Samsa
* = Déso, j'ai pas résisté (Référence Titanic bien sûr)
Alençon était loin, et si Samsa suivait d'une oreille, entre autres notamment par son poste de Prime Secrétaire Royale, elle retrouvait à Limoges la possibilité et le temps de respirer, comme un poids qu'on lui avait enlevé de la poitrine. Elle s'en voulait parfois, d'avoir laissé ceux qu'elle aimait là-bas, mais penser à elle lui rappelait à quel point elle en avait eu besoin. Elle avait tracé jusqu'à Limoges, comme une nage en apnée ; la ville avait été sa reprise de respiration hors de l'eau. Revoir Alcimane, aussi. Surtout ? Le second degré de l'Armagnacaise, leur complicité et la sérénité de leur relation étaient autant de goulées d'air qui lui faisaient oublier ses épreuves passées et présentes, lui permettaient d'avancer de nouveau de façon efficace. Relation symbiotique puisque, depuis sa venue à Longny-au-Perche, Alcimane n'avait pas non plus été épargnée. Cerbère avait bien cherché à savoir ce qu'il s'était passé mais elle avait rapidement compris que, pour préserver Alcimane et l'aider, il valait mieux laisser l'événement derrière. Difficile pour la Combattante : premièrement, que ce soit par orgueil ou par réelles connaissances, elle était sûre de pouvoir retrouver ceux qui l'avaient maltraitée, deuxièmement, c'était sa nature de protéger et de casser du méchant, et troisièmement, elle ne savait pas si elle devait craindre un retour de ceux-ci. Un déséquilibre triple avec lequel Samsa saccommodait pourtant, équilibriste polyvalente : elle ne serait peut-être pas le bras vengeur, le Chien de Garde et d'Attaque, mais elle pouvait être l'amie qui relève, le Chien Guide et Thérapeute. Échange mutuel, la bonne base d'une amitié solide.
Keunotor, comme convenu, avait eu son maillot, emprunt de symbolique tant dans les couleurs que les motifs. Parce que c'était Alcimane, celle-ci avait également eu droit à un maillot adapté avec peinture en prime. Dans la vie, il y a des personnes privilégiées, et Alcimane avait clairement une place de choix parmi celles-ci. Afin de compléter le petit trio, Samsa avait tricoté son maillot à elle également. L'habit, qui devait être prêt pour lundi, l'avait empêchée de se faire le mannequin-cobaye d'Alcimane qui s'improvisait sculptrice. Loin de penser que sa comparse ne savait même pas faire un pot correctement, Samsa pensait qu'elle lui ferait une statue à son effigie et, sur le chemin de l'atelier tout neuf, elle songeait déjà à toutes les poses qu'elle pourrait prendre : la conquérante ? La glorieuse ? La combattante ? La royale ? Quelque chose qui inverse en tout cas la tendance de ses notes de grâce et de classe - respectivement de 5/10 et de 3/10 selon Alcimane. La classe importait bien plus à Cerbère qu'une grâce quelconque.
Sur le chemin, elle tendit une cerise à Alcimane. Révoltée du prix du maïs en ville - 3.40 ! Vous savez ce que c'est, 40 deniers ?! -, Samsa s'était reportée sur les cerises de Melissandre, non seulement à bon prix mais avec le bonus de la rendre plus classe. En venant chez Alcimane quelques soirs, elle avait bien tenté d'apporter du saucisson, mais l'aversion pour la viande de l'ancienne comtesse allait jusque-là - !!!. Pauvre Cerbère qui avait voulu bien faire... Les cerises avaient jusqu'ici plus de succès, et pas que pour les concours de lancé de noyau. Il faut toujours offrir quelque chose à son hôte et la bouffe, pour ça, c'est très pratique.
Elles revenaient des bords de Vienne, où elles avaient bu et mangé - mais surtout bu. Une bouteille de prune par personne, quelle idée. Si pour l'instant ça allait encore, le taux d'alcoolémie monterait peut-être avec les heures, surtout que Samsa n'avait pas abandonné les bouteilles là-bas. Sacrilège. Mais l'alcool ne devrait, en l'occurrence, pas avoir d'influence sur la qualité du travail d'Alcimane puisqu'elle avait dit qu'elle sculpterait Samsa à son image, même pintée - et ça, c'est beau. Dans les faits, ça restait à prouver. Mouillées suite à quelques têtes involontaires piquées, elles laissaient derrière elles des gouttelettes et faisaient "ploc ploc" en marchant, surtout Samsa qui avait plongé avec ses bottes - l'urgence du sauvetage à faire. Heureusement, le temps printanier était clément, même s'il faisait nuit.
-Vous ne m'avez pas dit alors : avec ou sans maillot pour la sculpture ? Quoique... vous avez des vêtements secs ? Sinon je vous laisserais mon maillot. Bon Cerbère.
J'ai grand hâte de voir vos talents à luvre en tout cas té.
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