vous avez gagné pardi ! Ma pauvre monture ne me portera pas plus loin à cette allure.
C'est malin de porter une cotte de mailles pour faire la course dans des reliefs, surtout avec un cheval dont la stature n'est de base pas bien taillée pour. La Baronne met pied à terre et fait un signe rassurant aux serfs non loin qui ont relevé la tête de leur travail printanier, inquiets et intrigués de voir la cheffe débarquer à vive allure. Ils s'en retournent et Samsa se passe la main sur l'arrière des cuisses.
-Au moins ça aide à sécher pardi... Il y a du mieux, je passe de mouillée à humide.
Voulez-vous boire un godet au relai ou repartir tranquillement vers Longny té ? Si vous prenez la première option, je vous le payerais car vous êtes mon invitée.
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-Je suis pourtant toujours sur mon cheval pardi !
Était-ce plutôt de sa faute si le sol n'était pas droit ? Si le mouvement rotatif avait été entamé pile à ce moment-là ? Pas du tout, évidemment. Il était vrai néanmoins que Samsa pouvait avoir la délicatesse du dit éléphant dans le dit magasin de porcelaine, sans que cela, heureusement, n'aie grande incidence - le plus important était de toute façon toujours la bolinette sauvée.
-Ce n'est pas bien de mentir à notre castor, Alcimane. Il vous en voudra beaucoup le jour où il apprendra la vérité, à savoir que vous me battiez, que vous avez fini par me chasser parce qu'un soir j'ai mal essuyé la vaisselle et que vous avez caché toutes les lettres que je lui envoyais depuis le Pont-Saint-Michel où je mendiais pour survivre et payer le parchemin sur lequel j'écrivais avec de la crotte de rat séchée parce que l'encre coûtait trop cher pardi...
Toujours plus dans le drama et l'impossible. La surenchère, parfois, c'est la vie.
A la réflexion d'Alcimane sur ses braies blanches, Cerbère esquisse un sourire. Elle n'a pas le temps de répondre - elle ne l'aurait probablement pas fait - que la vicomtesse du sud talonne pour repartir devant ; mais qui a l'idée d'une course après une montée !
-Mah !
La triche ! Samsa n'était même pas dans le bon sens pour partir ! Aussi vite qu'elle le peut, elle réoriente Nemain pour prendre la suite d'Alcimane. La pente qu'elles empruntent est plus douce mais l'alençonnaise, plus lourde que sa comparse pour bien des raisons, ralentit la jument grise qui pourrait plus facilement être emportée vers l'avant. Elles sautent quelques bocages, effraient des moutons que leurs canins gardiens protègent en aboyant, foulent de jeunes pousses et fleurs sauvages, et Cerbère a beau se coucher sur l'encolure de Nemain lorsque le plat redevient presque total, Alcimane a pris une avance que sa légèreté lui garde. Elles dépassent la petite ferme de la Talboudière, celle de la Sauvagère deux cent mètres plus loin, pour arriver au hameaux du Val du Tellier.
-Ah, vous avez gagné pardi ! Ma pauvre monture ne me portera pas plus loin à cette allure.
C'est malin de porter une cotte de mailles pour faire la course dans des reliefs, surtout avec un cheval dont la stature n'est de base pas bien taillée pour. La Baronne met pied à terre et fait un signe rassurant aux serfs non loin qui ont relevé la tête de leur travail printanier, inquiets et intrigués de voir la cheffe débarquer à vive allure. Ils s'en retournent et Samsa se passe la main sur l'arrière des cuisses.
-Au moins ça aide à sécher pardi... Il y a du mieux, je passe de mouillée à humide.
Voulez-vous boire un godet au relai ou repartir tranquillement vers Longny té ? Si vous prenez la première option, je vous le payerais car vous êtes mon invitée.
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